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3 mai 2025
International
par Pierrette Herzberger-Fofana
LES ÉLECTIONS EN GUINÉE, LA FIN DU CAUCHEMAR ?
Il est urgent que les protagonistes s’asseyent autour d’une table pour mettre fin au cycle de violence qui gangrène le pays. C’est dans l’union que la Guinée parviendra à se développer, à réduire la pauvreté et offrir un avenir prometteur à ses enfants
Selon les résultats officiels, le président sortant, le Professeur Alpha Condé a été réélu à sa propre succession avec un score de 59, 4% contre 33,5% pour son adversaire, Cellou Dallein Diallo de l’UFDG. 12 candidats étaient en lice dans la course au fauteuil présidentiel dont deux femmes.
A la suite des élections qui se sont déroulées le 18 octobre 2020, le pays a été en proie à de fortes tensions post-électorales. Des affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les partisans du chef de l’opposition, Cellou Dallein Diallo. Le pays a basculé dans la violence ce que nous déplorons vivement. Nous condamnons vivement la séquestration du chef de l’opposition chez lui, comme il l’affirme dans une vidéo.
Les droits humains doivent être respectés, conformément à l’article 3 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme : "Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. “
Dans l'expectative des résultats de la commission électorale, la situation était alarmante : la Guinée était au bord de l’implosion, l'armée avait été réquisitionnée et des échauffourées entre les deux camps ont eu lieu qui se sont soldées par le décès d’une dizaine de morts. L’opposition conteste les chiffres qu’elle porte à une trentaine. Il est inadmissible que les joutes électorales s’achèvent par des exactions de toutes sortes, des massacres d’enfants et que des jeunes soient arbitrairement tués.
Nous souhaitons que l’ordre démocratique soit rétabli au plus vite. Le sang des Guinéens et des Guinéennes ne doit pas couler, car ils forment un peuple uni qui a eu à affronter de nombreuses difficultés mais qui a su les surmonter. Chaque fois qu’il s’agissait de l’intérêt de la nation, le vaillant peuple de Guinée a su reprendre le chemin du dialogue. Il convient donc que la paix revienne et que la cohésion sociale règne. Il est urgent que les protagonistes s’asseyent autour d’une table pour mettre fin au cycle de violence qui gangrène le pays. C’est dans l’union que la Guinée parviendra à se développer, à réduire la pauvreté et offrir un avenir prometteur à ses enfants.
Dr. Pierrette Herzberger-Fofana, Députée au Parlement Européen. Vice-Présidente de la Commission Développement, Vice-Présidente de la Délégation pour les Relations avec le Parlement Panafricain.
IBRAHIM 10, JIHADISTE ITINÉRANT D'UN SAHEL SANS FRONTIÈRE
Aux enquêteurs, ce proche de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar dit avoir été au Sénégal en 2011, en repérage pour un projet d'attentat finalement annulé contre l'ambassade d'Israël, puis s'être installé en Côte d'Ivoire en 2012, où il épouse une Ivoirienne
Principal accusé dans le procès des attentats du Radisson Blu et de la Terrasse à Bamako, le Mauritanien "Ibrahim 10" est un acteur majeur du jihad sahélien, proche de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui a fait ses armes dans le désert du Sahara avant de sévir dans toute l'Afrique de l'Ouest.
Un doute subsiste sur sa présence au procès qui s'ouvre mardi dans la capitale malienne, dont il est l'un des trois accusés, le plus important.
Selon des informations non confirmées officiellement, il pourrait avoir fait partie des détenus échangés début octobre par les autorités maliennes contre quatre otages, dont la Française Sophie Pétronin et l'homme politique malien Soumaïla Cissé.
Est-ce un nouveau rebondissement dans le parcours de ce jihadiste "très audacieux, insaisissable et toujours en mouvement", comme le décrit le spécialiste mauritanien du jihadisme Isselmou Ould Salihi, ou bien la fin brutale d'une carrière aussi prolixe que représentative de ce qu'était la nébuleuse jihadiste des années 2010 ?
De son vrai nom Fawaz Ould Ahmed (ou Ahmeida), cet homme au physique de colosse né à Nouakchott à la fin des années 1970 a commencé sa vie dans le commerce. Il s'est radicalisé après l'intervention américaine en Irak en 2003, "comme cela a été le cas pour beaucoup de jeunes au Sahel à cette époque", explique le journaliste Lemine Ould Salem, auteur d'un livre sur Mokhtar Belmokhtar.
En 2006, "Ibrahim 10" rejoint les camps d'entraînement du chef jihadiste algérien dans le Sahara, selon des documents de l'enquête, couverts par le secret d'instruction et consultés par l'AFP.
Après une formation au maniement des armes, il participe fin 2008 à l'enlèvement de deux diplomates canadiens au Niger. Un coup d'éclat qui sera "hautement apprécié" par sa hiérarchie. Ibrahim 10 est "félicité" par les grands noms du jihad régional ; il prend de l'importance.
"Par la suite, j'ai été désigné par le « Vieux » (surnom qu'il donne à Belmokhtar) pour faire des va-et-vient entre lui et le Burkina Faso" de Blaise Compaoré, à l'époque médiateur dans la libération d'otages au Sahel, dira-t-il lors de son audition par les autorités maliennes après son arrestation en 2016.
Voyages en hélicoptère
Dans ses auditions, il raconte ses voyages entre Ouagadougou et les campements jihadistes dans le désert, parfois en voiture, parfois en hélicoptère, toujours en compagnie, affirme-t-il, de l'homme d'affaires mauritanien Moustapha Ould Limam Chafi, connu pour son rôle dans la libération d'otages occidentaux au Sahel.
Il raconte qu'il "profitait" de ces voyages pour "faire des achats pour les frères" jihadistes dans le désert: caméras, ordinateurs, cartes mémoire...
Et donne des détails sur le "pacte", selon ses dires, de non-agression conclu entre le Burkina Faso et le groupe de Belmokhtar à la fin des années 2000. Le Burkina Faso avait été relativement préservé des attaques jihadistes sous Compaoré ; il a depuis lors été entraîné dans la spirale meurtrière du jihadisme sahélien.
Aux enquêteurs, "Ibrahim 10" dit avoir été au Sénégal en 2011, en repérage pour un projet d'attentat finalement annulé contre l'ambassade d'Israël, puis s'être installé en Côte d'Ivoire en 2012, où il épouse une Ivoirienne et devient père de famille.
Il est arrêté quelques mois plus tard en possession d'armes. Jugé et condamné en 2013 à Abidjan à 10 ans de prison ferme, il sera libéré après 10 mois, "sans doute après avoir parlé", selon une source judiciaire malienne.
Il sort un fusil d'assaut
Il rend alors visite à Belmokhtar en 2014 en Libye, puis rentre au Mali, "via le Tchad et le Niger", ramenant avec lui des explosifs, des sandales et un iPad pour ses coreligionnaires. Il reste quelque temps dans le désert, selon ses dires.
Puis il descend à Bamako, où il commet le 6 mars 2015 l'un de ses principaux faits d'armes : dans la nuit, il entre dans un restaurant de la capitale, La Terrasse, sort de son sac un fusil d'assaut et tue cinq personnes, selon les enquêteurs.
L'homme s'évanouit ensuite dans la nature, mais refait parler de lui quelque mois plus tard : successivement, un hôtel est attaqué à Sévaré en août (centre), puis l'hôtel Radisson Blu de Bamako, en novembre.
Dans les deux cas, "Ibrahim 10" n'aurait pas été présent mais se serait occupé de leur organisation : recrutement des assaillants, repérage, location de véhicules, armes...
Le 21 avril 2016, la sécurité d'Etat malienne l'arrête à Bamako ; il croupissait depuis dans ses gêoles. Sur une photo à l'époque le montrant menotté contre un mur, l'une des seules de lui, il se tient droit, le regard fixé sur l'objectif, semblant le défier.
CES COMPAGNONS DE L'INDÉPENDANCE SACRIFIÉS PAR SENGHOR
Qu’a retenu l’Histoire du rôle de Mamadou Dia et de Valdiodio Ndiaye dans l’accession du pays à l’indépendance ? Éclipsés par la trace indélébile laissée par le président-poète, leurs noms ont été jetés aux oubliettes par l’écriture d’une histoire biaisée
Jeune Afrique |
Manon Laplace |
Publication 25/10/2020
En 1962, le président Léopold Sedar Senghor fait arrêter puis condamner son Premier ministre, Mamadou Dia, et quatre de ses ministres, qui voulaient bousculer les intérêts français au Sénégal. À l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance, Jeune Afrique revient sur cette page méconnue de l’histoire post-coloniale.
Qu’a retenu l’Histoire du rôle de Mamadou Dia et de Valdiodio Ndiaye dans l’accession du Sénégal à l’indépendance, le 4 avril 1960 ? Éclipsés par la trace indélébile laissée par Léopold Sédar Senghor, président-poète et « père de l’indépendance », leurs noms ont été « jetés aux oubliettes par l’écriture d’une histoire politique et biaisée », tranche d’emblée l’historien sénégalais Iba Der Thiam.
Pourtant, Mamadou Dia, chef du premier gouvernement indépendant du Sénégal, et Valdiodio Ndiaye, qui fut un temps son ministre de l’Intérieur, ont été bien plus que des seconds couteaux dans l’histoire contemporaine du pays.
Disgrâce
Longtemps considéré comme le protégé de Senghor, auprès de qui il siégea à l’Assemblée nationale française, Mamadou Dia est président du Conseil dès 1956, avant de rempiler en 1960 lors de l’Indépendance. Il est l’homme de la politique intérieure et des affaires économiques. Léopold Sédar Senghor, lui, a la main sur la politique extérieure. Une organisation bicéphale du pouvoir, calquée sur celle de la IVe République française, qui va rapidement mettre à nu les dissensions entre les deux hommes et valoir à Mamadou Dia de tomber en disgrâce, dès 1962.
Au sein du premier gouvernement Dia, une autre figure montante de la politique sénégalaise : Valdiodio Ndiaye, charismatique avocat à qui l’on a confié le portefeuille de l’Intérieur. De son nom, il ne reste aujourd’hui que les lettres noires qui ornent l’enceinte du lycée éponyme, sis à Kaolack, ville fluviale du bassin arachidier dont il était originaire.
Toute une génération a pourtant été marquée par son discours sur la Place Protêt (rebaptisée Place de l’Indépendance en 1961), à Dakar, le 26 août 1958. Alors que le président est en Normandie et que Mamadou Dia est retenu en Suisse pour une cure, c’est Valdiodio Ndiaye qui reçoit le Général de Gaulle, lequel achève à Dakar un périple africain qui l’a mené à Fort-Lamy (actuelle N’Djamena), Alger, Brazzaville, Abidjan ou encore Conakry.
Une tournée dans les colonies, un mois seulement avant le référendum constitutionnel qui posera les bases de la Ve République. À travers ce vote, les colonies africaines doivent choisir : la « communauté avec la France », en votant oui ; ou « l’indépendance dans la sécession », en votant non.
Plaidoyer indépendantiste
Devant une foule galvanisée et un général de Gaulle « visiblement irrité », selon certains récits de l’époque, Valdiodio Ndiaye déroule son plaidoyer en faveur de l’indépendance sénégalaise. « Le peuple d’Afrique, comme celui de France, vit en effet des heures qu’il sait décisives et s’interroge sur le choix qu’il est appelé à faire. Dans un mois, le suffrage populaire, par la signification que vous avez voulu donner à sa réponse Outre-mer, déterminera l’avenir des rapports franco-africains. Il ne peut donc y avoir aucune hésitation. La politique du Sénégal, clairement définie, s’est fixé trois objectifs qui sont, dans l’ordre où elle veut les atteindre : l’indépendance, l’unité africaine et la Confédération », tonne-t-il.
Amnésie collective
Aujourd’hui, peu de traces subsistent de ces premières revendications indépendantistes. Dans une forme d’amnésie collective, le Sénégal n’a retenu que la chute de Mamadou Dia et de ses ministres Valdiodio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall.
« On les a décrit comme ceux qui avaient conjuré contre la sécurité de l’État, éludant complètement le rôle qu’ils ont joué dans l’indépendance sénégalaise. Pourtant, si la question de l’indépendance avait été uniquement entre les mains de Senghor, nous serions peut-être encore sous domination française », analyse Iba Der Thiam.
En décembre 1962, les cinq hommes sont arrêtés, accusés par le président Senghor de fomenter un coup d’État. En mai 1963, alors que le procureur général n’a requis aucune peine, Mamadou Dia est condamné à perpétuité, tandis que ses quatre ministres écopent de 20 ans d’emprisonnement. Ils seront graciés onze ans plus tard, avant d’être finalement amnistiés en 1976.
Huit enfants ont été tués et une douzaine d'autres blessés samedi dans l'attaque de leur salle de classe dans une école du Cameroun anglophone. L’attaque n’a pas encore été revendiquée et les assaillants identifiés par les autorités. Le premier ministre a tenu, samedi, une réunion d’urgence.
"Une attaque brutale", "des actes de barbarie", "une horreur absolue", les responsables politiques ont fait part de leur indignation après l'acte terroriste survenu samedi 24 octobre dans une école du Cameroun anglophone, en conflit depuis près de trois ans. Huit enfants ont été tués et une douzaine d'autres blessés dans cette attaque.
Vers 11h00 locales, "un groupe de neuf assaillants terroristes" ont fait irruption dans le collège Mother Francisca International Bilingual Academy, avant d'ouvrir le feu sur les élèves présents dans la salle de classe, âgés de 9 à 12 ans, selon une source proche de la police.
Maurice Kamto, leader de l'opposition, a parlé d'"horreur absolue". "Combien de morts faut-il encore pour qu'une solution politique ramène la paix dans le NOSO (Nord-Ouest et Sud-Ouest, les deux régions anglophones)?", a-t-il réagi, tandis que le Premier ministre camerounais organisait une réunion d'urgence après l'attaque.
Depuis près de trois ans, des groupes séparatistes et l'armée s'affrontent dans les deux régions camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit l'essentiel de la minorité anglophone, dont une partie s'estime marginalisée par la majorité francophone du pays.
"Il n'y a pas de mots pour le chagrin ni de condamnation assez forte pour exprimer toute mon horreur face à l'attaque brutale qui a visé des écoliers en école primaire (...) alors qu'ils étaient assis, en train d'apprendre, dans leur salle de classe", a tweeté Moussa Faki Mahamat, président de l'Union africaine.
Des écoles déjà prises pour cible
"Je condamne sans réserve, les actes de barbarie commis ce jour à Kumba. Assassiner des enfants qui vont apprendre c'est s'attaquer aux fondements même de notre Nation" a pour sa part réagi le ministre de la santé publique du Cameroun, Malachie Manaouda.
"Le boycott des écoles était une stratégie des séparatistes ces dernières années. 700 000 jeunes environ étaient en dehors du système scolaire à cause du conflit", a expliqué à l'AFP Arrey Elvis Ntui, analyste senior du groupe International Crisis au Cameroun.
"Le gouvernement et la société civile anglophone ont mis beaucoup de pression sur les groupes séparatistes pour que leurs enfants retournent à l'école, et des écoles qui étaient fermées depuis des années ont commencé à rouvrir", a-t-il poursuivi.
Les écoles avaient déjà été une cible dans le passé récent, mais n'avaient jamais connu un massacre d'une telle ampleur. Mi-mai, un enseignant de l'université de Bamenda (Nord-Ouest) avait notamment été abattu par des séparatistes car il refusait d'arrêter de faire cours, selon l'ONG Human Rights Watch (HRW).
L'attaque de Kumba n'a pas encore été revendiquée et les assaillants n'ont pas encore été identifiés officiellement par les autorités.
"Ces gens (les agresseurs) seront rattrapés par tous les moyens. Je dis bien par tous les moyens", a néanmoins prévenu Chamberlin Ntou'ou Ndong, préfet du département de la Mémé, touché par l'attaque.
Il a également insisté sur le fait que l'école était "non déclarée" et qu'il allait donner des instructions pour que "toutes les écoles du département de la Mémé soient déclarées" pour des raisons de sécurité.
Une région instable
Les combats au Cameroun anglophone, mais aussi les exactions et meurtres de civils par les deux camps, selon de nombreuses ONG, ont fait plus de 3000 morts et forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile.
"Les forces de sécurité et les séparatistes armés ont à plusieurs reprises, chacun de leur côté, attaqué des hôpitaux et du personnel médical" au cours des derniers mois, avait affirmé l'OLes accusations d'exactions par l'armée se sont aussi multipliées ces dernières années. NG HRW en juillet.
En juin, trois militaires camerounais avaient notamment été inculpés de l'"assassinat" en février de civils, dont 10 enfants, dans la partie anglophone du Cameroun.
L'OPPOSITION L'EMP0ORTE POUR LA PREMIERE FOIS DEPUIS 40 ANS
Le pasteur anglican Wavel Ramkalawan remporte la présidentielle dès le premier tour et devient ainsi le cinquième président des Seychelles, depuis leur indépendance en 1976.
C'est une victoire historique pour l'opposition dans un pays où tous les chefs d'État étaient issus de l'ex-parti unique depuis plus de quatre décennies. Le pasteur anglican Wavel Ramkalawan l'emporte dès le premier tour et devient ainsi le cinquième président des Seychelles, depuis leur indépendance en 1976.
Le pasteur anglican Wavel Ramkalawan a remporté dès le premier tour la présidentielle aux Seychelles, une victoire historique pour l'opposition dans un pays où tous les chefs d'État étaient issus de l'ex-parti unique depuis plus de quarante ans, a annoncé dimanche 25 octobre la commission électorale.
Candidat de Linyon Democratik Seselwa (LDS) [Union démocratique seychelloise], Wavel Ramkalawan a rassemblé 54,9 % des voix, contre 43,5 % pour le président sortant, Danny Faure, et devient le cinquième président de cet archipel depuis son indépendance en 1976, et dont la plupart des terres émergées sont inhabitées.
L'opposition remporte également les élections législatives, organisées en même temps que la présidentielle de jeudi à samedi, le LDS ayant obtenu à lui seul 25 sièges, soit les deux tiers du parlement.
Wavel Ramkalawan, prêtre anglican de 59 ans, se présentait pour la sixième fois à la présidentielle. En 2015, il avait été battu de 193 voix seulement par le président sortant, James Michel. Ce dernier avait démissionné en 2016 et laissé sa place à Danny Faure, son vice-président, qui a terminé son mandat.
Parti unique
Avant même l'annonce des résultats officiels, les partisans de Wavel Ramkalawan avaient commencé à célébrer la victoire de leur candidat dans les rues de Victoria, la capitale, située sur l'île de Mahé.
Danny Faure a reconnu sa défaite et souhaité "bonne chance" au nouveau président. Wavel Ramkalawan a appelé à l'union nationale dans un pays dont l'économie, largement dépendante du tourisme, a été durement touchée par la pandémie de Covid-19, qui a fait s'effondrer le nombre de touristes et la valeur de la monnaie.
Wavel Ramkalawan devrait prêter serment lundi à la présidence, après avoir rencontré son prédécesseur pour organiser cette passation de pouvoir inédite.
C'est l'ancien avocat France-Albert René, président des Seychelles de 1977 à 2004 qui avait instauré un parti unique, socialiste à tendance marxiste.
Au début des années 1990, le président René a accepté d'engager son pays sur la voie du multipartisme et d'un certain libéralisme, autorisant notamment davantage de privatisations. Il quitte la présidence en 2004, à 69 ans, cédant sa place à James Michel qui restera au pouvoir jusqu'en 2016.
TOUS DES IDIOTS
Me El Hadji Diouf a encore fait parler de lui. Avocat du candidat à la présidentielle guinéenne Cellou Dalein Diallo, il n’a pas épargné les chefs d’Etats qui essayent par tous les moyens à briguer un troisième mandat.
Me El Hadji Diouf a encore fait parler de lui. Avocat du candidat à la présidentielle guinéenne Cellou Dalein Diallo, l’avocat n’a pas épargné les chefs d’Etats qui essayent par tous les moyens à briguer un troisième mandat.
« Tous les présidents comme lui qui veulent un troisième mandat, je les considère comme des idiots », a d’entrée déclaré Me El Hadji Diouf. Pour lui, Cellou Dalein Diallo devait être président de la Guinée depuis 2010. « À l’époque, il avait récolté 51% des suffrages. Ils sont restés pendant 4 mois avant d’organiser un second tour d’une élection qui était remportée par un candidat », a rappelé la robe noire.
Selon Me El Hadji Diouf, Cellou Dalein Diallo est victime d’un complot. Il n’a pas raté la Cedeao, jusque-là aphone. « Il est victime d’un complot international. Un général Malien envoyé par l’Oif a été porté à la tête de la Ceni. J’ai suivi une déclaration des gens corrompus de la Cedeao qui disent déplorer la déclaration de Cellou Dalein. Il faut savoir qu’ils ont été surpris dans un hôtel en train de se partager de l’argent. Ils sont corrompus c’est des menteurs », a-t-il révélé.
Et pour faire face à ce qu’il appelle les dérives de Condé, Me El Hadji Diouf affirme que l’Ufdg a pris ses dispositions. « Cette fois-ci, Cellou Dalein a pris toutes les dispositions pour éviter un hold-up -électoral. Avec un logiciel performant et près de 800 experts en informatique pour suivre le processus. (…). Les Guinéens ne se laisseront pas faire. Ils sont prêts à accompagner leur président jusqu’au palais », a-t-il ajouté.
ALPHA CONDÉ REMPILE
Le président sortant remporte la présidentielle guinéenne avec 59,49 % des suffrages, devant Cellou Dalein Diallo, crédité de 33,5 % des voix, selon les résultats globaux provisoires rendus publics par la Commission électorale nationale indépendante
Jeune Afrique |
Diawo Barry |
Publication 24/10/2020
Alpha Condé, le président sortant, a été élu dès le premier tour pour un troisième mandat. Un « coup KO » qui vient d’être annoncé à l’issue d’une semaine extrêmement tendue en Guinée.
Selon les résultats globaux provisoires délivrés samedi 24 octobre par Kabinet Cissé, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Alpha Condé a remporté 59,49 % des suffrages exprimés, contre 33,5 % pour Cellou Dalein Diallo, son principal rival. Parmi les autres candidats, aucun n’a dépassé la barre fatidique des 5 %.
Les violences ont démarré dans l’après-midi du lundi 19 octobre, quelques heures après que Cellou Dalein Diallo a revendiqué la victoire lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). « Mes chers compatriotes, malgré les graves anomalies qui ont entaché le bon déroulement du scrutin du 18 octobre et au vu des résultats sortis des urnes, je sors victorieux de cette élection dès le premier tour », a-t-il lancé devant une foule de partisans.
Les scènes de liesse dans les quartiers de Conakry acquis à l’UFDG, ainsi que dans plusieurs villes du pays, ont rapidement cédé la place à des heurts entre jeunes militants et membres des forces de l’ordre.
Des conflits ont notamment éclaté dans les préfectures de Kissidougou et de Coyah « entre militants de l’UFDG et ceux d’autres formations politiques, notamment du RPG Arc-en-Ciel [au pouvoir]», a fait savoir le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara, dans un communiqué évoquant également des « attaques ciblées à l’intérieur du pays, dans les quartiers de la haute banlieue de Conakry et contre les sièges des partis de la mouvance présidentielle et les domiciles des militants de ces partis ».
LA CPI MET EN GARDE LES ACTEURS POLITIQUES GUINÉENS
"Je tiens à rappeler que quiconque commet, ordonne, incite, encourage et contribue" à des crimes tels que définis par les statuts de la CPI, "peut être poursuivi par les tribunaux guinéens ou par la CPI", a écrit Mme Bensouda dans un tweet
La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a mis en garde vendredi les acteurs politiques en Guinée, en proie à des violences liées à l'élection présidentielle du 18 octobre
. "Nous surveillons de près les développements sur le terrain, la violence doit cesser", a écrit Mme Bensouda dans un tweet."Je tiens à rappeler que quiconque commet, ordonne, incite, encourage et contribue" à des crimes tels que définis par les statuts de la CPI, "peut être poursuivi par les tribunaux guinéens ou par la CPI", a-t-elle ajouté.
Les tensions qui ont précédé le vote pendant des mois se sont intensifiées après la présidentielle.Conakry et d'autres villes sont en proie à des affrontements meurtriers entre jeunes supporteurs du principal candidat de l'opposition Cellou Dalein Diallo et forces de l'ordre, et aucune issue n'est en vue. M. Diallo, challenger du chef de l'Etat sortant Alpha Condé qui s'est présenté pour un troisième mandat contesté, a exclu vendredi de reconnaître les résultats publiés par l'organe chargé des élections qui donnent M. Condé vainqueur, et s'est dit ouvert à une médiation internationale pour sortir des troubles qui agitent le pays.
Vendredi, cinq personnes, trois gendarmes, un soldat et un civil, ont encore été tuées dans un quartier de la périphérie de Conakry.
LES POSITIONS RESTENT FIGÉES EN GUINÉE
Cellou Dalein Diallo a exclu vendredi de reconnaître les résultats publiés par l'organe chargé des élections, faisant appel à une médiation internationale pour sortir de la crise, car ajoute-t-il, le 3è mandat est pour Condé une question de vie ou de mort
Cellou Dalein Diallo, le challenger du chef de l'Etat sortant à la récente présidentielle en Guinée, a exclu vendredi de reconnaître les résultats publiés par l'organe chargé des élections et s'est dit ouvert à une médiation internationale pour sortir des troubles qui agitent le pays.
"Il est hors de question d'accepter les faux résultats que la Céni (Commission électorale nationale indépendante) est en train de proclamer en faveur d'Alpha Condé", le président sortant, qui brigue un 3e mandat controversé, a dit M. Diallo dans un entretien téléphonique avec l'AFP. La Céni, chargée d'organiser la présidentielle de dimanche dernier, publie depuis mardi des résultats circonscription par circonscription.
Jeudi soir, elle avait communiqué les résultats de 37 des 38 circonscriptions nationales, ne laissant plus de doute sur ce que serait l'issue pour les organes officiels. Selon l'addition de ces résultats, M. Condé l'emporte avec plus de 2,4 millions des voix sur environ 3,9 millions d'exprimés, distançant très largement M. Diallo (environ 1,2 million de suffrages) et s'assurant une majorité absolue et une réélection dès le premier tour.
M. Diallo s'est unilatéralement proclamé vainqueur lundi en se fondant sur les résultats remontés par ses partisans. Il accuse le pouvoir de falsifier les résultats.Les tensions qui ont précédé le vote pendant des mois se sont intensifiées après le vote. Conakry et d'autres villes sont en proie à des affrontements meurtriers entre jeunes supporteurs de M. Diallo et forces de l'ordre, et aucune issue n'est en vue. M. Diallo, dont le domicile est ceinturé par les forces de sécurité et qui dit ne pouvoir en sortir, a déclaré s'alarmer du risque que les agissements de M. Condé ne donnent une tournure ethnique à la crise. "On s'attaque aux boutiques des gens de la même ethnie que moi (les Peul), ces gens sont désarmés.
Depuis qu'Alpha est au pouvoir (en 2010), on est à 220 morts. Vous n'avez aucun militant de son parti", a-t-il dit. M. Condé, Malinké, se défend constamment de toute politique communautariste. Les appartenances communautaires sont un important facteur politique, les Malinké se reconnaissant majoritairement dans le parti de M. Condé, les Peul dans celui de M. Diallo. Les deux groupes représenteraient largement plus de la moitié de la population.Interrogé sur les moyens d'une sortie de crise, M. Diallo a dit ne pas être "opposé à une médiation internationale", laissant entendre qu'elle constituait un rare recours tant les positions sont figées. Son propre camp ne peut espérer dans les organes guinéens pour contester les résultats, "Alpha Condé ayant complètement inféodé la Céni et la Cour constitutionnelle", a-t-il dit. "Et on sait que pour rien au monde Alpha Condé ne va renoncer de son propre chef à son troisième mandat. C'est pour lui une question de vie ou de mort", a-t-il ajouté. L'opposition à laquelle il appartient a "toujours fait appel à la Cédéao (Communauté des Etats ouest-africains) et à l'Union africaine pour organiser un dialogue politique en Guinée. Mais Alpha Condé n'a jamais voulu du dialogue", a dit M. Diallo.
#EndSARS
Le cri de ralliement au Nigéria contre les violences policières et la répression - La jeunesse nigériane est dans la rue. Depuis début octobre, un mouvement de contestation secoue le pays
Depuis le 8 octobre, des milliers de Nigérians manifestent contre les violences policières, en se ralliant sous la bannière de #EndSARS, du nom d'une unité de police controversée. Après la répression sanglante du mouvement de contestation, l'ONU appelle au respect des droits de l'Homme mais le président Muhammadu Buhari se montre intransigeant.
La jeunesse nigériane est dans la rue. Depuis début octobre, un mouvement de contestation secoue le pays. Au cri de "#EndSARS" (mettons fin à la Sars, une unité spéciale de la police contre le vol), il réclame la fin de l'impunité des violences policières, mais aussi un changement du système politique.
La mobilisation #EndSARS a commencé en ligne le 3 octobre 2020, lorsqu'une vidéo montrant des officiers de la cette unité spéciale en train de brutaliser deux jeunes hommes avant de tirer sur l'un d'eux est devenue virale.
"C'est le meurtre des mains de la SARS d'un jeune dans l'État du Delta (sud), qui a mis le feu aux poudres", rappelle Laurent Fourchard, directeur de recherche au Centre de recherches internationales (Ceri) et spécialiste du Nigeria, interrogé par France 24. "Cette unité de la police s'est fait connaître pour ses exactions extrajudiciaires en torturant et en tuant un grand nombre de jeunes. Elle fait dans l'extorsion. Elle agit sans plaques et sans uniformes", explique Laurent Fourchard à France 24.
Le fondateur de l'unité lui-même, Fulani Kwajafa, dit ne pas reconnaître la force qu'il avait fondée en 1984. "Le Sars d'aujourd'hui n'est pas le même Sars que celui que j'ai créé", a-t-il affirmé dans une interview récente à la BBC, avouant se sentir "triste" et "coupable" face à ces dérives.
La fin du Sars, le début du Swat
Face à la pression de la rue, et surtout à l'ampleur qu'a pris le mouvement #EndSARS sur les réseaux sociaux, avec le partage de super-stars internationales comme CardiB, Kayne West, et même le PDG de Twitter Jack Dorsey, le gouvernement nigérian a annoncé le 11 octobre la dissolution de cette unité et la création de la Swat (l'unité spéciale d'armes et de tactiques) pour la remplacer.
Peine perdue : peu après l'annonce, le hashtag #EndSWAT avait remplacé #EndSARS, et des centaines d'autres manifestants sont descendus dans la rue, dans de nombreuses villes du sud du pays et d'Abuja, la capitale fédérale.
"Au début, le mouvement luttait pour une réforme de la police", explique Laurent Fourchard. "Petit à petit, sous le poids de la répression, le mouvement s'est radicalisé et remet désormais en cause le système politique, sa corruption et son fonctionnement. C'est devenu une protestation générale contre le pouvoir en place."
Le chercheur du Ceri note que le mouvement social est inédit "par son ampleur, sa durée et sa radicalité"
"Il est inédit car il n'a pas d'équivalent en ampleur depuis le milieu des années 1960. Il est inédit politiquement car il rejette le soutien des partis tout en brandissant des drapeaux et chantant l'hymne national pour montrer son attachement au Nigeria. Enfin, le mouvement est inédit car il est transclasse : la jeunesse aisée se mêle aux pauvres chômeurs", énumère Laurent Fourchard.
Cinquante six morts depuis le début du mouvement
Tout est parti du "mardi sanglant", comme l'a surnommé la presse locale. Le 20 octobre, les manifestants se réunissent au péage de Lekki, près de Lagos, devenu l'épicentre de la contestation populaire.
Ce jour-là, plus d'un millier de manifestants avaient décidé de braver le couvre-feu décrété par les autorités à partir de 16 h à Lekki. La police les a dispersés à balles réelles, faisant 12 morts, selon l'ONG Amnesty international, qui estime à 56 le bilan total des morts depuis le début du mouvement.
"Ce genre de violences est habituel de la part de l'armée et la police nigériane, mais là, ils ont réprimé une manifestation pacifique de gens désarmés. L'attaque a été préméditée. La scène vidée des médias. C'est effroyable,", estime Laurent Fourchard.
Washington, l'Union Africaine, l'Union européenne et l'ONU ont condamné ces violences et ont demandé à ce que les responsables soient traduits en justice.
Certains manifestants souffrent de séquelles psychologiques terribles, comme le raconte Moïse Gomis, correspondant de France 24 sur place. "Les gens sont traumatisés par ce qu’il s'est passé. J'ai parlé avec un père de famille qui me racontait qu'il avait dû dormir avec ses enfants, alors que les balles sifflaient. Une autre manifestante est prostrée dans sa chambre depuis les évènements de mardi", détaille Moïse Gomis.
Jeudi 22 octobre, le président nigérian Muhammadu Buhari, un ancien militaire putschiste, s'est exprimé pour la première fois depuis le début de la crise dans un discours très attendu. Il s’est montré intransigeant et inflexible, prévenant les manifestants qu'il "n'autoriserait personne ni aucun groupe à mettre en péril la paix et la sécurité nationale", a-t-il déclaré. "Résistez à la tentation d'être utilisés par des éléments subversifs pour causer le chaos et tuer notre jeune démocratie."
Un discours qui est loin d'avoir convaincu, d'autant plus que de nombreux Nigérians attendaient du discours du président que les responsables de la répression soient désignés. L'armée et la police nient en effet être impliquées.
"Les gens sont catastrophés mais ne faisaient pas d'illusions sur le discours. Pour eux, le président n'a rien dit, il répond à côté de la plaque au mouvement", note Moïse Gomis.
"Quelqu'un a-t-il remarqué que le président n’avait pas été capable de reconnaître les vies perdues et les personnes blessées à cause de la gâchette de policiers ?", a déclaré sur Twitter l'actrice nigériane Kemi Lala Akindoju. "Au lieu de cela, il a célébré les braves policiers qui ont perdu la vie. Rien sur les fusillades."
"Je suis si déçue, minée. J'ai le cœur brisé. Comment peut-on avoir un dirigeant pareil ?", s'interroge Chioma*, l'une des participantes au mouvement.
"Si vous faites partie de ceux qui croient encore que Buhari n'a pas ordonné le massacre de Lekki, alors vous êtes débile. Son discours montre qu'il est aussi coupable qu'un prêtre dans un bordel", lâche Michael*, dans sur les réseaux sociaux.
"Douze minutes de n'importe quoi", estime Fati*, une autre manifestante, sur les réseaux sociaux, en réaction au discours adjoignant plusieurs emojis de pleurs.
Après trois nuits de pillage et d'émeutes, les forces de sécurité reprennent peu à peu le contrôle de Lagos, selon les journalistes de l'AFP. Des officiers de police patrouillent dans les quartiers de la ville pour assurer la sécurité de ses habitants. Vous êtes priés de rester chez vous", tweetait dans la nuit la police, quelques heures après le discours du président Muhammadu Buhari.
De leur côté, les quelques organisations ou célébrités qui ont porté le mouvement semblaient également appeler au calme. "Préparez vos cartes d'électeurs ! Ce n'est pas fini", écrivait la star de la musique afro-pop Davido, soulignant que le combat devrait désormais se dérouler dans les urnes et non dans la rue.