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29 avril 2025
Economie
WOODSIDE ATTEND SON PREMIER BARIL EN 2023
La compagnie australienne, installée sur le site de Sangomar profond, déclare maintenir ses délais d’exploitation et affirme pouvoir réceptionner son premier baril en 2023, tel qu’elle l’avait prévu.
La compagnie australienne, installée sur le site de Sangomar profond, déclare maintenir ses délais d’exploitation et affirme pouvoir réceptionner son premier baril en 2023, tel qu’elle l’avait prévu.
Woodside attend son premier baril de pétrole du champ de Sangomar profond en 2023, à la période où elle l’avait programmé avant la pandémie de coronavirus. La compagnie australienne a ainsi officiellement pris le contrepied des déclarations du Président Macky Sall au journal Financial Times le 22 juin dernier. Le chef de l’Etat sénégalais, citant les problèmes financiers rencontrés par les compagnies pétrolières engagées dans le offshore sénégalais, avait avancé que ces dernières ont été obligées de revoir leurs ambitions à la baisse et de repousser leurs projets d’un an ou deux environ.
Woodside, de son côté, a déclaré dans un communiqué qu’elle avait pu maîtriser l’impact de la pandémie sur le déroulement du projet. Elle rappelle qu’elle avait, en janvier dernier, pu atteindre sa décision finale d’investissement pour produire 100 mille barils par jour sur le site de Sangomar profond.
La situation de Sangomar semble bien différente de celle de son partenaire, sa compatriote Far pretroleum. La chute des cours du baril entraînée par la crise du Covid-19 semble lui avoir porté un coup fatal dans ses ambitions ouest africaines. Elle semble avoir des difficultés à lever les 163 millions de dollars (environ 110 milliards de Cfa) dont elle a besoin pour continuer ses plans d’investissement.
A l’heure actuelle, comme dit il y a déjà quelques semaines, Far chercherait plutôt un acquéreur pour ses 15% de parts dans le projet Sangomar. Ce qui n’est pas le cas de Bp, dont les projets d’exploitation du gaz de Grand tortue ahmeyin (Gta), à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie, ont aussi été affectés par le coronavirus.
Projet phare pour l’exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal, le retard connu dans son processus a fortement frappé les esprits, et sans doute conduit le chef de l’Etat à déclarer que les grandes compagnies pétrolières connaissaient des problèmes financiers pour tenir leurs engagements.
LA BCEAO RELEVE UNE FORTE RECESSION DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE
A en croire les responsables de la Bceao, les mesures prises par les Etats dans le monde, pour limiter la propagation de la maladie, ont fortement perturbé les chaînes de production internationales, induisant une baisse de la demande en matières premières
Le Comité de Politique Monétaire (CPM)de la banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) a tenu, ce lundi, sa deuxième réunion ordinaire au titre de l'année 2020.A l’occasion le Gouverneur M. Tiémoko Meyliet KONE et ses collègues ont passé en revue les principales évolutions de la conjoncture économique internationale et régionale au cours de la période récente, ainsi que les facteurs de risque pouvant affecter les perspectives à moyen terme, l'inflation et la croissance économique de l'Union. Pour les membres du CPM, l’activité économique de la sous-région a connu une forte récession à cause de la pandémie.
A en croire les responsables de la Banque Centrale des Etats de Afrique de l’Ouest, les mesures prises par les Etats à travers le monde, pour limiter la propagation de la maladie, notamment les fermetures de frontières et les mesures de confinement, ont fortement perturbé les chaînes de production internationales, induisant une baisse de la demande en matières premières.
Dans un communiqué parvenu à L’AS, l’institution financière africaine dirigée par M. Tiémoko Meyliet KONE, Gouverneur de la Banque, révèle que l’activité économique a fortement ressenti des perturbations dans les chaînes de production, de distribution et de commercialisation, ainsi qu’une montée des incertitudes entourant les perspectives. Selon le Fonds Monétaire International, le taux de croissance de l'économie mondiale ressortirait de -3,0%en 2020 contre 2,9% en 2019. Et cela, indiquent-ils, montre l’ampleur de l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur l’activité économique mondiale. Au titre de la conjoncture interne, M. Koné et compagnie relèvent ainsi que l'activité économique a connu un fort ralentissement, car selon eux, le PIB de l'Union a progressé, en glissement annuel, de 3,3% au premier trimestre 2020, après les 6,5% un trimestre plus tôt. Ils soutiennent que cette décélération de l'activité économique est surtout imprimée par le secteur tertiaire dont, selon eux, la contribution à la croissance a baissé de moitié par rapport au trimestre précédent, reflétant ainsi les premiers impacts de la propagation de la pandémie notamment dans les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, des transports et du commerce. «Pour l'ensemble de l'année 2020, les prévisions réalisées par la Banque Centrale tablent sur un taux de croissance économique de l'Union de 2,6% contre une prévision initiale de 6,6% », précisent-ils dans le document.
Dans le même document, les membres du comité de renseigner que l'exécution des budgets dans les Etats membres de l'UEMOA a fortement ressenti, au premier trimestre 2020, les effets de la pandémie de la Covid-19.
En effet, signalent-ils, les Gouvernements ont engagé des plans de riposte qui se sont traduits par une baisse des recettes et une hausse des dépenses, entraînant une aggravation du déficit budgétaire. Et, pour eux, ce déficit budgétaire, base d’engagements, dons compris, ressortirait à 922,1 milliards ou 4,5 % du PIB à la fin mars 2020 contre 222,5 milliards ou 1,1% du PIB à la même période de l’année précédente.
A ces récessions, l’institution ajoute le taux d'intérêt moyen trimestriel des appels d'offres hebdomadaires d'injection de liquidités estimées à 2,69% contre 2,98% le trimestre précédent. le CPM de signaler en outre que ce taux se situe, depuis le mois d'avril 2020, à 2,50%, en liaison avec les injections de liquidité au taux fixe de 2,50%lancées par la Banque Centrale pour lutter contre les effets néfastes de la crise sanitaire.
S’agissant de la situation de l'inflation dans l'Union, le Comité a relevé en effet que le niveau général des prix à la consommation a augmenté durant le premier trimestre 2020. Et selon la même source, le taux d'inflation est ressorti à 1,2% après -0,6% un trimestre plus tôt. « Cette situation, signalent les membres du comité, est liée au rebond des prix des produits alimentaires.
A l'horizon de huit trimestres, prédisent-ils, le taux d'inflation se situerait à 2,2%, en glissement annuel, en ligne avec l'objectif de stabilité des prix poursuivi par la Banque Centrale.
BUHARI MET EN GARDE LES PAYS FRANCOPHONES CONTRE L'ECO-CFA
Le président nigérian a averti mardi que l’ambition pour la création de la monnaire régionale pourrait être « sérieusement menacée », à moins que les États membres ne respectent les processus convenus pour atteindre l’objectif collectif
Le président Muhammadu Buhari a averti mardi que l’ambition pour la création de la monnaire régionale ECO pourrait être « sérieusement menacée », à moins que les États membres ne respectent les processus convenus pour atteindre l’objectif collectif. Buhari s’est également déclaré préoccupé par la décision des pays francophones qui forment l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de remplacer le franc CFA par Eco avant le reste des États membres.
Buhari a fait, savoir la position du Nigeria sur la nouvelle monnaie régionale lors d’une réunion extraordinaire virtuelle de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la zone monétaire ouest-africaine (ZMAO). La réunion a discuté de la mise en œuvre du programme de coopération monétaire de la CEDEAO (EMCP) et de l’agenda de la monnaie unique de la CEDEAO. « »
Excellences, vous connaissez tous l’histoire de l’Eco jusqu’à présent, donc je ne vais pas vous ennuyer avec ça. Nous sommes revenus à une approche à voie unique, en faveur de l’ Eco qui est l’idée originale de la WAMZ pour que le programme à l’échelle de la CEDEAO puisse prospérer. «À cet égard, nous avons fait des progrès remarquables, notamment l’adoption du régime de change, le nom et le modèle de la Banque centrale commune et le symbole.
«Nous avons exhorté nos ministres à s’engager rapidement sur la voie du succès. Je suis donc dans l’embarras d’apprendre que la zone UEMOA souhaite désormais reprendre l’Eco en remplacement de son franc CFA avant le reste des États membres.
«Cela s’ajoute à l’écart de l’acte communautaire sur la réalisation cohérente de la convergence au cours des trois années précédant l’introduction de la monnaie et de nos directives de renforcement ultérieures.
«Je suis informé que les ministres des pays francophones ont approuvé un projet de loi de réforme du franc CFA et la plupart, sinon la totalité des États membres de l’UEMOA, ont déjà adopté des législations à cet effet dans leurs différents parlements.
« Il est inquiétant qu’un peuple avec lequel nous souhaitons adhérer à une union prenne ces mesures importantes sans nous faire en référer pour une discussion », a-t-il déclaré.
Le président Buhari, qui a assuré les dirigeants de la CEDEAO de l’engagement du Nigeria en faveur de la monnaie unique de la CEDEAO, les a exhortés à examiner de manière critique les recommandations formulées par le Conseil de convergence et à adopter une position commune pour protéger la zone monétaire ouest-africaine des pièges d’une union douteuse. Il a affirmé le soutien du Nigeria à une union monétaire dotée des fondements appropriés, qui garantissent la crédibilité, la durabilité et la prospérité et la souveraineté régionales globales.
Selon le président, le Nigéria estime également qu’étant donné les contractions potentielles et même les pertes de la pandémie mondiale de Covid-19, les États membres ne peuvent que faire preuve d’une trop grande prudence quant au respect des normes établies. «Nous ne pouvons pas nous ridiculiser en entrant dans une union pour se désintégrer, potentiellement au plus tôt lorsque nous y entrons. «Nous devons être clairs et sans équivoque sur notre position concernant ce processus. Nous devons également les communiquer efficacement au monde extérieur. Nous avons tous tellement misé sur ce projet pour laisser les choses à la simple convenance et à la commodité. «Mes chers collègues, chefs d’État et de gouvernement, Il est évident que nous sommes à la croisée des chemins. «Nous devons procéder avec prudence et respecter le processus convenu pour atteindre notre objectif collectif tout en nous traitant les uns les autres avec le plus grand respect. Sans cela, nos ambitions pour une Union monétaire stratégique en tant que bloc de la CEDEAO pourraient très bien être sérieusement menacées », a-t-il déclaré.
Compte tenu de la prudence exprimée par le Nigeria et certains autres pays d’Afrique de l’Ouest lors de la réunion, les dirigeants de la CEDEAO ont décidé de convoquer une réunion élargie du bloc régional sur la question de la monnaie unique.
LU BEES PAR RENÉ LAKE ET OUSSEYNOU NAR GUEYE
VIDEO
FAIDHERBE, MACKY, MACRON ET ANDREW JACKSON
EXCLUSIF SENEPLUS – Le délit d’offense au chef de l’Etat n’a pas de place en démocratie surtout quand il est appliqué à la tête du client – Faidherbe ici, Andrew Jackson là-bas, les symboles de l'oppression sont déboulonnés
Lu Bees, (Quoi de neuf ?) avec René Lake à Washington et Ousseynou Nar Gueye à Dakar.
De Dakar, notre éditorialiste pointe cette "arme nucléaire", inutilisable de ce fait même, que sont les poursuites pour délit d'offense au chef de l'État, à la lumière de celles classées sans suite et qui ont fait "pschit" contre le commissaire à la retraite Boubacar Sadio, après sa lettre ouverte incendiaire à l'endroit de Macky Sall. Il analyse aussi le traitement à la tête du client réservé aux contempteurs de président.
De Washington, René Lake observe que le mouvement Black Lives Matters ne fléchit pas, et gagne la planète entière, dans une revendication antiraciste mondialisée qui refuse désormais jusqu'aux symboles célébrant les racistes d'hier. Même la statue d'un président américain, Andrew Jackson (1829-1837), est en voie d'être déboulonnée de son piédestal un peu partout aux USA.
Et dans cette guerre de la symbolique, les demi-dieux de tous les sport ne sont pas en reste et s'illustrent en mettant le genou à terre en hommage à George Floyd, sans plus désormais encourir les foudres de leurs ligues.
Lu Bees est un partenariat audiovisuel entre Seneplus et Tract.sn. La réalisation et le montage de votre talk hebdomadaire du mercredi sont assurés par Boubacar Badji.
par Bandiougou Konaté
IL FAUT DÉMINER LA CASAMANCE, AU SENS PROPRE COMME AU FIGURÉ
Avec l’accélération du processus de réintégration des populations déplacées en Casamance, l'Etat entend refermer le chapitre le plus sombre de son histoire postcoloniale. Mais ne place-t-il pas la charrue avant les bœufs ?
Le Sénégal méridional a enregistré, en ce mois de juin, une série d’accidents causés par des mines antichars. L’un d’eux a même coûté la vie à deux Jambaar (soldats sénégalais), à Bissine, dans le département de Ziguinchor. Ces incidents coïncident avec la décision des autorités sénégalaises de repeupler les villages laissés à l’abandon par leurs habitants dans les années 1990, au plus fort d’un conflit quasi-larvé de basse intensité qui perdure depuis décembre 1982.
Le MFDC [Mouvement des forces démocratiques de Casamance] apparaît plus que jamais structurellement affaibli. Ses chefs historiques, Sidi Badji, fondateur de l’aile militaire Atika et Diamacoune Senghor, premier secrétaire général, sont décédés. Son unité stratégique et politique en lambeaux, son discours et ses thèmes mobilisateurs sont de moins en moins audibles auprès d’une jeunesse qui a cédé aux sirènes de la migration irrégulière.
La saignée migratoire, observée dans toute la Casamance, est symbolique de la mutation de cette région qui ne disposait pas d’une véritable tradition de mobilité internationale, contrairement à la vallée du fleuve, au Sénégal oriental, et depuis le tournant de la décennie 1980 – 1990, au bassin arachidier.
Rébellion et micro-agressions
Pour autant, la capacité de nuisance du MFDC n’est pas définitivement annihilée. Jean-Claude Marut, l’un des meilleurs spécialistes du conflit, n’a certainement pas tort d’affirmer : « Le rapport de force entre l’État et le MFDC a évolué de telle manière que toute action militaire de la rébellion ne peut pas aller très loin […] Mais les rebelles sont tout de même assez armés pour pouvoir mener des opérations symboliques. »
Ces dernières années, les différentes factions du mouvement se rendirent responsables « d’opérations symboliques » sur des cibles militaires, humanitaires et civiles. Si les tueries de Diagnon en novembre 2011 et de Boffa-Bayotte en janvier 2018 cristallisent toutes les attentions et rappellent les heures sombres du conflit, elles sont loin d’épuiser la micro-virulence des groupes armés casamançais : démineurs et coupeurs de bois enlevés ou lynchés, banditisme sur les axes routiers, etc.
Des opérations inopinées, décousues et erratiques, tel semble le destin auquel est désormais réduit le MFDC, à mille lieues de ses coups d’éclat comme à Babonda et Mandina Mancagne, respectivement en 1995 et 1997.
Le déminage, un besoin urgent
Inciter les populations à un retour dans leur contrée d’origine est une excellence nouvelle a priori. Cela favorisera l’éclosion d’une économie locale et mettra un terme à près de trente ans, pour certains, d’instabilité sociale et d’errance dans des pôles sécurisés comme Goudomp, Adéane, les périphéries de Ziguinchor, voire en Guinée-Bissau et en Gambie. Toutefois, la multiplicité des incidents récents – trois en l’espace de dix jours – a de quoi inquiéter et laisse présumer que le travail en amont n’a pas été rondement mené.
Dès lors qu’une sécurisation complète des zones n’a pas été effectuée à quoi bon précipiter le retour des populations ? S’agit-il de faire passer le Sénégal aux yeux des partenaires et investisseurs étrangers comme un îlot de paix dans un océan d’instabilité ? Toutes ces hypothèses sont valablement envisageables.
Une chose est urgente : le déminage doit impérativement reprendre. Le retour réussi des populations fera incontestablement des émules, mais l’échec de leur intégration ne ferait que compromettre les efforts jusqu’ici consentis pour en finir avec le conflit.
ONG ET SOCIÉTÉ CIVILE, UNE RIPOSTE AU COVID-19 À LA HAUTEUR ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment la société civile est-elle aidée sur le terrain ? Quel soutien aux minorités et personnes vulnérables, dont les prisonniers et les enfants talibés en cette période épidémique ?
Ce numéro de "Tract...et Plus" reçoit Ibrahima Aïdara, directeur adjoint de l'ONG Osiwa, active dans la sous-région ouest-africaine et dont le siège est à Dakar pour évoquer la riposte au Covid-19 de son ONG et plus généralement de la société civile. L'investissement dans la réponse à la pandémie n'est-elle pas faite au détriment du soutien aux programmes traditionnels d'intervention en faveur des organisations (associations, médias) ?
L'honorable Soukeyna Ndiaye Bâ, ex-ministre connue pour son implication dans la microfinance, est l'invité éditorialiste de l'émission. Les débatteurs abordent aussi le serpent de mer de la question récurrente du retrait de la rue des enfants dit talibés.
"Tract...et Plus", une émission en partenariat entre SenePlus et Tract.sn. Réalisation et montage par Boubacar Badji.
L’UNACOIS/YEESSAL PLAIDE POUR LA RESTITUTION DES CONTENEURS SAISIS
Quelque 40 tonnes de sachets plastiques équivalant à une valeur de 120 millions F Cfa et 156 conteneurs de plastiques dédouanés, d’une valeur de 5,5 milliards. ont été saisis par la douane sénégalaise
L’interdiction des produits plastiques conformément à la loi depuis le 20 avril 2020, n’agrée pas les membres de l’Unacois/Yeessal. Ces derniers, en raison de la pandémie de la covid-19 et de ses effets induits, demandent l’arrêt des saisines actuelles et la libération des stocks dédouanés.
Quelque 40 tonnes de sachets plastiques équivalant à une valeur de 120 millions F Cfa et 156 conteneurs de plastiques dédouanés, d’une valeur de 5,5 milliards. Tels sont les volumes et les valeurs des saisies cumulées des douanes sénégalaises dans tout le Sénégal, selon l’Union nationale des associations de commerçants, operateurs et investisseurs du Sénégal (Unacois/Yeessal).
A l’occasion d’une conférence de presse, le groupement a sollicité l’arrêt des saisies de sachets plastiques opérées actuellement, tout en plaidant, la restitution des stocks confisqués. Pourtant, à la décharge des douaniers, à la date du 20 avril est entrée en vigueur, la loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques qui interdit les produits plastiques à usage unique comme les gobelets, couvercles, pipettes et tous sachets destinés à être utilisés pour conditionner l’eau ou toute autre boisson. Malheureusement, la covid-19 n’a pas facilité son exécution.
Au point que dans ce contexte de tension économique, des mesures d’assouplissement ont été décidées par le ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature, a rappelé l’Unacois/Yeessal.
Par ailleurs, l’Uncaois/Yeessal dit ne pas ignorer, «l’ampleur des dégâts de l’utilisation de ces emballages dans l’environnement. Qu’il s’agisse du bétail, du sol, de la faune, de la flore et du milieu marin.» Par conséquent,l’Unacois/Yeessal se dit prête à accompagner l’Etat dans la mise en œuvre de cette loi sur toute l’étendue du territoire dans le strict respect conventions de Bâle, de Rotterdam et de Stockholm.
Toutefois relativement à la situation installée par la covid-19, l’Unacois/Yeessal dit initier des démarches au rang desquelles, une déclaration de presse à la date du 9 mai, puis l’envoi de courrier au ministre le 12 mai. A cela s’ajoutent de nombreux échanges, qu’elle a tenus avec les services du ministère de l’Environnement et du Développement durable pour éviter que l’application stricte de cette loi, ne soit préjudiciable à tous les acteurs de la filière.
Cheikh Cissé et ses collègues, à cause des dégâts provoqués par la pandémie trouvent anormal d’opérer des saisies de produits de cette valeur déjà importés et dédouanés au même moment, l’on parle de résilience et de relance de notre économie. Afin de s’inscrire effectivement dans cette perspective de résilience et de relance économique, l’Unacois/Yeessal appelle de ses vœux à l’intervention personnelle du Président de la République Macky Sall.
AIR SENEGAL REBROUSSE CHEMIN POUR LES BEAUX YEUX D'UNE GABONAISE
La compagnie Air Sénégal dirigée par Ibrahima Kane avec comme président du conseil d'administration Souleymane Ndéné Ndiaye, a-t-elle déjà du plomb dans l'aile ?
La compagnie Air Sénégal dirigée par Ibrahima Kane avec comme Président du conseil d'administration Souleymane Ndéné Ndiaye, a-t-elle déjà du plomb dans l'aile? Jugez-en plutôt par cette scène cocasse survenue à Douala vendredi dernier 19 juin 2020.
Ce jour-là, on a frôlé l'incident diplomatique sur fond de «cas suspect de coronavirus» «pour les beaux yeux d’une Gabonaise». Au départ de la capitale économique camerounaise, un vol de Air Sénégal avec à son bord des compatriotes bloqués depuis des mois a embarqué «un cas suspect de covid-19» à destination du Gabon.
Les langues commencent à se délier sur le vol de Air Sénégal parti pour ramener les Sénégalais bloqués depuis près de quatre mois au pays de Paul Biya du fait de la fermeture des frontières aériennes à cause du coronavirus.
Selon des sources concordantes, ce jour-là, l’avion de la compagnie nationale sénégalaise qui avait rempli toutes les formalités, effectuait son roulage comme on dit dans le jargon de l'aviation, pour faire cap sur Libreville au Gabon. Mais les passagers et les membres d’équipage auront la surprise de leur vie de voir l'appareil appelé à faire demi-tour pour embarquer une passagère retardataire, fille d’une haute personnalité du Gabon où l’avion devait transiter.
Un témoin de cette scène surréaliste dans les annales de l’avion civile soumise à des règles strictes, jure la main sur le cœur que les Gabonais ont menacé de ne pas autoriser l’avion de Air Sénégal à faire escale à Libreville si la fille de cette personnalité gabonaise était laissée en rade à Douala.
Les passagers et les membres d’équipage ne sont pas au bout de leur peine, car il se susurre que «l’intruse» qui a squatté de force l’avion de Air Sénégal manifestait des signes d’une porteuse du coronavirus quoique aucune source médicale n’ait confirmé ou contesté l’information. Sans doute, se sont-ils basés sur le relevé de température à l’aide d’un thermo flash au moment de l’embarquement.
Dans le cadre du rapatriement des Sénégalais de la diaspora bloqués à l’extérieur, sur instruction du Président de la République des vols de Air Sénégal sont allés un peu partout pour ramener nos compatriotes.
Le ministère des Transports aériens et du Tourisme, sur la base de la requête du ministère des Affaires Etrangères, approuvée par le ministère de la Santé et de l’Action Sociale, a autorisé ces vols de rapatriement.
P.S : Nous avons tenté vainement d'avoir la version de Ibrahima Kane, Directeur Général de Air Sénégal. Après trois tentatives d'appel sur son portable à 22 h 00, 22 h 02 et 22 h17, voici la réponse qu'il a servie. "Bonsoir Je ne peux pas vous répondre. Veillez m'envoyer un message svp".(22h 21) et il enchaîne quelques minutes plus tard par un message quelque peu obscur: "Pour ce type de questionnement, merci de vous adresser à Mme Diène +22176639..."(22h 27) Et à la question qui est Mme Diène, il ne répond même pas par un seul mot.
Par Calame
DÉBOULONNER L'ALIENATION DE NOS TÊTES
Déboulonner les suppôts de la colonisation, c’est plutôt les extirper de nos têtes et à la place, y réinjecter de la fierté. Celle qui vous étreint à force de voir le continent se construire en comptant sur ses propres forces
«Faudrait-il ou non déboulonner la statue de Faidherbe ?" Comme pour faire écho à ce qu'il se passe en ce moment dans quelques parties du monde où l’on fracasse et met à terre des statues de suppôts du racisme, pour célébrer une humanité autre qu'on conjure d'advenir. L’interrogation revient ainsi de plus belle, même si depuis bientôt 3 ans, tombée de sa stèle, du fait de l’usure du temps et de la négligence des administrateurs, la statue de Faidherbe a disparu du paysage saint-louisien. Mais qu’importe !
S’inscrivant dans la dynamique mémorielle en cours, le débat se décline ici au Sénégal sous l’urgence de se débarrasser de tout ce qui rappelle les moments douloureux du colonialisme. Seulement, en se focalisant sur de tels actes ne serions-nous pas tentés, toutes griffes dehors, de fondre sur l'ombre et d’oublier la proie ? Cette proie qui, comme un virus, se trouve logée dans nos cervelles qu’elle infecte patiemment, méthodiquement, y distillant sournoisement les éléments susceptibles de les tenir sous son contrôle. Et au bout du compte, cela laisse des traces, façonne les imaginaires, sédimente des préjugés mortifères et débouche sur une nouvelle dialectique du colonisateur et du colonisé.
Les chaines matérielles désormais défaites sont ainsi remplacées par celles immatérielles à travers un processus d’aliénation subtile et perverse. Celle qui fait équivaloir et accepter que la pauvreté, la précarité se déclinent en noir ; la richesse et le mieux-être en blanc. Jeunes étudiants en France dans les années 70, il nous revient la sidération d’un compatriote qui voyant pour la première fois un blanc faire la manche dans la rue parisienne, s’était retrouvé complétement bouleversé devant un tel spectacle. Comme si le ciel lui était tombé sur la tête, il prenait soudainement conscience d’avoir intériorisé un complexe d’infériorité qui le faisait s’inscrire dans un double rapport de fascination et de soumission. Ce qu’avait très tôt compris l’ancien champion du monde de boxe, feu Cassius Clay alias Mohammed Ali et qu’il s’employait à déconstruire. Ainsi se remémorait-il, pour le déplorer, qu’enfant on lui faisait croire que « tout ce qui est beau est blanc ». Il se souvenait avoir demandé à sa maman « pourquoi le chat noir est-il de mauvais augure ?».
De même s’était-il offusqué de voir que Tarzan , le roi de la jungle africaine, était blanc. Ahurissant non, ce processus de dépréciation voire d’aliénation qui est loin de connaître son épilogue, ne serait-ce qu’au regard du phénomène de « blanchisation » encouragé par d’énormes panneaux publicitaires. Et puis, qui ne se souvient de la période de protestation sulfureuse de Mobutu Sese Seko, débaptisant son pays le Congo devenu Zaïre, jetant dans les eaux du fleuve les noms aux consonances allogènes pour les remplacer par des sonorités endogènes. Fini les costumes, la cravate et autres tenues occidentales. Vive l‘abacost et la taille basse. Mais il a fallu vite déchanter.
Embarqué dans une quête d’authenticité inessentielle, la gouvernance de Mobutu était dans les faits soumise à la coupe réglée de l’occident , à la déliquescence, la corruption et les abus de pouvoir de sa classe dirigeante, au détriment de la grande majorité des populations privées de liberté et de pitance, confrontées à la précarité et à l’indigence. Parce qu’on ne peut se satisfaire de ces mesures cosmétiques, il importe de s’en départir pour faire face à la réalité.
Dans ses entretiens avec Françoise Vergès publiés dans l’ouvrage «Nègre je suis, nègre je resterai», l’immense Aimé Césaire fait observer : «la colonisation a une très grande responsabilité : c’est la cause originelle. Mais ce n’est pas la seule, parce que s’il y a eu colonisation, cela signifie que des faiblesses africaines ont permis l’arrivée des Européens, leur établissement». Voilà qui impose un distinguo entre ce qui relève de «faire l’histoire» et «faire de l’histoire». Et cette histoire de la colonisation a été faite par les envahisseurs, les collaborateurs et les résistants».
De même, celle de l’esclavage a été faite par les vendeurs d’esclaves étrangers et locaux et par la farouche résistance. Il reste maintenant à surmonter ce moment dramatique (conserver et dépasser) en assumant ces diverses facettes. Déboulonner les suppôts de la colonisation, c’est plutôt les extirper de nos têtes et à la place, y réinjecter de la fierté. Celle qui vous étreint à force de voir le continent se construire en comptant sur ses propres forces, en mettant l’intérêt des populations les plus fragiles au-dessus de tout. Le déficit de fierté est tellement criant sous nos cieux qu’on s’accroche au moindre frémissement comme un ballon d’oxygène. Tellement on étouffe dans un espace où règne la gabegie , où la politique est perçue comme une opportunité pour se servir et non pour servir.
Et pourtant, la soif d’excellence est plus que jamais présente comme on peut une fois de plus le constater. A travers la gestion de la pandémie du Covid-19, elle s’est ainsi exprimée à travers l’engouement suscité par l’ingéniosité, la créativité de nos compatriotes, pour concevoir des masques, proposer des prototypes de respirateurs. Une soif d’excellence qui est telle qu’on était disposé à «sénégaliser» le Pr Didier Raoult, infectiologue et professeur émérite à Marseille, pour être né à l’hôpital Principal de Dakar. Genre «si vous n’en voulez pas en France, on le prend». Pressant, seul le besoin d’identification compte. L’urgence de se reconnaitre dans des héros, sortes de modèles qui tournent le dos aux multiplicateurs de faux billets, aux spéculateurs fonciers et autres faux dévots. Ce n’est pas pour rien que Thomas Sankara, 33 ans après sa mort, continue de faire l’actualité de nos espérances.
Comme un amour d’Afrique, en donnant l’exemple de l’intégrité, de l’indépendance économique à travers son style de vie spartiate, son refus de l’ostentation, sa volonté d’encourager à produire et à consommer local. Cette nostalgie est encore prégnante parce qu’aujourd’hui plus qu’hier, les élites politiques, dans leur écrasante majorité semblent plus intéressées par la gestion patrimoniale et clanique des ressources collectives.
Et pourtant avait prévenu Camus, «une nation meurt parce que ses élites fondent» car précisément, à l’instar du poisson, «un pays s’effondre lorsqu’il pourrit par la tête». C’est dire l’immensité du combat à mener car, au-delà de déboulonner Faidherbe, il s’agit en définitive de déboulonner de nos têtes le virus qui nous fait privilégier «la natte des autres» au lieu de tresser la nôtre propre. Après tout, prévient l’écrivain guinéen Thierno Monenembo : «Ce n’est pas en haïssant l’Autre que nous allons nous libérer, mais en reprenant conscience de notre valeur historique et culturelle».
LA MACHINE ECONOMIQUE EST GRIPPEE
Mamour Cissé, cet homme à l'allure de dandy, est opérateur économique avant d'être un homme politique. Le leader du Parti social-démocrate (Psd/Jant-bi) est propriétaire du centre commercial El Malick et de l'eau minérale "Plaisir".
Mamour Cissé, cet homme à l'allure de dandy, est opérateur économique avant d'être un homme politique. Le leader du Parti social-démocrate (Psd/Jant-bi) est propriétaire du centre commercial El Malick et de l'eau minérale "Plaisir". Très tôt orphelin de père, il abrège ses études à 15 ans pour subir une formation professionnelle sanctionnée par un diplôme en comptabilité deux ans plus tard. Il décroche son premier emploi à Afco et y restera trois ans. En 1980, il s’envole pour la France afin d’y parfaire ses études en gestion. Depuis, il a blanchi sous le harnais. Naturellement, il nous parle de la covid-19 et du secteur privé national.
Des voix s'élèvent pour réclamer le retour du poste de Premier ministre pour coordonner la riposte contre la covid19. En tant qu'ancien ministre d'État, directeur de cabinet du Président Wade, qu'en pensez-vous ?
A cause des fonctions que vous venez de mentionner me concernant, je ne peux rien y penser puisque celles-ci me dictent une obligation de réserve et une retenue m’interdisant de m’introduire dans le domaine réservé du chef de l’Etat. Il a le pouvoir discrétionnaire non seulement de définir la politique de la Nation mais aussi et surtout de nommer aux emplois civils et militaires. L’un dans l’autre, il lui revient à lui, et à lui tout seul, de juger de l’opportunité de tenir seul le gouvernail ou de choisir quelqu’un qui va l’aider dans sa tâche de conduire cette politique de la Nation en coordonnant l’activité gouvernementale. Cette dernière option était la pratique qui prévalait jusqu’en 2019, année où le président de la République, qui venait d’être réélu pour un deuxième mandat, a décidé de supprimer le poste de Premier ministre pour des raisons qui lui sont propres. Et c’est de son ressort, une fois que le Parlement a accepté de voter la Loi. A présent, qui nous dit que les raisons objectives qui avaient fondé le chef de l’Etat à supprimer le poste de Premier ministre se sont évaporées.
Quid de la riposte au coronavirus ?
Quant à la riposte à la covid-19 ou coronavirus, le Président Macky Sall a très tôt et vite bien compris que ce n’est pas l’affaire d’un homme mais d’une équipe. Cette équipe composée d’experts éprouvés et avisés existe et s’est mise en bleu de chauffe depuis le 2 mars, date d’apparition du premier cas au Sénégal. Et cette équipe a un coordonnateur en la personne du ministre de la Santé et de l’Action sociale qui s’acquitte, à mon avis, très bien de sa mission. Toutefois, compte tenu de la gravité de la crise sanitaire, il faut se faire à l’idée que le ministre de la Santé doit régulièrement rendre compte de l’évolution de la situation au chef de l’Etat qui de ce fait est le premier coordonnateur de la riposte, et dès lors niveau ne peut être plus rassurant que le sien.
Au regard du nombre de cas à Dakar et Touba, ne faut-il pas confiner ces deux villes?
Il est vrai que ces deux localités que vous citez se trouvent dans une situation alarmante. En effet, sur les 5888 cas positifs enregistrés au Sénégal à la date du 21 juin, plus de 4000 sont détectés à Dakar et plus de 470 à Touba. Les quatre districts sanitaires de la ville de Dakar, qui sont tous passés à plus de 775 testés positifs, caracolent en tête en termes de nombre élevé de cas. A eux quatre, ils totalisent plus de 3000 cas positifs. Quant à Touba, en effet, on y relève aussi un nombre élevé de cas puisqu’on y est à plus de 470. Tout ceci ne peut manquer d’interpeller les consciences. Ce d’autant comme nous le savons, nous comptons à ce jour 84 décès enregistrés depuis le 2 mars 2020. En comparaison avec des pays, dans la même période, comme l’Afrique du Sud avec 87 715 cas, l’Egypte 52 211 le Nigeria 19 147, le Ghana 13 203, l'Algérie 11 504, le Cameroun 11 281 et le Maroc 9 801, nous nous devons de rendre grâce à Dieu. Il reste qu’il faut se rendre à l’évidence pour ce qui est des postulats relatifs à cette maladie qui sévit chez nous. Le premier postulat est que cette maladie existe et est bien là chez nous, ceci en dépit des négations de quelques incrédules irresponsables. Ensuite la maladie se propage vite et s’étend actuellement partout au Sénégal au point que les quatorze régions du pays sont toutes touchées. Enfin, la maladie tue : nous en sommes en trois mois et demi à 84 morts. A partir de ces données tangibles, il convient de considérer la situation avec plus de responsabilité, vigilance et rigueur. C’est vrai que nos personnels soignants se démènent pour contenir la maladie et limiter ses dégâts chez nous. Ils le font avec dévouement, abnégation et même avec un remarquable esprit de sacrifice, eux qui sont en première ligne. Mais ils agissent avec les moyens du bord car il n’existe pas encore de vaccin ou de traitement éprouvé et mondialement homologué, ce qui en soi constitue un autre postulat. C’est dire les prouesses que sont en train d’accomplir nos infectiologues, infirmiers et aides-soignants dans nos structures sanitaires de plus en plus bondées.
Ces personnels, il faut les aider dans leur lutte pour faire reculer et disparaître la maladie au Sénégal. Comment ?
En assimilant d’abord ces postulats que je viens d’évoquer ; ensuite en observant rigoureusement les gestes-barrières, surtout le port du masque et la distanciation physique : aucune légèreté ne devrait être notée dans le respect de ces règles ; enfin demeurer vigilant à chaque instant et réduire les déplacements pour de strictes nécessités. C’est ainsi que vous pouvez répondre plutôt que de confiner les gens à Dakar et Touba. Il faut déclencher à nouveau une puissante, dynamique campagne de sensibilisation, notamment e niveau communautaire, particulièrement dans les communes avec l’appui des ASC. Malheureusement avec l’allégement du couvre-feu et la levée de l’interdiction du trafic interurbain, beaucoup de gens ont perçu tout cela comme une ode à la permissivité et ne prennent plus garde au risque de contaminer d’autres gens du fait de leur seule irresponsabilité. C’est pourquoi, sans cruauté inutile mais sans faiblesse coupable, les autorités doivent veiller avec vigueur à ce que les règles les plus élémentaires qui peuvent être salutaires soient constamment observées jusqu’à ce que le mal se dissipe. Les besoins de survie qui taraudent l’esprit de pas mal de ménages et les difficultés économiques et financières du moment militent contre le confinement dont vous parlez. Une telle mesure signifierait accentuer la tension sociale latente, qui couve. Il ne faut donc pas attiser les braises.
Mais que faire alors devant les récalcitrants et ces incrédules irresponsables dont vous parliez tantôt ?
Mais c’est à l’Etat d’assumer ses responsabilités en faisant comprendre à ceux-là, que s’ils ont le droit de ne pas croire à la réalité de la maladie, ils n’ont pas pour autant celui de la passer à d’autres par contamination. Il y a forcément un moment où il faudra de l’intransigeance puisqu’il s’agit de la vie des gens et la survie d’une Nation, la nôtre. Il y a le libre arbitre que l’on ne doit pas dissimuler derrière la fatalité. C’est trop facile.
Jusqu'ici les prévisions alarmistes contre l'Afrique ne se sont pas réalisées. Comment l'expliquez-vous?
Il faut le dire et le saluer, beaucoup d’Etats africains ont été proactifs dès les premières alertes venues de Chine ensuite d’Europe où la maladie s’est répandue très vite. Ils ont donc pu voir venir. En dépit de la fragilité des systèmes de santé dans la plupart des pays africains et la modicité ou l’inexistence de moyens matériels et hospitaliers, les experts africains en santé, généralement très compétents, ont su faire preuve d’imagination, de courage et d’engagement exemplaire pour contenir la maladie comme c’est le cas au Sénégal. Pour l’heure, les prévisions alarmistes des Nations unies et de l’OMS ne se sont pas concrétisées en Afrique. Pour autant, il n’existe non plus à l’heure actuelle aucun motif qui doive prêter à la jubilation. Bien au contraire, nos Etats doivent redoubler de vigilance et s’ingénier à dégager des fonds conséquents destinés à la lutte contre la pandémie afin de la maintenir à un niveau encore supportable en attendant d’obtenir le traitement ou le vaccin permettant son éradication. Dans le même temps, je le répète, il faudra accentuer les campagnes de sensibilisation pour l’adoption généralisée et régulière des gestes-barrières sinon les prévisions risquent de s’avérer exactes dans un proche avenir.
Tous les pays se préparent à l'après covid. Au Sénégal, la croissance sera de moins de 3%. Quelles seront les conséquences d'une telle crise économique ?
Il est bien vrai que le président de la République, le 3 avril dernier, lors de son traditionnel message à la Nation à l’occasion de la célébration de la date d’indépendance, a clairement indiqué que la croissance économique du Sénégal a été brusquement freinée et passera de 6,8% à moins de 3%. Imaginez, sans verser dans l’apocalyptique, ce que va être la situation économique et sociale du Sénégal avec ce taux de moins 3%, taux au demeurant estimé à 1% en Afrique dans les années qui viennent. Malgré un taux d’un peu plus de 6 % régulièrement enregistré ces six dernières années avec un dynamisme économique incontestablement porté par des investissements publics hardis, l’amélioration de l’environnement des affaires et la mise en œuvre du Pse, de nombreuses entreprises ont néanmoins fermé. Pis, le chômage est resté endémique, des ménages ont été gagnés par la pauvreté tandis que l’Etat croule sous le poids de ses dettes intérieures et extérieures et affiche un taux d’endettement bien élevé même s’il n’a pas encore franchi la limite retenue par l’UEMOA. Le déficit budgétaire a du mal jusqu’ici à être résorbé même si des améliorations y sont apportées tout comme pour la maîtrise de l’inflation. C’est dans ce contexte qu’est survenue dans le monde entier la pandémie liée à la covid-19 balayant tout sur son passage, déréglant l’économie mondiale et donnant chez nous un sérieux coup d’arrêt aux politiques jusqu’ici engagées dans le cadre de ce Pse.
Avec quelles conséquences ?
Il faut comprendre que si l’activité économique est en cessation ou au ralenti comme cela a été un peu partout le cas de mars à fin mai, la productivité est affectée provoquant un manque à gagner pour les entreprises en termes de retour sur investissements ou bénéfices ainsi que pour l’Etat en termes de recettes douanières et fiscales. A cause de ces manques, les entreprises n’investissent et n’embauchent pas tandis que l’Etat a du mal à s’acquitter des nécessaires investissements pour les infrastructures socio-économiques de base, financer la santé et l’éducation, soutenir davantage les personnes vulnérables, apurer la dette intérieure et consolider les voies d’un développement économique et social harmonieux. De ce fait, la machine économique qui est un tout est grippée avec ses conséquences sociales relatives à l’insertion retardée des jeunes diplômés en quête d’emploi ou d’expérience professionnelle par un stage. Si nous avons connu de sérieuses difficultés à des taux à plus de 6% l’an, vous pensez bien que ce sera autrement plus difficile avec un taux de croissance de moins de 3%. Ce sera d’autant plus difficile que, comme jamais, il nous faudra davantage compter sur et avec nous-mêmes. La coopération bilatérale comme multilatérale, également plombée par la crise sanitaire risque de se rétrécir considérablement comme peu de chagrin. Tout ceci, conjugué avec les méfaits du virus dans l’activité de la diaspora privant ainsi les pays d’origine de flux financiers, la fermeture des frontières pendant des mois donnant un coup d’arrêt au tourisme du reste déserté à cause de la pandémie, le dérèglement de la chaîne d’approvisionnement mondial, ne peut qu’être annonciateur de lendemains économiques et sociaux moroses.
N’est-ce pas réaliste de la part du Président Macky Sall d’anticiper en annonçant la couleur si tôt ?
En annonçant cette baisse à moins de 3% du taux de croissance au Sénégal, le chef de l’Etat a voulu sans doute marquer les esprits et inciter d’ores et déjà à une prise de conscience de tous pour qu’ensemble nous dessinions les contours d’un Sénégal d’après coronavirus. Ceci passera forcément par la solidarité à tous les niveaux, par le sens du sacrifice, par la réduction du train de vie de l’Etat et les fortes compressions des dépenses de fonctionnement. Il faudra aussi inciter davantage les jeunes à plus d’imagination, de créativité et d’initiative. Tout comme les chefs d’entreprise également. Dans les mois et années qui viennent le sens de cerner les priorités connaîtra toute sa valeur parce que c’est à cela que tout le monde sera confronté, pays, Etats, entreprises comme ménages et individus. Il faudra savoir déterminer ce qui est prioritaire et ce qui ne l’est pas. Il dépendra de nous tous pour que l’après-coronavirus soit une réussite ou un échec. C’est en quoi le Programme de résilience économique et sociale mis en place en mars dernier par le Président Macky Sall peut servir de laboratoire d’expérimentation en vue du saut vers l’après-covid-19. Il lui faudra convaincre pour ce qui est de sa bonne mise en œuvre et de son efficience.
Acteur politique, homme d’affaires, vous êtes sur pas mal de fronts. Peut-on savoir si M.Cissé a un ou des modèles, des références.
A dire vrai, mon modèle à tous points de vue, c’est mon père qui, toute sa vie durant, s’est toujours mis au service des plus humbles, un grand homme, travailleur, de vertu et de générosité qui n’a jamais voulu s’impliquer en politique malgré des invites incessantes de son ami, Me Lamine Guéye. Bien sûr, il y a des hommes publics qui m’ont aussi marqué. Ce sont, pêle-mêle :Cheikh Anta Diop, ce prodigieux intellectuel africain, le chantre de l’antériorité de la civilisation noire qui est au cœur de nos pensées en ces temps de racisme ambiant contre les noirs dans le monde ; le Président Mamadou Dia, un grand patriote, un économiste clairvoyant qui aurait pu faire énormément pour notre pays mais que le colonialisme a brisé ; Me Abdoulaye Wade, un autre panafricaniste, un bâtisseur et un homme d’une générosité proverbiale ; Mamoudou Touré, ancien ministre de l’Economie et des Finances du Sénégal à qui notre pays doit l’essor de sa minoterie, secteur qu’il a su promouvoir par une déprotection courageuse. Tous ces hommes sont des références en matière de nationalisme lucide et courageux, rempart contre la destruction de nos valeurs et le pillage de nos ressources.
À votre avis le secteur privé national sénégalais est-il marginalisé par l'Etat?
Il est effectivement marginalisé et cet état de fait semble s’accentuer. Les sociétés étrangères accaparent tout, investissent vite du fait des commodités et autres avantages offerts par le Sénégal, amortissent en peu de temps leurs investissements avec des prix élevés de leurs produits ou services et plient bagages pour nous laisser accomplir nous nationaux la tâche de Sisyphe, c’est à dire l’éternel recommencement de la construction de notre économie. Et pourtant quand les marchés se présentent, l’Etat oublie les nationaux dans le privé. Pourtant nombreux sont parmi ces derniers qui sont dans la logique du patriotisme économique consistant, en contrepartie des avantages consentis par l’Etat en termes d'assouplissement des relations du travail avec un peu plus de flexibilité et de diminution raisonnable des impôts et taxes, à se plier en quatre pour faciliter au moins l’accès à un premier emploi aux jeunes ou à une formation en entreprise. L’Etat du Sénégal n’aurait-il pas compris tout ceci ? La promotion réelle et soutenue du privé national dans le circuit de production participe d‘une trilogie qui doit guider à chaque instant l’Etat. Ce sont des entreprises viables qui créent la richesse et l’emploi; de la sorte, elles sont en mesure de verser davantage de recettes fiscales à l’Etat qui encaisse par ailleurs des impôts sur le revenu des travailleurs qui, du fait de leur pouvoir d’achat décent, consomment plus et boostent la demande et donc la relance économique. Ceci, seul le privé national est en mesure de le susciter durablement et d’accompagner comme il se doit l’Etat dans la réalisation de ses projets économiques et sociaux. C’est en fait le privé national qui est le véritable acteur de l’Emergence au Sénégal. C’est cela qu’il faut comprendre et si c’est bien compris, alors le Sénégal connaîtra des lendemains meilleurs. Ce qui se passe avec l’Autoroute à péage doit inciter tout le monde à une introspection patriotique profonde afin que nous dégagions les voies et moyens qui nous permettront ici au Sénégal d’impliquer des entrepreneurs sénégalais dans des ouvrages lourds tels que les ponts, les autoroutes modernes ou dans des services stratégiques tels que le satellitaire, les télécommunications, etc. Il convient de dire cependant que le secteur privé national ne réglera le problème de sa marginalisation que s'il fait preuve d’imagination et d’esprit de regroupement pour tendre vers la mise sur pied de solides consortiums. Mais tout cela sera vain si nous ne nous efforçons pas en plus de doter notre pays, par des ressources fortes mobilisées par des privés entreprenants, d’instruments financiers capables d’accompagner et d'aider au développement de l’initiative privée nationale. Il nous faut des banques privées nationales capables de venir en aide aux entreprises nationales. Cela aussi est l’affaire des nationaux qui doivent en prendre conscience.