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2 mai 2025
International
DÉCÈS DE L'EX-PRÉSIDENT MALIEN AMADOU TOUMANI TOURÉ
Celui qui a dirigé le pays sahélien de 2002 à 2012 avant d'être renversé par un coup d'Etat militaire, est mort dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 72 ans en Turquie où il avait été transféré pour des raisons de santé
L'ancien président malien Amadou Toumani Touré, qui a dirigé le pays sahélien de 2002 à 2012 avant d'être renversé par un coup d'Etat militaire, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 72 ans en Turquie où il avait été transféré pour de raisons de santé.
"Amadou Toumani Touré est décédé dans la nuit de lundi à mardi en Turquie où il avait été évacué pour des raisons sanitaires", a annoncé à l’AFP son neveu, Oumar Touré.
Amadou Toumani Touré avait subi récemment "une opération du cœur à l’hôpital du Luxembourg de Bamako qu’il a créé.Tout semblait aller bien", a indiqué sous couvert d'anonymat un médecin de l'hôpital.
"On a décidé ensuite de l’évacuer sanitairement.Il a voyagé vers la Turquie très récemment par un vol régulier.Malheureusement il est décédé dans la nuit de lundi à mardi", a-t-il ajouté.
Le nom d'Amadou Toumani Touré, ancien militaire entré en politique, était associé à la transition démocratique du Mali du débaut des années 1990.
Devenu président en 2002, il avait été renversé en mars 2012 par un putsch de soldats entrés en mutinerie contre l'incapacité du gouvernement à arrêter l'offensive, dans le nord du pays, de rebelles touareg et l'afflux de jihadistes en provenance des pays voisins.
Le pays a sombré depuis dans une spirale de violences jihadistes et intercommunautaires qui se sont propagées au centre du pays et au Burkina Faso et au Niger voisins.
- Coup d'Etat -
Amadou Toumani Touré avait lui-même pris part en mars 1991, après des manifestations populaires durement réprimées par le pouvoir, à un coup d'Etat qui avait eu raison du régime de Moussa Traoré, en place depuis 1968.
Il avait pris la tête d'un comité de transition, exercé les fonctions de chef de l'Etat et dirigé l'organisation d'élections.La transition avait débouché en 1992 à l'avènement d'Alpha Oumar Konaré, premier président démocratiquement élu depuis l'indépendance.
Surnommé familièrement ATT, Amadou Toumani Touré avait à son tour été élu président en 2002 et réélu en 2007.
Loin de stopper l'avancée des indépendantistes et des jihadistes, le coup d'Etat de 2012 avait au contraire précipité la déroute de l'armée.Le nord était alors rapidement tombé sous la coupe des jihadistes avant l'intervention des forces françaises.
Les deux tiers du territoire malien échappent aujourd'hui à l'autorité centrale.
Amadou Toumani Touré disparaît alors que le Mali est à nouveau dans une période de transition, consécutive à un nouveau coup d'Etat militaire, qui a fait tomber le 18 août l'ancien président élu Ibrahim Boubacar Keïta.
Certains des officiers impliqués dans le putsch du 18 août, dont leur numéro deux, le colonel Malick Diaw, figuraient sur la photo de groupe des putschistes de 2012.
Les putschistes ont mis en place une présidence et un gouvernement de transition et se sont engagés à remettre le pouvoir à des civils élus sous 18 mois.
«CONFIER LES EVENEMENTS DU 28 SEPTEMBRE 2009 A LA CPI SERAIT SYNONYME D’ABANDON DE NOTRE SOUVERAINETE»
Sud Quotidien est allé à la rencontre du tout nouveau Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Mory Doumbouya, qui affiche sa détermination à ce que la justice soit rendue
CONAKRY, Guinée) – 28 septembre 2009 ! Un lundi noir à Conakry où un meeting politique organisé par le Forum des forces vives de la Guinée dans le stade qui porte le même nom, tourne au drame. L’armée aurait tiré sur la foule et commis des viols publics. Le bilan est estimé à 157 morts et plus de 1000 blessés. 11 ans après, la communauté internationale attend toujours la tenue du procès. Sud Quotidien est allé à la rencontre du tout nouveau Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Mory Doumbouya, qui affiche sa détermination à ce que la justice soit rendue. Entretien.
Monsieur le ministre, à quand le procès des évènements du 28 septembre 2009 ?
Je suis Garde des Sceaux, il y a quelques mois. C’est parce que j’ai été investi dans mes actuelles fonctions le 19 juin passé. J’ai pris contact avec les juges qui sont saisis de ce dossier, notamment les juges du Tribunal territorial compétent. J’ai échangé avec les cadres du département. J’ai échangé avec les associations des victimes. J’ai eu des échanges également avec le collectif d’avocats chargé d’assurer la défense des personnes poursuivies dans le cadre de ces évènements. Je suis allé plus loin. Peut-être que ça pourrait vous paraitre saugrenu. Je suis allé à la maison d’arrêt échanger directement avec les personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire et ça m’a permis d’avoir une impression d’ensemble. C’est parce qu’au point de vue procédural, j’ai aperçu en réalité que la procédure des instructions était achevée. J’ai compris que pratiquement, il ne restait plus rien à faire au titre de l’instruction du dossier, l’ordonnance de renvoi ayant été rendue, les voies de recours qui auraient dû être exercées, sont toutes épuisées. J’étais curieux de savoir pourquoi jusqu’à mon arrivée, ce procès n’était pas organisé et bien sûr sans avoir la prétention de remettre en cause les actes posés par mes prédécesseurs. En raison de la continuité de l’Etat, j’ai quand même décidé de marquer certaines ruptures sur beaucoup de points.
Lesquels ?
Premièrement, la construction d’un tribunal ad hoc posée comme condition préalable pour la tenue et l’organisation du procès. Puisqu’à l’image de l’Etat du Sénégal chargé d’organiser le procès du président Hissen Habré, les autorités guinéennes s’étaient inspirées des conditions d’organisation de ce procès en mettant en place un comité ad hoc chargé d’examiner et de gérer toutes les questions liées à l’organisation de ce procès. Ayant donc compris avec l’ordonnance de renvoi qui était rendu dans ce dossier qu’il ne restait plus rien à faire, j’ai pris la décision de prendre nos responsabilités et de quitter le cadre des interférences du département dans les procédures éventuelles de jugement. Et j’ai dit aux associations des victimes, au collectif d’avocats, aux représentants des Nations Unies, un expert basé à Nouakchott, Me Baal qui est avocat de profession, ancien président de la Cour Suprême, ancien Garde des Sceaux de la République de Mauritanie, que j’étais décidé à prendre mes responsabilités en allant tout droit à l’organisation de ce procès et que les partenaires de la Guinée pouvaient nous prêter main forte si c’était nécessaire en terme d’organisation, de conditions matérielles du procès et que la Cour d’Appel de Conakry sécurisée et même réaménagée pouvait nous permettre d’ouvrir ce procès-là et faire comparaitre les personnes poursuivies et déjà mettre les juges devant leur responsabilité. Parce qu’en réalité, on a trop dramatisé ces évènements et la dramatisation a donné l’impression que la justice guinéenne n’était pas en mesure de tenir ce procès. Ce qui était d’une fausse impression au point qu’à un moment donné, il y avait une terrible pression de la Cour pénale internationale qui a déclaré : «depuis 2009, vous ne faites rien et nous, si rien n’est obtenu en terme de justice, nous allons nous saisir de cette affaire». Beaucoup de missions conduites par des experts de la Cedeao ont eu lieu en territoire guinéen avec des échanges multiples sur ce dossier. Je dis qu’en raison du principe de subsidiarité (un principe selon lequel une autorité centrale ne peut effectuer que les tâches qui ne peuvent pas être réalisées à l’échelon inférieur, Ndlr), qui fait que la compétence de la CPI serait synonyme d’un abandon de souveraineté pour l’Etat de Guinée de ne pas pouvoir organiser et faire juger ces évènements. Et pratiquement, un mois avant la tenue de l’élection présidentielle, j’étais décidé à demander au tribunal compétent de proposer une date d’ouverture de ce procès. Mais, il faut noter qu’il n’appartient pas au ministère de la Justice, à la Chancellerie, à un Garde des Sceaux de fixer la date d’ouverture d’un procès quelconque. Cette question relève de la compétence des juges Des propositions d’ouverture de date avaient été faites et en raison quelque peu de la sensibilité de ce dossier, pour des raisons sécuritaires, nous avions estimé que l’ouverture ne pouvait pas aller dans un contexte d’élection présidentielle. Donc, voilà pratiquement là où nous en sommes. Je vous donne ma ferme assurance que dès après la proclamation des résultats définitifs de l’élection du Président de la République, nous allons reprendre les choses pour que très rapidement, nous puissions montrer à la face du monde que nous sommes déterminés à faire la lumière sur ces évènements. Parce qu’en réalité, on n’organise pas un procès pour trouver forcément des coupables. On organise un procès pour qu’à la suite d’un débat contradictoire, des responsabilités sur des faits précis soient déterminées. Des sanctions si bien sûr des responsabilités ont été situées, soient prononcées et que des réparations soient accordées.
Est-ce vous pouvez nous donner un échéancier, un deadline pour la tenue de ce procès ?
Si vous vous placez dans le contexte de la date de commission des infractions poursuivies, vous aurez l’impression que nous trainons les pas. Mais si vous tenez compte des particularités liées aux procédures judiciaires, vous comprendrez notre position. Voilà des faits au regard de la loi guinéenne constitutive de faits criminels et quand il s’agit des infractions érigées au rang des crimes, la procédure est complexe. D’abord, les enquêtes préliminaires ont dû prendre du temps mais surtout la procédure devant les cabinets d’instruction. Mais en réalité et comme je l’ai toujours dit, je crains que je ne fasse une ingérence dans la compétence des juges en vous disant voilà tel jour, ce procès se tiendra. Le rôle de l’Etat, parce que je représente le pouvoir exécutif, est de créer les conditions sécuritaires, matérielles d’organisation du procès. Mais il est de notre devoir d’interpeller le parquet du tribunal et je vous le disais que cela était déjà fait avant l’ouverture de la campagne de l’élection du Président de la République et je viens de vous dire que dès après la proclamation des résultats définitifs, cette démarche va se relancer pour que les juges nous fassent des propositions de date immédiate. J’ai eu des échanges avec des avocats qui m’ont dit : «Monsieur le ministre, si ce procès se tenait demain, vous nous verrez aux audiences avec nos moyens». J’ai reçu les avocats des associations de victimes qui m’ont tenu le même langage. J’ai dit au procureur, il ne reste plus qu’au juge de prendre les responsabilités et de prendre le taureau par les cornes.
Pourtant, on entend aussi parler de la construction d’un tribunal pour la tenue du procès. Qu’en est-il ?
Je ne lie pas forcément l’ouverture de ce procès à la construction d’un bâtiment. Je suis clair là-dessus. Nous avons la salle d’audience de la Cour d’appel de Conakry qui, sécurisée, réaménagée, peut valablement nous permettre d’organiser le procès.
Quel est le nombre de personnes qui sont poursuivies dans le cadre de cette affaire et quels sont les délits retenus contre elles ?
Pour la plupart, ce sont des cas de viol, de meurtre, des coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort. En réalité, une kyrielle d’inculpations et bien sûr des personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire en partie ont bénéficié des ordonnances de non lieu partielles, sauf erreur de ma part à vérifier dans les documents, je crois savoir qu’à date, au moins 15 personnes sont renvoyées devant la formation du jugement.
Revenons sur la présidentielle du 18 octobre dernier. Beaucoup de vos compatriotes, établis notamment au Sénégal et dans la diaspora, ont dénoncé le fait de n’avoir pas pu s’acquitter de leur devoir civique. Qu’est-ce qui explique ce dysfonctionnement ?
Je n’appellerais pas cela dysfonctionnement encore moins inégalité. Je crois que la Commission électorale nationale indépendante était bien placée pour nous expliquer les situations de ce genre. Mais, en réalité, le principe voudrait pour une élection que tous les Guinéens soient investis, de pouvoir s’exprimer. C’est ça le principe. Mais, si pour des raisons quelconques qui ne peuvent être expliquées que par la Ceni. Il est établi que par endroit, certains compatriotes n’ont pas pu prendre part à l’élection du Président de la République. Mais, je crois qu’à l’avenir si les conditions le permettaient, il serait beaucoup préférable de faire en sorte que les circonscriptions électorales soient beaucoup plus élargies. Mais, en réalité, et à part des contraintes certainement liées au travail de la Ceni, je ne vois derrière tout cela aucune volonté de discriminer qui que ce soit. Il n’y a aucune intention préalable d’écarter qui que ce soit parce que la communauté guinéenne vivant au Sénégal est composée de toutes les ethnies de la République de Guinée, de toutes les obédiences politiques, a priori. Il est difficile de savoir si quelqu’un s’appelle au Sénégal Doumbouya ou Mamadou, de quelle formation politique ou pour quel candidat, cet électeur-là va voter. Et donc pas seulement au Sénégal et nous ne sommes pas parvenus malheureusement à permettre à tous les compatriotes en dehors du pays de s’exprimer par endroit et le vote a eu lieu mais tout le monde n’a pas pu s’exprimer. Et je crois que le fichier qui a été présenté avant l’élection du Président de la République et qui a été validé par les experts de la Cedeao, est consensuel nonobstant les réserves infondées de l’opposition. En réalité, l’élection a eu lieu dans un contexte totalement apaisé avec un taux de participation record (plus de 78 %, selon la cour constitutionnelle, Ndlr). Nous sommes dans l’attente des résultats définitifs qui vont être proclamés par la Cour Constitutionnelle dans les délais légaux (entretien réalisé avant la confirmation des résultats définitifs-ndlr), la Ceni ayant déjà annoncé les résultats provisoires qui accordent un suffrage record avec ce Président de la République qui passe au premier tour. En tout cas, selon les chiffres donnés par la Ceni.
par Damien Glez
LE BYE-BYE DES "SHITHOLE COUNTRIES" À DONALD TRUMP
L’issue de l’élection américaine ne changera pas la face du continent mais pour autant, l’Afrique ne se désintéresse pas du sort du fantasque Donald Trump. Avec, toutefois, une certaine ambivalence
En meeting électoral le 16 octobre dernier, Donald Trump indiquait que perdre contre le « pire candidat de tous les temps » l’humilierait au point qu’il devrait peut-être quitter les États-Unis. Des pays africains seraient-il tentés d’accueillir le président déchu ? Censément pas les « pays de merde » (shithole countries) que le chef de l’État sortant montrait d’un doigt dédaigneux en janvier 2018. Quoique…
Les Africains ne condamnaient pas les sorties « trumpiennes » de manière systématique ou unanime. Pas plus que son ton franc et viriliste, que ne réprouvent pas nombre de citoyens africains chez leurs propres dirigeants, ni même le fond de la pensée trumpienne qui, dans le cas de la saillie contre les shithole countries, avait réjoui les plus martyrisés des opposants aux régimes du continent souffrant de mauvaise gouvernance.
Saluts protocolaires
Comme de bien entendu, les chefs d’État africains saluent protocolairement l’arrivée de Joe Biden, évoquant « sa vaste expérience » (Muhammadu Buhari), la promesse « d’unité, de sécurité et de prospérité » (Nana Akufo-Addo) ou encore la perspective d’un « accord commercial donnant aux nations africaines un accès en franchise de droits aux marchés américains » (Yoweri Museveni).
Les internautes les plus satiristes évoquent, eux, le grognon « Omar Trump Bongo, qui s’accroche au pouvoir comme un authentique dictateur africain » et dont l’obstination pourrait justifier « une force d’interposition menée par l’armée de mer du Tchad, pays enclavé ».
Le Conseil constitutionnel a validé lundi la réélection du président ivoirien sortant, Alassane Ouattara, pour un troisième mandat controversé, selon une déclaration de son président, Mamadou Koné, au siège de l'institution à Abidjan. Alors que l’opposition avait appelé au boycott du scrutin, 53,90 % des électeurs se sont rendus aux urnes.
"Aucune irrégularité grave", a annoncé Mamadou Koné. Le président du Conseil constitutionnel de la Côte d'Ivoire a confirmé lundi 9 novembre la réélection du président sortant Alassane Ouattara à un troisième mandat controversé, lors d'une déclaration au siège de l'institution à Abidjan. Quelque 53,90 % des électeurs se sont rendus aux urnes, après l'appel au boycott de l'opposition.
"M. Alassane Ouattara est proclamé élu au 1er tour" avec 94,27 % des voix, a déclaré le président du Conseil constitutionnel, qui a indiqué n'avoir relevé "aucune irrégularité grave" sur les bureaux qui ont été pris en compte. L'opposition avait boycotté le scrutin du 31 octobre et empêché la tenue du vote dans près de 5 000 bureaux. Ceux-ci n'ont pas été inclus dans le corps électoral.
Mamadou Koné a également souligné qu'"aucune réclamation" n'avait été déposée. Sans surprise, le Conseil constitutionnel n'a changé aucun des résultats annoncés le 3 novembre par la Commission électorale.
Un scrutin marqué par des violences et saccages de bureaux
Le taux de participation a été de 53,90 %.
Le président sortant Alassane Ouattara a recueilli 3 031 483 voix sur un total de 3 215 909 suffrages exprimés lors de ce scrutin marqué par des violences.
Le Conseil constitutionnel a ajouté que 17 601 bureaux sur les quelque 22 381 bureaux ont pu ouvrir ; le nombre d'inscrits pouvant voter est donc passé de 7 495 082 à 6 066 441 inscrits. Des militants de l'opposition avaient saccagé ou empêché l'ouverture de bureaux.
Selon les scores validés par le Conseil constitutionnel, le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin arrive en deuxième position, avec 1,99 % des voix (64 011 votes). Les deux autres candidats avaient appelé au boycott mais ont tout de même reçu des suffrages. L'ancien président Henri Konan Bédié termine troisième avec 1,66 % (53 330 voix) et l'ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, quatrième avec 0,99 % (31 986 voix).
Trois morts et 41 blessés dans de nouveaux affrontements
Les affrontements intercommunautaires autour du scrutin continuent toutefois. Lundi 9 novembre, ces derniers ont fait au moins "trois morts et 41 blessés" à Daoukro, dans le centre-est du pays, a déclaré à l'AFP la préfète de la région, Solange Aka. Il s'agit du fief de l'ancien président et principal opposant Henri Konan Bédié.
Ces affrontements, dont le bilan a été confirmé par le président du conseil régional Adam Kolia Traoré, intervient alors que l'opposition avait appelé à une journée de mobilisation, émaillée d'incidents dans plusieurs villes du sud du pays.
Élu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d'avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels a été remis à zéro – ce que l'opposition conteste.
Au mois 14 personnes sont mortes au cours de violences lors du scrutin ou dans son sillage. Avant l'élection, une trentaine de personnes étaient mortes dans des troubles et des violences intercommunautaires depuis le mois d'août et l'annonce de la candidature d'Alassane Ouattara.
La crainte d'une escalade des violences est forte dans ce pays d'Afrique de l'ouest, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts.
DES QUARTIERS CHAUDS PRENNENT LEUR DESTIN EN MAIN
Les uns assis sur des chaises en plastique, les autres, debout, sirotant des jus locaux, une trentaine de jeunes font les derniers réglages pour accueillir Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne
Hawa BOUSSO (Envoyée Spéciale à Conakry) |
Publication 09/11/2020
Considérés comme l’épicentre des violences politiques et des replis communautaires, Wanindara et Kissosso, quartiers situés dans la banlieue de Conakry, ont décidé de se défaire de cette réputation sulfureuse de zone de non-droit. Au cours des violentes manifestations postélectorales qui ont secoué la capitale guinéenne au lendemain du scrutin présidentiel du 18 octobre dernier, les jeunes de ces deux quartiers de la commune de Ratoma ont décidé de prendre leur destin en main et de mener un vaste travail de plaidoyer contre tout acte de violence interethnique et autres affrontements inter-quartiers qui se sont soldés par des pertes en vie humaine et d’importants dégâts matériels. Pour eux, il est désormais hors de question de se laisser manipuler par les hommes politiques
Les uns assis sur des chaises en plastique, les autres, debout, sirotant des jus locaux, une trentaine de jeunes font les derniers réglages pour accueillir Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (Cnoscg). A la tête d’une délégation restreinte, Dr Dansa Kourouma est venu soutenir et magnifier l’initiative des jeunes de Wanindara 1 qui ont entrepris de combattre les actes de vandalismes et autres agressions fréquemment notés dans ce quartier en période électorale. Vaste chantier. En réalité, depuis plusieurs années, la plupart des heurts politiques enregistrés dans la capitale guinéenne sont partis de ce quartier de la banlieue de Conakry malfamé et défavorisé.
Majoritairement peuplé de Peulhs, ce quartier est l’un des bastions de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (Ufdg) de Cellou Dalein Diallo. Mais cette année, les jeunes, les sages et autres notables de ce bidonville réputé chaud ont pris les devants pour prévenir les émeutes. Et les résultats se sont révélés probants, puisqu’aucune casse n’a été notée dans la zone. Petit à petit, ils ont réussi à colmater les fêlures qui lézardent la cohésion au sein de cette communauté.
Particulièrement séduit par cette dynamique, le président du Cnoscg appelle ses hôtes à l’étendre dans les zones sensibles de la capitale pour étouffer définitivement le déferlement de haine et de violence. Lors de la tension qui a éclaté au lendemain du scrutin du 18 octobre, renseigne Amadou Woury Baldé, porte-parole de l’Association des jeunes de Wanindara 1, aucune boutique, aucune concession et aucun édifice public n’ont été saccagés dans ce quartier.
Pour y arriver, il a fallu mener un plaidoyer intense pour la non violence. «Nous les jeunes, toutes ethnies et confessions confondues, avons compris que nous avions un important rôle à jouer pour faire disparaître le fait communautaire. Pour cela, il fallait cultiver le bon voisinage. C’est ainsi qu’à dix jours du scrutin, nous nous sommes réunis pour expliquer aux uns et aux autres que les familles ne doivent pas s’agresser entre elles», raconte le sieur Baldé qui informe dans la même veine que les actions sur le terrain ont démarré le 10 octobre, à 8 jours de l’élection présidentielle.
Pour renforcer cette dynamique citoyenne, les membres de l’Association des jeunes de Wanindara 1 appellent l’Etat à accorder une attention particulière à ce quartier défavorisé. En effet, se désole Amadou Woury Barry, l’Etat est totalement absent dans ce quartier qui n’a ni école publique, ni poste de santé, ni structure de jeunes. Pour notre interlocuteur, il y a nécessité de mettre en place un projet communautaire de développement en vue d’occuper les jeunes.
Après Wanindara, la délégation de Dr Danso Kourouma a fait cap surKissosso, un autre quartier de la banlieue de Conakry célèbre pour son habitat spontané, ses baraques et ruelles sinueuses. Ici aussi, les populations majoritairement constituées de Malinkés ne veulent plus vivre dans un climat de haine contre les Peulhs. Aussi, se sont-elles engagées dans les assises citoyennes de la paix initiée par le Cnoscg. Réunies en cette matinée du 1er novembre à l’ombre de vieilles baraques décrépies et menaçant ruine, les populations locales, plus particulièrement les jeunes, ont décidé d’aller en guerre contre les discours haineux à l’origine des violences inter-communautés.
Après avoir basculé dans les émeutes, aux premières heures de la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle, ils ont opéré une prise de conscience en se retirant du terrain des affrontements. Leur quartier constituant une zone d’interposition entre les communautés (Peulhs et Malinkés) situées de part et d’autre, les jeunes de Kissosso ont mis en place des comités de veille chargés de stopper la progression des membres des deux camps. «Ce qui a permis d’annihiler toute velléité de confrontation dans notre quartier», jubile Souleymane Soumah, un des initiateurs de cette opération qui ajoute que les populations en avaient assez de vivre dans une terreur permanente. Pour lui, quelle que soient les tensions, les familles ne doivent pas s’agresser. «Les hommes politiques passent, mais l’union, l’entente, le respect, la dignité qui lient les populations doivent rester», indique-t-il. Et de préciser à propos de ce quartier : «On ne parle pas d’ethnie et de politique ici lorsqu’il s’agit de préserver la paix.»
Outre les comités de veille qui sillonnent et sécurisent leur quartier, renseigne Djiguiba Koulako Traoré, les jeunes de Kissosso et de Wanindara ont décidé de mettre en place une convention pour éviter désormais de s’attaquer mutuellement. Autrement dit, il s’agit d’un pacte de non agression destiné à consolider la paix civile. «Grâce à ce cadre de concertation et de dialogue permanent, nous parvenons à prévenir toute sorte de tensions», souligne Souleymane Soumah qui invite les jeunes de la Guinée à ne plus se laisser manipuler par les hommes politiques.
Dans l’espoir d’enterrer définitivement les démons de la division interethnique en Guinée et plus précisément à Conakry où le repli identitaire est fortement ancré, le Conseil National des Organisations de la Société Civile de Guinée (Cnoscg) a démultiplié les assises citoyennes pour la paix dans toutes les zones réputées sensibles de la capitale.
738 SÉNÉGALAIS SONT ARRIVÉS EN ESPAGNE EN 3 JOURS
Selon les révélations de Helena Maleno Garzon, la fondatrice du collectif Caminando Fronteras. Elle souligne que deux pirogues venues du Sénégal sont arrivées à Tenerife le 7 novembre avec 271 passagers.
Au moins 738 Sénégalais seraient arrivés en Espagne entre le 6 et le 8 novembre, selon les révélations de Helena Maleno Garzon, la fondatrice du collectif Caminando Fronteras. Elle souligne que deux pirogues venues du Sénégal sont arrivées à Tenerife le 7 novembre avec 271 passagers.
Le même jour, deux autres embarcations ont débarqué à Gran Canaria, avec 111 migrants, et à El Hierro (154), d’après la même source. Qui précise que pour le dernier convoi, l’un des migrants a été retrouvé mort.
Vingt autres pirogues, avec 597 migrants, ont été signalées samedi soir mais la nationalité des passagers reste à être déterminée. La veille, 6 novembre, une embarcation avec 118 migrants sénégalais accostait toujours à Tenerife. Un convoi de 85 Sénégalais est encore arrivé hier.
Au même moment, les morts ne se comptent plus et plusieurs localités du Sénégal sont endeuillées.
Selon la fondatrice du collectif Caminando Fronteras, dans des propos relayés par Libération, une pirogue venue du Sénégal a chaviré encore au large de la Mauritanie, le 3 novembre. 92 sur les 119 passagers seraient portés disparus. Dans tous les cas, plusieurs corps ont été repêchés ces derniers jours.
A Louga, quatre jeunes membres d’une même famille qui avaient pris une pirogue le 22 septembre dernier, sont considérés comme morts. Des jeunes sont portés disparus à Mbour, Saint-Louis, Dakar, Nianing, Dionewar, Koungheul. Ils étaient tous candidats à l’émigration irrégulière.
L’AMERIQUE REDEVIENT «NORMALE» ET LE MONDE AVEC ELLE
S’agissant du scrutin du 3 novembre 2020, l’Amérique et le monde avaient hâte de connaitre le résultat du scrutin mais aussi et surtout l’impatience de retrouver une « normalité » dans la marche du monde.
Traditionnellement, l’élection d’un nouveau président des Etats-Unis d’Amérique suscite de très grandes attentes, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de ce vaste pays. S’agissant du scrutin du 3 novembre 2020, l’Amérique et le monde avaient hâte de connaitre le résultat du scrutin mais aussi et surtout l’impatience de retrouver une « normalité » dans la marche du monde.
Au mois de novembre 2016, Donald Trump, vendeur de mirages (a good salesman en anglais), nouvellement élu, avait promis de nettoyer Washington de ses politiciens traditionnels. Lui qui s’est fait un nom, dans la production de séries et de programmes de télévision essentiellement basés sur la fiction, savait comment faire rêver et titiller les bas instincts d’une grande partie de l’Amérique rurale blanche, à peine scolarisée, convaincue de la domination de ses hommes sur ceux de couleur et sur les femmes en général.
Pour cette Amérique-là, Trump était, par excellence, l’incarnation du changement. Mais à l’arrivée, le président qui vient d’être défait par les urnes s’est révélé être le continuateur de la politique de la droite extrémiste qui prône une économie de marché sans restrictions, la liberté totale laissée aux marchés financiers d’engendrer de grands profits, le renforcement des pouvoirs de K Street, cette rue, adjacente au siège du Congrès et où la majorité des cabinets lobbyistes sont installés. Donald Trump s’est fait également de chantre de la promotion du retrait du gouvernement fédéral de toutes les initiatives en faveur des couches les moins privilégiées.
Au niveau international, Donald Trump s’est évertué à déstructurer le système de gouvernance mis en place et appliqué par les administrations précédentes, avec plus ou moins de réussite, chahutant ainsi, le rôle de leadership que les Etats-Unis ont joué depuis la fin de la première Guerre mondiale. Aujourd’hui que l’ère Trump est définitivement clôturée, le monde peut passer à la revue des changements majeurs attendus de la nouvelle administration.
Comme indiqué dans l’édition de Sud Quotidien du 17 novembre dernier, avec la victoire du ticket Joe Biden-Kamala Harris, une nouvelle ère va immanquablement voir le jour dans la politique extérieure américaine. Déjà, bien avant le début de la campagne électorale, tous les Démocrates s’étaient engagés à « re-signer » l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui avait quasiment fait l’unanimité au sein de toute la communauté internationale. Biden a promis le retour de son pays dans ledit accord, le jour même de son investiture. Evidemment, les relations privilégiées entre l’Amérique et Israël connaitront très peu de changements. Cependant, le monde entier s’attend à un réchauffement réel dans les rapports avec l’Iran, avec comme point culminant le rétablissement de l’Accord sur le nucléaire. Les conséquences de tels changements dans le Proche et Moyen-Orient seront incalculables.
La Russie de Poutine qui avait la confiance de l’administration Trump au détriment de ses propres services de renseignements, devra se préparer à de nouvelles difficultés avec la victoire de Biden. Les alliés traditionnels occidentaux poussent d’ores et déjà un grand ouf de soulagement. La normalisation du fonctionnement des organismes comme l’OTAN ainsi que les rapports avec l’Union européenne sont devenus des urgences pour ses alliés. Les plus proches parmi les alliés traditionnels tels que le Royaume Uni, le Canada et le Mexique ne regretteront sûrement pas le départ de Donald Trump du pouvoir.
RELATIONS AVEC L’AFRIQUE
Et l’Afrique dans tout ça ? Comme toujours, son sort, sa place et son importance, aux yeux des Etats-Unis, ne varieront pas. Les Etats-Unis, comme presque tous les partenaires de l’Afrique, basent ses relations avec tous les autres pays sur le principe de «What’s in For Me ?» (Qu’est-ce que j’y gagne ?), quel que soit le président qui est à la tête de ce pays. Un continent qui représente moins de 5% du commerce mondial peut difficilement être au centre des préoccupations d’une nouvelle Administration américaine. Le continent n’intéresse réellement l’Amérique que sous l’angle de la sécurité, et ce sujet est toujours laissé entre les mains des militaires et des services de renseignements. Toutefois, si l’élite africaine décidait de bien négocier, dans le sens de bien faire prendre conscience cette position de ventre mou du terrorisme, elle pourrait exiger (le mot n’est pas fort) des Etats-Unis, et du reste du monde occidental, que ses préoccupations de développement ne sauraient être placées en arrière-plan des questions principales de la diplomatie mondiale. Mais une telle attitude de la part de l’Afrique serait difficilement efficace, si les leaders africains continuent à se faire concurrence, chacun cherchant à se positionner comme « le président le mieux adoubé » par Washington, Berlin, Londres, Paris ou les institutions de Breton Woods. Aussi, comme on peut le constater, il suffit que le plus anonyme des magazines ou la plus quelconque des institutions occidentales consacre un dirigeant africain pour que ce dernier ne se sente plus. Par une telle attitude, ils semblent oublier le destin de l’Afrique est entre ses mains et non entre celle des Etats-Unis ou de n’importe quel autre partenaire occidental.
ALPHA CONDE TRAQUE LES BIENS MAL ACQUIS
Alpha reste Condé ! Révolutionnaire un jour. Révolutionnaire pour toujours.
Discours révolutionnaire ! Tranchant et menaçant. Aussitôt déclaré élu, président de la République, avec 59,50 % des suffrages par la cour constitutionnelle de la Guinée, samedi 7 novembre, pour un nouveau mandat de six (6) ans, le Professeur Alpha Condé a improvisé une marche dans les rues de Conakry pour remercier ses électeurs et autres sympathisants. Une occasion saisie pour le premier président de la 4ème République pour annoncer les couleurs et fixer un nouveau cap. Sa première cible : «ceux qui ont pillé la Guinée» et qui se sont enrichis illicitement.
(CONAKRY, GUINEE) – Alpha reste Condé ! Révolutionnaire un jour. Révolutionnaire pour toujours. Les quelques années passées au pouvoir depuis 2010, après avoir vécu la dictature de Sékou Touré (1958- 1984) puis le régime autocratique de Lansana Conté (1984-2008) n’ont pour autant pas changé l’opposant historique. Aussitôt déclaré réélu président de la Guinée avanthier, samedi, par la cour constitutionnelle, celui-ci affichait fièrement son amitié avec les présidents chinois (Xi Jinping) et turque (Recep Tayyip Erdoan) et déclarait la guerre aux «pilleurs» de la République. A la suite d’une marche improvisée, à partir du Palais Sekoutoureya, ponctuée par moment de courses et autres pas de danse, nonobstant ses 82 ans révolus, à côté de Première dame, Hadji Djéné Condé, Alpha Condé donne le ton. «Il n’y a plus de bataille en Guinée ; plus de zones de non-droit», martèle-t-il en guise d’avertissements. Complètement déchainé, il ajoutera : «C’est fini le copinage. C’est terminé le népotisme, l’impunité. Tous les crimes seront jugés». Revenant sur certains biens et autres propriétés qu’il suppose avoir été mal acquis, il déclare : «Nous allons procédé à la vérification à l’acquisition des grands immeubles et autres villas. Nous allons voir si leurs propriétaires les ont acquis légalement via des prêts bancaires. Parce que le salaire ne permet pas de construire des immeubles qui coûtent 30 millions».
Et d’enchainer : «l’argent de la Guinée doit servir au peuple guinéen. Tous ceux qui ont pris l’argent du peuple vont devoir le restituer. On a pillé ce pays qui est extrêmement riche». Refusant d’être dans le fétichisme des chiffres et des taux de croissance souvent publiés par le FMI et la Banque mondiale, Alpha Condé soutient : «c’est bien beau de parler du taux de croissance de 6 %». «Mais, ajoute-t-il, ça ne vaut rien dire. Ce qui nous intéresse, c’est le panier de la ménagère. Nous travaillons pour ça. J suis élu par des analphabètes». Reste à savoir si le Président Condé fera mieux que le Président Sall. Pour rappel, la traque des biens supposés mal acquis a fait pschitt au Sénégal. Sur une liste de 25 anciens dignitaires du régime de Me Abdoulaye Wade, seul Karim Wade a été jugé et condamné avant d’être gracié et exilé nuitamment à Doha, au Qatar.
ALPHA CONDÉ, PRÉSIDENT DE LA GUINÉE «Nous avons identifié nos ennemis
(CONAKRY, GUINéE) – «Nous ne sommes pas dupes. Nous avons identifié nos ennemis. Les ennemis de la Guinée». C’est ce qu’a soutenu le président Alpha Condé, déclaré par la cour constitutionnelle, vainqueur de l’élection du 18 octobre dernier. Toutefois, le Chef de l’Etat guinéen ne cite pas nommément les pays et/ou les personnes ou personnalités qu’il qualifie d’ennemis. Mais rappelle-t-il, «la Guinée a toujours décidé de son destin, depuis 1958 (allusion au fameux discours de Sékou Touré devant De Gaulle, Ndlr)». Et d’ajouter : «il n’y a jamais eu de guerre civile encore moins de coup d’état. Lansana Konté est mort au pouvoir. Mais, nous ne regardons pas dans le rétroviseur. Le président passe mais le peuple de la Guinée va rester».
DES OBSERVATEURS DE LA FRANCOPHONIE ACCUSES, CEUX DE LA CEDEAO ADOUBES
Revenant sur le déroulement du scrutin du 18 octobre, le Président Alpha Condé a égratigné les observateurs envoyés par la Francophonie et encensé ceux de la Cédéao. «Nous avons réussi la meilleure élection en Afrique. J’ai été surpris d’entendre les gens critiquer notre fichier électoral. Ce sont les observateurs de la Francophonie qui ont voulu jeter un discrédit sur nos élections en parlant de électeurs détenteurs de cartes sans empreinte, ni photos. Ils ont parlé des électeurs fictifs», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «heureusement qu’il y a eu des observateurs de la Cédéao qui ont travaillé avec la Céni. Ce qui a abouti à l’élimination de 147.000 électeurs sur les 300.000. Nous avons pu enlever les doublons et les mineurs. Nous avons un taux de participation de presque 80 %».
DU FRANC GUINEEN A LA MONNAIE UNIQUE
Nonobstant des accusations qu’il a portées contre certains pays ou personnes, sans les nommer, le Professeur Alpha Condé soutient travailler pour le développement de l’Afrique et la création d’une monnaie unique. «Nous allons travailler à avoir une monnaie unique en Afrique», dira-t-il. «La France et l’Allemagne ont vécu trois guerres (1870, 1914 et 1940). Ce qui ne les a pas empêché d’être ensemble avec l’euro. L’Afrique est l’avenir du monde. Nous avons la population la plus jeune au monde. Quand vous parlez à un jeune africain de Macron (président de la France, Ndlr) ou de Trump (président des Etats-Unis, Ndlr), il vous répond : “je ne les connais pas. Je m’occupe de l’Afrique“. C’est dire qu’il y a une nouvelle Afrique qui se lève et nous sommes à l’avant-garde de cette jeunesse pour le changement», a ajouté Pr Condé. A noter que la monnaie s’appelle le franc guinéen. Il est arrimé sur le dollar américain, au taux de 1 USD = 300 GNF.
LA COUR CONSTITUTIONNELLE CONFIRME LA REELECTION D'ALPHA CONDE
(CONAKRY, Guinée) – La cour constitutionnelle de la Guinée a confirmé la victoire du Professeur Alpha Condé à l’élection présidentielle du 18 octobre dernier. L’instance suprême a déclaré que le candidat du RPG Arc-En-Ciel a obtenu 2.438.815 voix des suffrages valablement exprimés, soit 59,50 % contre 33,49 % à son principal opposant, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Mamadou Cellou Dalein Diallo (1.372.000 voix). Le président de la cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura, qui a proclamé les résultats, samedi 7 novembre, a, par la même occasion rejeté l’ensemble des recours en annulation introduits par les candidats malheureux. Par ailleurs, la Cour constitutionnelle a estimé à 79,51% le taux de participation, légèrement supérieur à celui dévoilé par la Ceni, qui était de 78,88%. A noter qu’un petit incident s’est produit en pleine publication des résultats. Un observateur qui a eu un malaise s’est évanoui, obligeant le président de la Cour constitutionnelle à suspendre la séance, le temps qu’il soit évacué par les sapeurs-pompiers.
CELLOU DALEIN DIALLO NE S’AVOUE TOUJOURS PAS VAINCU
Les recours légaux étant épuisés, les partisans de Mamadou Cellou Dalein Diallo refusent tout de même de reconnaître la victoire du Pr Condé. «Le combat va continuer», a déclaré Alpha Boubacar Diallo, un des conseillers de président de l’UFDG. Selon lui, le mot d’ordre reste le même : «se battre par tous les moyens légaux afin de faire respecter le verdict des urnes», qui selon les partisans de Cellou Dalein Diallo leur offre la victoire avec 53,8 % des voix. Pour l’heure, le calme semble revenir à Conakry. La marche annoncée mardi dernier ne s’est finalement pas tenue. Après la proclamation des résultats également, ce sont les partisans du Professeur Alpha Condé qui ont envahi les rues. Ils ont même organisé un grand rassemblement hier, dimanche 8 novembre, à la Place du Peuple, siège de l’Assemblée national.
par Fanny Pigeaud
LA VERSION DE SARKOZY SUR LA CRISE IVOIRIENNE DE 2010 DOMINE LE RÉCIT MÉDIATIQUE
Ce récit fabriqué, auquel croient encore des gens sérieux, est résumé par une formule répétée par les médias : la crise de 2010 est « née du refus de Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Ouattara ». D’où vient cette phrase ? D’un communiqué de l'Elysée
Le Blog de Mediapart |
Fanny Pigeaud |
Publication 08/11/2020
L’actuelle crise politique en Côte d’Ivoire jette une lumière crue sur celle de 2010 et le narratif officiel la concernant. Ce récit fabriqué, auquel croient encore des gens sérieux, est résumé par une formule répétée par les médias : la crise de 2010 est « née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara ». D’où vient cette phrase ? D’un communiqué de l'Elysée.
La situation préoccupante qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire jette une lumière crue sur la crise de 2010 et sur le narratif officiel de l’époque, auquel croient encore des gens sérieux (cf. des articles de presse et des travaux universitaires).
Le déroulement de l’élection présidentielle du 31 octobre dernier présente en effet des similitudes frappantes avec celui de la présidentielle de 2010 : comme il y a dix ans, la Commission électorale indépendante a livré des résultats provisoires fantaisistes (le Parti de la gauche européenne, dont sont entre autres membres le Parti communiste français, Die Linke et Syriza, parle de « farce électorale »).
Les récents événements nous ramènent aussi constamment au storytelling de 2010 qui s’est imposé dans le discours médiatique et qui a été régulièrement rappelé ces derniers jours dans les divers articles et dépêches publiés.
Les médias occidentaux affirment ainsi que la crise postélectorale de 2010 « est née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara ». Cette énonciation « née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite » se lit dans une majorité de productions journalistiques, ce qui lui donne presque des allures de formule magique. On la retrouve même traduite dans des articles de médias anglophones.
Pourtant, à l’époque des faits, les médias présentaient la situation autrement.
Ils expliquaient que cette crise postélectorale (commencée début décembre 2010 à propos des résultats du second tour de la présidentielle, et terminée officiellement le 11 avril 2011, date de l’arrestation de Laurent Gbagbo) était « née de l’élection présidentielle contestée du 28 novembre 2010 » (cf. les dépêches de l’Agence France-Presse). Ils précisaient que Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara revendiquaient chacun la victoire. C’était neutre et factuel.
À partir de quand et de quoi la formulation (et de ce fait la présentation des événements) a-t-elle changé ? C’est ici que l’histoire devient intéressante.
Car la formule « née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite » apparaît pour la première fois dans un communiqué de... l’Élysée, le 1er avril 2011. Nicolas Sarkozy, ami d’Alassane Ouattara, est alors président.
Sa déclaration dit précisément : « Il est urgent de mettre un terme définitif à la crise née du refus de M. Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite lors du second tour de l’élection présidentielle qui s’est tenu le 28 novembre 2010. » La phrase est reprise avec des guillemets par les médias qui rendent compte de cette communication, dont l’Agence France-Presse.
À ce moment-là, Paris vient tout juste de faire adopter une résolution (1975) par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) et se prépare secrètement à lancer une vaste offensive militaire terrestre et aérienne contre la Côte d’Ivoire.
Lundi 4 avril, vers 17 h GMT, des hélicoptères MI-24 de l’ONU, et les Gazelle et un Puma de Licorne [nom de l’opération de l’armée française en Côte d’Ivoire] bombardent leurs premiers objectifs dans Abidjan, marquant une première : jamais une telle attaque militaire contre un pays n’a encore été mise en place et conduite avec la participation de forces onusiennes.
Après avoir pilonné sans que cela gêne quiconque en France et pendant plusieurs jours divers lieux, dont la résidence officielle du chef de l’État de Côte d’Ivoire, où se trouvent Laurent Gbagbo et plus de cent autres civils, l’armée française remporte la partie (elle a au passage largement outrepassé son mandat et la résolution 1975 de l’ONU).
Le lundi 11 avril, à la mi-journée, après une nuit d’intenses bombardements ininterrompus sur la résidence présidentielle, les médias occidentaux annoncent en effet : « Gbagbo a été arrêté. » L’Agence France-Presse, censée rester neutre d’après ses statuts, ajoute même un adverbe à cette nouvelle répétée en boucle des heures durant, titrant : « Gbagbo, accroché au pouvoir jusqu’au bout, enfin arrêté. »
C’est à partir du 15 avril 2011 que l’Agence France-Presse reprend la formule élyséenne, « la crise née du refus de M. Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite », dans ses productions sans plus y mettre de guillemets.
Elle en fait même le « background », la base de ses dépêches, jusqu’à aujourd’hui. Une grande partie des autres médias font de même.
De cette manière, le récit médiatique s’approprie durablement la version de l’histoire vendue par l’Élysée et Nicolas Sarkozy (qui s’est régulièrement rendu en Côte d’Ivoire depuis 2011 pour des visites privées et d’affaires).
La France aura déployé de nombreux moyens diplomatiques, médiatiques, militaires, économiques, politiques pour imposer l’idée d’une victoire d’Alassane Ouattara et l’installer au pouvoir.
Or il suffit de fouiller un peu pour voir que cette idée ne tient par la route, le processus électoral de 2010 ayant été très problématique, pour ne pas dire totalement truqué.
Revenons rapidement sur quelques détails de cette présidentielle de 2010.
Des chiffres pour le moins surprenants
En 2010, le processus électoral est conduit par une Commission électorale indépendante (CEI) qui est, en dépit de sa dénomination, contrôlée par un camp, celui d’Alassane Ouattara, les représentants de l’opposition politique et armée étant largement majoritaires en nombre – aujourd’hui, la CEI est dominée par les représentants du pouvoir actuel, et se trouve donc toujours sous la coupe d’Alassane Ouattara (qui a postulé pour un troisième mandat, ce qui est illégal au regard de la Constitution).
Au lieu de servir à bâtir le futur des nations, les alliances entre personnalités politiques, en Afrique, se nouent pour détruire des adversaires qui, hier, étaient des alliés, et le redeviendront, demain, pour servir à détruire d'autres adversaires
Pourquoi donc, au lieu de servir à bâtir le futur des nations, les alliances entre partis et personnalités politiques, dans notre Afrique, se nouent-elles si souvent pour détruire des adversaires qui, hier, étaient des alliés, et le redeviendront, demain, pour servir à détruire d'autres adversaires, eux-mêmes d'anciens amis ?
«En Côte d’Ivoire, tous les politiciens sont des plaisantins !…» Ainsi s’exprimait, en début de semaine au micro des envoyés spéciaux de RFI, un Ivoirien plutôt en colère. Que peut donc revêtir un jugement aussi définitif ? Et quelles raisons pousse un citoyen à une telle sévérité, englobant toute la classe politique ?
Ce peut n'être là qu’un cri du cœur. Que pourraient, du reste, aisément reprendre à leur compte, nombre de citoyens d’autres Etats, notamment dans cette Afrique francophone qui concentre tant d’excès déconcertants, propres, justement, à déclencher de telles réactions. Au sens premier du terme, il faisait sans doute allusion à un manque de sérieux des politiciens qu’il indexe. On le sent désabusé, face à la propension des dirigeants politiques à violer leurs engagements, une fois au pouvoir, et à ajuster les règles du jeu démocratique à leurs humeurs, pour n'être jamais contrariés. A sans cesse tout ramener à leurs intérêts du moment, les politiciens peuvent, en effet, agacer à un tel point.
A un moment ou à un autre de l’histoire plutôt turbulente de la Côte d’Ivoire, tous ceux qui, d’Abidjan à Bruxelles, s’opposent ou s’allient aujourd’hui, se sont retrouvés dans des coalitions, les uns contre les autres, les uns avec les autres… Et que de camps, que de clans se sont constitués ou affrontés, ces trente dernières années pour, finalement, ruiner le destin de cette terre d’espérance, que Félix Houphouët-Boigny aimait présenter comme la vitrine de ce que la coopération avec France pouvait offrir de mieux en Afrique !