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1 mai 2025
International
par Achille Mbembe
MACRON A-T-IL MESURÉ LA PERTE D'INFLUENCE DE LA FRANCE EN AFRIQUE ?
Le président français souhaite que son pays fasse preuve du même virilisme sans qu’à tout bout de champ ne lui soit renvoyé à la figure son passé colonial. Que gagne-t-on à plaquer des querelles franco-turco-russes sur le différend franco-africain ?
Jeune Afrique |
Achille Mbembe |
Publication 30/11/2020
Des intellectuels africains répondent à Emmanuel Macron (1/3). Suite à l’interview accordée par le chef de l’État français à Jeune Afrique, le 20 novembre, plusieurs intellectuels ont souhaité lui répondre. Jeune Afrique a choisi de publier trois de leurs contributions.
Celles et ceux qui ont eu l’opportunité d’échanger avec le président Emmanuel Macron au sujet de la politique française en Afrique auront été frappés par sa pugnacité et sa vivacité d’esprit. Sa longue interview accordée à Jeune Afrique en aura cependant laissé perplexe plus d’un, en particulier celles et ceux qui étaient disposés à lui accorder le bénéfice du doute. Les sceptiques, en revanche, crient victoire. Dès le début, ils ont dénoncé l’effort consistant à faire passer une révision en profondeur des rapports franco-africains ce qui, à leurs yeux, n’était qu’une simple opération marketing.
Comment leur donner entièrement tort ? Flagrante absence d’imagination historique en effet. Aucune parole politique de poids. Pas un seul concept. À parcourir rapidement ces pages, l’on en ressort avec la ferme impression que la France n’aspire qu’à une chose, sur un continent dont elle s’accorde pourtant à reconnaître le rôle vital au cours de ce siècle. Faire de l’argent.
Cynisme et raison d’État
Mieux, faire de l’argent à la manière de la Chine et de son impérialisme froidement prédateur. La Chine, ce nouveau venu que l’on présente volontiers comme un repoussoir de jour, mais que l’on ne peut s’empêcher d’admirer à la nuit tombée, le dragon qui pille gaiement, et qui, sans s’encombrer d’on ne sait quelle mission civilisatrice, oblige les Africains à gager leurs sols, sous-sol et autres biens et à tout vendre, dans l’espoir de s’acquitter de colossales dettes dont le gros des montants aura été détourné par des élites vénales.
Caricature ? À peine. Étonnement? Pas davantage. En maints endroits du monde, le libéralisme se conjugue désormais au nationalisme et à l’autoritarisme. Très peu d’États ou de régimes peuvent aujourd’hui mettre le poids d’une conduite exemplaire dans les remontrances qu’aux autres ils veulent faire. Pourquoi, dans la nouvelle course pour le continent, la France se priverait-elle d’avantages auxquels ses concurrents n’ont guère renoncé ?
Emmanuel Macron souhaite que le France fasse preuve du même virilisme sans qu’à tout bout de champ ne lui soit renvoyé à la figure son passé colonial. Ou que lui soient chaque fois rappelés ses hypothétiques devoirs en matière de défense de la démocratie, des droits humains et des libertés fondamentales. Après tout, si les Africains veulent la démocratie, pourquoi n’en paient-ils pas eux-mêmes le prix ?
Prenons donc acte du fait que, constamment, le rapport des chefs d’État de la Ve République avec l’Afrique aura été avant tout motivé par des intérêts militaro-commerciaux. Dans ce domaine, ni l’âge ni l’écart générationnel ne jouent aucun rôle, sauf peut-être idéologique, comme aujourd’hui. Les sentiments non plus, qu’ils soient d’amour, de haine ou de mépris. Seule compte la raison d’État, c’est-à-dire un ou deux juteux contrats grappillés ici et là.
Vertigineuse perte d’influence
Si, dans ce monde de larcins, calcul froid et cynisme prévalent, qu’est-ce qui distingue donc Emmanuel Macron de ses prédécesseurs ? A-t-il, mieux qu’eux, pris l’exacte mesure de ce qui se joue effectivement, à savoir la vertigineuse perte d’influence de la France en Afrique depuis le milieu des années 1990 ? Que certains s’en désolent tandis que d’autres s’en réjouissent importe peu. Dans un cas comme dans l’autre, l’on a bel et bien atteint la fin d’un cycle historique.
ÊTRE JEUNE EN AFRIQUE, C'EST VIVRE UN CAUCHEMAR ÉVEILLÉ
Être jeune en Afrique, c’est avoir, très tôt, la sensation d’être né dans un paradis qui a parfois des allures de purgatoire, sans avoir la certitude de vivre assez vieux pour se réveiller et en sortir
Jeune Afrique |
Florian Ngimbis |
Publication 30/11/2020
Depuis la publication, en 2017, du très médiatisé rapport « Génération 2030 » de l’Unicef sur l’avenir démographique du continent, rien n’a changé. Les éléments de langage dont il regorgeait sont toujours paresseusement repris par les médias : la jeunesse africaine serait, d’un point de vue démographique, soit un « potentiel », soit une « catastrophe ». Une vision manichéenne dont il faudrait se départir en se penchant sur ce que cette génération éprouve.
Être jeune en Afrique, c’est avoir, très tôt, la sensation d’être né dans un paradis qui a parfois des allures de purgatoire. C’est connaître la précarité, la faim. Pas celle qu’illustrent les clichés de l’enfant noir, les yeux exorbités et le ventre ballonné. Plutôt une faim existentielle : la faim (ou la soif) de réalisations, exacerbée par la conscience d’un potentiel sous-exploité au mieux, inexploité au pire.
« Dès que j’ai le bac, je pars »
Cette faim est également renforcée par l’état de décrépitude des structures de formation, quand la scolarité s’apparente à un parcours du combattant. Si bien que beaucoup se donnent du courage en répétant un mantra : « Dès que j’ai le bac, je pars. » Le signe le plus criant de l’échec des politiques publiques en Afrique est cette fuite des cerveaux, symbolisée par des files interminables devant les ambassades étrangères.
Décédé ce dimanche des suites d'une longue maladie à seulement 42 ans, Papa Bouba Diop laisse une tonne de bons souvenirs. Notamment au Sénégal, où il a marqué la sélection nationale, et en France, où son passage à Lens a été plus qu'apprécié
Dernièrement, le Manchester Evening News a posé la question suivante au légendaire Paul Scholes : quel était son adversaire le plus coriace affronté tout au long de son immense carrière ? Outre Patrick Vieira ou Robbie Savage, et comme si les esprits s'alignaient pour rendre un hommage avant l'heure, le légendaire rouquin de Manchester United a eu cette réponse : « Il y en a un auquel les gens ne penseront pas... Vous souvenez-vous de Papa Bouba Diop ? Il a joué pour Fulham. Grand, imposant... Ils l’appelaient l’armoire. Aller au duel avec lui, c’était une perte de temps. Je l’ai toujours trouvé difficile à jouer. Il n’était pas un Vieira, bien sûr, mais il avait du talent ! »
En quelques mots et en tout franchise, l'Anglais a posé un verdict qui n'est pas aussi évident aujourd'hui pour les moins de 25 ans : sportivement, l'homme qui est parti rejoindre Diego Maradona ce dimanche à seulement 42 ans des suites d'une longue maladie était un footballeur aussi fiable que solide. Aussi utile qu'efficace. Aussi présent que déterminé.
Bien plus qu'un but contre la France
Voilà sept ans, maintenant, que Papa Bouba Diop a raccroché les crampons. Les mémoires de la terre entière se souviennent, d'abord, de son but et de sa performance historique contre la France championne du monde (et d'Europe) en titre au Mondial 2002 en Corée du Sud. C'était le 31 mai, à Séoul, à la 30e minute du match d'ouverture de la compétition. Les yeux de la planète étaient fixés sur cette rencontre, et le milieu de terrain avait su gagner sa plus lumineuse heure de gloire.
Sauf que Papa Bouba Diop, ce n'était pas que ça. Taulier de la sélection sénégalaise (plus de 60 capes, réparties entre 2001 et 2007), il en est devenu le premier buteur (face aux Bleus, donc) et le meilleur buteur en phase finale de Mondial (trois réalisations). Le tout, en s'immisçant jusqu'en quarts de l'épreuve (aucun pays africain n'a fait mieux, pour le moment) et en finale de la Coupe d'Afrique des nations la même année.
LE PANAFRICANISME EST LA TENTATIVE DE CONSTRUIRE UN ORDRE INTERNATIONAL ALTERNATIF
« L’opinion française reste prisonnière d’un récit colonial qui veut que la France soit pure, inattaquable et intervienne pour maintenir l’ordre. (...) Or, cette présence française participe de la politique impériale de la France »
Middle East Eye |
Hassina Mechaï |
Publication 29/11/2020
Libye, Mali, Rwanda ou encore Biafra. Autant de « crises » africaines d’hier et d’aujourd’hui gérées depuis l’Occident. Pourtant, une alternative existe : le panafricanisme. Une réponse africaine aux questions africaines.
C’est un lieu commun. Au chevet des crises à travers le monde se pose toujours ladite « communauté internationale ». Terme qui regroupe au fond, pour peu qu’on s’y arrête, les États occidentaux et plus précisément ceux qui sont membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Sans la Chine et la Russie, donc.
La majorité des États subissent beaucoup plus l’ordre international occidentalo-centré tel qu’il est né de la Seconde Guerre mondiale qu’ils n’y participent de façon effective. Pourtant, des ordres internationaux alternatifs ont pu émerger à travers l’Histoire, ordres normatifs et narratifs qui offraient une alternance à l’ordre international occidental.
Parmi eux, le panafricanisme, tant dans sa dynamique politique qui promeut l’indépendance totale du continent africain que dans sa dimension transnationale et civile qui prône la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine.
Comment ce mouvement peut-il éclairer autrement les crises internationales, quelles solutions offre-t-il, quelle est sa dynamique ?
Amzat Boukari-Yabara, historien et docteur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), auteur de Nigeria (De Boeck, 2013), Mali (De Boeck, 2014) et Walter Rodney (1942-1980) : les fragments d’une histoire de la révolution africaine (Présence africaine, 2018), répond à MEE.
Middle East Eye : Qu’est-ce que le panafricanisme ?
Amzat Boukari-Yabara : Le panafricanisme est un mouvement né dans un contexte précis, celui des résistances qui sont apparues au sein des populations africaines déportées et réduites en esclavage dans les Amériques sous la contrainte du colonialisme, du capitalisme et du racisme. Trois systèmes qui sont encore présents et structurent le monde actuel.
Depuis deux siècles et demi, ces résistances se sont incarnées dans des projets collectifs, des projets d’unité continentale ou des projets d’État-nation. C’est donc un mouvement historique et politique qui participe des relations internationales et qui s’est institué dans des congrès.
Pourtant, ces congrès n’ont jamais été pris en compte dans la structuration de l’ordre international. Le panafricanisme serait donc une contre-histoire de l’Occident : une réparation par des populations d’origine spécifique (noires et/ou africaines) à travers des projets de libération et d’émancipation de tout ce que l’Occident a produit de dégâts humains, culturels, écologiques.
Une date marque ce mouvement de destruction par le colonialisme : 1492 avec la « découverte » des Amériques et la mise en place des hiérarchies et concepts raciaux.
Le panafricanisme est aussi un projet d’unité visant à rééquilibrer l’ordre international. Il s’est incarné dans des projets culturels, économiques, politiques et également dans des créations qui lui donnent un caractère tangible dans la diaspora et sur le continent. Le panafricanisme renvoie à tous ces espaces que l’Afrique a fécondés.
MEE : En quoi offre-t-il un contre-modèle au système international tel qu’il est ?
ABY : Le panafricanisme est apparu comme un grain de sable dans ce système des relations internationales. C’est la tentative de construire un ordre alternatif face au système international qui repose sur l’idée westphalienne d’États.
Avec le congrès de Vienne de 1815, l’Europe met en place son système international qu’elle va étendre au reste du monde. Lors de la première conférence panafricaine qui a eu lieu à Londres en 1900, les militants essaient de coaliser Haïti, le Liberia et l’Éthiopie, qui à l’époque étaient les trois seuls États dirigés par des noirs, pour leur demander de parler au nom de tous les noirs qui n’avaient pas accès à un appareil d’État.
La question du panafricanisme a souvent été mise de côté car considérée comme étant de l’ordre du ressentiment. Les dirigeants qui l’ont incarnée, de Kadhafi à Sankara, pour citer deux cas assez récents, ont fini de la même manière [assassinés dans des conditions encore obscures].
Leur refus de considérer l’Occident comme le centre du monde révèle une forme de blessure narcissique des Occidentaux hostiles à l’idée d’un autre monde possible. L’Occident n’aime pas qu’on lui fasse la morale et infantilise le reste du monde.
MEE : Mais le panafricanisme n’est-il pas contraint par un système international dont l’acteur principal reste l’État ?
ABY : La question de l’État-nation va s’imposer tout simplement parce que l’histoire de la colonisation va modifier la manière dont les structures étatiques et politiques africaines fonctionnaient. En Afrique, il y avait des empires, des royaumes, des cités-États, des républiques et également des sociétés sans État.
CES LEADERS DES INDÉPENDANCES AFRICAINES ASSASSINÉS
Qu’ont en commun les morts brutales de Lumumba, d’Um Nyobè, de Moumié et de Boganda ? Pour l’historienne Karine Ramondy, la même logique de neutralisation était à l’œuvre
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 28/11/2020
Fin des années 1950, aux premières heures des indépendances. Alors que l’euphorie s’empare des capitales africaines, plusieurs leaders politiques sont éliminés. Dans l’ouvrage Leaders assassinés en Afrique centrale 1958-1961. Entre construction nationale et régulation des relations internationales (éd. L’Harmattan, 2020), l’historienne Karine Ramondy revient sur le destin tragique de quatre figures de proue des indépendances en Afrique centrale, éliminées entre 1958 et 1961.
L’éphémère Premier ministre congolais, Patrice Lumumba, dissous dans la soude par des séparatistes du Katanga épaulés par des hommes de main belges. Les indépendantistes camerounais Ruben Um Nyobè – abattu d’une balle dans le dos par l’armée française, en pleine forêt équatoriale – et Félix-Roland Moumié – empoisonné au thallium à Genève, en Suisse.
Peut-être aussi le Centrafricain Barthélémy Boganda : il n’est pas exclu que le crash de l’avion dans lequel il a perdu la vie ait été un attentat. C’est d’ailleurs l’une des révélations du livre de Karine Ramondy : une analyse récente d’un document essentiel – le « rapport Bellonte » – lui a permis de relever des manquements qui exigeraient la réouverture d’une enquête.
Une entreprise concertée
La chercheuse évoque un « moment d’accélération de l’Histoire où [les ex-puissances coloniales] redoutaient de perdre leurs acquis » et pointe une certaine impunité pour ces crimes qui s’inscrivent dans un continuum de violences remontant à la colonisation.
Si elle est la première à réunir dans un même ouvrage des parcours jusqu’alors étudiés séparément, c’est, confesse-t-elle, pour démontrer qu’« il y avait des processus, des réseaux et des acteurs communs qui œuvraient ensemble, dans le même sens, quelles que soient les colonies en jeu et quelles que soient les métropoles en train d’y perdre leurs acquis. »
Une entreprise concertée, donc. États, entreprises, services secrets, organismes internationaux… Tous concourent à la descente aux enfers des « condamnés ». L’universitaire en veut pour preuve les calculs des États-Unis ou de l’Union soviétique – pourtant réputés anticolonialistes – et les manœuvres scélérates des ex-colonisateurs pour maintenir le statu quo, par exemple au sein des Nations unies, qui ont joué un rôle trouble.
Au Conseil de tutelle de l’ONU, les ex-puissances coloniales usent en effet de leur pouvoir pour neutraliser les revendications nationalistes. Ramondy fait état d’une circulaire secrète dans laquelle elles se promettent de bloquer toute tentative d’émancipation « rapide ».
Depuis des siècles, la zone où se trouve la Mauritanie actuelle est un point de jonction entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Les Français arrivent dans la région à la fin du 19e siècle. En 1903, la Mauritanie devient un protectorat français, puis une colonie. Six décennies plus tard, Moktar Ould Daddah proclamera l'indépendance du pays, le 28 novembre 1960. La capitale est Nouakchott, ville qui vient à peine d'être créée. Le pays ne possède presque aucune infrastructure car les colons français dans la région avaient surtout développé la ville sénégalaise de Saint-Louis, un peu plus au sud. Sur le plan politique, la Mauritanie a connu une série de coups d'État militaires depuis l'indépendance. Dans ce pays immense où vivent 4 millions de personnes, la première transition pacifique date seulement de 2019.
LA MÉMOIRE DES LUTTES ANTICOLONIALES RÉVEILLE DES QUESTIONS DÉRANGEANTES
Pour l’historien et politologue camerounais, Achille Mbembe, il n’y a rien à célébrer après soixante ans d’indépendance. Dans un entretien à Jeune Afrique, il appelle à « vaincre la tyrannie postcoloniale » et à « réenchanter l’Afrique »
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam et François Soudan |
Publication 28/11/2020
Franc-tireur impertinent ? Analyste avisé et lucide ? L’historien et politologue camerounais Achille Mbembe, 63 ans, est sans doute un peu des deux. Ce libre penseur qui vit en Afrique du Sud, où il enseigne à l’université du Witwatersrand (Johannesburg), peine à faire renouveler son passeport dans son pays depuis bientôt deux ans et ne peut se déplacer que grâce à un passeport diplomatique sénégalais.
Jeune Afrique : Contrairement au cinquantenaire, ce soixantième anniversaire des indépendances passe inaperçu…
Achille Mbembe : Le plus frappant, cette année, c’est d’abord la crise sanitaire, qui, elle-même, est le symbole de l’impasse dans laquelle la civilisation techno-matérialiste aura mené l’humanité. C’est aussi la protestation mondiale qui a accompagné le meurtre de George Floyd, aux États-Unis.
Ces deux événements ont pour fond le désastre climatique imminent. L’enjeu final, celui qui nous interpelle tous, quelle que soit la région du monde à laquelle nous appartenons, c’est la survie de notre espèce sur Terre et, de manière plus générale, la continuité du vivant. Si, après la colonisation, l’Afrique était parvenue à se hisser à hauteur du monde, elle pèserait aujourd’hui d’un poids singulier sur ces bouleversements de portée planétaire.
Tel n’est pas le cas ?
À cause des faiblesses structurelles internes du continent et de sa précarité sur l’échiquier mondial, les Africains et leurs descendants, mais aussi leurs dirigeants, sont traités partout par l’insulte et le mépris. Le racisme anti-nègre avance désormais à visage découvert.
Peu importe qu’ils ne sachent rien de notre passé et de notre présent, tous les idiots du monde se croient habilités à nous donner des leçons. La mémoire des luttes anticoloniales est piétinée. Des statues dédiées à ceux qui hier nous ont volés, violés et pillés trônent sur les places publiques de nos capitales alors qu’aucune de nos grandes avenues ne porte le nom de nos martyrs. C’est en très grande partie à cause de cette phénoménale abdication de la conscience historique que nous en sommes là.
Il n’y a donc rien à célébrer ?
La vérité est que la lutte africaine pour une autonomie relative est loin d’être terminée. L’urgence n’est donc pas à la célébration. En revanche, il faut engager une réflexion importante sur ce qui a bien pu faire du projet d’autodétermination – pour lequel beaucoup se sont sacrifiés – le non-événement qu’il est devenu.
Quelles étaient les attentes des Africains à travers ce projet ?
Les mêmes que celles d’aujourd’hui, à savoir être reconnus en tant qu’humains et être traités comme tous les autres humains, vivre chez soi dans la dignité, coexister en harmonie avec le reste du vivant et hériter du monde dans son ensemble. Des aspirations somme toute universelles.
Le nationalisme anticolonialiste avait pour objectif la réhabilitation d’une humanité avilie, la réparation culturelle, le renouveau du monde et de l’humanité. Il ne s’agissait pas seulement de vaincre la faim et la soif ou de répondre à des besoins purement matériels, comme garder une partie du fruit de son labeur, vendre son cacao ou son coton à un juste prix, avoir accès à la santé, à l’eau potable et peut-être à l’électricité.
Il s’agissait aussi d’énoncer des paroles neuves, d’intervenir dans le discours sur les finalités de l’existence humaine par le biais de l’art et de la culture, d’ouvrir d’autres potentialités humaines, de faire monde avec les autres, là où, longtemps, d’autres avaient pris l’habitude de faire monde contre nous.
IMBROGLIO AUTOUR D'UN ACCORD AVEC L'ESPAGNE SUR LE RAPATRIEMENT DES MIGRANTS
Qui croire, entre le Sénégal et l'Espagne ? L’Espagne peut-elle renvoyer des migrants clandestins sénégalais sans l’assistance des services consulaires du Sénégal en Espagne ?
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 27/11/2020
Accablée par l’arrivée massive de migrants à partir du Sénégal, l’Espagne est décidée à régler la question à la source. Sa ministre des Affaires étrangères en visite à Dakar, invoquant une convention signée avec le gouvernement sénégalais, a annoncé le rapatriement de ces sans-papiers. Mais pour Dakar, il n’existe aucun accord à ce sujet.
Confrontée aux débarquements massifs de migrants dans les îles Canaries, l’Espagne est décidée à agir, avec le gouvernement sénégalais, contre les réseaux criminels qui organisent des départs à partir du Sénégal. Aranja Gonzalez Laya, sa ministre des Affaires étrangères, était à Dakar ce 22 novembre pour mettre la dernière main au programme visant à renvoyer les citoyens sénégalais sans titre de séjour dans leur pays d’origine.
«Les migrants clandestins de nationalité sénégalaise qui arrivent en Espagne seront renvoyés dans leur pays. Nous le ferons en respectant les règles et conventions que le Sénégal a signées avec l’Espagne», avait déclaré Aranja Gonzalez Laya, après une entrevue avec son homologue sénégalaise Aïssata Tall Sall qui faisait ses premiers pas dans ses nouvelles fonctions.
Le mystère persiste sur le contenu de ces «règles et conventions» que les deux pays ont signées en ce qui concerne la lutte contre les migrations irrégulières. Pour couper court aux propos de la diplomate espagnole, c’est le secrétaire d’État sénégalais aux Affaires étrangères Moïse Sarr qui est monté au créneau.
«Il n’y a pas d’accord signé entre la République du Sénégal et le Royaume d’Espagne en ce qui concerne le rapatriement de nos compatriotes. Que cela soit clair et net pour tout le monde», a soutenu l’officiel sénégalais devant la presse ce 24 novembre.
Qui croire, entre la diplomate espagnole et le secrétaire d’État aux Affaires étrangères en charge des Sénégalais de la diaspora? L’Espagne peut-elle renvoyer des migrants clandestins sénégalais sans l’assistance des services consulaires du Sénégal en Espagne? Ceux-ci pourront- ils prendre part au rapatriement en l’absence d’un accord particulier régissant ce sujet?
Création de bureaux d’accueil
«Il n’existe aucun processus de rapatriement de migrants sans accord préalable et sans compensations financières, généralement, au bénéfice de l’État qui accepte le retour de ses ressortissants», affirme à Sputnik Boubacar Sèye, président de l’ONG Horizons sans frontières.
L'AFRIQUE N'EST PAS PRÊTE À DÉPLOYER UN VACCIN ANTI-COVID
Une analyse réalisée par l'OMS révéle que seuls 33% des pays africains disposent de systèmes de santé capables de mener des campagnes de vaccination de masse
L'Organisation mondiale de la santé avertit que l'Afrique est loin d'être prête à déployer un vaccin Covid-19, une fois qu'il est disponible.
Une analyse réalisée par l'institution révéle que seuls 33% des pays africains disposent de systèmes de santé capables de mener des campagnes de vaccination de masse. Les pays sont maintenant instamment priés de se préparer à l'arrivée d'un vaccin dès que possible.
Alors que la course pour trouver un vaccin Covid-19 prend de l'ampleur à l'échelle mondiale, les experts de la santé en Afrique craignent que les systèmes de santé à travers le continent ne soient pas prêts à mettre le vaccin à disposition de leur population.
Trois sociétés pharmaceutiques mondiales travaillant sur les vaccins Covid-19 ont récemment publié des résultats prometteurs et attendent l'approbation pour commencer à les administrer au public.
L'OMS affirme que seulement 49% des pays d'Afrique ont réservé des fonds et identifié les cas prioritaires qui recevront le vaccin en premier.
Certains de ceux qui seront les premiers en ligne sont les travailleurs de la santé, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies sous-jacentes.
Le Centre africain de controle des maladies affirme qu'un vaccin sera une méthode de prévention supplémentaire contre le COVID-19.
Cependant, le plus grand défi sera de vacciner les populations. Le directeur du CDC Afrique, le Dr John Nkegasong, indique que cela pourrait ne pas commencer avant le deuxième trimestre de l'année prochaine.
Le CDC Afrique espère vacciner au moins 60% de la population africaine avec les doses initiales acquises. Ils soutiennent que cela aidera à obtenir l'immunité collective. Il y a maintenant plus de 2,1 millions de cas sur le continent, ce qui représente moins de 4% des cas dans le monde.
VIDEO
ROCH KABORE PROMET UNE CONCERTATION PERMANENTE
Le président réélu du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a tenu dès l'annonce de sa victoire un discours rassembleur, lançant des appels du pied à l'opposition.
Le président réélu du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a tenu dès l'annonce de sa victoire un discours rassembleur, lançant des appels du pied à l'opposition. Celle-ci se réserve "le droit d'utiliser les voies légales de recours pour traiter des irrégularités relevées".
Le président burkinabè réélu Roch Marc Christian Kaboré a promis, jeudi 26 novembre, une "concertation permanente" pour "construire un Burkina Faso meilleur", lors d'une intervention de quelques minutes après l'annonce de sa réélection au premier tour par la Commission électorale.
"Je mettrai tous mes efforts pour que dans la concertation permanente, dans l'échange […], nous puissions ensemble travailler à la paix et au développement de notre pays", a-t-il déclaré au siège de campagne de son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à Ouagadougou.