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25 avril 2025
Diaspora
par Amadou Thiourou Barry
FOSSOYEURS DE LA VERITE, QUAND L’AIGREUR SE FAIT PAMPHLET
EXCLUSIF SENEPLUS - Macky Sall n’est pas un héros. Mais il n’est pas non plus le bourreau qu’on veut faire croire. L’accuser d’avoir "enterré" la démocratie sénégalaise, c’est faire preuve d’une amnésie sélective
Il y a quelque chose de presque théâtral dans cette obsession qu’ont certains à vouloir constamment noyer la vérité, dans le ressentiment. Le récent article, intitulé « Macky Sall, fossoyeur de la démocratie sénégalaise et caution morale de la fondation Mo Ibrahim » s’inscrit dans cette veine. Présenté comme une analyse politique, il n’est en réalité qu’un acte d’accusation rageur, bâti sur une série de jugements à l’emporte-pièce et de conclusions expéditives. Un pamphlet dicté non par l’amour de la démocratie, mais par une frustration politique difficile à cacher. Un brûlot rédigé non pour éclairer, mais pour salir ; non pour débattre, mais pour détruire. Les auteurs de ce brûlot se présentent comme des vigies de la République, des défenseurs de la démocratie bafouée. Mais leur texte transpire davantage l’aigreur que la lucidité. Leur cible ? Macky Sall, un homme qu’ils détestent plus qu’ils ne comprennent, et dont ils caricaturent l’action pour mieux satisfaire leurs fantasmes de rupture.
Soyons clairs : critiquer un dirigeant est sain, nécessaire, démocratique. Mais encore faut-il que la critique repose sur des faits, une logique, un minimum d’honnêteté intellectuelle. Ici, rien de cela. Juste une colère froide, une frustration à peine dissimulée d’avoir perdu le monopole du discours politique. Les auteurs, sans nuance ni retenue, livrent un procès à charge contre un homme qu’ils n’ont jamais vraiment voulu comprendre, préférant caricaturer sa gouvernance plutôt que d’en analyser les effets.
À les lire, Macky Sall n’aurait eu pour seule ambition que de briser la démocratie sénégalaise. Rien que ça. L’accuser d’avoir "enterré" la démocratie sénégalaise, c’est faire preuve d’une amnésie sélective. En deux mandats, son gouvernement a assuré la tenue régulière d’élections pluralistes, dans un contexte régional marqué par les coups d’État à répétition (Mali, Guinée, Burkina Faso, Niger). Il a consolidé des institutions comme le Conseil constitutionnel, maintenu la liberté de la presse — malgré les critiques — et renforcé la digitalisation de l’administration publique pour plus de transparence. Mais tout cela est sans importance pour nos justiciers autoproclamés.
Dans leur vision, la démocratie ne se résume pas à des institutions fortes ou à un État de droit, mais à la capacité de l’opposition à faire ce qu’elle veut, quand elle veut, sans rendre de comptes. Le vrai scandale, pour eux, c’est que Macky Sall ait gouverné sans leur permission, sans leur validation idéologique. Leur démocratie est à géométrie variable : ils la défendent quand elle les sert, la dénoncent quand elle les expose.
Peut-on débattre de certaines dérives dans la gestion du pouvoir ? Bien sûr. Mais parler de “fossoyeur” de la démocratie, dans un pays où la passation de pouvoir est demeurée pacifique et l’armée fidèle à sa neutralité républicaine, relève d’une exagération outrancière. Il ne s’agit plus ici d’analyse, mais d’un règlement de comptes déguisé en manifeste.
L’un des passages les plus révélateurs du texte est sans doute celui qui attaque la Fondation Mo Ibrahim pour avoir salué le refus de Macky Sall de briguer un troisième mandat. Il faut croire que pour ses détracteurs, reconnaître un mérite, même symbolique, c’est déjà trahir leur croisade. Ce que leur prose ne digère pas, c’est que Macky Sall ait su — contre toutes les suspicions, les rumeurs, les pressions — se retirer sans crise majeure, là où tant d’autres se sont accrochés au pouvoir. Ils auraient voulu un scénario de chaos. Ils espéraient une rupture brutale, une confiscation du pouvoir, une tentative de passage en force pour pouvoir s’ériger en résistants. Le calme les a pris au dépourvu. Et dans ce silence politique qu’ils n’avaient pas anticipé, ils hurlent plus fort encore leur rage.
Les auteurs du texte adoptent une posture qui, sous couvert de défense des libertés, justifie l’impunité. Toute décision judiciaire qui n’est pas allée dans le sens de leur camp a été automatiquement qualifiée de “politique”. Toute sanction contre un leader de l’opposition est devenue “répression”. Et pourtant, ces mêmes auteurs n’ont jamais proposé de modèle alternatif crédible, ni de garanties institutionnelles supérieures à celles qu’ils dénoncent. On est ici dans une logique binaire : le pouvoir est par nature corrompu, l’opposition par nature pure. Cette vision manichéenne, loin de servir la démocratie, l’appauvrit. Car elle empêche tout débat sur le fond, toute critique honnête, toute reconnaissance des avancées.
Il est aussi frappant de constater que ces mêmes auteurs, si prompts à dénoncer la “répression” ou la “dictature”, sont restés muets face à l’appel à la violence de certains leaders politiques. Ils n’ont vu aucun problème à ce que des responsables politiques appellent à brûler des bâtiments publics, attaquent les forces de l’ordre, ou refusent de se présenter devant la justice. Leur indignation est sélective, leur conception de la justice profondément biaisée : tout verdict qui condamne leur camp est politique, toute relaxe de l’autre camp est une manipulation.
Ils veulent une justice à leur image : partisane, instrumentalisée, soumise. Et ils osent ensuite parler de démocratie ?
Ce pamphlet révèle aussi une autre crise : celle d’une partie de l’intelligentsia sénégalaise, qui a renoncé à l’exigence de complexité. Nombreux sont ceux qui, par calcul ou conformisme, se sont alignés sur le discours dominant d’une opposition radicalisée. Ils disent parler au nom du peuple, mais ne rendent jamais compte à ce peuple. Et lorsqu’ils se heurtent à la réalité – celle d’un président qui part volontairement, d’un processus électoral apaisé, d’une transmission républicaine du pouvoir – ils perdent pied. Alors, ils écrivent. Non pas pour comprendre, mais pour se venger. Les véritables fossoyeurs de la démocratie se cachent parfois dans les colonnes de tribunes enflammées, dans les invectives des réseaux sociaux, dans les ambitions mal dissimulées de ceux qui rêvent d’un pouvoir sans garde-fous. Ils manipulent, travestissent, exagèrent… et se font passer pour des résistants.
La politique n’est pas une scène de théâtre, et le peuple sénégalais n’est pas un public à manipuler. Les citoyens méritent mieux que des pamphlets aigris et des indignations de façade. Ils méritent une « intelligentsia » responsable, capable de critiquer sans haïr, de proposer sans détruire, d’analyser sans déformer. Macky Sall n’est pas un héros. Mais il n’est pas non plus le bourreau de la démocratie qu’on veut faire croire. Il a gouverné, parfois avec fermeté, parfois avec maladresse. Mais il a aussi refusé la tentation du pouvoir perpétuel, et c’est là une victoire que ses contempteurs ne lui pardonneront jamais. Macky Sall n’est pas exempt de critiques. Des erreurs ont été commises, des décisions ont parfois manqué de pédagogie, des tensions ont existé, parfois nourries par son propre camp. Mais cela ne justifie pas qu’on le réduise à une caricature. Son héritage est complexe, comme celui de tout chef d’État.
L’histoire jugera, avec sérénité. En attendant, qu’on cesse de faire passer la colère pour du courage, et le pamphlet pour de la pensée.
L'UE SE MÉFIE DES SERVICES SECRETS AMÉRICAINS
L'institution fournit désormais des téléphones jetables et des ordinateurs basiques à ses fonctionnaires, une pratique jusqu'alors réservée aux voyages en Chine et Ukraine. Un signe supplémentaire de la détérioration des relations transatlantiques
(SenePlus) - La Commission européenne a récemment pris des mesures de sécurité inhabituelles pour ses fonctionnaires se rendant aux États-Unis, reflétant une détérioration significative des relations transatlantiques depuis le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Selon des informations rapportées par le Financial Times, l'institution européenne fournit désormais des "téléphones jetables" et des ordinateurs portables basiques à certains membres du personnel se rendant aux États-Unis, une pratique jusqu'alors réservée aux déplacements en Chine et en Ukraine.
Les commissaires et hauts fonctionnaires qui participeront aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale la semaine prochaine ont reçu ces nouvelles consignes, selon quatre personnes familières avec la situation citées par le quotidien britannique. "Ils craignent que les États-Unis n'accèdent aux systèmes de la Commission", a confié l'un des responsables au Financial Times.
D'après le journal, les recommandations adressées à l'ensemble du personnel voyageant aux États-Unis comprennent également des conseils pour éteindre leurs téléphones à la frontière et les placer dans des pochettes spéciales afin de les protéger contre l'espionnage s'ils sont laissés sans surveillance.
La Commission européenne a confirmé au Financial Times avoir récemment mis à jour ses conseils de sécurité pour les États-Unis, tout en précisant qu'aucune instruction spécifique concernant l'utilisation de téléphones jetables n'avait été donnée par écrit. Le service diplomatique du bloc a été impliqué dans cette mise à jour, comme c'est généralement le cas.
Cette décision de traiter les États-Unis comme un risque potentiel pour la sécurité souligne la dégradation des relations depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier. "L'alliance transatlantique est terminée", a déclaré un cinquième responsable européen au Financial Times.
Le président américain a notamment accusé l'UE d'avoir été créée pour "arnaquer les États-Unis" et a annoncé des droits de douane dits "réciproques" de 20% sur les exportations du bloc, qu'il a ensuite réduits de moitié pour une période de 90 jours.
Dans ce contexte tendu, plusieurs commissaires européens se rendront à Washington pour les réunions du FMI et de la Banque mondiale du 21 au 26 avril : Valdis Dombrovskis, commissaire à l'économie, Maria Luís Albuquerque, responsable des services financiers, et Jozef Síkela, chargé de l'aide au développement.
Pour Luuk van Middelaar, directeur de l'Institut bruxellois de géopolitique cité par le Financial Times, cette attitude prudente n'est pas surprenante : "Washington n'est pas Pékin ou Moscou, mais c'est un adversaire qui a tendance à utiliser des méthodes extra-légales pour faire avancer ses intérêts et son pouvoir."
L'expert rappelle que l'administration du président Barack Obama avait déjà fait l'objet d'allégations d'espionnage du téléphone de la chancelière allemande Angela Merkel en 2013. "Les administrations démocrates utilisent les mêmes tactiques", a-t-il ajouté. "C'est une acceptation de la réalité par la Commission."
Le journal britannique note également que les fonctionnaires de la Commission ont reçu pour instruction de s'assurer que leurs visas figurent dans leurs documents diplomatiques "laissez-passer" plutôt que dans leurs passeports nationaux, une précaution supplémentaire dans ce climat de méfiance croissante.
TRUMP COUPE LES VIVRES À HARVARD
Washington suspend 2,2 milliards de dollars d'aides à la prestigieuse université, qui refuse de modifier ses politiques sur le recrutement et l'inclusion. Un conflit qui pourrait faire jurisprudence pour l'ensemble du système universitaire américain
(SenePlus) - L'administration Trump a gelé lundi 2,2 milliards de dollars d'aides fédérales destinées à Harvard, après que la prestigieuse université a refusé de se plier aux exigences du gouvernement concernant sa gouvernance interne et ses politiques de recrutement, selon les informations rapportées par Le Monde et relayées par plusieurs médias américains.
Cette prise de position ferme fait suite à une lettre de l'administration Trump datée du 11 avril, dans laquelle une task force gouvernementale accusait Harvard de ne pas respecter "les conditions de droits intellectuels et civiques justifiant un investissement fédéral". Cette équipe spéciale, théoriquement chargée de lutter contre l'antisémitisme, regroupe les ministères fédéraux de la santé et de l'éducation.
La réaction présidentielle ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué publié lundi soir, le gouvernement a annoncé le gel immédiat de 2,2 milliards de dollars d'aides, sur un total de 9 milliards promis à l'université et à son hôpital pour les prochaines années.
Parmi les demandes adressées à Harvard, le gouvernement fédéral exige notamment :
La réforme du recrutement des étudiants internationaux "afin d'empêcher l'admission d'étudiants hostiles aux valeurs américaines"
L'abandon des politiques de diversité et d'inclusion dans le recrutement des élèves
Un audit de la "diversité idéologique" au sein du corps enseignant
La suppression de toute "préférence fondée sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l'origine nationale" dans les pratiques d'embauche
Cette offensive s'appuie sur un double prétexte : d'une part, l'accusation de ne pas avoir lutté efficacement contre l'antisémitisme lors des manifestations propalestiniennes qui ont suivi les événements du 7 octobre 2023 ; d'autre part, le rejet des politiques d'inclusion de l'université, déjà condamnées par un arrêt de la Cour suprême à l'été 2023.
Le personnel de Harvard, plus ancienne université des États-Unis fondée en 1636, avait fortement incité sa direction à résister. En avril, plus de 800 membres du corps enseignant ont signé une lettre exhortant l'établissement à "monter une opposition coordonnée à ces attaques antidémocratiques", rapporte Le Monde.
Larry Summers, ancien président de Harvard et ancien secrétaire au Trésor sous Bill Clinton, a publiquement soutenu cette résistance sur son compte X : "Je suis très heureux de voir le président Garber diriger Harvard et j'espère que toutes les universités résisteront aux demandes extrajudiciaires et déraisonnables du gouvernement fédéral."
Face à cette situation, Harvard a anticipé d'éventuelles difficultés financières en émettant 750 millions de dollars d'obligations, qui pourraient servir de trésorerie en cas de coupure prolongée des subventions fédérales.
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SONKO SE DIT POLITIQUEMENT INDESTRUCTIBLE
Lors des questions d'actualité au gouvernement ce lundi, le Premier ministre a regretté une opposition qui, selon lui, privilégie les attaques personnelles au détriment des véritables défis du pays, appelant à un débat républicain sur le fond
(SenePlus) - Le Premier ministre Ousmane Sonko a affirmé sa détermination face aux attaques personnelles, se déclarant "politiquement indestructible" lors de la séance plénière sur les questions d'actualité du gouvernement à l'Assemblée nationale ce lundi.
"Je ne m'intéresse pas aux attaques crypto-personnelles. Je suis politiquement indestructible. Je rends grâce à Dieu pour cela", a déclaré le chef du gouvernement, répondant ainsi aux critiques formulées par certains opposants.
Sonko a déploré l'attitude d'une opposition qui, selon lui, cherche à "enfermer le pays dans des débats de personnes" plutôt que de se concentrer sur les véritables priorités nationales comme l'élevage, les ressources naturelles ou les objectifs économiques.
"À une certaine opposition, je dis que la haine ne peut pas être un moteur politique. Surtout lorsqu'elle est dirigée contre une personne qui ne vous a rien fait", a-t-il souligné, ajoutant qu'il occupe son poste "par la volonté divine" et qu'il est "honoré de l'amour" que lui portent de nombreux compatriotes.
Le Premier ministre a appelé à un débat d'idées centré sur les enjeux nationaux et non sur les personnalités. "Ce qui m'importe, c'est l'avenir d'un pays prospère. Si nous avons une opposition républicaine, qu'elle s'oppose de manière républicaine", a-t-il affirmé.
Sonko s'est dit "ouvert au dialogue et aux débats contradictoires", rappelant son attitude passée à l'Assemblée nationale lorsqu'il siégeait dans l'opposition.
PÉRIL SUR LA LIBERTÉ SYNDICALE
Dans un pays où le chômage sévit, les représailles contre les délégués syndicaux sont devenues monnaie courante, transformant l'exercice d'un droit constitutionnel en acte de bravoure parfois suicidaire
Bien que garantie par la Constitution, le Code du travail et les traités internationaux, la liberté syndicale est de plus en plus menacée au Sénégal, au vu et au su de tous.
“Tout travailleur peut adhérer librement à un syndicat dans le cadre de sa profession.” Ce droit du travailleur garanti par la Constitution et les traités internationaux n'a jamais été autant foulé aux pieds au Sénégal. Dans certaines entreprises, les employeurs étouffent systématiquement toute tentative des travailleurs à se regrouper et à créer un syndicat. Ceux qui bravent l'interdiction sont souvent victimes de représailles, qui peuvent aller jusqu'au licenciement. Journaliste, Ankou Sodjago a été licencié de son entreprise, à la suite de la mise en place d'un syndicat. Il revient sur les péripéties ayant mené à la création d'un syndicat dans leur boite.
‘’Pendant deux ans, tout était bloqué, jusqu’à ce que trois d’entre nous prennent leurs responsabilités. Mais beaucoup de collègues refusaient de se joindre à nous, par peur ou par loyauté envers l’employeur’’, raconte-t-il.
Avec ce syndicat, ils espéraient défendre leurs droits dans leur entreprise, œuvrer pour l'amélioration de leurs conditions. Finalement, cela s'est révélé être source de problème. Par des subterfuges, l'employeur a fini par licencier deux d'entre eux. Ankou s'est senti désabusé, abandonné par les siens. Le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication (Synpics), souligne-t-il, les a certes soutenus, mais c'était d'un soutien très faible. ‘’Ils nous ont pris un avocat, ont fait un communiqué, mais j'ai l'impression qu'ils nous ont abandonnés en cours de route. Ils ne sont pas allés jusqu'au bout, à mon avis”, lâche-t-il un peu amer.
La crainte de représailles étouffe la liberté syndicale
Les représailles contre l'exercice de la liberté syndicale ne se limitent pas au secteur de la presse. C'est valable dans presque tous les secteurs de la vie professionnelle. Dans l’enseignement privé, par exemple, les syndicats sont rares ou dormants quand ils existent. Les enseignants ne s’y rallient que lorsqu’ils sont en difficulté avec leur établissement, souvent trop tard, renseignent certaines sources. Même situation dans le secteur de la santé, de l’industrie ou des transports où les travailleurs évoluent dans l’informel ou dans des zones grises du droit du travail. Isolés, sans contrat, soumis à des horaires épuisants et à des rémunérations aléatoires, ces derniers sont à la merci des propriétaires de véhicules. ‘’Il faut être prêt à tout perdre pour s’engager’’, soupire un délégué syndical du secteur, lui-même sous pression.
Face à cette tyrannie des employeurs, certains renoncent tout bonnement à exercer ou même à revendiquer ce droit constitutionnel. Victime de l'exercice de ce droit, Pape Amadou Sy semble parfaitement comprendre le pourquoi la réticence des travailleurs à s'engager des secteurs comme celui de la presse. Il déclare : ‘’Qui a envie de prendre le risque de se faire licencier dans un pays où trouver un emploi est un chemin de croix ? Pour beaucoup, il faut juste gagner sa vie, peu importe les conditions.”
Ainsi, analyse-t-il, la logique de survie l’emporte de plus en plus sur les idéaux de lutte collective ; ce qui érode la liberté syndicale.
Un droit pas assez protecteur contre les licenciements
Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Forces du changement (CNTS/FC), Cheikh Diop reconnait les difficultés dans l'exercice de ce droit syndical. Il donne l'exemple des Ciments du Sahel, où les travailleurs rencontrent plusieurs entraves à l'exercice de la liberté syndicale. De telles violations, explique-t-il, sont assez fréquentes et il faut être tenace pour y faire face, en saisissant les instances habilitées. Mais on n’est jamais totalement à l'abri, prévient M. Diop. “Quand un employeur est hostile à l'action syndicale, tous ceux qui prennent l'initiative sont ciblés de façon sournoise. Soit on leur cherche la petite bête avec des demandes d'explication par-ci et par-là, soit, s'ils ont un CDD, on ne leur renouvelle pas à la fin du contrat. Ils cherchent tous les moyens pour liquider les travailleurs qui prennent l'initiative d'exercer leur liberté”, constate-t-il pour le regretter.
Le plus désolant, c'est que quand ils ont l'intention de licencier, difficile de les en empêcher. Le tribunal, s'il s'agit d'un travailleur ordinaire, ne peut que condamner l'entreprise à payer des dommages et intérêts, s'il estime que le licenciement est abusif.
L'autre problème, c'est que souvent, les procédures sont très longues et embarrassantes pour les travailleurs sans soutien. “La loi sénégalaise protège effectivement le travailleur, mais dans des dossiers de ce genre, la procédure peut durer un, deux ans ou même plus. Mais l'employeur est souvent condamné à payer des dommages et intérêts”.
En ce qui concerne les délégués du personnel, le tribunal peut aller jusqu'à demander leur réintégration, en cas de licenciement abusif. “Le délégué ne peut être licencié que sur autorisation de l'inspection du travail”, explique le SG de la CNTS/FC, non sans rappeler l'obligation pour les entreprises et pour l'État de respecter les conventions de l'Organisation internationale du travail sur la liberté syndicale et sur la négociation collective.
Les longues procédures judiciaires : l'autre difficulté
Engagé dans une bataille judiciaire contre son ancienne entreprise depuis des années, Pape Amadou Sy est témoin des batailles longues, couteuses, éprouvantes, et parfois vaines. ‘’On a gagné en première instance, mais l'employeur a fait appel. L’affaire est toujours pendante. Peut-être que ça se réglera dans les semaines à venir”, rapporte-t-il optimiste.
Autant de facteurs qui finissent par décourager toute initiative syndicale. Le secteur de la presse n'échappe pas à la règle. Sur plus de 200 entreprises reconnues par le ministère de la Communication, seules 16 disposent aujourd’hui d’une section syndicale du Synpics. Une sous-représentation qui est révélatrice d’un malaise profond : peur des représailles, culture syndicale faible, précarité des statuts...
Ils sont d'ailleurs nombreux les grands groupes qui n'en disposent pas. Ce qui est incompréhensible aux yeux de certains interlocuteurs. ‘’Il est de la nature du journaliste de mettre la plume dans la plaie. Donc, il est incompréhensible que les journalistes aient peur de se syndiquer”, regrette un confrère qui tente de tempérer : “La non-syndicalisation de beaucoup de confrères est liée à la peur des représailles. Le syndicalisme est perçu comme un bras de fer. Il faudrait des règles claires pour protéger ceux qui s’engagent.’’
Interpellé, ce patron de presse dit regretter surtout l'absence de culture et de formation syndicale chez les jeunes. “Je ne suis pas contre l'exercice de cette liberté syndicale, mais je pense que les gens doivent aussi essayer de se mettre à la place de l'employeur”, se défend-il. Certains, selon lui, s'endettent jusqu'au cou pour payer des salaires. “Personne n'est pas sans savoir les difficultés que les entreprises traversent. Si les patrons n'avaient pas l'esprit de sacrifice, beaucoup de travailleurs allaient se retrouver dans la rue. Je pense que parfois il faut savoir raison garder”, a-t-il plaidé.
HARVARD DIT NON À TRUMP
L'institution refuse, dans deux lettres consultées par SenePlus, de se plier aux exigences jugées inconstitutionnelles concernant sa gestion de l'antisémitisme sur le campus, au risque de perdre des milliards de dollars de financements fédéraux
(SenePlus) - Dans un bras de fer d'une ampleur sans précédent, l'université Harvard a formellement rejeté à travers deux correspondaces adressées à l'administration et consultées par SenePlus, les exigences du gouvernement fédéral américain concernant la lutte contre l'antisémitisme sur son campus, dénonçant une tentative d'ingérence dans son autonomie académique.
Le président de Harvard, Alan M. Garber, a informé la communauté universitaire lundi que l'institution refusait de se plier aux demandes gouvernementales reçues vendredi dernier. "La prescription de l'administration va au-delà du pouvoir du gouvernement fédéral. Elle viole les droits garantis à Harvard par le Premier Amendement et dépasse les limites statutaires de l'autorité gouvernementale selon le Titre VI", écrit Garber dans sa lettre.
Les représentants juridiques de Harvard, William A. Burck et Robert K. Hur, ont officiellement notifié le gouvernement de ce refus, affirmant que "l'université ne cédera pas son indépendance ni ne renoncera à ses droits constitutionnels."
Les documents révèlent l'étendue des demandes gouvernementales, qualifiées d'"inédites" par Harvard. Parmi elles:
Une restructuration de la gouvernance visant à "réduire le pouvoir" des étudiants, professeurs non titulaires et administrateurs "plus engagés dans l'activisme que dans l'érudition"
Un audit complet des "points de vue" politiques et idéologiques au sein du corps étudiant, du corps professoral et du personnel administratif
La fermeture immédiate de tous les programmes de diversité, équité et inclusion (DEI)
Des réformes drastiques des procédures disciplinaires, notamment l'interdiction totale du port de masques lors des manifestations
L'interdiction et la sanction des organisations étudiantes ayant participé à des activités jugées antisémites depuis octobre 2023
Un contrôle gouvernemental des admissions d'étudiants étrangers pour éviter l'entrée de personnes "hostiles aux valeurs américaines"
L'enjeu est considérable : le gouvernement menace de couper des milliards de dollars de financement fédéral à Harvard si l'université ne se conforme pas. Ces fonds soutiennent des recherches cruciales dans des domaines comme la médecine, l'intelligence artificielle et les sciences quantiques.
"Pour le gouvernement, se retirer de ces partenariats maintenant risque non seulement la santé et le bien-être de millions d'individus, mais aussi la sécurité économique et la vitalité de notre nation", souligne Garber.
Cette confrontation s'inscrit dans le sillage des tensions qui agitent les campus américains depuis les événements du 7 octobre 2023 et l'escalade du conflit israélo-palestinien. Harvard, comme d'autres universités d'élite, a été secouée par d'importantes manifestations pro-palestiniennes.
Dans sa lettre, Garber affirme que Harvard s'engage à combattre l'antisémitisme et a déjà pris "de nombreuses mesures" en ce sens au cours des quinze derniers mois. L'université prévoit "d'en faire beaucoup plus", tout en refusant que "le gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, dicte ce que les universités privées peuvent enseigner."
"La liberté de pensée et de recherche, ainsi que l'engagement de longue date du gouvernement à la respecter et à la protéger, a permis aux universités de contribuer de manière vitale à une société libre", rappelle Garber.
par Thierno Bocoum
LE PIÈGE DE L'ARROGANCE AU POUVOIR
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques
Le Premier ministre entretient une confusion constante entre des concepts pourtant fondamentaux : le peuple et les partisans, la justice et la clameur populaire, la responsabilité gouvernementale et le militantisme politique. Ce brouillage délibéré le pousse à substituer le débat par la dispute, à préférer l’affrontement à la pédagogie. Le pugilat devient son langage favori, alors que les membres du gouvernement devraient s’attacher à éclairer les citoyens.
Il s’agace, même face à ceux qui ne font que le ramener à ses devoirs. Même le silence semble l’importuner, tant il devient hypersensible à toute forme de contradiction.
Privé d’actes tangibles pour accompagner ses discours enflammés, il s’enferme dans la diversion. Il allume des contrefeux pour fuir les vraies responsabilités, au lieu d’assumer les attentes légitimes de la population.
Ce Premier ministre semble d’ores et déjà mal engagé dans ce qui prend des allures de mandat présidentiel par procuration. Il donne l’impression de n’avoir ni la mesure des défis à relever, ni l’humilité nécessaire pour s’ouvrir à des cercles de réflexion, proches ou éloignés.
Évoquer la pression populaire sur la justice comme une forme de régulation démocratique relève d’un populisme primaire inquiétant. Il conviendrait de lui demander par quel mécanisme cette pression pourrait s’exercer sans compromettre l’indépendance de la justice, dont la réactivité dépend avant tout des moyens et des réformes que l’État est censé impulser.
Se glorifier de baisses de prix liées aux fluctuations du marché mondial, sans jamais en assumer les hausses quand elles surviendront, relève d’un opportunisme simpliste. Il serait plus responsable d’expliquer les choix économiques à travers une lecture structurelle — en évoquant les subventions, les mécanismes d’ajustement, ou des mesures durables — plutôt que de se contenter d’un discours conjoncturel et simplifié.
Ce qui est inacceptable, c’est de brandir les limites de la liberté d’expression pour faire taire les critiques, tout en orchestrant — par le biais de sa majorité parlementaire — l’amnistie d’auteurs de violences, d’incendies d’édifices publics, d’agressions verbales et d’actes de vandalisme. Cette posture incarne un double discours flagrant, entre le "Coumba am ndéyisme" et le "Coumba amoul ndéyisme".
Réduire toute forme d’opposition à de la haine personnelle est non seulement simpliste, mais hypocrite, surtout de la part de quelqu’un qui n’a jamais eu de scrupules à adresser des critiques virulentes à ses prédécesseurs sans jamais être taxé de haineux.
La multiplication de slogans, d’éléments de langage et de diversions ne suffira pas à masquer les carences manifestes en matière de gouvernance et de maîtrise des enjeux nationaux.
Thierno Bocoum est ancien parlementaire, président AGIR.
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FINANCER L'AFRIQUE AUTREMENT
L'économiste Abdou Cissé dessine les contours d'un système monétaire africain souverain, capable de financer le développement du continent sans les contraintes héritées de l'époque coloniale
Dans une interview accordée à l'émission "Décrypter l'Afrique" de la chaîne Le Média TV, l'actuaire et économiste Abdou Cissé dévoile les défis et les perspectives d'avenir du franc CFA, cette monnaie qui semble désormais "condamnée" à moyen terme.
Le débat autour de la souveraineté monétaire s'intensifie dans plusieurs pays africains. Au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye a récemment affirmé que son pays "ne renoncera jamais à la quête de la souveraineté intégrale et à la recherche des voies et moyens pour disposer de sa propre monnaie", qu'il s'agisse d'une monnaie commune régionale ou d'une devise nationale.
En Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam, président du PDCI et potentiel candidat à la présidentielle, partage cette vision : "La monnaie est un attribut essentiel de la souveraineté. Une nation qui n'a pas le contrôle de sa monnaie n'est pas vraiment souveraine."
Selon Abdou Cissé, la critique du franc CFA s'inscrit dans un contexte plus large d'inégalité entre les pratiques monétaires occidentales et africaines. "Comment les banques centrales occidentales peuvent-elles créer des centaines de milliards pour sauver leurs banques en période de crise, alors que nous, Africains, sommes contraints à des politiques monétaires restrictives qui freinent notre développement ?", s'interroge-t-il.
L'économiste cite plusieurs exemples frappants : la création de 250 milliards de francs suisses pour sauver le Crédit Suisse, l'injection massive de liquidités par la Réserve Fédérale américaine lors de la crise des banques régionales en 2023, ou encore la création par la France de la Société de Financement de l'Économie Française (SFEF) en 2008 pour emprunter 60 milliards d'euros hors dette publique.
L'analyse d'Abdou Cissé va plus loin en quantifiant les préjudices causés par les politiques économiques imposées aux pays africains. Les ajustements structurels des années 1980-1995, qui ont drastiquement réduit les dépenses publiques, auraient coûté au Sénégal environ 40 000 milliards de francs CFA en potentiel économique perdu.
Quant à la dévaluation du franc CFA de 1994, elle aurait représenté un coût supplémentaire de 38 000 milliards, portant le préjudice total à près de 78 000 milliards de francs CFA - bien plus que la dette actuelle du pays estimée à 18 000 milliards.
"On passe notre temps à compter notre passif, ce qu'on doit aux autres, mais il est grand temps qu'on compte ce que les autres nous doivent", affirme Cissé.
Malgré ce tableau sombre, des innovations prometteuses commencent à apparaître. La Côte d'Ivoire, par exemple, a lancé depuis 2017 des "CFA obligations", permettant d'emprunter en devises étrangères tout en libellant la dette en francs CFA. Ce mécanisme commence à faire du franc CFA une véritable devise internationale.
Abdou Cissé préconise également la création d'une holding financière dotée d'un capital d'un milliard de dollars pour financer les économies africaines, ainsi qu'une plus grande flexibilité monétaire pour les banques centrales régionales.
Pour l'économiste, l'avenir réside dans la création de marchés financiers interconnectés à l'échelle du continent et dans la cotation des matières premières africaines dans les monnaies locales.
"Comment expliquer que c'est nous qui produisons du coton, du cacao ou du cobalt, et que ces matières premières sont cotées à Londres ou aux États-Unis ?", s'indigne-t-il.
Cette "révolution de nature financière", fondée sur des innovations monétaires, constituerait selon lui l'étape décisive vers une véritable souveraineté économique africaine, au-delà de la simple question du franc CFA.
LES GRANDS CHANTIERS DU DIALOGUE NATIONAL
De la transformation de la CENA en CENI à l'inscription automatique des électeurs, en passant par la révision du système de parrainage, des réformes d'envergure s'annoncent. Diomaye souhaite adapter le cadre institutionnel avant les prochaines échéances
Le ministère de l'Intérieur et de la Sécurité publique prépare activement la journée du dialogue national sur le système politique. Les services de Jean Baptiste Tine ont d'ailleurs envoyé à l'opposition les termes de référence de l'événement, non sans solliciter leur feedback par rapport à l'organisation de l'activité et aux propositions de réformes.
Le processus devant aboutir au dialogue national sur le système politique est enclenché. En effet, le ministère de l'Intérieur a déjà envoyé au coordonnateur du Front pour la Défense de la République (FDR) les termes de référence de la rencontre. Dans le document daté du 7 avril 2025, il est demandé à Khalifa Ababacar Sall et ses camarades de faire des observations sur le document ainsi que des propositions ou recommandations de réformes avant la fin de ce mois d'avril.
Il a été également noté qu'un Comité de pilotage dirigera les travaux, avec pour mission d'organiser et de coordonner les concertations ; de faciliter la médiation et le consensus entre les parties ; et de rédiger un rapport général des travaux. Le ministère de l'Intérieur précise également que le lieu et la période des rencontres seront communiqués ultérieurement.
Revenant aux termes de référence, le ministre Jean Baptiste Tine et ses services rappellent que la stabilité et la longévité de la démocratie sénégalaise reposent sur l'organisation régulière des élections, l'implication de l'ensemble des acteurs à travers un processus largement consensuel et la capacité de résilience du système politique.
Toutefois, soulignent-ils, aussi performant soit-il, le système politique au Sénégal doit être continuellement évalué et amélioré, en prenant en compte les dysfonctionnements observés, les mutations technologiques, l'évolution démographique et les bonnes pratiques démocratiques internationales. Il est aussi rappelé que depuis l'adoption du Code électoral consensuel de 1992, la concertation entre les parties prenantes est devenue une tradition pour la fixation du cadre institutionnel régissant l'organisation des élections au Sénégal.
Jean Baptiste Tine et Cie relèvent d'ailleurs que le Chef de l'État est conscient de la nécessité de préserver et de renforcer cette tradition démocratique. C'est pourquoi, précisent-ils, le Président Bassirou Diomaye Faye a appelé à un Dialogue national inclusif portant sur l'environnement institutionnel relatif aux questions politiques et électorales.
Toujours, selon le ministère de l'Intérieur, les échéances à venir, qui impliquent de rendre plus transparente et inclusive l'assise institutionnelle, sont: les élections territoriales en 2027, l'élection présidentielle en 2029 ; et les élections législatives en 2029. Il est donc essentiel, souligne-t-il, de mettre en place un cadre de concertation favorisant des échanges ouverts et constructifs sur les réformes institutionnelles.
Réformes majeures en vue
Au titre de ces réformes institutionnelles majeures, le président de la République, lors de l'adresse à la Nation du 3 avril 2024, a relancé le débat sur la nécessité de remplacer la Commission électorale nationale autonome (CENA) par une Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mieux, note-t-on, ces concertations seront l'occasion de discuter de l'amélioration du cadre institutionnel du système politique au Sénégal ainsi que de la réforme et l'amélioration du système électoral sénégalais.
Les discussions porteront en effet sur : «le contenu à donner au statut de l'opposition et de son chef; le débat sur l'inscription automatique sur le fichier électoral dès l'établissement de la carte nationale d'identité biométrique CEDEAO et dès l'âge de la majorité ; la révision du système de parrainage ; l'examen du rôle des autorités en charge des élections et des médias; la place de la justice dans le processus électoral; la rationalisation du calendrier républicain; la rationalisation en profondeur des partis politiques; l'encadrement du financement des partis politiques; et la révision du Code électoral.
Il sera aussi question de l'étude sur les spécifications techniques du bulletin unique ; de l'opportunité de procéder à un audit du fichier électoral ; de la numérisation du processus électoral; et du vote des personnes en détention».
Auparavant, Jean Baptiste Tine et ses hommes avaient soutenu que l'architecture institutionnelle gouvernant le système politique et les élections au Sénégal doit régulièrement être repensée à l'aune des mutations politiques, des crises protéiformes et des dysfonctionnements constatés lors des échéances électorales.
Un système, quel qu'il soit, précisent-ils, doit nécessairement questionner en permanence ses fondations afin de s'adapter à la temporalité politique changeante. Et ce constat impose la tenue d'un Dialogue national sur le système, ont-ils fait savoir.
Par Hamidou ANNE
NOUS VOUS APPELONS À UN MINIMUM DE DÉCENCE…
Pour tenter d’ensevelir, aux yeux de nos compatriotes, la fierté que représente Macky Sall, célébré à juste raison partout dans le monde, ils ont choisi l’ignominie de la calomnie… ne réussissant qu’à ajouter au déshonneur le mépris des Sénégalais
Un groupe de 56 personnes désignées «universitaires» ou «intellectuels», mais en réalité quelques esprits chagrins de Pastef, ont fustigé l’entrée du président Macky Sall au Conseil de la Fondation Mo Ibrahim. Ils ont poussé le ridicule et l’indécence jusqu’à publier un texte dans la presse, disséminant rage, haine et aigreur, face à la multiplication des honneurs faits au président Macky Sall, ancien président de la République de tous les Sénégalais, et donc honneurs destinés au Sénégal, leur pays..
Dans ce texte, l’impudeur rejoint la perfidie, tant le propos est vaseux, la démarche inélégante et le fond contraire à la retenue et à la décence. Mais il ne s’agit que de la continuation de la petite guerre fangeuse menée par ces hommes et femmes depuis des années contre le président Macky Sall, son autorité, son bilan et ses succès retentissants tant nationaux qu’internationaux. Ces militants du chaos, déguisés en intellectuels pétitionnaires, ne daignent guère quitter l’estrade après la fin du meeting. Ils poursuivent leur prestation de très mauvais goût, pour se couvrir ainsi de ridicule.
Ils oublient que le temps des joutes électorales est derrière nous ; place désormais, pour le pouvoir en place qu’ils soutiennent, à la perpétuation de l’œuvre de Macky Sall. Le prolongement du Brt, du Ter ; la réalisation de milliers de kilomètres de routes et de centaines de kilomètres d’autoroutes ; la construction d’hôpitaux de dernière génération et d’universités répondant aux standards internationaux ; la promotion à des niveaux sans précédent de l’équité territoriale et de l’inclusion sociale, entre autres chantiers prioritaires, qui attendent le régime actuel.
Comme frappés d’une grande déception, car leur guide égaré, Ousmane Sonko, n’est pas au Palais, les pétitionnaires revanchards causent et ragent toujours… Ils sont devenus l’incarnation d’une parole creuse et vidée de son sens car avachie et banale
Tout le monde aura remarqué que le groupe des 222 universitaires, auteurs des pétitions intempestives dont celle de mars 2024 dénonçant la loi portant amnistie et appelant à son abrogation pure et simple en cas d’alternance, a fondu comme neige au soleil. Il ne reste qu’une nuée de fantassins téméraires, préposés aux basses besognes, pendant que l’autre partie de la troupe se terre dans le confort de l’arrièregarde, préférant faire le choix de la guerre par procuration.
Le parti Pastef a encore trahi sa parole et renoncé sans convaincre à l’abrogation de la loi d’amnistie. A la place, sa majorité à l’Assemblée nationale a voté une loi inique dite d’interprétation dont la seule volonté est d’absoudre les casseurs pour pointer du doigt les Forces de défense et de sécurité, armure républicaine face au projet insurrectionnel de Ousmane Sonko. Face à cette manœuvre, qui relève d’une ruse avec les principes et les engagements d’hier, résonne le silence gêné des pétitionnaires…
Les pétitionnaires portent une immense responsabilité dans les événements de ces dernières années, par leur lâcheté, leur attitude excessivement partisane visant à dégrader l’image de l’intellectuel dont l’honneur réside dans la sacralisation de la vérité scientifique, de la mesure et de la hauteur, loin de l’esprit de cour et de la soumission à la loi de la rue et aux dogmes des réseaux sociaux.
Où étaient ces intellectuels quand l’université Cheikh Anta Diop a été profanée par des hordes sauvages ? Ont-ils écrit la moindre ligne quand ce temple du savoir a été incendié par des groupes qui répondaient du parti Pastef et exécutaient ses appels permanents à l’insurrection ? Ceux qui n’ont pas osé sortir de leur réserve lorsque le lieu de fabrication et de dissémination du savoir était attaqué, caillassé et brûlé ne peuvent décemment se draper du manteau de l’intellectuel ou de la toge de l’universitaire, tant ils ont cédé à la compromission.
Face aux arrestations et emprisonnements tous azimuts d’activistes, de militants politiques, de journalistes, de chefs d’entreprise, ces intellectuels ont pris la tangente, préférant s’emmurer dans le refuge du silence coupable.
En ce moment, de nombreux Sénégalais sont victimes d’une interdiction illégale de sortie du territoire, qui n’est basée sur aucun acte légal ou réglementaire. Mansour Faye, maire de Saint-Louis, ancien ministre, fait à nouveau l’objet d’une interdiction de voyage par une administration foulant aux pieds une décision de Justice rendue en sa faveur par la plus suprême de notre institution judiciaire, sans que la plume des pétitionnaires ne soit trempée dans l’encre de l’indignation, de la défense de la liberté, pilier essentiel de la République. En effet, le jeudi 10 avril, alors qu’il était muni d’une décision du juge de la Cour suprême, la police lui a interdit à nouveau de voyager au mépris de l’Etat de Droit. Là encore, les promoteurs de ce même Etat de Droit, dans un texte du 23 février 2021, intitulé «La crise de l’Etat de Droit au Sénégal», sont subitement devenus aphones.
Le 4 avril, un propos d’une dangerosité extrême a été tenu, demandant que l’on exerce une pression populaire sur les magistrats. Motus et bouche cousue de nos pétitionnaires, en totale rupture avec leurs principes maintes fois proclamés en matière de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la Justice.
Ces pétitionnaires, durant les douze années du régime du Président Macky Sall, ont constamment milité pour la sortie du président de la République du Conseil supérieur de la Magistrature. Aujourd’hui que le régime qu’ils soutiennent revient sur cette promesse, les mêmes universitaires font semblant de ne rien entendre et de ne rien voir, trahissant leurs engagements d’hier au nom d’une invitation à la soupe du pouvoir.
Ces pétitionnaires déguisés en intellectuels sont en vérité des experts des vérités alternatives et de la duplicité. Sinon, Abdoul Aziz Diouf, Benoît Tine, Pape Samba Ndiaye, entre autres, auraient assumé leurs titres de militants du Pastef et de membres de la majorité actuelle, car nommés à divers postes de responsabilité étatique depuis le 2 avril 2024.
Mais que demander à des universitaires jadis encagoulés, désormais obligés de montrer leur mauvaise foi au grand jour et de persister pour plaire à leurs maîtres, dans la calomnie et la médisance ?
Les attaques indignes contre le Président Macky Sall, digne fils du Sénégal et parmi les leaders d’une Afrique moderne et conquérante, sont vaines et le resteront. Le symbole donne à penser, disait le philosophe Paul Ricœur. En effet, quand cette tribune d’une grossièreté inqualifiable était publiée, le président Macky Sall, au Sommet de la Fédération pour la paix universelle, à l’invitation du Sunhak Peace Prize, délivrait à Séoul, dans la lointaine Corée du Sud, une leçon inaugurale sur les enjeux de la réforme de la gouvernance économique mondiale. Il y réitérait ses combats sur une nécessaire réforme des mécanismes de la dette, pour permettre aux pays du Sud de relever le défi de la mobilisation des ressources en vue du financement de leurs économies.
Le président Sall promouvait la paix quand des esprits chétifs s’en prenaient à son honorabilité. Ils se déshonorent et menacent ainsi de déshonorer notre pays.
L’acharnement sans précédent de la dame désormais estampillée du sceau de la girouette nationale, puis d’une cohorte de plumitifs, révèle une nouvelle fois l’incurie de ce régime et de ses suppôts qui, incapables de répondre aux préoccupations les plus élémentaires des Sénégalais, s’emmurent dans le déni, le reniement, l’apitoiement et la vulgarité.
Un minimum de décence est requis, tant le spectacle qu’ils donnent de notre pays est regrettable.
Pour tenter d’ensevelir, aux yeux de nos compatriotes, la fierté que représente le président Macky Sall, célébré à juste raison partout dans le monde, ils ont choisi l’ignominie de la calomnie… ne réussissant qu’à ajouter au déshonneur le mépris des Sénégalais.