SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
1 mai 2025
International
SASSOU PASSE PAR LA FORÊT CONGOLAISE POUR REVENIR À L'ÉLYSÉE
Pour la France, le président du Congo est de ces amis utiles en coulisses mais qu’on préfère garder loin des projecteurs. Une incarnation d’un temps ancien qui n’a pas encore disparu. L’homme est arrivé au pouvoir en 1979
Le Monde Afrique |
Laurence Caramel et Cyril Bensimon |
Publication 05/09/2019
Le premier échange bilatéral entre Emmanuel Macron et le président du Congo-Brazzaville a permis d’annoncer un accord sur la lutte contre la déforestation en Afrique centrale.
Le 11 juillet, Emmanuel Macron avait convié le gratin de la diaspora africaine pour échanger avec son invité du jour, le vivifiant président ghanéen Nana Akufo-Addo. Pour le Congolais Denis Sassou-Nguesso, avec qui il était prévu que l’entretien du mardi 3 septembre soit dominé par la protection de la forêt en Afrique centrale au moment où l’Amazonie flambe, l’Elysée n’a en revanche envoyé aucun carton d’invitation aux défenseurs de l’environnement.
Dimanche soir, la rencontre ne figurait pas à l’agenda que l’Elysée transmet chaque semaine à la presse. L’annonce du « déjeuner de travail » entre les deux présidents n’est apparue que mardi matin. « L’agenda n’était pas encore calé dimanche et cette visite n’avait pas vocation à avoir une sortie médiatique », dit-on dans l’entourage du chef de l’Etat français, réfutant toute volonté de dissimulation.
Pour la France, Denis Sassou-Nguesso est de ces amis utiles en coulisses mais qu’on préfère garder loin des projecteurs. Une incarnation d’un temps ancien qui n’a pas encore disparu. L’homme est arrivé au pouvoir en 1979. Il l’a reconquis par les armes en 1997 et tout porte à croire qu’il n’entend pas passer la main lors de l’élection prévue en 2021. Son principal opposant, le général Jean-Marie Mokoko, croupit en prison depuis 2016, condamné à vingt ans de réclusion pour « atteinte à la sécurité de l’Etat ». Et sa gestion des finances publiques, lorsqu’elle ne fait pas l’objet d’enquêtes de la justice française, comme dans l’affaire dite des biens mal acquis, est régulièrement épinglée par les ONG.
Un accord de 65 millions de dollars
Depuis son élection, Emmanuel Macron s’en était tenu à une poignée d’entrevues lors de réunions internationales et à quelques coups de fil. Le soin d’entretenir la relation bilatérale avec cet acteur de poids sur les dossiers de la Centrafrique ou de la République démocratique du Congo (RDC), également à la tête du Comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye, avait été laissé jusque-là au chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian.
« Ne pas recevoir Sassou n’a pas amélioré les choses à Brazzaville. Le président traite l’Afrique comme elle est : en connectant la France à toutes ses possibilités, comme en utilisant les leviers que nous possédons dans certains pays francophones », plaide une source officielle.
En l’occurrence, plutôt que de conditionner ce premier tête-à-tête à une ouverture démocratique, la présidence française a accepté la rencontre après que le Congo a trouvé un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), le 11 juillet. L’institution a accordé à Brazzaville un plan d’aide de 448,6 millions de dollars (environ 410 millions d’euros) sur trois ans, en contrepartie notamment d’une restructuration de la dette envers la Chine et d’un grand nettoyage des finances de l’Etat.
Sans en faire la publicité, Paris a insisté pour que l’entrevue organisée mardi coïncide avec l’annonce d’un accord de 65 millions de dollars pour la protection des forêts congolaises. Ce projet, en discussion depuis plusieurs mois dans le cadre de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI), aurait dû être officialisé le 23 septembre à New York, en marge de l’assemblée générale des Nations unies. Lancée en 2015, cette initiative qui a pour objectif de financer la protection des forêts des six pays du bassin du Congo rassemble plusieurs bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux. La Norvège est de loin le plus important contributeur.
Mais après le G7 de Biarritz, où Emmanuel Macron s’est posé en avocat de la lutte contre la déforestation, la visite de Denis Sassou-Nguesso est soudain apparue comme l’occasion parfaite de donner corps aux promesses faites aux Africains. « La forêt brûle également en Afrique subsaharienne. Nous sommes en train d’examiner la possibilité d’y lancer une initiative similaire à celle que nous venons d’annoncer pour l’Amazonie », avait tweeté Emmanuel Macron depuis Biarritz, le 26 août. La France, qui exerce la présidence de la CAFI jusqu’à la fin de l’année, a demandé à accélérer l’agenda, pour la plus grande satisfaction du maître de Brazzaville, qui aime à se présenter comme soucieux d’environnement et de développement durable.
Découverte d’hydrocarbures
La forêt couvre 70 % du Congo, soit l’équivalent de la Grèce et du Portugal réunis. « Il s’agit d’un engagement au plus haut niveau qui témoigne de l’importance que le Congo accorde à ses forêts. Après des années d’efforts, cela est enfin reconnu », commente la ministre de l’environnement et du tourisme, Arlette Soudan-Nonault, présente à Paris.
Les 65 millions de dollars promis mardi dans la lettre d’intention signée avec la CAFI doivent permettre de soutenir la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts. Parmi les engagements figure celui de ne pas dépasser 20 000 hectares de défrichement par an, en dehors des zones les plus riches en termes de stockage de carbone et de biodiversité, qui devront être épargnées.
Mais il est surtout inscrit que le pays ne favorisera pas d’activités qui entraîneraient le drainage et l’assèchement des tourbières dont il possède, avec la RDC voisine, les étendues les plus vastes en milieu tropical. S’agit-il d’une garantie de ne pas livrer à l’exploitation pétrolière ces zones marécageuses, gigantesques réservoirs de carbone (30 milliards de tonnes de CO₂, soit l’équivalent de trois années d’émissions mondiales liées aux énergies fossiles) ?
Plusieurs blocs d’exploration ont déjà été attribués dans la région de la Cuvette centrale, où se trouvent ces tourbières. Et l’annonce de la découverte d’hydrocarbures dans l’un d’entre eux (Ngoki 1), le 10 août, par la Société africaine de recherche pétrolière et distribution (SARPD-Oil), a relancé les inquiétudes. « Ngoki 1 n’est pas dans les tourbières, réfute la ministre. Mais il est temps de prendre conscience que l’urgence climatique n’est pas seulement en Amazonie. Les objectifs de l’accord de Paris sur le climat ne seront pas atteints sans le bassin du Congo. Pourtant nos pays n’ont rien reçu, comparés au Brésil ou à l’Indonésie. Pourquoi ? »
La rapidité de la déforestation en Amazonie et en Indonésie explique que les bailleurs de fonds étrangers ont concentré leurs premiers financements sur ces deux bassins tropicaux. Mais la mauvaise gouvernance commune aux pays de la région justifie aussi leur frilosité. En RDC, où la CAFI a signé un premier accord de 200 millions de dollars en 2016, le financement des programmes d’aménagement forestier a dû être suspendu après l’attribution illégale de concessions par le gouvernement. Au Congo, tous les fonds transiteront par des agences de coopération étrangères. L’urgence n’exclut pas le réalisme.
VIDEO
L'AFRIQUE DU SUD FERME SON AMBASSADE AU NIGERIA
Vives tensions entre Pretoria et Lagos après les violences xénophobes en Afrique du Sud
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Sénégal avec la polémique sur son fer de la Falémé, serait-il assez illustratif de cette autre ‘’les Afriques’’, cette ‘’les Afriques’’ de la mondialisation de connivence et des choix politiques pernicieux ? - AFRICAN GLOBAL NEWS
Mon ami mauritanien Adama Wade (Financial Afrik) et son ex-associé marocain Abderrazzak Sitail, à travers la société Séquence Média, avaient vu juste d’appeler leur journal hebdomadaire économique et financier de l’époque (en 2007), ‘’Les Afriques’’. Oui, il y a vraiment des Afriques. Tant du point de vue du contenant (géographie physique) que du contenu (trajectoire des pays et des blocs régionaux).
D’abord, sur le plan de la géographie physique. Oui, il y a lieu de parler des Afriques. L’Afrique au pluriel, est le seul continent au monde qui est coupé en deux parties égales par l'Équateur (la ligne imaginaire et qui n’est pas si imaginaire que cela…). Ce qui fait que cette Afrique au pluriel, a une partie immergée dans l’hémisphère Sud et une partie dans l’hémisphère Nord. Conséquence, cette géographie de l’Afrique au pluriel, au centre du monde, lui confère une symétrie parfaite des climats et des écosystèmes qui en résultent, avec quatre régions climatiques identiques de part et d’autre de l'Équateur : le climat méditerranéen (au Maghreb et en Afrique du Sud), le désert du Sahara (au Nord de l’Equateur) et le désert de Kalahari ( au Sud de l'Équateur), la bande Soudano-sahélienne (au Nord comme au Sud de l’Equateur) et la Zone tropicale humide (au Nord comme au Sud de l’Equateur). Ainsi, l’Afrique au pluriel, peut cultiver toutes les cultures au monde et deux fois par saison, grâce à ses atouts géo-climatiques identiques et complémentaires. Cà, c’est le contenant.
Ensuite, du point de vue caractéristique, cette Afrique au pluriel, qui ne saurait être dans une quelconque course contre la montre encore moins dans une logique de rattrapage de qui que ce soit sinon qu’à elle même, fait sa marche, fait son chemin, à son rythme, à son tempo et à sa cadence. Cette caractéristique de cette Afrique au pluriel, donne à voir que les cinq grands ensembles sur le continent (Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, Afrique du Centre, Afrique de l’Est et Afrique Australe), ont chacun leur propre rythme d’évolution. En Afrique du Nord, trait d’union et zone de tampon entre la méditerranée et l’atlantique, entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-orient, entre le Sahara et le Sahel, seuls le Maroc et la Mauritanie s’en sortent le mieux. L’Afrique de l’Ouest - portées par le trio Nigéria-Ghana et Côte d’Ivoire, et l’Afrique du Centre - portée par le trio Angola-Guinée équatoriale et Cameroun - sont certes plus riches en dotations factorielles (ressources de toutes sortes) mais aussi plus livrées au chaos (terrorisme ; immigration irrégulière ; sous-emploi). Quant à l’Afrique de l’Est sous la houlette de l’Ethiopie et du Kenya et l’Afrique Australe sous le mastodonte l’Afrique du Sud, cette Afrique est plus connectée à la globalisation et plus en avance dans le domaine des innovations technologiques et de la finance.
Enfin, dans le contenu, oui il y a des Afriques. Il y a les Afriques qui osent (comme le Maroc, la Mauritanie, la Guinée équatoriale, le Ghana,....). Il y a les Afriques des repositionnements inédits (comme l’Ile Maurice, le Rwanda, le Botswana, le Cap-Vert,....). Il y a des Afriques des reclassements significatifs (Kenya, Ethiopie, Nigeria, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire). Il y a aussi des Afriques qui pourtant bouillonnent, certes, mais ne semble pas vraiment reprendre leur destin en main.
Ces Afriques qui osent, qui innovent, ces Afriques qui ont repris leur destin en main et qui ont fini de renégocier leur place dans la globalisation, sont aussi traversées par des fractures culturelles, sont aussi dotées d’une classe politique d’inégale qualité, sont aussi balayées par les vents forts de la mondialisation culturelle et des échanges. Mais cela ne les a pas empêchées de réaliser cette Afrique des possibles, longtemps absente des imaginaires collectifs et des récits médiatiques. Parce que ces Afriques qui se transforment, ont accepté la complexité du progrès, se donner les moyens de mieux comprendre leurs faiblesses pour mieux en compenser les effets pernicieux. Avant de faire dans la différence et dans l’altérité.
Par contre, ‘’l’Autre les Afriques’’, les Afriques qui bougent, pourtant, mais ne progressent (véritablement) pas, les Afriques qui pourtant bouillonnent de l’intérieur (les peuples) mais dont les décideurs ont fait fausse route en s’égarant sur les chemins de l’émergence, ces Afriques-là, semblent opter pour devenir et rester des GSM (Gentils Spectateurs de la Mondialisation), en demeurant et en restant de simples enjeux, l’enjeu des autres, au lieu de devenir des acteurs, leur propre acteur. Cette ‘’Autre les Afriques’’ sont toujours dans les logiques de choix politiques simplificatrices qui rassurent, certes, mais génèrent, en définitive, un surplus d'incertitudes et de surprises stratégiques. Les pays subissent leur géographie mais construisent leur histoire, leur propre histoire’’, parce qu'il ne saurait y avoir de fatalité pour l’Afrique, il n y a que de mauvais choix politiques et stratégiques de ces dirigeants dans cette ‘’Autre les Afriques’’ qui se répercutent sur tout.
NB: Le Sénégal, avec la polémique sur son fer de la Falémé, serait-il un pays assez illustratif de cette ‘’Autre les Afriques’’, cette ‘’les Afriques’’ de la mondialisation de connivence’’ et des choix politiques et stratégiques pernicieux ?
Il fallait sans doute s’attendre à ce que l’opposition significative réserve un accueil froid à l’initiative du président Alpha Condé de concertations avec les forces vives du pays
Demba Ndiaye de SenePlus, envoyé spécial à Conakry |
Publication 05/09/2019
Il fallait sans doute s’attendre à ce que l’opposition significative guinéenne réserve un accueil froid à l’initiative du président Alpha Condé de concertations avec les forces vives du pays.
En effet, en parcourant la presse de Conakry de ce matin, on remarque que les Échos politiques sont hautement dubitatives. L’ancien Premier ministre sous Lansana Conté, et ministre conseiller du président Condé pendant un peu plus de deux ans, Sidya Touré, a quasiment opposé une fin de non recevoir à l’initiative du président guinéen.
Pour lui, le président Condé aurait dû dire aux guinéens, ce qu’il a fait « pour les routes, les hôpitaux, l’école..; ». Le chef de fil du deuxième parti de l’opposition guinéenne campe sur la sempiternelle ligne de « troisième mandat ».
Quant au parti du principal opposant, Cellou Dalein Diallo, par la voix de vice-président, Fodé Oussou, « le président Condé n’a pas franchi le rubicond « (sic !), autrement dit, il n’a pas dit ce qu’ils voulaient entendre : pas de référendum » pas « de troisième mandat ». Voilà à quoi est réduit le débat politique, publique en Guinée.
Pris de court par le discours présidentiel, l’opposition réunie au sein du Front National de défense de la Constitution (FNDC) devait tenir une conférence de presse ce jeudi après midi. Une occasion de savoir quel sort sera donné à ces concertations. Même si on ne sait pas encore quelle sera la position des autres acteurs : la société civile et les syndicats.
VIDEO
DES VIOLENCES XÉNOPHOBES FONT SEPT MORTS EN AFRIQUE DU SUD
Des magasins pillés. Des bâtiments brûlés. Des commerçants attaqués. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a dénoncé des violences "totalement inacceptables"
Sept personnes ont été tuées et près de 200 autres arrêtées dans les émeutes xénophobes qui secouent depuis dimanche l'Afrique du Sud. Ces violences sont qualifiées de "totalement inacceptables" par le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Des magasins pillés. Des bâtiments brûlés. Des commerçants attaqués. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a dénoncé des violences "totalement inacceptables" après des émeutes xénophobes.
Depuis dimanche, sept personnes ont été tuées dans la région de Johannesburg, épicentre des violences, a annoncé mardi 3 septembre la police, qui a fait état de 189 arrestations et indiqué avoir déployé des renforts dans les points chauds de la capitale économique.
Mardi encore, la police a tiré des balles en caoutchouc dans le centre de Johannesburg, la principale ville du pays, pour disperser des centaines de personnes, certaines armées de machettes et de haches.
Elle a aussi repoussé des petits groupes dans le township d'Alexandra, qui jouxte le quartier financier de Sandton, pour prévenir de nouveaux pillages de commerces tenus par des étrangers. "Le plus grand nombre" de victimes sont des Sud-Africains, a précisé le ministre de la Police, Bheki Cele.
"Les gars sont arrivés en trombe et ont vandalisé les magasins", a expliqué à un témoin, Gavin Booldchand, à Coronationville, une banlieue pauvre de Johannesburg où deux personnes ont été tuées mardi. "Le propriétaire d'un magasin est sorti et a tiré dans la foule (...). Il a tiré sur un Noir en plein visage", a-t-il ajouté, accusant les étrangers de "prendre" les emplois des Sud-Africains.
Des violences xénophobes récurrentes
La vague de violences et de pillages a débuté dimanche après la mort de trois personnes dans l'incendie encore inexpliqué d'un bâtiment du centre-ville de Johannesburg, avant de se propager à d'autres quartiers de la ville, puis à Pretoria.
Deux corps supplémentaires ont été retrouvés carbonisés mercredi à Johannesburg dans un commerce réduit en cendres.
L'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté. Les violences des derniers jours ont causé une vive inquiétude dans les communautés immigrées de Johannesburg. "Ils ont tout brûlé", a témoigné mardi un commerçant originaire de Bangladesh, Kamrul Hasan, devant son commerce incendié du township d'Alexandra.
"Je veux que cela cesse immédiatement".
Jusque-là silencieux, le président Cyril Ramaphosa a pris la parole mardi après-midi pour "condamner dans les termes les plus forts" ces violences xénophobes. "Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables", a-t-il insisté dans une vidéo postée sur Twitter, "je veux que cela cesse immédiatement".
par l'éditorilaiste de seneplus, demba ndiaye
CONDÉ LANCE DES CONSULTATIONS TOUS AZIMUTS
EXCLUSIF SENEPLUS - Pouvoir et opposition sont désormais sous les radars de la communauté internationale - Le président guinéen devra user de doigté, d’ouverture pour convaincre une opposition radicalisée, soupçonneuse
Demba Ndiaye de SenePlus, envoyé spécial à Conakry |
Publication 05/09/2019
Le chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé a pris la décision d’organiser de larges concertations (pas de dialogue national à la sénégalaise, précise-t-on) avec les institutions républicaines, les partis politiques, les syndicats et la société civile, sur l’avenir institutionnel, constitutionnel du pays. Dans un discours à la Nation d’une quinzaine de minutes, mercredi soir, le chef de l’État guinéen a martelé que « personne n’a le droit de se substituer au peuple et parler en son nom ». Et d’ajouter que dans une « démocratie tout se discute » et qu’en « faisant l’effort de se parler, tout devient possible ».
Dans un pays ou l’opposition doute de tout, notamment de la sincérité du pouvoir, le Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, à qui est confié la lourde tâche de discuter et de recueillir les avis des forces vives du pays quant à l’avenir constitutionnel de la Guinée, n’aura pas la tache facile. En effet, depuis plus d’un an, le débat politique en Guinée s’est réduit à des supputations sur la volonté du chef de l’Etat de chercher à s’accorder un troisième mandat. Des lors, la réforme constitutionnelle (référendum) ne serait qu’un prétexte pour le chef de l’Etat de « s’octroyer un troisième mandat ».
Personne ne semble accorder une « présomption de bonne foi », encore moins ne discute de l’opportunité ou nom d’un référendum constitutionnel, de son contenu. « Troisième mandat » est devenu le mot le plus «usité par l’opposition, et crispe dangereusement la vie politique guinéenne. Personne (à part les autorités) ne semble s’intéresser aux fortes pluies qui s’abattent quotidiennement sur le pays avec ses cortèges de dégâts, encore moins à la difficile situation sociale que vivent les populations, les jeunes notamment. C’est sans doute, ce qui explique l’appel pressent lancé aux jeunes par le président Condé.
Il reste aussi à savoir si l’annonce des législatives d’ici la fin de l’année, va décanter un peu une situation politique crispée. Il est demandé au gouvernement d’aider la CENI à bien se préparer, en lui donnant les moyens nécessaires. Même si la répartition des postes entre forces politiques en ce qui concerne ses démembrements connaît des couacs dus au fait que certains partis de l’opposition accusent d’autres (UFGD de Cellou Dalein Diallo) de vouloir s’accaparer de tous les postes. Mais ces querelles d’épiciers ne devraient pas influer sur les concertations annoncées.
Oui, pouvoir et opposition sont désormais sous les radars de la communauté internationale. De l’issue de ces concertations, dépendra pour une large part, l’avenir politique de ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Et le président Condé devra user de doigté, d’ouverture pour convaincre une opposition radicalisée, soupçonneuse.
Le communiqué du Conseil des ministres de ce mercredi a fait l’impasse sur la situation en Afrique du Sud - le fait qu’il n’y ait pas (encore) eu de morts sénégalais dans ces pogroms de Johannesburg ou de Pretoria, peut-il justifier certains silences ?
Pendant 3 jours, des images ont circulé sur les écrans de télévision et les réseaux sociaux, sur l’explosion de sauvagerie qui a embrasé les hordes des sauvages sudafricains, qui n’ont pas hésité à s’en prendre de la manière la plus horrible à des ressortissants africains et à leurs commerces.
Ce n’est pas la première fois que les Noirs d’Afrique du Sud montrent la face hideuse de la Nation arc-en-ciel en s’en prenant à des Africains résidant en Afrique du Sud, souvent à peine moins pauvres que ceux qui leur appliquent le supplice du pneu enflammé autour du cou, ou qui les lapident en riant. S’ils réprouvent ces pratiques, peu nombreux sont les politiciens sud-africains qui les condamnent de manière claire et sans équivoque.
A part le leader du second parti d’opposition, les Economic Freedom Fighters (Eff), Julius Malema, ancien transfuge de l’Anc au pouvoir, le prisme sud-africain est resté muet sur cette question depuis des années. Il faut sans doute croire que les politiciens locaux trouvent chez les Africains habitant en Afrique du Sud, le bon prétexte et la meilleure excuse pour calmer la colère de leur population autochtone. Les héritiers de Nelson Mandela ont dilapidé le capital de crédit et de sympathie légué par les pères fondateurs de la Nation arc-en-ciel, et une bonne majorité d’entre eux se sont embourgeoisés en reproduisant un nouvel Apartheid dans leur pays, cette fois fondé sur la richesse.
Plus de 20 ans depuis la fin du pouvoir blanc, la situation de la majorité noire n’a pas connu une grande amélioration, ce qui n’a pas contribué à accroître leur popularité. Dans ces conditions, de temps en temps, une éruption de violence contre des Zimbabwéens, des Mozambicains, Malawites, Nigérians, Con go lais ou Somaliens, qui gagnent leur vie à la sueur de leur front, est quelque peu salutaire pour la classe au pouvoir, qui peut juger cette situation comme un bon exutoire à la colère de sa base.
Il est symptomatique que le gouvernement sud-africain a longtemps persisté à nier le caractère xénophobe et raciste de ces pogroms, préférant y voir juste des actes de «brigandage». Il a fallu que le chef de l’Etat nigérian, Muhammadu Buhari, joigne par téléphone son homologue Cyril Ramaphosa, pour que ce dernier hausse un peu le ton et se plaigne de la situation. Il n’avait de toutes les façons, plus tellement le choix.
Quand des dirigeants comme le Congolais Tshisekedi, le Rwandais Kagame ou le Malawite Mutarika décident de boycotter le Forum économique de Capetown en invoquant le massacre des populations africaines, on peut difficilement rester inerte. Car la tâche est grande sur le pays. Depuis Thabo Mbeki, les dirigeants d’Afrique du Sud se sont toujours senti une certaine légitimité à parler de la «Renaissance africaine», dont ils se voyaient comme le pays porte-étendard. Les comportements de leur population noire ont toujours démenti leurs proclamations.
Ce qui pousse plusieurs Africains à se demander si cela valait vraiment la peine de se sacrifier pour combattre le régime d’Apartheid des Botha, Vorster et autres Verwoerd, pour se retrouver avec des Noirs qui tuent des Noirs, parce que ces derniers sont venus chercher la part de richesse qu’ils contribuent à créer par leur travail. Mais, en tant que Sénégalais, ce qui est le plus choquant, c’est de noter le silence qui a saisi le pays officiel face à ce scandale. On ne pouvait s’empêcher de le noter.
Le communiqué du Conseil des ministres de ce mercredi a fait l’impasse sur la situation en Afrique du Sud. On a connu nos ministres plus prompts à réagir quand un dealer sénégalais perdait la vie à Milan ou à Seville, ou quand des Sénégalais étaient brutalisés à Tanger. Le fait qu’il n’y ait pas (encore) eu de morts sénégalais dans ces pogroms de Johannesburg ou de Pretoria, peut-il justifier certains silences ?
On sait que notre président aime beaucoup l’Afrique du Sud, où il n’hésite pas à se rendre chaque fois que l’occasion lui est offerte. Cela expliquerait-il ce qui ressemble fort à un embarras diplomatique ?
On nous a appris depuis longtemps que l’ami sincère, celui à qui l’on peut se fier, est celui qui nous dit la vérité en toutes circonstances. Si Macky aime vraiment les Sud-Africains, il ne devrait pas laisser à d’autres le soin de leur dire leurs vérités.
"LES BLANCS PENSENT ÊTRE SUPÉRIEURS"
«Les Noirs ne traiteront jamais les Blancs de cette façon, et pour n'importe quelle raison». Lilian Thuram, champion du monde 98, est revenu sur les cris de singe contre Romelu Lukaku, dénonçant l’absence de volonté pour résoudre le problème en Italie
Le weekend dernier, à Cagliari (Italie), des cris racistes descendaient des tribunes à destination de Romelu Lukaku, l’attaquant belge de l’Inter Milan. Dans une interview publiée mercredi par le Corriere dello Sport, Lilian Thuram a donné son point de vue pour lutter contre ces comportements et a notamment invité à s’inspirer de la France.
«Il y a une hypocrisie incroyable et il manque la volonté de résoudre le problème», a constaté le champion du monde 1998. Pour l’ancien défenseur, «ne rien faire équivaut à être d’accord avec ceux qui poussent des cris racistes. Si quelque chose vous dérange, vous faites tout pour la changer».
Lilian Thuram a émis l’idée pour le football transalpin de s’inspirer de la France où «on interrompt les matches en cas de comportement contre l’homosexualité dans les tribunes : suspendre la rencontre et renvoyer les joueurs aux vestiaire, cela veut dire éduquer les gens».
Passé par Parme ou encore la Juventus de Turin, Lilian Thuram a avancé que le problème des cris racistes n’était pas seulement lié au football. «Il faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas raciste mais qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française, européenne et plus généralement dans la culture blanche. Il est nécessaire d’avoir le courage de dire que les blancs pensent être supérieurs et qu’ils croient l’être. De toutes les manières, ce sont eux qui doivent trouver une solution à leur problème. Les noirs ne traiteront jamais les blancs de cette façon, et pour n’importe quelle raison. L’histoire le dit», a conclu le champion du monde.
4 ANS DE MYSTÈRE
Que reste-t-il du crash de Sénégal Air, qui avait 7 morts en 2015 ? 4 ans après, c’est le statu quo : aucun corps n’a été retrouvé et pas de trace de l’avion englouti dans les profondeurs de l’Atlantique.
Que reste-t-il du crash de Sénégal Air, qui avait 7 morts en 2015 ? Juste un épais mystère que le Bea et la justice n’ont jamais réussi à percer. 4 ans après, c’est le statu quo : aucun corps n’a été retrouvé et pas de trace de l’avion englouti dans les profondeurs de l’Atlantique.
Ça fait 4 ans déjà. Aujourd’hui, les familles des victimes du crash de Sénégal Air vont se retrouver entre elles sans jamais pouvoir faire le deuil de leurs enfants. Ils n’ont pas de sépulture parce qu’ils n’ont jamais été retrouvés, 4 ans après cette tragédie. C’était le 5 septembre 2014 : un avion d’évacuation médicale transportant sept personnes s’est abîmé au large de Dakar.
C’était un samedi. L’appareil avait à bord trois membres d’équipage, de nationalité algérienne et congolaise, deux infirmiers et un médecin, une patiente française. Le drame s’est joué à 10 000 mètres d’altitude au-dessus de la ville de Tambacounda. L’appareil d’évacuation médicale, affrété par Sos Médecins Dakar, effectuait une liaison entre le Burkina Faso et Dakar pour une urgence médicale. Ce jour-là, il a frôlé un appareil de ligne équato-guinéen Ceiba, qui devait rallier Cotonou, mais a préféré continuer vers Malabo, après avoir tenté en vain d’entrer en liaison avec l’appareil sénégalais.
Selon les résultats de l’enquête, le choc avait provoqué une avarie et une subite dépressurisation de l’appareil. A cause de cet incident, les sept personnes qui étaient à bord se sont évanouies et l‘avion, en pilotage automatique, a poursuivi sa route en direction de Dakar. Il s’est abîmé en mer, après avoir épuisé ses réserves de kérosène. Plus tard, les résultats de l’enquête menée par le Bureau d’enquête et d’analyse (Bea) ont révélé que pendant l’abordage, l’avion Hs 125, qui effectuait un vol d’évacuation sanitaire de Ouagadougou (Burkina Faso) n’avait pas respecté son niveau de vol (FL-340) lors du croisement avec le Boeing 737-800, un appareil de la compagnie équatoguinéenne Ceiba.
Selon le Bea, l’avion de Sénégal Air n’était pas en couverture radar pendant l’accident, ce qui fait qu’il s’est retrouvé sur le niveau de vol du boeing 737-800. Selon le directeur de la structure, l’appareil n’avait pas été retrouvé parce qu’il s’était abîmé à plus de 90 km de nos côtes.
par Jean Pierre Corréa
MANDELA PLEURE…
Ce qui se déroule actuellement à Johannesburg ou à Durban est indigne de l’héritage de Mandela. Si les nigérians, Zimbabwéens, sénégalais, congolais, se mettaient à immoler les sud-africains qui sont dans leurs pays, quel spectacle donnerait-on au monde ?
Alors que Nelson Mandela donnait au monde entier des leçons de démocratie, de résilience, de dépassement et décidait de construire «La Nation Arc- en ciel », beaucoup d’africains se mirent à rêver d’une nouvelle terre promise, désespérés qu’ils étaient souvent des politiques de leurs propres pays. Ils étaient fiers de ces « africains » qui avaient arraché leur liberté au prix de tant de souffrances et de morts. Et puis cette libération était aussi un peu la leur, croyaient-ils naïvement.
Le Sénégal avait été le premier pays au monde, sous Senghor à reconnaître L’ANC et à lui permettre d’ouvrir un bureau à Dakar, distribuant à tous les exilés sud africains, souvent artistes, comme Dollar Brand ou Myriam Makéba, des passeports sénégalais. Ce qui se déroule actuellement à Johannesburg ou à Durban est indigne de l’héritage de Nelson Mandela. Mais ses successeurs souvent juste préoccupés à s’enrichir, n’ont pas voulu voir ce feu qui couvait. Isolés du temps de l'apartheid, les Noirs sud-africains n'ont pas été préparés à l'arrivée de nombreux immigrés du reste du continent après 1994, notamment à l'afflux de Zimbabwéens chassés par la crise dans leur pays depuis 2000. Ils seraient aujourd'hui 3 millions. Même si seulement 2 à 3%des criminels arrêtés par la police sont des étrangers, les Sud-Africains les rendent responsables de la forte criminalité. Même si l'apport de cette main d'œuvre étrangère, souvent plus qualifiée et dynamique que les locaux, est positif pour l'économie sud-africaine, les pauvres les accusent d'être responsables du taux de chômage de 40 %.
Le gouvernement a toujours minimisé les appels d’air créés par les crises notamment au Zimbabwe, ou par l’appel du business entendu par les nigérians, où simplement la liberté tranquille des sénégalais d’aller poser leur sens du négoce partout dans le monde. Le gouvernement sud africain minimise à présent le problème de la xénophobie. Et si les nigérians, Zimbabwéens, sénégalais, congolais, se mettaient à immoler les sud-africains qui sont dans leurs pays, quel spectacle donnerait-on au monde, spectacle qui c’est sûr, arrachera des larmes à Nelson Mandela, dont Achille Mbembé se réclame quand il écrit d’une plume désespérée « qu’aucun Africain n’est un étranger en Afrique ! Aucun Africain n’est un immigré en Afrique ! Nous avons tous notre place en Afrique, et peu importent nos aberrantes frontières nationales. Et aucun national-chauvinisme, aussi effréné soit-il, n’y pourra rien. Et toutes les expulsions, aussi nombreuses soient-elles, n’y pourront rien. Au lieu de répandre du sang noir dans les rues de Jo’Burg, nous devrions tous nous atteler à la reconstruction de ce continent, et faire sortir l’Afrique de sa longue histoire douloureuse – pour en finir avec cette histoire qui depuis trop longtemps voudrait, quelle que soit l’époque, quel que soit l’endroit, qu’on ait tort d’être noir ». Devrons-nous continuer avec cette furieuse bêtise qui nous colle aux basques, à verser des larmes de sang sur cette terre déjà tellement balafrée par nos propres turpitudes et nos assourdissantes lâchetés ? Le monde nous regarde goguenard…