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3 mai 2025
International
LES MORTS S'ACCUMULENT EN MER
"Au moins 140 morts" pour le "pire naufrage" de l'année au large du Sénégal, des dizaines de portés disparus en Mauritanie et six corps repêchés près de Dakar: les drames de la migration se succèdent le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest
"Au moins 140 personnes se sont noyées après que leur bateau, qui transportait environ 200 personnes, a coulé au large du Sénégal", a indiqué jeudi l'Organisation internationale des Migrations (OIM) dans un communiqué.
"Il s'agit du naufrage le plus meurtrier en 2020", selon l'OIM.
Sans préciser le nombre de passagers, les autorités sénégalaises avaient annoncé un bilan d'au moins 10 morts, pour une soixantaine de personnes secourues.
"Les communautés locales nous ont dit qu'ils étaient environ 200 à bord, donc cela fait 140 disparus", a expliqué à l'AFP une porte-parole de l'OIM à Dakar.
- Incendie à bord -
Entre le 7 et le 25 octobre, la marine sénégalaise, appuyée par la Guardia Civil espagnole, a intercepté cinq pirogues en partance pour l'Europe, secourant au total 388 personnes, selon le gouvernement sénégalais, qui fait état de "28 présumés convoyeurs" interpellés.
Une de ces pirogues avait connu une avarie grave, lorsqu'un incendie s'est déclaré à bord le 23 octobre au large de Mbour, à plus de 80 km au sud-est de Dakar, provoqué par "une explosion du moteur et des fûts de carburant à bord", selon le gouvernement.
La version de l'OIM est légèrement différente.Des membres des communautés locales lui ont indiqué que la bateau avec quitté Mbour le 24 octobre, et non le 23, et que c'est au large de Saint-Louis, dernière ville sénégalaise avant la Mauritanie, que l'incendie s'est produit quelques heures plus tard et que le bateau a chaviré.
La gendarmerie sénégalaise a de son côté indiqué jeudi que "six corps" non-identifiés avaient été "pris dans les filets d'un bateau de pêche au large de Dakar" mercredi soir, sans que l'on sache s'il s'agit de victimes de cet accident.
Selon les informations de l'OIM, le bateau avait pour intention de rallier l'archipel espagnol des Canaries, au large du Maroc, porte d'entrée de l'Union européenne.
- Plus de 400 morts -
L'organisation souligne que "le nombre de départ des côtes de l'Afrique de l'Ouest vers les Canaries a augmenté sensiblement ces dernières semaines".
Selon les informations recueillies localement par l'OIM, rien que pour le mois de septembre, "14 bateaux transportant 663 migrants" ont quitté le Sénégal pour rejoindre l'archipel espagnol.
Le quart environ de ces bateaux, souvent des pirogues à moteur, ont connu des avarie ou un naufrage, selon l'OIM.
Elle évalue à environ 11.000 le nombre d'arrivées de migrants aux Canaries cette année, contre 2.557 sur la même période de l'an dernier, loin toutefois du pic de plus de 32.000 enregistré en 2006.
Avec la mort probable des 140 naufragés, le bilan des morts sur cette route maritime s'élève à 414, selon les relevés de l'OIM, contre 210 sur l'ensemble de l'année 2019.
- Appel aux populations -
Alarmé par cette "recrudescence" des tentatives d'émigration clandestine et de son lot de victimes et l'émotion dans le pays, le président sénégalais Macky Sall avait lancé mardi "un appel aux populations à plus de vigilance et à la collaboration avec les forces de défense et de sécurité pour préserver la vie des jeunes tentés par l'émigration".
Las, une nouvelle pirogue partie du Sénégal a fait naufrage jeudi au large de la Mauritanie, selon une source hospitalière à Nouadhibou, ville côtière du nord-ouest de la Mauritanie, et une source sécuritaire mauritanienne.
"Les garde-côtes mauritaniens ont secouru jeudi 24 migrants illégaux dans le naufrage d'une pirogue qui se dirigeait vers les Iles Canaries,tandis 36 ont perdu la vie", a indiqué cette source hospitalière ayant requis l'anonymat.
Leurs corps n'ont toutefois pas été retrouvés, mais la pirogue comptait 60 personnes à bord, selon la même source.Les recherches se poursuivaient jeudi en début de soirée pour retrouver des survivants, a indiqué une source sécuritaire.
L'AFRIQUE DE L'OUEST EN ATTENTE DE SA MONNAIE UNIQUE
Mis à part la réclamation de la disparition du franc CFA de la part de certaines organisations de la société civile et de certains économistes, les usagers actuels de cette monnaie au quotidien s’expriment rarement
Annoncé à la fin de l’année dernière, l’Eco, qui devrait remplacer le franc CFA à partir de 2020, devra finalement attendre. Mis à part la réclamation de la disparition du franc CFA de la part de certaines organisations de la société civile et de certains économistes, les usagers actuels de cette monnaie au quotidien s’expriment rarement.
« Est-ce que notre avis compte? Parce que les gouvernements ont l’habitude de prendre la décision entre eux! », déclare Viviane Amani, qui veut que son pays et ses partenaires de l’UEMOA aient la maîtrise totale de leur monnaie commune. Mais elle doute que son opinion soit prise en compte par les dirigeants ouest-africains. Elle et Mme Guei, sa collègue, attendent la clientèle dans leur boutique à l’intérieur d’un centre commercial d’Abidjan.
« Le franc CFA ne profite pas à la population aux conditions modestes. Si l'Eco vient pour mettre notre intérêt en avant, ce serait une bonne chose. Mais s’il n’y a pas de différence entre l’Eco et le franc CFA, il vaut mieux rester au franc CFA. Pourquoi changer si c’est la même chose? »
Mais Mme Guei souhaite tout de même la disparition du franc CFA. « Nos intérêts doivent être mis en avant. Parce que le franc CFA, il profite plus aux Occidentaux qu’à nous les Africains. Si nos intérêts sont mis en avant, je pense que s’est une bonne chose que le franc change. »
Il ne s'était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en avril 2011. À quelques jours de l'élection présidentielle du 31 octobre en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo accorde un entretien exclusif à TV5Monde
Il ne s'était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en avril 2011. À quelques jours de l'élection présidentielle du 31 octobre en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo accorde un entretien exclusif à TV5MONDE. Actuellement en liberté conditionnelle en Belgique, et dans l’attente d’un procès en appel devant la Cour Pénale Internationale, l'ancien président de la République de Côte d'Ivoire appelle les politiques au dialogue pour préserver la paix : "Ce qui nous attend, c'est la catastrophe. C'est pour ça que je parle. Pour qu'on sache que je ne suis pas d'accord pour aller pieds et poings liés à la catastrophe. Il faut discuter", assure-t-il àDenise Epoté.
Par Fadel DIA
ET SI NOUS ENVOYIONS DES OBSERVATEURS À LA PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE ?
Le 3 novembre 2020, contrairement à ce qui se passe dans les grandes démocraties occidentales, il y a peu de chances qu’on sache qui a été élu président des USA. Cette date pourrait marquer le début de l’inquiétude et d’une crise inédite dans ce pays
En bonne logique, et si tout le monde respectait le parallélisme des formes, l’Union Africaine, et d’autres institutions internationales soucieuses de faire respecter les règles de la démocratie sur tous les continents, devraient envoyer des observateurs, avec badges, gilets d’identification et surtout des principes en bandoulière, pour scruter le déroulement de la campagne électorale et des élections qui vont opposer Donald Trump à Joe Biden.
Treize mensonges par jour
Parce que tout simplement il n’y a aucune raison de faire confiance au candidat sortant qui, selon le très respecté Washington Post, aurait proféré plus de 20 000 mensonges depuis son installation à la Maison Blanche. Il ne s’agit pas de petites bourdes insignifiantes mais, souvent, de contre-vérités sur des sujets graves, comme l’économie nationale, la santé des citoyens américains ou la paix et la sécurité dans le monde. Chat échaudé craint l’eau froide, c’était sur la base de mensonges qu’avait été déclenchée la guerre qui a fait entre 100 000 et plus d’un million de morts parmi la population civile irakienne, et les mensonges de Trump ont déjà contribué à faire des Etats-Unis le pays au monde le plus affecté par la covid-19.On peut donc s’attendre à ce que, le 3 novembre, un des 13 mensonges qu’il profère chaque jour, en moyenne, brouille le processus de vote ou remette en cause le désir de changement des électeurs américains. D’ores et déjà Twitter devrait mettre en branle ses modérateurs pour limiter les dégâts.
La peur du vote par correspondance
Parce que tout au long de la campagne électorale, ce même candidat sortant a cherché, par tous les moyens, à empêcher les électeurs américains d’exercer leur droit de vote par le moyen sans doute le plus approprié dans un pays où la covid-19 a contaminé plus de 8,5 millions de personnes et fait plus de 220 000 morts. Donald Trump s’est en effet opposé au vote par correspondance, prétendant, sans en fournir la preuve, qu’il pourrait entraîner des fraudes, alors qu’il est jugé fiable depuis longtemps. Pour contrecarrer l’acheminement des bulletins de vote par la voie postale, il a bénéficié de la complicité du patron de l’United States Postal Services, son ami, milliardaire comme lui, qui a apporté à sa campagne et au parti républicain un soutien financier estimé à 2,5 millions de dollars, qui a affirmé, le plus sérieusement du monde, que les services postaux de la première puissance mondiale étaient incapables de supporter cette charge et ne pouvaient donc pas garantir l’arrivée à temps de tous les bulletins de vote ! Pire encore :Trump a invité tout bonnement ses électeurs à voter deux fois, pour semer la pagaille, et c’est sans doute la première fois que le chef d’une démocratie avancée invite publiquement ses concitoyens à recourir à la fraude électorale.
Un président autoproclamé ?
Parce que (et c’est une des conséquences de la remarque précédente) ce même candidat sortant travaille à délégitimer tout le processus électoral et à semer le doute sur ses résultats. Donald Trump refuse de s’engager, solennellement, à accepter les résultats des élections, quels qu’ils soient, il n’exclut pas de se proclamer élu sans attendre la fin des dépouillements de tous les bulletins de vote. Le 3 novembre prochain la première puissance mondiale pourrait se retrouver dans la situation que vivent périodiquement les pays africains, du Kenya à la Guinée Conakry, celle qu’avait connue la Côte d’Ivoire en 2010, avec un président autoproclamé élu, qui refuse le verdict de l’institution chargée du processus électoral pour s’abriter sous le parapluie de l’instance judiciaire suprême. Malheureusement, si la France était allée déloger Laurent Gbagbo en lançant ses chars à l’assaut de son palais, il n’est pas sûr qu’elle prenne le risque d’aller cueillir Donald Trump en forçant les portes du Bureau Ovale ! Parce que précisément cet inénarrable candidat sortant a déjà miné la plus haute juridiction du pays et rompu significativement son équilibre. En s’empressant de nommer à la Cour Suprême une juge ultra conservatrice, confirmée à huit jours du suffrage électoral et bien disposée à son égard, il n’a pas seulement manqué d’élégance républicaine, il a pris un acte qui pourrait avoir des effets sur l’issue des élections, si l’on se souvient qu’en stoppant le recomptage des voix en Floride aux élections de 2000, l’institution avait favorisé la victoire du candidat républicain G. W. Bush.
Un président chef de clan
Parce que Trump a installé au sein de la vaste et composite nation américaine une division qui peut susciter des troubles et des actes de violence. Il a refusé de condamner les suprémacistes blancs et les ultranationalistes, il leur a apporté quelques fois son soutien, les a invités à « se tenir prêts », voire à sortir leurs armes le jour des élections, dans un pays qui concentre à lui seul 40% des armes de petit calibre qui circulent dans le monde. Il n’a rien fait pour apaiser la détresse de la minorité noire et ne lui a témoigné aucune compassion lorsque ses membres ont été victimes de la répression policière. Les Etats-Unis ne sont certes pas un pays en guerre, mais la tension suscitée par le président clivant qui les dirige depuis quatre ans peut justifier à elle seule la présence d’observateurs indépendants capables de témoigner du respect de la protection des droits civils et politiques.
Le 3 novembre, un jour d’inquiétude
La réalité c’est que les Etats-Unis de Trump nous rappellent étrangement les tares de ces pays peu recommandables que fustigeait le président américain dans des termes vulgaires. On y tient des meetings électoraux dans l’enceinte même du palais présidentiel et pour le maître des lieux, remporter les élections n’est pas une option mais une nécessité, le seul moyen d’échapper aux poursuites judiciaires pour fausses déclarations de revenus, compromissions sexuelles, obstruction dans des enquêtes à caractère criminel, etc. Le 3 novembre 2020 au soir, contrairement à ce qui se passe dans les grandes démocraties occidentales, il y a peu de chances qu’on sache qui a été élu président des Etats-Unis. Cette date pourrait ne pas marquer la fin du processus électoral mais le début de l’inquiétude et d’une crise inédite dans ce pays. C’est une raison supplémentaire pour qu’à défaut de changer les résultats, des témoins privilégiés indépendants puissent contribuer à affecter leur légitimité, s’ils s’avéraient non conformes à la volonté du peuple…
L'UN DES JIHADISTES LIBÉRÉS AU MALI CAPTURÉ EN ALGÉRIE
"Le criminel qui avait rallié les groupes terroristes en 2012, a été libéré au début de ce mois d'octobre au Mali, suite aux négociations menées par des parties étrangères ayant abouti à un accord", affirme le ministère algérien de la Défense
L'un des jihadistes libérés récemment par le pouvoir malien en échange de plusieurs otages, dont une Française, a été arrêté à Tlemcen dans le nord-ouest de l'Algérie, a annoncé mercredi le ministère algérien de la Défense, en fustigeant les conditions de sa libération.
Mardi, "le terroriste dénommé Mustapha Derrar" a été arrêté après une "surveillance permanente (...) depuis son entrée via les frontières", précise le ministère dans un communiqué publié sur son site avec la photo du jihadiste. "Le criminel qui avait rallié les groupes terroristes en 2012, a été libéré au début de ce mois d'octobre au Mali, suite aux négociations menées par des parties étrangères ayant abouti à un accord", affirme le communiqué. En vertu de cet accord, "plus de 200 terroristes ont été libérés et une rançon conséquente a été versée aux groupes terroristes contre la libération de trois otages européens", déplore le texte. Le ministère dénonce des "pratiques inadmissibles, contraires aux résolutions de l'ONU incriminant le versement de rançons aux groupes terroristes et entravant les efforts de lutte contre le terrorisme et (...) ses sources de financement".
La libération récente de 200 prisonniers contre quatre otages, négociée par le pouvoir malien avec un groupe jihadiste combattu depuis des années par la France, parfois au prix du sang, a également laissé un goût amer dans les rangs militaires français. La France a déployé une force antijihadiste de plus de 5.000 hommes au Sahel, notamment au Mali. Chef de file de la médiation internationale au Mali, l'Algérie veut ressusciter l'accord de paix de 2015 entre Bamako, les groupes armés pro-gouvernementaux et l'ex-rébellion indépendantiste à dominante touareg du nord du pays, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA).
LES ATTENTATS DE BAMAKO EN 2015, UNE VENGEANCE APRÈS CHARLIE HEBDO
Un jihadiste mauritanien jugé au Mali a revendiqué mercredi deux attentats qui ont ensanglanté Bamako en 2015, se disant "fier" d'avoir agi "par vengeance" après la publication de caricatures du prophète de l'islam par l'hebdomadaire français
Un jihadiste mauritanien jugé au Mali a revendiqué mercredi deux attentats qui ont ensanglanté Bamako en 2015, se disant "fier" d'avoir agi "par vengeance" après la publication de caricatures du prophète de l'islam par l'hebdomadaire français Charlie Hebdo.
Dans un récit macabre et presque dépourvu de regret devant la Cour d'assises de Bamako, où il comparaît depuis mardi, "Ibrahim 10" a confirmé avoir commis l'attaque de mars 2015 contre le bar-restaurant La Terrasse (5 morts, dont deux Européens), puis d'avoir organisé l'attentat contre l'hôtel Radisson (20 tués) le 20 novembre de la même année.
"C'est nous qui l'avons fait, Al-Mourabitoune", a déclaré Fawaz Ould Ahmed, son vrai nom, d'abord interrogé sur l'attentat de La Terrasse, en référence au groupe de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaïda. "On n'a pas honte, on est fiers. Par vengeance du prophète, après ce qu'ils ont fait à Charlie Hebdo. C'est les photos, les caricatures", a-t-il ajouté.
Dans sa revendication à l'époque, Al-Mourabitoune avait dit avoir voulu venger son "prophète de l'Occident mécréant qui l'a insulté et moqué", en allusion aux caricatures de Charlie Hebdo, ainsi qu'un de ses chefs, Ahmed el-Tilemsi, tué par l'armée française dans le nord du Mali.
Belmokhtar lui-même, un des plus importants chefs jihadistes du Sahel, avait ensuite été donné pour mort dans une frappe aérienne française en Libye en novembre 2016, une information toutefois jamais officiellement confirmée.
"Et malheureusement, ce n'est pas fini. Ça continue encore", a poursuivi "Ibrahim 10", au sujet de l'actuelle polémique autour des caricatures de Charlie Hebdo.
Lors de la cérémonie d'hommage à Samuel Paty, professeur d'histoire décapité près de Paris le 16 octobre dans un attentat islamiste pour avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète de l'islam, le président Emmanuel Macron a promis que la France ne renoncerait pas à ces dessins, suscitant une vague de colère dans le monde arabo-musulman.
- "Tout ce qui bouge" -
Le prévenu profite de sa tribune pour, volubile, raconter qu'après avoir bu un soda dans un "maquis", un bar en plein air, il s'était dirigé vers La Terrasse puis avait "donné 2.000 francs CFA (3 euros) au gardien pour rentrer, un pistolet, une kalachnikov et des grenades cachés dans un sac.
Dans l'établissement, il repère "une quinzaine de personnes", va enfiler une cagoule dans les toilettes, puis sort son fusil d'assaut. "J'ai tiré", en rafale, "sur les blancs". L'un d'eux tente de s'enfuir vers sa voiture. "Il courait. J'ai tiré une première fois, puis une seconde fois. Dans le dos. Il est tombé".
Il se dit surpris d'avoir pu rentrer chez lui en taxi, sans souci.
"Quel ressenti au moment de tirer à la Terrasse?", lui demande le président de la Cour, Souley Maïga.
"Rien. Ce sont des gens qui le méritent. Tous les mécréants qui sont morts le méritent", répond Fawaz Ould Ahmed, arrêté le 21 avril 2016 à Bamako.
"Mais les gens de La Terrasse, ce n'est pas eux Charlie?, insiste le juge.
"Si, tous (les Français) sont sortis pour dire +Je suis Charlie+. Même votre président IBK y était", a-t-il rappelé, en référence au président malien d'alors, Ibrahim Boubacar Keïta, qui avait participé à la marche du 11 janvier 2015 à Paris contre le terrorisme.
"Nous, on n'est pas Charlie", répond l'homme d'une quarantaine d'années au physique de colosse, qui a été un lieutenant de Mokhtar Belmokhtar.
A Bamako, "tous sont amis de la France. Il y avait des blancs qui étaient leurs alliés. Je n'ai jamais regretté", ajoute le jihadiste, qui déplore néanmoins les victimes maliennes. "Je demande pardon au prophète, c'est une erreur", dit-il, dans un rare moment de contrition.
Puis il confirme avoir organisé l'attentat du Radisson, après avoir appris que des Occidentaux y séjournaient grâce à des télévisions internationales. "On s'est dit +Hmm, c'est ce qu'on cherche+".
Sur ses instructions, les deux assaillants avaient "tiré sur tout ce qui bouge", tuant 20 personnes, dont 14 étrangers, avant d'être abattus.
Le procès, dont la durée n'a pas été précisée, s'est poursuivi mercredi après-midi avec l'interrogatoire du second accusé, Sadou Chaka. Agé de 16 ans à l'époque, il est accusé d'être impliqué dans l'attentat du Radisson.
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IL EST TEMPS QUE GBAGBO REVIENNE EN COTE D'IVOIRE
Alassane Ouattara a affirmé sa "volonté" de voir Laurent Gbagbo revenir dans son pays, "au moment opportun"
Le président ivoirien Alassane Ouattara a accordé un entretien à RFI et France 24, à quelques jours de l'élection présidentielle, où il est candidat à sa propre réélection en vue d'un troisième mandat. Alors que cette candidature est fortement contestée par l’opposition qui l'estime contraire à la Constitution, le chef de l'État ivoirien estime faire "un sacrifice". Il exclut formellement de se représenter en 2025, et appelle au renouvellement de la classe politique ivoirienne. Alassane Ouattara a affirmé sa "volonté" de voir Laurent Gbagbo revenir dans son pays, "au moment opportun".
par Abdoulaye Bathily
JOB BEN SALOMON, MARABOUT NÉGRIER ET ESCLAVE AFFRANCHI (1/6)
EXCLUSIF SENEPLUS - Le destin de cet obscur citoyen de la Sénégambie ancienne évoque une des périodes les plus décisives de l’évolution des peuples de cette région et du continent noir dans son ensemble
A côté de la plupart des grands personnages de l’histoire africaine dont la vie et les exploits sont étudiés dans la présente collection, Job ben Salomon fait pâle figure.
Pourtant le destin de cet obscur citoyen de la Sénégambie ancienne évoque une des périodes les plus décisives de l’évolution non seulement des peuples de cette région mais du continent noir dans son ensemble.
Vie et aventures de Job
Yuba Suleyman Ibrahima Jallo (Diallo), plus connu dans la littérature exotique européenne du XVIIIe siècle sous le nom de Job ben Salomon1, naquit vers 1700 à Jamweli, village du Bundu. Situé dans la région comprise entre les vallées supérieures du Sénégal et de la Gambie, le Bundu était un Etat théocratique musulman fondé vers la fin du XVIIe siècle. Il était dirigé par des Peuls originaires du Fuuta Tooro (moyenne vallée du Sénégal) à la suite de troubles politiques et religieux2.
Issu d’une famille maraboutique, Yuba passa son enfance et sa jeunesse comme tous les jeunes musulmans de son temps3. Il fréquenta d’abord l’école coranique dirigée par son père Suleyman Ibrahima dont il devint l’assistant vers l’âge de quinze ans. Vers la même période Yuba épousa 4 une fille elle aussi issue d’une famille maraboutique du Bambuk et de qui il eut trois garçons : Abdoulaye, Ibrahim et Samba. Quelques années plus tard il épousait une seconde femme musulmane originaire de la province du Damga (Fuuta Tooro), dont il eut une fille nommée Fatima.
Un jour de février 1730, le père de Yuba ayant appris l’arrivée au comptoir de Joar (Gambie) d’un navire de commerce anglais, l’envoya accompagné d’une suite d’esclaves domestiques pour échanger des captifs contre du papier et autres articles de traite. A son arrivée au comptoir, Yuba ne put se mettre d’accord avec les marchands du navire ; il dépêcha un messager au Bundu pour prévenir son père de la décision qu’il avait prise d’aller au bas du fleuve pour échanger sa cargaison à meilleur compte. Il partit en compagnie d’un certain Lamine Ndiaye qui devait lui servir d’interprète en langue mandingue. Yuba et sa suite se rendirent dans la province du Jaara où ils échangèrent leurs esclaves contre des bœufs.
Sur le chemin du retour, ils firent halte dans un campement de pasteurs nomades pour se reposer. Un groupe de brigands les y surprit et, avant même qu’ils n’eussent le temps de prendre leurs armes, ils étaient pris et liés et leur bétail saisi. Les brigands rasèrent la tête de leurs captifs comme il était de coutume de traiter les prisonniers de guerre. Le 27 février 1730, Yuba et Lamine Ndiaye furent transportés à Joar et vendus comme esclaves sur le navire même qu’ils avaient quitté quelques jours plus tôt.
Yuba offrit au capitaine du navire qui l’avait reconnu de payer une rançon d’esclaves pour se racheter. Un marchand qui se rendait au Bundu était chargé par Yuba d’avertir son père pour qu’il envoyât les esclaves nécessaires à sa rançon. Mais le navire ayant fait son plein de cargaison humaine dès le 1er mars leva l’ancre avec à son bord Yuba et Lamine.
Deux mois après, Yuba arrivait à Annapolis dans le district du Maryland (sud des Etats-Unis actuels). Il était compté au nombre des « marchandises » de M. Vachell Denton, négrier opérant pour le compte de Williams Hunt, grand armateur et négociant anglais de Londres.
Quelques temps après, Yuba était acheté par M. Tolsey, propriétaire d’une plantation de tabac située sur l’île de Kent (Maryland). Mais Yuba se révéla incapable de s’adapter au dur travail des plantations. Très vite, il tomba malade d’épuisement. Son maître fit preuve d’indulgence à son égard en lui confiant la garde du bétail. Yuba, au lieu de s’occuper des troupeaux, passait son temps en prières. De plus, le désir de s’évader s’emparait de lui. Au début de juin 1731, il se trouvait dans une prison du comté de Kent pour délit de vagabondage. En effet, à cette époque, une loi était en vigueur dans les colonies du Sud qui stipulait que tout esclave, fugitif ou non muni de passe, fût mis en prison jusqu’à ce que l’on retrouvât son maître.
Yuba, qui ne parlait pas anglais, était incapable de donner des indications sur l’identité ou la résidence de son maître et aurait passé le reste de ses jours en détention, si un vieil esclave wolof qui servait sur une plantation voisine ne lui eût servi d’interprète auprès du juge. A la fin de l’interrogatoire, le juge Thomas Bluett5 ordonna la restitution de Yuba à son maître M. Tolsey.
La détermination de Yuba à se libérer ne faiblit pas malgré l’échec de cette tentative d’évasion. Son malheur ne fit que renforcer sa foi. Il faisait montre d’une dévotion profonde pour la religion musulmane. Il ne manquait pas une seule de ses prières quotidiennes. Il refusait toute boisson fermentée et ne mangeait d’aucune viande qui ne provînt d’un animal qu’il aurait lui-même égorgé suivant le rite musulman. Sa dévotion religieuse et sa pratique de la langue arabe d’une part, d’autre part son caractère doux et affable joint à la fierté de son allure faisaient impression même sur ses maîtres blancs. Ceux-ci, influencés par la conduite exceptionnelle de cet esclave commencèrent à croire à ses déclarations, selon lesquelles il était d’origine aristocratique et que son père était le « Grand Prêtre » musulman du Bundu, etc.
A sa demande, Yuba fut autorisé à écrire une lettre à son père pour l’informer de ses aventures. La lettre écrite en arabe devait être envoyée aux bons soins du négrier Vachell Denton cité plus haut. Celui-ci la remit au capitaine du navire qui avait transporté Yuba de la Gambie au Maryland. Lors de son esclave (sic) [= escale] à Londres le capitaine montra la lettre de Yuba à la direction de la Royal Africain Company, James Oglethorpe, gentilhomme directeur de cette compagnie de commerce et gros propriétaire de plantations dans la colonie de Georgie dont il était le fondateur, fit traduire la lettre de Yuba par des arabisants de l’Université d’Oxford. Ceux-ci auraient été impressionnés par la qualité littéraire de la lettre et la teneur morale de son contenu : James Oglethorpe ordonna à son représentant au Maryland de racheter Yuba et de le faire transporter à Londres.
Yuba obtint ainsi sa libération. Il fut confié au juge Thomas Bluett qui devait lui tenir compagnie au cours de la traversée de l’Atlantique et lui apprendre des rudiments de la langue anglaise. Vers la fin avril 1733, Yuba débarquait à Londres. Il fut accueilli par les représentants de la Royal African Company qui le logèrent à African House, le siège social de la Compagnie.
Yuba devint vite une célébrité des salons londoniens. Les gentlemen les plus en vue du monde du commerce, des sciences et des lettres se disputaient sa compagnie. Il animait les conversations par le récit détaillé de ses aventures, la description des coutumes de son pays et les commentaires sur les livres Saints, comme le Coran qu’il savait réciter par cœur et l’Ancien Testament dont les enseignements faisaient partie de sa culture islamique. Bref, Yuba ne résista pas à la tentation de séduire ce public qui voyait en lui la consécration du mythe du bon sauvage si honoré en ce Siècle des Lumières.
Au nombre des hôtes les plus prestigieux de Yuba, il faut citer Sir Hans Sloane (1660-1753), médecin et botaniste célèbre, fondateur du British Museum et médecin personnel du roi George II. Par le biais de ses fréquentations, Yuba reçut l’honneur d’être introduit à la Cour et présenté au roi et à la famille royale. A la fin l’audience Sa Majesté lui offrit une montre en or. D’autres dignitaires imitèrent le geste royal en offrant toutes sortes de cadeaux. Les gentilshommes donnèrent généreusement à une souscription destinée à couvrir la rançon de Yuba, et ses frais de transport jusqu’au Bundu. Son altesse le Duc de Montague, gros propriétaire de plantations dans les îles antillaises de Saint-Vincent et Sainte-Lucie, offrit à l’issue d’un dîner des outils agricoles de la dernière invention. Il lui fit montrer la façon de s’en servir et lui recommanda de les utiliser dès son retour dans son pays natal. Le séjour londonien de Yuba fut couronné par une réception solennelle de la Gentlemen Society of London qui, en sa séance d’avril 1734, l’avait élu en qualité de membre.
A la fin juillet 1734, Yuba embarqua sur un navire de la Royal African Company qui mettait voile sur la Gambie. Le 8 août 1734, il débarquait à James Fort, principal comptoir anglais en Sénégambie où résidait le gouverneur de la concession. Selon Francis Moore6 qui le rencontra à James Fort, dès son arrivée, Yuba dépêcha un messager au Bundu pour annoncer son retour à sa famille. En attendant, il résidait à James Fort aux frais de la compagnie, conformément aux instructions de la direction de Londres.
Yuba mit cette attente à profit en se livrant à la traite. Il échangeait les articles qu’il avait rapportés d’Angleterre contre des esclaves et des produits du cru qu’il rééchangeait ensuite contre des articles européens. Ainsi l’esclave libéré était-il devenu trafiquant d’esclaves.
Le 14 février 1735 le messager revint du Bundu avec des lettres pour Yuba. Ce dernier apprit alors que son père venait de mourir mais que le vieil homme avant sa mort avait eu le bonheur d’apprendre la libération de son fils. D’autre part, le messager rendit compte à Yuba que l’une de ses femmes s’était remariée mais qu’à l’annonce de son retour elle avait décidé de rompre avec son second mari. Mais la nouvelle qui attrista le plus Yuba fut celle annonçant que depuis son départ le Bundu était en proie à la guerre et à la sécheresse qui avaient décimé les troupeaux. Ces nouvelles décidèrent Yuba à hâter ses préparatifs de départ. Le 9 avril 1735 il embarquait sur une chaloupe de la compagnie qui faisait la liaison entre James Fort et les comptoirs les plus hauts situés sur le fleuve. De là il regagna le Bundu par la route...
A suivre tous les mardis sur SenePlus. La partie 2/6 sera publiée le 3 novembre 2020.
Texte préalablement paru en 1978 dans la collection "Les Africains" de Jeune Afrique qui a autorisé SenePlus à le republier.
1. Les prénoms Job et Salomon des religions chrétienne et juive correspondent respectivement à Yuba (Ayub) et Suleyman chez les musulmans.
2. Sur les origines du Bundu voir : A Rançon. Le Bondou : Etudes de Géographie et d’Histoire soudaniennes de 1681 à nos jours, Bordeaux, XVIII94.
3. La biographie de Yuba telle que nous la relatons ici est fondée sur le récit qu’il en a fait lui-même à Thomas Bluett : Some Memoirs of the life of Job, the high priest of Boonda in Africa, Londres. 1734.
4. A cette époque, chez les Peuls, les jeunes se mariaient tôt, seize ans au plus pour les garçons et treize pour les jeunes filles.
5. il s’agit du même Thomas Bluett qui allait devenir le biographe de Yuba, voir p. 10.
(6) Francis Moore, Travels into the inland parts of Africa, Londres, 1738, pp, 202-203 ; 205-209 ; 223-224 ;230-231
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LA FRANCE NE S'ENRICHIT PAS AVEC LES RÉSERVES DE CHANGE AFRICAINES
Nathalie Goulet, sénatrice française revient sur le rapport fait au nom de la Commission des finances, avec une volonté de clarifier un certain nombre d'aspects techniques et de contre-vérités qui circulent dans le débat sur la sortie du franc CFA
Nathalie Goulet, sénatrice centriste de l'Orne, a remis le 30 septembre le rapport final d'une mission d'information sur le franc CFA. Un rapport fait au nom de la Commission des finances, avec une volonté de clarifier un certain nombre d'aspects techniques et de contre-vérités qui circulent dans le débat sur la sortie du franc CFA.
LA DEMANDE DE LA MISSION CONJOINTE AUX AUTORITES GUINEENNES
Ces derniers demandent notamment la levée du blocage du domicile du chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo
RFI |
Charlotte Idrac et Carol Valade |
Publication 27/10/2020
En Guinée, la Cédéao, l'Union africaine et l'ONU viennent d'achever une mission conjointe pour tenter d'apaiser les tensions après la présidentielle du 18 octobre. Ces derniers demandent notamment la levée du blocage du domicile du chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo.
La mission conjointe de différentes institutions internationales s’est notamment exprimée sur la situation de l’opposant Cellou Dalein Diallo, bloqué à son domicile de Conakry par les forces de défense et de sécurité depuis mercredi dernier. Le siège de son parti UFDG a également été fermé.
Le général Francis Béhanzin est commissaire aux Affaires politiques, paix et sécurité de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). C’est lui qui a lu le communiqué final devant la presse ce matin : « La mission conjointe a également observée les dispositifs sécuritaires particuliers mis autour de la résidence du candidat de l’UFDG, M. Cellou Dalein Diallo, ainsi que des locaux de son parti suite à sa déclaration sur les résultats de l’élection présidentielle. La mission exhorte les autorités guinéennes à lever ces dispositifs dans la perspective d’un dialogue inclusif ».