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2 mai 2025
International
PRÉSIDENTIELLE TENDUE EN CÔTE D'IVOIRE
Les Ivoiriens ont commencé samedi à voter pour une élection sous tension, le sortant Alassane Ouattara briguant un troisième mandat controversé après une campagne émaillée de violences et boycottée par l'opposition, qui a toutefois maintenu ses candidats
Les quelque 7,5 millions d'électeurs (sur 25 millions d'habitants) ont le choix entre quatre candidats: M. Ouattara, 78 ans, l'ex-président Henri Konan Bédié, 86 ans, chef du principal parti d'opposition, Pascal Affi N'Guessan, 67 ans, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo et l'outsider Kouadio Konan Bertin, 51 ans, indépendant.
Dans ce contexte de boycott, le taux de participation sera un des enjeux du scrutin.Les bureaux de vote doivent fermer à 18H00.La commission électorale a cinq jours pour annoncer les résultats.
"On est venu voter pour l'avenir de la Côte d'Ivoire, pour nos enfants, pour qu'ils aient un travail", a affirmé Siaka Coulibaly, femme au foyer, drapée dans des pagnes colorés, au bureau Kennedy-Siamake du quartier populaire d'Abobo, à Abidjan.Plusieurs centaines de personnes faisaient la queue à l'ouverture.
"Le processus était tendu et la peur a gagné la population.Ça peut affecter le taux de participation.Chacun a son opinion mais il faut s'exprimer.Les gens ne doivent pas mourir pour une élection", a estimé Patrick Allou, 32 ans au bureau Ecole Notre Dame du quartier du Plateau, également dans la capitale économique.
Comme en Guinée voisine où la réélection du président Alpha Condé pour un troisième mandat contesté a provoqué des troubles, l'opposition ivoirienne juge un troisième mandat "anticonstitutionnel" et a appelé ses partisans à la "désobéissance civile".
L'élection en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, fait donc craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques jihadistes incessantes au Sahel, par un putsch au Mali et une contestation politique chez le géant voisin nigérian.
Une trentaine de personnes sont mortes depuis le mois d'août lors de manifestations qui ont viré aux affrontements interethniques et quelque 35.000 membres de forces de l'ordre ont été déployés pour assurer la sécurité des bureaux de vote.
"Toutes les dispositions ont été prises afin de permettre le vote des populations (…) dans la paix et la tranquillité", a affirmé vendredi le ministre de la Sécurité Diomande Vagondo.
"Il y aura forcément des incidents dans des zones de l'opposition", nuance toutefois une source sécuritaire.
Des individus ont bloqué samedi matin la principale route du pays entre Abidjan et le Nord, menant au Mali et au Burkina Faso, près de Djeneboua (350 km au nord d'Abidjan).
- "Pas d'élection sans tension" -
Des milliers d'Ivoiriens ont quitté les grandes villes comme Abidjan ou Bouaké pour rentrer dans leurs villages avant le scrutin.
Beaucoup craignent une crise majeure, dix ans après la crise post-électorale issue de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts, à la suite du refus de Laurent Gbagbo (qui était au pouvoir depuis 2000) de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.
"Il n'y a pas de période électorale sans tension", a souligné M. Ouattara dans un entretien à l'AFP."Pourquoi ça manquerait de légitimité?J'aurais souhaité avoir Bédié et Affi N'Guessan pour les battre à nouveau", a ajouté le président, qui vise une victoire dès le premier tour et s'appuie sur son bilan économique.
"Il n'y a pas eu de véritable campagne", estime Sylvain N'Guessan, directeur de l'Institut de stratégie d'Abidjan, "Ouattara va être réélu, mais il a perdu son aura, il est devenu un président africain comme les autres, qui s'accroche au pouvoir".
Deux poids lourds politiques vivant à l'étranger, l'ancien président Gbagbo, 75 ans, et l'ex-chef de la rébellion et ancien Premier ministre Guillaume Soro, 48 ans, ont eux été disqualifiés par le Conseil constitutionnel, au grand dam de leurs partisans.
M. Gbagbo est sorti jeudi de neuf ans de silence médiatique pour appeler au dialogue, sous peine de "catastrophe".
La colère, "je la comprends et je la partage.Pourquoi veut-on faire un troisième mandat", a estimé M. Gbagbo, qui attend en Belgique un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI) après avoir été acquitté en première instance.
ABIDJAN SE VIDE DE SES HABITANTS
"Je ne veux pas revivre ce qu'on a vécu en 2010" : Véronique Yao, commerçante, a décidé de fuir la capitale ivoirienne avec son jeune fils, redoutant des violences meurtrières à l'occasion de l'élection présidentielle samedi
Comme d'autres habitants de la capitale, elle a fait sa valise et pris un bus pour rejoindre sa ville natale, à trois heures de route, avec en mémoire la crise de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts.
La décision du président Alassane Ouattara de se représenter à un troisième mandat controversé a entraîné des violences entre partisans des camps rivaux, faisant déjà une trentaine de morts, surtout dans le sud-est du pays.
"Si tout se passe bien, on reviendra.Tout dépend de ce qui va se passer", dit cette commerçante à l'AFP avant de monter dans un bus pour Tiebissou (centre).
Depuis la semaine dernière, le nombre de passagers a augmenté à la gare routière d'Adjamé (commune populaire de la capitale économique).Jeudi, des dizaines de passagers, chargés de valises, sacs et baluchons s'engouffraient dans des bus à destination de la province.
"Je voyage aujourd'hui par rapport à ce qui s'est passé la dernière fois (la crise de 2010-2011, ndlr).C'est la même menace.Je suis très inquiète.C'est mieux d'être en famille", confie Sandrine Dia Amoin, en partance pour Yamoussoukro.
Les troubles ont commencé en août, lorsque le président Ouattara a annoncé sa candidature.La Constitution ivoirienne n'autorise que deux mandats présidentiels, mais, selon M. Ouattara, l'adoption d'une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro.Ce que conteste farouchement l'opposition qui a appelé à la "désobéissance civile".
L'opposition, incarnée par l'ex-président Henri Konan Bédié, 86 ans, et un ancien Premier ministre, Pascal Affi N'Guessan, 67 ans, n'a pas fait campagne.Les deux hommes ne se sont toutefois pas formellement retirés du scrutin.
- "pas rester à Abidjan" -
Le prédécesseur de M. Ouattara, Laurent Gbagbo, qui ne s'était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en 2011 à l'issue de la crise post-électorale, est sorti de sa réserve jeudi, tenant des propos guère de nature à rassurer les Ivoiriens.
"Ce qui nous attend, c'est la catastrophe.C'est pour ça que je parle.Pour qu'on sache que je ne suis pas d'accord pour aller pieds et poings liés à la catastrophe.Il faut discuter", a déclaré M. Gbagbo sur TV5 Monde, depuis la Belgique où il attend un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI), après son acquittement en première instance de crimes contre l'humanité.
Les réseaux sociaux, largement consultés par les Ivoiriens, ne contribuent pas apaiser les esprits avant la présidentielle, bien au contraire, avec une abondance de fausses déclarations, d'images détournées, de vidéos sorties de leur contexte...ils sont devenus un véritable terrain de désinformation.
"Ma grand-mère m'a dit, il faut pas rester à Abidjan.Au village tu seras en sécurité.J'ai acheté du lait en poudre et des choses" avant de prendre le bus, témoigne une jeune serveuse de 23 ans, qui préfère rester anonyme.
Dans cette ambiance, ceux qui ne partent pas se préparent à se barricader chez eux et font des provisions de nourriture.
"En 2010, on a failli me tuer", raconte Kouamé, agent d'entretien."Là j'ai acheté du riz, de la nourriture.Je travaille vendredi et après je reste chez moi, je ne sors plus".
LES SÉRIES SÉNÉGALAISES À L'ASSAUT DE LA PLANÈTE POUR FAIRE DE DAKAR UN PETIT HOLLYWOOD
« Maîtresse d’un homme marié », « Golden », « Infidèles »… Ces feuilletons font un carton en Afrique et dans la diaspora, contribuant à l’émergence d’une industrie audiovisuelle locale
Le Monde Afrique |
Coumba Kane et Théa Ollivier |
Publication 30/10/2020
Gare du Nord, à Paris, la campagne de publicité a fait son effet. Quelques jours durant en octobre, des affiches à l’effigie de Marème Dial, Djalika et Jams, personnages phares des séries Maîtresse d’un homme marié et Golden, ont tapissé les couloirs et attiré les regards. Cet affichage dans la plus grandegare d’Europe et 500 autres stations franciliennes est une belle preuve du succès fulgurant des fictions sénégalaises bien au-delà de leur terre d’origine. La conquête est à l’œuvre, avec l’espoir de transformer Dakar en hub de la production continentale, voire – qui sait ? – de détrôner le Nigeria. Tous les espoirs sont permis…
La déferlante des feuilletons « made in Senegal » a débuté en janvier 2019 avec la diffusion de Maîtresse d’un homme marié. Les deux premières saisons de cette série écrite par Kalista Sy et produite par la société Marodi, diffusées d’abord sur la chaîne privée sénégalaise 2STV, ont été massivement suivies sur YouTube, chaque épisode cumulant entre 2 et 5 millions de vues. Selon Serigne Massamba Ndour, fondateur de Marodi, 65 % de ces audiences viennent du Sénégal, le reste de la diaspora. D’ailleurs, un quart de ces vues passent par les versions sous-titrées en français, son public ne parlant pas le wolof, la langue dans laquelle est tournée la série.
Le succès auprès des diasporas tient bien sûr aux tribulations du couple maudit de Cheikh et Marème, mais aussi au portrait de femmes conquérantes évoluant dans le Dakar huppé. Maîtresse d’un homme marié vend du rêve aux afrodescendants, qui en redemandent… « Ces séries me donnent envie de découvrir le Sénégal, car elles cassent le cliché de la ville africaine insalubre », s’extasie Henriette, 39 ans, banquière d’origine congolaise installée à Paris. Son amie Kany n’a, elle, d’yeux que pour les tenues et les coupes sophistiquées des actrices : « On n’a pas l’habitude en France de voir des femmes africaines aussi élégantes dans des séries. Là, je m’identifie à elles même si elles vivent au Sénégal. »
Amour, polygamie et sexualité
A Dakar, où elles sont diffusées en prime time sur les principales chaînes de télévision, les séries cartonnent et « les Sénégalais les aiment car elles parlent de leur réalité sociale et de leur vécu », observe Pape Assane Seck, chargé de production chez SenTV. Cette chaîne privée diffuse Infidèles, dont le fil conducteur est l’infidélité dans le couple, dans la famille ou envers la religion. La série fait concurrence à Maîtresse d’un homme marié, qui aborde les violences conjugales, la polygamie, la dépression et, plus globalement, l’amour et la sexualité – autant de sujets qu’on croyait tabous dans la société sénégalaise. Pas étonnant, donc, que ces feuilletons subissent régulièrement les attaques de l’association islamique Jamra, qui les juge « indécents et obscènes », et même « susceptibles de nuire à la préservation des valeurs, sensibilités et identités culturelles et religieuses » du Sénégal.
Cela n’empêche pas les télévisions de diffuser, ni le public de se passionner… « Les séries suscitent de plus grandes audiences que nos autres programmes et attirent donc les annonceurs », admet Pape Assane Seck, qui reconnaît que les espaces publicitaires sont plus chers ces soirs-là. A ces revenus augmentés s’ajoutent les placements de produits intégrés au scénario. Désormais, plus personne ne s’étonne d’entendre une actrice vanter les mérites d’une marque de thé ou de voitures. Et si des internautes s’en agacent, Serigne Massamba Ndour, de Marodi, leur rétorque que c’est sa « manière d’être libre et indépendant pour produire du contenu cher à fabriquer ».
Il y a soixante ans, la plupart des colonies françaises d’Afrique subsaharienne accédaient à la souveraineté internationale. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 1960, 17 pays, dont 14 sous administration française, acquièrent leur indépendance. Léopold Sédar Senghor désigne 1960 comme "l'année magique" et d’autres saluent une décolonisation pacifique.
Pourtant, les tractations sont âpres en coulisses : pour la France, en pleine guerre d'Algérie, il n'est pas question de perdre ses prérogatives, ni ses intérêts en Afrique. Et dans le contexte de la guerre froide, chaque pays doit choisir son camp ou son orientation politique.
En suivant le parcours de quatre leaders charismatiques, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le Guinéen Ahmed Sékou Touré et le Centrafricain Barthélemy Boganda, la journaliste Florence Gaillard propose de revenir sur l'histoire mouvementée de ces indépendances.
LES PAYS DE LA ZONE FRANC SEMBLENT MIEUX RÉSISTER AU CHOC ÉCONOMIQUE
Les Etats qui ont le franc CFA comme devise ont une récession moins forte que le reste de l’Afrique subsaharienne
Les pays africains dont les monnaies sont arrimées à l’euro résistent mieux au choc économique provoqué par la pandémie de Covid-19 que le reste de l’Afrique subsaharienne, selon un rapport de la Banque de France publié mercredi 28 octobre.
Ces pays « devraient faire face en 2020 à une récession de 0,4 %, nettement moins marquée toutefois que celle de l’Afrique subsaharienne dans son ensemble » (-3,0 %), selon la banque centrale française.
En 2019, la croissance était en moyenne de 4,5 % dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de l’Union des Comores, soit davantage que les 3,2 % enregistrés par l’ensemble de l’Afrique subsaharienne.
Cette année, la croissance devrait rester positive dans l’UEMOA (1,3 %) et aux Comores (0,9 %), d’après la Banque de France, ce qui représente toutefois un recul du produit intérieur brut (PIB) par habitant, étant donné la croissance démographique élevée de ces pays. Une récession de 3,1 % est en revanche attendue pour la CEMAC, dont les pays sont fortement dépendants des exportations de pétrole.
Par ailleurs, à 0,3 % en 2019, le niveau d’inflation est dans l’ensemble de la zone franc beaucoup plus bas que dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne (8,4 %), ce qui rend la croissance plus inclusive car les plus pauvres sont en général davantage touchés par la hausse des prix.
NGOZI OKONJO-IWEALA, LA NIGÉRIANE QUE WASHINGTON NE VEUT PAS VOIR À LA TÊTE DE L'OMC
Elle avait obtenu un large soutien pour devenir la première femme et première représentante du continent africain au poste de directrice de l’Organisation mondiale du commerce. Mais les États-Unis ont bloqué, mercredi, cette petite révolution
La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala avait obtenu un large soutien pour devenir la première femme et première représentante du continent africain au poste de directrice de l’Organisation mondiale du commerce. Mais les États-Unis ont bloqué, mercredi, cette petite révolution pour la prestigieuse institution.
Elle était bien partie pour devenir la première femme africaine à diriger l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais il a fallu que les États-Unis s’en mêlent. Washington s’est opposé, mercredi 28 octobre, à la nomination de Ngozi Okonjo-Iweala, l’ancienne ministre des Finances du Nigeria, à la tête de la prestigieuse institution chargée de s’assurer du bon fonctionnement du commerce international.
Cette femme de 66 ans avait beau avoir le soutien des 26 autres délégations pour succéder au diplomate brésilien Roberto Azevêdo, c'était insuffisant car il faut l’unanimité des membres pour désigner le directeur de l’OMC. Pourtant, Ngozi Okonjo-Iwealo semble cocher toutes les bonnes cases.
CV impressionnant
Elle a d’abord l’avantage d’être africaine. Depuis sa création il y a vingt-cinq ans, l’OMC a été dirigée par trois Européens, un Thaïlandais, un Néo-Zélandais et un Brésilien. Tous étaient, par ailleurs, des hommes. Le fait d’opter pour une représentante du continent africain permettrait d’envoyer un signal fort. Surtout que l’organisation “n’a pas facilité l’entrée de l’Afrique dans le commerce mondial”, rappelait, fin septembre, l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes au Monde. Il soulignait, notamment, l’importance accordée par cette institution aux activités protégées par des droits de propriété intellectuelle, ce qui donne l’avantage aux pays occidentaux au détriment des États “qui détiennent des matières premières, même stratégiques comme en Afrique”.
Ngozi Okonjo-Iweala dispose aussi d’un CV impressionnant. Elle a étudié dans les plus prestigieuses universités américaines, à Harvard puis au Massachusetts Institute of Technology (MIT), puis a travaillé plus de 20 ans à la Banque mondiale. Elle y était en charge des prêts pour les pays pauvres, mission centrale de l’organisation.
Elle a aussi fait ses preuves en finances. En tant que ministre au Nigeria, cette économiste a réussi, entre 2003 et 2006, à négocier l’effacement de près des trois quarts d’une ardoise de 30 milliards de dollars, laissant à son pays l’un des ratios dette/PIB le plus faible du continent africain.
Elle dispose d’un autre atout dans sa manche : elle est la présidente du conseil d’administration du Gavi, l’alliance internationale pour le développement des vaccins. Un titre qui, en cette période de pandémie de Covid-19, confère à sa candidature une aura qui dépasse le simple cadre du commerce international.
Seule ombre à son tableau : la lutte contre la corruption au Nigeria. En tant que "ministre, elle a peut-être adopté quelques réformes sur la transparence, mais près d’un milliard de dollars disparaissaient chaque mois des caisses de l’État quand elle dirigeait les finances", affirmait au Monde Sarah Chayes, auteure de “Thieves of State”, un livre sur la corruption internationale. Pour cette spécialiste, “c’est une honte qu’elle puisse même être retenue pour ce rôle [de directrice de l’OMC, NDLR]”.
L’étrange opposition de Washington
Mais ce n’est pas sur ce tableau que les États-Unis ont attaqué la candidature de Ngozi Okonjo-Iweala. Officiellement, Washington a pointé du doigt le manque d’expérience de la Nigériane en matière de commerce international. L’administration Trump préfère la ministre sud-coréenne du Commerce Yoo Myung-hee, l’autre finaliste de la sélection pour devenir directrice de l’OMC.
L’Organisation mondiale du commerce “a grand besoin de réformes en profondeur qui doivent être menées par quelqu’un qui a une vraie expérience en la matière”, ont expliqué les Américains.
Mais ce veto de dernière minute étonne. Cela fait, en effet, plusieurs mois que la Nigériane fait figure de favorite dans cette course.
D’autres raisons ont été avancées pour expliquer l'opposition américaine. Pour les uns, Washington pousserait la candidature de Yoo Myung-hee à cause du conflit commercial qui l’oppose à Pékin, note le Financial Times. La Corée du Sud, grande alliée des États-Unis en Asie et qui a ses propres différends avec son voisin chinois, serait plus disposée à soutenir la cause américaine.
Mais certains estiment qu’il s’agit juste d’une énième tentative de Donald Trump pour déstabiliser une organisation qu’il a maintes fois critiquée, souligne le Wall Street Journal. En décembre 2019, Washington avait ainsi bloqué la nomination de plusieurs juges à la chambre de règlement des litiges. C’est ainsi que, depuis près d’un an, cet organe essentiel pour trancher les différends entre les États membres n’a pas le quorum suffisant pour siéger…
Nommer un nouveau directeur est, cependant, autrement plus urgent. Et l’organisation a déjà prévu de se réunir à nouveau pour surmonter l’obstacle américain le 9 novembre. Soit après l’élection présidentielle aux États-Unis. Encore une organisation qui doit espérer que Donald Trump ne soit pas réélu.
LES MORTS S'ACCUMULENT EN MER
"Au moins 140 morts" pour le "pire naufrage" de l'année au large du Sénégal, des dizaines de portés disparus en Mauritanie et six corps repêchés près de Dakar: les drames de la migration se succèdent le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest
"Au moins 140 personnes se sont noyées après que leur bateau, qui transportait environ 200 personnes, a coulé au large du Sénégal", a indiqué jeudi l'Organisation internationale des Migrations (OIM) dans un communiqué.
"Il s'agit du naufrage le plus meurtrier en 2020", selon l'OIM.
Sans préciser le nombre de passagers, les autorités sénégalaises avaient annoncé un bilan d'au moins 10 morts, pour une soixantaine de personnes secourues.
"Les communautés locales nous ont dit qu'ils étaient environ 200 à bord, donc cela fait 140 disparus", a expliqué à l'AFP une porte-parole de l'OIM à Dakar.
- Incendie à bord -
Entre le 7 et le 25 octobre, la marine sénégalaise, appuyée par la Guardia Civil espagnole, a intercepté cinq pirogues en partance pour l'Europe, secourant au total 388 personnes, selon le gouvernement sénégalais, qui fait état de "28 présumés convoyeurs" interpellés.
Une de ces pirogues avait connu une avarie grave, lorsqu'un incendie s'est déclaré à bord le 23 octobre au large de Mbour, à plus de 80 km au sud-est de Dakar, provoqué par "une explosion du moteur et des fûts de carburant à bord", selon le gouvernement.
La version de l'OIM est légèrement différente.Des membres des communautés locales lui ont indiqué que la bateau avec quitté Mbour le 24 octobre, et non le 23, et que c'est au large de Saint-Louis, dernière ville sénégalaise avant la Mauritanie, que l'incendie s'est produit quelques heures plus tard et que le bateau a chaviré.
La gendarmerie sénégalaise a de son côté indiqué jeudi que "six corps" non-identifiés avaient été "pris dans les filets d'un bateau de pêche au large de Dakar" mercredi soir, sans que l'on sache s'il s'agit de victimes de cet accident.
Selon les informations de l'OIM, le bateau avait pour intention de rallier l'archipel espagnol des Canaries, au large du Maroc, porte d'entrée de l'Union européenne.
- Plus de 400 morts -
L'organisation souligne que "le nombre de départ des côtes de l'Afrique de l'Ouest vers les Canaries a augmenté sensiblement ces dernières semaines".
Selon les informations recueillies localement par l'OIM, rien que pour le mois de septembre, "14 bateaux transportant 663 migrants" ont quitté le Sénégal pour rejoindre l'archipel espagnol.
Le quart environ de ces bateaux, souvent des pirogues à moteur, ont connu des avarie ou un naufrage, selon l'OIM.
Elle évalue à environ 11.000 le nombre d'arrivées de migrants aux Canaries cette année, contre 2.557 sur la même période de l'an dernier, loin toutefois du pic de plus de 32.000 enregistré en 2006.
Avec la mort probable des 140 naufragés, le bilan des morts sur cette route maritime s'élève à 414, selon les relevés de l'OIM, contre 210 sur l'ensemble de l'année 2019.
- Appel aux populations -
Alarmé par cette "recrudescence" des tentatives d'émigration clandestine et de son lot de victimes et l'émotion dans le pays, le président sénégalais Macky Sall avait lancé mardi "un appel aux populations à plus de vigilance et à la collaboration avec les forces de défense et de sécurité pour préserver la vie des jeunes tentés par l'émigration".
Las, une nouvelle pirogue partie du Sénégal a fait naufrage jeudi au large de la Mauritanie, selon une source hospitalière à Nouadhibou, ville côtière du nord-ouest de la Mauritanie, et une source sécuritaire mauritanienne.
"Les garde-côtes mauritaniens ont secouru jeudi 24 migrants illégaux dans le naufrage d'une pirogue qui se dirigeait vers les Iles Canaries,tandis 36 ont perdu la vie", a indiqué cette source hospitalière ayant requis l'anonymat.
Leurs corps n'ont toutefois pas été retrouvés, mais la pirogue comptait 60 personnes à bord, selon la même source.Les recherches se poursuivaient jeudi en début de soirée pour retrouver des survivants, a indiqué une source sécuritaire.
L'AFRIQUE DE L'OUEST EN ATTENTE DE SA MONNAIE UNIQUE
Mis à part la réclamation de la disparition du franc CFA de la part de certaines organisations de la société civile et de certains économistes, les usagers actuels de cette monnaie au quotidien s’expriment rarement
Annoncé à la fin de l’année dernière, l’Eco, qui devrait remplacer le franc CFA à partir de 2020, devra finalement attendre. Mis à part la réclamation de la disparition du franc CFA de la part de certaines organisations de la société civile et de certains économistes, les usagers actuels de cette monnaie au quotidien s’expriment rarement.
« Est-ce que notre avis compte? Parce que les gouvernements ont l’habitude de prendre la décision entre eux! », déclare Viviane Amani, qui veut que son pays et ses partenaires de l’UEMOA aient la maîtrise totale de leur monnaie commune. Mais elle doute que son opinion soit prise en compte par les dirigeants ouest-africains. Elle et Mme Guei, sa collègue, attendent la clientèle dans leur boutique à l’intérieur d’un centre commercial d’Abidjan.
« Le franc CFA ne profite pas à la population aux conditions modestes. Si l'Eco vient pour mettre notre intérêt en avant, ce serait une bonne chose. Mais s’il n’y a pas de différence entre l’Eco et le franc CFA, il vaut mieux rester au franc CFA. Pourquoi changer si c’est la même chose? »
Mais Mme Guei souhaite tout de même la disparition du franc CFA. « Nos intérêts doivent être mis en avant. Parce que le franc CFA, il profite plus aux Occidentaux qu’à nous les Africains. Si nos intérêts sont mis en avant, je pense que s’est une bonne chose que le franc change. »
Il ne s'était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en avril 2011. À quelques jours de l'élection présidentielle du 31 octobre en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo accorde un entretien exclusif à TV5Monde
Il ne s'était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en avril 2011. À quelques jours de l'élection présidentielle du 31 octobre en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo accorde un entretien exclusif à TV5MONDE. Actuellement en liberté conditionnelle en Belgique, et dans l’attente d’un procès en appel devant la Cour Pénale Internationale, l'ancien président de la République de Côte d'Ivoire appelle les politiques au dialogue pour préserver la paix : "Ce qui nous attend, c'est la catastrophe. C'est pour ça que je parle. Pour qu'on sache que je ne suis pas d'accord pour aller pieds et poings liés à la catastrophe. Il faut discuter", assure-t-il àDenise Epoté.
Par Fadel DIA
ET SI NOUS ENVOYIONS DES OBSERVATEURS À LA PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE ?
Le 3 novembre 2020, contrairement à ce qui se passe dans les grandes démocraties occidentales, il y a peu de chances qu’on sache qui a été élu président des USA. Cette date pourrait marquer le début de l’inquiétude et d’une crise inédite dans ce pays
En bonne logique, et si tout le monde respectait le parallélisme des formes, l’Union Africaine, et d’autres institutions internationales soucieuses de faire respecter les règles de la démocratie sur tous les continents, devraient envoyer des observateurs, avec badges, gilets d’identification et surtout des principes en bandoulière, pour scruter le déroulement de la campagne électorale et des élections qui vont opposer Donald Trump à Joe Biden.
Treize mensonges par jour
Parce que tout simplement il n’y a aucune raison de faire confiance au candidat sortant qui, selon le très respecté Washington Post, aurait proféré plus de 20 000 mensonges depuis son installation à la Maison Blanche. Il ne s’agit pas de petites bourdes insignifiantes mais, souvent, de contre-vérités sur des sujets graves, comme l’économie nationale, la santé des citoyens américains ou la paix et la sécurité dans le monde. Chat échaudé craint l’eau froide, c’était sur la base de mensonges qu’avait été déclenchée la guerre qui a fait entre 100 000 et plus d’un million de morts parmi la population civile irakienne, et les mensonges de Trump ont déjà contribué à faire des Etats-Unis le pays au monde le plus affecté par la covid-19.On peut donc s’attendre à ce que, le 3 novembre, un des 13 mensonges qu’il profère chaque jour, en moyenne, brouille le processus de vote ou remette en cause le désir de changement des électeurs américains. D’ores et déjà Twitter devrait mettre en branle ses modérateurs pour limiter les dégâts.
La peur du vote par correspondance
Parce que tout au long de la campagne électorale, ce même candidat sortant a cherché, par tous les moyens, à empêcher les électeurs américains d’exercer leur droit de vote par le moyen sans doute le plus approprié dans un pays où la covid-19 a contaminé plus de 8,5 millions de personnes et fait plus de 220 000 morts. Donald Trump s’est en effet opposé au vote par correspondance, prétendant, sans en fournir la preuve, qu’il pourrait entraîner des fraudes, alors qu’il est jugé fiable depuis longtemps. Pour contrecarrer l’acheminement des bulletins de vote par la voie postale, il a bénéficié de la complicité du patron de l’United States Postal Services, son ami, milliardaire comme lui, qui a apporté à sa campagne et au parti républicain un soutien financier estimé à 2,5 millions de dollars, qui a affirmé, le plus sérieusement du monde, que les services postaux de la première puissance mondiale étaient incapables de supporter cette charge et ne pouvaient donc pas garantir l’arrivée à temps de tous les bulletins de vote ! Pire encore :Trump a invité tout bonnement ses électeurs à voter deux fois, pour semer la pagaille, et c’est sans doute la première fois que le chef d’une démocratie avancée invite publiquement ses concitoyens à recourir à la fraude électorale.
Un président autoproclamé ?
Parce que (et c’est une des conséquences de la remarque précédente) ce même candidat sortant travaille à délégitimer tout le processus électoral et à semer le doute sur ses résultats. Donald Trump refuse de s’engager, solennellement, à accepter les résultats des élections, quels qu’ils soient, il n’exclut pas de se proclamer élu sans attendre la fin des dépouillements de tous les bulletins de vote. Le 3 novembre prochain la première puissance mondiale pourrait se retrouver dans la situation que vivent périodiquement les pays africains, du Kenya à la Guinée Conakry, celle qu’avait connue la Côte d’Ivoire en 2010, avec un président autoproclamé élu, qui refuse le verdict de l’institution chargée du processus électoral pour s’abriter sous le parapluie de l’instance judiciaire suprême. Malheureusement, si la France était allée déloger Laurent Gbagbo en lançant ses chars à l’assaut de son palais, il n’est pas sûr qu’elle prenne le risque d’aller cueillir Donald Trump en forçant les portes du Bureau Ovale ! Parce que précisément cet inénarrable candidat sortant a déjà miné la plus haute juridiction du pays et rompu significativement son équilibre. En s’empressant de nommer à la Cour Suprême une juge ultra conservatrice, confirmée à huit jours du suffrage électoral et bien disposée à son égard, il n’a pas seulement manqué d’élégance républicaine, il a pris un acte qui pourrait avoir des effets sur l’issue des élections, si l’on se souvient qu’en stoppant le recomptage des voix en Floride aux élections de 2000, l’institution avait favorisé la victoire du candidat républicain G. W. Bush.
Un président chef de clan
Parce que Trump a installé au sein de la vaste et composite nation américaine une division qui peut susciter des troubles et des actes de violence. Il a refusé de condamner les suprémacistes blancs et les ultranationalistes, il leur a apporté quelques fois son soutien, les a invités à « se tenir prêts », voire à sortir leurs armes le jour des élections, dans un pays qui concentre à lui seul 40% des armes de petit calibre qui circulent dans le monde. Il n’a rien fait pour apaiser la détresse de la minorité noire et ne lui a témoigné aucune compassion lorsque ses membres ont été victimes de la répression policière. Les Etats-Unis ne sont certes pas un pays en guerre, mais la tension suscitée par le président clivant qui les dirige depuis quatre ans peut justifier à elle seule la présence d’observateurs indépendants capables de témoigner du respect de la protection des droits civils et politiques.
Le 3 novembre, un jour d’inquiétude
La réalité c’est que les Etats-Unis de Trump nous rappellent étrangement les tares de ces pays peu recommandables que fustigeait le président américain dans des termes vulgaires. On y tient des meetings électoraux dans l’enceinte même du palais présidentiel et pour le maître des lieux, remporter les élections n’est pas une option mais une nécessité, le seul moyen d’échapper aux poursuites judiciaires pour fausses déclarations de revenus, compromissions sexuelles, obstruction dans des enquêtes à caractère criminel, etc. Le 3 novembre 2020 au soir, contrairement à ce qui se passe dans les grandes démocraties occidentales, il y a peu de chances qu’on sache qui a été élu président des Etats-Unis. Cette date pourrait ne pas marquer la fin du processus électoral mais le début de l’inquiétude et d’une crise inédite dans ce pays. C’est une raison supplémentaire pour qu’à défaut de changer les résultats, des témoins privilégiés indépendants puissent contribuer à affecter leur légitimité, s’ils s’avéraient non conformes à la volonté du peuple…