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3 mai 2025
Diaspora
PAR JEAN-BAPTISTE PLACCA
À CHAQUE AFRIQUE SON RYTHME...
Et si la première conséquence du voyage du chef de l'Etat français en Ethiopie et au Kenya était une validation de l'idée que les francophones progressent moins vite que les anglophones ?
« Emmanuel Macron à la conquête de l’Afrique anglophone ! ». Ainsi titraient de nombreux médias, cette semaine, pour saluer le voyage en Ethiopie et au Kenya du chef de l’Etat français. Comment comprendre ce regain d’intérêt de Paris pour les pays situés hors de ce que l’on considérait naguère comme son «pré carré» ?
Mieux que tous ses autres voyages sur le continent, cette tournée, du moins pour ce qui est de l’Ethiopie et du Kenya, traduit une certaine détermination à mettre le cap sur l’Afrique intéressante, sur l’Afrique réellement intéressante. Vous avez entendu les chiffres : rien qu’au Kenya, l’objectif était de signer pour quelque 3 milliards d’euros de contrats. Il a fallu se satisfaire d’un peu moins, mais ce n’est pas rien. C’est en tout cas radicalement différent des montants que l’on atteint généralement, lors d’un voyage de chef d’Etat français dans ce que certains continuent d’appeler les pays du « pré carré ». Et d’ailleurs, les échanges commerciaux de la France avec des pays comme l’Afrique du Sud ou le Nigeria ont toujours pesé davantage que ce que peuvent offrir l’ensemble des pays francophones d’Afrique de l’ouest.
Si l’on y rajoute l’Angola et le Ghana, en conquérant la Namibie et le Botswana, il est évident que l’Afrique francophone, à terme, perdrait, pour la France, ce qu’il lui reste d’intérêt. Nul ne sait quelles sont les intentions réelles d’Emmanuel Macron. Mais on a parfois l’impression qu’il vit avec un certain agacement les scandales et autres affaires franco-africaines qui valent à son pays une mauvaise réputation, à l’évidence disproportionnée, au regard de ce que pèsent les relations avec cette Afrique-là. Sans vouloir abandonner les anciens amis, il peut se dire que plus il y en aura de nouveaux, moins les anciens pèseront de leur lot de discrédit.
Mais comment cette ouverture peut-elle être perçue par les anciens amis ? Et quelles conséquences peut-on craindre de cette ouverture loin dans de ses terres traditionnelles ?
Si votre question est de savoir si les survivances du « pré carré » vont être jalouses ou inquiètes de cette ouverture sur les autres Afriques, la réponse est que ces pays eux-mêmes ont, depuis déjà des années, cessé de se considérer comme la chasse gardée de l’ancienne puissance coloniale. Ils traitent avec la Chine, la Turquie, l’Allemagne, le Japon, les pays du Golfe et tous les autres partenaires possibles. D’autant que quelque chose s’est cassé dans la relation avec la France. Autrefois, le moindre problème de ces gouvernements faisait l’objet d’un traitement approprié à Paris. Et l’on ne compte plus tous ceux qui se tournaient vers Paris pour assurer les fins de mois des fonctionnaires, la solde des militaires. La confiance a déserté la relation, depuis qu’un Premier ministre français, Edouard Balladur qui ne comprenait rien à toutes ces effusions et familiarités a, en une nuit, contraint les chefs d’Etat à dévaluer de moitié le franc CFA. C’était en 1994. Depuis, les privilèges et traitements de faveur sont moins systématiques, et plutôt fonction du type de relation que chaque chef d’Etat africain peut nouer avec le locataire de l’Elysée. Pour revenir à votre question, il n’y a pas de jalousie, sans doute parce qu’il n’y a plus vraiment d’amour.
Ils comprennent donc que Paris se tourne vers des pays comme l’Ethiopie et le Kenya ?
Ils comprennent que le chef de l’Etat français a, lui aussi, ses contraintes, et ne doit négliger aucune source possible de croissance pour l’économie de son pays. Ce n’est pas comme s’il tournait définitivement le dos à l’Afrique francophone, non. Au demeurant, cette Afrique-là est une vieille cliente, accommodante et fidèle. Et s’il fallait absolument choisir, Emmanuel Macron aurait d’autant moins de scrupules que ces Etats symbolisent une économie d’empire, qui ne profite plus vraiment qu’à quelques grandes firmes, alors que le chef de l’Etat français aimerait tant conquérir les secteurs modernes, qui représentent l’avenir et profiteraient à beaucoup plus d’entreprises dans l’hexagone. Tant qu’il reste possible de gagner sur les deux tableaux, il peut conserver l’ancienne économie et la nouvelle. Mais si le choix venait à être incontournable, il regarderait vers l’avenir, et les considérations affectives n’y feront rien.
Vous ne supposez pas tout de même pas que l’affection aussi joue un rôle dans ces choix économiques ?
Elle joue un rôle, en même temps qu’elle alimente les rancœurs. Lorsque l’on parle, par exemple, du franc CFA, beaucoup s’étonnent que le débat soit si passionné, et les positions, si inconciliables. On a même entendu un homme politique ouest-africain rabrouer tous les arguments et toutes les analyses hostiles, pour les réduire à « une charge émotive que l’on brandirait, à tous les coups ».
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L'ACTUALITÉ DE LA SEMAINE AVEC PAPE NDAO
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - La chronique hebdomadaire diffusée en wolof tous les week-end depuis New-York
Pape Ndao fait le tour des faits marquants de la semaine, au micro d'AfricanTime, partenaire de SenePlus à New-York.
"EN LIBYE, ON NOUS VEND COMME DES BÊTES SAUVAGES"
Il a passé deux ans et demi de sa vie en Libye - Violenté, torturé, réduit en esclavage - Le journaliste guinéen Alpha Kaba raconte son expérience dans un livre intitulé « Esclave des milices - Voyage au bout de l'enfer libyen »
Il a passé deux ans et demi de sa vie en Libye. Violenté, torturé, réduit en esclavage. Le journaliste guinéen Alpha Kaba raconte son expérience dans un livre intitulé «Esclave des milices-Voyage au bout de l'enfer libyen ». Un ouvrage paru le 7 février aux éditions Fayard. Alpha Kaba répond aux questions de Clémentine Pawlotsky.
RFI : Vous êtes journaliste. Vous êtes a priori au courant, vous avez accès à l’information. On sait ce qui se passe en Libye, on sait quel est le sort réservé aux jeunes qui se lancent dans cette traversée périlleuse. Comment vous êtes-vous retrouvé dans cet enfer libyen ?
Alpha Kaba : Moi, je me suis retrouvé dans l’enfer de la Libye en 2013. Les informations n’étaient pas tout à fait claires sur la situation de la Libye à l’époque. Donc c’est suite à un évènement qu’on a organisé dans notre radio qui a été pillée, la radio Kankan. Dans cette radio, on organisait des émissions sociétales et politiques. Donc c’est à l’issue de ces émissions, le gouvernement nous a mal vus. Ensuite, il y a eu des manifestations lors des meetings du chef de l’Etat où on a été indexés comme instigateurs de ces évènements. C’est à partir de là pour sauver sa peau, je suis parti de Mali dans un premier temps, ensuite le Burkina, le Niger et ensuite l’Algérie. Après je me suis jeté dans la gueule du loup en Libye et là j’ai vécu pendant deux ans et demi.
Comment cela se passe lorsque vous arrivez en Libye ? Par qui êtes-vous « pris en charge » ? Qui s’occupe de vous ?
En Libye, on a été tout d’abord revendus, le passeur nous a vendus à des milices. Ces milices nous ont envoyés dans des squats, dans des maisonnettes abandonnées en périphérie des villes, on était 30 à 50 personnes, la vie était totalement impossible. On ne mangeait pas, on ne buvait pas pendant près de 48 heures. De là, ils viennent nous chercher pour nous envoyer dans d’autres squats où ils font le marché de l’esclavage. Nous on a été revendus lors d’un marché, d’une cérémonie qu’ils ont organisée entre eux. Ils sont venus nous revendre comme des bêtes sauvages à d’autres maîtres qui après nous ont envoyés dans des plantations de dattes, dans des chantiers. Il y avait parmi nous des ouvriers, des footballeurs, des charpentiers, donc des hommes de métier. Ils profitaient de ces hommes pour construire des maisons. Et nous, par exemple moi en tant qu’ouvrier, moi je faisais de la manœuvre.
Très concrètement, à quoi ressemble le quotidien d’un esclave en Libye ? Est-ce qu’on vous dit : par la suite, vous irez à tel endroit, un jour vous sortirez, ou est-ce qu’au contraire, vous n’avez aucune idée de ce qui vous attend et vous découvrez au jour le jour le quotidien d’esclave ?
Justement, c’est au jour le jour. C’est au fur et à mesure qu’il entre dans la vie de l’esclave. De Ghadamès à Sabratha, chaque jour tu vois autre chose, chaque jour tu comprends que tu es devenu esclave à partir du moment où tes droits sont opprimés, que tes droits ne sont pas respectés, tu n’es pas libre de revendiquer, les armes sont braquées sur toi 24 heures sur 24, on tire sur des amis avec lesquels tu es venu, on vous abat comme des poulets. C’est en quelque sorte tout ce qui renvoie vers la vie de l’esclavage.
Il n’y a aucune possibilité de révolte ?
Aucune possibilité de révolte, parce que la meilleure manière de rester en vie, je vous dis, c’est d’obtempérer, d’obéir aux ordres, parce qu’on était sous les ordres des jeunes qui ont des armes pointées sur nous 24 heures sur 24. J’ai eu pas mal de tortures, de frappes avec la crosse des armes, c’est difficile à expliquer aujourd’hui. Il faut être là pour y croire. Honnêtement, j’ai eu toute sorte de tortures, exceptée la mort que bon nombre d’entre nous ont trouvée là-bas. Et on ne mange pas, vraiment c’est invivable, c’est indescriptible.
Comment avez-vous fait pour sortir de cet enfer libyen ?
J’ai été revendu quatre fois. Et au quatrième maître, il nous a promis : si vous travaillez bien, je vais vous faire traverser. Et neuf mois après, il vient un soir me dire « je vous envoie aujourd’hui en Italie, je suis un passeur ». Il nous met dans le coffre de la voiture. Il nous envoie en bordure de mer où on retrouve d’autres migrants, au nombre de 150 et plus. Il nous met dans un zodiac et nous montre l’étoile en nous disant : « Allez-y, c’est là-bas l’Italie ». C’est en quelque sorte une liberté empoisonnée parce qu’il fallait encore chercher la liberté sur la mer. Soit tu péris, soit tu restes en vie.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer aujourd’hui aux jeunes qui seraient tentés pour échapper à une situation peut-être compliquée dans leur pays et qui seraient tentés de rejoindre l’Europe ou une autre destination, en passant par la Libye ?
Honnêtement, je sais réellement ce sur quoi ils sont assis en Afrique dans les différents pays. Ils souffrent, cette jeunesse africaine souffre malgré tout. Mais je me dis que ça ne sert à rien de se jeter dans la gueule du loup, de vivre de l’esclavage en plein XXIe siècle. Ça a été aboli il y a longtemps. Mais jusqu’à aujourd’hui, ça existe. J’ai fait la Libye pendant longtemps. Il y a eu des morts, parce que pour moi, les chiffres qu’on donne ne sont pas des chiffres exacts. Il y a des millions d’hommes qui sont décédés. C’est pourquoi d’ailleurs j’ai décidé d’écrire ce livre, c’est pour interpeller les autorités africaines et européennes de prendre des décisions. Il faut qu’ils regardent réellement la situation, qu’ils viennent sauver ces jeunes qui sont là-bas, qui honnêtement devraient contribuer au développement de l’humanité que d’être réduits en état d’esclavage en plein XXIe siècle.
PAR MOHAMED MBOUGAR SARR
DU FOLKLORE DANS LA FRACTURE CULTURELLE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Présumer du privilège exclusif accordé au folklore de pouvoir seul dire ce qu’on est revient aussi à fracturer la culture
#Enjeux2019 – J’évoquais, dans la première partie de cette réflexion, la nécessité d’imaginer des « hétérotopies » pour réduire la fracture culturelle. Ce n’est là qu’une étape liminaire : le cœur véritable de ce travail me semble devoir s’attacher à quelque chose de plus essentiel : étendre le domaine (de définition) de la culture au Sénégal. Celui-ci me paraît trop souvent exclusif, ou étriqué, pour le moins.
Je retarde provisoirement la définition que je propose de donner de la culture ; c’est que j’espère qu’elle commencera naturellement à s’esquisser à la fin de cette réflexion. Il me semble en revanche important de dire dès maintenant ce que je tiens pour sa condition sine qua non : la pluralité et la coexistence des formes. Rappelons cette évidence : dans une même aire culturelle, les expressions et usages de la culture prennent toujours des formes différentes, que l’histoire, le contact ou non avec d’autres cultures, le rapport au réel et au surréel, la sensibilité personnelle, construisent, modèlent, modulent, transmettent. Il y a fracture culturelle lorsqu’une de ces formes s’arroge le monopole de l’expression de ladite culture, déniant à tous les autres aspects, parfois avec condescendance, la possibilité de l’exprimer ou de la magnifier. Cela - et c’est regrettable - arrive encore trop souvent au Sénégal.
Reconsidérer la pluralité des expressions culturelles (les répertorier, les mettre en valeur, assurer leur transmission, favoriser les conditions de leur préservation et de leur recréation) est une tâche urgente. Elle évite à une forme donnée la prétention de pouvoir, seule, dire la culture d’un pays ; elle permet, surtout, de promouvoir la recherche de formes nouvelles, d’imaginer d’autres possibilités de créer, de mettre, en somme, au cœur de la culture, l’idée de mouvement.
Je crois qu’il y a, au Sénégal, trois questions fondamentales à considérer dans un examen du pluralisme des formes culturelles : la question du folklore, la question des langues et la question de la religion. Chacune d’elles est un signe de la fracture culturelle ; chacune d’elles, en d’autres termes, en porte le mal, en subit la conséquence et en détient le remède. Je me propose, dans cette réflexion, de m’intéresser au folklore.
- Le folklore sénégalais : tentative de définition -
Il n’existe pas de définition consensuelle et satisfaisante du folklore, de manière générale. Apparue au XIXe, la discipline qui l’étudie s’évertue moins à le définir de manière absolue qu’à étudier ce qu’il produit comme savoir, et à décrire ses manifestations, les conditions de son apparition en quelque lieu, les modalités de sa transmission, ses métamorphoses à travers l’histoire d’un peuple donné, les parentés qu’elle peut avoir avec d’autres formes éloignées dans le temps ou l’espace, etc. On peut en revanche s’accorder sur l’idée qu’on se fait généralement du folklore ; idée péjorative, voire négative, qui s’incarne nettement lorsque, devant le mot ou la chose, on s’exclame avec un peu de dédain : « c’est du folklore ! ». Ce qu’on sous-entend par là ne souffre d’aucune ambiguïté : le folklore serait une sorte d’infra-culture ou de sous-culture constituée d’éléments composites, bizarres, grotesques, qui auraient avec la supposée grande culture un vague lien, sans toutefois en posséder ni l’entière dignité ni la haute noblesse.
Il est pourtant indéniable que c’est grâce au folklore que se perpétue, par la transmission et la recréation, une part fondamentale de la culture populaire traditionnelle d’un pays. C’est précisément ce qu’on nomme ciosaan, au Sénégal, pour désigner cet ensemble de pratiques rituelles, artistiques, coutumières, matérielles ou immatérielles, qui fondent ou sont la trace d’une tradition ; tradition dans laquelle un peuple puise certaines de ses valeurs cardinales. Le folklore n’est peut-être pas tout le ciosaan ; mais c’est par lui, principalement, que se transmettent certains de ses éléments fondamentaux.
Je ne m’attarderai pas ici sur l’importance du folklore dans la constitution de l’identité d’un peuple donné. Je voudrais simplement, à son propos, suggérer trois attitudes qui pourraient le dégager des mythes dont on le recouvre d’habitude. Je propose d’appeler ces attitudes des « défolklorisations », et de les inférer d’une formule un peu absurde : pour replacer le folklore au cœur de la culture sénégalaise, il faudrait défolkloriser le folklore. Qu’est-ce à dire ?
- Le kassak et la sculpture -
Défolkloriser, en premier lieu, consisterait à arracher le folklore au regard condescendant qui l’ossifie, le fige dans une supposée incapacité à exprimer ou à être une part de la culture. Au Sénégal, l’origine de ce mépris n’est pas difficile à identifier : il se situe dans les dérives ou faiblesses du folklore, qu’on a fini par assimiler à son essence profonde. Ce qui s’opère là est une inversion un peu injuste de l’évaluation : au lieu de juger d’un phénomène culturel par ses sommets et ses apports majeurs, on l’analyse à l’inverse par ses effets les plus médiocres et les plus superficiels. Jugement peut-être injuste, oui, mais pas nécessairement injustifié, tant il est vrai qu’on peut avoir l’impression, au Sénégal, que ce qu’on nomme folklore n’a que de médiocres effets, incapables d’élever, trop voyants pour être profonds, obscurs, simplement divertissants s’ils ne sont proprement abrutissants, souvent dispendieux. Il est permis de se demander, cependant, si ces expressions ne sont pas le fruit d’une perte ou d’un dévoiement d’une substance originelle plutôt que d’une médiocrité essentielle, naturelle, du folklore lui-même. Je ne veux pas ici défendre l’idée un peu naïve d’une sorte d’âge d’or où le folklore aurait été kalos et kagathos, beau et bon, à des lieues de notre époque où il serait kitsch et inutile. Il y a trop d’âges d’or dont le précieux métal n’est que plaqué par une postérité aveuglée par la nostalgie. Je veux surtout poser deux questions.
La première est liée à la connaissance réelle du folklore, donc aux possibilités de son appréhension : sait-on réellement ce qu’est notre folklore ? quels savoirs, quelles pratiques, quels us désigne-t-on sous ce nom ? Comment, au sein du vaste et mouvant ensemble de nos manifestations populaires, distinguer ce qui, même sous une forme autre, vient d’une tradition ancienne et identifiée, de ce qui n’obéit qu’à l’air du temps ? De quel critérium user pour différencier le folklore de l’effet de mode ? Le fond de mon idée est la suivante : si on juge si mal le folklore, c’est qu’on le connaît tout aussi mal ; si on le croit indigne d’appartenir à la haute idée qu’on se fait de la culture, c’est que nous ne savons plus réellement ce que recouvre, dans nos œuvres populaires, ces mots (folklore et culture).
Ce qui m’amène à ma deuxième question : comment, au Sénégal, établir une pédagogie du folklore ? J’entends, par là, une stratégie de politique publique qui viserait à faire connaître à un public large les manifestations les plus profondes du folklore sénégalais, ce qui impliquerait d’aller les collecter et les montrer dans les zones rurales. Il est évident que les médias, et la télévision au premier chef, auraient une fonction centrale dans ce travail. Encore faudrait-il qu’ils aient la volonté d’avoir des contenus de qualité, plutôt qu’un simple principe d’audience qui les conduit, selon une de leurs vieilles antiennes, « à donner au peuple ce qu’il veut », en supposant que le peuple n’aspire qu’à se divertir.
Le folklore n’est pas une sous-culture, et il y a tout un travail de revalorisation à faire pour le ramener au cœur de la culture la plus visible, la plus célébrée. Je rêve du jour où, dans un grand musée, je verrai une représentation ou une captation d’un kassak - comme celui que le grand Omar Pène chante avec tant de nostalgie et de beauté dans Njuly - voisiner avec une grande sculpture d’art contemporain, une d’Ousmane Sow, par exemple.
- Eviter d’essentialiser les expressions culturelles -
L’entreprise de défolklorisation que je viens d’évoquer pourrait être résumée en une formule : ne pas réduire le folklore à une sous-culture. La deuxième, que je vais tenter de défendre ici, tiendrait plutôt en ce précepte qui semble prendre à rebours le précédent : ne pas réduire la culture sénégalaise au folklore. Ce serait là une autre façon d’exclure un grand nombre d’œuvres essentielles du patrimoine culturel au nom d’une prétendue authenticité. Ce serait, par conséquent, accentuer autrement la fracture culturelle.
Il y a toujours un danger à essentialiser un aspect de la culture d’un peuple, pour en faire la vraie culture, la culture originelle. Je ne pense pas que la culture soit une essence, et que l’ancienneté d’une de ses formes, son antériorité par rapport à d’autres, l’élisent comme seule forme pure et valable et possible. L’un des dangers d’un certain conservatisme résiderait justement dans la tentation de faire du folklore, d’un aspect de la culture traditionnelle, donc, le seul domaine de définition de la culture sénégalaise, au motif, par exemple, que ses manifestations auraient existé bien avant d’autres expressions culturelles. L’amour de la culture traditionnelle n’exclut pas l’appréciation de l’évolution et de la diversité des formes culturelles. Bien au contraire, il y a tout un enjeu dans leur confrontation, leur collaboration, la recherche du fil secret qui les lie par-delà les âges, les genres, les cadres. Exemple : pour en savoir plus sur la culture pulaar, ne puis-je pas écouter un poème ancien (chanté par un griot ou repris par Baaba Maal, par exemple) qui la glorifie et, à la fois, lire Peuls, très beau roman de Tierno Monenembo ? Devrais-je, parce que le poème chanté est rattaché à une tradition formelle plus ancienne, croire que le roman, forme plus tardive dans notre tradition esthétique, donc prétendument impure ipso facto, ne pourrait me dire quelque chose d’essentiel de la culture pulaar ?
Je crois qu’il faut, encore une fois, refuser toute idée d’une correspondance naturelle entre un peuple donné et une expression culturelle figée dans sa forme. Il arrive parfois qu’on entende, au Sénégal, que notre vraie culture se trouve, par exemple, dans tout ce qui aurait préexisté à la colonisation européenne (faut-il donc admettre comme notre culture ce qui nous vient directement de la colonisation arabe, laquelle, rappelons-le, a été tout aussi brutale, tout aussi motivée par le désir d’imposer ou de substituer une culture à une autre ?). Il n’est pas ici question de nier l’injustifiable violence des colonisations, qui ont pillé, dénigré, aliéné, parfois tué une culture ancienne, essentiellement païenne ou animiste. Il s’agit simplement pour moi de dire que dans leur violence, les colonisations ont fourni des « armes miraculeuses » que les colonisés ont parfois eu le génie de retourner contre leurs oppresseurs, pour mieux dire ce qu’ils sont, mieux se réaffirmer, mieux refuser l’aliénation qui les menaçait. Ainsi, un romancier ou un dramaturge, qui use donc d’une forme artistique directement héritée de la colonisation, me semble tout autant en mesure d’exprimer la culture sénégalaise qu’un jyalî de nos anciens royaumes. En d’autres termes, en lisant ou en voyant sur scène une pièce historique comme L’exil d’Alboury de Cheik Aliou Ndaw, par exemple, je suis convaincu qu’elle exprime aussi bien quelque chose de la culture sénégalaise passée qu’un hymne comme Niani. Je peux prendre du plaisir à découvrir un poème de Majaxaté Kala ou un chant gymnique de Yandé Codou Sène, et aller ensuite écouter Keyti ou Pacotille, chez lesquels je retrouverai, exprimées différemment, par le rap, certaines des thématiques ou valeurs évoquées par les deux premiers.
Expression culturelle traditionnelle. Expression culturelle « moderne ». Celle-ci ne tuera pas celle-là. Celle-là n’est pas plus pure que celle-ci. On peut aimer les deux, et trouver en chacune une parole forte de la même culture, une semblable capacité à produire de notre vécu collectif, de notre histoire, des représentations symboliques et polysémiques. Présumer du privilège exclusif accordé au folklore de pouvoir seul dire ce qu’on est revient aussi à fracturer la culture.
Mohamed Mbougar SARR est né en 1990 au Sénégal. Il est écrivain et doctorant en littérature. Son premier roman,Terre ceinte(Présence Africaine, 2015) reçoit le Prix Ahmadou Kourouma 2015, le Grand Prix du Roman métis 2015, et le Prix métis des lycéens 2015. Son deuxième livre,Silence du chœur(Présence Africaine, 2017) remporte le Prix littéraire du Musée l’histoire de l’immigration 2018, le Prix Littérature-Monde du Festival Etonnants Voyageurs 2018, le Prix de la Solidarité 2018 ainsi que le Prix Métis des lecteurs de Saint-Denis de la Réunion 2018. Son dernier roman paru estDe Purs hommes(Philippe Rey – Jimsaan, 2018).
UNE SÉNÉGALAISE DE 26 ANS TUÉE EN ANGLETERRE
Selon l’accusation, Lala a été assassinée par deux de ses compatriotes sénégalais vivant en Angleterre. Ces derniers sont présentement en garde à vue dans le cadre de l’enquête ouverte par la police anglaise.
Une Sénégalaise, âgée de 26 ans, du nom de Lala Camara, a été tuée chez elle en Angleterre plus précisément à Manchester.
Selon des sources de IGFM, le drame a eu lieu hier soir (dimanche). C’est à son domicile qu’elle a été assassinée, selon l’accusation, par deux de ses compatriotes sénégalais vivant en Angleterre. Ces derniers sont présentement en garde à vue dans le cadre de l’enquête ouverte par la police anglaise.
La jeune Lala avait quitté la ville de Brescia en Italie où vivent ses parents pour des études en Grande Bretagne. Études qu’elle avait alliées avec travail. Hélas l’aventure s’est arrêtée hier (dimanche) quand ses bourreaux ont surgi et lui ont ôté la vie pour des raisons non encore élucidées.
Informé de la disparition tragique de sa fille, Aliou Kamara, a pris l’avion tôt ce lundi, pour d’amples informations sur le mobile du crime.
À Manchester ou encore à Lonato Del Garda sa petite-ville dans la province de Brescia, c’est la tristesse et la désolation. D’ailleurs une cérémonie religieuse est prévue samedi 16 mars à Lonato Del Garda en terre italienne où résident ses parents Aliou Kamara dit « Alliance » et Tening Diouf.
La défunte est apparentée au député de la diaspora, Nango Seck.
DEUX SÉNÉGALAIS ÉCROUÉS EN ESPAGNE
Les deux jeunes sont soupçonnés d'avoir fait traverser la Méditerranée à 54 migrants africains qui payaient « 4 000 euros chacun »
Les deux Sénégalais de 21 et 26 ans ont été placés en détention provisoire en Andalousie, dans le sud de l’Espagne. Ils sont soupçonnés d’avoir dirigé une « embarcation depuis la côte marocaine jusqu’au lieu où (les migrants) ont été secourus en haute mer », a indiqué la police espagnole dans un communiqué publié lundi 11 mars.
Le 28 février, un canot pneumatique de neuf mètres de long avait été intercepté au large d’Almeria, en Andalousie. À son bord, les deux hommes, ainsi que 54 migrants, dont 11 femmes et trois mineurs.
4 000 euros
Après avoir interrogé les migrants à leur arrivée, la police a identifié les deux Sénégalais comme « les responsables des systèmes d’orientation et de navigation de l’embarcation ». « Chaque migrant devait payer quelque 4 000 euros pour embarquer très tôt le matin et partir vers les côtes espagnoles », a rapporté la police.
Depuis le début de l’année 2019, au moins 73 migrants sont morts en tentant la traversée entre le Maroc et l’Espagne, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), contre 107 durant la même période de l’année précédente.
PAR BIRANE DIOP
MULTIPLE PHOTOS
RENOUVELER LA RÉFLEXION POUR PANSER L’AFRIQUE QUI VIENT
« Panser l’Afrique qui vient » est un cri du cœur, un appel urgent pour insuffler des idées fécondes qui pourront changer la donne afin de sauver ces millions de jeunes diplômés mais désœuvrés que le continent a accouché - NOTE DE LECTURE
« Futanké de sang, sénégalais de hasard mais malien de cœur », Hamidou Anne est un politiste et essayiste sénégalais. Il est l’un des auteurs de la bible «Politisez-vous », et « Panser l’Afrique qui vient » est son premier papier à titre individuel, publié chez Présence Africaine, 25 bis, rue des Ecoles 75005 Paris. Par ailleurs, Hamidou est un énarque, ancien conseiller au ministère des Affaires étrangères et celui de la Culture. Un grand commis de l’Etat. Actuellement, il est doctorant en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
L’homme qui se définit comme un Afro-responsable pense que si l’on veut panser les innombrables plaies du continent, il faut sortir des sentiers battus et se tourner vers l’avenir en mettant sur la touche tout discours mielleux et afroptimiste béat symbole de la défaite et du refus d’une renaissance africaine.
Son opus « Panser l’Afrique qui vient » est un cri du cœur, un appel urgent pour insuffler des idées fécondes qui pourront changer la donne afin de sauver ces millions de jeunes diplômés mais désœuvrés que le continent a accouché. Ils sont victimes de mauvaises stratégies politiques orchestrées par la gérontocratie, les politiciens largement corrompus et avides de pouvoir. De Dakar, Ouaga, Bamako, Nairobi, Douala, Alger jusqu’à Tunis la situation de « tous ces jeunes retraités avant d’avoir jamais travaillé » est alarmante. Mohamed Bouazizi diplômé chômeur, jeune vendeur de fruits et de légumes qui s’était immolé par le feu à Sidi Bouzid symbolise parfaitement cette frustration, ce découragement, ce désespoir et cette absence d’objectifs de beaucoup de jeunes. Merci Hamidou pour la dédicace dédiée à ce martyr et « précurseur d’une transfiguration du monde ».
Mais pour bien panser les plaies ouvertes dans son corps, il faudra penser à un autre médicament autre que la morphine qui n’a qu’une dose euphorisante. Pour y parvenir, seules des actions citoyennes seront nécessaires car elles sont porteuses d’alternatives.
Dans le continent africain, être jeunes est parfois synonyme de crime. Les jeunes sont déconsidérés, peu entendu par leurs aînés sous l’arbre à palabre. Pourtant ils valorisent le respect, l’honnêteté, l’intégrité, la fidélité aux engagements ce qui n’est pas le cas parfois avec les anciens. Certains d’entre eux ont gagné même le trophée du reniement et de la bassesse si nous prenons le champ politique.
Fort de ce constat, la jeunesse doit prendre son destin en main en s’armant de connaissances nécessaires pour faire advenir le changement. Cela dit, elle a l’obligation de s’engager si elle souhaite construire un monde meilleur et plus juste. Elle ne pourra trouver son salut qu’à travers l’engagement politique. En sus de cela, c’est un exercice intellectuel permanent qui lui permettra de faire face à la critique et d’accepter le débat d’idées. En fait, ce don de soi est un excellent canal pour s’ouvrir aux humanités et à la tolérance.
En outre pour panser toujours le continent de la tête jusqu’aux pieds, il est urgent de repenser la puissance publique dans la mesure où c’est elle qui assure la sécurité de ses citoyens, ainsi que l'application des lois et règlements. Pour l’auteur, l’Afrique a besoin d’une puissance publique plus agile gage de sécurité contre l’obscurantisme dont l’unique projet est l’anéantissement de la culture qui est l’élément vital d’une société dynamique. Elle permet à l’homme de s’élever au-dessus de lui-même et de l’extirper de ses propres turpitudes. Pour ce faire comme le stipule Hamidou à la page 44, « il faudrait que nous arrivions à incarner nos gouvernances de culture qui devra être un moyen d’opposition à la racine, dans nos écoles, nos lieux symboliques, nos rues et nos places, au projet terroriste. L’urgence est de revenir au concept senghorien d’enracinement au sein de valeurs endogènes et d’ouverture à l’universel. » Les politiques doivent miser davantage sur la culture pour éclairer la masse des païens. En fait, si cette entreprise est réussie, des fatwas à tout va ne tueront plus d’honnêtes gens à la trempe de l’universitaire sénégalais et transmetteur de connaissances Oumar Sankharé. Il n’a pas échappé à la vindicte populaire à cause d’une absence de culture intellectuelle.
Les défis sont immenses dans ce continent qui ne fait plus rêver ses fils. « Dans le ventre de l’océan » des maliens, sénégalais, ivoiriens perdent la vie. Ils rêvaient de poser leurs fesses dans les cafés de l’eldorado alors que ce dernier n’est qu’une vaine et charmante utopie. Mamadou Gassama ne représente que 1% des gens qui ont fui leur pays à la quête d’une meilleure vie et qui ont le « bon passeport ». D’ailleurs cette expression m’arrache toujours un rire. Il faut que les dirigeants africains soient à la hauteur des responsabilités qui les incombent. Tout d’abord, il faut redorer le blason de l’école républicaine qui élimine de facto le privilège de la naissance. Ensuite, il faut repenser cette école afin qu’elle ne fabrique plus des chômeurs par manque de compétences.
Ces soins demandent beaucoup de rigueur et pour avoir des résultats satisfaisants, il faudra mettra au frigo la caste des « smarts », à la fois opportunistes et irresponsables. Ils sont l’autre face ignominieuse du système néolibéral. Autrement dit, ils bougent juste pour leur propre intérêt. Leurs soins ne sont pas bons pour panser les blessures qui continuent de charrier des corps. La seule urgence de l’Afrique est d’être à la hauteur de ses potentialités pour qu’elle puisse penser le monde de demain. Hamidou a bien raison lorsqu’il dit : « il peut inspirer son avenir politique, social, écologique et spirituel. Mais il ne le fera qu’à travers une entreprise de traitement du passé, d’identification du présent et d’érection des architectures du futur. »
Ce faisant, il faut que le continent accomplisse une profonde révolution culturelle si elle veut que sa jeunesse soit maîtresse de son destin.
Aujourd’hui des "essais politiques" sont produits pour parler du continent, mais quelques pépites seulement émergent, « Panser l’Afrique qui vient » à la chance d’être un éminent membre de ce cercle très restreint.
Ancien élève de l’EBAD/UCAD, Birane Diop est actuellement étudiant en Master « Stratégies informationnelles et documents numériques » à l’Université Jean Moulin Lyon 3
LEÇONS ET PERSPECTIVES DE LA PRÉSIDENTIELLE
Il faut en vérité relever que le manque d'unité de l'oppostion, ont favorisé la faible adhésion populaire à ses mots d’ordre et plan cynique de hold up, déroulé en amont par Macky - DÉCLARATION COMMUNE RND-YOONU ASKAN WI
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration commune du RND et de Yoonu Askanwi Wi, datée du 9 mars 2019, relative au scrutin présidentiel du 24 février dernier.
« La proclamation définitive par le Conseil Constitutionnel des résultats de l’élection présidentielle du 24 février 2019 est intervenue quelque deux jours avant l’anniversaire du sacrifice collectif sublime des femmes de Ndeer qui, le Mardi 07 Mars 1820 (Talaaay Ndeer), après une résistance héroïque sous la conduite de Linguère Faatim Yamar Khouryaye Mbodj, avaient choisi de « mourir en femmes libres » en s’immolant par le feu, , plutôt que d’être capturées et réduites en esclaves par les troupes maures alliées aux Toucouleurs.
Comment, sur le même registre, ne pas magnifier la geste de la prêtresse Alin Sitooy Jaata, née en 1920 à Kabrousse en Casamance, et morte en 1944 à Tombouctou, au Mali, en résistante exilée et emprisonnée par le colon français ? Comment ne pa rappeler la signification profonde de la célébration du 08 Mars, Journée internationale des femmes, proposée pour la première fois en 1910 par la journaliste Clara ZETKIN, membre dirigeante de la 1ère Internationale Socialiste, puis consacrée en 1917 après la grève des ouvrières de Saint Pétersbourg / Russie, sous l’impulsion de Lénine et des révolutionnaires russes de l’époque, dans une perspective de transformation sociale pour la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme et de toute forme d’oppression ? Comment, dans un tel contexte, par delà le bruit et les promesses mirobolantes des prédateurs de la République, ne pas souligner à nouveau que l’enjeu véritable de cette présidentielle résidait dans le choix entre deux camps : le camp de la continuité du système néocolonial à travers ses différents avatars, y compris sous la forme d’une « troisième alternance » dans le changement des visages des tenants de la dépendance et de l’oppression, d’une part, d’autre part le camp de la rupture, de l’antisystème, de l’alternative souveraine pour la libération nationale, la liberté et la dignité humaine, la souveraineté populaire et l’émancipation sociale, problématiques au cœur du symbolisme des 07 et 08 Mars esquissé ci-dessus ?
Il faut certes se féliciter de la quasi absence de violence sanglante ainsi que du déroulement paisible qui ont marqué le scrutin du 24 février, malgré les divers et multiples impairs notés, favorisés par l’absence surprenante de l’opposition dans de nombreux bureaux de vote, y compris en milieu urbain ! Mais il faut en vérité relever que le manque de perspicacité, de combativité et d’unité de lutte au sein de l’opposition, ainsi que le déficit de crédibilité et d’attractivité de ses principaux ténors, ont favorisé, d’une part la faible adhésion populaire à ses mots d’ordre et d’autre part, la mise en œuvre presque tranquille du plan cynique de hold up, déroulé en amont par Macky Sall et son clan tout au long de ces dernières années, et ayant abouti au résultat méthodiquement préfabriqué et réalisé le jour du scrutin. En effet, l’ensemble du processus de l’élection présidentielle est caractérisé par un forcing tous azimuts du pouvoir et une totale absence de consensus, sur les règles essentielles du jeu, entre les parties prenantes concernées. De la reconstitution du fichier des électeurs aux modalités du vote- modifiées même le jour du scrutin, en passant par le système de parrainage piégé et nébuleux des candidats, le transfert massif d’électeurs, l’inscription de faux électeurs et la modification in extremis de la carte électorale, sans oublier la corruption et les achats de SUFFRAGES à coups de milliards, une administration ouvertement partisane,, une justice aux ordres et une CENA volontairement impuissante dans sa mission de supervision et de contrôle, rien n’aura été laissé au hasard pour assurer « un coup KO » au Président sortant, faisant peser ainsi une suspicion légitime sur la sincérité des résultats proclamés. Même le taux de participation élevé à ce scrutin mériterait d’être sérieusement questionné.
Macky Sall a donc réussi à s’octroyer une « victoire écrasante », mais nul doute que nos compatriotes de l’intérieur et de la diaspora continueront à souffrir des méfaits de la dépendance, de la spoliation et du pillage de nos ressources naturelles, du chômage massif, de la pauvreté, des injustices sociales, de la mal-gouvernance autocratique et prédatrice, et même plus encore, du fait du rétrécissement de la marge de manœuvre du pouvoir, coincé entre le marteau des exigences de ses « partenaires techniques et financiers » et l’enclume des revendications des larges masses populaires des villes et des campagnes.
Il convient de féliciter l’ensemble de nos concitoyens pour avoir su faire preuve d’esprit de responsabilité. Cependant, il importe encore plus de remercier et de féliciter nos compatriotes, la jeunesse en particulier, sans oublier la diaspora, les femmes, les adultes et personnes du 3ème âge, ceux et celles qui ont témoigné d’une lucidité politique certaine en sachant bien distinguer et porter de façon significative à un niveau jamais atteint jusqu’ici dans notre pays, la voie de la rupture et de l’alternative souveraine, représentée par la « Coalition Sonko Président ». Une option désormais impossible à nier ou négliger, en dépit des multiples distorsions introduites par la fraude et la corruption dans la libre expression du suffrage universel, en plus des campagnes frénétiques de désinformation, d’intoxication et d’intimidation. Il y a lieu évidemment de rappeler que cette option de patriotisme africain ou de libération nationale est celle là même prônée et défendue par les générations précédentes de nos pères et mères, grands pères et grands-mères, notamment ici au Sénégal, par les regrettés Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop et Abdoulaye Ly entre autres, et ailleurs sur le continent par les Patrice Lumumba, Kwamé Nkrumah, Sékou Touré, Amilcar Cabral, Nelson Mandela, Thomas Sankara, etc.- la liste est longue.
Tant que nous n’aurons pas mis fin à la mainmise néocoloniale sur notre pays, notre continent et les destinées de nos peuples, cette alternative restera notre seul et unique ordre du jour, à l’échelle du Sénégal aussi bien que de la sous région et de l’Afrique toute entière. Sur ce chantier, bien évidemment, les tâches des patriotes et démocrates progressistes pour inverser le rapport de forces, restent immenses devant la situation de précarité et les tendances négatives des formes de conscience dominantes qui prévalent encore largement chez nombre de nos compatriotes.
Par conséquent, de l’avis du RND et de Yoonu Askan Wi, la leçon fondamentale à tirer de ce scrutin, pour l’avenir proche et lointain, est de s’atteler sans délai à la mobilisation et à l’organisation systématiques de cette nouvelle force politique incarnée par la « Coalition Sonko Président », d’œuvrer sans relâche à son élargissement, à son implantation, à sa liaison avec les masses en lutte, à son renforcement en moyens théoriques, organisationnels, financiers et logistiques, à son unification organique, à sa structuration, à la formation et au renforcement des capacités de ses militants et militantes. Il sera alors possible de la transformer en une force politique et électorale solide de sa cohésion et de son efficacité au combat, en tant que mouvement patriotique et démocratique à caractère de masse, unifié et capable de mener victorieusement le combat en vue de l’avènement de l’alternative souveraine, populaire et citoyenne, pour la refondation de l’Etat et de la société, dans la perspective tracée par la Charte de Gouvernance Démocratique et les Conclusions des Assises Nationales ainsi que les Recommandations pertinentes de la CNRI, expressions vivantes du consensus politique le plus large jamais obtenu dans notre pays en lutte pour l’indépendance véritable, la démocratie authentiquement républicaine, inclusive et participative. »
AISSATOU SOW, LOIN D'ÊTRE UNETELLE
Haut cadre sénégalaise de multinationale à l’étranger, elle aura réussi une expansion des affaires d’Intel sur un marché d’un peu plus de 100 millions de dollars
Fière, altière et guerrière comme la Générale Okoye, bras droit incorruptible du roi du Wakanda, il arrive à Aissatou Sow d’arborer la « boule à zéro ». Elle, le royaume qu’elle défend, c’est notre boule bleue: la planète terre et ses 7 milliards d’habitants, qu’elle considère tous comme ses voisins de palier.
Tract a été accessible en ligne aux lecteurs pour la première fois un certain 8 mars, l’an dernier, en 2018. De même que le quotidien Tract dont notre site est l’héritier était paru dans les kiosques un 8 mars, en 2000, avec à la Une, l’interview de celle qui allait devenir la première Dame du Sénégal deux semaines plus tard : Viviane Vert Wade. Cette journée du 8 mars est donc symboliquement marquante et unique pour nous. Un anniversaire que nous nous devons de fêter dignement.
C’est la Journée de la Femme. Ou plus précisément la Journée des Droits de la Femme, tel qu’est son intitulé depuis qu’elle a été décrétée par les Nations-Unies. Place nette aux femmes donc. En cette occasion, Tract est fier et enthousiaste de mettre une femme de tête et de cœur à l’honneur, qui plus est belle, si elle nous permet de l’écrire sans être traités de phallocrates : Aissatou Sow.
Elle aura vécu et travaillé, toujours à des postes de direction exécutive (kaar kaar machallah …), au Sénégal (Gorée Institute), au Kenya (African Virtual University), au Maroc (Intel Corporation), en Angleterre (Digital Links International).
Haut cadre sénégalaise de multinationale à l’étranger, précisément au Canada, Aissatou Sow est actuellement Directrice (Secteur Public et Éducation) pour l’Afrique francophone chez l’Américain Intel Coprporation, acteur de rang mondial de l’informatique, des micro-processeurs, de la micro-électronique et de la robotique. Intel, créé en 1968 et dont le siège social est à Santa Clara en Californie, a une capitalisation boursière de 227 milliards de dollars US en février 2019, avec un chiffres d’affaires en 2018 de 70 848 milliards de dollars US.
Sous la houlette de « femme de (savoir-)faire » de la diasporique Aïssatou Sow, Intel a cornaqué la création de programmes pour équiper en ordinateurs et en tablettes numériques éducatives les écoles, les étudiants et des citoyens sur le continent noir, notamment au Sénégal, en Cote d’ivoire, au Burkina, en RDC ou encore à Djibouti. Elle aura réussi une expansion des affaires d’Intel sur un marché d’un peu plus de 100 millions de dollars. Avec à cœur un focus stratégique intangible : agir et impacter pour une transformation digitale des économies du continent africain. Son métier est donc d’abord un combat de citoyenne du monde et de fille d’Afrique. Dans ce cadre, il lui arrive bien souvent d’être en audience avec des chefs de gouvernement et des Premiers ministres. Dont elle ne dévoilera pas les noms, éthique professionnelle oblige.
Épouse, mère, leader et senior executive woman, Aïssatou Sow tient plus que tout à son nom de jeune fille. Et célèbre dès qu’elle le peut Tupac Shakur, avec des envies de visites à Compton. Lisez plutôt !
Tract : En cette journée du 8 mars, vous avez envie de plus vous adresser aux femmes? Aux hommes ? Aux deux? Pour leur dire quoi ?
Aïssatou Sow : Le 8 mars représente deux choses pour moi : à la fois une journée positive de joie et de célébration pour les femmes, mais aussi, une journée de tristesse, durant laquelle on a l’impression que toutes les femmes du monde, d’une seule voix, ont envie de hurler leurs peines. C’est bien que nous ayons cette journée pour continuer à montrer notre part dans la marche du monde. mais il est aussi bien dommage qu’en ce 21ème siècle bien entamé, on continue à avoir besoin de nous battre pour nos droits et pour notre place dans la société.
Aux femmes, je souhaite dire : « Continuez à croire en vous ! Sans ciller, ni faillir».
Aux hommes, je dis : « Avec ou sans vous, on y arrive(ra) ».
A quel âge avez-vous eu conscience que cette journée du 8 mars existait, du plus loin que vous vous souvenez? Les femmes sont-elles une majorité encore discriminée ?
Depuis ma jeunesse, sans pour autant prendre conscience de l’essence ou de l’importance du combat. En grandissant, on se rend compte, et souvent parce qu’on devient victime aussi de cette disparité homme-femme dans les traitements sociaux, professionnels ou économiques. Et on se demande pourquoi. Prenez votre voiture et roulez sur la nationale 1 au Sénégal. Dans chaque bourgade, chaque village, qu’observez-vous ? Les hommes jeunes ou vieux sont assis devant leurs maisons ou sous les arbres et ne font rien. Rien. Les femmes : elles ont le bébé sur le dos, elles vendent des fruits au bord de la route, elles nettoient et balaient, elles sont dans les champs, elles préparent les repas de famille, elles transportent des choses (des biens, de l’eau etc..). Les femmes sénégalaises sont en activité constante. C’est effarant. C’est révoltant. Car ces mêmes femmes n’ont toujours pas le droit à la parole et aux décisions concernant leurs propres vies.
Les combats des femmes ne sont certainement pas les mêmes au Canada où vous vivez et en Afrique, au Sénégal, votre pays. Comment ressentez-vous cette disparité ? Y a-t-il une inégalité territoriale entre les femmes?
Au cours de ma carrière professionnelle, trop de fois, j’ai été victime de harcèlement. Cela a toujours réveillé mon instinct de battante. Je me souviens encore que la seule fois ou cela a atteint des degrés innommables, ce sont deux femmes canadiennes qui ont pris les devants et qui ont mené le combat pour me défendre et me protéger. Je ne l’oublierai jamais. Là où j’ai observé le silence de mes compatriotes africaines… Peut-être était-ce un cas isole (sic)… j’ai admire leur détermination à faire ce qui était bien, à dénoncer et à prendre des actions au plus haut niveau. Le Canada est un exemple en matière d’autonomisation des femmes, d’égalité homme-femme, de système structurel pour dénoncer les inégalités et permettre aux femmes de pouvoir s’épanouir personnellement et professionnellement. Cela ne veut pas dire que je minimise le travail et le combat de mes sœurs au Sénégal ou en Afrique. Au Sénégal, les femmes se sont battues très tôt, pour accéder à la liberté et aux droits qui leur sont dus, et certains de ces combats se traduisent aujourd’hui par les textes et lois qui nous protègent. Je pense cependant que notre génération en a bénéficié sans pour autant poursuivre le combat. Nous aurions dû reprendre le flambeau et nous faire le porte-étendard de la femme sénégalaise et africaine, libre et épanouie dans son environnement. Ce fossé crée aujourd’hui un glissement dangereux et un recul de ce combat mené par les femmes dans les années 60 et 70.
Vous avez fait vos études supérieures au Sénégal, en tout cas une partie, à l’ISM. Comment passe- t-on de jeune professionnelle au Sénégal à la job-trotter expatriée que vous êtes devenue?
(Rires)… En faisant mes études notamment à l’ISM qui m’a énormément apporté, je savais déjà que je n’allais pas m’enfermer dans « des boites ». Je suis une femme libre, mais vraiment, LIBRE… je ne me suis jamais imposée de barrières, et je refuse que l’on m’en impose. Dans mon esprit, ce monde n’a pas de frontières. Je suis sur terre et chez moi sur la planète terre. Découvrir, comprendre et accepter l’autre a toujours été une passion. Ces préceptes sont à la base de la vie que j’ai choisi de mener. Ensuite pour me réaliser à la hauteur de mes ambitions, je me suis très vite rendue compte que le Sénégal me limitait, et je suis persuadée que je n’aurais jamais pu mener une carrière pareille si j’étais restée au Sénégal ou en Afrique d’ailleurs. Ce qui est bien dommage, parce que je reste viscéralement attachée à ce pays. Mais c’était un choix : quitter le Sénégal et voir le monde, apprendre et déployer ses ailes, ou rester à l’ombre de nos baobabs, et regretter de n’avoir pas fait plus…. J’ai essayé un retour au pays natal, après plus de 15 ans passés à l’extérieur, mais cela a été catastrophique. Je n’ai plus la patience d’attendre que les choses marchent, je n’ai plus de patience pour la facilite ou pour la médiocrité, ni pour notre chauvinisme parce que nous nous prenons encore pour le centre du monde…. Je n’ai pas la patience de m’arrêter au Sénégal, pendant que le reste du monde tourne et virevolte… je veux faire partie de la marche du monde. Grand sentiment de frustration intérieure, frustrée d’avoir tant à donner, et de voir autant de barrières dans mon propre pays… J’ai donc décidé de plier bagages après un peu plus d’un an et d’aller m’installer au Canada. Belle terre d’accueil, je dois dire.
Femme et africaine noire en Occident, c’est toujours un challenge ?
Occident, c’est vaste, je vais mitiger, cela dépend. Femme et africaine noire en France particulièrement, ou en Europe (en dehors de l’Angleterre), cela doit être difficile. Je n’aurai jamais choisi de vivre en France, par exemple. Ils n’ont toujours pas compris ce que signifie la richesse de la pluralité, et payer des taxes dans un pays où on est mal considéré, non ce n’est pas ma tasse de thé. Moi migrante qualifiée, la France devra encore beaucoup faire pour m’attirer… L’Angleterre a été une expérience époustouflante pour moi, un pays où j’étais jugée sur mes compétences, ou un conseil d’administration « tout blanc »me recrutait pour un poste de directeur exécutif devant des postulants blonds aux yeux bleus. Il faut le faire, et je dis, seulement en Angleterre, qui reste une terre d’accueil à jamais. Même si ce n’est pas parfait, c’est là où j’ai vu le cosmopolitisme dans ses plus belles expressions. L’Amérique ? Sur le plan professionnel dans certaines multinationales, ils ont atteint un degré d’excellence difficile à égaler. Ils font des interviews de position senior par téléphone, et te propose le contrat de travail sur email, sans jamais t’avoir vue.
Le plus étrange, le plus paradoxal, est que la femme noire a plus de challenge en Afrique qu’en Occident…. (sic). On demande encore le CV avec photo… et je ne parle pas des autres irrégularités dans le monde des affaires ou des entreprises qui font que les femmes sont le plus souvent sujettes aux traitements les plus abjects. Il faut que nous puissions armer nos femmes de telle sorte qu’elle puisse dénoncer les irrégularités, et que ces irrégularités soient suivies de sanctions.. Il est temps que les hommes qui sont à des positions de pouvoir commencent à se dire qu’ils pourraient perdre leur job en cas de dénonciations… c’est la seule façon de renforcer les femmes dans les milieux professionnels.
Épouse et mère, vous tenez à garder votre nom de jeune fille comme nom usuel. Coquetterie, caprice ou combat de principe ?
Ah ça ! Combat d’une vie. J’ai gardé sur tous mes papiers mon nom de famille, celui que je tiens fièrement de mon père. Je ne me suis jamais définie à travers celui de mon époux. Le mariage me complète et m’apporte un plus, il ne me définit pas. Par contre, mon nom de famille me définit. Dois-je rappeler également que rien ne nous oblige, dans la religion musulmane, à prendre le nom du mari. Je disais souvent à mon mari « lorsque j’aurai passée autant de temps avec toi que j’ai passé avec mon père, je considèrerai le trait d’union »… ha ha ha !
Cela dit, c’est quelqu’un qui m’a toujours soutenue dans mes ambitions, allant plusieurs fois à l’encontre de ce que ses proches souhaitaient. Volontairement nous ne sommes jamais tombés dans les lourdeurs sociales, belles-familles, autres choses diverses que notre société sénégalaise aime imposer aux femmes… et vivre à l’étranger aide à garder cette distance.
J’essaie d’inculquer les mêmes principes aux enfants, qu’ils soient fiers de leur multiculturalité, le résultat d’années de vies au Sénégal, en Angleterre, au Kenya, au Maroc, au Canada, ils peuvent vivre partout et ne voient pas les couleurs de peaux ou les religions ou autres différences, ils voient l’humain. Mon fils ainé n’a jamais levé la main sur une femme, et je sais qu’il ne le fera jamais, s’il plait à Dieu. Ma fille, c’est moi puissance 10, car elle n’a peur de rien. Le changement se fera d’abord chez nous, dans nos foyers, dans nos familles. Il va falloir casser certains codes et en recréer d’autres nous permettant de pouvoir enfin jouir de tous nos potentiels.
Votre journée préférée, au plan symbolique, à part celle du 8 mars ?
Je suis dans ma phase Tupac Shakur… (shocking !! rires) … Je lis tous ses écrits et regarde tous les reportages. Quel homme ! L’homme qui chanta la femme noire. L’homme qui chanta « Dear Mama »… Il était authentique, et j’ai toujours été à la recherche d’authenticité. Donc la semaine du 7 septembre, le jour où il est devenu une légende, j’espère que j’irai célébrer à Compton (grand sourire).
Enfin, si on vous demandait d’inspirer les fillettes africaines d’aujourd’hui. Que leur diriez- vous ?
Les études, l’éducation que vous recevez chez vous et à l’école, personne ne peut vous le prendre, et c’est la clé de votre réussite. Donc allez faire vos études. Etudiez ce qui vous passionne, au lieu d’étudier pour faire comme tout le monde. Rien n’est figé. Refusez les carcans, soyez libres car Dieu nous a données cette force, d’être femme, mère, épouse, sœur, mais libre. Only God can judge you.
BERNARD DADIÉ EST MORT
L'un des pionniers de la littérature africaine, l'écrivain ivoirien est décédé samedi à 103 ans
"La Côte d'Ivoire vient de perdre son plus grand écrivain", a déclaré M. Bandaman."Nous nous inclinons devant sa mémoire".
Bernard Dadié est l'auteur d'une œuvre prolifique, dans laquelle il a abordé tous les genres littéraires: poésie, roman, chroniques, contes traditionnels et surtout théâtre.
Militant pour l'indépendance, il a été le ministre de la Culture de 1977 à 1986 du premier président ivoirien Felix Houphouët-Boigny.
Bernard Dadié est "un pionnier et un géant de la littérature africaine", avait déclaré en 2016 la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, en lui remettant le premier prix Jaime Torres Bodet.