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3 mai 2025
Diaspora
"LE FRANÇAIS N'A D'AVENIR EN AFRIQUE QUE S'IL RECONNAÎT LES LANGUES LOCALES"
Le philosophe Souleymane Bachir Diagne prévient que l'évolution de la francophonie ne dépends pas du facteur démographique, mais reposera sur le plurilinguisme et la bonne santé de l'éducation en Afrique
Jeune Afrique |
Fatoumata Diallo |
Publication 20/03/2019
S’approprier la langue française et l’inscrire pleinement dans le pluralisme linguistique. Et en particulier dans le contexte de l’Afrique francophone. C’est le credo de Souleymane Bachir Diagne pour en finir avec une vision archaïque d’une francophonie crispée, campée sur « une défense du français contre l’hégémonie de l’anglais ». Pour le philosophe sénégalais, professeur de français à l’université de Columbia (New York), c’est la langue française qui doit s’adapter à la société africaine, et non l’inverse.
En clair, les Africains francophones peuvent, et doivent, modifier la langue, l’adapter à leurs langues nationales, leurs pratiques, leurs vécus. Et, surtout, ne pas attendre pour ce faire d’obtenir l’aval de l’Académie française.
L’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF) prévoit que, d’ici à 2050, 70% des francophones seront des Africains. Un chiffre largement mis en avant ce 20 mars, Journée internationale de la francophonie. Mais Souleymane Bachir Diagne balaie cet argument démographique. Pour lui, la pérennité du français en Afrique n’est possible que si les locuteurs participent à l’évolution de la langue.
Vous défendez la nécessité de la reconnaissance des langues locales et nationales dans l’espace francophone africain. Comment concevez-vous la cohabitation entre le français et celles-ci ?
Souleymane Bachir Diagne : Pendant de nombreuses années, la francophonie a été perçue comme une défense frileuse de la langue française contre l’hégémonie de l’anglais. Aujourd’hui, le maître mot pour la définir est le pluralisme linguistique. Ce pluralisme se caractérise par la reconnaissance de l’existence de plusieurs langues dans l’espace francophone. Ces langues locales méritent d’être considérées et renforcées.
Le français, l’anglais et le portugais sont des langues d’Afrique, à côté des langues africaines. Ainsi, la cohabitation des langues est naturelle en Afrique. Sur le continent, il est rare de trouver un africain qui ne parle pas plusieurs langues. Donc, le français n’a d’avenir en Afrique francophone que si il reconnaît les langues locales, et fonctionne avec elles.
Que pensez-vous du mode d’apprentissage du français en Afrique, au regard de celui des langues locales ?
L’école doit être un espace plurilingue qui doit faire l’objet d’une vraie politique linguistique. Il faut renforcer le français, car sa maîtrise a faibli dans les écoles africaines.
Dans le même temps, il est crucial d’introduire les langues africaines dans l’enseignement. Celles-ci doivent devenir des langues de savoirs et de créations dans lesquelles les écrivains écrivent. Je plaide que l’on puisse écrire la philosophie et d’autres disciplines en langues africaines. Boubacar Boris Diop – auteur de l’ouvrage Les tambours de la mémoire – en est l’exemple. La francophonie aura de l’avenir si, et seulement si, l’école et la société sont des espaces plurilingues.
Êtes-vous favorable à une transgression de la langue française académique ?
Oui, car le français est une langue vivante. Elle est par nature appelée à subir des transformations et des formes d’hybridations. Par exemple, en Côte d’ivoire, s’est développé « un français ivoirien » qui a sa saveur et son sel. Beaucoup d’artistes et écrivains ivoiriens jouent de ces transformations pour s’exprimer.
Néanmoins, cela va au-delà d’introduire de simple mots dans la langue française. Au Sénégal, pour nommer une station à essence, on disait « essencerie ». Ce mot n’existant pas dans la langue française, Léopold Sédar Senghor l’a fait adopter par l’Académie française quand il y siégeait !
En somme, le pluralisme à l’intérieur de la langue française est une richesse de la francophonie : la manière de parler le français au Québec et en Belgique est différente de celle qui est pratiquée dans l’Hexagone. Et cela permet d’enrichir la langue.
Quel est le rôle des écrivains dans l’évolution de la langue française ?
La littérature dite francophone a imposé sa qualité dans le spectre littéraire français mais, aussi, un certain style. Les Africains ont inventé dans la littérature francophone leur propre manière de jouer avec la langue, en s’installant entre deux langues. À travers leurs écrits, ils parlent leurs langues maternelles à l’intérieur du français.
L’écrivain Ahmadou Kourouma – auteur du Soleil des indépendances– est sans doute le meilleur exemple. Il a réussi dans ses écrits à faire sentir la présence de la langue Malinké – langue Mandingue – dans le français. Le style de Soni Labou Tansi œuvre aussi dans ce sens. Il y a une sorte de jubilation avec la langue française, qui est permise par le fait que les francophones se situent le plus souvent entre deux langues.
Un étude de l’ODSEF estime qu’à l’horizon 2050, plus de 70% des francophones seront des Africains. L’Afrique comptera alors plus de 90% des francophones de 15-29 ans. Quel regard portez-vous sur ces chiffres ?
Au-delà des chiffres, il est important de se focaliser sur deux conditions. Dans un premier temps, l’enracinement de la langue française sur le continent tient à la qualité de l’enseignement. La santé du français en Afrique francophone dépendra fortement de la santé de l’école.
Puis, il est essentiel que le français reste une langue de la science et de la recherche. Il y a un énorme potentiel sur le continent mais à conditions que ces deux aspects soient remplis. Il faut que l’OIF en prenne conscience et veuille un espace qui compte dans le monde de demain sur le plan de l’éducation et de la recherche.
Le cadre domestique est-il le premier espace de transmission de la langue française ?
Le premier principe est qu’il faut que le français soit présent ailleurs qu’à l’école. Si son usage s’arrête à l’enceinte de l’école, la francophonie en souffrira. Au Sénégal, dans une pratique éducative, on peut parler à l’enfant en français, car on sait que la société parle le Wolof. Il finira donc par le parler.
Par ailleurs, il est vrai qu’il faut s’adapter à la situation concrète de la société : si le français est plus répandu dans l’espace public, dans le cadre domestique il faut favoriser les langues locales et vice-versa.
Le français demeure-t-il la langue « de l’élite » en Afrique, selon vous ?
Malheureusement, cela est encore vrai . L’usage du français hors des élites tient à la démocratisation de l’éducation et de la culture en générale. Il faut que le français fasse partie de la culture populaire. Par ailleurs, cet effort de démocratisation doit venir de tous. En tant que philosophe, j’ai ma responsabilité d’écrire en Wolof pour que cette langue soit présente dans la philosophie contemporaine.
Enfin, l’État et les institutions ont la responsabilité de mettre en place des politiques qui favorisent le pluralisme linguistique au sein de la francophonie. De la même manière, l’OIF a un rôle à jouer pour rendre le français attractif et populaire.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
QUINTETTE, CINQ NUANCES DE TALENTS
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre tous les motifs de fiertés nationales, les sénégalais peuvent se réjouir de voir une scène musicale dont les cinq ambassadeurs majeurs portent chacun ou presque, un talent singulier - INVENTAIRE DES IDOLES
Les sénégalais sont bien chanceux. Entre tous les motifs de fiertés nationales – et ils sont nombreux - ils peuvent se réjouir de voir une scène musicale dont les cinq ambassadeurs majeurs (le choix est subjectif), portent chacun ou presque, un talent singulier. Talent sinon égal, à tout le moins, d’un grand souffle, portant des nuances différentes comme le symbole du vœu d’harmonie culturelle intérieure du pays. Leur longévité du reste, au-delà des fortunes inégales, pose Youssou Ndour, Baaba Maal, Omar Pène, Ismaël Lo, Thione Seck, en quintette miraculeux. Une telle cohabitation, dans une même classe d’âge, sans que les registres ne se confondent, n’était pas gagnée. S’il demeure, admise ou tue, une forme de compétition, voire de rivalité réelle, il est à penser que cette communauté d’artistes tient cette paix des géants du fait qu’ils ont chacun enrichi un genre, qu’ils se sont peu aliénés les uns les autres. Ils ont épanoui un registre propre, créé un horizon, un style et par conséquent, segmentent l’audience au gré des humeurs et des envies. Ces 5 mâles, dos argentés de la jungle musicale, qui ont tous pris leur envol à la fin des années 70, avec leurs groupes, leurs lieutenants, sont les commandants et les héros d’une armée sans guerre, parce que les armes étaient si plurielles, si inoffensives, que seul un orchestre pouvait en naître, comme une symphonie providentielle…
Selon que l’on danse dans les vieux et éculés Furël[i] des années 90, les boîtes de nuits, les cérémonies multiples ; que l’on écoute sa musique dans l’intimité de sa chambre, dans les endroits feutrés, que l’on soit d’une humeur mélancolique ou qu’on ait le diable au corps, que l’on ait des envies de Fouta ou de Walo, de respiration continentale et de désirs d’Orient, que l’on veuille le mbalax des origines ou celui influencé par l’époque moderne ; que l’on veuille entendre le cris des sans-grades, où les grands élans élégiaques ou griotiques, le quintette est là, comme la parfaite réponse d’un d’âge d’or que l’on a le privilège de vivre, et qui, rêvons, pourrait être éternel.
Nuancier
Baaba Maal
Ange gardien du temple pulaar, il évoque l’histoire dans ses chansons. Que l’on soit familier du pulaar ou non, il remue une fibre profonde, presque mystérieuse. L’écho est comme un picotement. Un appel à l’abandon total dans les bras du chant et de la déclamation. Il presse au recueillement et à une forme de gratitude. Pas surprenant alors qu’il accompagne tant de bandes originales cinématographiques, de Sembène à Marvel, tant le cri, filtré par un propos que l’on devine enraciné, est une perpétuelle ode, intérieure et extérieure, sans hostilité, sans fermeture. On devine, rien qu’aux accents et à l’intonation, la célébration des parents, l’amour à la mère, une mystique de l’unité et de la communion qui peut parfois enrober un message politique. C’est la libération d’un talent oral, traversant les âges, qui agrège et sublime toute la tradition du chant solennel ; qu’il accompagne la lutte, les moments fédérateurs des communautés, des étapes symboliques d’une vie… ! Ce chant porte la respiration et le souffle poétique qui emprunte presque au registre religieux. Il épouse la gravité des grands orgues comme celle du Coran, dont il est comme une légère variation. Il se récite, s’écoute, voix consacrée du récit national par les innombrables confluents dont le Fouta s’est fait le cœur. Réduire cependant l’idole nationale à ce statut de gardien du trésor des bergeries, c’est oublier que ce talent s’est enrichi des apports d’un groupe, d’une idée, d’instruments, de périples dans le monde et d’un zeste de baraka. Dans le paysage musical sénégalais, Baaba MAAL a cette voix rare et bénie du prophète qui réussit à l’être triplement, pour les siens du premier cercle, pour le pays et pour le monde. C’est une glorieuse trinité qui récolte la semence fertile, issue de l’authentique don, et la constante ouverture à l’enrichissement moderne. On n’a pas besoin de se diluer pour séduire, pas plus de demeurer inaltéré pour conquérir….
Ismaël Lo
Les amateurs du cinéma de Sembène se rappellent sans doute son jeu d’acteur dans le Camp de Thiaroye. Ils pourraient même percevoir les signes d’un engagement d’artiste qui parsèmera toute une carrière. D’Ismaël Lo, ce qui frappe sans doute c’est la voix, comme rassurante, comme enveloppée d’un voile de douceur. C’est une voix qui ne crie pas mais expulse des notes si pénétrantes qu’on en reste transporté comme dans des paysages virginaux. Si ce timbre a fait voyager une voix jusqu’à en faire une identité de l’unité, c’est qu’il garde une forme de candeur, de nonchalance, qui font sa marque de fabrique. Comme pour Baaba Maal, à l’intérieur des sondages nationaux, il y a de fortes chances, en dehors des mélomanes, qu’il ne soit pas cité comme ténor du quintette, mais à l’international, sur la scène panafricaine et mondiale, ce style, cette bonhommie, cette disponibilité du camarade de tous, ont bâti une vraie envergure. La philarmonie de Paris l’a récemment invité dans un ballet saisissant où les reprises ont magnifié cette part d’universel tapi en chaque être et que la musique sait réveiller. Des chansons pour l’Afrique jusqu’aux grandes leçons de la vie, en passant par cette école de l’humilité presque déconcertante, Ismaël Lo incarne un rôle atypique dans le film du quintette : celui d’un troubadour, d’un saltimbanque à l’ancienne, d’un ménestrel, d’un conteur, qui arpente la vie avec ses notes, assez ancré pour ne pas sombrer mais tout aussi léger pour pouvoir voler, de notes en notes, de continent en continent, la tête pleine de rêves fédérateurs.
Youssou Ndour
Le gosse de la Médina a traversé bien des déserts avant de s’abreuver dans son oasis, à laquelle il convie tout un pays. Le Mbalax avec lui commence par être une affaire de rudiments, avant de devenir la grande cérémonie. Ça commence presque allégoriquement avec Dem dem pour finir en Birima. De la débrouille comme marque de fabrique des origines, au grand prince en son royaume pour finalité. Et entre les deux, du labeur. La voix de Youssou Ndour couvre tous les registres, elle sait se déchirer, être suave, s’attiédir et respirer. C’est le long souffle que le texte varié rend si accessible mais aussi si puissant. Sans même le postuler comme vertu, Youssou Ndour garde cet art de la louange. Sa chanson, les accents chaleureux et lyriques, dans un mélange déroutant, comme la quintessence d’un mbalax où les instruments traditionnels et modernes, se côtoient comme dans une parenté divine. Youssou est comme la tête de pont de la locomotive, la gloire officielle, le soleil tranchant, l’ambassadeur idéal. Si ce costume finit par écorner le talent originel, en le noyant dans le satisfecit général, il reste quand même l’habit princier que l’on doit à cet enfant qui ajoute à la palette du quintette des éléments d’ensemble, comme un consensus, que la diversité de son groupe, ont contribué à forger. Le wolof est devenu la langue nationale, comme Youssou Ndour est le porte-drapeau de cette scène musicale. Peu importe intrinsèquement qu’il soit le meilleur ou non, il est légitime. Il est le fils de sa mère, le fils prodige du pays. Passons la politique, restons dans son domaine de prédilection et l’œuvre est là, belle et généreuse, chaude et humide, comme humectée et légèrement cendrée par ce flambeau national qu’on lui donne de bon cœur. Le mbalax du rythme fusionne avec celui du texte. Et à partir du foyer de naissance, s’impulse la dynamique de conquête.
Thione Seck
Comme s’il manquait des tonalités orientales au quintette, Thione Seck et sa voix éraillée, ses saccades, nous propose une incursion en Arabie. Tous les chanteurs, les artistes, de manière générale, rêvent d’avoir une patte, une empreinte, à nulle autre pareille. Peu importe finalement ce que la postérité accorde, ils s’accrocheront à ce brin d’unicité qui les rendra toujours à part. Thione Seck est de ceux-là. Sa chanson réveille chez les danseurs des mouvements amples et cérémonieux. Des mouvements latéraux et lents, pleins de grâce. A côté des paroles philosophes aux métaphores multiples, c’est aussi un chant louangeur des vertus sociales que porte l’ethnie wolof. On y sent, pour une fois, comme une velléité de paix dans la caste. A ce grand ensemble très original, qui fait d’ailleurs que les amateurs de Thione Seck se trouvent hauts dans la hiérarchie des mélomanes, s’ajoute des influences orientales qui accentuent cet effet de père-la-morale enjoliveur et bonimenteur, tares bien excusables, tant elles participent de son éclat sur scène et en dehors. Il agrège comme Youssou Ndour des éléments du rudiment, mais on sent - et ça pimente son œuvre - comme un goût de la revanche, une volonté de réécrire la destinée qui a plafonné sa gloire. Il gagne cependant au change car si on regarde son œuvre, c’est une des plus complètes, avec un répertoire si riche, qu’il est comme une forme de train élégant, comme un Orient Express de la musique nationale. Dans le quintette, il incarne le soldat boudeur et bougon, mais infiniment talentueux, qui, sûr de son talent, en développe un mélange d’arrogance et de narcissisme qui épuise la populace mais fait rêver les connaisseurs. Thione est le secret gardé, trop précieux pour être partagé, mais trop lourd pour être embrassé à pleine bouche. C’est une douce tragédie.
Omar Pène
Je m’étais promis de ne plus jamais écrire sur Omar Pène. Tous les mots de mon admiration sans bornes flotteraient, bien ridicules, dans la dette de bonheur que j’ai à son endroit. J’écrirai un jour sur Omar Pène, longuement, très longuement, comme un hommage, une gratitude. Mais pour l’heure, pour compléter ce nuancier, ce passage en partie issu de mes archives.
Omar Pène est le seul du quintette qui nous fait perdre la raison, la tenue, la notabilité. Il est le fédérateur des passions incontrôlées. Il est le déclencheur de ce que Senghor appelait les sombres extases. Dans toutes les classes d’âges, toutes les professions, tous les genres, l’écouter c’est être profondément touché, dans ses entrailles. Toute sa carrière aura été un perpétuel effort. Jamais dans la naphtaline de l’argent, il a dû façonner une camaraderie avec ses compagnons, cimentée par leurs talents communs ; produire du génie avec des moyens rustiques, réinventer sa voix et son style, promener son inspiration dans le fait social, devenir la voix des soldats, des chômeurs, des étudiants, de l’oisif jeune dakarois dont il berce l’existence en en expurgeant les charges douloureuses. Le tout en étant un bonhomme simple, accessible, commun, que la modestie financière, assortie à une extrême humanité, a éloigné des artifices de la starification.
Je le vois encore, au milieu de sa carrière, la figure encore émaciée par l’effort et l’incertitude du destin, offrir un concert à la Pyramide culturelle sénégalaise, je ne sais plus quand. Salle rustre. Ambiance presque familiale. Grand moment de joie. Dans la banalité d’une soirée sénégalaise, il mêlait son art au bonheur quotidien et ordinaire du public. Il y avait un naturel époustouflant dans cette scénographie. Lui et sa voix ronde, aux pointes aigües sublimes ; lui et sa douleur de chanter, à la façon de Joe Cooker ou encore Janis Joplin ; lui et son authenticité qui évoque Ali Farka Touré ; lui et son sens du rythme qui se fondent mielleusement dans les amplitudes du mbalax ; lui et ses penchants d’ivresse ; lui et sa musique qui berce l’âme, chahute la mélancolie, ravive la transe ; lui enfin, accompagné de ses amis, qui montre l’aventure d’un ensemble, d’un groupe presque banalement surnommé le Super Diamono. Lui et sa musique à l’insouciance et à la tristesse tsiganes. Lui identité d’une musique de copains, comme seuls quelques spectacles urbains gratuits savent en offrir. Cette musique d’un envoûtement irréel, irrationnel mais tout à fait évident. Omar Pène est bien l’ange ou le maudit, je ne sais plus, mais à coup sûr, celui qui crée la dépendance, celui sous l’emprise duquel on vit en échangeant son âme pour la promesse certaine d’une expérience rare de la vie.
Et nous sommes des privilégiés de vivre cette époque. Longue vie au quintette.
les douzes mille pirogues qui pêchent au large de Nouakchott sont immobilisées depuis lundi 18 Mars en raison d'une gréve dans la filiére de la pêche artisanale.
Les pêcheurs protestent notamment contre l'application d'une decision du gouvernement interdisant l'utilisation de la main-d'oeuvre étrangère.
Tres remontés, ils interpellent les autorités.
LA GRANDE ÉMISSION RADIO "CONFLUENCES"
AUDIO
LITTÉRATURE AFRICAINE, UN GRAND CADAVRE À LA RENVERSE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Les acteurs, les oeuvres, l'aspect de la critique, la démocratisation de la lecture, les maisons d'édition - Panorama du monde littéraire sur le continent avec l’écrivain et professeur de littérature francophone Boniface Mongo-Mboussa
Faible réseau de libraires, production éditoriale insuffisante, secteur de l'édition peu professionnalisé. Le monde littéraire africain n'est pas des plus reluisants. Il est même extrêmement déplorable, à en croire le tableau dressé par les participants de Confluences. Selon l'invité de l'émission, Boniface Mongo-Mboussa, l’absence du pavillon Afrique au Salon du livre de Paris cette année est un signe du désordre ambiant en cours sur le continent en matière de politique culturelle. "Cela devrait nous servir de leçon", estime-t-il, pointant du doigt une production littéraire africaine complètement extravertie et qui ne pense plus sur elle-même. L'écrivain regrette d'ailleurs la génération des auteurs tels que Senghor, Camara Laye, Ferdinand Oyono, entre autres, qui dit-il, avaient une curiosité sur le monde. À en croire Mbougar Sarr, les écrivains se contentent de décrire le monde au lieu de l'interpréter.
Cette pauvreté dans les productions est également notée au niveau de la critique qui ne se porte guère mieux. Boniface Mongo-Mboussa y décrit notamment, un domaine caractérisé par les coteries, la complaisance et une culture de l'entre-soi. "Les conditions ne sont pas réunies pour débattre", affirme-t-il sans ambages.
Comment démocratiser la lecture ?
Sur la problématique de la lecture, l'invité de l'émission estime qu'il faudrait inclure l'école et les œuvres para-littéraires, entre autres. "Il n'y a pratiquement pas de récits de voyages, de correspondances entre écrivains et très peu d’autobiographies. Nous n'avons que des romans", déclare-t-il, ajoutant que la lecture doit être une culture de tous les instants. L'option de la cession des droits peut-être une solution pour l'aspect de la démocratisation du livre, selon Mbougar Sarr. Ce dernier fait d'ailleurs partie, selon Boniface Mongo-Mboussa, des grandes promesses susceptibles d'éclaircir l'horizon de la littérature africaine.
La traditionnelle revue de presse internationale et la rubrique Guillotine consacrée cette fois à l'auteur de l'attentat en Nouvelle zélande, ont clos cette dernière émission que vous pouvez écouter en intégralité ci-dessus.
PLUS DE 1000 MORTS AU MOZAMBIQUE
Le bilan du passage du cyclone Idai s'avère désastreux
L'heure est au bilan après le passage du cyclone Idai." Pour le moment, nous avons officiellement 84 morts, mais quand on a survolé la zone, tôt ce matin, pour comprendre ce qui se passe. Tout laisse à penser que le bilan pourrait dépasser les 1000 morts", a déclaré le président Filipe Nyusi.
UN SÉNÉGALAIS ASSASSINÉ AU CONGO
La victime originaire de Guédiawaye, a été tué dans un quartier populaire de la capitale congolaise
Un sénégalais du nom de Mamadou Khassimou Dia a été sauvagement assassiné dans un quartier populaire de la capitale congolaise. Le drame s'est produit ce dimanche. La victime est originaire de Guédiawaye. Un autre mort qui remet sur la table la question de la sécurité des sénégalais de la diaspora. Les organisations de défense des sénégalais de l'exterieur dénoncent et exigent la lumière sur cette affaire.
«AU SÉNÉGAL, LE FRANÇAIS A PERDU DE SON POUVOIR DE SÉDUCTION»
L'éditorialiste de SenePlus, Boubacar Boris Diop revient sur les enjeux culturels, économiques et politiques de l’usage des langues africaines dans l’enseignement et dans la littérature
Le Monde Afrique |
Pr Fatoumata SECK |
Publication 18/03/2019
Lire, écrire, produire dans les langues africaines. Le débat est récurrent depuis les indépendances. Comment penser et représenter le monde en écrivant dans des langues héritées de la colonisation telles que le français, l’anglais ou le portugais ? Il y a vingt ans, le professeur de philosophie et écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a décidé d’écrire en wolof, sans abandonner pour autant le français. L’auteur de Doomi Golo (2003, traduit en français sous le titre Les Petits de la guenon en 2009) et Bàmmeelu Kocc Barma (2017) tente de valoriser les langues nationales de son pays. Il dirige le label Céytu, au sein duquel sont traduits en wolof ou en sérère des auteurs classiques comme J. M. G. Le Clézio ou Aimé Césaire. Dans cet entretien réalisé par Fatoumata Seck, professeure de littérature au Collège of Staten Island (New York), pour la revue Etudes littéraires africaines, Boubacar Boris Diop revient sur les enjeux culturels, économiques et politiques de l’usage des langues africaines dans l’enseignement et dans la littérature.
Avant vous, l’écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o, auteur de Décoloniser l’esprit (1986), a exhorté les écrivains africains à lutter contre l’aliénation à l’aide de leurs langues nationales. Quelles sont les ressemblances et les différences entre vos combats ?
Boubacar Boris Diop Le combat est le même, mais nos générations et nos contextes linguistiques diffèrent. Personne ne demande à Ngugi wa Thiong’o de se battre pour le rayonnement de la langue anglaise. Nous sommes, nous francophones, des auteurs sous influence. Je ne pense pas non plus qu’il faille délégitimer la littérature africaine écrite en langues étrangères, qualifiée par Ngugi d’« afro-européenne ». Je préfère l’approche moins radicale de David Diop et de Cheikh Anta Diop, qui y voient une littérature de transition correspondant à un moment donné de notre évolution historique. Peut-être que Ngugi wa Thiong’o a un sentiment d’isolement plus grand que le mien, car au Sénégal la littérature en langues nationales, essentiellement en wolof et en pulaar, est en plein essor.
Au Sénégal, le français est-il en compétition avec le wolof ?
Le français a perdu de son pouvoir de séduction au Sénégal. Par exemple, à la télévision, des débats télévisés qui commencent en français finissent souvent en wolof. Une personne qui parle mal le français s’exprimera dans sa langue sans complexe, au lieu de se mettre à baragouiner, comme cela aurait été le cas il y a quelques années. Le système de scolarisation universelle légué par la colonisation n’a fonctionné qu’en théorie ; il a produit une élite minoritaire de plus en plus larguée, alors qu’il était supposé tirer la société vers le haut.
Que répondez-vous à ceux qui craignent que la promotion des langues nationales crée ou ravive des tensions ethniques ?
« Au Sénégal, le wolof est une langue transethnique, que tout le monde parle plus ou moins. C’est une chance. » Si on s’y prend mal, le risque est réel. Au Sénégal, le wolof est une langue transethnique, que tout le monde parle et comprend plus ou moins. C’est une chance, mais cela ne veut pas dire qu’il faut foncer tête baissée. On est très loin d’un accord général sur ce sujet, même si un consensus se dessine depuis quelque temps. L’idée serait d’enseigner le wolof partout, mais en l’accompagnant d’une langue régionale. Faute de quoi nous allons être condamnés à laisser le français arbitrer pour l’éternité.
On entend aussi qu’il est impossible d’enseigner les sciences dans les langues nationales, faute de vocabulaire scientifique adéquat…
C’est l’objection la plus fréquente, mais rappelons que Cheikh Anta Diop a traduit en 1954, dans Nations nègres et Culture, des concepts scientifiques et une synthèse par Paul Painlevé de la théorie de la relativité généralisée d’Einstein. C’est du reste une dimension de l’apport intellectuel de Cheikh Anta Diop qu’on a tendance à perdre de vue : il s’est d’abord positionné en traducteur pour répondre à la critique selon laquelle les langues africaines sont inaptes à l’abstraction et à une création littéraire digne de ce nom. C’est un stéréotype raciste que reprennent certains intellectuels africains prompts à se rouler dans la fange. Ce sont les humains qui forgent les mots, et tous les termes scientifiques, dans quelque langue que ce soit, ont été fabriqués ; au bout d’un temps plus ou moins long, on a l’impression qu’ils ont toujours été là ou qu’ils ont été sécrétés par la langue comme s’ils en étaient la sève, ce qui est proprement insensé. Le mathématicien sénégalais Sakhir Thiam a pris le relais de Cheikh Anta Diop en enseignant les maths en wolof à l’université. L’Unesco a par ailleurs financé des classes tests dans les six principales langues du Sénégal. Les résultats de ces apprenants ont été meilleurs que ceux de leurs camarades formés en français, surtout dans les matières scientifiques.
Qui va lire des textes dans des langues plutôt parlées qu’écrites ?
En fait, les gens inversent la démarche. Ce que montre l’histoire de la littérature, c’est que ce sont les textes qui créent le public, et non l’inverse. On ne me fera jamais croire que les livres de Stendhal et de Shakespeare ont été des best-sellers du vivant des auteurs. Beaucoup d’écrivains aujourd’hui universellement célébrés sont morts dans la misère. J’admets qu’en écrivant en diola ou en kikuyu, on doit se contenter d’un lectorat immédiat très limité. Mais l’idée qu’il faut sauter par-dessus ses lecteurs naturels afin d’atteindre des étrangers est bien curieuse. « Les auteurs sont tentés d’écrire pour les journalistes, les jurys de prix littéraires ou les profs d’université. » La vraie question ne doit pas être « Pour qui j’écris ? » ou « Combien de copies vais-je vendre ? », mais « Avec quels mots puis-je le mieux exprimer ce que je ressens au plus profond de moi-même ? ». En somme, toute cette histoire se ramène à : « qui lit par-dessus mon épaule quand j’écris ? ». Résultat : les auteurs, pas seulement africains, sont tentés d’écrire pour les journalistes, les jurys de prix littéraires ou les profs d’université. Cela donne un certain type de texte à l’espérance de vie limitée, même si à leur parution ils peuvent faire illusion.
Votre production littéraire sera-t-elle dorénavant entièrement en wolof ?
Cela n’a aucun sens de se couper la langue, au propre comme au figuré. En termes plus clairs, on se sert de ses deux jambes, mais il en est forcément une avec laquelle on est plus naturellement à l’aise : on peut être gaucher ou droitier. Il s’agit finalement moins de sonner la charge contre une langue donnée que de mettre la sienne à la première place. Je ne m’interdis cependant rien. Après Doomi Golo en 2003, j’ai publié Kaveena en français en 2006.
Ce débat autour de l’usage du français ne concerne pas que les Africains. Des écrivains européens tels que Samuel Beckett ont aussi fait le choix d’écrire en français, une langue qui n’était pas la leur…
Etre écrivain, c’est être fondamentalement libre. Mais si un jour je décide d’écrire en chinois, cela n’aura rien d’embarrassant, car il n’y a aucun contentieux historique entre la Chine et le Sénégal. De la même manière, lorsque Beckett, Kundera ou Ionesco choisissent le français, ils restent en territoire connu, celui des langues européennes. C’est exactement comme si je me mettais à écrire en bamanan ou en lingala. Il se trouve que la plupart de ceux qu’on cite à l’appui de cet argument sont des auteurs dont les langues ne sont nullement menacées et qui n’ont pas le sentiment de n’avoir, justement, pas le choix.
ATTENTAT EN NOUVELLE -ZELANDE, LES IMAMS DE SAINT-LOUIS CONDAMNENT
Vague d'indignations apres les attentats en Nouvelle-Zélande. A Saint-Louis, le collectif des Imams et oulémas se solidarisent avec les victimes. Il dénonce cette attaque et reclame la lumiere sur cette affaire. Ces membres, qui croient en la justice de la Nouvelle-Zélande, se disent rassurer par la sortie des autorités de ce pays.
L'ILLUSTRATRICE FRANÇAISE QUI NE REPRÉSENTE QUE DES NOIRS
Nicholle Kobi dessine les noirs dans leur vie de tous les jours, loin des clichés qui leur sont associés
“Pourquoi tu ne représentes que des Noirs ?” Nichole Kobi, illustratrice française, a quitté la France pour les États-Unis et elle y a beaucoup de succès.
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LA VOIX DE MAMADOU DIA
Personnalité politique de premier plan, Mamadou Dia retrouve la parole dans ce documentaire historique en trois épisodes sur RFI
A la proposition du président Senghor de le libérer s’il renonçait à la politique, Mamadou Dia répondait « Je préfère vivre libre en prison plutôt que d’être prisonnier dehors ». Au son de nos archives exclusives, écoutez la voix de Mamadou Dia, premier président du Conseil du Sénégal, de 1957 à 1962, dont l’idéal nationaliste ne souffrait aucun compromis avec la France.
Avec la participation de Roland Colin, ancien directeur de cabinet de Mamadou Dia, Mamadou Diouf, historien de la vie politique et intellectuelle sénégalaise, Professeur à l’Université de Colombia et le politiste Etienne Smith.