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1 mai 2025
International
PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE À SUSPENSE
L'analyste politique René Lake et le journaliste Claude Porsella, commentent sur VOA, les résultats au compte-gouttes du scrutin alors que Donald Trump entend user de tous les leviers possibles pour rempiler
L'attente se poursuit aux Etats-Unis plus de 24h après le scrutin présidentiel. Même si le candidat démocrate Joe Biden bénéficie pour l'heure d'une légère avance en termes de grands électeurs, nombre d'Etats clés restent en jeu. Donald Trump qui a d'ores et déjà revendiqué la victoire sans attendre la fin des dépouillements, entend par ailleurs, contester devant la justice, certains résultats comme ceux du Wisconsin.
L'analyste politique politique René Lake et l'ancien chef du service francophone de VOA, Claude Porsella, lèvent le voile sur ce qui se joue actuellement dans cette course serrée vers la Maison Blanche.
L'ETHIOPE DECRETE L'ETAT D'URGENCE
Le gouvernement fédéral éthiopien a placé mercredi le Tigré en état d'urgence, après une attaque contre une base militaire fédérale dans la nuit.
Le gouvernement fédéral éthiopien a placé mercredi le Tigré en état d'urgence, après une attaque contre une base militaire fédérale dans la nuit. Addis Abeba accuse le gouvernement de cet État fédéré du nord du pays d'avoir perpétré l'attaque, et a annoncé une riposte.
L'Éthiopie face à un nouveau conflit interne ? Le gouvernement fédéral a décrété, mercredi 4 novembre, l'état d'urgence dans l'État du Tigré, après une attaque contre "une base militaire fédérale" dans la nuit de mardi à mercredi. Le Premier ministre Abiy Ahmed accuse le gouvernement local, dirigé par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), d'être derrière cette attaque qui intervient après des semaines de conflit larvé.
Le gouvernement fédéral a annoncé le lancement d'une opération militaire contre cette région du nord du pays.
"Le TPLF a attaqué un camp militaire [fédéral] dans le Tigré", a déclaré Abiy Ahmed dans un texte posté sur Facebook et sur Twitter vers 2 h, heure locale [23 h GMT]. "Nos forces de défense ont reçu l'ordre […] d'assumer leur tâche de sauver la nation. Le dernier stade de la ligne rouge a été franchi [et] le gouvernement fédéral est donc contraint à la confrontation militaire", a-t-il ajouté.
Selon Redwan Hussein, porte-parole de la cellule de crise mise sur pied par le gouvernement, "l'objectif militaire est, premièrement, de maintenir la loi et l'ordre, ensuite de libérer le peuple tigréen".
Le gouvernement veillera à "impliquer les populations du Tigré dans leur propre libération, à ne pas être des victimes et servir de bouclier au […] petit gang du TPLF [qui] ne représente pas [la totalité des habitants]", a-t-il ajouté.
Une telle réponse militaire pourrait marquer le début d'un potentiel conflit interne dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, en proie à des tensions internes croissantes.
"De nombreux morts" dans l'attaque, selon Addis Abeba
Le Tigré, situé près de la frontière avec l'Érythrée, a organisé en septembre des élections régionales malgré le désaccord du gouvernement fédéral, qui a jugé ce scrutin illégal.
Abiy Ahmed a déclaré dans la nuit sur la télévision d'État que "des forces déloyales" s'étaient retournées contre l'armée à Mekele, la capitale du Tigré, et à Dansha, une ville de l'ouest de la région. L'assaut à Dansha a été "repoussé" par des forces de sécurité de la région Amhara, qui borde le sud du Tigré, a-t-il ajouté.
L'attaque a fait "de nombreux morts, des blessés et des dégâts matériels", a dit le Premier ministre dans son intervention télévisée.
Le gouvernement local a de son côté affirmé que le commandement nord de l'armée fédérale avait fait défection en sa faveur, ce que le bureau du Premier ministre a démenti.
Netblocks, un site qui surveille les coupures Internet, a indiqué que ce réseau semblait avoir été coupé dans la région à partir de 1 h (heure locale). De même, la nature concrète de la réponse militaire fédérale n'était pas clairement établie dans l'immédiat.
Des élections régionales illégales, selon Addis Abeba
Avec la montée des tensions, le Tigré ne reconnaît plus l'autorité de l'État fédéral depuis que les élections nationales qui devaient se tenir en août dernier ont été reportées.
Rejetant la prolongation par le Parlement fédéral du mandat des députés – nationaux et régionaux – censé expirer en octobre, les leaders tigréens ont décidé de tenir unilatéralement des élections dans leur région en septembre.
Depuis, chaque camp considère l'autre comme illégitime. Les sénateurs éthiopiens ont voté début octobre pour une rupture des contacts et des financements entre les autorités fédérales et les responsables du Tigré.
Les responsables originaires du Tigré ont dominé la politique nationale pendant près de 30 ans avant l'arrivée au pouvoir d'Abiy Ahmed en 2018, qui les a mis à l'écart pour la première fois depuis la chute du dictateur Mengistu Haile Mariam en 1991.
"La moitié des forces armées" concentrées dans la région
La semaine dernière, ces tensions se sont cristallisées sur le contrôle des personnels et équipements militaires du Tigré. Car cet État abrite une part importante des personnels et équipements militaires de l'État fédéral, un héritage de la guerre qui avait opposé en 1998-2000 l'Éthiopie à l'Érythrée, qui borde cette région septentrionale.
La région totalise "plus de la moitié de l'ensemble du personnel des forces armées et des divisions mécanisées" du pays, selon un rapport du centre de réflexion International Crisis Group (ICG) publié vendredi.
La population du Tigré représente 5 % des quelque 109 millions d'habitants éthiopiens mais la région est plus riche et plus influente que les huit autres régions du pays.
Des officiels tigréens ont toutefois déclaré récemment qu'ils ne déclencheraient pas un conflit militaire. "Nous ne serons jamais les premiers à tirer, ni les premiers à flancher", a déclaré la semaine dernière à l'AFP Getachew Reda, un haut responsable du TPLF.
Mardi soir, quelques heures avant l'annonce du Premier ministre, Wondimu Asamnew, un autre haut responsable tigréen, a déclaré à l'AFP que le gouvernement fédéral était en train d'amasser des troupes à la frontière sud du Tigré une information qui ne pouvait pas être vérifiée de manière indépendante.
IMPASSE POLITIQUE EN COTE D'IVOIRE
Les principaux dirigeants de l'opposition ne reconnaissent pas la réélection du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat.
Le bilan des violences post-électorales s'est alourdi mercredi avec la mort de deux personnes, malgré les appels au calme lancés par la communauté internationale. La France a notamment appelé mercredi les protagonistes à "mettre fin aux provocations et actes d'intimidation". Les principaux dirigeants de l'opposition ne reconnaissent pas la réélection du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat.
Le blocage politique persiste, mercredi 4 novembre, en Côte d'Ivoire, où le bilan des violences post-électorales s'est aggravé avec la mort de deux personnes près de la capitale Yamoussoukro, malgré les appels au calme lancés par la communauté internationale.
Les principaux dirigeants de l'opposition, qui ne reconnaissent pas la réélection du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat controversé et ont créé un "Conseil national de transition", restaient bloqués chez eux par les autorités.
Le pays attend la validation ou non par le Conseil constitutionnel de la réélection d'Alassane Ouattara, dont l'opposition estime la candidature inconstitutionnelle, avec un score écrasant (94,2 %).
Deux jeunes de l'entourage du ministre de l'Équipement Amedé Koffi Kouakou ont été tués lors d'échauffourées près de sa résidence secondaire à Toumodi (centre) déjà secoué depuis le vote samedi par des incidents meurtriers, a affirmé Mamadou Touré, porte-parole du parti au pouvoir.
Spirale de violences
Quatre personnes d'une même famille avaient été tuées dans l'incendie de leur maison dimanche, lors de troubles dans cette localité située près de Yamoussoukro, la capitale.
Par ailleurs, Mamadou Touré, également ministre de la Promotion de la jeunesse, a aussi indiqué que "le convoi de Sidi Tiemoko Touré", ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, avait "essuyé des tirs entre Beoumi et Bouaké (centre) sans qu'il y ait de blessés".
Un garde du corps du ministre du Budget, Moussa Touré, avait été tué dimanche à Yamoussoukro, a confirmé mercredi Mamadou Touré.
"Je condamne avec fermeté la logique de violence dans laquelle s'inscrit l'opposition qui a armé ces jeunes", a ajouté le porte-parole.
Le bilan exact des violences électorales, qui ont souvent dégénéré en affrontements interethniques, est difficile à établir, mais avec ces nouveaux décès le bilan s'élève au moins à 13 morts depuis le scrutin présidentiel samedi, et au total à au moins une quarantaine depuis le mois d'août, en incluant les heurts avant le vote, selon le décompte de l'AFP.
"Provocations et actes d'intimidation"
La France a appelé mercredi les protagonistes à "mettre fin aux provocations et actes d'intimidation" et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté "le président et les principaux dirigeants de l'opposition à s'engager dans un dialogue constructif et inclusif afin de trouver une issue à la crise actuelle".
par Abdoulaye Bathily
JOB BEN SALOMON, MARABOUT NÉGRIER ET ESCLAVE AFFRANCHI (2/6)
EXCLUSIF SENEPLUS - Son emprisonnement au fort Saint-Joseph et les manifestations de solidarité dont il a bénéficié auprès des marchands traditionnels démontrent à quel point il était devenu un personnage influent du commerce sénégambien
Efforts de Yuba en faveur de la pénétration anglaise en Sénégambie
Depuis son retour en Afrique, Yuba demeurait en correspondance avec ses protecteurs anglais et en particulier avec la Royal African Company. Nous avons pu retrouver une lettre en arabe écrite probablement par Yuba lui-même et adressée à Sir Hans Sloane à qui il exprimait sa reconnaissance, ainsi qu’à tous ceux qui avaient contribué à sa libération.7
A la lecture des lettres de remerciements de Yuba, l’on serait tenté de croire que celui-ci devait sa libération aux seuls sentiments philanthropiques de ses protecteurs. A la vérité, la libération de Yuba était avant tout le résultat des calculs mercantiles de la Royal African Company. Les négociants et armateurs anglais voyaient en Yuba un personnage dont l’influence supposée dans son pays serait utilisée pour promouvoir les intérêts de la Royal African Company qui aspirait au monopole du commerce de la Sénégambie. En tout cas, c’est ce qui ressort des aveux aussi bien de la compagnie que d’autres protecteurs de Yuba. Ainsi dans la lettre que la compagnie adressait au gouverneur de James Fort pour lui recommander Yuba :
« Nous vous recommandons vivement de le traiter avec gentillesse durant son séjour et de veiller à ce qu’aucun de ses effets ne se perde ou ne soit détourné. Et dès que viendra la saison pour lui faire remonter le fleuve, nous vous suggérons de le transporter avec toutes ses affaires à notre comptoir le plus haut sur le fleuve. Et afin de lui permettre de rentrer dans son pays en sécurité, vous le placerez sous la protection de toute personne en qui vous feriez confiance. Si la personne qui l’accompagnera désirait parvenir jusqu'à l’intérieure de son pays (le Bundu), elle pourrait par ce moyen rendre service à la compagnie en ouvrant et en entretenant un commerce et une correspondance entre les indigènes de cette contrée et nos comptoirs du haut du fleuve ». 8
Les déclarations de Thomas Bluett sont encore plus explicites :
« Considérant son obligeance à l’égard des anglais, il pourrait en temps opportun rendre un service considérable à nous tous. Et nous avons raisons d’espérer cela à cause des assurances reçues de Job qu’en toutes circonstances il déploierait ses meilleurs efforts pour promouvoir le commerce anglais avant tout autre. » 9
Dans leur tentative d’expansion commerciale en Sénégambie, les Anglais disposaient d’un agent sûr en la personne de Yuba. Celui-ci prit part à plusieurs missions d’exploration destinées à établir des relations entre la côte et l’intérieur.
En janvier 1736, il était guide de la mission conduite par Thomas Hull, neveu de Richard Hull gouverneur de James Fort. Cette mission avait pour but d’explorer les mines d’or du Bambuk situées au sud- est du Bundu. Au printemps de 1737, la Royal African Company mettait sur pied à Londres une importante mission. Celle-ci était dirigée par un certain Melchior de Jaspas, un Arménien parlant l’arabe à qui furent adjoints James Anderson, un jeune Anglais parlant français et désireux d’aventures, et un esclave iranien nommé joseph.
Bien que la composition de cette mission puisse paraître étrange, pour la compagnie il s’agissait de mettre à profit les connaissances linguistiques des membres qui la composaient. Elle leur remit des cadeaux à l’intention de Yuba et dans une lettre adressée à ce dernier elle lui demandait de faire tout ce qui est en son pouvoir pour développer les relations commerciales entre le Bundu et les comptoirs de la Gambie10. La mission reçut l’ordre de se rendre au Bundu pour travailler de concert avec Yuba.
La mission de Jaspas n’aboutit cependant qu’à des résultats médiocres. Dès son arrivée à James Fort, elle fut en butte à des manifestations d’hostilité raciale des agents de la compagnie. Ces derniers en retardèrent les progrès tant qu’ils purent. Ce n’est qu’en janvier 1742 que nous apprenons que Jaspas avait réussi avec l’aide de Yuba à faire signer un traité de commerce avec un obscur chef maure, un certain « Haj Mouctari », marabout de « Porto-bar », agissant au nom de son roi « Habilila » de « Gannar ». Par ce traité, « Haj Mouctari » aurait accepté de réserver à la Royal African Company le commerce exclusif de la gomme.11 Mais cet accord ne semble pas avoir été suivi d’exécution.
En décembre 1736, Yuba était arrêté et emprisonné par les ordres du directeur du fort français de Saint-Joseph au royaume du Galam (Gajaaga). Il était accusé d’être un agent au service des Anglais : on redoutait qu’il ne vînt « établir son domicile sur le passage des captifs et à proximité des mines d’or, ce qu’il ne pouvait faire sans renverser les escales de Caignoux (Kenyu) et de Tamboncany (Tambukani). »12
A l’annonce de l’arrestation de Yuba, tous les marchands africains de la région déclenchèrent un mouvement de solidarité en sa faveur. Ils décidèrent à l’unanimité de boycotter le commerce français. Défense était faite à quiconque de faire la traite dans les escales françaises tant que Yuba ne serait pas libéré. Le trafic caravanier du Haut Fleuve fut entièrement détourné sur la Gambie au profit des Anglais.
A la fin de la saison de traite de 1736, les navires français rentrèrent vides à Saint-Louis. Le directeur du fort Saint-Joseph fut obligé de libérer Yuba.13
Jusqu’à sa mort, survenue probablement vers 177714, Yuba demeura en relations suivies avec les Anglais. Un moment, il sollicita même le soutien de la Royal African Company pour effectuer un voyage d’agrément en Angleterre. Mais la compagnie découragea cette initiative.
En même temps qu’il servait d’auxiliaire aux Anglais, Yuba développait ses propres activités marchandes. Son emprisonnement au fort Saint-Joseph et les manifestations de solidarité dont il a bénéficié auprès des marchands traditionnels démontrent à quel point il était devenu un personnage influent du commerce sénégambien. Il était en effet un actif trafiquant d’esclaves. Toutefois, instruit par ses propres aventures, il aurait tenté d’introduire quelques réformes dans l’institution de l’esclavage de traite. C’est ainsi qu’il passa un accord avec les agents de la Royal African Company par lequel les musulmans qui viendraient à être vendus à la compagnie seraient autorisés à se libérer contre rançon. C’est à la suite de cet accord que Yuba obtint en 1738 la libération de Lamine Ndiaye, le compagnon avec lequel il avait été transporté au Maryland. Hormis ce cas, nous n’avons pas d’autres preuves que l’accord fut appliqué de façon suivie. En fait, tout porte à croire que ce geste était uniquement destiné à ménager Yuba pour qu’il servît les desseins de la compagnie.
Sous ce rapport, même si au plan des réalisations concrètes les efforts de Yuba n’avaient pas abouti à des résultats durables, ils n’en avaient pas moins constitué un atout important pour les Anglais dans les rivalités coloniales qui les opposaient aux autres puissances maritimes en Sénégambie.
Rivalités coloniales sur la côte sénégambienne
Au XVIIIe siècle, le vocable de Sénégambie désignait pour les marchands et navigateurs européens les terres comprises entre le Sénégal et la Gambie, ainsi que les établissements fortifiés de la côte mauritanienne et les « Rivière du sud » (Casamance, Rio Cacheu), l'archipel des Bissagos (Bissau).
Cette région faisait l'objet d'une âpre rivalité entre les grandes puissances coloniales européennes pour une raison double. D'abord à cause de la position stratégique privilégiée qu'elle occupe dans l'Atlantique qui était, depuis les grandes découvertes maritimes des XV-XVIe siècles, devenue au détriment de la Méditerranée le principal axe du commerce international. Ensuite parce que la Sénégambie offrait l'avantage d'avoir un rivage côtier d'accès relativement facile pour les navigateurs, en même temps qu'elle possédait des voies d'eau menant à l'intérieur, dont la plupart étaient navigables sur une bonne partie de leur cours.
Les Portugais furent les premiers Européens à débarquer sur la côte sénégambienne. Ils gardèrent le monopole du commerce de cette région pratiquement jusqu'à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècles15. A partir de cette période, ils furent supplantés par la Hollande qui était devenue la plus grande puissance coloniale européenne.
A suivre le 10 novembre prochain...
Texte préalablement paru en 1978 dans la collection "Les Africains" de Jeune Afrique qui a autorisé SenePlus à le republier.
7. Letter of Job Ben Salomon to Sir Hans Sloane, James Fort Rio Gambia. Decmber 8, 1734, in Sloane Papers Manuscript. Letter to Hans Sloane. Vol. XVIII, folio 341, British Museum, manuscript 4053.
8. P.R.0. T 70/55. Royal African Company To Richard Hull James Ford Gambia, London 4th July 1734.
9. Thomas Bluett, op. cit. pp 59 60. Voir aussi F. Moore, op. cit.pp 230-23
10. P.R.O. T 70/56. Royal African Company to Mr Job at Bundu in Africa 19 May 1737.
11. P.R.O. T 70/1424 f. 196.
12. A.N.F. Colonies C 611, de Saint Andon Gouverneur du Fort Saint – Louis à Compagnie des Indes. 2 décembre 1736.
13. Ibid.
14. John Nicholas. Literary Anecdotes of the Eighteegh Centry, vol 6.pp. 90 91.
15. Sur ce mouvement des « Grandes Découvertes Maritimes » dont le Portugal fut l'initiateur voir V. Magalhaes –Godinho, L'économie de l'empire portugais aux XVe et XVIe siècles, Paris 1969.
COUDE À COUDE
Trump accuse Biden d'essayer de "voler" l'élection, décompte toujours en cours - Joe Biden a lui estimé qu'il était "en bonne voie" pour l'emporter. "Gardez la foi, nous allons gagner!"
Le président américain Donald Trump a accusé mercredi son rival démocrate Joe Biden d'essayer de "voler" l'élection, sans aucun élément concret à l'appui, au moment où le décompte se poursuivait dans un scrutin extrêmement serré.
"On est devant et de loin, mais ils essaient de voler l'élection. Jamais nous ne les laisserons faire", a-t-il lancé dans un tweet contre lequel Twitter a immédiatement mis en garde ses utilisateurs, estimant qu'il pouvait être "trompeur".
Lors d'une brève déclaration depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware, Joe Biden a lui estimé qu'il était "en bonne voie" pour l'emporter. "Gardez la foi, nous allons gagner!" a lancé l'ancien vice-président de Barack Obama devant des sympathisants réunis en "drive-in".
"Nous sommes confiants sur l'Arizona", un Etat-clé, a ajouté Joe Biden, 77 ans, en appelant à la patience, alors que régnait une certaine confusion sur les résultats dans plusieurs Etats-clés.
Dans des Etats-Unis traversés par des crises sanitaire, économique et sociale d'une ampleur historique, les Américains se préparaient à une longue nuit, voire de longues journées d'attente, à l'issue d'une campagne particulièrement agressive.
La vague démocrate, espérée par certains dans le camp Biden qui se prenaient à rêver de victoires historiques en Caroline du Nord, en Géorgie ou encore au Texas, peinait à prendre forme.
Le président républicain a conservé la Floride, déjà remportée en 2016. Il a aussi gagné l'Ohio, remporté depuis 1964 par tous les candidats qui ont aussi accédé à la présidence.
- Biden mise sur le Nord -
Le démocrate semblait lui bien placé pour l'emporter dans l'Arizona, ex-bastion conservateur, qui deviendrait ainsi le premier Etat de cette élection à changer de camp par rapport à 2016.
Le chemin de l'ancien vice-président de Barack Obama vers la Maison Blanche, à défaut de percée dans le Sud, passe par le Nord industriel du pays.
L'objectif affiché est de reprendre trois Etats arrachés sur le fil par Donald Trump en 2016: Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie. Or dans ces Etats, le dépouillement pourrait se poursuivre mercredi, voire sur plusieurs jours, notamment en raison du niveau record du vote par correspondance.
"Si Trump gagne la Floride, la Caroline du Nord et l'Ohio, mais Biden l'Arizona, Biden est favori à 85% dans notre modèle. Mais il y a 6% de possibilités d'une égalité au sein du collège électoral", a tweeté le site spécialisé FiveThirtyEight.
Pour l'emporter, un candidat n'a pas besoin d'être majoritaire en voix au niveau national: il doit obtenir au moins 270 des 538 grands électeurs attribués au niveau des Etats. A ce stade de la nuit, le président sortant en dispose de 175 et le démocrate 223.
Comme cela était largement anticipé, les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants, selon les estimations des médias américains.
Le sort du Sénat, aujourd'hui contrôlé par les républicains, restait en revanche indécis.
- Ton mesuré de Trump -
Sans surprise, les deux candidats septuagénaires ont rapidement engrangé l'essentiel des Etats qui leur étaient promis. L'Indiana, le Kentucky, l'Alabama, l'Idaho ou encore le Tennessee, entre autres, pour Donald Trump. La Californie, la Virginie, New York, le Colorado, le Delaware pour Joe Biden.
Dans un tweet envoyé en début de soirée depuis la Maison Blanche, Donald Trump a affiché sa confiance, affirmant que les choses se présentaient "très bien" pour lui à travers le pays.
Quelques heures plus tôt, lors d'une visite à un QG de campagne républicain dans la banlieue de Washington, il avait cependant évoqué, fait rarissime chez lui, une éventuelle défaite. "Gagner est facile, perdre n'est jamais facile. Pour moi, ça ne l'est pas", avait dit le milliardaire de 74 ans, la voix fatiguée par une fin de campagne qui l'a vu enchaîner les meetings à un rythme effréné.
Joe Biden, 77 ans, a lui refusé, "par superstition", de se livrer à des pronostics, tout en se disant "confiant".
- "Virer Trump" -
Après une campagne beaucoup plus discrète que celle de son adversaire, le démocrate a sillonné mardi l'Etat-clé de Pennsylvanie, où il est né, effectuant une sorte de pèlerinage dans les lieux de son enfance.
"De cette maison à la Maison Blanche, par la grâce de Dieu", a-t-il écrit sur les murs du domicile de Scranton où il a passé ses jeunes années.
Dans tout le pays, les démocrates qui se sont rendus aux urnes pour l'élire semblaient surtout motivés par leur rejet de l'impétueux président.
"Nous voulons un meilleur avenir pour notre pays", dit Rossana Arteaga-Lorenza, 37 ans, venue avec son fils Henry à la soirée électorale "drive-in" où devait s'exprimer Joe Biden à Wilmington.
A l'inverse, Roberto Montesinos, un Américain d'origine hondurienne de 71 ans, a fièrement voté pour Donald Trump à Miami: "la pandémie n'est pas de sa faute, celui qui dit ça est un ignorant!", a-t-il lancé en assurant "gagner plus" aujourd'hui qu'il y a quatre ans.
Partout les électeurs se méfiaient de l'attitude du camp adverse. "Trump va faire tout ce qui est en son pouvoir pour gagner, c'est effrayant", estimait Megan Byrnes-Borderan, une New-Yorkaise démocrate de 35 ans.
Signe tangible des angoisses du pays, les commerces de plusieurs grandes villes, dont Washington, Los Angeles ou New York, se sont barricadés en prévision de possibles violences post-électorales.
A New York, devant la célèbre Trump Tower, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé.
Mais alors que le vote s'est déroulé globalement sans encombre, la Bourse a terminé en forte hausse, manifestant une certaine confiance des marchés.
- "L'Amérique d'abord" -
Pendant des mois, Donald Trump a agité le spectre d'une "gauche radicale" prête à transformer la première puissance mondiale en un "Venezuela à grande échelle".
Joe Biden, soutenu par Barack Obama, multiplie les mises en garde contre les conséquences potentiellement dévastatrices sur les institutions démocratiques d'un second mandat Trump, étrillé comme "le pire président" de l'histoire récente des Etats-Unis.
Ce pur représentant de l'aile modérée du parti démocrate a aussi fait de l'élection un référendum sur la gestion de la pandémie par le républicain.
Donald Trump n'a cessé d'être rattrapé par cette crise sanitaire, qu'il s'est toujours efforcé de minimiser. Jusqu'à être lui-même contaminé et hospitalisé, début octobre.
"Je suis guéri" et "immunisé", martèle-t-il depuis en vantant sa forme éclatante et en moquant celle de son rival.
Par contraste, Joe Biden paraît en effet plus fragile. Prompt aux gaffes, cet ancien bègue a encore semblé confus mardi lors d'une prise de parole à Philadelphie, mélangeant ses petites-filles et semblant présenter aux personnes autour de lui son fils Beau, décédé en 2015.
ENJEUX DE LA PRESIDENTIELLE AMERICAINE
Qui pourrait bénéficier du contexte Black Lives Matter ? Qu'en est-il de l'électorat afro-américain ? Quelle place pour l'Afrique ? L'analyste politique, René Lake, est au micro de la West Africa Democracy Radio
Qui pourrait bénéficier du contexte Black Lives Matter ? Qu'en est-il de l'électorat afro-américain ? Quelle place pour l'Afrique ? L'analyste politique, René Lake, est au micro de Rudolph Karl de la West Africa Democracy Radio. Entretien à suivre en toute fin de journal.
POINT SUR LA PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE À LA MI-JOURNÉE
L'analyste politique René Lake et le professeur Jean François Seznec, commentent sur VOA, le déroulé du scrutin dont la participation pourrrait battre des records
L'analyste politique, René Lake et le professeur d'université de Georgetown Jean François Seznec, commentent sur VOA, le déroulé du scrutin dont la participation pourrrait battre des records.
par l'éditorialiste de seneplus, Alymana Bathily
LES USA DE DONALD TRUMP, LA DÉMOCRATIE EN DANGER
EXCLUSIF SENEPLUS - La stratégie du président des Etats-Unis consiste à créer une situation telle qu’il ait un contentieux électoral et que l’issue de l’élection soit décidée par la Cour Suprême
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 03/11/2020
Le système politique engendré par la Constitution des Etats-Unis de 1887 repose sur quelques fondements dont un présidentialisme tempéré par l’indépendance de la justice, la reconnaissance des libertés, notamment des minorités et des émigrés et une presse indépendante et pluraliste.
Or ce qu’on pourrait appeler le Trumpisme est précisément une remise en cause au plan idéologique et au plan pratique de ces fondements à travers des actes qu’on croyait jusque-là l’apanage des « démocraties » immatures du Tiers Monde.
Concernant l’indépendance de la justice, Il y a de nombreux cas où le président est intervenu directement pour la contrarier. Il n’a pas hésité par exemple à s’en prendre directement au système judiciaire quand son ami et employé Roger Stone a été condamné à 40 mois de prison pour faux témoignage et obstruction de la justice en relation avec l’affaire de collusion entre la campagne du candidat Trump et la Russie .
Auparavant le ministère de la Justice s’était dessaisi du dossier d’accusation contre un conseiller du président (Michael T. Flynn) qui avait pourtant reconnu avoir menti au FBI, ce qui est généralement considéré comme un crime grave aux Etats-Unis.
Par ailleurs, un procureur fédéral, M.Geoffrey S.Berman qui avait initié des enquêtes contre les avocats personnels de M.Trump (M. Michael D. Cohen et Rudolph W. Giuliani) a été purement et simplement relevé de ses fonctions.
Ces interventions directes de l’Exécutif dans le fonctionnement de la justice caractéristique de démocraties du Tiers Monde, ont été vécues aux Etats-Unis particulièrement dans les milieux intellectuels et judiciaires comme des atteintes graves à l’équilibre des pouvoirs.
Le Juge Paul. L. Friedman, secrétaire général de l’American Law Institute, un institut de recherche et de plaidoyer en matière de justice, estime que Donald Trump « semble penser que les tribunaux sont des obstacles qu’il faut attaquer et renverser et non pas une branche du pouvoir politique qu’il faut respecter même quand on est en désaccord avec ses décisions ».
Par ailleurs, le président Trump a totalement remis en cause le consensus national en vigueur depuis les mouvements pour les droits civiques des années 1960/1970, favorable à la mise en œuvre effective des revendications sociales, économiques et culturelles des Africains Américains et des autres minorités raciales et culturelles.
S’il est vrai que la situation sociale et économique des Africains Américains est le fait de plusieurs décennies de racisme systémique, le président Trump n’a pas contribué à l’améliorer spécifiquement. Si bien que les Africains Américains sont encore au bas de la société américaine sur plusieurs plans.
Omari Swinton, directeur du département d’économie à l’Université Howard indique ainsi que « les Noirs américains sont 10 fois plus pauvres que les Blancs américains, ils gagnent des revenus annuels 40 % moins élevés que les Blancs. Et ils ont 2,6 fois plus de risques de vivre sous le seuil de la pauvreté… »
En 2019, seuls 26.1% de la population africaine américaine âgée de 18 ans et plus, détient un diplôme universitaire contre 40.1% des Blancs.
S’il a été amené à un moment à condamner " les nationalistes blancs, les suprématistes blancs, le Ku Klux Klan, les néonazis et les autres groupes prônant la haine", il a de suite tempéré son propos en ajoutant :"vous avez aussi des mecs plutôt méchants de l’autre côté". Entendez du côté des manifestants contre le racisme.
Lors du premier débat de l’élection présidentielle en cours, face à son challenger Joe Biden, il s’est refusé tout net à condamner « les suprématistes blancs », pointant du doigt « la gauche » et appelant le groupe suprématiste « Proud Boys « à se tenir prêts ».
On se croirait dans l’Afrique du Sud des années 1980 avec la montée du mouvement néo-nazi « Mouvement de Résistance Afrikaner AWB » d’Eugène Terre’ Blanche et le premier ministre Pieter Botha incapable de rompre franchement avec l’apartheid.
Pour ce qui est des émigrés, il s’en est tour à tour et régulièrement pris aux Mexicains, aux Porto Ricains, aux réfugiés syriens, aux Africains, aux femmes députés « de couleur » notamment. On se souvient qu’il a mis en place à un moment des restrictions de visas, visant spécifiquement plusieurs pays musulmans dont le Nigeria, la Tanzanie et l’Erythrée. Il a tenté de mettre fin au programme qui protège de la déportation les « Dreamers », ces émigrés arrivés aux Etats-Unis en bas âge et qui y ont grandi. Michael Waltman, un professeur de Communication à l’Université de Caroline du Nord, estime que « sa politique (la politique du président Trump) en matière d’émigration est basée essentiellement sur la xénophobie ».
Concernant les médias et le pluralisme de l’information, le « trumpisme » s’est mis dès l’accession de M. Trump à la Maison Blanche à attaquer la « presse mainstream », en particulier le New York Times, CNN et le Washington Post, qualifiée « d’ennemis du peuple » et de propagateurs de « fake news ».
Dans le même temps, il se constitue lui-même en média alternatif, à travers son compte Twitter, devenu de fait la première agence d’information du pays tout en faisant la promotion des médias d’extrême droite (principalement Fox News) et des médias dits « alternatifs » diffusant une « information alternative » construite en fait à partir de positions idéologiques d’extrême droite et de « théories du complot ».
Le président Trump a ainsi semé la confusion dans les esprits de nombreux américains et les a dressé contre la République et la démocratie telle que compris et pratiqués jusqu’à présent.
Que se passera-t-il le 3 Novembre et les jours d’après ?
Cette question se pose en effet avec acuité puisque au bout de quatre ans de Trumpisme, les Américains sont divisés non pas simplement en Républicains et Démocrates mais en deux camps qui se voient comme diamétralement antagonistes et irréconciliables.
La question se pose d’autant plus que le président de la République a utilisé la campagne électorale pour jeter le doute sur la sincérité du scrutin et fait encore monter la tension à travers le pays. Il a ainsi lui-même dénoncé d’avance les résultats de l’élection qui seraient le fait de « fraudes massives » s’ils ne lui étaient pas favorables, appelant pratiquement à la désobéissance civile.
En outre, ses juristes et législateurs ont introduit une série d’amendements pour que les bulletins de vote envoyés par la poste ne soient pris en compte que s’ils arrivent aux lieux de dépouillement le 3 novembre et non plus s’ils ont été affranchis avant cette date. Ceci permettrait compte tenu de la lenteur des services postaux, d’éliminer un certain nombre de votes.
Par ailleurs, il faut se rappeler que l’administration Trump s’est bien gardée de revenir sur les dispositions anciennes qui suspendent le droit de vote des personnes qui ont été condamnées pour un quelconque forfait, même après avoir purgé leurs peines. Ceci a affecté 6 millions d’Américains en 2016 dont une proportion importante de Noirs.
Ainsi, il apparaît que la stratégie du président des Etats-Unis consiste en fait à créer une situation telle qu’il ait un contentieux électoral et que l’issue de l’élection soit décidée par la Cour Suprême. Il l’a d’ailleurs déclaré sans ambages, il y a un mois : « je pense que ça finira à la Cour Suprême », disait-il.
On comprend dès lors pourquoi le camp du président a imposé la nomination en « fast track » d’un nouveau juge conservateur à la Cour Suprême, à quelques jours seulement de l’élection présidentielle. Il s’agit de constituer un bloc de 6 juges conservateurs face à trois progressistes.
Le chaos après les élections ?
Le dernier rapport Rasmussen publié en juin dernier, indique que 34% des électeurs américains, dont 40% de démocrates, s’attendent à une guerre civile dans les cinq années.
Marie Kaplan, historienne américaine, professeur de littérature française à Yale, autrice de « Turbulences USA, 2016-2020 », s’interroge au micro de France Culture, « sur ce qui se passerait en cas de défaite du président à l’élection du 3 novembre » et évoque même le spectre d’un coup d’état.
« Devons-nous nous préparer à des protestations dont l’ampleur dépasserait tout ce que l’Amérique a connu ? Avant les coups d’Etat, c’était toujours ceux des autres ».
EXCLUSIF SENEPLUS - Alassane Ouattara donne un sens bien nouveau à son slogan de campagne. Du champ sémantique du folklore électoral ouest-africain, il glisse au glossaire de la tragédie politique africaine
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 03/11/2020
Candidat à un troisième mandat contestable et contesté à la tête de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a fini d’installer la chienlit dans le pays qu’il dirige d’une main de fer depuis dix ans. À la violence meurtrière de ces dernières semaines s’ajoutent depuis le samedi 31 octobre 2020 la crise politique et institutionnelle.
Au cours des mois qui ont précédé l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, Alassane Ouattara le président ivoirien sortant, « candidat contre son gré » à un troisième mandat à la tête du pays n’a cessé de répéter qu’il va être élu au premier tour. Ses soutiens en ont fait un slogan : un coup KO ! KO est un anglicisme, synonyme de knock-out qui désigne en boxe la mise à terre plus de dix secondes d’un combattant à la suite d’un coup. L’utilisation de ce terme dans le lexique politique n’est pas nouvelle. En 2011, Yayi Boni l’avait utilisé dans sa campagne victorieuse à la présidentielle béninoise. Lui-même s’était sans doute inspirer de la campagne électorale du Parti socialiste et de son candidat Abdou Diouf à la présidentielle 2000 au Sénégal. Ceux-là n’avaient pas été très inspirés puisque Diouf avait perdu au second tour contre Abdoulaye Wade. Les socialistes sénégalais avaient débuté leur campagne très tôt, … quatre ans avant le scrutin ! Le 30 mars 1996, le 13ème Congrès décidait d’être « sans débat », désignait Abdou Diouf comme candidat et lui promettait la victoire « dès le premier tour ». Comme, pour donner raison à la célèbre réflexion de Virgile « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre », de 1996 à Février 2020, ils ont répété ad nauseam leur slogan ! En février-mars 2000, la perspective du deuxième tour avait eût raison de leurs débatteurs les plus chevronnés. Certains d’entre eux déclenchaient l’hilarité sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio en parlant de gagner … « dès le second tour » !
En marche vers la « catastrophe »
Le slogan d’Alassane Ouattara n’est donc pas bien original. Cependant, à l’expérience on constate qu’il lui donne un sens bien nouveau. Du champ sémantique du folklore électoral ouest-africain, il glisse au glossaire de la tragédie politique africaine. Au Sénégal en l’an 2000, comme au Bénin en 2011, les processus électoraux s’étaient achevés par des chants et danses pour les vainqueurs. Abdou Diouf avait appelé Abdoulaye Wade pour le féliciter. Rien de tout cela en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara que la France a installé au pouvoir en avril 2011 à coups de bombe sur des populations civiles, au prétexte d’œuvrer pour « la démocratie en Afrique » a mis en place tous les ingrédients du chaos.