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25 avril 2025
Diaspora
LE QUAI BRANLY RÉEXAMINE L'HÉRITAGE CONTROVERSÉ DE LA MISSION DAKAR-DJIBOUTI
Intimidation, menaces, tromperies : le butin de la mission révèle enfin ses obscures origines. Le musée parisien a confié aux chercheurs des pays concernés le soin d'enquêter sur les méthodes d'acquisition de ces milliers d'objets prélevés en Afrique
(SenePlus) - Le Musée du quai Branly-Jacques-Chirac présente depuis le 15 avril une exposition inédite consacrée à la mission Dakar-Djibouti, cette expédition scientifique française menée entre 1931 et 1933 qui a permis de rapporter quelque 3 200 objets africains dans les collections nationales.
L'originalité de cette démarche ? Le musée parisien a choisi d'inverser les perspectives en confiant l'étude de ces collections à des chercheurs originaires des pays concernés, dans ce que l'institution appelle une "contre-enquête", selon Le Monde.
La mission Dakar-Djibouti, dirigée par l'ethnologue Marcel Griaule et dont l'écrivain Michel Leiris était membre, avait pour objectif officiel de "sauvegarder les traces de cultures qui disparaissent au contact des colons et du monde moderne". Mais comme l'a révélé Leiris lui-même dans son journal "L'Afrique fantôme" (1934), les méthodes d'acquisition étaient souvent peu scrupuleuses.
"Partout où elle passe, la mission se comporte en terrain conquis", résume Didier Houénoudé, universitaire béninois ayant participé au projet. L'exposition confirme que les objets ont souvent été obtenus par intimidation ou tromperie, certains étant même des objets personnels que "les familles n'auraient en aucun cas cédés volontairement".
Pour mener cette "contre-enquête", le Quai Branly a invité six chercheurs africains à examiner les archives de l'expédition. Daouda Keita, directeur du Musée national du Mali, a ainsi pu étudier pendant deux mois les 1 650 objets provenant de son pays.
"On a voulu inverser les points de vue", explique Gaëlle Beaujean, responsable des collections Afrique au Quai Branly, rappelant que des centaines d'Africains impliqués dans les travaux de la mission ont été les grands oubliés de cette histoire, dans le quotidien français.
La démarche a également permis des enquêtes de terrain dans 30 localités sur les 340 traversées par l'expédition. Au Mali, Daouda Keita a pu rencontrer les descendants des gardiens de sanctuaire qui ont confirmé que "Marcel Griaule les a menacés. Il y a eu intimidation, et ces objets ont été pris par la force".
Cette collaboration a déjà des conséquences concrètes. Le Mali a pu formuler une demande de restitution précise grâce à l'accès aux archives. "Les objets proposés à la restitution au Mali dans le rapport Sarr-Savoy ne nous convenaient pas. Nous savions qu'il y en avait beaucoup d'autres, plus importants. Mais nous n'avions pas les informations ni les preuves", précise Daouda Keita.
Le conservateur malien espère que cette coopération "franche et ouverte" avec le Quai Branly servira de modèle pour d'autres musées occidentaux.
L'exposition "Mission Dakar-Djibouti (1931-1933) : contre-enquêtes" est visible au Musée du quai Branly jusqu'au 14 septembre 2025.
par Ibrahima Silla
SOLEILS INVINCIBLES, UN ROMAN DE JOUVENCE
La lecture de cette œuvre envoûtante de Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye nous entraîne dans une expédition qui, à peine entreprise, devient une sorte de centre de rétention dont il est impossible de s’échapper
Parler d’un roman, c’est d’une certaine manière le réécrire. Y rajouter ses propres mots sans en trahir le sens en s’obstinant à vouloir faire coïncider l’inspiration de l’auteur avec l’imagination du lecteur. Voilà ce que la lecture de ce beau et captivant roman de Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye, Soleils invincibles, m’a inspiré comme réflexions traduites ici en périphrases.
Toute lecture est une réécriture. Lire et laisser libre cours à l’imagination sans pervertir l’histoire au moment de la recension. Lire sans trahir. Le lecteur peut dès lors prendre une voie secondaire pour mieux suivre la trame de l’histoire narrée par l’auteur. Nul besoin donc de partir de la même inspiration pour arriver aux mêmes émotions, surtout quand on a affaire à une grande et savoureuse œuvre romanesque, telle celle produite par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye.
La réussite d’un roman se mesure par l’intensité des sentiments éprouvés. Un roman, pourrait-on dire, est réussi quand l’auteur arrive à nous faire ressentir des degrés de sentiments diffus, sans qu’on ait besoin de les vivre ou d’en faire personnellement l’expérience.
On ne sort jamais indemne de la lecture d’un roman. Celui-ci fait partie de ce que je qualifierai de « roman de jouvence ». Il a été ma cure ces dernières semaines.
Sous l’éblouissement des rayons du soleil illuminant nos imaginaires, ligne après ligne, mot après mot, émotion après émotion, la lecture de cette œuvre envoûtante de Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye nous entraîne dans une expédition qui, à peine entreprise, devient une sorte de centre de rétention dont il est impossible de s’échapper. La lecture de ce roman nous propulse dans des imaginaires de contrées proches et lointaines, partie intégrante de nos quotidiens culturels et existentiels.
Soleils invincibles est un roman à charge pour diverses raisons que le lecteur découvrira au fil des pages. Ce roman est aussi un voyage. Une escapade touristique, devrais-je dire, qui nous invite à lire entre les lignes et entre les signes. On y découvre comment la nouvelle ruée vers « l’eldorado occidental » piège chacun dans l’étau de l’autre, agrippé à ses préjugés.
Lire Soleils invincibles m’a permis de découvrir ce que la claustrophobie identitaire doit à l’intolérance de la présence de l’autre, source de toutes les formes d’extrémismes. On y découvre notamment ce que l’on détruit en voulant construire ; ce que l’on perd en partant et ce que l’on gagne en revenant de ces contrées lointaines, fontaines d’imaginaires dégoulinant notamment dans l’esprit de nombreux jeunes migrants ou étudiants aimantés par l’Occident. Le risque derrière la volonté. L’horreur dans l’espoir. Le rêve d’un monde nouveau qui se heurte à la résurrection des vestiges d’un monde ancien, avec ses immondices de désillusions et déceptions que la magie des voyages et de la proximité n’a pas fait disparaître. À vouloir un « autre ici », l’on s’expose à sombrer dans un « même ailleurs », avec, à la clé, une vie en dents de scie faite de blessures à panser et à repenser à perpétuité.
J’y découvre en substance, à quel point la phobie de l’autre conduit toujours à la claustrophobie identitaire difficile à refouler. Ce qui suffit amplement à entraîner l’esprit dans un corps-à-corps entre le révoltant et le réconfortant. Sans le moindre préavis devant l’horreur, il cherche à faire vivre l’horreur aux récalcitrants asphyxiés par la déportation de l’espoir vers des terres promises encore et toujours compromises par leur désir de vivre dans une bulle.
Pour de nombreux jeunes d’ici, réussir consiste à voyager pour ne pas finir sur le pavé des origines qui maintiennent les rêves d’ailleurs en résidence surveillée. Être présent dans des lieux propices à l’éclosion des ambitions. Perdre le contact avec les siens. Nouer de nouveaux liens à partir des géométries de l’imaginaire cherchant à se juxtaposer à la géographie des nouveaux eldorados, où l’ambition vient déposer ses valises et bien souvent ses illusions. Abandonner par lâcheté ou par nécessité parents, pays, travail, convictions, repères, etc. pour aller vivre ailleurs, loin des siens et de tous ces « trop de riens » caractéristiques de son monde fui, malgré ses beautés endormies et ses richesses ensevelies qui ne permettent pas de mettre la main sur le bonheur toujours fuyant et furtif.
Véritable machine à broyer des destins rêvés, planifiés, caressés, le voyage devient une morsure envoûteuse et venimeuse qui laisse des traces inhospitalières sur les présences corporelles, culturelles ou autres. Sortir du néant pour trouver une place au soleil délocalisé. Soleils invincibles en dépit des récurrentes attaques historiques, culturelles et existentielles. Soleils résilients face à la brutalité des errances et remontrances venant et partant d’ici, tels les braquages affectifs tendus au nom du brassage parental ou de la géopolitique des tracasseries, conventions et convenances familiales, oscillant entre finesse diplomatique et réalisme sentimental. Éloges et blâmes. Tensions et réconciliations. Pertes et gains. Gré et regrets. Fantaisies et caprices.
Lire Soleils invincibles permet de voir et de savoir, en regardant ces terres promises et compromises qu’il ne suffit pas de les chérir pour espérer les conquérir. L’ambition devient transgression. L’impression une conviction. L’expression une forme d’agression, l’identité une réputation qui n’inspire ni le respect, ni la compassion ou l’empathie. Ces « gens-là » semblaient venir d’une autre galaxie, même si on les voyait partout ; qu’on applaudissait leurs semblables quand ils battaient des records sportifs ou se faisaient distinguer dans des performances sportives ou musicales. La présence acceptée suffit largement comme présent à apprécier. Le flux des plus belles rencontres peut à tout instant virer aux plus moches séparations.
Eldorado. De rocades en bivouacs et de bastonnades en couacs administratifs, à partir d’une conception de la vie, moins en termes de carrière ou de projet, que d’opportunités offertes par un nomadisme souvent fait, au besoin, d’improvisations, mais toujours guetté par l’imprévisible qui frappe à l’improviste. L’arbitraire punit au hasard, frappant sans discrimination pour mieux discriminer en toute discrétion, avec la complicité d’une force censée émaner du droit et de la justice pour faire régner l’ordre, mais qui ne s’encombre pas des bonnes mœurs, pourtant plus importantes que toutes les lois.
Loin de soi. Loin de la loi. On finit par se rendre compte que la présence non autorisée est la première défiance à la loi. Ne point s’interdire de faire des choses que la loi interdit tout comme celui qui se sait, en dépit de toutes les considérations éthiques, qu’il est le premier à violer la loi en devenant un clandestin. Je devrais dire « présence à caractère clandestin ». La nuance est de taille.
Parti en quête de sécurité, se retrouver dans un « dilemme de sécurité » face à la « gangstérisation de l’identité ». Se retrouver en danger devant des fauves et des êtres d’armes en uniformes, sans état d’âme ni pitié de l’être devant les identités qu’ils ne considèrent pas comme partie intégrante de l’humanité pour mériter liberté, égalité et fraternité. Inaptes à s’ajuster à la cosmopolite contemporaine. Prêts à vous intoxiquer l’existence pour vous inciter à renoncer à nourrir une quelconque ambition de recommencer votre vie en dehors de votre lieu de naissance et d’assignation à résidence ; de ne tenter aucune pirouette en prenant la direction corrompue du bon vent indiquée par la girouette de l’imaginaire occidental, terre d’abondance, de style de vie idéal, de prospérité inépuisable ou d’hospitalité pour les réfugiés aux motivations diverses et variées, mais toujours légitimes parce que justifiées, même étant illégales.
Le juste n’est pas toujours légal. Le légal n’est pas toujours juste. L’équilibre se perd. Les équilibristes s’y retrouvent et en abusent, tel le lecteur qui ne se contente pas juste de lire ; mais qui réécrit au risque de trahir. Que l’imagination nous en garde.
Ibrahima Silla est enseignant-chercheur en science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
LE FMI PREND SON TEMPS
Le Fonds, qui a gelé son programme d'aide de 1,8 milliard de dollars, aurait annoncé jeudi que sa décision concernant une possible dispense ne serait pas prise avant mai, plongeant Dakar dans une période d'incertitude prolongée
(SenePlus) - La décision du Fonds monétaire international (FMI) concernant un possible remboursement des fonds déjà versés au Sénégal dans le cadre d'un programme désormais gelé ne sera pas prise avant mai, a annoncé l'institution jeudi. Cette annonce vient compromettre l'objectif du pays ouest-africain de mettre en place un nouveau programme d'aide d'ici juin, selon des informations exclusives rapportées par Reuters.
D'après trois participants à une conférence téléphonique avec les investisseurs, Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, a indiqué que les discussions concernant un nouveau programme de sauvetage financier - qui suivraient une décision sur la dispense de remboursement - ne devraient débuter qu'en juin ou juillet.
Le FMI a gelé son programme d'aide de 1,8 milliard de dollars après que le nouveau gouvernement sénégalais, élu l'année dernière, a révélé que l'administration précédente avait communiqué des données économiques erronées et que la dette du pays était en réalité plus élevée que ce qui avait été précédemment annoncé.
"Les autorités font tout leur possible pour obtenir la dispense", a déclaré un porte-parole du FMI à Reuters jeudi, précisant que "la date la plus proche à laquelle le conseil d'administration du FMI pourrait l'examiner serait mai".
La décision du conseil d'administration dépendra de l'obtention des données définitives sur la dette et d'un accord sur les mesures correctives, a ajouté le porte-parole. "Ce n'est qu'après ces étapes que les discussions sur un nouveau programme commenceront", a-t-il souligné.
Ce report du calendrier signifie que le Sénégal devra attendre plus longtemps avant d'obtenir des financements essentiels et de prendre des décisions critiques et politiquement sensibles en matière de dépenses.
La Cour des comptes avait révélé dans un rapport publié en février qu'à la fin de 2023, la dette totale du pays représentait 99,67% du produit intérieur brut, contre un chiffre précédemment enregistré de 74,41%. Une différence considérable qui a alerté les bailleurs internationaux.
Selon deux participants à l'appel, Gemayel a informé les investisseurs jeudi qu'un audit dirigé par le FMI avait confirmé les chiffres de la dette intérieure figurant dans le rapport de la Cour des comptes, mais avait constaté que la dette extérieure semblait être plus importante que ce qu'indiquait le rapport.
Malgré ces découvertes préoccupantes, les trois personnes qui ont participé à l'appel avec Gemayel jeudi, ainsi que deux personnes familières avec les activités du FMI au Sénégal, ont confié à Reuters que le Fonds devrait accorder la dispense au Sénégal.
Les discussions ultérieures sur un nouveau programme pour le Sénégal se heurteront à plusieurs défis, car le pays devra faire face à des pressions pour réduire les dépenses nécessaires afin de ramener la dette à des niveaux que le FMI considère comme durables.
En février, le gouvernement a déclaré qu'il plafonnerait les subventions aux carburants à 2% du PIB, mais il n'a pas précisé s'il était disposé à augmenter les tarifs pour y parvenir. Gemayel a déclaré à Reuters lors d'une interview en mars que "la réduction des subventions énergétiques constituerait une partie essentielle des réformes économiques".
Le Sénégal sera également poussé à limiter les exemptions fiscales - une autre mesure politiquement impopulaire pour les dirigeants du pays qui ont été portés au pouvoir il y a un an avec la promesse de soulager les difficultés économiques des citoyens.
Dakar fait face à d'importantes échéances de remboursement cette année, d'environ 3,85 billions de francs CFA, soit environ 6,7 milliards de dollars, selon son budget.
Face à cette situation critique, "les autorités ont exploité toutes les sources possibles de liquidités pour rembourser la dette, y compris en se tournant vers les marchés locaux", rapporte Reuters. Le gouvernement a ainsi annoncé la semaine dernière avoir levé 405 milliards de francs CFA lors d'une vente d'obligations de détail régionale.
Gemayel a également indiqué en mars que le Sénégal avait commencé à restructurer sa dette intérieure avec les banques et tentait de comprimer certaines dépenses.
Dans ce contexte d'incertitude, un porte-parole du ministère des Finances a qualifié la situation de "dynamique et en constante évolution". "Nous sommes actuellement vraiment concentrés sur la préparation des réunions de printemps du FMI, auxquelles nous participerons, et aussi sur la mise en œuvre des réformes comme nous l'avons indiqué", a-t-elle précisé, faisant référence aux réunions qui débuteront la semaine prochaine à Washington.
Alors que le pays attend avec anxiété la décision du FMI, la capacité du nouveau gouvernement à naviguer entre les exigences des institutions financières internationales et les attentes de sa population constitue un défi majeur pour l'avenir économique du Sénégal.
Par Serigne Saliou DIAGNE
ŒUVRE SÉNÉGALAISE DE RÉDUCTION DES LIBERTÉS D’EXPRESSION
Alioune Tine a bien raison de dire aux micros de la 2STv que le Premier ministre Ousmane Sonko est atteint par toute la levée de boucliers sur les actes qu’il pose pour conduire le Sénégal, notamment à travers les réseaux sociaux qui furent jadis son nid
Je disais dans ces colonnes, la semaine dernière, que l’exercice des «Questions au gouvernement» ne se résumerait qu’à une foire de soliloques, avec «invectives, menaces plates, outrages et enfumages» qui y auront la part du lion. Je n’aurais pas été plus devin car le maître de cérémonie, en l’occurrence le Premier ministre Ousmane Sonko, n’aura pas ennuyé son monde. Il aura eu sa tribune toute dressée pour dézinguer tout ce qui bouge et surtout donner le tempo d’une deuxième année d’une gouvernance de rupture qui se cherche encore entre slogans creux, retard à l’allumage et volonté de bander des muscles devant tout le monde. Reprochant à une partie de l’opposition son absence, les coups de mortier n’ont pas manqué. Et sur tous les sujets, notre tout-puissant Pm ne sera pas passé par mille chemins pour annoncer la couleur.
Le Premier ministre s’insurge de l’absence des députés de l’opposition à la séance des «Questions au gouvernement». Ces derniers sont bien dans leur droit de ne pas être présents quand invectives et attaques personnelles leur sont servies à foison, en leur présence ou absence. Ce n’est pas ainsi qu’il pourra promouvoir un dialogue parlementaire serein.
Au titre du débat public, il se sera lâché comme nul autre, en se posant comme gendarme des consciences et censeur attitré de l’espace public. Il érigera le délit de diffusion de fausses nouvelles, ce fourre-tout liberticide dont seul le Sénégal a le secret, pour en faire son sabre dans une croisade contre tous les impertinents, zélés de la parole et contradicteurs. Quand un Premier ministre se permet de nous dire qu’il mettra sa main dans certaines affaires et qu’il a eu à prendre en main certains dossiers en instance devant nos juridictions, il y a de quoi être désespéré pour les lendemains à venir. Si quelqu’un a bénéficié de tous les avantages et excès de la parole libérée, en tant qu’acteur politique, c’est bien lui. Que ça peut être gauche de servir des condamnations pénales à toute personne qui ne voudrait pas restreindre son vocabulaire, afin de ne pas froisser un gouvernement et son parti-Etat !
Au titre du fonctionnement de la Justice, le Premier ministre feindra de ne pas exercer de pression sur les magistrats et le ministère de la Justice. Au rythme où vont les affaires en ce moment dans le temple de Thémis, on peut bien douter de ça. Une Justice à plein régime prend ses aises, et tout ce qu’il y aura pour secouer des cocotiers et baobabs sera mis sur la table. Oui pour une reddition des comptes, mais cela dans les règles de l’art, dans le respect de la présomption d’innocence et une préservation de la dignité des personnes qui ont à se justifier devant les cours et tribunaux. La soif de vengeance et la méchanceté aveugle auront poussé certains commentateurs, pour ne pas dire journalistes, à demander que les gens soient envoyés en prison, même si des cautions sont versées, avant de tirer au clair les forfaits commis. Tout devient ridicule si l’exigence de transparence et l’impératif de reddition des comptes sont troqués contre un agenda de vendetta. Le Sénégal ne finira pas encore de panser les plaies.
Epictète disait ce qui suit dans son manuel de liberté de penser et de savoir-vivre, De l’attitude à prendre envers les tyrans : «Si un homme possède une supériorité quelconque, ou s’imagine du moins la posséder, alors qu’il n’en est rien, cet homme, s’il manque d’éducation philosophique, en sera inévitablement tout bouffi d’orgueil.» Il pousse son argumentaire plus loin dans la logique que les autocrates ont de ne pas se sentir, en lâchant la sentence qu’un tyran peut dire, sans gêne aucune, qu’il est «le plus puissant du monde». Le discours du Premier ministre au pupitre de l’Assemblée, nous affirmant son «indestructibilité politique», a de quoi embrasser les contours des affirmations des chefs de meute pour se conforter dans leur toute-puissance, et surtout nier de façade à toute force contraire ou antagoniste, la capacité de les toucher. Je suis du genre à croire crânement que tout ce qui sort par la parole dans le sens de menacer, d’intimider ou de se la jouer dur, n’est que reflux d’un subconscient rongé par le doute ou ne cessant de se remettre en cause continuellement. Quand un chef fait ce genre d’affirmation, sa carapace s’est déjà affaissée et toute logique d’exhiber une puissance ou une maîtrise du cours des choses n’est que chute sans fin dans des abîmes. Le droit-de-l’hommiste Alioune Tine a bien raison de dire aux micros de la 2STv que le Premier ministre Ousmane Sonko est atteint par toute la levée de boucliers sur les actes qu’il pose pour conduire le Sénégal, notamment à travers les réseaux sociaux qui furent jadis son nid d’ange, pour dire devant la Représentation nationale qu’il est «politiquement indestructible». Tywin Lannister, personnage de la fiction à succès Game of Thrones, disait bien que tout homme qui sent le besoin de dire qu’il est roi, n’en serait pas un. A chacun de se faire sa religion !
Il y a tout juste cinq semaines, en réponse à Abasse Fall qui disait tout haut que son leader «Ousmane Sonko ne sera plus jamais la cible des insulteurs», je démontrais le procédé par lequel la machine Pastef avançait pas à pas dans une logique de canonisation de son chef pour qu’à terme, évoquer son nom suffirait d’être un péché et un crime majeur. La série de convocations de journalistes, de chroniqueurs et d’activistes en dit beaucoup sur un régime qui est allergique aux armes qu’il aura utilisées sans concession pour se faire une légitimité jusqu’à prendre le pouvoir. Une connaissance, avec un cœur militant pour Pastef, se permettra de m’appeler pour me souligner une hostilité envers sa formation politique et chercher à déconstruire ou peindre négativement tout ce qui venait de leur chef. J’aurai rappelé à cette connaissance ses propres publications, incitant à tort et travers à des casses, ses publications Facebook remplies de haine injustifiée avec leurs lots d’insultes, son statut WhatsApp jubilatoire quand une tentative d’attaque avait été faite contre mon domicile familial. Il y a des réponses qui prennent un temps fou à être servies, mais il est bien, face à l’hypocrisie et une fausse morale consciente, de mettre à nu les gens dans leur couardise et leur sensibilité à géométrie variable. Les muses procurent l’oubli des maux et la fin des douleurs, disait Hésiode. Dans le Sénégal actuel, on pourrait se dire que le débat public et l’espace politique est un triste ballet entre Calliope, muse de l’éloquence, et Thalie, muse de la comédie. Autour de la fontaine d’Hippocrène, à défaut d’inspiration poétique, tout est mis en œuvre pour détruire des adversaires politiques, salir des réputations et mettre au pas des populations. La muse de la parole étant «la plus puissante de toutes», pour taire les esprits, il faut s’attaquer aux discours et faire taire les voix. Ce cirque tragique a de quoi taquiner les muses et tout esprit lucide. Au moment du bilan, on se rendra compte qu’en peu de temps, un modèle de démocratie aura été détruit et des progrès réalisés au gré de longues luttes, anéantis. Tout cela pour plaire à un seul homme. Que la décadence d’une Nation, lorsqu’elle se vit aux premières loges et jour après jour, peut être hideuse !
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LES 13 VISAGES OUBLIÉS DE L'AFRIQUE LIBRE
Du Congo au Zimbabwe, du Mali à l'Afrique du Sud, les architectes des indépendances africaines tombent peu à peu dans l'oubli. Pierre Haski s'alarme de cette amnésie collective et propose un voyage édifiant à travers leurs parcours exceptionnels
Pierre Haski vient de publier "Décolonisations africaines", un ouvrage adapté de son podcast pour France Inter. Dans ce livre préfacé par l'historien Pap Ndiaye, l'auteur retrace le parcours de treize figures emblématiques qui ont façonné l'histoire des indépendances africaines.
De Patrice Lumumba à Nelson Mandela, en passant par Modibo Keita et Félix Houphouët-Boigny, le journaliste propose un voyage à travers les destins extraordinaires de ces "pères de la nation". Le projet est né d'un constat alarmant : les jeunes générations, y compris issues de la diaspora, méconnaissent souvent cette histoire fondatrice qui continue pourtant d'influencer l'Afrique contemporaine.
L'auteur, ancien correspondant de l'AFP en Afrique du Sud pendant l'apartheid, évoque avec émotion sa rencontre avec Nelson Mandela, qu'il considère comme la figure la plus exemplaire pour son courage et sa sagesse politique. Il met également en lumière des personnalités sous-estimées comme Sylvanus Olympio, premier président du Togo, économiste brillant assassiné pour sa rigueur gestionnaire.
Pierre Haski souligne le paradoxe troublant de certains parcours : des idéalistes de la libération transformés en dirigeants autoritaires face aux défis concrets du pouvoir, à l'image de Robert Mugabe au Zimbabwe.
Pour l'auteur, comprendre cette période historique est essentiel pour construire aujourd'hui des relations internationales plus équilibrées et égalitaires entre les continents.
"Décolonisations africaines" est disponible aux éditions Stock.
DIOMAYE FACE AU DÉFI D'UNE CEDEAO FRACTURÉE
Le président sénégalais, dont la candidature est évoquée avec insistance pour succéder à Bola Ahmed Tinubu, pourrait devenir l'architecte d'une refondation nécessaire de l'organisation régionale, fragilisée par le départ des pays de l'AES
Le 22 avril 2025, Accra ne sera pas seulement la capitale du Ghana, mais aussi celle de toutes les interrogations ouest-africaines. Alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’apprête à célébrer ses cinquante années d’existence, c’est un demi-siècle de doutes et de remises en question qui s’invite à la table des ministres des Affaires étrangères. En toile de fond, une question cruciale : qui prendra la tête de l’organisation après Bola Ahmed Tinubu ? Et surtout, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye acceptera-t-il de relever ce défi périlleux ?
La succession de Bola Ahmed Tinubu à la tête de l’organisation, président du Nigeria depuis 2023 et président en exercice de la CEDEAO depuis juillet 2023, fait écho.
Diomaye, la présidence attendue mais incertaine
Depuis plusieurs semaines, le nom de Diomaye Faye revient avec insistance dans les couloirs diplomatiques d’Abuja, Lomé, Cotonou ou Nouakchott. Élu en mars 2024 dans un contexte de rupture démocratique, le chef de l’État sénégalais incarne pour beaucoup une figure d’apaisement, capable de réconcilier la CEDEAO avec ses principes fondateurs : souveraineté, solidarité, coopération.
En principe, la présidence tournante de l’organisation devrait revenir à un chef d’État francophone, et plusieurs voix se sont discrètement élevées pour appuyer une candidature sénégalaise. Mais selon des sources diplomatiques parvenues à Afrique Intelligences, Diomaye Faye, qui avait décliné l’offre en 2024 pour se consacrer à la stabilisation interne de son pays, hésite encore. “Aujourd’hui, assumer la présidence de la CEDEAO revient à s’exposer à la critique de toutes parts, sans garantie d’efficacité”, commente un diplomate sous anonymat.
Son entourage évoque un contexte défavorable : une CEDEAO affaiblie, divisée par le départ de trois membres majeurs (le Mali, le Niger et le Burkina Faso), minée par les critiques sur son efficacité, et accusée d’avoir manqué d’impartialité face aux transitions militaires. Pourtant, sa posture mesurée, sa neutralité perçue vis-à-vis des régimes militaires, ainsi que son discours réformateur et souverainiste, font de lui un candidat presque naturel à la présidence de la CEDEAO, en quête d’un second souffle.
Au cours des deux dernières années, Tinubu a dirigé l’organisation dans l’un des contextes les plus houleux de son histoire. Son mandat, marqué par les tensions avec les juntes du Sahel, une tentative infructueuse de rétablissement de l’ordre constitutionnel par la pression diplomatique et économique, et des divisions entre États membres, arrive à expiration sans que personne ne semble vouloir lui succéder.
Un anniversaire sous tension
La célébration du cinquantenaire de la CEDEAO, créée le 28 mai 1975 à Lagos, devait être un moment de fierté collective, célébrant les acquis de l’intégration régionale : libre circulation des personnes, passeport commun, instruments de coopération économique et diplomatique. Mais à l’aube de ce jubilé d’or, le tableau est plus que contrasté. La CEDEAO apparaît fragilisée, contestée, et à court de solutions consensuelles.
La réunion ministérielle prévue à Accra marque le lancement officiel des festivités, mais aussi l’entrée dans une phase critique de repositionnement politique. L’enjeu dépasse la symbolique : il s’agit de sauver l’idée même de communauté régionale, dans un contexte où le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger, formalisé en janvier 2025, laisse un vide institutionnel inquiétant.
AES : rupture ou réconciliation ?
La fracture sahélienne, incarnée par la création en septembre 2023 de l’Alliance des États du Sahel (AES), reste la blessure la plus visible. Les régimes militaires dirigés par Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani ont claqué la porte de la CEDEAO, dénonçant les ingérences, les sanctions arbitraires, et l’absence de dialogue sincère. En réponse, l’organisation a tenté d’isoler les dissidents, avec peu de résultats concrets, si ce n’est l’accélération d’un découplage stratégique.
Mais depuis février, une nouvelle dynamique s’esquisse. Réunis à Bamako les 22 et 23 février 2025, une vingtaine de ministres de l’AES ont ouvert la porte à une reprise des discussions, dans un “esprit constructif”. Tout en réaffirmant leur indépendance, ils disent vouloir mettre en avant “l’intérêt supérieur des populations”. Une ouverture timide, mais qui offre une fenêtre de dialogue, à condition que la CEDEAO, elle aussi, accepte une forme d’autocritique sur ses pratiques passées.
Si elle venait à accepter la présidence, la figure de Diomaye Faye pourrait jouer un rôle charnière dans ce rapprochement. Son discours d’Addis-Abeba, en mars, appelant à “réinventer la CEDEAO sur des bases égalitaires et de souveraineté assumée”, a été perçu comme une main tendue à toutes les parties, sans compromission avec les principes démocratiques.
Des dossiers épineux sur la table
En attendant la clarification sur la présidence, la réunion d’Accra devra trancher plusieurs points sensibles, dont le plus immédiat est la gestion du patrimoine de la CEDEAO dans les pays sortants. À Ouagadougou et Niamey notamment, des bureaux, centres de formation et locaux logistiques de l’organisation restent en suspens. “Le sort de ces biens collectifs est désormais source de tension diplomatique. Des représentants des États membres craignent une rétention ou une expropriation silencieuse”, confie une source proche du dossier.
Les propositions formulées par les ministres seront soumises à validation lors du prochain sommet des chefs d’État prévu en juillet. D’ici là, la question de la gouvernance de l’organisation reste entière, et la présidence de transition pourrait être décisive dans la refondation ou l’effondrement progressif de l’institution.
À 50 ans, la CEDEAO traverse une crise existentielle. Sa légitimité est contestée aussi bien par les opinions publiques que par plusieurs gouvernements membres. Sa voix s’est affaiblie dans les grands débats africains. Son modèle est concurrencé par des initiatives parallèles comme l’UEMOA, l’AES, ou même la Zone de libre-échange continentale (ZLECAF). Et pourtant, le besoin d’intégration régionale n’a jamais été aussi pressant, face aux défis sécuritaires, économiques, migratoires et climatiques.
Le défi immédiat est donc double : sauvegarder l’existant, tout en ouvrant les chantiers d’une refondation durable. C’est peut-être ici que le leadership d’un homme neuf, indépendant des appareils traditionnels, respecté pour sa parole rare et sa vision sobre, pourrait faire la différence.
Bassirou Diomaye Faye, s’il accepte la présidence de la CEDEAO, ne réglera pas tous les problèmes. Mais il pourrait incarner une volonté de rupture avec les impasses anciennes et ouvrir un cycle de reconstruction du projet ouest-africain, à condition d’être soutenu par ses pairs et par les peuples.
Car pour qu’un jubilé soit plus qu’un souvenir, il faut qu’il serve à réécrire l’avenir.
COUP DE RABOT DIPLOMATIQUE AMÉRICAIN EN AFRIQUE
L'administration Trump s'apprête à fermer près de 30 représentations diplomatiques à l'étranger, dont plusieurs en Afrique. Les ambassades au Lesotho, en RDC, en RCA et au Soudan du Sud figurent sur la liste des suppressions programmées
(SenePlus) - L'administration Trump envisage de fermer près de 30 ambassades et consulats à travers le monde, selon un document interne du Département d'État obtenu par CNN. Cette décision s'inscrit dans une vaste réorganisation diplomatique visant à réduire considérablement la présence américaine à l'étranger.
Parmi les fermetures prévues figurent plusieurs représentations diplomatiques en Afrique, notamment les ambassades au Lesotho, en République du Congo, en République centrafricaine et au Soudan du Sud. Le document recommande également la fermeture d'un consulat en Afrique du Sud.
Cette réduction significative de la présence américaine sur le continent africain intervient alors que d'autres puissances, comme la Chine, y renforcent leur influence diplomatique et économique.
Au total, le document préconise la fermeture de 10 ambassades et 17 consulats. Outre les missions africaines, sont également concernées des représentations en Europe (Malte, Luxembourg, France, Allemagne, Bosnie-Herzégovine, Royaume-Uni), en Asie (Corée du Sud) et dans les Caraïbes.
Le document suggère que les responsabilités des ambassades fermées soient transférées aux missions diplomatiques des pays voisins.
Les recommandations incluent également une réduction de la présence américaine en Somalie et en Irak, deux pays clés dans la lutte antiterroriste.
Ces changements s'inscrivent dans le cadre d'une refonte plus large du dispositif diplomatique américain, alors que l'administration Trump, sous l'impulsion du Département de l'Efficacité Gouvernementale (DOGE) soutenu par Elon Musk, cherche à réduire drastiquement l'appareil gouvernemental.
Tammy Bruce, porte-parole du Département d'État, n'a pas souhaité commenter le document interne ni les plans de réduction drastique du Département d'État, renvoyant les questions à la Maison Blanche.
Il reste incertain si le secrétaire d'État Marco Rubio a approuvé ces fermetures proposées.
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DES FONDS DÉTOURNÉS RETROUVÉS DANS DES PARADIS FISCAUX
Des démarches judiciaires ont été engagées pour récupérer l'argent concerné. Les autorités n'excluent pas des déplacements à l'étranger pour accélérer les procédures
Le Procureur Financier a révélé lors d'une conférence de presse ce jeudi que l'enquête sur la gestion des fonds Covid a permis de localiser d'importantes sommes d'argent dissimulées à l'étranger, notamment dans des paradis fiscaux.
"Des montants ont été repérés et tracés dans des pays étrangers", a confirmé le magistrat, précisant que des commissions rogatoires internationales avaient déjà été transmises aux autorités judiciaires des pays concernés.
Pour accélérer les procédures de récupération de ces avoirs, le Procureur n'exclut pas que des déplacements soient organisés prochainement dans ces juridictions afin de "booster la procédure" et "faciliter la coopération judiciaire".
Interrogé sur la question des cautionnements accordés de façon apparemment inégale entre les différents mis en cause, le Procureur a défendu la position du ministère public. "Toutes les fois que nous avons estimé que les conditions étaient remplies, une suite favorable a été donnée. Dans le cas contraire, nous nous sommes opposés", a-t-il déclaré.
L'enquête impliquerait également plusieurs ministres dont les noms n'ont pas été révélés. Le Procureur a indiqué que "le temps venu, vous serez informés par la procédure qui sera discutée au niveau de l'Assemblée nationale", faisant référence aux résolutions de mise en accusation qui seront débattues au sein de l'hémicycle.
Cette affaire s'inscrit dans le cadre des investigations sur la gestion des fonds Covid, dont les rapports ont été transmis au parquet général il y a environ un mois, puis au procureur de la République la semaine dernière, permettant d'accélérer les procédures.
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LE BILAN D'ÉTAPE DE LA TRAQUE AUX BIENS DÉTOURNÉS
En seulement sept mois d'existence, le pôle judiciaire financier affiche une moisson impressionnante : 15 milliards de francs CFA saisis, 92 véhicules confisqués et 262 personnes arrêtées, selon le procureur El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla
Le procureur de la République financier, El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, a présenté ce jeudi un bilan impressionnant des activités du pôle judiciaire financier (PJF) depuis sa création. En seulement sept mois d'opération, cette institution a réalisé des avancées significatives dans la lutte contre la délinquance économique et financière dans le pays.
Opérationnel depuis le 17 septembre 2024, le PJF a pour mission de traquer le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme, la corruption et autres infractions à caractère économique sur l'ensemble du territoire national.
Les résultats sont déjà considérables : 262 personnes ont été arrêtées dans le cadre de 292 procédures. Ces affaires proviennent de diverses sources, notamment 142 dossiers transmis par les unités d'enquête, 122 dossiers redirigés par le tribunal de grande instance de Dakar, ainsi que des rapports de l'IGE et de l'OFNAC.
Le procureur a détaillé l'impressionnant inventaire des biens saisis : 92 véhicules de marques diverses confiés à l'ONAD, 11 titres fonciers à Rufisque et Bambourg, 2 titres fonciers provisoirement inscrits au nom de l'État du Sénégal, ainsi que plusieurs pirogues et moteurs.
Plus frappant, le montant total des sommes saisies ou cautionnées s'élève désormais à 15 milliards de francs CFA, une augmentation spectaculaire par rapport aux 2,5 milliards enregistrés il y a seulement deux à trois mois.
"La lutte contre la délinquance économique et financière demande du temps et de la détermination", a souligné le procureur, évoquant les défis liés aux enquêtes internationales et à la dissimulation des avoirs criminels. Il a néanmoins réaffirmé que "la lutte pour la sauvegarde des deniers publics sera menée de façon rigoureuse, dans le respect de la présomption d'innocence, des droits de la défense et des prérogatives de chaque acteur judiciaire."
Le pôle judiciaire financier poursuit activement ses investigations, avec plusieurs enquêtes en cours confiées aux sections de recherche de Dakar, Tivaouane et Saint-Louis, dont certaines devraient être bouclées d'ici fin avril 2025. Par ailleurs, la Division des investigations criminelles a été saisie hier pour examiner le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques de 2019 à mars 2024.
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CINQ ANCIENS MINISTRES VISÉS PAR DES POURSUITES DANS L'AFFAIRE DES FONDS COVID
Intervenant à la conférence de presse organisée à Dakar ce jeudi, le procureur de la République a souligné que les personnes concernées seront traduites devant la Haute Cour de justice si l’Assemblée votait une résolution de mise en accusation
Des poursuites judiciaires seront lancées contre cinq anciens ministres, dont la responsabilité serait engagée dans les manquements notées dans la gestion du Fonds Force-Covid 19, a annoncé jeudi à Dakar, Mbacké Fall, le procureur de la République près la Cour d’appel de Dakar.
Intervenant à une conférence de presse organisée au Palais de justice de Dakar, M. Fall a souligné que les personnes concernées seront traduites devant la Haute Cour de justice si l’Assemblée nationale votait une résolution de mise en accusation.
Le procureur général près la Cour d’appel de Dakar, le procureur de la République près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar et le procureur de la République financier participent à cette rencontre avec les journalistes organisées au Palais de justice de Dakar.
La conférence de presse se tient après que le procureur de la République financier, El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, a confirmé la veille, par le biais d’un communiqué, avoir saisi la Division des investigations criminelles (DIC) aux fins d’enquêter sur les différents points soulevés par un référé en date du 3 avril 2025, émanant du procureur général près la Cour d’appel de Dakar, Mbacké Fall.
Dans ledit référé, transmis au ministère de la Justice, le juge demande notamment l’ouverture de procédures pénales à la suite de l’audit du rapport sur la situation des finances publiques (gestion de 2019 au 31 mars 2024), lequel a révélé des actes et faits susceptibles de qualifications pénales, fait-on savoir dans le communiqué.