L’audit date d’il y a trois ans, mais le sujet refait surface dans le cadre de la réforme du secteur sécuritaire toujours en cours. Dans un communiqué signé du porte-parole de l’armée, publié hier, l’institution de défense est revenue longuement sur la genèse de l’affaire. Saikou Sadio, soupçonné d’être un fils de Salif Sadio, leader du MFDC a intégré frauduleusement l’armée gambienne, il y a quinze ans en falsifiant son identité et ses diplômes. Un audit mené à la chute de Jammeh a permis de démasquer une centaine de soldats issus des rangs du MFDC qui se voient radier de l’armée gambienne.
Accusée de mener une purge contre une communauté dont est issue l’ancien président Yahya Jammeh, l’armée s’est fendue d’un long communiqué de presse, hier pour expliquer l’affaire de la radiation d’une centaine de soldats. En 2017, la hiérarchie avait reçu une information sur un soldat aux origines douteuses qui serait un fils de Salif Sadio, leader de la rébellion séparatiste de la Casamance.
Après enquête, la hiérarchie révèle que celui-ci avait rejoint l’armée gambienne en 2005 sous une fausse identité et des diplômes falsifiés. Selon ledit communiqué, il a été révélé que le vrai nom du caporal est Saikou Sadio qui a ensuite été changé en Saikou Sanneh pour dissimuler son identité. Il a présenté de faux diplômes prétendument obtenus dans une école de la place.
Caporal Saikou Sadio, soupçonné d’être le fils de Salif Sadio
Une fausse déclaration pour s’enrôler dans l’armée gambienne. Selon les conclusions de l’enquête, son enrôlement constitue une violation flagrante des textes en vigueur. Il est accusé de falsification de documents, d’usurpation d’identité et d’utilisation de plusieurs noms ou pseudonymes pour dissimuler sa véritable identité. Cependant, précise le document, les conclusions n’ont pas pu établir sa filiation avec Salif Sadio, leader du MFDC. Les sanctions n’ont pas tardé selon l’armée. Des centaines de soldats ont été radiés, certains inculpés comme ce caporal.
Pour se défendre de toute purge contre une quelconque communauté, la hiérarchie explique que cette mesure disciplinaire n’est pas « une exception et qu’elle est conforme aux procédures administratives de l’institution ».
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
CHEIKH AHMADOU BAMBA, AU-DELÀ DE L’EXIL (2/2)
Tutoyant l’ire colonialiste, il faisait réciter, quatre fois par jour, le Coran ; tandis que ses Khassaïdes et les Zikr des Baye Fall, plus mélodieux que le silence de la nuit, purifiaient et exaltaient les âmes
Renonçant à interjeter appel auprès du gouverneur Jean-Baptiste Chaudié nouvellement nommé[i], Cheikh Ahmadou Bamba quitta le Sénégal le 21 septembre 1895 et passant par Conakry (où il apprit le nom de sa destination), Grand Bassam, Dahomey, il arriva à Libreville le mercredi 2 octobre[ii]. Il y resta environ trois mois, y échappa à deux tentatives d’assassinat (une fusillade et une embuscade), avant d’être transféré dans l’île de Mayumba.
Confronté aux moqueries, aux brimades, aux injures, des soldats de l’oppression coloniale, l’éclaboussant avec leur urine et leur alcool ; exposé à un changement de climat hostile, en regard de la forte humidité du pays (avec, par exemple, une pluviométrie annuelle de 2392.02 mm entre 1896 et 1898[iii] à Libreville), son sous-peuplement et sa faune venimeuse ; il s’arma d’endurance et se mit à produire mille[iv] écrits portant sur Dieu, Son prophète et l’islam en prenant comme témoin l’île, qu’il apostropha en ces termes :
Témoigne, ô mer de Mayumba, que je suis l’esclave du Pardonneur
Et le serviteur de l’Élu (Mouhammad)
Témoigne que je ne flatterai jamais un idolâtre
Et que je demeurerai l’ami intime de celui qui m’a entouré d’honneur[v]
Refusant de toucher les 50 francs mensuels relatifs à son statut de détenu politique, il accomplit un jeûne particulièrement difficile au Ramadan de 1315 H, rompant avec la sève des feuilles[vi]. Et c’est à cette période où les soldats de l’oppression coloniale s’amusaient à raser la petite mosquée en bois qu’il avait érigée devant sa chambre que Cheikh Ahmadou Bamba, qui avait la défense de l’agent Yéli Sèye, écrivit :
Ô Tout-Puissant qui rassembles et disperses
Ramène-moi à Darou Salam où je t'entretiendrai
(…)Accorde-moi toujours des connaissances utiles à moi-même et aux autres
(…)
Accorde-moi toujours le pouvoir de secourir tous les hommes[vii]
Sa famille (confiée à son frère Mame Thierno Ibrahim) et ses disciples restèrent environ trois ans sans avoir de ses nouvelles (l’oppression coloniale l’ayant déclaré mort[viii]) ; tandis que la première fois qu’il réentendit le wolof le remplit de nostalgie : « La dispute se déroulait tout près de moi, en wolof. Même si les deux hommes ne maîtrisaient pas la langue, le seul fait que j’entendais celle-ci après un long éloignement, me rappela immédiatement mon peuple et mon pays, si bien que je me sentis comme si j’y étais. »
Que ne fut donc sa joie ce mardi de 1898 où se présenta à sa porte son compatriote et disciple Serigne Modou Lo Dagana. Celui-ci, ayant quitté son Koki Gouye natal exactement un an plus tôt était passé, sans connaître sa destination, par Banjul, Ziguinchor, Karabane, Sédhiou, Jaxala Mandinka, (Sierra Leone), Béréby, Morovia, Grand Leone, Grand Popo, Karleone, Bolama, Cap des Palmes, Bingerville, Grand-Bassam, Abossa, Abidjan, Soussa[ix], Accra, Ouidah, Lagos, Bata, Douala, Porto-Novo, Cotonou, Setté Cama, Cap-Lopez, Loango, pour le retrouver à Mayumba[x]. L’honorable disciple avait prévenu les siens : « Ou je retrouverai Cheikh Ahmadou Bamba, ou vous ne me reverrez plus.[xi] »
Il retournera au Sénégal quelques mois plus tard, pour revenir au Gabon accompagné de Mame Cheikh Anta (le frère de Cheikh Ahmadou Bamba d’après qui a été baptisé Cheikh Anta Diop, le pharaon du savoir) et un disciple de celui-ci, Serigne Modou Ndiaye Diop. En cette fin de 1899[xii], ils retrouvèrent Cheikh Ahmadou Bamba à Lambaréné, près de l’Ogoué, chez les Galwa.
Les épreuves subies à Lambaréné ont été telles que Cheikh Ahmadou Bamba affirme ne connaître « rien de plus pénible qu’elles en dehors de l’agonie[xiii] ». Mame Cheikh Anta rentra au Sénégal avec ses écrits d’exil, tandis qu’il y resta un peu moins de trois ans. À leur cours, il y apprit la mort de l’Almamy Samory Touré (lui aussi déporté au Gabon, à Njolé) ; y endura les sévices de son compatriote Mambaye Ahmadou Fara Biram Lo (alors commandant de cercle de Lambaréné et de la Ngougné) ; y reçut le soutien de Sidy Mabo (son autre compatriote renvoyé de l’oppression coloniale pour être devenu disciple du déporté) ainsi que celui de Samba Laobé Peinda (Buurba Jolof destitué, puis exilé pour être devenu Mouride, accusé de haute trahison grâce aux manigances de l’interprète Ma Abdou Lô[xiv], frère de Mambaye Biram Lô) ; et y accueillit Serigne Fallilou Fall, fils aîné de Mame Cheikh Ibrahima qui l’a dépêché à ses côtés.
Il est à signaler que le Gabon, à l’instar de Madagascar, la Nouvelle Calédonie, la Guyane, l’Île du Diable et Saint Joseph, était un lieu de déportation, un mouroir pour la majorité, où on retrouvait, entre 1890 et 1900, des prisonniers politiques et de droit commun issus du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Mauritanie et du Sénégal[xv].
La liesse couvrit le Sénégal lorsque le mardi 11 novembre 1902, le Ville de Maceïo arrima à Dakar avec, à son bord, Cheikh Ahmadou Bamba et Serigne Modou Lô Dagana, qui eurent tenu à payer leurs propres titres de transport. Celui qui avait prié, en apprenant qu’ils étaient à leur tour exilés, pour Serigne Lompagne Mouhammad Seck et Serigne Mouhammad Diop Aram Faty afin que Dieu « les préserve de tout ce qui provoque le doute », partagea son triomphe : « Que mon retour, dit-il, soit le bonheur de mes disciples, qu’ils soient tous préservés du feu de la résurrection. »
À peine a-t-il le temps de saluer ses disciples et d’en accueillir de nouveaux, de retrouver sa famille et de rencontrer, pour la première fois, son fils Mouhammadou al-Bachir, père de l’actuel Khalife général Serigne Mountakha le bienheureux, qu’un nouveau détachement de 150 tirailleurs et de 50 spahis, disposant un total de 20 000 cartouches, est envoyé l’arrêter à Darou Marnane, pendant que les frontières avec la Gambie sont fermées.
La nouvelle arrestation, qui a eu lieu le 14 juin 1903[xvi], a dû être une grande déception pour l’administrateur de Tivaouane, le nommé Allys qui considère Cheikh Ahmadou Bamba comme « un danger permanent[xvii] » et qui avait déjà exposé, le 1er juin 1903, sa solution à Merlin, devenu gouverneur général par intérim de l’AOF le 10 juin : « Puisque Amadou Bamba refuse de venir à Saint-Louis, il faudrait l’envoyer cueillir par l’escadron et l’expédier de nouveau au Congo. S’il y a des coups de fusils échangés, et il y’en aura, sitôt pris, le passer par les armes. Morte la bête, mort le venin[xviii]. » Dire que le 25 avril de la même année, ce même Merlin, dans une lettre confidentielle adressée à l’administrateur de Thiès, confessait : « Bien que les faits que vous me signalez me paraissent considérablement grossis, ils ne méritent pas moins d’être vérifiés à bref délai.[xix] »
Ainsi, après avoir utilisé les services du jeune Mbakhane Diop[xx], qu’elle a aliéné à l’École des Otages après avoir tué son père Lat Dior, l’oppression coloniale envoya, le 17 juin 1903[xxi], Cheikh Ahmadou Bamba à un second exil à Souet-el-Mâ, en Mauritanie. Elle le confia à Cheikh Sidya Baba, qu’elle prit à tort pour le maître de Cheikh Ahmadou Bamba. Par ailleurs, croyant que les Maures sont plus instruits que les Sénégalais et qu’ils n’accepteraient jamais d’être devancés par un Noir, l’oppression coloniale se flattait déjà d’avoir trouvé le moyen de freiner l’influence de leur prisonnier.
À la grande déception des colons, Cheikh Ahmadou Bamba reçut les honneurs des campements de Khommak, Sarsaara, Tountoumoukhzin, Jaraary, Timerkaay[xxii], par où il passa ; et des membres de toutes les couches sociales lui prêtèrent allégeance. En 1907, celui qui rentra à nouveau au Sénégal avec son propre wird Ma’khoûz (après avoir longtemps pratiqué, au moins huit ans pour chacun[xxiii], les wirds qadrite, chadhilite et tidiane) avait également dans ses valises un recueil de poésie composé par cinquante-trois Mauritaniens. Cheikh Sidya Baba, ouvrant les éloges, proclama :
Le Cheikh Ahmad est un bienfait
Que leur Maître a accordé à toutes les créatures[xxiv]
L’oppression coloniale, qui avait une nouvelle fois tenté de l’assassiner à travers un Mauritanien[xxv] du nom de Naari, connaissait mal son ennemi. Autrement, elle aurait su que l’auteur de ce propos n’était animé du moindre complexe envers quiconque : « la couleur de peau ne saurait être la cause d’idiotie d’un homme ou de sa mauvaise compréhension[xxvi]». N’eut-il pas également dit, à des disciples sénégalais venus le trouver en Mauritanie et imitant l’habillement des Maures (pour échapper aux coupeurs de route), que : « ngeen di murit-muritlu, ñu leen di rey benn-benn ci yoon bi ba kenn ci yéen du yeggsi ci man, moo ma gënal ngeen di naar-naarlu[xxvii]. » N’eut-il pas enfin recommandé à Serigne Samba Diarra Mbaye, le pionnier de ses Taalifkat, d’écrire ses poèmes en wolof ; lui-même Cheikh Ahmadou Bamba n’écrivant les éloges du prophète en arabe que parce que c’est la langue maternelle du chef de Médine ? C’est donc grâce à sa recommandation que Cheikh Samba Diarra a pu nous émerveiller avec des vers d’une telle beauté :
Bu leen ma yéem, yéem leen ko, ndax
Du man di wax, mooy ka di wax
Waxande laa wuñ tëjji wax
Bu ma tijjee may lammiñam
À Thiéyène, à 60 kilomètres de Louga, Cheikh Ahmadou Bamba est placé en résidence surveillée jusqu’à la nuit du samedi 13 janvier 1912. Cinquante personnes sont autorisées à être avec lui, tandis que ses visiteurs font l’objet de repressions physiques (bastonnades) et administratives. En obligeant les disciples, pour obtenir un laissez-passer, à présenter leur ticket d’impôt, leurs noms et le nombre d’animaux les accompagnant, la liste des cadeaux qu’ils désirent remettre à leur hôte, leur itinéraire, la durée de leur voyage, l’administrateur du cercle de Louga est, encore une fois, conscient de la nature arbitraire de ces dispositions. S’adressant au gouverneur, il écrit : « Ces mesures paraîtront peut-être excessives, mais je n’en vois pas de plus pratiquement capables d’enrayer le fort flot des visiteurs.[xxviii] »
À 59 ans, Cheikh Ahmadou Bamba rejoignit Diourbel, toujours en résidence surveillée. Tous ses grands disciples l’y retrouvèrent, faisant de cette ville la cité effervescente des sciences. Celui à qui on a voulu faire renoncer sa religion réaffirmait, plus que jamais, qu’« il n’y a de Dieu que Dieu, et que Mouhammad est son prophète. » Tutoyant l’ire colonialiste, il faisait réciter, quatre fois par jour, le Coran ; tandis que ses Khassaïdes et les Zikr des Baye Fall, plus mélodieux que le silence de la nuit, purifiaient et exaltaient les âmes.
C’est là, à Diourbel, qu’il dirigea, un mardi de 1921, la première célébration du 18 Safar, demandant à ses disciples de l’« aider à rendre grâce à Dieu ». C’est là, en 1921, qu’il déclara, apprenant le décès de Mame Mor Diarra, son aîné germain lui ayant également enseigné la métrique : « N’eût été ce qu’il me reste à parachever dans mes services au Coran, aux hadiths et aux créatures, je n’aurais pas passé une nuit de plus sur terre après ce jour. » C’est là, à Diourbel, qu’il fit écrire à ses dix-sept scribes, en trois jours, au mois de ramadan de 1924, le Coran entier. C’est là, à Diourbel, qu’il inaugura, à la Korité de la même année, sa première mosquée venue remplacer celle détruite à Mayumba. C’est là, de Diourbel, qu’il lança, en 1925, le projet de construction de la grande mosquée de Touba. Et c’est aussi là, à Diourbel, qu’il refusa la Croix de chevalier de la Légion d’honneur, ce tas de ferraille que l’oppression coloniale a jugé utile de lui décerner et qu’elle croyait capable d’effacer subitement sa propre conduite ignominieuse.
Revers que l’administrateur du cercle de Baol présenta ainsi dans un courrier[xxix] du 14 janvier 1919 adressé au gouverneur du Sénégal : « J’ai décidé Amadou Bamba à accepter également la Croix (de Chevalier de la Légion d’honneur), qu’il ne portera certainement jamais, ses principes religieux, m’a-t-il dit, s’y opposant. » Le gouverneur lui-même aura sa réponse lorsqu’il le convoqua en mars 1920, à Dakar, pour le remercier. Le « captif de Dieu[xxx] » lui dira : « Je m’étonne que vous me remerciiez, car je n’ai obéi à aucun de vos ordres et n’ai respecté aucun de vos interdits[xxxi]. »
Le mardi 19 juillet 1927, au crépuscule, Serigne Modou Moustapha, le plus âgé des fils de Cheikh Ahmadou Bamba, accompagné de quatre[xxxii] disciples, visita les appartements de son père qu’on n’avait plus vu depuis l’avant-veille. Il tomba sur son corps sans vie, posa sa main dessus, et lui fis cette élégie : « Ak a gore. Ak a am jom. Ak a mën a muñ.[xxxiii] »
Son témoignage est d’autant plus véridique qu’il est confirmé par ceux d’autres contemporains. Celui qui, selon le distingué érudit Serigne El Hadji Malick Sy, « a vécu sans commettre le moindre faux pas » ; celui que le généreux Serigne Cheikh Sadibou qualifie d’« éclat apparu au milieu de l’océan » ; celui que son brillant maître Cadi Madiakhaté Kala a désigné comme « le plus illustre des hommes » ; celui dont l’exil est considéré par le valeureux Serigne Bou Kounta comme « la marche victorieuse vers une station plus rapprochée de Dieu[xxxiv]», nous a appris la grandeur d’âme.
Malgré l’adversité et sa détention de trente-deux ans, Cheikh Ahmadou Bamba aura contribué à revivifier les sciences religieuses dans notre pays et partout où il est passé (par sa production personnelle et l’achat de bibliothèques) ; à mettre en place une confrérie instruite, organisée et autonome (faisant de l’esprit d’initiative, du travail en toutes saisons, le moyen collectif d’émancipation et d’utilité publique) ; à pérenniser notre dignité humaine (nous rappelant que nous n’appartenons à aucun homme sur terre, que nous ne sommes inférieurs à personne, que notre mérite dépend de nos vertus et non de nos privilèges sociaux, et que nous n’avons à singer autrui dans sa langue, dans son port, ou dans ses mœurs). Et plus que tout, il nous aura, à travers sa vie, démontré que rien de grand ne se construit sans la conviction.
Sa conviction en la Suprématie de Dieu et en l’élection du chef de Médine lui a valu l’amour indéfectible de ses disciples. Les plus éloquents ont essayé d’exprimer cet amour, sous toutes les formes, à travers leurs vers :
Lu buki wiri-wiri ne kuuj dem Ndaari
Man sama Ndaari mooy tagg ki soppi Ndaarib Daaru, yal a na sax
Te mooy ki fi soppi xàmbiy Ndaaru xutbu yu mat
Ñuy jiite ay Daaru, Bàmbaa tee ba réew mi nasax
Serigne Mor Kayré
Foo fekk waayam
Day gëniy baayam
Gëniy nijaayam
Céy waayi Bàmba !
Serigne Mbaye Diakhaté
Lu baax du baax ba weesu baax
Waa nde Sëriñ bee jall baax
Baax a ngi yem ci xotti baax
Baaxaale gaayi xarnu bi
Serigne Moussa Ka
Les millions d’autres disciples, dans cette formule brève, émue et pleine de reconnaissance, seul ou en chœur, à haute ou à basse voix, proclament : Jërëjëf Sëriñ Tuubaa !
Ces remerciements, avec les versets du Coran qu’il a défendus et les vers de Khassaïdes qu’il a écrits, traversent le monde entier et auréolent, depuis le 20 juillet 1927, sa sépulture, à Touba.
Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye est ancien Enfant de Troupe du Prytanée Militaire de Kadiogo (Burkina Faso). Diplômé de Sciences Po Paris et de la Faculté de Droit de Panthéon-Assas, il est l’auteur du blog Assumer l’Afrique.
[i] Dans Jazâ es-sakûr, Cheikh Ahmadou Bamba évoque lui-même ce moment où il a failli interjeter appel, avant de se rétracter et d’écrire un poème partant du verset suivant : « Je remets, quant à moi, mon sort entre les Mains de Dieu, certes, Dieu connaît parfaitement ses créatures. »
[ii] Cette information, tirée du manifeste du Ville de Pernambouc par un groupe de chercheurs, est partagée par Serigne Fallou Bousso Tamba, dans une interview « Serigne Touba et les 11 jours en mer entre Dakar et Libreville », diffusée le 4 octobre 2020 par Seneweb TV.
[iii] Dr Duvigeau, Guide médical au Congo et dans l’Afrique équatoriale, à l’usage des fonctionnaires et des colons appelés à résider dans les postes dépourvus de médecins, Augustin Challamel Éditeur, 1900.
[iv] Dans Ir wâ en Nadîm, Cheikh Ahmadou Bamba révèle avoir réalisé mille écrits entre ses séjours à Libreville et Mayumba. Fernand Dumont (dans « Cheikh Ahmadou Bamba et le Mouridisme sénégalais ») parle d’une œuvre écrite de 35 000 vers et 4000 lignes de prose ; tandis que le Professeur Amar Samb (dans « L’œuvre littéraire de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké ») a recensé 999 odes dans la salle des manuscrits de l’IFAN, signalant que son seul recueil Fulk ul-mashûn de 366 poèmes compte 11 347 vers.
[v] Cette exhortation à la mer de Mayumba se trouve dans Mbacké, Cheikh Ahmadou Bamba. Jazâ es-sakûr (Les Dons du Digne de Reconnaissance).
[vi] Les détails de ce mois de jeûne difficile sont rapportés dans le deuxième chapitre du Minanoul Bakhil Khadim fi Siratoul Cheikh al-Khadim (Les bienfaits de l’Éternel) de Serigne Mouhammadou al-Bachir.
[vii] Ce poème de Cheikh Ahmadou Bamba est extrait du quatrième chapitre d’Ir wâ en Nadîm (L’Abreuvement du Commensal dans la Douce Source du Serviteur) de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
[viii] Serigne Mbaye Gueye Syll revient plusieurs sur la lettre de l’oppression coloniale mentant sur la mort de Cheikh Ahmadou Bamba et enjoignant Mame Thierno de quitter Touba, comme dans son documentaire Diggante Sëriñ Tuubaa ak Maam Ceerno.
[ix] Je n’ai pas pu identifier, dans le périple de Serigne Modou Lô Dagana, les deux villes en italique et ne peux garantir de l’exactitude de leurs noms.
[x] Pour retracer le périple de Serigne Modou Lô Dagana, se référer au poème en wolof Jazâ es-sakûrGéej gi de Serigne Moussa Ka, à partir du vers 537.
[xi] Les envoyés de la famille de Serigne Modou Lô Dagana, Serigne Fallou Lô, Serigne Ousmane Lô et Serigne Abo Lô, reviennent sur son au revoir dans les émissions réalisées sur Al Azhar Touba et Medias TV.
[xii] Dièye, Cheikh Abdoulaye. L’exil au Gabon, période coloniale 1895-1902 : Sur les traces de Cheikh Ahmadou Bamba, éditions Ndigel : fin 1899 est ici donnée comme le moment où Serigne Cheikh Anta et Serigne Modou Ndiaye ont entrepris leur voyage, sans précision sur la date de leur arrivée.
[xiii] Ce témoignage sur les difficultés à Lambaréné se trouve dans Mbacké, Cheikh Ahmadou Bamba. Jazâ es-sakûr(Les Dons du Digne de Reconnaissance).
[xiv] « Fara Biram Lô (Ma Abdou Lô) (…) a réussi à faire déporter Samba Laobé Peinda pour des motifs qui ont été par la suite reconnus inexacts (…) », Lettre confidentielle du gouverneur du Sénégal au commandant du cercle de Dagana, Archives du Sénégal, Recueil Chrono. Confidentiel. 1913, Lettre n° 302 du 27 novembre dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 81.
[xv] Dièye, Cheikh Abdoulaye. L’exil au Gabon, période coloniale 1895-1902 : Sur les traces de Cheikh Ahmadou Bamba, éditions Ndigel : une liste détaillée des déportés se trouvent dans cet ouvrage.
[xvi] V. Allys, lettre du 14 juin 1903 suivie d’une décharge au gouverneur du Sénégal (Archives du Sénégal, dossier Bamba, juin 1903, pièce n°46, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 115 et 116). Cheikh Ahmadou Bamba a rencontré ses ravisseurs à Diourbel le 14 juin, après avoir quitté son domicile à Darou Marnane la veille, un samedi, en début d’après-midi (ainsi que l’ont rapporté Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana et Serigne Moussa Ka).
[xvii] V. Allys, lettre confidentielle du 28 mai 1903 du commandant de cercle de Tivaoune au gouverneur de l’AOF, Archives du Sénégal, dossier Bamba, mai 1903, pièce n°11, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 101-102.
[xviii] V. Allys, lettre du 1er juin 1903 du commandant de cercle de Tivaoune au gouverneur de l’AOF, Archives du Sénégal, dossier Bamba, juin 1903, pièce n°1, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 103.
[xix] M. Merlin, lettre confidentielle du 25 avril 1903 à l’administrateur de Thiès, Archives du Sénégal, dossier Bamba, avril 1903, pièce n°12, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 96.
[xx] L’oppression coloniale a utilisé Mbakhane pour faire accuser Cheikh Ahmadou Bamba de ne pas respecter son autorité illégitime, et surtout pour l’accuser de cacher des armes dans son domicile.
[xxi] « Note sur l’affaire Amadou Bamba », Archives du Sénégal, dossier Bamba, juin 1903, pièce n°40, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 118.
[xxii] Les noms des différents campements sont mentionnés dans L’exil au Gabon, période coloniale 1895-1902 : Sur les traces de Cheikh Ahmadou Bamba de Cheikh Abdoulaye Dièye, aux éditions Ndigel.
[xxiii] Serigne Bassirou et Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana ont tous les deux évoqué la pratique des wirds, et le premier a précisé la durée des pratiques dans l’introduction de son ouvrage.
[xxiv] Poème de Cheikh Sidya Baba cité dans le dixième chapitre d’Ir wâ en Nadîm de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
[xxv] Les détails de cet odieux incident se trouvent dans le sixième chapitre d’Ir wâ en Nadîm de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
[xxvi] Vers 49, Masalikul Jinaan (Les Itinéraires du Paradis).
[xxvii] Cheikh Ahmadou Bamba a adressé ces propos à Serigne Modou Lô Dagana et à ses condisciples. Ils sont rapportés par Serigne Fallou Lô, envoyé de sa famille, sur le plateau d’Al Azhar Touba.
[xxviii] Lettre du 3 octobre 1907 de l’administrateur du cercle de Louga au gouverneur du Sénégal, Archives Nationales du Sénégal, dossier Bamba, octobre 1907, pièce n°18, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 131.
[xxix] Lettre du 14 janvier 1919 du commandant du cercle de Baol au gouverneur du Sénégal, Archives Nationales du Sénégal, 13G/12 – 1, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 159.
[xxx] C’est ainsi que Cheikh Ahmadou Bamba se qualifie dans sa lettre adressée au résident de Diourbel dans une lettre de 1903 : « un captif de Dieu se suffit de son maître… Après ceci, il faut savoir qu’il est captif de Dieu, ne reconnaît d’autre Maître que Lui et ne rend hommage qu’à Lui Seul... »
[xxxi] La rencontre entre Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Modou Moustapha, Serigne Mame Cheikh Anta, Serigne Balla Thioro, Serigne Massamba et le gouverneur à Dakar est relatée par Serigne Mbaye Gueye Syll dans le documentaire Sur les traces du Cheikh en exil : L’étape historique du Gabon réalisé par la RTS1. Pour plus d’informations sur cette rencontre, recourir aux travaux de Serigne Modou Khayri Diakhaté.
[xxxii] Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana, Serigne Makhtar Sylla, Serigne Abdoulaye Diop Léona, Serigne Cheikh Khary Dieng (et Serigne Fat Tacko Diop qui avait les clefs) étaient avec Serigne Modou Moustapha au moment de la découverte du corps sans vie de Cheikh Ahmadou Bamba.
[xxxiii] Cette élégie de Serigne Modou Moustapha est relayée par Serigne Ahmadou Ndiaye Nguirane (sur le plateau spécial Waajal Màggal 20 Muharram) et Serigne Gana Messéré (au QG 2020 de la TFM).
[xxxiv] Ces témoignages, avec bien d’autres, se trouvent dans les deux biographies : Ir wâ en Nadîm et Minanoul Bakhil Khadim fi Siratoul Cheikh al-Khadim.
LU BEES AVEC LAMINE NIANG ET CHARLES FAYE
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LA VITALITÉ DE NOS DÉMOCRATIES EN QUESTION
EXCLUSIF SENEPLUS - Le climat social en période préélectorale renseigne beaucoup sur la maturité démocratique d’un pays. Si l’armée et la justice jouaient leur rôle d’équilibre des pouvoirs, le rêve d’élections apaisées pourrait enfin se réaliser
Dans ce numéro de Lu Bees, Lamine Niang parle du climat social en période préélectorale qui renseigne beaucoup sur la vitalité démocratique d’un pays. Une lecture comparée de l’organisation des élections aux USA et dans certains pays africains en donne des exemples pertinents, selon le chroniqueur. En Afrique, si l’armée et la justice jouaient pleinement leur rôle d’équilibre des pouvoirs, le rêve d’élections apaisées pourrait enfin se réaliser, ajoute-t-il.
Le remaniement ministériel est analysé par Charles Faye, quelques heures avant la liste du nouvel attelage gouvernemental du président Macky Sall.
Lu Bees est un talk hebdomadaire de SenePlus, réalisé et monté par Boubacar Badji.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LE GRAND DESSEIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Il n’y avait pas que des Guinéens. Beaucoup de Sénégalais étaient là. D’ailleurs, comment faire la différence entre le Sénégal et la Guinée ? - NOTES DE TERRAIN
Vendredi 30 octobre 2020. Cela ne changera certainement pas le cours de l’histoire. Les jeux sont faits depuis longtemps. Le plan marche à merveille. Les manifestations, les morts, les résistances et les contestations. Tout cela était prévu. Alpha Condé n’a pas changé la Constitution, divisé les Guinéens, et marché sur son peuple pour se voir ravir, même à la loyale, le scrutin présidentiel. Il ira jusqu’au bout de son idée : mourir au pouvoir. Avec une mesquinerie inouïe. Il sera difficile d’entraver le scénario. Un vieux tyran ne part jamais de manière pacifique et démocratique. Mais il faut continuer à dire non, à la mascarade. Ces milliers de manifestants, rassemblés à la Place de la Nation, sont dans leurs droits. C’est aussi leur devoir, de rester debout. De continuer à se faire entendre. Ce qui est choquant, c’est de savoir que toutes ces personnes ont été empêchées de participer à l’élection présidentielle.
Je n’imaginais pas trouver autant de monde à la Place de la Nation. La dernière fois qu’il y avait autant de personnes présentes en ce lieu, c’était lors des manifestations de 2011 et de 2012, contre la candidature de Wade. À un moment, il était même impossible de se frayer un chemin. Je suis parti m’installer juste devant la porte de l’école élémentaire en face. J’attendais mon petit frère. De là, on pouvait voir les colonnes formées par les manifestants. La foule était si nombreuse que l’on entendait difficilement les speakers qui se relayaient sur l’estrade. Des vagues déferlaient. De partout. Les regards étaient déterminés. On pouvait sentir une énergie, rageuse. Comme si tous ces gens portaient une humiliation. Qu’il fallait expurger. De cette communion authentique, émanait une profonde dignité. Beaucoup de colère aussi. L’assistance hurlait. De temps en temps, un cercueil factice de Condé parcourait les rangées, et tanguait entre des mains sévères.
Des vieux. Des enfants. Des jeunes filles. Des femmes âgées. Des jeunes hommes. Il y avait une flamme. D’hommes et de femmes surexcités. Réclamant justice. Lorsque l’hymne nationale de la Guinée a retenti, les voix se sont élevées. Je n’ai retenu que « liberté » et « unité africaine ». Les vieux, debout juste à côté, ne semblaient pas connaître les paroles. Un homme, la vingtaine, engoncé dans un ample bogolan blanc, s’est mis à crier. Les yeux fermés. Comme un dément. À la fin de la représentation musicale, le batteur de jembe, qui s’était recueilli en silence, a repris de plus belle sa partition. Et on voyait son visage énergique et les nerfs de son cou se tendre. Il égayait les personnes agglutinées autour de lui. D’autres lui jetaient de l’eau, comme s'ils voulaient maintenir sa ferveur.
Des cris tonnaient çà et là. Au loin, des klaxons ininterrompus se faisaient entendre. Plusieurs personnes tenaient des mégaphones. L’une d’entre elles martelait : « Alla boni ! Alpha mari ! » Les vuvuzelas et les sifflets crépitaient, par intermittence. Il y avait des processions de gens qui couraient dans tous les sens. Chantant et dansant. Sur les pancartes, on pouvait lire : « Respectez la justice », « Tirez pas sur le peuple », « Cellou président », « Honte aux forces de défense ». Il y avait des photos de Cellou Dalein affichées sur les cartons, collées à des tee-shirts, pendues sur les poitrines à la manière des effigies de marabouts. Des drapeaux étaient accrochés aux épaules, noués autour des tailles. Parfois, ils émergeaient au milieu de la foule, et voguaient au-dessus de toute cette turbulence. Un homme, poing en l’air, dégoulinant de sueurs, est passé juste devant moi. Il arborait, lui, le drapeau du Sénégal.
Il n’y avait pas que des Guinéens. Beaucoup de Sénégalais étaient là. D’ailleurs, comment faire la différence entre le Sénégal et la Guinée ? Je n’ai jamais mis les pieds à Labé, à Conakry, ou à Kankan. Ni dans aucune autre contrée de la Guinée. Il y a pourtant cette partie de moi, qui vient de là-bas. Que je chéris depuis toujours. Un jour, je compte découvrir ses racines. Et pourquoi pas, obtenir la double nationalité. Ce serait un retour aux sources légitime. Une manière, aussi, de m’affranchir de ces barrières factices. Ces frontières inutiles qui séparent les peuples de la sous-région. Nous avons les mêmes valeurs morales, culturelles et spirituelles. Au Sénégal, au Mali en Guinée Conakry, en Guinée Bissau, au Mali, en Gambie.
Les frontières qui délimitent nos pays doivent tomber. Car entre le musulman du Fuuta-Jalon, l’animiste de la Basse-Casamance, le chrétien de Bafata, la même âme est tapie à l'intérieur. Entre le soussou de Kindia, le mandingue de Brikama et de Bakau, le soninke de Bakel, le pël de Labé, le manjak et le balant, le papel et le bijago, le kisi et le koniake, le dogon, il y a les mêmes imaginaires. La même ontologie fondatrice. Certes, les particularités ne manquent pas. Aussi, des discordes ont jalonné notre passé commun. Dans les grandes carrières des peuples, il ne peut manquer des moments de sécession. Mais s’il existe des différences, par la langue et parfois par la stratification sociale, il n’en demeure pas moins qu’il y a une synthèse à faire pour que le meilleur de chacun soit pris. Le pire extirpé. C’est un paradoxe de continuer à soutenir les délimitations coloniales. Nous nous ressemblons. C’est pourquoi nous vivons ensemble depuis des temps immémoriaux.
L’énergie populaire est quasiment détournée sur des futilités, sur la ruse et les sentiments primaires, en Afrique. C’est ce qu’il y a de plus simple pour trouver audience. Nous devons nous dresser contre ce schéma. Qui méprise notre humanité. Qui nous appauvrit spirituellement. Dans notre espace ouest-africain - partout en Afrique en général -, le malentendu n’a que trop durer. Il est temps de nous diriger vers notre dessein. Celui d’une grande nation. Un pays nouveau, bâti dans le respect et la tolérance des identités plurielles. Où un mandingue et un pël pourront être en compétition électorale. Sans que personne ne se soucie des appartenances ethniques. Les seuls critères pour les partager seront alors les réponses apportées aux problèmes vitaux.
L’arrivée de mon frère a interrompu mes réflexions. Il a été rejoint, quelques minutes plus tard, par ses camarades activistes. Ils étaient effarés par l’immensité de la foule. Ils chouinaient, accusant presque les Sénégalais d’être moins politisés que leurs frères Guinéens. « Eux, ils sont prêts. Ils ne sont pas comme nous. Ils savent se révolter. » Je les entendais dire. Je n’étais pas d’accord. Au fond, pensais-je, il n’y avait pas « eux » et « nous ». C’est le même peuple, constitué de confessions et d’ethnies différentes, divisé hier par le colon et aujourd’hui manipulé par les mystificateurs et les ambitieux. Si nous arrivons à cette compréhension, nous pourrons nous aimer pour de vrai en frères et en sœurs. Et alors nous serons porteurs d’une grande idée de la compréhension humaine. De l’esprit d’ouverture et de fraternité. Et nous serons forts, pour affronter les tyrans. Et tous les problèmes du siècle.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
Paru à la rentrée 2020, "Aline et les hommes de guerre" de Karine Silla retrace l’histoire de celle que l'on surnomme parfois "la Jeanne d’Arc africaine"
La vie d’Aline Sitoé Diatta pourrait se résumer ainsi : jeune fille de Casamance employée comme bonne par des colons français à Dakar pendant la deuxième Guerre mondiale, elle entend des voix à l’âge de 21 ans et retourne dans son village natal de Kabrousse pour mener une lutte contre l'oppression coloniale. Jusqu’à présent, elle n’avait fait l'objet que de quelques chapitres dans des ouvrages d’histoire ou d’anthropologie. Avec son roman Aline et les hommes de guerre, aux éditions de l'Observatoire, la dramaturge Karine Silla a réussi à lui redonner chair, en comblant de son imagination les espaces laissés disponibles par les faits historiques. "J'ai surtout été attirée par le caractère romanesque du personnage, son courage forcené, la puissance de sa foi et sa volonté d’aider une humanité bouleversée", reconnaît-elle.
Il s'agissait pour Karine Silla de lever un tabou
De double culture, franco-sénégalaise, l’auteure voulait aussi retracer le contexte historique de cette période troublée de l’Afrique occidentale. La France, elle-même sous occupation allemande, impose alors un régime de domination féroce à des populations soumise à son administration. Il s’agissait pour Karine Silla de lever un tabou : "L'histoire coloniale, avec l’antisémitisme et la collaboration, font partie de ces sujets dont la France déteste parler", rappelle-t-elle.
Sur la première de couverture, la photographie jaunie par le temps de la "reine" aux seins nus, fumant la pipe, à la fois noble et effrontée. Chez les Diolas de Casamance, les rois et les reines sont les intermédiaires entre les hommes et les esprits de la nature. A 21 ans, Aline Sitoé Diatta devient prophétesse de son peuple. Elle l’incite à retrouver ses traditions déjà bien ébranlées par la colonisation. Elle le pousse à se révolter contre une administration toujours plus oppressante. Elle l’encourage à refuser de payer l’impôt qui affame et à résister à la conscription forcée des garçons. C’est cette geste héroïque qui fait d’elle une des figures marquantes de la lutte anticoloniale.
Mais Aline ne fait pas le choix de la guerre. Cette dimension du personnage fascine Karine Silla. "J'aime son parcours de paix, sa lutte non violente", reconnaît-elle, tout en la comparant volontiers à Gandhi et surtout à Martin Luther King. La foule vient en masse écouter la prophétesse qui appelle à désobéir, mais n’incite jamais à prendre les armes.
L'OPPOSITION IVOIRIENNE APPELLE À UNE TRANSITION CIVILE
"Les groupements politiques de l'opposition constatent la fin du mandat" de Ouattara et "appellent à l'ouverture d'une transition civile afin de créer les conditions d'une présidentielle transparente et inclusive", a affirmé Pascal Affi N'Guessan
Au lendemain d'une présidentielle émaillée d'incidents ayant fait au moins deux morts, l'opposition ivoirienne, qui a boycotté le scrutin, a appelé dimanche à une "transition civile", avant même la proclamation des résultats qui devraient donner une écrasante victoire du président sortant Alassane Ouattara en quête d'un troisième mandat controversé.
"Les partis et groupements politiques de l'opposition constatent la fin du mandat" du président Ouattara et "appellent à l'ouverture d'une transition civile afin de créer les conditions d'une élection présidentielle juste, transparente et inclusive", a affirmé l'ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, qui faisait partie des candidats inscrits.
L'opposition "appelle à la mobilisation générale des Ivoiriens pour faire batrrage à la dictature et à la forfaiture du président sortant Alassane Ouattara", a poursuivi M. Affi N'Guessan qui s'exprimait à la résidence de l'ancien président Henri Konan Bédié, 86 ans, aperçu dans les couloirs.
La Commission électorale a commencé dimanche à annoncer au compte-gouttes des résultats partiels de l'élection.
Sans réel adversaire en raison du boycott de l'opposition, le président Ouattara devrait s'imposer par un score fleuve.
Outre Alassane Ouattara, seul le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin dit KKB, crédité de moins de 4% des voix en 2015 a fait campagne, les deux autres candidats inscrits, Affi N'Guessan et Bédié ayant prôné le boycott).
Dans le bureau de vote 3 du groupe scolaire Korhogo-Est (Nord), le dépouillement donne 405 votants sur 408 inscrits, avec 402 bulletins favorables à Ouattara et 3 nuls, soit un score...de 99,26% de participation et de 100% des voix pour M. Ouattara, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le bilan exact des violences qui ont été nombreuses dans la moitié sud du pays était difficile à établir, mais l'opposition comme le pouvoir ont évoqué des "morts".
- Des morts et des blessés -
De source sécuritaire, il y a au moins deux morts "un à Oumé (260 km au nord-ouest d'Abidjan) et au moins un à Tiebissou (centre)".Le maire de Tiebissou, Germain N'Dri Koffi a quant à lui fait état d'un bilan de "4 morts et 27 blessés" dans sa commune.
Des témoins ont également fat état de morts à Téhiri, village près de Gagnoa, à 270 km au nord-ouest d'Abidjan et fief de l'ancien président Laurent Gbagbo, lors d'affrontements entre ethnies locales et Dioulas originaires du nord, réputés pro-Ouattara.
Des affrontements intercommunautaires ont aussi eu lieu à Yopougon, commune populaire d'Abidjan, à Gboguhé (centre-ouest) alors que des heurts violents entre les forces de l'ordre et des manifestants se sont produits à Gagnoa, Divo (centre ouest) ou Bonoua (sud-est), selon des témoins.
Selon le pouvoir "quelques dizaines de bureaux de vote" ont été saccagés ou brulés alors que d'autres n'ont pas ouvert comme à Daoukro, fief de Henri Konan Bédié en raison de barrages tenus par l'opposition.
Quelque 35.000 membres des forces de l'ordre avaient été déployés dans le pays.
Avant le scrutin, une trentaine de personnes étaient mortes dans des violences depuis l'annonce en août de la candidature du président Ouattara à un troisième mandat que l'opposition juge "anticonstitutionnel".
Alassane Ouattara, 78 ans a appelé au calme samedi : "J'en appelle à ceux qui ont lancé un mot d'ordre de désobéissance civile qui a conduit à des morts d'hommes : qu'ils arrêtent!.Je dis aux jeunes de ne pas se laisser manipuler".
- "Une première victoire" -
Avant l'annonce de l'opposition, un des principaux responsables du parti au pouvoir, Adama Bictogo, avait estimé que "le 31 octobre n'a pas été une journée de déluge, comme l'avait prédit l'opposition"."La volonté populaire s'est exprimée alors que l'opposition a fait pendant des mois l'apologie de la non-tenue des élections.C'est une première victoire", avait-il dit.Le pouvoir n'a pas réagi dans l'immédiat à la déclaration de l'opposition.
Cette tension chez le premier producteur mondial de cacao, fait craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques jihadistes incessantes au Sahel, par un putsch au Mali, une élection contestée en Guinée et une contestation politique chez le géant voisin nigérian.
"Le grand défi de l'après-élection pour le parti au pouvoir, cela va être d'enclencher une dynamique de réconciliation, de recréer un dialogue avec l'opposition, sinon les tensions seront récurrentes", a estimé Rodrigue Koné, analyste poltique.
Des milliers d'Ivoiriens avaient quitté les grandes villes pour "aller au village", anticipant des troubles, dix ans après la crise qui avait suivi la présidentielle de 2010, faisant 3.000 morts, à la suite du refus du président Laurent Gbagbo, qui était au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite face à M. Ouattara.
DANS L'ATTENTE DES RESULTATS
Le dépouillement est en cours et le taux de participation sera déterminant pour savoir dans quelle mesure l'appel au boycott émanant de l'opposition a été suivi
Les Ivoiriens ont voté, samedi, lors d'une élection présidentielle marquée par des incidents, notamment dans certains fiefs de l'opposition. Le dépouillement est en cours et le taux de participation sera déterminant pour savoir dans quelle mesure l'appel au boycott émanant de l'opposition a été suivi . Les résultats du scrutin doivent être annoncés avant mardi.
Pour l’opposition, il n’y a pas eu d’élection, samedi 31 octobre, en Côte d’Ivoire. Du côté du parti présidentiel on se réjouit, au contraire, du déroulement de la journée électorale. "Nous avons notre première victoire. L’élection présidentielle s’est tenue", a affirmé Adama Bictogo, un cadre du RHDP.
Les Ivoiriens dans l’attente
Alors que le dépouillement se termine ce dimanche matin dans la plupart des bureaux de vote et que les résultats sont acheminés vers la Commission électorale indépendante (CEI), le bilan des violences à Abidjan, dans centre-est et le centre-ouest du pays reste difficile à mesurer. Cependant, l'opposition comme le pouvoir ont évoqué des "morts".
À Abidjan, l’équipe de France 24 a pu observer que le calme règne dans les rues de la capitale ivoirienne. "Les commerces de proximité sont fermés ce qui est inhabituel un dimanche, mais les gens se sont ravitaillés, quand ils ne sont pas retournés dans leur village, inquiets que le scénario de la crise post-électorale de 2010 puisse se rejouer", constate Meriem Amellal. Cette crise avait fait 3 000 morts à la suite du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.
L’affrontement entre gouvernement et opposition se poursuit
Les 7,5 millions d'électeurs (sur 25 millions d'habitants) avaient le choix entre quatre candidats : M. Ouattara, 78 ans, l'ex-président Henri Konan Bédié, 86 ans, chef du principal parti d'opposition, Pascal Affi N'Guessan, 67 ans, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo et l'outsider Kouadio Konan Bertin, 51 ans, indépendant.
Le président sortant, qui vise une victoire dès le premier tour, a critiqué l’opposition et encouragé les Ivoiriens à exprimer leur vote. "J'en appelle à ceux qui ont lancé un mot d'ordre de désobéissance civile qui a conduit à des morts d'hommes : qu'ils arrêtent ! Je dis aux jeunes de ne pas se laisser manipuler".
"Ce coup d'État électoral a été un échec. Le peuple ivoirien a réussi à faire échec à cette élection", a quant à lui estimé le porte-parole de l'opposition, Pascal Affi N'Guessan.
De son côté, l'ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro a, depuis son exil européen, affirmé ne plus reconnaître le président Ouattara, appelant à "œuvrer" à son départ. "Je saisis la pertinence d'un gouvernement de transition", a-t-il dit.
La conférence de presse de la CEI très attendue
Samedi, Observateurs, ONG et journalistes ont rapporté des barrages, des routes coupées, des urnes saccagées, du matériel électoral bloqué, et encore des heurts avec la police. Ces incidents, qui se sont produits en majorité dans des fiefs de l'opposition, ont été minimisé par La Commission électorale Indépendante (CEI), qui doit tenir une conférence de presse ce dimanche.
Les principaux partis politiques ivoiriens, tout comme les observateurs de la Cédéao, ont également annoncé qu’ils prendraient la parole aujourd’hui.
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LES ALGERIENS APPELES AUX URNES
Près de 25 millions d'électeurs sont appelés à se prononcer, dimanche, sur une révision constitutionnelle censée fonder une "Nouvelle République", proposée par le président Tebboune
Pour ou contre une révision de la Constitution ? Près de 25 millions d'électeurs sont appelés à se prononcer, dimanche, sur une révision constitutionnelle censée fonder une "Nouvelle République", proposée par le président Abdelmadjid Tebboune, et répondre aux aspirations du Hirak.
Près de 25 millions d'Algériens sont appelés, dimanche 1er novembre, à entériner une réforme constitutionnelle qui vise à tourner la page du mouvement de protestation populaire Hirak, en l'absence de l'initiateur de ce référendum, le président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé à l'étranger.
Le chef de l’État, âgé de 74 ans, a été transféré dans la plus grande discrétion, mercredi, en Allemagne, pour des "examens médicaux approfondis" après l'annonce de cas suspects de la maladie de Covid-19 dans son entourage. Son état est "stable et non préoccupant", selon la présidence qui n'a donné aucun autre détail.
Dans un message relayé, samedi soir, par l'agence officielle APS, Abdelmadjid Tebboune a assuré que "le peuple algérien sera, une fois encore, au rendez-vous avec l'histoire pour opérer le changement escompté à travers le référendum sur l'amendement constitutionnel, en vue d'instituer une nouvelle ère à même de réaliser les espoirs de la nation et les aspirations du peuple à un État fort, moderne et démocratique".
"Un plébiscite césariste"
La date du référendum n'a pas été choisie par hasard : le 1er novembre marque l'anniversaire du début de la Guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962).
Les 61 000 bureaux de vote ont ouvert à 8 h locales (7 h GMT) et fermeront à 19 h (18 h GMT).
Lors de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019, il s'était établi à 39,93 %, soit le taux le plus faible de toutes les présidentielles pluralistes de l'histoire de l'Algérie.
"C'est un référendum issu du haut, un plébiscite césariste", estime Massensen Cherbi, docteur en droit de l'Université Paris II Panthéon-Assas.
Dès son investiture, le président Tebboune a fait de la révision de la Constitution son projet phare et a tendu la main aux manifestants du Hirak .
Les protestataires ont rejeté "sur le fond et la forme" une initiative perçue comme un "changement de façade" et prônent le boycott du référendum.
Né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens opposés à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame le "démantèlement du système" en place depuis 1962. M. Bouteflika a été poussé à la démission en avril 2019 mais le système est toujours là.
De fait, la nouvelle constitution, tout en mettant en avant une série de droits et libertés, n'offre pas de changement politique majeur : elle maintient l'essentiel du régime présidentiel et élargit même les prérogatives de l'armée.
"Rien n'a changé, on reste dans un régime ultra présidentialiste", constate le constitutionnaliste Massensen Cherbi.
"Répression implacable"
Durant la campagne électorale, les tenant du oui, soit les membres du gouvernement, les partis de l'ancienne coalition au pouvoir qui soutenait M. Bouteflika et les médias publics, ont martelé que le projet posait les fondements d'une "Algérie nouvelle".
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, estime que le peuple se dirigera "en masse" vers les urnes pour poser "une nouvelle pierre dans le processus d'édification nationale et mettre en échec les manœuvres des ennemis de l'Algérie".
Vingt mois après le déclenchement du Hirak, le scrutin constitue un défi pour un mouvement affaibli par une campagne de répression qualifiée d'"implacable" par Amnesty International, et par l'interruption forcée des manifestations à la mi-mars en raison de la crise sanitaire du coronavirus.
Quelque 90 personnes (activistes, blogueurs, journalistes) sont derrière les barreaux pour des faits liés à la contestation, la plupart pour des publications sur Facebook, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). "Aujourd'hui, le régime entend statufier le Hirak tout en pourchassant ses militants pour les empêcher de relancer le mouvement dans la rue une fois que les conditions sanitaires s'amélioreront", analyse le journaliste algérien Akram Belkaïd sur son blog. "La répression en cours vise aussi à empêcher que le scrutin ne subisse un nouveau boycottage massif car cela décrédibiliserait les incantations sur 'l'Algérie nouvelle'."
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UN PRETRE ORTHODOXE BLESSE PAR BALLE A LYON
Un prêtre orthodoxe de nationalité grecque est dans un état grave après avoir été visé par des tirs de fusil à canon scié
Un prêtre orthodoxe de nationalité grecque est dans un état grave après avoir été visé par des tirs de fusil à canon scié, samedi. Un suspect a été arrêté. Pour le moment, le parquet national antiterroriste n'a pas été saisi.
Un suspect a été arrêté samedi 31 octobre quelques heures après l'agression d'un prêtre orthodoxe blessé par balle à Lyon devant son église, a-t-on appris de source policière, mais les enquêteurs ne privilégient à ce stade aucune hypothèse sur ses motivations.
"A ce stade aucune hypothèse n'est écartée, ni privilégiée", a indiqué le procureur de Lyon, Nicolas Jacquet, alors le pays est encore sous le choc de l'attentat contre une église de Nice, qui a fait trois morts.
Un suspect "pouvant correspondre au signalement donné par les premiers témoins a été placé en garde à vue", a précisé un peu plus tard le magistrat.
L'arme probablement utilisée, un fusil à canon scié, n'a pas été retrouvée sur lui. "Les vérifications se poursuivent sur son éventuelle implication".
La victime dans un état grave
Les riverains de l'église et une patrouille de la police municipale avaient été alertés vers 16H par deux détonations aux abords de l'église hellénique orthodoxe située dans le 7ème arrondissement de Lyon.
Sur place, "ils apercevaient un individu qui prenait la fuite et découvraient au niveau de la porte arrière de l'église un homme blessé par balles qui s'avérait être l'archiprêtre du lieu de culte", a poursuivi le parquet.
Le prêtre était "en train de fermer son église" au moment des faits, qui se sont déroulés à l'intérieur du lieu de culte. Il n'y avait pas de cérémonie" en cours et "le prêtre n'était pas en tenue", a-t-on appris de sources proches de l'enquête.
Nikolaos Kakavelakis, âgé de 52 ans, visé par deux coups de feu, a été atteint "au foie et à bout touchant". Il se trouve dans un état grave et a été hospitalisé. L'arme, un fusil à canon scié, n'a pas été retrouvée.
Selon un journaliste de l'AFP sur place, la petite église, assez sobre, est installée dans un quartier résidentiel, avec très peu de gens dans les rues en ce premier week-end de reconfinement.
L'Assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF) ne peut que "condamner ces actes de violence qui attentent à la vie et propagent un climat général d'insécurité" et "attend les résultats" de l'enquête confiée à la police judiciaire.
Le parquet antiterroriste n'a pas été saisi
A Paris, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ouvert une cellule de crise place Beauvau.
"Un événement est en cours à proximité du secteur Jean-Macé, dans le VIIe arrondissement à Lyon", a indiqué sur twitter le ministère.
IL N’Y A PAS EU D’ÉLECTION
L’opposant Pascal Affi Nguessan soutient qu’il n’y a pas eu d’élection présidentielle ce samedi en Côte d’Ivoire, les électeurs ayant selon lui "boudé, dans leur large majorité" les bureaux de vote.
De l’envoyé spécial de l’APS : Ousmane Ibrahima Dia
Abidjan, 31 oct (APS) - L’opposant Pascal Affi Nguessan soutient qu’il n’y a pas eu d’élection présidentielle ce samedi en Côte d’Ivoire, les électeurs ayant selon lui "boudé, dans leur large majorité" les bureaux de vote.
’’Nous ne nous sentons pas concernés par ce qui s’est passé aujourd’hui. Il n’y a pas eu d’élection aujourd’hui en Côte d’Ivoire", a déclaré le candidat du Front populaire ivoirien (FPI).
"Nos compatriotes ont boudé dans leur très large majorité ce coup d’État institutionnel et constitutionnel’’, a-t-il dit dans un entretien avec une nuée de journalistes au domicile d’Henry Konan Bédié.
’’Partout, les barricades ont été maintenues. Le mot d’ordre de désobéissance civile a été suivi par nos compatriotes’’, a-t-il ajouté.
Les électeurs "ont déserté les bureaux de vote" et les Ivoiriens "sont restés mobilisés" pour s’opposer à cette "mascarade électorale", à ce "coup d’Etat constitutionnel", a-t-il indiqué.
’’Ce à quoi nous avons assisté n’est pas digne de la Côte d’Ivoire (…)’’, a dit Pascal Affi Nguessan, qui a dénoncé "une prise en otage" de la démocratie et "une parodie d’élection".
Près de 7, 5 millions d’électeurs ivoiriens étaient appelés aux urnes, samedi, pour un scrutin présidentiel marqué par de profondes divergences entre la majorité et l’opposition qui font craindre des violences.
Quatre candidats sont en lice pour cette élection, parmi lesquels le président sortant, Alassane Dramane Ouattara, candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la paix et la démocratie (RHDP).
Pascal Affi Nguessan du Front populaire ivoirien (FPI) est également en lice, de même que l’ancien président Henri Konan Bédié du PDCI-RDA et l’indépendant Kouadio Konan Bertin dit KKB.
La campagne électorale a pris fin jeudi à minuit. Seuls deux de ces candidats, le président sortant et l’indépendant Kouadio Konan Bertin, ont véritablement battu campagne, les deux autres étant dans une logique de "désobéissance civile" consistant à contester la candidature de Alassane Dramane Ouattara.
Henri Konan Bédié et Pascal Affi Nguessan ont toute la campagne durant maintenu leur mot d’ordre de désobéissance civile pour notamment "le retrait de la candidature anticonstitutionnelle et illégale d’Alassane Ouattara".
Ils réclament dans le même temps "la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) et du Conseil constitutionnel", ’’l’audit international de la liste électorale", "le retour des exilés et la libération des prisonniers politiques".