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1 mai 2025
International
par Jean-Baptiste Placca
TCHAD, VAINCRE OU NÉGOCIER
Afin que la lutte contre les rébellions ne devienne un fonds de commerce, dont ils se serviraient pour légitimer une présence indéterminée aux commandes, les militaires au pouvoir à Ndjamena vont devoir, d'une manière ou d'une autre, en finir, et vite
Après une journée de manifestation violemment réprimée, Emmanuel Macron a révisé à la baisse ce qui a pu être perçu comme un soutien sans faille de la France au Comité militaire installé au pouvoir à Ndjamena avec, à sa tête, Mahamat Idriss Déby Itno. Le chef de l’État français a dû préciser qu’il avait apporté son soutien à l’intégrité du Tchad, et non à un plan de succession. C’en serait-il fini du soutien de la France au fils du maréchal, installé dans le fauteuil de son père ?
C’en est, en tout cas, fini du soutien sans réserve à ce qui n’est, après tout, qu’un coup d’État, un fait accompli que, par leur silence ou leur présence, les dirigeants français et africains ont semblé consacrer. Les protestations des opposants et d’une partie de l’opinion africaine semblaient inaudibles, jusqu’à cette première faute, meurtrière, du fils du maréchal. Et le fait que les manifestants tchadiens s’en soient pris à des enseignes françaises est d’autant moins banal qu’il y a à peine deux mois, l’on avait observé des réactions similaires au Sénégal.
Les nouveaux maîtres du Tchad sont sous surveillance, désormais, et le peuple tchadien peut reprendre l’initiative, refuser l’arbitraire, donc le coup d’État, que même les institutions et organisations panafricaines n’acceptent plus, y compris sous une forme déguisée…
TOUTES LES TENTATIVES DE DESTABILISATION VISANT LA GUINÉE VIENNENT DU SÉNÉGAL
Ses relations avec ses pairs africains, la fermeture des frontières avec le Sénégal, l’état de l’opposition, Macron, Bolloré et le port de Conakry… Une interview du chef de l’État guinéen, réélu en octobre 2020
Jeune Afrique |
François Soudan |
Publication 02/05/2021
Alpha Condé, 83 ans, étonnamment en forme pour son âge, ne doute de rien. Ce proactif, qui entend mettre à profit la première année de son nouveau mandat pour prendre un certain nombre de mesures coercitives destinées à imposer à ses concitoyens ce qu’il n’est pas parvenu à faire au cours de la décennie précédente – en l’occurrence, les « discipliner » et remettre la notion de service de l’État au centre du village –, assume sans états d’âme son rôle de « Big Brother ».
Ses ministres et collaborateurs se savent sous surveillance : gare à celui qui, sans raison valable, n’était pas à son poste le jour d’une descente coup de poing du président dans son administration. Gare aussi à celui qui fabule sur l’état d’avancement des travaux d’une route ou d’un pont, le logiciel américain dont s’est doté Alpha Condé lui permettant de vérifier, grâce à des images prises par satellite, l’étendue de son bluff. À chaque fois, l’engueulade tombe comme la foudre, et la sanction – qui peut aller jusqu’à la révocation – est immédiate.
Ainsi va Alpha, lui qui pense, rêve, déjeune, dîne, respire Guinée à chaque minute de sa vie et se comporte comme s’il était éternel. « Ce que tu penses de moi m’est égal ; le seul avis qui compte, c’est celui des Guinéens », a-t-il dit un jour à Emmanuel Macron qui lui faisait reproche de sa nouvelle candidature, avant d’ajouter : « Je ne suis pas un tirailleur. »
Ce francophile très marqué par ses années d’exil et d’études sur les rives de la Seine se veut à la fois panafricain et nationaliste – une contradiction dont il s’accommode. Ses amis français s’appellent François Hollande, Ségolène Royal, Rachida Dati ou Nicolas Sarkozy. Ses frères africains ont pour nom Denis Sassou Nguesso, Cyril Ramaphosa, Julius Malema, Issayas Afeworki, Roch Kaboré, Alassane Ouattara.
Quand Hamed Bakayoko, qu’il considérait comme son fils, est au plus mal, c’est à lui que le chef de l’État ivoirien téléphone pour tenter de le faire évacuer en Turquie. Alpha Condé appelle aussitôt Recep Tayyip Erdogan, dont il est proche, lequel dépêche à Paris un avion médicalisé avec, à son bord, son médecin personnel (qui est aussi son ministre de la Santé). En vain, comme on le sait.
Tel est l’ex-président de l’illustre FEANF [Fédération des étudiants d’Afrique noire en France], toujours prêt à rendre service à ses pairs, mais, dans le fond, jamais aussi serein que lorsqu’il est en tête à tête avec lui-même. La nuit venue, reclus dans son palais désert au point que son entourage s’inquiète parfois de le savoir si seul, Alpha Condé a une obsession : le temps qui passe et après lequel il court pour que prenne enfin corps sa vision de la Guinée. Si le sommeil était une option, nul doute qu’il s’en passerait…
Jeune Afrique : Cinq mois après votre réélection pour un troisième mandat, dans des conditions contestées par vos adversaires, comment se porte la démocratie en Guinée ?
Alpha Condé : Je vous corrige : il ne s’agit pas de mon troisième mandat, mais de mon premier mandat sous la IVe République, adoptée par référendum. Un référendum qui n’était d’ailleurs pas inédit dans l’histoire de la Guinée : souvenez-vous de celui de novembre 2001 instaurant un septennat renouvelable à vie pour le président Lansana Conté, disposition liberticide dont l’un des plus chauds partisans, à l’époque, était un certain Cellou Dalein Diallo.
Aujourd’hui, en vertu de la nouvelle Constitution, le mandat est de six ans, renouvelable une seule fois. J’ai déjà expliqué pourquoi cette IVe République était nécessaire et pourquoi j’ai décidé de me présenter à la présidentielle d’octobre dernier. Les deux principaux leaders de l’opposition étant ceux-là mêmes qui avaient laissé la Guinée dans l’état désastreux où je l’avais trouvée en 2010, il n’était pas envisageable pour moi qu’elle puisse à nouveau tomber entre leurs mains. Quant à la démocratie, c’est un très long combat, ici comme ailleurs. Mais elle progresse et, comme vous pouvez le constater, le pays est calme.
Si l’on en croit vos adversaires politiques, les ONG de défense des droits de l’homme et même le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ce calme a un prix : les détenus d’opinion…
C’est inexact. Les quelques responsables de l’UFDG [Union des forces démocratiques de Guinée] arrêtés l’ont été en tant que commanditaires directs d’actes de violence commis tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays : maisons incendiées, destructions de biens publics, poteaux électriques sciés, assassinat de membres des forces de l’ordre etc.
Il ne s’agit en aucun cas de prisonniers politiques, mais de fauteurs de troubles, coupables d’avoir envoyé contre la police des jeunes munis d’armes blanches, parfois de fusils et d’explosifs. Nous avons toutes les preuves, et elles seront exposées lors des procès, y compris les appels au meurtre contre ma personne.
Les Guinéens savent quelle est l’étendue de la responsabilité de ces gens dans les violences, et pas un chat n’a bougé lors de leur arrestation. Les jeunes manipulés et téléguidés ont, eux, pour l’essentiel, été libérés à l’issue de leur peine.
Quant aux leçons venues d’ailleurs, une simple comparaison : 3 200 gilets jaunes ont été condamnés en France entre novembre 2018 et novembre 2019, dont un millier à de la prison ferme. C’est beaucoup plus qu’en Guinée, pour des délits pourtant beaucoup moins graves.
Les résultats de l’élection présidentielle de 2020, tout comme ceux de 2010 et de 2015, montrent un pays fracturé en deux blocs antagonistes : l’un vous est acquis, l’autre vote Cellou Dalein Diallo. Pourquoi cette polarisation, qui repose largement sur des bases communautaires, persiste-t-elle ?
Cette polarisation, qui en réalité concerne une seule région, le Fouta – d’ailleurs loin d’être monolithique puisque plusieurs communautés y vivent –, n’est pas de mon fait. Elle est de la responsabilité de Cellou Dalein Diallo, qui fait tout pour qu’elle perdure afin de conserver son fief. Elle lui a aussi servi de dérivatif pour masquer la vacuité de son programme.
Le Fouta a une grande culture d’accueil et de respect des chefs et des aînés. L’État y a beaucoup investi car, comme je l’ai dit à Mamou pendant la campagne, ce n’est pas le Fouta qu’il faut isoler, mais Cellou.
Quoi qu’il en soit, ne serait-il pas temps de tourner la page et de dialoguer avec Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré ?
Il existe un cadre permanent de dialogue dirigé par le Premier ministre et au sein duquel tous les sujets, politiques ou autres, peuvent être débattus. Ce ne sont pas les individus qui m’intéressent, ce sont les problèmes et la façon dont ils peuvent être résolus. La Guinée de 2021 n’est plus celle de 2020. Une recomposition politique est en cours, à l’issue de laquelle les deux personnalités que vous venez de citer ne seront peut-être plus les leaders qu’ils furent.
En participant au sommet de Montpellier, les 9 et 10 juillet 2021, Achille Mbembe et d’autres intellectuels africains se font « la voix de leur maître ». Il n’appartient pas à la France de guérir le continent de son trauma postcolonial
Jeune Afrique |
Gaston Kelman |
Publication 01/05/2021
« On avait fourré dans sa pauvre cervelle qu’une fatalité pesait sur lui ; qu’il n’avait pas puissance sur son propre destin. » (Aimé Césaire, dans Cahier d’un retour au pays natal, éditions Présence africaine). Nous y sommes tous, à des degrés divers. Nous y sommes tous, l’intellectuel plus que les autres. Nous y sommes tous, mais beaucoup n’en sont pas conscients.
Quels préalables conduisent l’intellectuel africain à croire au messianisme de la France sur le destin de l’Afrique !
Je flaire la confusion entre postcolonie et néocolonialisme. La deuxième notion est une fiction. La postcolonie, c’est la période de fragilité après le trauma colonial. On n’arrive pas à se libérer de l’emprise spectrale du maître. Même quand on pense le combattre, il reste le modèle. Et si les postcolonisés sont des victimes, il sont désormais les seuls responsables de leur salut. Ils doivent générer en leur sein des lumières, ces intellectuels qui vont éclairer le peuple. Tant que le groupe n’a pas atteint la maturité nécessaire, il trainera son aliénation.
Psychologie du dominant
L’ancien maitre n’a plus voix au chapitre. Il n’a rien fait quand il le pouvait. Comment penser qu’il s’est converti à d’autres sentiments ! Qu’est-ce qui aurait changé dans la psychologie du dominant depuis Ruben Um Nyobè pour que nous pensions à lui comme Messie, interlocuteur indispensable pour notre destin ? Dans quelle page de l’histoire ou des mythologies, avons-nous vu le dominant panser les plaies du dominé ?
Deux concepts sont souvent mêlés quand on définit le processus par lequel se façonne l’identité du dominé : l’assimilation et l’aliénation. J’entends que le colon voulait assimiler le dominé. Il n’en a jamais eu l’intention, même dans les colonies de peuplement comme l’Algérie. Assimiler c’est amener l’autre à votre niveau, le rendre semblable à vous. Alors on n’applique pas l’indigénat mais un dispositif de rattrapage de type discrimination positive.
Le colon a choisi l’aliénation, qui assure une domination des esprits dont les effets restent, même quand on est physiquement parti. Et il lui suffisait d’aliéner l’élite, user de la peur sur le politique et de la flatterie envers l’intellectuel. Mais il fallait aussi et surtout créer une forte défiance entre ces deux composantes de l’élite.
Figé dans les schémas coloniaux
En 1960, 2 % des colonies françaises allaient à l’école. Cette école a formé des commis subalternes et une poignée d’aliénés diplômés, ces « nouveaux Blancs » comme on les désigne encore de nos jours en Afrique, qui allaient perpétuer la domination du maître après lui. L’intellectuel devient l’allié, « la voix de son maître » blanc, et participe à la fragilisation des régimes politiques que le maître met à mal depuis l’indépendance par des coups d’états, des assassinats de leaders…
NOUS ASSISTONS DE PLUS EN PLUS EN AFRIQUE À DES DÉMOCRATIES SANS OPPOSITION
Élections en Guinée, Côte d'Ivoire, Centrafrique, au Bénin ou au Congo... L'Afrique vit-elle une régression démocratique ? Analyse d'Alioune Tine, fonddateur du Think thank AfricaJom Center
Élections en Guinée, Côte d'Ivoire, Centrafrique, au Bénin ou au Congo... L'Afrique vit-elle une régression démocratique ? "Nous assistons de plus en plus à des démocraties sans opposition" - Alioune Tine, fondateur du laboratoire d'idées AfrikaJom Center.
ISMAÏLA MADIOR FALL APPELLE À SAUVER LA COUR DE JUSTICE DE LA CEDEAO
Constitutionnaliste de renommée, agrégé de Droit public et Sciences politiques, par ailleurs ministre d’Etat, Conseiller juridique du président de la République, Pr Fall démonte cette décision rendue par la juridiction communautaire
Les réactions, du côté de l’Etat, sur l’arrêt rendu par la Cour de Justice de la Cedeao se multiplient et se ressemblent. Le dernier en date est celle du Pr Ismaëla Madior Fall. Constitutionnaliste de renommée, agrégé de Droit public et Sciences politiques, par ailleurs ministre d’Etat, Conseiller juridique du président de la République, Pr Fall démonte cette décision rendue par la juridiction communautaire.
Rendant sa décision sur le parrainage, après une saisine du parti Union sociale libérale, de l’avocat Me Abdoulaye Tine, les juges de la Cedeao ont déclaré que la loi sur le parrainage, tout en en étant pas discriminatoire, de par sa nature, porte atteinte au principe de la libre participation aux élections. Par conséquent, la Cour ordonne à l’Etat du Sénégal de l’éliminer dans un délai de six mois.
Dans une longue contribution, publiée dans le quotidien national, Le Soleil, Pr Ismaëla Madior Fall renvoie les juges de la Cedeao à revoir leur copie. « Dans cette affaire du parrainage, la Cour évoque une possible violation des droits de l’Homme, le droit de participation électorale lors des futurs scrutins. Cet argument est juridiquement dénué de fondement parce que la violation du droit invoqué ne doit pas être incertaine, elle doit être réelle et non pas reposer sur des allégations futures. Ce qui n’est pas le cas », a-t-il écrit.
Artisan majeur de cette loi, qui a fait beaucoup de bruit lors de la Présidentielle de 2019, Pr Fall estime que la Cour a outrepassé ses prérogatives. Il appelle même le Sénégal a initié des réformes pour la changer. « Les erreurs nous paraissent tellement énormes et susceptibles de porter atteinte à la crédibilité et à la légitimité de la Cour que nous pensons vraiment que le Sénégal doit prendre l’initiative de porter une réforme en vue de sauver la Cour pour qu’elle reste l’organe de protection des droits de l’Homme rêvé par les citoyens de l’Afrique de l’Ouest », a plaidé le Constitutionnaliste.
ARRIVÉE D'UNE MISSION DE L'UNION AFRICAINE AU TCHAD
Des combats ont opposé militaires et rebelles le jour de l'arrivée à N'Djamena d'une mission d'enquête de l'Union africaine sur la situation politique et sécuritaire
Le Tchad a une nouvelle fois été le théâtre d'affrontements entre militaires et rebelles, jeudi, jour où est arrivée une mission de l'Union africaine qui doit "examiner les stratégies visant à faciliter un retour rapide à l'ordre constitutionnel et à la gouvernance démocratique".
Des combats ont opposé militaires et rebelles, jeudi 29 avril, dans l'ouest du Tchad dans lesquels un hélicoptère de l'armée s'est crashé, le jour de l'arrivée à N'Djamena d'une mission d'enquête de l'Union africaine sur la "situation politique et sécuritaire".
L'armée, qui a assuré "avoir mis hors d'état de nuire [une colonne de rebelles]", a annoncé le crash d'un hélicoptère en raison d'une "panne technique", selon un communiqué signé jeudi du porte-parole du Conseil militaire de transition (CMT), la junte au pouvoir depuis la mort du président Idriss Déby Itno il y a dix jours. L'armée n'a pas précisé le bilan humain de ce crash.
Les rebelles du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui mènent depuis le 11 avril une offensive contre le régime, avaient de leur côté assuré plus tôt, jeudi, avoir "détruit" l'hélicoptère.
L'ENTAME AMBITIEUSE DE JOE BIDEN
René Lake analyse sur VOA, la prestation du nouveau président amércain marquée par la réaffirmation d'une Amérique engagée à transcender ses nombreux défis, devant le Congrès mercredi
René Lake analyse sur VOA, la prestation du nouveau président amércain marquée par la réaffirmation d'une Amérique engagée à transcender ses nombreux défis, devant le Congrès mercredi.
CE PARRAINAGE EST PLUS QUE LÉGAL...
La rencontre du gouvernement face à la presse a servi de tribune à Oumar Gueye pour se prononcer sur la décision de la Cour de justice de la CEDEAO demandant à Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois
La rencontre du gouvernement face à la presse a servi de tribune à Oumar Gueye pour se prononcer sur la décision de la Cour de justice de la CEDEAO demandant à Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois.
Les explications du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires laissent entendre que l’Etat n’appliquera pas cette décision. « Ce parrainage n’est pas tombé du ciel. Il a été évoqué lors du dialogue politique et ce parrainage avait fait l’objet d’une loi à l’Assemblée nationale. Donc, du point de vue de la légalité, ce parrainage est plus que légal par rapport à notre constitution et à notre législation », a déclaré le ministre porte-parole du Gouvernement, rappelant qu’au Sénégal on vote depuis plusieurs siècles.
« Le Sénégal est un pays de droit. C’est un pays de démocratie éprouvée et cette démocratie se consolide », soutient le ministre. Qui, dans le même sillage, ajoute que tous les systèmes démocratiques au monde ont leur système de filtre pour les élections. Il n’y a pas un seul qui n’a pas de filtre.
Au Sénégal, ce qui a été choisi, c’est le parrainage citoyen. Et dit-il : « s’il n’y avait pas ce parrainage, on aurait affaire à 139 candidats en une seule journée pour voter. Il faudra plusieurs jours pour faire une élection. De ce point de vue, nous n’avons aucun problème au niveau du gouvernement par rapport à ce que le CEDEAO a dit ». Oumar Guèye annonce une sortie prochaine du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome pour apporter plus de détails sur cette décision.
Par ailleurs, Oumar Gueye s’est prononcé sur la commission d’enquête qui sera mise en place par le Gouvernement du Sénégal pour apporter la lumière sur les évènements du mois de mars dernier qui ont occasionné 13 morts et plusieurs blessés. « Cette commission verra le jour et elle sera inclusive pour que la lumière soit faite sur ces événements douloureux et malheureux », rassure le porte-parole du gouvernement.
LE PIÈGE TCHADIEN D'EMMANUEL MACRON
"Il y a eu un coup d'État, le fils du président se coopte 18 mois de transition avec la promesse de vagues élections et la France dit : bravo, vive la stabilité politique !". La position française est à contrecourant de l'Afrique du 21e siècle
En soutenant la transition militaire au Tchad au nom de la sécurité du Sahel et par ricochet de l'Europe, le président français Emmanuel Macron se retrouve prisonnier d'enjeux de pouvoir à N'Djamena et d'un vieux parfum de "Françafrique" dont il entendait se départir.
"La France rentre dans une période difficile parce qu'elle va devoir justifier une position qui est assez injustifiable", estime Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris.
"Il y a eu un coup d'État, le fils du président (défunt) se coopte 18 mois de transition avec la promesse de vagues élections et la France dit: +bravo, vive la stabilité politique!+", explique-t-il à l'AFP.
Emmanuel Macron a promis vendredi, devant le cercueil d'Idriss Déby Itno, mort en combattant une rébellion dans le nord du Tchad, son soutien à la junte militaire qui a pris le pouvoir afin de préserver la "stabilité" du pays, allié majeur dans la lutte contre les jihadistes au Sahel.
"La France ne laissera jamais personne remettre en cause la stabilité et l'intégrité du Tchad", a-t-il lancé tout en appelant le fils d'Idriss Déby, le général Mahamat Idriss Déby, nouvel homme fort du régime, à promouvoir une "transition démocratique".
Mais à peine quatre jours plus tard, le président français haussait le ton et condamnait "avec la plus grande fermeté la répression" au Tchad, après la mort de six personnes - selon les autorités - dans des manifestations interdites par le pouvoir.
- A contrecourant -
"La position française se charge d’ambiguïtés, elle est fragilisée", pointe Roland Marchal. Elle est aussi, selon lui, à contrecourant de "l'Afrique du 21e siècle" et d'une jeunesse africaine braquée contre les pratiques monarchiques.
Celle-là même à laquelle Emmanuel Macron s'était adressé dans son discours de Ouagadougou en novembre 2017, promettant une nouvelle relation entre la France et ses ex-colonies, loin des dérives de la "Françafrique", de son paternalisme et de ses complicités avec des régimes peu fréquentables.
Ces déclarations sont "contreproductives", renchérit Alain Antil, expert de l'Afrique subsaharienne à l'Institut français des relations internationales (Ifri)."Cela va marquer durablement les esprits et venir confirmer, chez certains en Afrique, les pires caricatures que l'on fait de la France".
Selon les deux chercheurs, la transition démocratique promise par la junte est en outre loin d'être acquise, tant les équilibres entre clans sont complexes et les risques de conflits d'intérêt nombreux.
La France a pour sa part les yeux rivés sur le "verrou stratégique" du Tchad, entre une Libye toujours imprévisible d'où est partie la colonne de rebelles qu'Idriss Déby était allé combattre, et le Nigeria, en proie aux jihadistes de Boko Haram.
- "Demandes de démocratie" -
"Le Tchad, c'est un pays qui est au carrefour de beaucoup de menaces.C'est majeur pour la France, majeur pour le Sahel", martèle le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian."La mort de Déby change la donne de façon non négligeable", confirme de son côté une source gouvernementale française.
L'armée tchadienne, la plus aguerrie de la région, apporte un précieux soutien à Barkhane - dont le QG est à N'Djamena - et aux pays voisins du G5 Sahel dans la lutte contre le jihadisme.
Le président défunt venait d'envoyer 1.200 soldats dans la région dite des "trois frontières", une des plus vulnérables du Sahel, au carrefour du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
"Ils ont confirmé leur engagement au sein de la Minusma (force de l'ONU au Mali) et du G5 Sahel et le bataillon envoyé dans la zone des trois frontières reste sur place", se félicite-t-on d'ailleurs à Paris.
Mais pour Alain Antil, "la France est prisonnière d'une lecture trop unilatéralement géostratégique, selon laquelle une instabilité du Tchad entraînerait mécaniquement, par sa position géographique, des répercussions négatives à la fois sur l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest".
"Depuis l'arrivée de Déby au pouvoir, Paris a justifié son soutien sans nuance au régime sur le mode : +c'est Déby ou le chaos+.Il ne faudrait pas que l'on passe maintenant à +la junte ou le chaos+", souligne-t-il, en pointant "les demandes de démocratie et de pluralisme des populations".
LA SUPPRESSION DE LA LOI SUR LE PARRAINAGE N’EST PAS DU RESSORT DE LA CEDEAO
Me Ousmane Sèye réagit à la décision rendue par la Cour de justice de la CEDEAO ordonnant à l’Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois
Me Ousmane Sèye réagit à la décision rendue par la Cour de justice de la CEDEAO ordonnant à l’Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois. Ce, après qu’elle considère que cette loi porte atteinte au principe de la libre participation aux élections.
D’emblée, Me Ousmane Sèye remet en cause cette décision à laquelle il ne croit même pas. « Ça m’étonnerait que la Cour de Justice de la CEDEAO prenne une telle décision. Si c’était le cas, la Cour aurait outrepassé ses compétences ».
Estimant que le principe de la Cour c’est de ne pas rendre des décisions qui portent atteinte à la souveraineté des Etats membres de la CEDEAO mais également de ne pas se substituer aux juridictions nationales, l’avocat de s’interroger : « Comment la Cour peut demander à un Etat souverain de supprimer une loi que les représentants du peuple ont souverainement votée ».
Avant d’ajouter : « ce n’est pas du ressort de la cour de la CEDEAO ». Poursuivant son argumentaire, Me Ousmane Sèye rappelle que le parrainage est un cycle démocratique qui est appliqué dans tous les Etats démocratiques du monde. Et au Sénégal, on n’a même pas appliqué le parrainage des élus mais le parrainage citoyen.
« On peut demander des réformes sur le parrainage, sur la manière de valider les candidatures mais, supprimer entièrement la loi sur le parrainage ce n’est pas du ressort de la Cour », insiste-t-il.
A l’en croire, si cette juridiction prend cette décision, elle outrepasserait « dangereusement » ses compétences. Et, prévient-il : « le Sénégal n’accepterait pas cette décision parce que le Sénégal est un Etat souverain ».