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3 mai 2025
Diaspora
LA BCEAO RASSURE LA CLIENTELE
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Division spéciale de cybercriminalité (Dsc) se sont mobilisées pour traquer les auteurs des attaques dans les banques jusque dans leurs derniers retranchements
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Division spéciale de cybercriminalité (Dsc) se sont mobilisées pour traquer les auteurs des attaques dans les banques jusque dans leurs derniers retranchements, a tenu à rassurer Ahmadou Al Aminou Lô, Directeur national de la Bceao.
La cybercriminalité dans le secteur bancaire a été avanthier, au centre des discussions entre la Direction nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et l’Association des professionnels de banques et établissements financiers du Sénégal (Apbefs).
En effet, ces responsables du système bancaire national avaient convié le directeur de la Division spéciale de cybercriminalité (Dsc) pour échanger avec lui sur ce fléau et les mesures énergiques qui ont été prises pour y faire face. Ahmadou Al Aminou Lô, Directeur national de la Bceao, a expliqué : «Les banques sont particulièrement conscientes des efforts à faire pour continuer à gérer ce risque qui est un risque mondial. Aucune entité ne peut y être soustraite. Ce qui est demandé c’est d’avoir la capacité à y résister. Nous avons déjà ce qu’il faut, parce qu’aucune banque ne peut être agréée si elle n’a pas ses mécanismes et la commission bancaire qui est chargée de faire le contrôle avec la Banque centrale à chaque mission s’assure que les mécanismes sont en place. Nous rassurons la clientèle, parce que la rapidité avec laquelle ces attaques sont découvertes et la rapidité avec laquelle les criminels concernés sont arrêtés, montrent que le système est efficace, évidemment, ce système mérite de continuer à être éprouvé».
Confortant les propos du Directeur national, le président de l’Apbefs a ajouté que les techniciens en charge de la sécurité dans les banques coopèrent avec la police pour arrêter les réseaux. «Les banques ont des passerelles avec la police sénégalaise spécialisée dans le domaine de la cybercriminalité pour prévenir les attaques. Ce qui est demandé aux banques par la Banque centrale c’est d’avoir un système de mise à niveau permanent qui fait l’objet d’une supervision permanente. De la même manière la police est outillée pour faire face à la cybercriminalité», a soutenu Mamadou Bocar Sy, par ailleurs Directeur général de la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs). Ces dernières semaines, la presse nationale a fait état de quelques cas d’attaques dans certaines banques de la place, qui ont été passés en revue par la Direction national de la Bceao et l’Apbefs lors de leur réunion trimestrielle du mercredi dernier. Outre cette question, les banquiers ont évalué la situation du système bancaire.
Sur ce point, M. Lô a relevé une «situation satisfaisante». Selon lui, «l’activité continue de progresser. Le total bilan des banques est aujourd’hui, à 7 250 milliards de francs Cfa à fin décembre 2018, comparé à début janvier 2018, soit une hausse d’environ 9,6% de l’activité. Les crédits sont évalués à 4 447 milliards de francs Cfa à fin décembre 2018, soit une hausse de 479 milliards au cours de l’année 2018»
Progression du Bic
Le dispositif de soutien au financement des Petites et moyennes entreprises et Petites et moyennes industries (Pme/Pmi) a été également au menu. Si l’on en croit le Dn, ce dispositif va bientôt passer à une phase active. En ce sens, informe-t-il, «un arrêté sera certainement pris après la mise en place du gouvernement, par le ministre en charge des Pme et celui des Finances pour rendre publique la qualification des services qui seront rendus par les structures d’appui et d’encadrement (Sae) qui devront accompagner les Pme pour rendre ses dossiers bancables. Le comité d’identification de ces Sae, qui est en même temps chargé de faire des propositions aux autorités publiques sur les tarifs, s’est réuni et ces tarifs seront bientôt rendus publics par l’autorité».
S’agissant du Bureau d’information et de crédit (Bic), le banquier a fait état d’1 million 911mille 451 contrats de crédits déclarés dans la base de données (Bic) pour à peu près 650 mille personnes. Pour lui, cela a permis au Sénégal d’avoir une bonne note au Doing Business. Et à son avis, «plus il y aura de personnes dans cette base, mieux la distribution du crédit se fera, puisque les banques et les Sfd pourront avoir un historique de chaque personne dans la base de données».
SIBETH NDIAYE SE DIT VACCINÉE CONTRE LES ATTAQUES
"Quand vous êtes une femme et qu'en plus vous êtes noire, vous êtes cumularde. On met toujours en doute la raison pour laquelle vous êtes là"
Invitée sur BFMTV ce mercredi soir, la porte-parole du gouvernement est revenue sur le racisme couplé de sexisme auxquelles les femmes sont régulièrement confrontées, notamment dans le milieu professionnel.
"Je crois qu'en termes d'attaques, ça a déjà commencé sur les chapeaux de roue", a ironisé la nouvelle porte-parole du gouvernement, en référence aux critiques sur son look ou sa façon de s'exprimer qui ont fusé ces derniers jours, à l'annonce de sa nomination.
"On vous dira que c'est grâce à la discrimination positive, on vous dira que c'est le Fait du prince, que ce sont vos amitiés, voire plus, qui font que vous êtes où vous en êtes", a amèrement relevé Sibeth Ndiaye, soutenant que ce n'était jamais "quelque chose d'évident à entendre. C'est même plutôt désagréable".
"Je me suis posée la question de la capacité"
Si l'ancienne conseillère presse du président a reconnu que ce genre de critiques la "(touchait) forcément", elle assure que "ça ne (l)'a jamais arrêtée". Face à Ruth Elkrief ce mercredi, Sibeth Ndiaye a reconnu avoir "beaucoup hésité" à prendre le poste de porte-parole du gouvernement, lorsque le Premier ministre Édouard Philippe le lui a proposé.
"Comme beaucoup de femmes, je me suis posée la question de la capacité. Ma capacité à le faire", explique encore cette collaboratrice de longue date d'Emmanuel Macron.
"Je fais un peu office de rôle modèle", a fièrement soutenu Sibeth Ndiaye. "Si moi je réussis, peut-être que d'autres jeunes femmes, d'autres noires, se diront que 'c'est possible'".
VIDEO
DANS L'INTIMITÉ DES MAISONS GORÉENNES
À Gorée, les maisons coloniales sont accessibles au public depuis le 31 mars 2019
Reportage dans les maisons goréennes, ouvertes au public depuis le 31 mars dernier.
CINQ VOLUMES DE L'HISTOIRE GÉNÉRALE DU SÉNÉGAL SERONT PROCHAINEMENT PUBLIÉS
Selon Macky Sall, la publication prochaine des cinq premiers volumes "vient à son heure, parce que l’âme des peuples, ce qui fait leur force et leur grandeur, s’incarne dans leur histoire"
Le chef de l’Etat Macky Sall a salué mercredi dans son message à la nation, la publication des cinq premiers volumes de "l’Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours", une œuvre à laquelle travaille ’’depuis plusieurs années’’ des historiens et chercheurs sénégalais.
"Je voudrais aussi saluer la publication prochaine des cinq premiers volumes de l’Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours. Cette œuvre monumentale de 25 volumes, sur laquelle travaille depuis plusieurs années une équipe pluridisciplinaire d’éminents historiens et chercheurs sénégalais, est la première du genre pour notre pays", a-t-il dit.
Macky Sall s’adressait à ses compatriotes dans son discours radiotélévisé, à la veille de la célébration du 59e anniversaire de l’indépendance du Sénégal
Selon le président sénégalais, la publication prochaine des cinq premiers volumes de l’Histoire générale du Sénégal "vient à son heure, parce que l’âme des peuples, ce qui fait leur force et leur grandeur, s’incarne dans leur histoire".
"N’oublions jamais que l’asservissement des peuples par l’esclavage et la colonisation, a toujours reposé sur la négation absolue de leur histoire, de leur culture et de leur civilisation’’, a-t-il relevé.
"Ainsi, en faisant le récit authentique de notre passé, nous restaurons à la fois notre histoire et notre patrimoine culturel et civilisationnel. Ce faisant, nous confortons notre vocation naturelle de rester un peuple libre et souverain", a ajouté Macky Sall.
Le projet de rédaction de "l’Histoire Générale du Sénégal" (HGS) est coordonné par le professeur Iba Der Thiam, agrégé d’histoire.
ÉTAT DES LIEUX DU #METOO AFRICAIN
Si le mouvement de libération de la parole reste faible sur la Toile, le travail de sensibilisation aux abus sexuels sur les femmes est bien en marche en Afrique
Le Point Afrique |
Eva Sauphie |
Publication 03/04/2019
« Doyna » (ça suffit en wolof) « Fini les chuuuut », « J'ai décidé de vivre », « Say no », autant de campagnes digitales créées en réaction aux violences et abus sexuels faits aux femmes qui résonnent du Sénégal au Bénin, de la Côte d'Ivoire au Cameroun. Dernièrement, c'est le hashtag #MêmePasPeur qui a fait du bruit lors de la 26e édition du Fespaco, le festival du cinéma panafricain de Ouagadougou (Burkina Faso). C'est dans le cadre d'une conférence sur la place des femmes dans l'industrie du cinéma africain et de la diaspora organisée au Marché africain du cinéma et de la télévision (Mica) que les langues se sont peu à peu déliées.
Des témoignages poignants...
Il y a d'abord eu le témoignage bouleversant de Nadège Beausson-Diagne. Après dix-huit ans de silence, l'actrice franco-ivoirienne a révélé avoir été harcelée sexuellement et menacée de viol sur deux tournages différents. Puis c'est Azata Soro, la deuxième assistante du réalisateur burkinabè Tahirou Tasséré Ouédraogo, qui s'est exprimée en avouant les violences qu'elle a subies par ce dernier sur le plateau de la série Le Trône. Aujourd'hui défigurée, elle reste le visage des violences faites aux femmes qui sévissent en toute impunité dans l'industrie du cinéma africain. Si son agresseur a été jugé et condamné, il aura fallu attendre une table ronde en présence des médias pour que la profession agisse et que le cinéaste se voit radié de la compétition à la suite de l'appel au boycott impulsé par les organisatrices. Cette prise de parole publique est historique en Afrique, et a fait couler de l'encre dans la presse européenne et africaine. Pourtant, l'opération n'aura pas eu le même impact que ses pendants occidentaux sur les réseaux sociaux.
... dans un contexte international de défiance par rapport aux abus
Le mouvement #MeToo a éclaté en octobre 2017 aux États-Unis avec l'affaire Weinstein et a pris une ampleur mondiale. Il a rapidement été suivi par sa version francophone, #BalanceTonPorc, dénonçant le harcèlement et les abus sexuels dont sont victimes les femmes dans le milieu professionnel. De son côté, l'Afrique a toujours été discrète sur la question. Pourtant, selon une enquête des Nations unies, une femme africaine sur trois serait victime d'une agression sexuelle au cours de sa vie. Les révélations au Burkina et la création de #MêmePasPeur auraient pu déclencher le mouvement viral de libération de la parole tant espéré. Or aucun témoignage digital n'est venu renforcer l'élan de solidarité féminine amorcé en février dernier sur le terrain. « Les femmes africaines n'ont pas pris l'habitude de communiquer avec des hashtags, mais il n'y a pas un jour sans qu'elles témoignent dans des groupes physiques ou digitaux privés », tient à souligner Minou Chrys-Tayle, web-activiste camerounaise de 26 ans, qui reçoit des quantités de messages « inbox » via Twitter et Facebook depuis le lancement de sa campagne J'ai décidé de vivre.
Comment cela s'explique-t-il ?
Pour Pascale Obolo, productrice et réalisatrice membre du collectif des cinéastes non alignées – à l'origine de la table ronde de Ouaga –, les raisons sont aussi symboliques. « L'industrie du cinéma est telle sur le continent qu'il n'existe aucune star africaine femme qui jouisse d'une exposition mondiale suffisante pour porter le mouvement », estime-t-elle. Or Minou Chrys-Tayle considère que les femmes ont besoin de mettre un visage sur la lutte. C'est pourquoi cette représentante de la nouvelle génération de féministes en Afrique, elle-même victime de violences par son compagnon au Bénin, a décidé de stariser le combat à travers son opération digitale aux allures de couverture de magazine féminin. Pour incarner la justice, qu'elle juge aveugle dans les sociétés africaines, celle qui se définit comme une survivante a choisi de photographier l'avocate Alice Nkom, lauréate du prix Amnesty des droits de l'homme en 2013, aux côtés de femmes « fortes ». Minou Chrys-Tayle espère d'abord laisser une trace du mouvement pour les générations en place et à venir. Elle s'apprête à lancer une plateforme de recueil de témoignages et d'informations réservés aux femmes africaines victimes de violences courant mai 2019.
Quid des structures de lutte en place ?
Si les structures ne manquent pas, leur visibilité est faible. « Les associations travaillent dans l'ombre et ne fédèrent qu'une petite poignée de militantes, constate Laetitia Tonyè Loè, réalisatrice du documentaire Les Prisonnières du silence, sorti cette année pendant la Journée internationale des droits de la femme. Or, sans exposition, il ne peut pas y avoir d'éveil collectif », reconnaît la féministe camerounaise. Cette dernière a également créé la campagne de libération de la parole « Fini les chuuuut » sur Twitter. Celle-ci a eu la chance de bénéficier du soutien de l'Association de lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF) au Cameroun. Cofondée par Aissa Doumara Ngatansou, récemment auréolée du prix Simone Veil pour son action par le président français Emmanuel Macron, cette organisation plaide auprès des décideurs pour mettre fin aux mariages forcés et précoces et à toutes sortes de violences faites aux femmes. Parce que, selon les militantes, la lutte doit d'abord passer par les foyers et une série de réformes des textes juridiques relatifs à la famille. La seule manière de faire bouger les lignes et les mentalités. « Les lois au Cameroun condamnent les viols, mais la société continue à juger les victimes. C'est donc encore très difficile pour elles de parler », concède Laetitia Tonyè Loè, pour qui il a été extrêmement difficile de réunir des témoignages en raison de la pression familiale. Le pays investit dans le ministère de la Promotion des femmes et de la famille, « mais aucun ministère du droit des femmes n'existe", s'indigne Minou Chrys-Tayle. "On fait tout pour éviter les divorces, même si demeurent au sein de la famille des violences et viols conjugaux ! » accuse-t-elle. Le regard de la société est tel que les populations sont les premières victimes de la désinformation. La Journée internationale des droits de la femme qui se tient le 8 mars a des allures de grande parade festive, comme dans la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest. « On confond cette journée militante et d'accès à la connaissance de nos droits avec la fête des Mères, s'indigne Minou Chrys-Talye. On organise des soulevés de kabas, ça frôle l'indécence », renchérit Laetitia Tonyè Loè.
La sensibilisation, une question-clé
Selon un sondage réalisé par Doyna, un mouvement citoyen sénégalais lancé sur sa page Twitter (plus de 2 000 followers) pendant la campagne internationale "16 jours d'activisme contre les violences sexistes », 50 % des femmes seraient favorables au travail de sensibilisation, contre 18 % seulement à la prise de parole. Une tendance qui révèle l'urgence de mener un travail d'encadrement et d'éducation auprès des victimes. Les besoins sont bien réels, mais les réalités ne sont pas les mêmes qu'en Occident. Raison pour laquelle Laetitia Tonyè Loè a choisi de ne pas diffuser son film à la télévision, mais de privilégier des projections-débats pour favoriser l'échange avec le public et « créer une vraie expérience », pour que les femmes repartent en connaissant leurs droits. Des ateliers voient le jour en Afrique, mais finissent par disparaître faute de financements et de soutien. « Il faut centraliser les problématiques liées aux violences contre les femmes et trouver des fonds via des institutions locales ou internationales », assure Pascale Obolo, qui espère mettre en place, via son collectif de cinéastes, des safe spaces dans plusieurs villes africaines qui fonctionneront de manière autonome. Outre le partage d'expériences, ces ateliers auront pour ambition d'encadrer et de former juridiquement les femmes travaillant dans le milieu du cinéma.
« En France, la plupart des actrices ont des agents qui connaissent les textes de loi sur les violences sexuelles et sexistes. En Afrique, les femmes n'ont ni argent ni agent et ne savent même pas qu'elles peuvent porter plainte. » Mais, qu'il s'agisse du milieu professionnel ou privé, la bataille contre les violences faites aux femmes a un coût. « Il faut un soutien étatique pour en finir avec ce problème de santé publique en Afrique, parce qu'il s'agit bien de sauver des vies », conclut Minou Chrys-Tayle.
LES MOMENTS FORTS QUI ONT MARQUÉ LA PLACE DE L’INDÉPENDANCE
Autrefois symbole de l’indépendance du Sénégal, l'ancienne Place Protet du nom du gouverneur Auguste-Léopold Protet (1808-1862), officier de marine français et fondateur de la ville de Dakar, a été témoin d’une partie de l’histoire du pays
La Place de l’Indépendance, appelée autrefois, Place Protet du nom du gouverneur Auguste-Léopold Protet (1808-1862), officier de marine français et fondateur de la ville de Dakar, est la place la plus importante de Dakar. Située entre le palais présidentiel et l’une des avenues les plus animées de la ville, l’avenue Georges Pompidou ex Ponty, la Place est aujourd’hui le centre nerveux de la ville. Toutes les banques et agences de voyages s’y côtoient.
Autrefois, lieu de contestation et symbole de l’indépendance du Sénégal, elle a été témoin d’une partie de l’histoire du Sénégal. Des porteurs de pancartes, en 1960, aux prises d’armes, en 2000 et 2015, aux manifestations de Yen a marre à celle de l’inoubliable marche de Sidy Lamine qui la rebaptisait Tahrir.
À la veille de la 59e fête de l’indépendance, Emedia revient sur des dates qui ont marqué ce lieu mythique, où se sont défilées les plus belles pages de l’histoire du Sénégal.
Août 1958 – Le Soleil des indépendances
« Moom sa reew » (s’approprier son pays en wolof) ou « Jott sa reew » (récupérer son pays). Ce sont quelques-uns des messages inscrits sur les pancartes pour accueillir le général De Gaule lors de sa visite du 26 août 1958 à Dakar. Cette rencontre entre le général De Gaulle et les autorités sénégalaises de l’époque a été un tournant décisif à l’accession de l’indépendance pour le Sénégal. Sur la Place, De Gaulle lance sa phrase devenue mythique : « Si vous voulez l’indépendance, prenez là. » Le début du Soleil des indépendances en Afrique.
Mars 2011 – Le Tahrir de Sidy Lamine Niass
Dépité par une mise en demeure de l’Autorité de régulation des télécommunications publiques (Artp) réclamant la somme de 241 900 008 F CFA en guise de redevances pour les fréquences de ces dix antennes dont neuf dans les régions, le défunt PDG du Groupe Walfadjiri, Sidy Lamine Niasse, lance un appel à mobilisation général. Il convoque l’ensemble des sénégalais à la Place de l’Indépendance qu’il rebaptise le 19 mars 2011, Place Tahrir (en arable Place de la libération), du nom de la mythique place égyptienne, où a démarré la révolution égyptienne.
Juillet 2011 – L’arrêté Ousmane Ngom interdisant les manifs
Adopté sous l’ancien régime de la première Alternance dans un contexte politique marqué par la multiplication des manifestations de l’opposition et de la société civile contre le troisième mandat du président, Abdoulaye Wade, à la veille de l’élection présidentielle de 2012, l’arrêté Ousmane Ngom : N° 7580 du 20 juillet 2011 » interdit tout rassemblement à caractère politique dans l’espace compris entre l’avenue El Hadji Malick Sy et le Cap Manuel. À l’époque, la justification brandie par le régime libéral était la protection dans ce contexte politiquement tendu des immeubles abritant les intuitions de la République telles que : l’Assemblée nationale, le Sénat (actuel Primature), le Conseil économique et social, les Cours et tribunaux, le Palais de la République, le Building administratif et la Place de l’Indépendance. Cet arrêt continue de faire l’objet de contestation de la part des acteurs politiques de l’opposition et de la société civile.
Février 2016 – Une réfection au point mort
Un contentieux s’ouvre entre la Ville de Dakar et le ministère de l’Urbanisme, concernant la réfection de la Place de l’indépendan. Diène Farba Sarr et Khalifa Sall se déchirent pour la réfection de la Place, qui ploie sous le poids de l’âge. Le dossier dort encore dans les tiroirs avec l’emprisonnement de l’ancien maire de Dakar.
PAR Fatou SOW SARR
KAGAMÉ CONSULTANT AUPRÈS DE SES PAIRS
Le président rwandais doit être désigné consultant des Nations Unie auprès des autres chefs d’Etat pour leur apprendre à gérer un pays, à construire une nation, à bâtir un avenir pour les générations futures
En quittant, ce samedi 2 avril, Kigali qui se lève sous un ciel d’un bleu pur, je n’avais qu’une seule envie, ne plus partir, mais comme moi, tous ceux qui seront sous le charme d’un pays qui montre qu’une Afrique qui réussit est possible, ne pourront pas y rester. Mais si tous les africains ne peuvent pas vivre au Rwanda, la solution c’est de faire de chaque pays du continent un autre Rwanda. Pour cela, Paul Kagamé doit être désigné consultant des Nations Unie auprès des autres chefs d’Etat pour leur apprendre à gérer un pays, à construire une nation, à bâtir un avenir pour les générations futures.
Je fréquente ce pays depuis 1989. Je m’y rendais dans le cadre d’un partenariat entre l’Université de Butaré et celle de Namur où j’enseignais à l’époque et j’y suis revenue à plusieurs reprises depuis 2001, en tant experte des Nations unies sur les questions de genre. Et que de chemin parcouru sous la houlette de Paul Kagamé, cet homme visionnaire ; mais comme l’a dit Nelson Mandela : « Une vision qui ne s’accompagne pas d’acte n’est qu’un rêve ; Une action qui ne décolle pas d’une vision est du temps perdu ; Une vision suivie d’actions peut changer le monde ». Cet homme qui a changé le visage du Rwanda peut nous aider à changer l’Afrique.
En parcourant ce vendredi 1er avril, le Rwanda, de GISENYI depuis la frontière avec la RDC à Kigali la capitale, nous avons découvert un pays de rêve, un pays qui montre qu’une autre Afrique est possible.
Après cinq jours à Bukavu où l’accès à l’INTERNET était très pénible, la connexion téléphonique dramatique, les routes cahoteuses, et que nous étions obligées de passer par le Rwanda pour rejoindre Kinshasa, notre vol de la MONUSCO ayant été annulé sans aucune explication ; après une traversée de tous les dangers du lac Kivu, nous avons repris la route pour rejoindre le Rwanda par Goma. A peine la frontière franchie, nous avions l’impression d’être dans un autre monde. Un pays qui à la différence de beaucoup d’autres en Afrique, a misé sur les infrastructures et l’organisation.
Il était agréable de circuler sur des routes quasi parfaites, avec des équipements permettant aux paysans d’exposer tout au long du chemin, la richesse des produits vivriers. Dans ce pays accidenté, tout a été fait pour exploiter judicieusement l’eau et la rentabiliser au maximum. On découvre un paysage fait de jardins maraichers (carottes, choux, haricot, ail, etc.) de plantations de tubercules, de café, de thé, de bananeraies, d’ananas et de fleurs exportées vers la Hollande. C’est un pays qui a compris l’enjeu de la santé dans la production. Ainsi, 97% de la population a une couverture médicale grâce à des mutuelles pour ceux qui ne sont pas pris en charge par leurs employeurs, l’Etat prenant en charge les 2/3 des coûts, soit 2000F, et la population contribuant pour 1000F rwandais.
Le Rwanda est un pays qui a opté pour une approche écologique afin de préserver l’héritage des générations futures. Le plastique y est banni depuis longtemps. Seuls les sachets recyclables sont autorisés. Sur trois cent kilomètres de route, nous n’avons aperçu aucun tas d’ordure. Oui, le Rwanda c’est la propreté absolue ! Tous les mois, les maires à la tête des comités de quartiers s’adonnent à l’embellissement de leur localité. Les travaux communautaires sont obligatoires.
Kigali, c’est la sécurité absolue et de jeunes expatriées disent circuler le vendredi jusqu’à 3 heures du matin, car étant sûrs que rien ne peut leur arriver.
Le Rwanda est devenu un pays propre, un pays sûr, un pays où les infrastructures sont en bon état, grâce à un management performant. Depuis huit ans, le Président organise une retraite au sommet où se retrouvent les ministres, leurs secrétaires généraux, les gouverneurs de province, les maires et les ambassadeurs. Chacun devant faire le bilan de sa mission dans l’année, communiquer ses résultats, expliquer ses contraintes et faire des propositions. Chaque responsable se doit de maitriser son dossier et non se contenter de répéter ce que les techniciens lui ont préparé.
Paul Kagamé a montré sa capacité à maitriser des dossiers au point parfois de venir au secours d’un ministre en difficulté, pour rendre la lecture des dossiers lisibles, sans que cela ne soit pris comme une volonté de lui porter ombrage, au contraire. L’acceptation du leadership de Paul Kagamé se traduit par l’effort de chaque citoyen de suivre son exemple. Ainsi, dans l’hôtel où nous logions, en l’absence du chauffeur, le gestionnaire a décidé de conduire la navette qui devait nous déposer à l’aéroport.
Kagamé, c’est aussi le premier chef d’Etat africain qui a cru en la femme et qui l’a matérialisé, pas seulement en permettant une présence massive au Parlement, mais en transformant radicalement les conditions de vie de la Rwandaise. L’accès à la terre est une réalité, l’acquisition de la nationalité des enfants est la même pour les femmes comme pour les hommes, la violence contre les femmes a été vaincue grâce à une sécurité totale. Les femmes comme les hommes reprennent le chemin des universités qui ouvrent leurs portes jusque 23 heures et grâce à des politiques incitatives, les femmes s’y rendent en grand nombre.
Cet homme, qui a radicalement transformé le visage du Pays des milles collines, devrait être commis consultant par les Nations Unies auprès des chefs d’Etat africains, pour leur apprendre à gérer leur pays, pour aider l’Afrique qui regorge de tant de richesses à devenir enfin un endroit où il fait bon vivre. L’Afrique n’est pas démunie, la seule chose qui lui manque c’est un leadership fort, des hommes capables d’avoir une vision, le sens de l’engagement et la capacité du Management au Sommet.
Le métier de Chef d’Etat ne s’enseigne dans aucune école mais l’on peut apprendre auprès des autres. Nos présidents ne devraient avoir aucune fausse honte à recourir à l’expertise de leurs pairs là et à s’inspirer des bonnes pratiques des uns et des autres. Ce serait même tout à leur honneur.
Un chef d’Etat consultant, c’est bien possible. Nous pourrions expérimenter le cas Kagamé
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
SIBETH NDIAYE & DANIELE OBONO, FAUSSES JUMELLES DE LA POST-COLONIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Victimes, avant de faire leurs preuves, d’un préjugé tenace, c’est une part de rêve, qu’on leur ôte - À ce jeu, il peut être tentant de ne voir en elles que les illustrations d’une France incurablement raciste - INVENTAIRE DES IDOLES
Les entrées à l’Elysée de nouveaux présidents offrent toujours des moments précieux. Dans la période récente, on se souvient bien sûr de la famille recomposée de Nicolas Sarkozy, montant les marches comme à Cannes en mai 2007. Le blond impérial des enfants Jean et Pierre Sarkozy, la joie candide du petit dernier Louis, le chic silencieux et glacial de Cécilia. Le vernis étincelant d’une famille unie à l’assaut du pouvoir couvait déjà, pourtant, les blessures conjugales de l’ancien maire de Neuilly. Mais rien ne transparut. Le moment avait sa grâce inaltérable. Hollande, théoricien de la normalité au sommet de l’Etat, en fut aussi bon praticien. On ne retient presque rien de sa passation, sinon l’inélégance de ne pas avoir raccompagné Sarkozy à sa voiture en 2012, dans une animosité sans filtre qu’affichait le nouveau locataire. Le protocole perdit en tact, ne gagnant rien en retour, sinon la prestance de Valérie Trierweiler, appelée déjà, sur ce perron élyséen, à jouer des premiers rôles circonscrits dans le flou d’un statut matrimonial. Comme scène de ce théâtre quinquennal, pourtant éphémère, le perron du palais avait l’allure plus fraîche en 2017, comme énergisé d’un engouement nouveau. Brigitte et Emmanuel Macron en étaient presque les acteurs secondaires. Dans les premiers rôles, il y avait la bande de trentenaires, spin doctors de classe, génies des coulisses, cracks complices, qui ont porté, dans un dégagisme savant, Macron au pouvoir. Dans une mise en scène millimétrée, la garde rapprochée est entrée à l’Elysée ensemble, boys & girl band insouciants, semblant sous le crépitement des flashs, dans un de ces moments bénis, à l’irradiation contagieuse. Sibeth Ndiaye était dans le lot, seule femme, la mine hésitante, mais parfaitement colorée. Eblouissante et souriante, elle aimantait la caméra. Attestation supplémentaire d’un temps nouveau où l’image vaut plus que le discours, la jeune proche, chargée des relations avec la presse, accrochait un nouveau trophée à son palmarès.
Ombre & lumière du pouvoir
Des jours plus tôt, un documentaire de Yann l’Hénoret dans la fabrique de la victoire, donnait déjà à voir le rôle de Sibeth dans ce club du pouvoir : premier cercle du président, muse et garde-fou incontournable, au besoin grondée pour quelques ratés, elle restait tout de même symbole de cette pratique nouvelle, teintée de jeunisme, vierge d’expérience, mais bourrée de volontarisme et de lexique entrepreneurial. Entre Sibeth et Emmanuel, c’est la rencontre entre le coup de foudre et le coup de ruse, le symbole et l’opportunité, l’intérêt et la sincérité. En un mot : l’alliage nécessaire dans le temps de la communication politique. Sa promotion à l’heure où l’équipe s’effrite est comme la sanction légitime d’une dévotion de la première heure. Symbole pour symbole, c’est la filiation des nominations dont le coup « diversitaire » tend à voiler la sanction légitime du mérite.
De ce pouvoir fringant, de golden boys et de golden girls, à l’assemblée nationale, en passant par les milieux d’activismes décoloniaux, les conseils de surveillance de la sorbonne, il y a bien un monde. Danièle Obono se tient à l’autre bout. L’oratrice nationale de la France insoumise ne s’est pas construite dans la naphtaline du pouvoir. Rudoyée, suspectée, attaquée, sans être que victime, elle a une pratique de l’opposition avec des pointes radicales qui ont à voir avec un parcours et des convictions. Des deux côtés du pouvoir, la lumière éclaire différemment deux femmes noires, sensiblement le même âge, aux portes de la quarantaine, fausses soeurs des contentieux postcoloniaux, dont elles deviennent, tour à tour, les égéries, les héroïnes, les victimes, les faire-valoir, voire les imposteurs. Seule demeure systématique contre elles, la constante mise à l’index des femmes (pas que noires) en politique, sur qui pèse le soupçon d’une usurpation qui procède par tous les poncifs racistes et sexistes. Victimes, avant de faire leurs preuves, d’un préjugé tenace, c’est une part d’insouciance, de rêve, qu’on leur ôte. Elles sont attendues. On projette sur elles bien des fantasmes. On leur prête plus qu’elles n’ont. A ce jeu, il peut être tentant de ne voir en elles que les illustrations d’une France incurablement raciste. C’est du reste l’une des analyses les plus promues comme explication du malaise. Il y a bien du vrai, l’hystérie contre elles porte les germes de l’hostilité d’une France qui a mal à sa diversité, et qui peine à inclure dans son corps républicain celles qui font du reste le choix de l’intégrer au prix de certains sacrifices. Toutefois, s’arrêter au racisme, c’est manquer de voir une complexité du sujet, l’existence d’une double assignation : celle que les minorités peuvent entretenir et celle qu’on leur assigne. C’est un impensé ou alors un négligé dans l’analyse : l’affirmation identitaire est double, possiblement antagoniste, surtout quand elle aspire à un même espace national.
Privilège de classe ou d’ethnie ?
De Danièle Obono, on sait plus ou moins vaguement qu’elle est fille d’ancien homme politique gabonais. Que les hoquets démocratiques de ce petit pays dans les années 80 ont contraint beaucoup d’intellectuels, dont son père, porteurs de rêves de pluralité et d’ambition politique, à s’exiler comme ce fut le tarif dans beaucoup de pays africains. La France est, dans la majorité des cas, le pays du salut. Les intellectuels francophones y vont ou y retournent, dans un amour acide et ombilical. Quand la petite Danièle arrive dans le sud de la France, elle entre à peine dans l’adolescence. De la bourgeoisie gabonaise qui fut son berceau, elle garde les apparences et les minima, mais baigne dans un début d’anonymat. Les privilèges ne voyagent pas hélas ou alors avec bien des plafonds, les frontières les filtrent surtout dans le sens Sud-Nord. A trop psychologiser, on pourrait attribuer à cette frustration originelle, l’entaille visible de cette écorchée politique qui s’engluera dans des études interminables de sciences sociales à la Sorbonne dont une thèse (non soutenue) est le marqueur. Sursis de ceux que le système capitaliste nargue, et formation intellectuelle solide, la thèse est souvent le compromis auquel consent l’ambition des étudiants étrangers, là où macère un mélange de frustrations diverses, mais aussi amorce d’une arrogance du savoir et du prêche intellectuel combatif.
Parfait contre-exemple de ce parcours, Sibeth Ndiaye en garde pourtant des traces semblables. Fille de hauts dignitaires de l’Etat sénégalais, respectivement acteur précurseur du multipartisme sénégalais pour son père dans les année 80 et première femme présidente du conseil constitutionnel pour sa mère, elle a eu une voie quasi-tracée. Comme toute la caste des dirigeants africains, les enfants vont à l’étranger, en France en particulier, se former, avec la promesse de revenir « faire » le pays. Pour un retour au pays, statistiquement, il y en a dix qui restent en France, pour diverses raisons tout aussi subjectives que générales, avec les conditions de tranquillité économique et de paix sociale, parmi les raisons les plus fréquentes. Sibeth, arrivée quant à elle à la fin de l’adolescence à Paris, est restée. Pas besoin de thèse, le master, visa pour le statut standard de cadre, lui suffira pour se frayer un chemin qui la conduira dans les coulisses du parti socialiste, dont elle connaîtra les cases jeunes, avant de trouver chez Claude Bartolone et Arnaud Montebourg des protecteurs avec plus d’étoffe, avant d’entamer son idylle avec Macron.
Les pères de l’extraversion
Résumons à mi-parcours : Du Sénégal au Gabon, les patriarches des deux femmes, des hautes sphères nationales, qu’ils soient dans le pouvoir ou dans la chasse de celui-ci, ont fait le choix presque naturel d’expédier leurs enfants en France. Il y a possiblement à redire de cela sur la notion de responsabilité nationale et politique. Mais comment s’y prendre sans le faire dans un procès qui peut vite revêtir des accents staliniens ? Peut-être juste constater que l’Afrique reste une terre de matière première inachevée, une terre victime et complice d’une triple extraversion : de son économie, de sa culture, et de ses talents, ou plus précisément de ses fils. Même ceux qui avaient le bagage pour résister à la corruption alimentaire endémique dans le continent, ont dû le quitter dans une fuite formalisée devenue la tradition de l’élite noire.
Les études démographiques peinent à mettre un mot, un nom, sur cette réalité, achoppant sur des querelles de chiffres bien anecdotiques, manquant de voir que l’immigration est d’abord l’affaire de l’élite africaine. A ce compte, opposer François Héran et Stephen Smith, c’est se complaire dans des querelles de postures car l’immigration africaine en France reste, bon an mal an, l’affaire des classes supérieures africaines, en long ou en court séjour. La masse intermédiaire espérant quant à elle, des périples clandestins - qui eux-mêmes exigent un seuil de prospérité ou si la formule pose un problème, des fonds accumulés. Nuances de classes et de castes que l’on retrouve dans l’hétérogénéité de la diaspora africaine, non réductible à un statut social ou ethnique commun. Sibeth a fait le parcours de tous les bac + 5. Bonnes écoles, stages, embauches. C’est l’aller simple pour un ascenseur social qui fonctionne parce qu’on reste dans les hautes sphères. La suite, c’est changer de statut à la préfecture, être naturalisé français : garder le passeport français pour une gratitude affective et des facilités administratives incomparables, mais réserver au pays du cœur les préférences ou les nostalgies de l’identité. Sibeth, à ce jeu, française en 2016, trouble les lignes, elle est insaisissable, même si elle semble avoir embrasser davantage la France.
En discutant moi-même lors d’un débat à Sciences Po avec Danièle Obono en février 2018, en hommage à Cheikh Anta Diop, scientifique et égyptologue sénégalais et panafricain, la députée a affirmé avoir demandé sa naturalisation, je la cite à un adjectif près, pour éviter les « démarches harassantes en préfecture ». Incroyable voire ahurissante, pour une députée de la république française, ce mot disait tout l’inconfort d’une situation postcoloniale, entre celle à qui la France « a tout donné » comme l’a dit Sibeth, et celle qui réclame à la France une dime coloniale toujours tardive à venir réparer le dégât de l’histoire. Cette ligne de fracture se retrouve même dans le choix des études, dans le pays de l’immigration, entre les privilégiés et les galériens, qui comme dans une évidence, entretiennent avec la France une relation schizophrénique.
Racisme et antiracisme : asymétrie et double assignation
Voilà, proprement, comment naît la double assignation : les indigènes revendiquent leurs origines comme part centrale de leur identité. Ils la posent comme la condition d’un vivre-ensemble aux contours renégociés. Ils s’habillent d’apparences, de discours, souvent de radicalité, de cette identité dans un combat politique dont l’antiracisme est souvent la voix de consécration pour anticiper les reproches et les annihiler. Danièle Obono a clairement fait sien ce discours, dont elle devient l’égérie, parfois jusqu’à la caricature, raccrochant au wagon de cette colère, les diatribes contre le libéralisme. La France Insoumise et son insoumission deviennent donc parfaitement le terrain de convergence de ce militantisme, clairement dans une défiance d’un ordre assimilé à la perpétuation coloniale. Celles et ceux, du reste, qui font l’autre choix, de s’inscrire dans une voix d’intégration, voire d’assimilation, peuvent subir les attaques de premières comme étant les agents dociles d’une domination à travers l’emploi d’un lexique dépréciatif et violent. Dans la renégociation du pacte post-colonial, on oublie une masse de silencieuse, au profit d’agitateurs divers, en survolant la diversité des profils de la migration, dont les statuts, les trajectoires, les histoires, les désirs, ne peuvent être captifs d’un discours d’activistes. Sibeth Ndiaye subira les attaques politiques comme Marlène Schiappa et beaucoup d’autres avant elles. On l’accablera parce que c’est le jeu. Idem pour Obono, à la différence près que le débat qui se pose avec elle va au-delà de la politique, il a fait son entrée dans l’université et l’érection progressive de murs qui restreignent l’échange. C’est plus globalement, le débat postcolonial et décolonial, dans sa vaste étendue, dont elle est sinon l’avatar politique, l’agent d’entretien.
Afrique, la variable d’ajustement ?
Et l’Afrique ? Elle sera à travers les deux figures, aux abonnés absents. On partagera par pays interposés la gloire de Sibeth et sa gloire seule, et on partagera dans le grand rejet de France, le combat d’Obono, assimilé au panafricanisme et à l’ivresse de la révolution permanente. Les deux femmes diront leur fierté d’être africaine comme toujours. Voilà bien ce qu’on en garde du continent, quelques restes, que l’on remet à l’occasion comme on met un pagne décoratif, pour remuer les origines et soigner la fuite d’un départ contraint, activement ou passivement. Mais le destin du continent est affaire trop sérieuse pour être sous-traitée dans le jeu d’une diaspora potentiellement aliénatrice. Au rejet raciste il faut ajouter, sans que cela ne soit à dose égale, la question d’une double assignation, secrétée par les victimes (attitrées) elles-mêmes. Ce qui naturellement ne doit pas affaiblir la lutte contre les discriminations et aussi, les impostures. Ce qui ne doit dissuader de juger, d’évaluer, en liberté, sans la morsure de l’accusation raciste, le vrai contenu du discours politique des deux idoles, sujettes comme d’autres aux boulettes, aux déficiences, que l’on peut percer à jour. L’identité ne doit être l’essence politique, mais l’acte et le propos. Le glissement des lignes est l’ouverture du confusionnisme qui anesthésie le débat dont il ne reste que les excommunications et les anathèmes. Dans les épisodes politiques récents, Danièle Obono et Sibeth Ndiaye ont servi une matière politique médiocre, parfaitement critiquable, parfois bien désolante, dans le standard, du reste, d’une politique nationale dans un avachissement général.
Elles sont par conséquent difficilement des martyrs postcoloniaux, seulement « attaquées » parce que femmes et noires. Céder à cette facilité de lecture c’est nourrir les rentiers de l’antiracisme moderne, à la recherche, de victimes comme on soudoie des vaches d’or. Elles sont même des privilégiées au sens plein du mot, et même le symbole d’une montée possible vers les lieux du pouvoir. L’aspect final de la double assignation tient dans le fait que les lectures en Afrique de la vie politique française sont biaisées par des regards déviés par des affects liés à l’histoire. Les succès artistiques, politiques, économiques, d’enfants originaires d’Afrique, sont vus comme « légitimement » africains. La frontière nationale disparaît. Une gloire que l’on rapatrie ensuite, dont on oublie presque le caractère de facto exclusivement français, au profit d’une ethnie qui devient le primat. Dans un mouvement identique de réduction à l’origine, l’extrême droite renvoie les immigrés à cette identité que certains d’entre eux revendiquent. De cette cacophonie naît le malaise car l’absence de récit, nouveau et fédérateur, inclusif et non partisan, crée des brèches dans une république bien fragile, car la chose publique est émiettée en factions multiples.
Fausses jumelles & vraies cousines de caste
Sibeth Ndiaye et Danièle Obono sont presque comme deux jumelles post-coloniales, qui disent la diversité d’abord au sein des minorités, des histoires familiales, des éclairages sur un pays, un continent. Deux jumelles aux ADN troublés, au capitaux différents voire contraires, mais il reste comme le goût acide d’une condition commune : celle de devoir trainer comme une remorque, des passifs anciens, des histoires bien trop grandes pour elles et dans lesquelles, elles sont des variables d’ajustements des postures classiques sur l’immigration : l’illusion angéliste et l’illusion de la fermeture. Si l’intersection reste un outil d’analyse recevable qui outrepasse du reste le seul cadre du féminisme, elle gagnerait à être employée aussi à l’intérieur des communautés pour s’apercevoir comment les clivages sont intérieures et que tout front de race ou de genre, est une négation des diversités primaires.
Des coulisses du pourvoir avec leurs fastes que Sibeth Ndiaye arpentera plus encore, maintenant promue porte-parole du gouvernement, aux salles de conférences des universités en passant par l’assemblée nationale où Danièle Obono a ses habitudes, c’est le récit des deux côtés du pouvoir, en lui seul, élégant pour faire mentir l’idée d’une convergence « ethnique » presque naturelle. En traversant la méditerranée, Obono a perdu sa bourgeoisie tout comme presque Sibeth Ndiaye. Privilégiées de naissance et déclassées ailleurs, privilégiées ici qui ne mesurent pas leur chance par rapport aux vraies assignées, noms du renoncement des pères en Afrique, et exportatrices, en conséquence ou en résignation, de l’énergie du combat en France. Fausses jumelles et vraies cousines de caste de la Post-colonie.
L’enjeu aujourd’hui, c’est éviter une seconde ruée vers l’Afrique après la conférence de Berlin pour le partage du continent - Tous ceux qui investissent chez nous le font d’abord pour leurs propres intérêts
Pourtant, pour certains économistes, il y avait de quoi désespérer de cette région où sévissait de façon chronique la pauvreté, la famine, l’analphabétisme, les guerres, les coups d’Etat… Comme par compassion, l’Occident avait arrosé le continent de milliards de dollars sous prétexte d’aide au développement. En plus de 40 ans de perfusion financière, certains pays réussissaient à peine à sortir du coma économique grâce au remède de cheval des programmes d’ajustement structurel. On avait beau essayer toutes les solutions, la cause semblait perdue d’avance.
Les afro-pessimistes oubliaient, dans leurs sombres théories, que les Africains n’étaient pas les seuls responsables de leur triste sort, après des siècles d’esclavage, de colonisation, de pillages de leurs ressources. Mais, à l’heure du bilan, les Africains étaient les seuls coupables de ce que le journaliste américain Stephen Smith assimile à « un suicide assisté », dans son livre « Négrologie : pourquoi l’Afrique meurt ». Bref, tout cela, c’est une vieille histoire à ranger dans les annales de ce continent à la résilience hors du commun, après tant de vicissitudes. Il ne sert à rien de pleurer sur son sort, il faut agir. Petit à petit, des bouleversements se sont opérés, la démocratie a pris racine progressivement, fermant la triste parenthèse des coups d’Etat récurrents, une classe moyenne très courtisée est apparue, des capitaines d’industrie ont fait comprendre aux Africains qu’il est possible de faire bouger les choses dans le bon sens.
En effet, l’Afrique bouge, même si certains l’ont senti un peu tard. « Une nouvelle Afrique a émergé des cendres du passé et prend de l’ampleur. Beaucoup semblent avoir pris un peu connaissance de cette révolution silencieuse qui déferle sur l’Afrique. Il y a un optimisme croissant partout », déclarait le magnat nigérian et Africain le plus riche, Aliko Dangote. Lorsque la clameur des armes s’est tue, le monde s’est, petit à petit, réveillé avec une image positive qui se dessine au fur et à mesure. Comme si on avait oublié que 60 % des terres arables se trouvent dans le continent de la « famine », sans compter ses immenses réserves de cuivre, de cobalt, de manganèse, de pétrole, etc. Jadis délaissé ou exploité par les puissances occidentales, le continent attire, depuis 2000, de plus en plus, aujourd’hui, les puissances émergentes, renouant avec la croissance. Chine, Inde, Brésil, Turquie, ont occupé le vide laissé par les Occidentaux en développant de nouvelles relations avec l’Afrique.
Les investissements directs étrangers, même s’ils sont toujours insuffisants, bondissent de façon vertigineuse, passant d’à peine 8,3 milliards de dollars en 1998 pour tout un continent (1,3 % du montant global) à 42 milliards de dollars en 2017. Il fait maintenant bon d’investir sous cette partie des tropiques, riche de sa classe moyenne de plus de 300 millions de personnes, de sa jeunesse. La Cncuced y incite d’ailleurs, estimant qu’ « il y a des affaires à faire en Afrique, avec des taux de retour sur investissement supérieurs même à ce qu’ils peuvent être dans d’autres parties du monde ». L’enjeu aujourd’hui, c’est éviter une seconde « ruée vers l’Afrique » après la conférence de Berlin de 1884 pour le partage de l’Afrique. Tous ceux qui investissent chez nous le font d’abord pour leurs propres intérêts, la philanthropie ayant peu de place dans le monde du business. Il est temps que le secteur privé africain adopte un nouvel état d’esprit en jouant sa partition dans ce dynamisme économique, sous peine de voir les grandes entreprises occidentales lui ôter le pain de la bouche. Ceci afin que l’Afrique profite enfin à l’Afrique.
HALTE AU PÉRIL ETHNICISTE AU MALI !
Nous invitons la CEDEAO et l’UA à faire de la question malienne une priorité et demandons aux Etats de développer des initiatives majeures d’échanges culturels et de partage entre les différentes composantes de nos nations - DÉCLARATION DE LA LD-DEBOUT
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de la LD-Debout, datée du 2 avril 2019, relative à la situation sociopolitique au Mali.
"Le Secrétariat Exécutif National (SEN) de la LD Debout, réuni en session ordinaire le 1er avril 2019, s’est profondément ému de la tuerie de 160 habitants du village d’Ogossagou au Mali.
La LD Debout condamne fermement ce crime odieux contre notre humanité, qui vient s’ajouter à une longue liste de tueries intercommunautaires dans ce pays frère, et exprime sa solidarité à tout le peuple malien.
Le SEN soutient les mesures fortes prises par le Président malien Ibrahim Boubacar Keïta, et invite les autorités maliennes, ainsi que l’ensemble des forces vives du peuple frère malien, à lutter férocement contre le développement des sentiments et dérives ethnicistes et communautaires qui conduisent toujours à la destruction des fondements d’une nation.
La LD-Debout appelle l’ONU à renforcer la Mission des Nations-Unies au Mali (Minusma) pour mieux soutenir les efforts du Gouvernement malien de restauration de l'État de droit sur tout le territoire national, et demande à l’ensemble de la communauté internationale à soutenir l’amélioration de la situation économique et sociale du pays.
Enfin, la LD-Debout invite la CEDEAO et l’Union africaine à faire de la question malienne une priorité, et au-delà, demande aux Etats africains et à tous les organismes sous-régionaux et régionaux de développer des initiatiatives majeures d’échanges culturels et de partage entre les différentes composantes de nos nations et entre nos peuples, en mettant un accent particulier sur la jeunesse, pour que le péril ethniciste soit enfin éradiqué de l’Afrique."