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1 mai 2025
International
EVELINE TALL, DE LA BANQUE MONDIALE À LA BOURSE
Déterminée à « faire émerger des champions nationaux et régionaux », la Sénégalaise, ex-numéro 2 d’Ecobank, prend la tête du conseil d’administration de la société de gestion et d’intermédiation CGF Bourse
Jeune Afrique |
Aurélie M'Bida |
Publication 21/11/2020
« CGF Bourse est un joyau national que nous devons développer », évoque d’emblée Éveline Tall, ancienne numéro deux du groupe bancaire panafricain Ecobank, interrogée par JA à propos de sa nomination en tant que présidente du conseil d’administration de la société de gestion et d’intermédiation basée à Dakar.
CGF, « société bien établie » se trouvant à un tournant de son histoire avec la diversification et la complexification du marché, et « une réglementation de plus en plus contraignante », constituait un défi supplémentaire à relever pour Éveline Tall. Au cours des deux dernières décennies, la Sénégalaise a cumulé une vaste expérience dans le domaine de la banque et de la finance « en environnements complexes et volatils », souligne le communiqué de CGF Bourse rendu public en fin de semaine dernière.
Dans les pas de Gabriel Fal
Éveline Tall commence sa carrière à Citibank Dakar où elle a occupé pendant seize ans plusieurs postes à responsabilité. C’est à Citibank, d’ailleurs, qu’elle fera la rencontre – avant de se lier d’amitié – de Gabriel Fal, le fondateur de CGF Bourse et ancien président de la BRVM, décédé brusquement en septembre 2019 à l’âge de 64 ans.
« On l’a maintes fois qualifié de ‘baobab de la finance’, de ‘Mozart de la finance’, pour moi, en fait, Gabriel Fal était un véritable artisan de la finance. Il comprenait le marché et savait saisir les opportunités », raconte celle qui lui succède à la tête la Compagnie de gestion financière et de bourse (CGF Bourse) après un intérim d’un an au niveau de la présidence. « Je connaissais très bien CGF, son fondateur et sa philosophie. Nos visions sont proches et je m’inscris dans un parfait alignement intellectuel avec lui. »
EN AFRIQUE, ORANGE A DÉPOSÉ LES ARMES FACE À GOOGLE ET FACEBOOK
Les Gafam sont maintenant considérés comme des alliés par le groupe français, qui mise sur le développement de la data et de la fintech sur le continent
Jeune Afrique |
Kévin Poireault |
Publication 21/11/2020
« En Afrique, 95 % des téléphones tournent sous Android, le système d’exploitation de Google. » Dans les mots d’Alioune Ndiaye, patron d’Orange Afrique et Moyen-Orient (Omea), l’alliance avec la firme américaine pour commercialiser le nouveau smartphone Sanza Touch d’Orange sonne comme une évidence.
Depuis plusieurs mois, le groupe français multiplie les opérations avec les Gafam : outre le lancement de « l’un des téléphones les moins chers d’Afrique » à 25,50 euros, commercialisé depuis octobre en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire et à Madagascar, Orange avait déjà rejoint Facebook, avec une multitude d’autres opérateurs opérant en Afrique autour du projet 2Africa, un futur câble sous-marin encerclant le continent.
Changement de stratégie
Pourtant, lors de sa prise de fonctions, en 2018, le ton d’Alioune Ndiaye s’affichait volontiers offensif à l’encontre des deux géants américains les plus présents en Afrique, Google et Facebook.
« Orange a d’abord essayé de consolider son activité de “vache à lait” 2G, décrypte Steve Esselaar, expert dans le secteur des télécoms africaines au cabinet Research ICT Solutions. La société pensait que les autorités réglementaires l’aideraient à compenser ses investissements dans les réseaux haut débit. »
Lesquels sont considérables, d’après Alioune Ndiaye, qui assure qu’« Orange investit 1 milliard d’euros chaque année dans les infrastructures réseau en Afrique ».
« Cette stratégie a clairement échoué, il lui a fallu changer son fusil d’épaule », estime Steve Esselaar, pour qui l’avenir des revenus de télécoms se joue dans la donnée, WhatsApp et Facebook ayant remplacé le SMS et la voix. Un constat que partage Alioune Ndiaye : « La voix, qui représentait 80 % des revenus des opérateurs il y a quelques années, a plongé sous les 50 % », indique-t-il.
Précieuses données
Selon Research ICT Solutions, elle représente 30 % des revenus mobiles en 2020 et pourrait bien avoir totalement disparu en 2025. « Nos chiffres d’affaires ont connu des baisses à deux chiffres en Afrique avec l’arrivée des acteurs over-the-top services [OTT ou service par contournement] », explique encore Alioune Ndiaye.
Pour les chercheurs du cabinet Research ICT Solutions, les OTT n’ont pas seulement pris des parts de revenus aux opérateurs. Ils se sont aussi approprié une denrée de valeur : le contrôle des données d’usage de leurs clients.
Dans un entretien publié vendredi par l'hebdomadaire Jeune Afrique, le président Emmanuel Macron reproche à son homologue guinéen, Alpha Condé, d'avoir fait réformer la Constitution dans le seul but de se maintenir au pouvoir. Il passe également en revue d'autres dossiers africains, notamment celui de la récente présidentielle en Côte d'Ivoire.
"Je pense que la situation est grave en Guinée pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée", déclare le chef de l'État, en regrettant qu'Alpha Condé ait "organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir". Âgé de 82 ans, il a été réélu au premier tour le 18 octobre avec 59,50 % des suffrages, mais l'opposition a dénoncé des irrégularités de toutes sortes après une campagne troublée.
"Le président Condé a une carrière d'opposant qui aurait justifié qu'il organise de lui-même une bonne alternance. Et d'évidence, il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C'est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations", assène Emmanuel Macron.
Et le président d'ajouter : "J'ai eu plusieurs fois des discussions avec le président Alpha Condé – des discussions très franches, y compris le 15 août 2019, quand il était en France."
Le devoir d'Alassane Ouattara
Interrogé sur cette présidentielle et celle de Côte d'Ivoire, également controversée, Emmanuel Macron souligne que "la France n'a pas à donner de leçons". "Notre rôle, c'est d'en appeler à l'intérêt et à la force qu'a le modèle démocratique dans un continent de plus en plus jeune", explique-t-il.
Le président français déclare "penser vraiment" qu'Alassane Ouattara, 78 ans, "s'est présenté par devoir" à la présidentielle du 31 octobre alors qu'il ne le "voulait pas". Pour rappel, la crise électorale a fait 85 morts en trois mois.
"Il appartiendra au président Ouattara de définir les termes d'une vie politique pacifiée. Il devra sans doute faire des gestes d'ouverture dans la composition du prochain gouvernement, ainsi qu'à l'égard des jeunes générations des partis politiques", estime Emmanuel Macron. "Dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 35 ans, il serait bon que le prochain président ait moins de 70 ans", selon lui.
Le chef de l'État estime par ailleurs que l'ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro, qui a appelé à "œuvrer" au départ d'Alassane Ouattara, "n'a pas à créer le désordre". "Je crois qu'il n'est plus en France pour en parler. Nous ne souhaitons pas qu'il mène des actions de déstabilisation depuis le sol français", ajoute-t-il.
AVEC LES TERRORISTES, ON NE DISCUTE PAS
Le président français Emmanuel Macron a martelé vendredi l'opposition complète de la France, engagée militairement au Sahel, à toute négociation avec les jihadistes, alors que ce sujet fait débat dans la région, notamment au Mali
"Avec les terroristes, on ne discute pas.On combat", a-t-il lancé dans un entretien avec l'hebdomadaire Jeune Afrique.
"Il faut s'inscrire dans la feuille de route claire que sont les accords d'Alger", a souligné Emmanuel Macron en référence à l'accord de de paix conclu en 2015 entre le pouvoir central malien, les groupes armés pro-Bamako et l'ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali.
"Ceux-ci prévoient un dialogue avec différents groupes politiques et autonomistes.Mais cela ne veut pas dire qu'il faut dialoguer avec des groupes terroristes, qui continuent à tuer des civils et des soldats, y compris nos soldats", a-t-il ajouté.
Cet accord ne concerne pas les groupes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou à l'organisation Etat islamique (EI) qui poursuivent, voire intensifient leurs actions depuis cinq ans, faisant des centaines de morts.
Le Premier ministre malien de transition, Moctar Ouane, a toutefois souligné lors d'une visite du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, le 26 octobre à Bamako, que le "dialogue national inclusif", vaste concertation du pays tenue fin 2019, avait "très clairement indiqué la nécessité d'une offre de dialogue avec les groupes armés" jihadistes.
"Je constate simplement que les autorités de transition ont réitéré leur volonté de lutter avec efficacité contre le terrorisme", a préféré relever Emmanuel Macron.
Le président français a par ailleurs indiqué qu'il aurait, "dans les prochains mois des décisions à prendre pour faire évoluer Barkhane", la force française de plus de 5.000 hommes présente au Sahel.Une décision était jusqu'ici attendue d'ici la fin de l'année.
Près d'un an après l'envoi de 600 soldats supplémentaires au Sahel pour reprendre l'avantage face aux jihadistes, Paris est sur le point de réduire le nombre de militaires déployés, avaient indiqué début novembre des sources concordantes à l'AFP.
"J'ai besoin d'une réitération claire du souhait de nos partenaires de voir la France rester à leurs côtés", a souligné le chef de l'Etat, qui avait déjà demandé un tel engagement à ses homologues du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) au sommet de Pau (sud-ouest de la France) en janvier.
Barkhane doit se "recentrer vraiment sur nos ennemis, l'EIGS et les groupes strictement terroristes", a souligné le chef de l'Etat en référence à l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) qui s'inscrit dans la nébuleuse de l'EI, et que Paris et ses alliés du G5 Sahel avaient déjà désigné comme cible principale au sommet de Pau.
Il n'a en revanche pas cité le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, selon l'acronyme arabe) dirigé par le chef touareg malien Iyad Ag Ghaly, affilié à Al-Qaïda.
Il faut également "accélérer la montée en puissance des armées du G5 Sahel" et "internationaliser notre présence" en y associant d'autres pays européens, a-t-il rappelé.
LES TENSIONS REDOUBLENT EN OUGANDA
Seize personnes ont été tuées en deux jours à Kampala, dans des heurts violents entre forces de sécurité et manifestants en colère, après l'arrestation de Bobi Wine.
Seize personnes ont été tuées en deux jours à Kampala, dans des heurts violents entre forces de sécurité et manifestants en colère, après l'arrestation de l'opposant et candidat à la présidentielle de 2021, Bobi Wine.
La situation reste tendue et chaotique à Kampala, la capitale de l'Ouganda. Seize personnes ont été tuées dans deux jours de heurts déclenchés par une énième arrestation du candidat à la présidentielle de janvier 2021, le populaire chanteur Bobi Wine.
"Le bilan est désormais de 16 morts et 45 blessés, certains grièvement", a déclaré jeudi 19 novembre le chef de la police de la métropole de Kampala, Moses Kafeero. Un précédent bilan policier faisait état de sept morts. "Environ 350 personnes ont été arrêtées pour des actes de violences, tels que pillages, destructions de biens, perturbation de la circulation, vols et vols avec violence durant les émeutes", a-t-il ajouté.
Des détonations continuaient d'être entendues jeudi soir à Kampala, selon un correspondant de l'AFP qui a vu, dans certains quartiers de la capitale, des pillards dérober les affaires d'automobilistes avant que la police n'intervienne en ouvrant le feu. La police tire "des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes" pour disperser "des émeutiers (qui) allument des feux dans les rues, dépouillent ceux qui circulent et s'attaquent à des magasins", a expliqué dans la soirée Moses Kafeero.
Des dizaines de blessés
Des habitants de Kampala ont raconté s'être fait voler téléphones portables, argent et sacs à main, après avoir été arrêtés à des barrages par des hommes masqués réclamant de l'argent, prétendument pour payer les frais d'avocats de Bobi Wine.
La campagne électorale bat son plein avant un scrutin présidentiel où le député d'opposition et star de la chanson de 38 ans sera le principal adversaire de Yoweri Museveni, 76 ans, au pouvoir depuis 1986. La Croix-Rouge avait indiqué tard mercredi avoir traité des dizaines de blessés, dont 11 par balles après plusieurs heures d'affrontements à Kampala entre policiers et jeunes manifestants fous de colère après avoir appris l'arrestation de leur champion.
Robert Kyagulanyi, de son vrai nom, a été mercredi arrêté à Jinja où il faisait campagne, pour avoir, selon la police, violé les mesures de lutte contre le Covid-19 lors de ses rassemblements. Les heurts ont également touché cette ville ainsi que d'autres centres urbains du pays.
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MINEMBWE, LA LOCALITE QUI ENFLAMME LA RDC
L'installation le 28 septembre d'un bourgmestre dans la commune rurale de Minembwe a suscité un tollé national, agitant jusqu'aux plus hautes sphères de l'État.
En République démocratique du Congo, dans la province du Sud-Kivu, un minuscule bout de terre isolé en altitude s'est retrouvé au cœur d'une violente polémique. L'installation le 28 septembre d'un bourgmestre dans la commune rurale de Minembwe a suscité un tollé national, agitant jusqu'aux plus hautes sphères de l'État. Nos correspondants dans la région se sont rendus sur place.
par l'éditorialiste de seneplus, Emmanuel Desfourneaux
DÉMISSIONNEZ AU NOM DE L’HONNEUR ET DU DROIT À LA VIE !
EXCLUSIF SENEPLUS - Je ne reproche pas à Amadou Tidiane Wone sa colère légitime de musulman mais son absence d’acceptation supérieure du droit à la vie. Ce droit ne saurait être mis en balance avec la liberté de la religion et la liberté d’expression
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 19/11/2020
C’est en ma qualité de petit-fils d’un récipiendaire de la distinction de Chevalier de la légion d’honneur à titre posthume que je m’adresse à l’ambassadeur, Philippe Lalliot.
Un de vos prédécesseurs a fait remonter une liste de futurs décorés dont fit partie l’ancien ministre de la culture de Me Abdoulaye Wade, Amadou Tidiane Wone. Ce dernier a démissionné à grand fracas de l’ordre national de la légion d’honneur et s’apprête à rendre insignes et attestations à votre ambassade.
Que diable contenait le mémoire de proposition en termes de services éminents rendus à la nation française par cet ancien ministre ? Aujourd’hui, reconverti en webactiviste selon ses propos, Amadou Tidiane Wone s’inscrit dans une jacquerie internétique et assumée contre la France. Il est coutumier du fait, incorrigible récidiviste, se laissant porter par le ressentiment anti-français et l’hostilité aux valeurs occidentales soi-disant « décadentes », rejoignant ainsi le club fermé de Jamra et de Pastef.
Monsieur Philippe Lalliot, je vous tiens pour responsable du déshonneur de cette restitution : vous êtes garant de la continuité de l’Etat français. Vous achetez la conscience et la loyauté de certaines personnalités africaines au nom de la politique étrangère de la France. Ces légions d’honneur, vous les dispensez, selon la citation Napoléonienne, à « vos militaires et vos savants » africains comme si vous étiez un distributeur automatique de boissons. Amadou Tidiane Wone, dans sa lettre à l’attention d’Emmanuel Macron, fait offense au droit à la vie, et donc aux héros morts pour la France. Vous lui avez permis d’être un demi-héros des médias sociaux. C’est impardonnable !
Alors que vous êtes muré dans le silence de votre fonction, je dois par votre faute sortir du bois pour défendre le droit à la vie. Amadou Tidiane Wone batifole avec l’amalgame sémantique. Il ne parle jamais d’attentat ! A l’endroit du décapiteur, il ne lui colle à aucun moment l’étiquette de terroriste. Seulement la qualification d’assassin de droit commun, ni meilleur, ni pire que les autres ! Il propage même la thèse complotiste selon laquelle cet « adolescent (sic) » aurait été illégalement abattu par les forces de police : il affiche sa préférence pour le droit à la vie d’un décapiteur au grand dam de celui d’une victime décapitée, avec un corps séparé de la tête à présenter à sa femme et son enfant ! Pour le démentir, quelques jours plus tard, à Nice, un nouveau terroriste ayant fait trois victimes innocentes a été appréhendé en vie par les forces de l’ordre. A fortiori la Cour Européenne des Droits de l’homme de Strasbourg veillera, si elle est saisie, à la conformité de l’usage de la force avec l’article 2 de la Convention.
Le droit à la vie est l’un des plus importants droits de l’homme, il ne saurait être mis en balance avec la liberté de la religion et la liberté d’expression. Toutes les civilisations, au-delà de leurs particularités cultuelles, ne peuvent que partager cet axiome à défaut de tomber dans la déshumanisation et la bestialité. Pour ce qui concerne Amadou Tidiane Wone, je ne suis pas étonné qu’il n’en fasse peu cas. Déjà lors du procès d’Hissène Habré, il avait placé le droit d’asile de la Teranga au-dessus du droit à la vie des victimes tchadiennes. Il avait même réclamé l’abandon des charges contre le bourreau au motif qu’il serait « une victime expiatoire de toute la déraison humaine qui a fait que l’Afrique est embourbée dans la pauvreté ». Amadou Tidiane Wone implorait le pardon et la réconciliation aux victimes tchadiennes ! Je n’ai pas vu une telle requête de mansuétude dans sa démission de l’ordre de la légion d’honneur.
La France, quant à elle, honore ses morts ; il était impensable qu’un professeur décapité en plein exercice de ses fonctions soit enterré en catimini ; la République lui a accordé la place qui lui était due surtout au nom du droit à la vie, non pas mort l’arme à la main, mais le stylo à la main. Il est vrai qu’au Sénégal les jeunes, sur pression des familles, inactions de l’Etat et duplicité internationale, se noient au large des côtes dans une indifférence au droit à la vie. Je préfère mille fois la théâtralisation républicaine des morts français avec le risque de récupération politique que la Place des Souvenirs transformée en bazar, d’après ce qui m’a été rapporté.
Je ne crois pas en l’acte héroïque de la démission de l’ordre de la légion d’honneur. J’ai plus de respect pour Jean-Paul Sartre qui l’a rejetée dès le début au nom de la liberté. Je ne reproche pas à Amadou Tidiane Wone sa colère légitime de musulman mais son absence d’acceptation supérieure du droit à la vie.
Monsieur Philippe Lalliot, je vous tiens pour responsable du déshonneur de cette restitution : vous représentez la politique française à l’étranger. Ne vous méprenez pas sur mes intentions, je ne défends nullement Emmanuel Macron (même si certains djinns mal intentionnés souffleront le contraire à l’oreille). Je me range derrière les propos sages du président sénégalais tenus lors du Forum de Paris sur la Paix. Je suis un homme de principe, je suis au milieu d’un segment et lutte contre ses extrémités.
Une majorité de musulmans, contrairement à un post confus d’Ousmane Sonko, pratique en toute quiétude leur religion en France. Seulement, nous partageons une singularité avec le Sénégal, nous débattons quotidiennement de religion. La loi sur les séparatistes est revenue mettre sur le tapis des palabres séquestrés par les extrémistes et leurs stigmatisations. Nous finissons par être prisonniers de la bataille des extrémistes et nous nous y engouffrons dangereusement. Tout ceci révèle une peur d’évoluer, de s’ajuster à un monde qui change. Les minorités en France issues de l’histoire coloniale bousculent l’ordre établi de l’homme blanc laïc. Sans approuver toutes leurs revendications, traitons-les avec plus de considération ! Il est possible de constater ce même processus au Sénégal où le féminisme conteste une société machiste. Le danger à moyen terme pour ces deux pays serait une jonction de circonstance entre les extrémistes connus et les néo-extrémistes défenseurs de l’ordre présent. Ces derniers se cachent sous les traits d’intellectuels, et se dénichent jusque dans les gouvernements et les administrations.
Je ne souhaite pas discuter ci-présent de religion même si à Dakar j’ai vécu les plus beaux moments de ma vie spirituelle. J’ai le souvenir d’une avant-veille de Tabaski à Ngor avec les ruelles drapées de linge blanc, les odeurs d’encens, sur fond du chant du muezzin et du soleil couchant. Permettez-moi d’insister plutôt sur le thème principal de mon édito : le droit à la vie. Il est inconvenant de requérir la reconnaissance au droit à la vie par nos partenaires historiques africains, si la France dans sa politique étrangère n’en a cure. Il est temps que l’ancienne puissance coloniale mette au cœur de sa politique étrangère ce droit, avant-même l’égalité des genres. Il est temps que nous soyons du côté des peuples africains. Avec la Côte d’Ivoire et la Guinée, nous avons manqué à notre devoir du droit à la vie après la mort de plusieurs manifestants. Il est temps que la France admette qu’elle a porté atteinte, dans son histoire, au droit à la vie des peuples colonisés. La colonisation doit être qualifiée de crime contre l’humanité. Cela demande du courage, mais dans la période actuelle nous avons besoin d’hommes politiques persévérants et nobles.
Les soldats de mon grand-père, des tirailleurs sénégalais, montèrent une garde pieuse de son corps en témoignage de sa bravoure alors que les combats faisaient toujours rage. Fort de son modèle, je vais sur le terrain pour apporter la réplique malgré les critiques acerbes auxquelles je m’expose sur un sujet si clivant. Je n’écris pas pour le présent hystérique mais pour un avenir apaisé où la raison humaine reprendra le dessus ! Et vous, monsieur Philippe Lalliot ? Allez-vous vous conduire en homme courageux et réagir à la démission humiliante d’Amadou Tidiane Wone : renoncer à vos charges pour l’honneur de la communauté diplomatique française (qui a commis une erreur d’appréciation).
LES DEUX CAMPS REVENDIQUENT DES VICTOIRES AU TIGRE
Opposés depuis deux semaines dans un conflit militaire, le gouvernement éthiopien et les autorités de la région dissidente du Tigré ont chacun revendiqué, mercredi, d'importantes victoires militaires.
Opposés depuis deux semaines dans un conflit militaire, le gouvernement éthiopien et les autorités de la région dissidente du Tigré ont chacun revendiqué, mercredi, d'importantes victoires militaires.
Les deux camps qui s'opposent depuis deux semaines dans le nord de l'Éthiopie – le gouvernement éthiopien et les autorités de la région dissidente du Tigré – ont revendiqué, mercredi 18 novembre, d'importantes victoires militaires.
Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a envoyé le 4 novembre l'armée fédérale à l'assaut du Tigré, région du nord de l'Éthiopie, après des mois de tensions avec les autorités du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF).
"L'armée gagne sur tous les fronts", a affirmé mercredi Berhanu Jula, le chef de l'armée éthiopienne. "Le plan du TPLF de pousser l'Éthiopie vers une guerre civile et de la désintégrer a échoué et [le TPLF] est actuellement aux abois car il est cerné", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a notamment affirmé contrôler mardi soir plusieurs villes de l'est du Tigré, notamment Mehoni, située à 125 km au sud de la capitale régionale Mekele, vers laquelle son armée était "en train d'avancer".
Il a également indiqué mardi soir avoir pris Shire, une localité du Nord abritant des camps de réfugiés érythréens, et "avancer" vers Aksoum, haut lieu de la religion éthiopienne orthodoxe.
"Repousser les envahisseurs"
De leur côté, les forces tigréennes ont également revendiqué des victoires militaires, sans donner de précisions géographiques.
"Nous infligeons de lourdes défaites sur tous les fronts à la force qui est venue nous attaquer", a dit le président du Tigré, Debretsion Gebremichael, dans un communiqué. "J'appelle tous les Tigréens à sortir en masse pour repousser les envahisseurs et pour continuer à infliger de lourdes pertes et défaites à l'ennemi", a-t-il ajouté.
Au Tigré, la branche éthiopienne de la Croix-Rouge a "transporté des centaines de personnes blessées dans les zones touchées par des combats", indique le Comité international de la Croix-Rouge. Le CICR ajoute que les hôpitaux du Tigré et de l'Amhara, région frontalière située au sud, ont "urgemment besoin" de lits supplémentaires.
Menace pour la stabilité régionale
La communauté internationale s'inquiète également des conséquences sur la stabilité de la Corne de l'Afrique de ce conflit qui menace de s'étendre à travers l'Éthiopie et au-delà.
Addis Abeba a affirmé mardi entrer dans la phase "finale" de cette opération militaire. Le même jour, le ministre de la Défense, Kenea Yadeta, a déclaré qu'elle se terminerait "probablement dans moins de 10 à 15 jours", dans une interview à la radio-télévision allemande Deutsche Welle.
Mais selon des sources diplomatiques, il est loin d'être évident que les forces fédérales parviennent à défaire rapidement le TPLF, qui possède d'importants équipements militaires et compterait quelque 250 000 soldats (force paramilitaire et milice) bien entraînés à ces terrains montagneux.
GRAVE CRISE HUMANITAIRE EN COURS AU TIGRE
La Croix-Rouge (CICR) a pu visiter les hôpitaux de Gondar et de Mekelle en manque de tout.
Alors que le conflit au Tigré est entré dans sa troisième semaine, la province est toujours coupée du monde et les rares informations proviennent surtout des communiqués des belligérants. Mais pour la première fois, des informations indépendantes ont été rendues publiques mardi 17 novembre, quand le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pu visiter les hôpitaux de Gondar et de Mekelle, en manque de tout. L’ONG fait état d’une crise humanitaire très grave.
Dans l'Amhara comme dans le Tigré, le rapport du CICR évoque des hôpitaux débordés, en manque de tout : de lits, de couvertures, de médicaments. À titre d'exemple, plus de 400 blessés graves sont actuellement traités dans le seul hôpital de Gondar, qui doit faire face également à 14 cas de Covid-19.
À Mekelle, capitale du Tigré, l'hôpital local a demandé à être approvisionné en traitements basiques, comme pour le diabète et les dialyses, puisqu'il est le seul de la région à fournir ces soins. Et la Croix-Rouge ajoute que ses 10 ambulances ont transporté des « centaines de blessés » hors de la zone des combats.
Le CICR évoque aussi un millier de Tigréens, à Mekelle et Addis Abeba, angoissés d'avoir perdu le contact avec leurs proches et qui se sont signalés sur le service téléphonique d'urgence.
La Croix-Rouge dit avoir également rendu visite à des prisonniers de guerre, à qui elle a fourni des produits d'hygiène. Et elle dit s'inquiéter pour les réfugiés érythréens vivant dans les camps du Tigré, et « qui ont besoin de protection et d'assistance ».
Depuis quelques jours, les agences humanitaires de l’ONU multiplient en vain les appels. Mardi, c'est son sous-secrétaire général aux affaires humanitaires en personne qui a exprimé son « inquiétude grandissante ». Selon le rapport interne d'une ONG cité par Associated Press, dans le Tigré « il ne reste plus grand chose » à manger, et ce « même avec de l'argent ».
L'ARMÉE FRANÇAISE INSTALLE SES QUARTIERS À L'AIBD
Dans le contexte de superposition de crises d’intensités qui surviennent en Afrique de l’Ouest, avec un besoin permanent de surveillance des déplacements de groupes terroristes ou criminels, l’Escale aéronautique française revêt une importance primordiale
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 18/11/2020
L’Escale aéronautique des Éléments français au Sénégal, ouverte le 13 novembre dernier, n’est pas une base militaire proprement dite. Mais elle devrait permettre aux soldats français de disposer d’un point d’appui logistique et stratégique utile au regard de la situation qui prévaut en région ouest-africaine, notamment au Mali.
Les 400 militaires et civils qui constituent les Éléments français au Sénégal (EFS) ont désormais leur repaire à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD), à 40 km de Dakar. Il s’agit d’une escale aéronautique dont l’espace a été inauguré le 13 novembre dernier. Entamée depuis plusieurs mois, la migration des EFS de l’aéroport Léopold Sédar Senghor (LSS) vers la nouvelle plateforme sénégalaise satisfait à «des sollicitations exprimées par la France et auxquelles le Sénégal a répondu favorablement», indique une source militaire sénégalaise contactée par Sputnik et ayant souhaité garder l’anonymat.
Pour Paris, cette acquisition compense également sa cession aux forces américaines de la base aérienne de Ouakam, une commune située sur la côte ouest de la capitale.
«Avec la transformation de LSS en vrai aéroport militaire pour le Sénégal et vu que la totalité du trafic a été déroutée vers l’Aibd, les Français avaient urgemment besoin d’un nouvel espace pour continuer leurs opérations stratégiques et notamment en recherche-sauvetage. Mais les raisons géopolitiques restent déterminantes», précise la même source militaire.
Située non loin du pavillon présidentiel, l’Escale aéronautique des EFS dispose de son propre écosystème, dont un tarmac destiné à accueillir des aéronefs militaires français ou étrangers, un système de ravitaillement permanent des aéronefs, des lieux d’entreposage de matériel, des lieux d’approvisionnement, la possibilité de faire des réparations.
Un point d'appui logistique
«Elle peut aussi héberger des équipements et matériels militaires lourds arrivés par bâtiment au port de Dakar.» Sans être une véritable base militaire, l’Escale aéronautique est «un point d’appui logistique et stratégique» qui permettra aux militaires français de «se projeter assez rapidement vers d’autres pays de la sous-région» en cas de nécessité.
«N’oubliez pas que le Mali est tout proche. Les militaires de la force Barkhane y sont en nombre et peuvent être confrontés à des situations compliquées. Cette escale leur est donc très utile», explique l’officier.
La totalité de cette infrastructure a été réalisée par les Français eux-mêmes. Par exemple, le raccordement de l’escale aérienne militaire à l’aéroport international Blaise Diagne porte l’empreinte de 30 sapeurs de la 2e compagnie opérationnelle du 25e régiment du génie de l’air de Mont-de-Marsan, rapporte le site du ministère des Armées. Les travaux ont duré du 30 juillet au 14 décembre 2019.