SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
3 mai 2025
Diaspora
PAR TIERNO MONEMBO
LA DÉSUNION, L'AUTRE PÉRIL AFRICAIN
Intégration, union, fédéralisme, panafricanisme, les mots ne manquent pas pour marquer la volonté des Africains de se rassembler - La réalité du terrain illustre que le chemin à parcourir est encore long
L'union fait-elle la force ? En Afrique, on commence sérieusement à en douter. Car ce mot magique, si bien chanté par nos poètes et par nos musiciens, se trouve réduit aujourd'hui à un simple fonds de commerce où viennent puiser les démagogues et les politiciens en mal de carrière. Et pourtant, si le panafricanisme a passionné des hommes aussi différents (par leur origine et par leurs idées) que Léopold Sédar Senghor, Kwame Nkrumah, Gamal Abdel Nasser, Sékou Touré, Houphouët-Boigny, Mohamed V, Julius Nyerere, Ben Bella, Haïlé Sélassié et les autres, c'est parce que l'idée a du sens et que le projet n'est pas forcément utopique. Au début des années 1960, ce beau rêve reposait d'ailleurs sur un réel sentiment de communauté de destin : le même passé de colonisés, la même condition de sous-développés, la même ambition de reconquérir sa dignité, le même rêve de bien-être économique et social. Nous avions alors une claire conscience de notre situation : indépendants, oui, mais nus parmi les loups ! Devant nous, l'esprit revanchard des anciennes puissances coloniales, à gauche et à droite, les ambitions démesurées des États-Unis, l'Union soviétique, les nouveaux maîtres du monde. L'unité s'imposait d'elle-même non comme un projet choisi, mais comme une nécessité vitale. « L'Afrique s'unira ou elle périra », disait d'ailleurs Kwame Nkrumah.
C'est dans une saine émulation en tout cas – malgré le débat houleux entre les tenants du fédéralisme et ceux de « l'Afrique des États » – que l'Organisation de l'unité africaine (OUA) voit le jour le 25 mai 1963. Aussi décevants qu'en soient les résultats, personne ne doit oublier que, ce jour-là, les Africains ont créé la première organisation continentale de l'histoire. Hélas, ce qui fut une prouesse à l'époque n'est plus qu'une coquille vide aujourd'hui. Les beaux discours n'ont pas réussi à masquer la cruelle réalité : en 2019, la Tanzanie est le seul pays réunifié du continent. Partout ailleurs, c'est la zizanie, quand ce n'est pas la menace chronique de la discorde et de la dislocation. Les organisations régionales qui auraient dû servir de pierre d'achoppement à l'édifice sont pour la plupart à l'abandon, même si la Cedeao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) peut se vanter de son passeport et la Communauté de l'Afrique de l'Est, de son bon début de coopération économique. La Communauté économique des États d'Afrique Centrale n'a institué la libre circulation des biens et des personnes que le 7 mai 2015. Quant à l'Union du Maghreb arabe (UMA), minée par la rivalité gémellaire qui oppose le Maroc et l'Algérie, elle ne trouve même plus nécessaire de convoquer ses instances dirigeantes.
Plus désespérant encore, nous peinons à maintenir les territoires hérités de la colonisation. Les guerres civiles et les velléités de sécession risquent à tout moment d'emporter des pays comme le Congo et la Libye, le Sud-Soudan et le Mali. Au Sahel, le déséquilibre climatique a accentué le traditionnel conflit pasteurs-agriculteurs. L'impuissance de nos États, les manigances des grandes puissances et l'irruption du djihadisme ont élevé ce drame à un niveau sans précédent.
Ce climat délétère n'épargne même pas des zones comme le Sahel, le Maghreb ou la Somalie, où l'histoire avait presque achevé son formidable brassage ethnique et racial. Ce dernier pays, peuplé à 100 % de Somalis, parlant la même langue et pratiquant la même religion musulmane, a éclaté en cinq morceaux. Pour quelques arpents de sable, l'Algérie et le Maroc, tous les deux sunnites et arabo-berbères, ne se disent même plus bonjour.
Au secours, docteur NKrumah, pour avoir refusé de s'unir, l'Afrique commence à périr !
LES DANGEREUSES DÉPENDANCES AFRICAINES DU GROUPE ÉTAT ISLAMIQUE
Daech a beau avoir été tenu en échec sur son territoire de Syrie, il peut encore compter dans le monde sur plusieurs groupes affiliés, qu'il qualifie de "provinces", pour perpétuer son idéologie - En Afrique, au moins sept pays sont concernés
Dans son dernier rapport sur le sujet, publié en février 2019, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dresse la liste des emprises territoriales du groupe Etat islamique où l'organisation djihadiste la plus redoutée au monde est encore active, et où elle risque de le rester dans un avenir proche.
"Bien que l'EI se soit transformé en un réseau clandestin, y compris en Syrie et en Irak, il reste une menace en tant qu'organisation globale dotée d'une direction centralisée", estime le Secrétaire général onusien.
L'Afrique abrite plusieurs de ces "provinces" de Daech.
En Libye
Selon M. Guterres, "ses combattants sont actifs sur la côte méditerranéenne, entre Ajdabiya et Tripoli (voir lacarte), ainsi que dans le grand Sud". Ces derniers montent régulièrement des raids contre des postes de police afin de se procurer des armes. Ou contre les symboles d'une Libye stable, comme les ministères.
En Egypte
Ansar Bayt al-Maqdis, groupe insurrectionnel né en 2012, qui a prêté allégeance au "calife" auto-proclamé Abou Bakr al-Baghdadi en novembre 2014, y est toujours actif. Ce groupe désormais affililé à l'EI est basé dans le désert du Sinaï. Le nombre de ses combattants, loin de diminuer ces dernières années face aux constantes opérations montées contre lui par l'armée égyptienne, se stabilise et nargue le pouvoir égyptien. Un défi que le très autoritaire président al-Sissi ne semble pas près de relever, quatre ans après avoir assuré le monde du contraire.
L'ONU évoque ainsi "l'expansion des groupes extrémistes, qui exacerbe les violences intercommunautaires, la multiplication des explosions touchant les forces de sécurité et les civils et l'accroissement du nombre de personnes déplacées".
Autour du lac Tchad
Là où se rejoignent les frontières du Tchad, du Niger et du Nigeria,le groupe Etat islamique en l'Afrique de l'Ouest (ISWAP, selon son acronyme en anglais), une faction dissidente du groupe terroriste Boko Haram, regroupe, selon l'ONU, 1500 à 3500 djihadistes. Ils sont sous la direction d'Abou Musab al-Barnawi, nommé directement par Daech en opposition à Abubakr Shekau, chef de Boko Haram depuis 2009.
En Somalie
La mouvance djihadiste est dominée par le groupe des shebab, membres d'al-Qaïda. Cependant, malgré leur rivalité, un groupe affilié à l'EI "coexiste avec eux" depuis la mi-2018, estime l'ONU. Ce groupe s'est spécialisé dans les assassinats de fonctionnaires et d'hommes d'affaires.
Tandis que dans l'Etat semi-autonome voisin du Puntland, d'autres combattants de l'EI agissent dans les zones de Qandala et de Bossasso (voir la carte), où ils ont établi des camps d'entraînement et de stockage d'armes, venant essentiellement du Yémen tout proche.
L'AMPLEUR DE LA CORRUPTION SOUS JAMMEH
Dans une série d’histoires, OCCRP expose pour la première fois comment l'ancien président et ses collaborateurs ont pillé près d’un milliard de dollars de ressources en bois et de fonds publics gambiens
Le règne de Yahya Jammeh en Gambie continue de susciter accusations et révélations. Un récent rapport accuse notamment l’ancien dirigeant d’avoir dérobé jusqu‘à un milliard de dollars des caisses de l’Etat gambien.
Le nouveau président gambien, Adama Barrow, s‘était peut-être fourvoyé lorsqu’il annonçait, à son accession au pouvoir début 2017, que son prédécesseur avait retiré environ 90 millions de dollars des caisses de l’Etat. Un rapport publié mercredi par le groupe d’enquête Crime and Corruption Reporting Project devrait lui dresser les cheveux sur la tête.
Pendant deux décennies, souligne le rapport, l’ancien chef d’Etat Yahya Jammeh a pillé l’argent, les richesses du pays, y compris de la banque centrale, de l’aide sociale et de la société de télécommunication d’Etat. Le tout, pour un montant frôlant le milliard de dollars, selon les relevés bancaires, les contrats, la correspondance gouvernementale et les rapports internes consultés par la task force.
La corruption, orchestrée “comme un syndicat du crime organisé” impliquait des fonctionnaires d’Etat et un groupe d’hommes d’affaires dirigé par un ancien financier du Hezbollah libanais, ajoute le rapport. Les méthodes de choix de l’ancien président consistaient à détourner les comptes de la banque centrale, à créer de nouveaux comptes sur lesquels lui-même ou ses partisans étaient les seuls signataires ou à utiliser des comptes “dormants”.
Un pays ruiné
Amadou Colley, gouverneur de la Banque centrale de Gambie de 2010 à 2017, a déclaré lors d’un témoignage devant une commission d’enquête que M. Jammeh et ses partisans exerçaient un “contrôle important sur l’institution” et retiraient souvent des fonds sans documents appropriés. Il a du reste révélé le retrait de quelque 70 millions de dollars sans documents explicites.
Le président Jammeh aurait par ailleurs détourné une bonne partie de l’aide accordée par Taïwan après que la Gambie a reconnu l’archipel en 1995. “La véritable ampleur des vols de Jammeh à la Banque centrale pourrait ne jamais être entièrement connue”, a déclaré le groupe d’enquête Project Crime and Corruption Reporting Project.
Pour l’heure, toutefois, les secousses sont importantes au sein de la Banque centrale du pays. L’institution doit actuellement 130 % de son PIB aux prêteurs, selon le Fonds monétaire international (FMI). Dans le même temps, la Gambie reste très pauvre avec une dette de 489 millions de dollars fin 2017, selon la Banque mondiale.
Yahya Jammeh, aurait utilisé l’argent détourné pour financer son train de vie fastueux et devrait maintenir le rythme dans son exil forcé en Guinée équatoriale qu’il a rejoint après sa défaite à la présidentielle de décembre 2016.
L’IMAM BOUBACAR DIANKO ENCOURT LA PERPÉTUITÉ
Association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte a la sûreté de l’état
La perpétuité ! c’est la peine requise par l’avocat général contre l’imam Boubacar Dianko poursuivi pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, atteinte à la sureté de l’état et acte terroriste. Réfutant toutes ces accusations, il se réclame comme ami de l’émir du Mouvement Unitaire des djihadistes de l’Afrique de l’ouest (Mujao), mais ignore que ce dernier est un djihadiste.
Dans le cadre du suivi de la menace terroriste, la Division de Surveillance Du Territoire (Dst) a constaté des contacts permanents entre un numéro téléphonique sénégalais et l’émir du Mujao à Gao, Ahmath Ould Al Khary et un agent recruteur dudit mouvement, Mouhamad Ould Bela. Les investigations effectuées ont permis d’identifier l’utilisateur de la ligne téléphonique incriminée en la personne de Boubacar Dianko. Ce dernier avait quitté, dans la nuit du 3 au 4 janvier 2013, le Sénégal pour se rendre à l’étranger après avoir reçu une somme de 200.000 Fcfa envoyée depuis le Mali par l’émir. L’enquête permettait son interpellation le 8 janvier 2013 dans une localité située dans la région de Kédougou par les agents du service régional de renseignements généraux de Tambacounda en compagnie de son neveu et élève Serigne Ahmadou Bamba Dianko. Au moment de son arrestation, le mis en cause détenait un port Usb et une carte Cd contenant une vidéo d’un combattant armé d’un fusil de guerre. La vidéo comprenait aussi une séance d’entrainement des jeunes combattants mineurs. Cette vidéo de propagande et d’enrôlement a été prise à partir de son téléphone portable.
Interrogé, il a reconnu s’être rendu au Burkina Faso pour formuler des prières pour un client. Son neveu révélait aux enquêteurs avoir traversé les villes de Bamako, Bobo Dioulasso avant de rejoindre Gao dans la nuit du 10 au 11 janvier 2013. Confronté à la déposition de son neveu, Boubacar Dianko passe aux aveux. Il reconnait avoir séjourné à Gao aux côtés de l’émir Amath Ould qui serait son ancien maitre coranique. Ce dernier lui proposait, indique-til, d’adhérer à leur mouvement pour faire le djihad. Mais hier, il est revenu sur ces déclarations. A l’en croire, la vidéo retrouvée dans son téléphone portable avait été filmée par Ahmath Al Khary au village de Darou Salam. Toutefois, il jure sur tous les saints qu’il ne connait pas l’agent recruteur du Mujao en l’occurrence Sidi Mouhamed Ould avec qui il avait échangé les 8 et 13 octobre 2012.
Répondant des chefs d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, d’atteinte à la sureté de l’État et d’actes terroristes, l’imam Dianko a nié les faits qui lui sont reprochés. Proche de la soixantaine, taille élancée, tout de blanc vêtu, une barbiche noire, l’imam Boubacar Dianko laisse une forte impression. Il ne semble pas affecté par son séjour carcéral. En témoigne sa bonne mine. Maitre coranique de profession, il dit avoir connu Mohamed El Khaliloulah dit Ahmath Al Khary en Mauritanie en 2003 où il était allé apprendre le Coran. Devant le juge Massamba Sène, Dianko soutient cependant que Ahmath n’a jamais été son maître coranique. Son ami a quitté la Mauritanie et ils se sont revus par hasard en 2006, à la mosquée de Pikine. Suite à l’inondation de sa maison, il a déménagé pour aller vivre à Thiaroye où il a eu à héberger Ahmath Al Khary. «Un jour, mon frère m’a interpelé sur le fait qu’il y a un djihadiste qui s’est réfugié à Dakar. J’en ai parlé à mon ami qui, le lendemain, a quitté la maison en m’informant de son intention de se rendre à Ziguinchor», renseigne Dianko. Il soutient que son ami Ahmath l’a rappelé pour lui demander de venir lui rendre visite en compagnie d’un de ses talibés. Pour le transport, il lui a envoyé 200.000 francs avant de lui donner rendez vous au Burkina Faso.
L’accusé précise avoir menti à sa famille sur sa destination. Lorsqu’il est arrivé au Burkina en compagnie de son neveu, les hommes de Ahmath Al Khary ont détourné sa route en l’amenant à Gao. «Je n’ai pas visité les zones de formation d’entrainement des djihads», martèle-t-il. Interpelé sur le film qui était dans son portable, Dianko indique qu’il n’a pas filmé la scène. Pis, il n’a jamais montré à son neveu une quelconque vidéo.
L’ACCUSÉ : « JE SUIS L’AMI DE L’EMIR DE AHMATH AL KHARY MAIS JE NE SAVAIS PAS QU’IL EST UN DJIHADISTE»
Suite aux remontrances du parquet, il a fini par reconnaître les faits. «J’ai dit à mon ami que je voulais rentrer chez moi, car l’armée française les avait bombardés. Au moment de rentrer au Sénégal en compagnie de mon neveu, Ahmath m’a remis 100.000 pour le transport», raconte l’accusé qui ne savait que son ami était un djihadiste. Cependant, le juge lui a rappelé que dans l’ordonnance de renvoi, il avait soutenu que l’Emir de Mujao l’avait invité au Mali en promettant de le mettre en contact avec des Arabes qui l’aideraient dans le financement de son école coranique (Daara). Entendu à titre de témoin, le neveu indique que Boubacar Dianko l’avait informé qu’il se rendait en Mauritanie sans s’attarder sur les motifs du voyage. A leur arrivée au Burkina Faso, son oncle a passé un coup de fil avant d’être accueilli et conduit auprès d’Ahmath qui se trouvait au Mali. «A Gao, j’ai vu des armes, des militaires. Il y avait des jeunes et des enfants. Mon oncle m’a montré une vidéo, mais il ne m’a jamais parlé de Djihad. Notre voyage nous a créé des troubles mentaux à notre arrivée», raconte le témoin.
Le juge Massamba Sène a fait savoir à l’accusé qu’un djihadiste et un trafiquant de drogue sont pareils. «Ils ne font pas confiance à n’importe quelle personne. Ils sont sous forme de réseau», soutient-il. «Je ne connais pas Sidy Mouhamed Bella. Mais Oumar Fah Badji est un ami qui habite en Gambie et je n’ai jamais su qu’il est mêlé à des affaires de djihad. J’ai même oublié de supprimer la vidéo à cause des évènements», s’est-il défendu. Dans sa réquisition, le parquet a soutenu que l’accusé était l’invité d’honneur Ahmad Al Khairy. «Ces derniers ont décidé en premier lieu de faire leurs actes de terrorisme en Mauritanie, mais en vain. C’est une chose très peu probable qu’ils se rencontrent dans la même mosquée qu’il fréquente. Dianko était en contact permanent avec l’Emir de Mujao. Si son ami était une personne normale, pourquoi avoir passé sur un long chemin pour partir au Mali. Le fait hasardeux ne saurait prospérer. Il a filmé les entraînements des enfants à Gao avant de le montrer à un mineur qui est son neveu. Mieux, l’accusé est affilié au mouvement Mujao et son répertoire le prouve. Lui et ses complices sont venus au Sénégal pour perturber la quiétude publique», martèle l’avocat général qui a requis la perpétuité. La Défense a plaidé l’acquittement. Délibéré au 10 avril prochain.
"IL Y A UNE FORME DE TOLÉRANCE SOCIALE POUR LE RACISME"
Avec « Ne reste pas à ta place », la réalisatrice, journaliste, chroniqueuse et activiste témoigne de son parcours atypique - Elle s'est confiée au Point Afrique
Comment arriver là où personne ne vous attendait ? C'est autour de ce thème que Rokhaya Diallo a construit son livre témoignage mais aussi autobiographique* où le ton est donné par une citation de René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s'habitueront. »
Le Point : Pourquoi ce livre ?
Rokhaya Diallo : C'est un livre que j'ai voulu faire parce que 2019 marque la 10e année de ma présence régulière dans les médias et de mon parcours de journaliste. J'ai trouvé que c'était un moment d'étape important pour raconter ces dix ans qui ne se sont pas du tout déroulés comme j'aurais pu imaginer et qui m'ont conduite à un métier auquel je ne me destinais pas initialement, et à une place à laquelle je ne m'attendais pas.
Il y a aussi que, quand je participe à des événements publics, je reçois beaucoup de questions de personnes qui me demandent tout simplement comment je fais pour affronter la haine que je reçois régulièrement, les oppositions dont mes discours font l'objet. Face à cela, je voulais très simplement partager quelques recettes personnelles.
Comment imaginiez-vous ce métier quand vous avez commencé ?
J'ai commencé ce métier sans avoir le sentiment de le commencer. J'ai été repérée sur un plateau de télévision comme chroniqueuse et pas comme journaliste. C'était temporaire. J'ai travaillé au départ à RTL et à Canal+, pour lesquelles j'avais signé pour une saison. Je ne pensais pas aller au-delà, car j'avais un autre métier. J'étais dans le dessin animé et dans la production. Pour moi, cette année-là était un peu une parenthèse pour surtout écrire un livre alors que mon ancien job ne me donnait pas forcément le temps. De fait, j'ai commencé le journalisme sans vraiment avoir de projection, car je ne m'imaginais pas un instant me professionnaliser dans cette voie. En somme, le journalisme m'est un peu tombé dessus.
Vous dites que vous avez suivi un parcours loin de ce que la sociologie prévoyait pour vous ? Pourquoi ? Parce que vous avez su saisir les opportunités ou par sens du défi ?
Je ne dirais pas qu'il y avait une volonté de ma part de défier la sociologie. En fait, j'ai grandi en n'ayant pas conscience de la sociologie. Quand j'étais petite, je regardais les séries où les femmes étaient médecins, avocates, professeures, etc. Je me suis identifiée à elles et au travail qu'elles exerçaient sans forcément me dire que je ne pouvais pas le faire parce que j'étais issue d'un milieu populaire, et parce mes parents étaient immigrés. Et cela, d'autant que mes parents m'ont encouragée en me disant que je pouvais tout faire. Cela a beaucoup compté pour la personne que je suis devenue et qui a finalement défié la sociologie. J'ai eu des opportunités qui se sont présentées à moi. J'en ai accepté certaines, j'en ai refusé d'autres. Et surtout, j'ai toujours cru dans ce que les gens voyaient en moi.
Souvent, les femmes ont des opportunités, mais, dans le doute, elles se disent qu'elles ne sont pas capables. On est en fait souvent conditionné à ne pas connaître forcément l'amplitude de nos capacités. Ma chance à moi, c'est que j'ai confiance. Vous me proposez quelque chose, je me dis que je peux le faire, et c'est ce qui m'a amenée à faire des choses complètement inattendues.
Que représente la France pour vous ?
La France est mon pays. C'est l'endroit où je me sens chez moi. Le français est ma langue, même si beaucoup de pays parlent le français sans être la France. Mon chez-moi en France se réduit particulièrement à Paris, qui est la ville où je suis née, la ville où j'ai grandi et où j'ai passé la majeure partie de ma vie. J'ai vécu en banlieue aussi et ai une conception de Paris assez étendue.
Cela dit, pour moi, la France, c'est la familiarité, c'est à la fois ce Paris qu'on peut traverser facilement, une ville dans laquelle on peut apprécier la gastronomie dans notre vie quotidienne, une ville avec cette capacité de révolte que je porte aussi en moi.
Ayant des origines étrangères, avez-vous un autre pays ?
Juridiquement, je n'ai pas d'autres pays, mais quand même. Je n'ai pas la nationalité sénégalaise contrairement à mes parents. Cela fait que je suis très attachée au Sénégal, même si c'est un pays dans lequel je n'ai jamais vécu si ce n'est pendant les périodes des vacances. Donc, oui, j'ai plusieurs pays.
Que représente l'Afrique pour vous ?
L'Afrique, c'est le continent dont sont originaires mes parents. C'est un foyer important de l'histoire de l'humanité, c'est un continent décrié dont je me sens vraiment partie prenante et très proche. C'est un continent que j'ai envie d'explorer. Pour l'instant, je connais surtout l'Afrique francophone, subsaharienne et du Nord. J'ai commencé à découvrir l'Afrique anglophone il y a peu et cela me donne vraiment envie de continuer. Cela dit, l'Afrique, je l'entends aussi comme le foyer des diasporas afrodescendantes, ce qui nous en rappelle aussi le destin assez cruel qui a été le sien. Cela me lie à beaucoup de personnes originaires du continent de manière plus ou moins lointaine et avec lesquelles je partage l'expérience d'être noire dans le monde.
Quel rapport avez-vous avec d'autres pays qui, comme la France, ont des minorités visibles ? Les États-Unis et la Grande-Bretagne, par exemple.
Les États-Unis sont un pays qui m'intéresse beaucoup et où j'ai eu l'occasion de me rendre plusieurs fois pour des raisons professionnelles, pour réaliser mes documentaires, dont trois sur quatre y ont été réalisés. C'est un pays qui a un passé esclavagiste et impérialiste, comme la France, mais qui, en même temps, est complètement différent parce qu'il a affronté sa question raciale de front, droit dans les yeux. Du coup, les combats des minorités américaines sont très visibles, contrairement à ceux des minorités françaises. Je trouve que, dans les théories qui ont été développées, il y a des choses intéressantes. De plus, des Français ont même inspiré les Américains, notamment des intellectuels américains antiracistes et féministes. Ainsi de Frantz Fanon et de Simone de Beauvoir.
J'entretiens aussi des rapports assez réguliers avec les États-Unis sur le plan professionnel. J'écris par exemple pour le Washington Postdepuis l'année dernière. Cela dit, ce n'est pas un pays dans lequel j'aimerais vivre, même si j'aime bien y aller pour la bouffée d'air aussi bien intellectuelle qu'artistique que j'y trouve. Je suis très bien en France et mes séjours aux États-Unis me renforcent chaque fois dans la conviction qu'il faut que j'agisse en France.
Comment imaginez-vous un cadre législatif, politique, économique qui sanctionne toutes les discriminations, raciales, de genre, de mœurs et de religion, et renforce la devise de votre pays, la République française, à savoir « Liberté, égalité, fraternité » ?
Je pense qu'il faudrait vraiment mettre en œuvre le dispositif législatif qui existe. Les condamnations pour discrimination sont très rares aujourd'hui en France par rapport au nombre de plaintes et au regard du nombre de citoyens d'origine étrangère qui se sentent ou qui sont exposés au racisme au cours de leur vie. d'où le gros décalage qu'il y a entre leur ressenti et la manière dont sont perçues les sanctions que je trouve pas assez dissuasives parce que très, très faibles.
C'est un problème de textes ou d'application des textes ?
Je pense qu'il y a un problème dans l'application des textes, dans la reconnaissance des dommages et, en dehors du cadre légal, dans les sanctions sociales. On a ainsi des personnalités publiques qui tiennent régulièrement des propos racistes sanctionnés par la justice mais dont la reconnaissance du propos raciste n'a aucun effet social. Normalement, ce devrait être honteux et, a priori, les gens ne devraient pas avoir envie de s'associer à des personnes reconnues comme étant auteures de propos racistes. Et pourtant, beaucoup d'entre eux continuent à être reconnus et ne font pas l'objet d'une opposition majeure. Pour moi, cela signifie qu'il y a une forme de tolérance sociale pour le racisme qui est trop importante. La loi, c'est important, mais la capacité de réaction de la société signifiant aux personnes racistes que leurs propos ne sont pas acceptables me paraît très, très faible en France et dans beaucoup de pays européens.
Que peut-on faire pour le cadre politique ?
La volonté politique est nécessaire. Aujourd'hui, il y a une secrétaire d'État en charge du droit des femmes et de la lutte contre les discriminations. Elle n'est malheureusement pas souvent sollicitée sur les questions de discrimination. Je trouve que les politiques ne s'expriment pas assez suffisamment sur ces questions.
D'ailleurs, après le rapport du Défenseur des droits début septembre sur la discrimination, notamment à l'embauche, on n'a pas vu une déclaration, une décision politique qui indique qu'il faudrait mettre en œuvre ou promouvoir l'embauche des personnes qui sont exposées au racisme. Donc la question demeure difficile. En même temps, le fait qu'il y ait une législation européenne oblige des pays comme la France à se positionner. Par exemple, la création de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité), qui est devenue le Défenseur des droits, a été rendue obligatoire par l'Union européenne à travers une de ses directives. On voit là qu'il est important d'avoir des instances supranationales comme les Nations unies et la Cour européenne des droits de l'homme, par exemple, qui peuvent interpeller la France quand elle ne répond pas à ses obligations ou n'est pas en adhésion avec ses propres principes.
On vous prête les propos selon lesquels il y aurait un racisme d'État en France . Que répondez-vous à cela ?
Pour commencer, ces propos ne sont pas de moi. D'autres en ont parlé avant moi : des philosophes reconnus et très en vue. Il y a aussi un syndicat d'enseignants qui avait parlé de racisme d'État. Ce que moi-même j'avais défendu. Quand on parle de racisme d'État, cela signifie que l'État produit du racisme. Et il en produit parce que ses structures le permettent. On ne peut pas vivre dans une république dont les fondements sont liés à une période coloniale sans imaginer que cette république continue de perpétuer cet héritage. C'est évident.
Cela dit, j'ai des cas très concrets de racisme d'État. Je pense que les chiffres du contrôle au faciès du fait de la police en sont une illustration. Quand on est un jeune originaire du Maghreb, d'Afrique ou des dom-tom, on a vingt fois plus de risques de se faire contrôler que le reste de la population. Le gouvernement ne fait rien contre cela, alors que c'est une institution de la République qui est impliquée. Donc c'est au moins du racisme par manque d'action.
D'autres exemples comme la manière assez spectaculairement inégalitaire dont les outre-mer sont traités donnent à réfléchir. Quand on pense aux essais nucléaires en Polynésie, aux conséquences aussi bien tectoniques qu'en termes de cancer sur les habitants, on voit bien qu'il y a un problème. Je pense aux problèmes écologiques et d'ordre environnemental dans les outre-mer qui sont vraiment liés à l'utilisation de produits qu'on n'utilise pas dans l'Hexagone. Je pense au chlordécone, qui fait que la Martinique et la Guadeloupe, de toutes petites îles, sont les territoires où les taux de cancer de la prostate sont les plus élevés au monde. Ce n'est pas le cas du reste de la France. De quoi s'interroger encore. Sinon, Françoise Vergès parle très bien du cas de La Réunion avec la stérilisation des femmes dans les années 70, les placements de force d'enfants dans des familles hexagonales. Tout cela, pour moi, est l'expression d'un racisme propagé par l'État français.
Finalement, en décolonisant l'Afrique dans les années 60, la France aurait donc dû se décoloniser l'esprit en même temps ?
La France a maintenu des liens très forts avec ses anciennes colonies. Elle leur a imposé une monnaie qui a été renommée à partir de son nom de l'époque coloniale (CFA pour Colonies françaises d'Afrique et devenues CFA pour Communauté financière d'Afrique). Beaucoup de ces pays devenus indépendants ont vu à leur tête des présidents placés par la France. Il y a aussi la présence de l'armée française sur des territoires souverains. Cela interroge sur la nature des liens. Je pense donc que la France n'a pas fait le deuil de la colonisation et qu'aujourd'hui il y a un continuum colonial non seulement sur le continent africain, mais aussi sur les territoires ultramarins et sur le territoire hexagonal, où on peut aussi parfois parler de gestion coloniale des territoires urbains comme les banlieues. L'usage de la force publique n'y est pas le même que celui qu'on peut voir ailleurs.
Pour vous, il aurait fallu une action publique très forte pour décoloniser les esprits ?
Déjà, il aurait fallu un travail d'éducation. Il y a un vrai travail de transmission à faire sur l'histoire de la décolonisation. Il s'agit de faire comprendre ce qui s'est joué à l'époque en termes de prise de pouvoir, en termes de lavage de cerveaux aussi des jeunes élites, du nombre de morts, etc. En France, on aime souvent parler du rôle positif de la colonisation. On parle d'une abolition de l'esclavage qui aurait eu lieu en 1848, mais on ne pense pas aux travaux forcés qui ont eu lieu sur les territoires coloniaux où des gens ont construit des chemins de fer, des routes parfois au prix de leur vie… C'était au XXe siècle et ce n'est pas si vieux que ça. Il y a aujourd'hui des personnes qui sont en vie, qui l'ont vécu et qui ont pu témoigner de cela. Tout cet héritage-là n'est pas présent dans la fiction, dans la littérature, et n'est pas suffisamment présent dans les livres d'histoire et dans les discours politiques. Je pense qu'on ne peut pas dire à des jeunes issus de cette histoire-là d'avancer dignement s'ils n'ont pas un ancrage, une reconnaissance de la souffrance passée, tout simplement.
Revenons à votre expérience personnelle. Comment comptez-vous faire adhérer des jeunes à votre démarche de « ne pas rester à sa place » ?
Je dois d'abord dire que ce livre que je publie et intitulé à dessein Ne reste pas à ta place n'est pas un livre de gourou (rires). Je ne vais pas commencer à lancer une secte. En fait, j'ai grandi avec une télévision vraiment monochrome et les seuls visages qui me ressemblaient venaient des fictions américaines. Et, quand ce n'étaient pas des fictions américaines, c'étaient des publicités ou des fictions où les Noirs étaient tournés en ridicule. Dorothée, par exemple, qui était une star des années 90, cuisinait dans un chaudron géant. Sur un autre registre, il y avait aussi un biscuit baptisé Bamboula. Tout ça pour dire que ce n'étaient pas des images très valorisantes. Du coup, ce que j'ai envie de dire aux jeunes qui m'aperçoivent sur un écran de télévision, c'est simplement que c'est possible même si c'est difficile. Et que, s'ils n'y arrivent pas, ce n'est pas de leur faute car on est dans un environnement qui rend les choses difficiles.
Je n'ai pas envie de chanter le mythe de la méritocratie parce que j'ai réussi à m'extirper d'une situation qui n'était pas forcément évidente au départ. Car en fait, j'ai fait de bonnes rencontres, et en tant que jeune, je n'ai pas eu peur d'avoir foi en moi tout simplement. J'ai vraiment envie de transmettre aux jeunes générations les outils qui m'ont permis de m'élever socialement, tout en leur disant qu'il faut tenir bon dans la mesure du possible, tirer les enseignements de chaque échec et tirer aussi des ressources de leur environnement culturel, parce que c'est important.
Y a-t-il donc lieu d'aider les jeunes issus de l'immigration à mieux connaître la culture de leurs parents, de leurs grands-parents ?
Je pense que c'est un choix qui est personnel. En ce qui me concerne, cela a été structurant. La culture de mes parents, sénégalais et musulmans, m'a donné un cadre de référence que j'ai mélangé avec ma culture française. C'est un cadre auquel je me réfère toujours maintenant. Par exemple, sur la question des femmes, du corps des femmes, j'ai tiré beaucoup d'inspiration de la culture sénégalaise. En France, les femmes qui vieillissent sont souvent déconsidérées, alors qu'au Sénégal le fait d'être une femme d'un certain âge engendre du respect et confère un statut social. En France, par exemple, on traitera quelqu'un de « sale vieux », alors qu'au Sénégal cela n'a aucun sens pour des raisons liées au respect accordé aux aînés. Cela m'a permis d'aborder la question de l'âge avec un autre prisme. Donc, même si sa culture d'origine est considérée comme mineure, ce qu'elle n'est pas en réalité, il y a des choses à prendre et à apprendre pour tenir bon. Il en est ainsi en ce qui concerne les canons de beauté de cette femme éternellement jeune et mince. J'ai ainsi passé ma vie avec une mère qui s'est toujours trouvée trop mince. Du coup, je ne suis pas vraiment sensible aux canons de mannequins toutes maigrichonnes qu'on nous présente comme étant les plus belles femmes du monde.
Donc, finalement, si vous deviez vous définir aujourd'hui, que diriez-vous ?
(Rires.) Je dirais que je suis Rokhaya Diallo, une Parisienne aux ascendances multiples, fière de tout ce qu'elle porte.
Rokhaya Diallo, « Ne reste pas à ta place », Marabout 2019 – Sortie le 27 mars
ALERTE ROUGE POUR TOUTE L'AFRIQUE !
Notre solidarité de Panafricanistes est acquise au Peuple héroïque du Mali, objet de multiples attaques - L’Afrique doit aider l’Afrique, l’Afrique doit protéger l’Afrique - DÉCLARATION DU MPCL – LUY JOT JOTNA
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du parti MPCL – LUY JOT JOTNA, datée du 27 mars 2019, relative au massacre perpétré sur les Peuls au Mali, dimanche dernier.
« À quelques jours de la commémoration de la tragédie qui avait frappé le continent au Rwanda en avril 1994, l’horreur a encore rattrapé l’Afrique avec l’extermination sans pitié de femmes, nourrissons, enfants, personnes âgés et autres membres de la communauté peule du Mali le samedi 23 mars 2019.
Ce carnage qui a fait plus de 160 morts (bilan provisoire) a ôté la vie à des civils sans défense dans le pire style des génocidaires qui sévissent assez régulièrement dans notre continent meurtri pas tant de violence, de cruauté et d’actes de barbarie d’un autre âge.
Ces escadrons de la mort à la gâchette et à la machette faciles n’ont que trop semé la mort, la désolation et le désespoir parmi nos populations innocentes et sans défense. Le Burkina Faso et le Mali en souffrent atrocement de nos jours.
Si les membres de l’ethnie peule, présents dans une vingtaine de pays d’Afrique, ou de toute autre ethnie doivent vivre dans la peur permanente et dans la crainte d’attaques meurtrières régulières, l’Afrique aurait définitivement rompu avec ses valeurs humanistes de coexistence fraternelle des ethnies et des peuples.
Notre parti, le MPCL-Luy Jot Jotna, dit sa profonde consternation et sa grande tristesse devant le massacre récent des Peuls du Mali et de tout massacre d’Africains. Il s’indigne encore plus quand ces carnages sont perpétrés par des Africains contre des Africains dans leur patrie commune : l’Afrique. Notre solidarité de Panafricanistes est acquise au Peuple héroïque du Mali, objet de multiples attaques (Jihadistes, trafiquants et criminels transfrontaliers, génocidaires et séparatistes violents).
La nation malienne, prise à partie par beaucoup d’adversaires à la fois, a besoin de la solidarité en actes de tous les états membres de la CEDEAO, renforcés par le Tchad, le Cameroun, le Maroc et l’Algérie en particulier. L’Union africaine ne devrait pas être en reste et devrait amplifier la solidarité de toute l’Afrique au Mali et au Burkina Faso !
L’Afrique doit aider l’Afrique, l’Afrique doit protéger l’Afrique. Tous les pays de notre sous-région (voire du continent) doivent se mobiliser et chercher ensemble des solutions à l’escalade de la violence destructrice dans le Sahel et dans les pays voisins.
Une preuve symbolique de notre solidarité active est l’observation d’une journée de deuil national (sous la forme d’un hommage solennel à toutes les victimes des massacres à connotation ethnique) au Mali et dans tous les états membres de la CEDEAO et du G-5 Sahel afin d’envoyer un signal fort de solidarité avec les communautés peules du continent et un signal de fermeté et de détermination dans la riposte à tous les génocidaires du continent.
L’Afrique faisant face à des périls sécuritaires qui menacent son essence et ses fondements, il nous faut comprendre l’alerte rouge déjà allumée, prendre le taureau par les cornes et assumer pleinement notre destin panafricain et notre devoir de protéger et de défendre tous nos compatriotes africains : éleveurs et /ou cultivateurs, nomades ou sédentaires, ruraux ou urbains !
Vivement l’avènement d’une Afrique unie et debout, capable de prendre elle même en charge sa sécurité et le bien être de ses populations ! »
ALIOUNE TINE ALERTE LA SOUS-RÉGION SUR LA SITUATION DU MALI
L’Expert indépendent sur la situation des droits de l’homme au Mali appelle la CEDEAO à organiser un sommet sur la situation - COMMUNIQUÉ DES NATIONS UNIES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du bureau des Nations Unies, daté du 26 mars 2019, sur la situation de crise qui prévaut au Mali.
« L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, M. Alioune Tine, a exprimé sa profonde tristesse face aux massacres du samedi 23 mars 2019 qui ont fait au moins 134 morts dans la région du Mopti au Mali. Ces massacres interviennent dans le contexte des violences sur fond des tensions communautaires. L’Expert tient à adresser ses condoléances aux familles des victimes.
L’Expert indépendent souligne la dimension sous-regionale de ce phenomène et voudrait alerter sur l'urgence de s'y attaquer fermement pour prévenir les risques de commission des crimes contre l'humanité. Dans cette dynamique M. Tine appelle l'Union Africaine et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à organiser un sommet sur la situation au Mali.
M. Tine est particulièrement préoccupé par la création de groupes armés dits « d’autodéfense » communautaires dans la région de Mopti. L’installation progressif des groupes armés et des groupes violents extrémistes dans ces localités depuis 2015, la déstructuration des systèmes traditionnels de résolution de conflits, et le retrait de l’État malien ont entrainé la dégradation de la situation sécuritaire, et des droits de l’homme, dans la région.
Les amalgames et stigmatisations entre les deux communautés consitituent un phenomene inquiétant. Ainsi, les membres de la communauté peule sont abusivement assimilés aux groupes extrémistes violents, ou tout du moins complices, alors que ceux de la communauté dogon sont assimilés aux dozos (chasseurs traditionnels) à la solde de l’État. Ces confréries de chasseurs traditionnels (dozos) se sont graduellement tournées vers des activités d’autodéfense communautaire. et ont conduit de plus en plus d’attaques ciblées contre la communauté peule dans la Region de Mopti au centre du Mali.
Il s’agit de la protection de la vie et de l'intégrité physique des civils. L’Expert en appelle à toutes les forces de securité sur le terrain, les Forces Armée Maliennes et la MINUSMA de renforcer leurs actions en matière de protection des populations civiles.
Finalement l’Expert demande aux autorités maliennes de diligenter des enquêtes approfondies, promptes et impartiales sur les cas de violations et abus des droits de l’homme qui auraient été commis et de traduire en justice les auteurs présumés. L’Expert note que depuis janvier 2019, au moins 18 cas de violations des droits de l'homme imputables à des groupes d'autodéfense ayant entraîné la mort d'au moins 70 personnes a recensé dans l'unique zone du cercle de Bankass - cette localité dans la région de Mopti.
FIN
M. Alioune Tine (Sénégal) a pris ses fonctions d’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali le 1er mai 2018. M. Tine a été un membre fondateur et le Président de la Rencontre Africaine Pour la Défense Des Droits de l’Homme (RADDHO) et Coordinateur du Forum des ONG Africaines à la Conférence Mondiale contre le Racisme en 2000. Il a publié beaucoup d’articles et d’études sur la littérature et les Droits de l’Homme.
Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole ; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.
Droits de l’homme de l’ONU – Page d’accueil du Mali
Pour des informations additionnelles et des demandes des médias, prière de contacter M. Brian Ruane (+41 22 928 9724 / bruane@ohchr.org ).
Pour les demandes médias liées à d’autres experts indépendants de l’ONU: M. Jeremy Laurence – – Unité Média (+ 41 22 917 9383 / jlaurence@ohchr.org)
Suivez l'actualité des experts indépendants des droits de l'homme de l'ONU sur Twitter @UN_SPExperts
Vous êtes préoccupé(e) par le monde dans lequel nous vivons? Alors DÉFENDEZ les droits de quelqu’un aujourd’hui. #Standup4humanrights et visitez la page web à l’adresse https://www.standup4humanrights.org/fr/index.html »
PAR BARKA BA
IL FAUT SAUVER LES SOLDATS IBK ET RMCK
Il y a urgence aujourd’hui pour la communauté internationale de se pencher plus sérieusement sur la crise proteiforme du Sahel et d’éviter la faillite programmée du Mali et du Burkina
La République sœur du Mali vit aujourd’hui l’un des épisodes les plus sombres de son passé si glorieux. Le pays qui a inventé la charte de Kurukan Fuga, ce concentré de tolérance, véritable traité de savoir-vivre qui a uni les peuples dans leur diversité, bien avant la Magna Carta, est aujourd’hui plus que jamais menacé dans son existence. Il y’aura un avant et un après Ogassagou, du nom de ce village où d’innocentes victimes ont été immolées, de la manière la plus atroce.
Il faudra à IBK, plus que de la faconde ou la maîtrise de l’imparfait du subjonctif, pour montrer qu’il est à la hauteur de la tâche qui nous semble prioritaire: prouver qu’il incarne encore l’unité nationale du Mali et assurer qu’un tel drame ne se reproduira plus jamais. Pour le moment, on en est loin tant son leadership, depuis son accession au pouvoir, semble erratique. Ancien Premier ministre, il avait surfé sur une réputation, largement surfaite, d’homme à poigne capable de redresser le pays après les pantalonnades du capitaine Sanogo. Au vu du résultat, force est de reconnaître qu’on est loin du compte.
Au Burkina voisin, le président Roch Mark Christian Kaboré, autre ancien Premier ministre confronté à la même menace jihadiste, qui avait cristallisé beaucoup d’espoir à la chute de Compaoré, semble lui aussi totalement dépassé. Après maints revers de leurs armées, IBK et RCMK ont plusieurs fois remanié la chaîne de commandement, jusqu’ici sans résultat probant, car ayant oublié l’essentiel: se remanier eux-mêmes en prenant enfin conscience de l’ampleur de la catastrophe.
Il y a urgence aujourd’hui pour la communauté internationale de se pencher plus sérieusement sur la crise proteiforme du Sahel et d’éviter la faillite programmée du Mali et du Burkina. Le cercle de feu se rapproche dangereusement et il est temps d’éteindre l’incendie.
SOLIDARITÉ AVEC TOUTES LES FEMMES DU MALI
Nous sommes disponibles pour vous accompagner dans toutes les initiatives que vous prendrez pour mettre fin à cette lame de fond que nous voyons s’élever pour défaire des liens séculaires de vie commune entre Maliens - COMMUNIQUÉ DU RF-EFH
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Réseau Francophone pour l’Egalité Femme Homme (RF-EFH), daté du 25 mars 2019, relatif au massacre perpétré contre les Peuls au Mali, dimache dernier.
"Le Réseau Francophone pour l’Egalité Femme Homme (RF-EFH) s’indigne et condamne vigoureusement cette atrocité commise sur des civiles. Le Réseau Francophone pour l’Egalité Femme – Homme RF-EFH (RF – EFH) est debout à vos côtés et est disponible pour vous accompagner dans toutes les initiatives que vous prendrez pour mettre fin à cette lame de fond que nous voyons tous s’élever pour défaire avec tant de violences des liens séculaires de vie commune entre Maliens.
Les femmes maliennes sont perspicaces et raisonnables : pourquoi ne prendriez-vous pas une initiative de la réconciliation et de tolérance entre Ethnies concernées ????"
DES SÉNÉGALAIS SE FONT TRISTEMENT REMARQUER DANS LA DIASPORA
Les trois premiers mois de 2019 ont été particulièrement macabres pour les Sénégalais de l’extérieur. Italie, Angleterre, Congo, Argentine, il ne se passe pas une semaine sans qu’un de nos compatriotes ne soit tué dans des circonstances nébuleuses
Les trois premiers mois de 2019 ont été particulièrement macabres pour les Sénégalais de l’extérieur. Italie, Angleterre, Congo, Argentine, il ne se passe pas une semaine sans qu’un de nos compatriotes ne soit tué dans des circonstances nébuleuses. La dernière remonte à moins de 24 heures, en Italie. Avant ce fait macabre, il y a eu le meurtre de l’étudiante Lala Camara, sauvagement tuée par son compatriote ; celui de Khassimou Dia, de deux Sdf... La liste est longue. Si l’on prend en compte la triste affaire d’Ousseynou Sy qui a voulu tuer une cinquantaine de gamins qu’il transportait dans un bus, en Italie, force est de constater que les Sénégalais se font tristement remarquer dans la diaspora.
Hier, 25 Février 2019 des policiers ont retrouvé, pendu à un arbre, un Sénégalais de 23 ans à Capriglia Irpina, en Italie, à l’intérieur d’une ferme. Le corps sans vie du jeune émigré, pensionnaire d’un centre d’accueil local, a été découvert par un passant qui a immédiatement alerté les carabiniers de la gare de Montefredane. Après les constats d’usage, la dépouille dont l’identité n’est pas encore précisée a été transférée à l’hôpital «Moscati” d’Avellino. Une enquête est ouverte par la justice.
18 Mars 2019
Un boutiquier Sénégalais du nom de Mamadou Khassimou Dia a été tué au Congo. Originaire de Guédiawaye, le défunt officiait à Igné, une commune d’arrondissement de Brazzaville, la capitale congolaise. C’est au PK 45, à la sortie nord de Brazzaville, après la commune de Kintélé, que le meurtre a eu lieu. Il a reçu des coups de machette. C’est au cours de son évacuation qu’il a rendu l’âme. Peu de temps après la découverte macabre, le présumé coupable a été interpellé et placé en garde-à-vue.
11 Mars 2019
A la fleur de l’âge à 26 ans, Lala Camara, étudiante, la tête remplie de projets a quitté sa famille établie à Brescia pour débuter une carrière d’infirmière. Elle a été assassinée par balle dans son appartement en Angleterre plus précisément à Manchester, dans la province Lonato Del Garda. Dès le début de l’enquête, deux Sénégalais sont placés en garde-à-vue. Moustapha Dia est présenté comme le présumé meurtrier. Il a catégoriquement nié les faits. Des sources parlent de tentative de viol qui a mal tourné. Ses proches pensent que le suspect voulait voler son ordinateur portable et que la Sénégalaise s’y est opposée.
13 Février 2019
Oumar Thioubala, émigré sénégalais sans domicile fixe, a été tué en Argentine. Originaire de Dakar, précisément des Parcelles Assainies, il a été poignardé à mort par des Argentins qui étaient ses compagnons d’infortune dans la rue. Deux femmes et un homme ont été suspectés.
17 Janvier 2019
Un ressortissant sénégalais vivant en Italie a été retrouvé mort dans des champs, dans la région de Lombardie, en Italie. La victime, un sans papier âgé d’une cinquantaine d’années aurait été assommé avec un objet contondant avant de recevoir une balle au niveau du ventre. La dépouille mortelle avait été déposée à la morgue de l’hôpital de Busto Arsizio, en Lombardie, pour les besoins d’autopsie. Une enquête a été ouverte.
18 Février 2019
Moussa Ba, sans abri , perd la vie dans un incendie survenu à Ferdinando, en Italie. Les circonstances de sa mort semblaient nébuleuses.
HORIZON SANS FRONTIERES
«LE CAPITAL DE SYMPATHIE POUR LES SENEGALAIS D’ITALIE S’EST EFFONDRE SUITE A L’AFFAIRE OUSEYNOU SY»
Le capital de sympathie pour les sénégalais d’Italie s’est effondré suite à l’affaire Ousseynou Sy, cet immigré d’origine sénégalaise, qui a mis le feu dans un bus scolaire qui transportait une cinquantaine d’enfants, estime Horizon sans Frontières. Le Président de cette ONG, Boubacar Séye n’y va pas par quatre chemins pour dire que l’image du Sénégal en Italie est définitivement entachée avec des risques très élevés de vengeances, de représailles sur la communauté sénégalaise voire même africaine. D’ailleurs, note-t-il, depuis le triste évènement, deux Sénégalais sont dans conditions non encore élucidées.
Il y a 5 jours, Nouma Sylla, un Sénégalais âgé de 32 ans a été retrouvé mort calciné à San Ferdinando tandis qu’un autre âgé de 23 ans est retrouvé pendu dans une ferme à Avellino. De l’avis de Boubacar Sèye, « l’ambassadeur aurait dû faire une sortie pour compatir à la douleur ressentie par toute l’Italie , présenter des excuses publiques au nom du Sénégal et rassurer les italiens sur le cas isolé de cet incident qui , bien que très grave , gênant pour le pays d’origine de l’ auteur et réprouvé par l’ensemble du peuple sénégalais ». Pour le HSF, le Président Macky Sall, nouvellement réélu, doit saisir cette opportunité pour éteindre cette explosion de colère contre les Sénégalais d’Italie et se réconcilier avec la diaspora.