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30 avril 2025
International
LES SOLDATS VENUS D'AFRIQUE EN PREMIÈRE LIGNE DU DÉBARQUEMENT EN PROVINCE
Tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, pieds-noirs, marsouins du Pacifique et des Antilles : les bataillons venus d'Afrique et de l'empire colonial ont joué un rôle crucial lors du débarquement en Provence en août 1944
C'est un tournant de la Seconde Guerre mondiale en France que le président Emmanuel Macron célèbre ce jeudi 15 août à la nécropole de Boulouris, près de Saint-Raphaël, dans le Var, où reposent 464 combattants de l'armée B française. Devenue ensuite la 1re armée de l'Hexagone. À ses côtés, des vétérans, l'ancien président Nicolas Sarkozy mais aussi les présidents ivoirien Alassane Ouattaraet guinéen Alpha Condé. Ils rendront hommage aux 450 000 soldats qui participèrent au débarquement allié en Provence du 15 août 1944. L'opération a été menée par les forces américaines et françaises sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, parties d'Afrique du Nord, de Corse et d'Italie du Sud. Traditionnellement, la commémoration du débarquement en Provence est l'occasion de saluer la contribution des soldats des anciennes colonies françaises à la Libération. « Jeunes de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie, fils de l'Afrique occidentale ou de l'Afrique équatoriale, de Madagascar ou de l'Océan indien, de l'Asie, de l'Amérique ou des territoires du Pacifique, tous se sont magnifiquement illustrés dans les combats de notre Libération. Ils paieront un très lourd tribut à la victoire », avait déclaré le président Jacques Chirac lors du 60e anniversaire du débarquement en 2004 à Toulon.
Le rôle déterminant des corps militaires africains
En effet, l'armée française, éclatée après la débâcle de 1940, se reconstitue sur le continent africain dans les mois qui suivent le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (Maroc et Algérie) de novembre 1942. Les Forces françaises libres (FFL), qui comptent dans leur rang un fort pourcentage de coloniaux, essentiellement d'Afrique noire, fusionnent avec l'armée d'Afrique (en Algérie, en Tunisie et au Maroc) restée jusque là fidèle à Vichy. S'y ajoutent des évadés de France.
Dirigée par le général de Lattre de Tassigny sous le nom d'armée B (avant de devenir la 1re armée), elle est composée de cinq divisions d'infanterie et deux divisions blindées, équipées par les Américains à partir de printemps 1943. C'est « une armée profondément originale comme la France n'en a jamais connue, une armée qui compte moitié d'Européens et moitié de musulmans et de coloniaux », écrit Philippe Masson dans son Histoire de l'armée française de 1914 à nos jours. Fin 1944, elle compte près de 600 000 hommes, dont deux tiers venus d'Afrique du Nord, parmi lesquels 176 000 « Européens » et 233 000 « musulmans », selon la dénomination de l'époque.
Après que certaines de ses unités se sont illustrées pendant la campagne d'Italie, l'armée B joue un rôle essentiel lors du débarquement en Provence. Alors que seuls quelques hommes du commando Kieffer étaient engagés aux côtés des troupes américaines, britanniques et canadiennes lors du débarquement en Normandie du 6 juin 1944, elle est la première à participer, sous les couleurs françaises, à une opération d'envergure menée par les Alliés.
Le 15 août, peu après minuit, les premiers soldats français des commandos d'Afrique escaladent la falaise du cap Nègre, tandis que le groupe naval d'assaut français est décimé à la pointe de l'Esquillon (ouest de Cannes), minée. Le lendemain, l'armée B débarque à Cavalaire. « Sur les navires, éclate la Marseillaise la plus poignante qu'on ait jamais entendue », écrira de Lattre.
Une véritable armée française reconstituée pour libérer son sol
La majorité des plus de 250 000 hommes qui participent à la libération de la Provence sous les couleurs de la France foulent la terre de la métropole pour la première fois. Avec plusieurs jours d'avance sur le calendrier prévu, ils libèrent Toulon, le 27 août, et Marseille le lendemain, avant de remonter la vallée du Rhône et de faire la jonction avec la 2e Division blindée venue de Normandie, le 12 septembre en Bourgogne. « Sans son empire, la France ne serait qu'un pays libéré. Grâce à son empire, la France est un pays vainqueur », lance le député de Guyane Gaston Monnerville au lendemain de la victoire contre l'Allemagne.
Les troupes coloniales de l'Empire français ont payé un lourd tribut : de 1940 à 1945, 55 000 soldats tunisiens, marocains, algériens et africains de l'Afrique occidentale française (AOF) et de l'Afrique équatoriale française (AEF) sont morts.
Une histoire longtemps occultée
Leur histoire a pourtant longtemps été occultée, les troupes africaines ayant été retirées du terrain dès l'hiver 1944-45 et ces soldats « indigènes » moins bien traités que leurs frères d'armes.
Au début du mois d'août 2019, un collectif de 22 personnalités, dont l'historien Pascal Blanchar, l'ancien footballeur Lilian Thuram, Rachid Bouchareb ou Alain Mabanckou, s'est inquiété dans une tribune publiée dans Le Monde du peu d'intérêt montré par les autorités françaises envers ce 75e anniversaire. Pour les historiens, deux explications sont avancées. Premièrement, il y a la concurrence du Jour-J, le débarquement de Normandie le 6 juin 1944 avec le soft power américain, et toute la communication qui l'accompagne. Une propagande qu'il faut replacer dans le contexte américain de la ségrégation raciale. Et deuxièmement, certains avancent l'idée d'une volonté du général de Gaulle de montrer une France résistante et métropolitaine. L'idée du blanchiment des troupes s'est accentuée sous l'influence américaine qui refusait qu'on montre alors des hommes de couleur au combat.
En 1959 au moment de la décolonisation, un décret gèle le montant des pensions des ressortissants des anciennes colonies ayant servi dans l'administration ou l'armée française. En 2002, le gouvernement français débloque partiellement la revalorisation de la pension de ces soldats « oubliés ». Mais celle-ci, calculée en fonction du niveau de vie du pays de résidence, reste inférieure à celle des combattants français. Il faudra encore huit ans pour que le président Nicolas Sarkozy annonce l'alignement des pensions de tous les anciens combattants, quels que soient leur nationalité et leur lieu de résidence. Lors du 50e anniversaire, 18 pays africains avaient été représentés et pour le 60e, une quinzaine de chefs d'État d'Afrique et du Maghreb étaient présents.
De l'autre côté, à partir des années 2000, les Africains commencent à se réapproprier cette histoire et surtout à voir ces tirailleurs différemment de leurs aînés qui ont pu les considérer, aux indépendances, comme des collaborateurs de l'État colonial. Le Sénégal a notamment mis en avant cet héritage militaire. Au musée des Forces armées à Dakar, plusieurs sections leur sont consacrées. L'ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), dont le père était tirailleur, a initié en 2004 une « Journée du tirailleur ».
« C'est une façon pour le président de revenir sur les liens majeurs qui existent entre la France et le continent africain », explique-t-on dans l'entourage du chef de l'État, Emmanuel Macron. Outre le traditionnel honneur au drapeau, la cérémonie prévoit la lecture d'un texte par l'écrivain franco-sénégalais David Diop et d'un témoignage de vétéran par une lycéenne. À l'automne dernier, pour les cérémonies de la fin de la Première Guerre mondiale, Emmanuel Macron et son homologue malien Ibrahim Boubakar Keïta avaient, eux aussi, rendu hommage aux quelque 200 000 Africains qui avaient combattu dans l'armée française durant la Première Guerre mondiale.
PAR YORO DIA
SHAKESPEARE CONTRE CONFUCIUS
Hong Kong apparaît de plus en plus comme le talon d’Achille de la Chine. Les habitants de Hong Kong sont devenus si british que le dragon chinois qui les a légalement dévorés aura du mal à les digérer politiquement et socialement
Hong Kong apparaît de plus en plus comme le talon d’Achille de la Chine. Les habitants de Hong Kong sont devenus si british que le dragon chinois qui les a légalement dévorés aura du mal à les digérer politiquement et socialement. En 99 ans de présence, la Grande Bretagne a transformé les anciens Chinois de Hong Kong en bons sujets de sa Majesté. Un bon sujet de sa Majesté a toujours en bandoulière la Magna Carta, et par conséquent le réflexe de la liberté qui est l’antithèse du modèle chinois.
La problématique de Hong Kong est une menace beaucoup plus grave que la révolte estudiantine de Tian An Men. Le cas de Hong Kong peut s’avérer aussi plus grave que le conflit avec Taïwan. Contrairement à ce que pense le gouvernement chinois, les manifestants ne sont ni manipulés par Londres, encore moins par Washington. Ce sont de jeunes imbus de culture britannique qui, spontanément, se révoltent contre le spectre de Cromwell que représente pour eux la Chine. Hong Kong est sans doute le meilleur cas d’une coloni- sation et d’une politique d’assimilation réussie, car même s’ils ont encore les yeux bridés, les Hongkongaispensent et agissent non pas comme des British, mais en british. Ils sont tellement british qu’ils ont fait de Hong Kong un des piliers du libéralisme et de la finance. Ils se sentent plus proches de William Shakespeare que de Confucius, plus proches de Churchill que de Mao Zedong. C’est un véritable dilemme pour la Chine. Si Hong Kong reste un îlot de liberté politique, il peut donner des idées aux autres Chinois du continent qui peuvent se dire, pourquoi pas nous. Et la répression brutale est peu probable, car Hong Kong n’est pas Tian An Men.
Le révolte des Hongkongais, 20 ans après celle des étudiants à Tian An Men, montre que la Chine s’est enfermée dans la procrastination politique en refusant d’affronter la question politique, à savoir jusqu’à quand le pays peut continuer à s’enrichir, à s’ouvrir au monde tout en refusant à ses citoyens les libertés politiques les plus élémentaires. La Chine devra fatalement un jour trouver une réponse à cette équation. La Chine de Xi n’est pas celle de Deng Xiaoping, encore moins celle de Mao. La Chine de Mao était un pays fermé, celle de Deng un pays semi-fermé, mais celle de Xi est condamnée à l’ouverture grâce à l’internet.Les dirigeants chinois ont toujours sacrifié les libertés politiques à l’autel de la croissance. Et les Chinois avaient toujours accepté cette alternative, mais Hong Kong est un contre-exemple dangereux parce qu’il montre qu’on peut très bien avoir les libertés et la croissance et que les deux ne s’opposent pas. C’est pourquoi Hong Kong est le véritable talon d’Achille du géant chinois. Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera, c’est le titre d’un célèbre livre de Alain Peyrefitte, reprenant Napoléon Bonaparte. La Chine s’est éveillée politiquement et économiquement dans la années 60 et 70 et le monde ne finit pas de trembler. Avec le virus de la liberté qui, parti de Hong Kong, risque de contaminer la Chine continentale, ce sont les Chinois qui vont s’éveiller et c’est la Chine qui va trem- bler. C’est une question existentielle pour les dirigeants chinois.
Quand Henry Kissinger, dans sa politique des «petits pas» vers la Chine, a voulu aborder le cas de Taïwan, il se verra dire par Mao, «ce n’est pas urgent, nous verrons dans 100 ans». En 99 ans, la Grande Bretagne a transformé des Chinois de Hong Kong en Britanniques, malgré leurs yeux bridés. L’histoire des 100 prochaines années de la Chine se joue aujourd’hui à Hong Kong.
"L'AFRIQUE, LABORATOIRE VIVANT OÙ S'ESQUISSENT LES FIGURES DU MONDE À VENIR"
Pour le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe, c’est sur le continent africain que se poseront avec le plus d’urgence les questions du devenir de la planète
Le Monde Afrique |
Séverine Kodjo-Grandvaux |
Publication 13/08/2019
Un jour à Johannesburg, où il enseigne à l’université du Witwatersrand, le lendemain à New York pour un séminaire avec les philosophes Etienne Balibar et Nancy Fraser, avant d’engager, deux jours plus tard, une tournée européenne… A 61 ans, Achille Mbembe est l’une des figures intellectuelles africaines les plus reconnues. Ce grand lecteur de Frantz Fanon prédit un « devenir nègre du monde » (Critique de la raison nègre, La Découverte, 2013) : selon lui, le processus qui, lors de la traite négrière transatlantique, a fait des Africains des « Nègres« , c’est-à-dire des objets meubles, des corps jetables, touche désormais toute l’humanité. L’Afrique a été, et reste, le laboratoire d’une mondialisation sans merci. Mais, elle peut être, gage-t-il, le lieu où une « Afrique-monde », créole, « afropolitaine », s’invente et où s’expérimente une nouvelle manière d’habiter la Terre, respectueuse du vivant. La planétarisation de l’Afrique – qui représentera plus d’un quart de la population mondiale d’ici à 2050 – ne saurait se développer sans une africanisation du monde, rappelle ce spécialiste de la postcolonie. Les crispations identitaires qui gagnent notamment l’Europe, les Etats-Unis ou encore le Brésil s’accompagnent d’une révolution numérique au service d’une rationalité sécuritaire. Face à cette dérive, l’Afrique est un laboratoire d’une nouvelle humanité, ouvert à la pluralité des mondes.
Que peut vouloir dire, au XXIe siècle, penser à partir de l’Afrique ?
Achille Mbembe : Une partie importante de l’avenir de la planète va se jouer en Afrique. Celle-ci n’est pas seulement un énorme chantier, l’épicentre de transformations rapides, brusques et d’une ampleur inédite. Elle est le laboratoire vivant où s’esquissent d’ores et déjà les figures multiples du monde à venir. Pour ceux et celles d’entre nous qui vivons et travaillons ici, ce tournant planétaire de la condition africaine et la tendance à l’africanisation de la condition planétaire constitueront l’événement philosophique, culturel et artistique majeur du XXIe siècle. C’est en effet ici que les grandes questions du siècle, celles qui interrogent de la façon la plus radicale la race humaine, se poseront avec le plus d’urgence et le plus d’acuité, qu’il s’agisse du repeuplement en cours de la planète, des grands mouvements de population et de l’impératif de la défrontiérisation, du futur de la vie et de la raison, ou encore de la nécessaire décarbonisation de l’économie, voire du vivant. Toute pensée-monde au XXIe siècle sera obligée de se confronter au signe africain.
Le débat sur la restitution des œuvres d’art a mis en lumière les vols organisés en Afrique par les Etats colonisateurs. Quelle leçon en tirer ?
La sagesse veut que nous apprenions à vivre avec la perte. Ce qui nous a été pris est sans prix et ne pourra jamais nous être restitué. Le dire, ce n’est pas céder au défaitisme. Peut-être que l’un des enjeux de ce débat est, en effet, de savoir comment sortir du carcan d’une histoire de la défaite et apprendre, de nouveau, à gagner. Savoir comment créer les conditions pour qu’en retour les spoliateurs d’hier apprennent à dire la vérité au sujet des gains frauduleux dont ils sont aujourd’hui les bénéficiaires. Cette dette de vérité est la dette la plus urgente dont l’Occident doit s’acquitter envers l’humanité et pas seulement à l’Afrique. Elle est le fondement sans lequel il n’y aura ni restitution véritable ni réparation qui vaillent la peine. Ce débat est aussi l’occasion de voir qu’un nouveau cycle de la critique et de la réinvention de l’institution muséale est en cours. Pour ceux et celles qui ont perdu le gros de leur création, le point de départ de la réflexion devrait peut-être être non pas le musée, mais ce qu’il nous faut bien appeler l’antimusée.
L’antimusée ?
Oui, il faut peut-être laisser le musée à lui-même en tant que figure d’un passé dont il serait comme la butte témoin. L’antimusée serait une sorte de grenier du futur dont la fonction serait d’accueillir ce qui n’est pas encore là. Anticiper une présence potentielle, mais non encore avérée, et qui n’a pas encore revêtu une forme stable, devrait peut-être être le point de départ de la réflexion. Il faudrait partir non pas de l’absence mais de la présence anticipante. L’urgence est de sortir du musée parce que ce qui a été soutiré sera toujours en excès des institutions qui cherchent à le contenir et à le borner. Le musée étant l’institution de la frontière, l’urgence est à mon avis de défrontiériser, de tout remettre en circulation, les humains et les objets simultanément. De faire sortir les objets de la captivité en les rendant à la vie, laquelle est indissociable du mouvement, de la capacité de circulation.
« Apprendre de nouveau à gagner », dites-vous, mais par quels moyens ?
En reconstruisant patiemment les capacités d’inventer un futur. Car ce que nous avons perdu nous force à générer et à nourrir les gisements du futur. Voilà pourquoi à peu près tout, chez nous, tend à être temporaire et provisoire. L’instant tend à dominer le temps. L’essentiel de nos efforts est gaspillé dans des stratégies d’adaptation et de survie. Apprendre à gagner de nouveau suppose que nous retrouvions un désir sain de puissance, que nous apprenions de nouveau à produire la durée, à prendre au sérieux la question de la permanence et du changement.
Les œuvres d’art africaines n’étaient pas seulement des objets, mais des puissances actives, médiatrices des différents ordres de réalité, liant esprit, matière et vivant.
Comment s’exprime-t-ils aujourd’hui ?
Faits de matière, les objets africains sont en réalité un appel strident au dépassement de la matière. Ils sont un discours sur l’au-delà de l’objet. Une critique sans concession de la civilisation hypermatérielle dans laquelle nous baignons gagnerait à s’inspirer de cette histoire et de cette épistémologie.
« Il faut craindre le néovitalisme qui repose sur l’idée selon laquelle la vie survivra à toutes sortes de situations extrêmes, voire catastrophiques. Et qu’on peut donc la détruire autant qu’on veut, car elle survivra toujours »
Le XXIe siècle s’ouvre en effet sur un retour spectaculaire de l’animisme – différent de celui du XIXe siècle – qui s’exprime non sur le modèle du culte des ancêtres, mais du culte de soi et de nos multiples doubles que sont les objets. Il n’y a plus d’une part l’humanité et de l’autre un système des objets par rapport auquel les humains se situeraient comme en surplomb. Nous sommes désormais traversés de part en part par les objets, travaillés par eux. Il y a un devenir-objet de l’humanité qui est le pendant du devenir-humain des objets, qui agissent avec nous, nous font agir et, surtout, nous animent. La redécouverte de ce pouvoir d’animation et de cette fonction prosthétique, ce sont surtout les technologies digitales qui la rendent possible. Du coup, le nouvel animisme se confond avec la raison électronique et algorithmique qui en est aussi bien le médium que l’enveloppe, voire le moteur.
Ce nouvel animisme est-il une solution aux crises que nous traversons ou une impasse ?
Sur le plan politique, ce nouvel animisme est un nœud de paradoxes. En son noyau le plus profond se trouvent des virtualités d’affranchissement. Il annonce peut-être la fin des dichotomies. Mais il pourrait également servir de vecteur privilégié au néovitalisme qui nourrit le néolibéralisme. La critique du nouvel esprit animiste est absolument nécessaire afin de contribuer à la décarbonisation du vivant. Là réside la force singulière de l’objet africain dans le monde contemporain.
Faut-il craindre ce néovitalisme ?
Oui, car il repose sur l’idée selon laquelle la vie se suffit à elle-même, qu’elle est inépuisable, qu’elle survivra à toutes sortes de situations extrêmes, voire catastrophiques. On peut donc la détruire autant qu’on veut, elle survivra toujours sous une forme ou une autre. Ce néovitalisme est porté par une idéologie d’absence de limites. Il est susceptible d’ouvrir la voie à des possibilités inouïes de destruction.
Les diverses philosophies africaines peuvent-elles offrir des voies de résistance ?
Il s’agit de systèmes de pensée qui accordent une place centrale aux processus de coconstitution, de cocomposition, à l’idée d’un « monde avec », constitutivement multiple et radicalement ouvert, y compris à la contingence et à l’indétermination. On ne saurait mieux définir la liberté. Contrairement à ce que d’aucuns ont pensé, il ne s’agit absolument pas d’un monde cyclique. Il s’agit d’un monde qui fait place à la possibilité d’un recommencement permanent, qui n’a pas peur du provisoire et du temporaire, dans lequel l’acte de réparer constitue le moteur de la vie et de l’existence en commun. Cette affaire de l’en-commun et de la réparation me paraît être au cœur du projet de décarbonisation du vivant.
La rationalité technologique et numérique sert aujourd’hui au processus de frontiérisation et semble renouveler la séparation coloniale entre une zone de l’être et une zone du non-être.
Il y a en effet une traque des corps en cours à l’échelle planétaire. Elle vise en priorité les corps d’abjection, c’est-à-dire des corps racisés dont on estime qu’ils ont pénétré par effraction dans des lieux et des espaces où ils ne devraient pas se trouver. Ce sont des corps refoulables et déportables. Dans le même temps, on voit resurgir à peu près partout des pratiques de triage et de sélection par le biais des technologies de sécurité. Ce désir d’expurgation est symptomatique des tensions qui accompagnent notre passage à un nouveau système technique plus automatisé, plus réticulaire et en même temps plus abstrait. Mais c’est aussi à la naissance d’une forme inédite du sujet humain que l’escalade technologique en cours donne lieu. Pour contrer la sorte de répartition coloniale du monde en cours, il faut restituer à tous les habitants de la Terre, humains et non-humains, un droit fondamental et inaliénable, le droit de se déplacer librement sur cette planète.
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SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX, UNE VIDÉO TROMPEUSE PRÉSENTÉE COMME ÉTANT LES DERNIERS INSTANTS DE DJ ARAFAT
La vidéo en question a été réalisée à Awka au Nigéria et a été partagée pour la première fois en octobre 2018 sur YouTube
Africa Check |
Valdez Onanina |
Publication 13/08/2019
Sur Twitter, un internaute a récemment publié une vidéo accompagnée de la légende (en anglais) : « DJ Arafat quelques instants avant son accident. Soupir ».
Sur ladite vidéo, on y voit une personne conduire une moto à vive allure en réalisant, dans le même temps, des acrobaties.
La publication avait été retweetée (partagée) plus de 700 fois au 13 août 2019.
Une vidéo réalisée au Nigeria en 2018
Invid, un outil de vérification en ligne, a permis de retracer l’origine de la vidéo en question.
Elle a été réalisée à Awka au Nigéria et a été partagée pour la première fois en octobre 2018 sur YouTube.
EXCLUSIF SENEPLUS - Tous les quinze jours, le Think Tank "Africa WorldWide Group", va animer sur SenePlus, une tribune destinée à analyser, scruter, décrypter, les manœuvres géostratégiques en direction et à destination du continent
Tous les quinze jours, le Think Tank Africa WorldWide Group, va animer pour SenePlus, ''le portail des Décideurs et des Leaders d'opinion'' et son public, une tribune sur les questions de Géostratégie (Géopolitique & Géoéconomie) dans une perspective afro-centrée. Pour analyser, scruter, décrypter et commenter, les manœuvres géostratégiques et le jeu des acteurs en direction et à destination de l'Afrique.
Dans une globalisation sous fond d'innovations technologiques, une mondialisation à la fois totalité et morcellement, nous allons aussi, à travers votre tribune ''African Global News'', regarder le monde et l'Autre, à partir d'Afrique, le modèle du monde...
Cette Afrique-là, modèle du monde, n'est pas en crise, mais elle est en métamorphose sous la combinaison de trois chocs : choc des économies ; choc des cultures et choc démographique.
''African Global News'' sera ainsi, une tribune de Stratégie et de Prospective. Elle ambitionne pour contenu et finalité, d'être un outil d’aide à la décision pour les dirigeants et décideurs africains. Parce que l'Afrique vit un tournant décisif dans sa trajectoire millénaire et cosmopolite. C’est le temps de l’Afrique. L’Afrique vit son temps. Il s’agit d’un temps, appelé à survoler le temps, pour s’inscrire dans la durée imputrescible des épopées sublimées. Celles qui sont appelées à éclairer la marche du continent, la marche du monde.
Votre tribune ''African Global News'', se souciera de coller aux exigences de l’heure, de coller aux pulsions de nos pays riches de toutes les richesses de leur sol, de leur sous-sol et de leurs enfants. Le pari de contribuer à donner la vraie image du continent, l’image enthousiaste du vainqueur qui se réjouit de la victoire à construire méthodiquement, chaque jour. De la victoire lancinante et permanente sur soi.
L’Afrique d’abord. L’Afrique avant tout. L’Afrique après tout. L’Afrique toujours.
LA TANZANIE VEUT RENDRE PUBLIC LA LISTE DES HOMMES MARIÉS POUR LUTTER CONTRE L'INFIDÉLITÉ
Les informations seront disponibles sur un site web gouvernemental pour aider les femmes célibataires à identifier les "prédateurs" qui se font passer pour des célibataires eux-aussi, fait remarquer Paul Makonda, commissaire régional
Les autorités de la ville de Dar es-Salaam ont annoncé la publication prochaine de la liste des hommes mariés afin de lutter contre l'infidélité.
Cette base de données sera publique et inclura leurs photos.
Les informations seront disponibles sur un site web gouvernemental pour aider les femmes célibataires à identifier les "prédateurs" qui se font passer pour des célibataires eux-aussi, fait remarquer Paul Makonda, commissaire régional.
"Notre but principal est de soulager la douleur de ces femmes qui souffrent de ces tricheurs qui leur promettent le mariage", a expliqué Paul Makonda.
"Un commissaire régional n'est pas heureux de diriger des femmes qui sont tristes et brisées à cause de l'amour et des relations sentimentales'' a-t-il fait remarquer.
La mesure suscite divers commentaires et analyses dans le pays notamment sur les réseaux sociaux.
Certaines personnes estiment que l'infidélité ne concerne pas seulement les hommes mariés, mais aussi les femmes; celles-ci mériteraient donc tout autant que leurs noms soient publiés sur le site internet du gouvernement.
La religion est aussi un facteur qui peut réduire l'efficacité de cette mesure, selon d'autres internautes.
La Tanzanie est un pays où l'islam, qui permet à un homme d'avoir plusieurs épouses, est une religion de premier rang.
Le fait d'avoir son nom sur un site web ne va en aucun cas décourager un homme d'aller à la conquête d'une femme et celle-ci d'accepter d'être sa deuxième ou troisième épouse, selon les internautes.
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À LA MECQUE, LA VUE SUR LA KAABA FAIT LE BONHEUR DES HÔTELS DE LUXE
Le grand pèlerinage des musulmans attire une clientèle fortunée qui ne lésine pas sur les moyens, faisant de la ville sainte l'eldorado d'un tourisme religieux de luxe
Hôtels grand luxe avec vue sur la Kaaba et formules pèlerinage "VIP" : le grand pèlerinage des musulmans à La Mecque attire une clientèle fortunée qui ne lésine pas sur les moyens, faisant de la ville sainte l'eldorado d'un tourisme religieux de luxe.
LE RWANDA A MANIPULÉ SES STATISTIQUES ÉCONOMIQUES, SELON LE FINANCIAL TIMES
Le journal a publié mardi une longue enquête montrant que Kigali a modifié ses statistiques sur la pauvreté en 2015. Cette manipulation avait déjà révélée par France 24 en 2015
France 24 |
Nicolas GERMAIN |
Publication 13/08/2019
C’était en 2015, juste avant le referendum visant à changer la constitution. Un changement qui permettait à Paul Kagame de rester en théorie au pouvoir jusqu’en 2034. À l’époque, le pouvoir ne voulait surtout pas que les données officielles montrent une augmentation du nombre de pauvres.
Selon le quotidien, l’"analyse des 14 000 données du rapport ainsi que des entretiens avec des universitaires montrent que la hausse des prix pour les familles rwandaises a, dans l’hypothèse la plus probable, entraîné une hausse de la pauvreté entre 2010 et 2014". Le Financial Times ajoute qu’il y a eu "des tentatives récurrentes depuis 2015 pour fausser les résultats" sur la pauvreté.
Le Rwanda rejette les accusations du journal. La Banque mondiale également – du moins officiellement. Car le Financial Times publie ce mardi en exclusivité une lettre interne rédigée en 2015 par cinq employés et adressée à la direction de la Banque.
"De récents développements montrent qu’il existe potentiellement de sérieux risques pour la réputation de la Banque si ses opérations concernant le Rwanda continuent sur la même trajectoire", peut-on lire.
Les auteurs de la lettre s’inquiètent "de la manipulation des statistiques officielles et de l’impossibilité de transmettre en toute transparence des données fiables".
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AUX ETATS-UNIS, LES VENTES DE SAC À DOS PAR-BALLES S'ENVOLENT
Depuis les tueries d’El Paso et Dayton le 3 août, de plus en plus de parents équipent leurs enfants de cet accessoire pour se rendre à l’école
Depuis les tueries d’El Paso et Dayton le 3 août, de plus en plus de parents équipent leurs enfants de cet accessoire pour se rendre à l’école, rapporte la presse américaine.
Crayons, cahiers, cartable pare-balles... Aux États-Unis, la liste des fournitures scolaires diffère légèrement de celle des Français. Depuis les tueries de Dayton et El Paso le 3 août dernier, les parents américains tentent comme ils peuvent de protéger leurs enfants à l’école. À quelques semaines de la rentrée des classes, les ventes de cartables blindés connaissent une forte demande, rapporte la presse d’outre-Atlantique.
Outre ces deux dernières tueries marquantes, le contexte général n’est pas pour rassurer: depuis le début de l’année, les États-Unis ont connu 297 fusillades de masse, d’après le Mass Shooting Tracker (MST), site qui recense toutes les attaques de ce genre depuis 2013. Cependant, D’après Igor Volsky, directeur de Guns Down America, mouvement opposé aux ventes d’armes dans le pays, la commercialisation de sacs à dos pare-balles n’est pas une solution. «Le marché essaie de résoudre un problème que nos politiques refusent de résoudre eux-mêmes», assure-t-il au New York Times (NYT). Entre 100 et 300 dollars
Vendus entre 100 et 300 dollars par plusieurs enseignes, ces sacs à dos sont pensés pour tous les goûts. «Les cartables sont conçus avant tout pour être d’élégants et beaux sacs à dos», explique au NYT Gabi Siboni, gérant de ArmorMe, un site spécialisé. «Ils sont équipés de boucliers qui protègent contre les balles. Cela augmentera vos chances de survie», poursuit-il. Et à ceux qui accusent son entreprise de vivre sur le dos de tragédies, il se défend en assurant «répondre uniquement à une demande».
Roman Zrazhevskiy, de l’entreprise positionnée sur le créneau du survivalisme ReadyToGoSurvival, implantée à Austin au Texas, rapporte lui aussi que les commandes ne cessent d’affluer depuis samedi dernier. «Notre base de référence est de 100 unités par mois. Nous avons vendu 300 unités ces derniers jours», affirme-t-il au quotidien américain Houston Chronicle. D’après lui, les commandes proviennent de Floride majoritairement, mais aussi de Californie, suivie de New York. «Les clients ne sont pas du tout des survivalistes, ce sont des personnes de la classe moyenne ou supérieure», précise-t-il.
Et les fabricants spécialisés ne sont pas les seuls à proposer des équipements de protection contre les attaques armées. À Miami, une école privée catholique vend aussi à ses élèves des boucliers à glisser dans leur sac à dos pour le prix de 120 dollars. Fiabilité remise en cause
Cependant, malgré le caractère rassurant de cet équipement aux yeux des parents, sa fiabilité est remise en question. «L’agence gouvernementale elle-même ne certifie ni ne teste les sacs à dos résistant aux balles», peut-on lire sur le site de la chaîne CNBC. Le faible taux de protection de 25% est avancé par plusieurs médias américains. Et ils seraient sans effet face à des armes de guerre.
Yasir Sheikh, représentant de l’enseigne Guard Dog Security qui vend des cartables pare-balles, reconnaît dans le New York Times que ces sacs sont moins efficaces face à une arme semi-automatique. Le journal relève en outre des propos des défenseurs du contrôle des armes à feu. Ils affirment qu’il n’existe aucune preuve que ces sacs à dos blindés - malgré les tests effectués - puissent assurer la sécurité des enfants lors d’une attaque.
La sénatrice démocrate de Californie Kamala Harris a posté un tweet dénonçant ces pratiques. «Les parents ne devraient pas avoir à acheter un cartable pare-balles à leurs enfants afin de les garder en sécurité à l’école. Cela ne devrait pas être normal.», écrit-elle. Candidate aux élections présidentielles de 2020, elle a décidé de faire de ce fléau un symbole pour sa lutte contre les armes à feu dans le pays.
TRUMP, CONSPIRATIONNISTE EN CHEF
En retweetant un message alléguant, sans preuve, que l'ex-président démocrate Bill Clinton pourrait être lié à la mort du financier Jeffrey Epstein, Donald Trump a allongé la liste des thèses complotistes qu'il a contribué à propager
En retweetant un message alléguant, sans preuve, que l'ex-président démocrate Bill Clinton pourrait être lié à la mort du financier Jeffrey Epstein, Donald Trump a allongé la liste des thèses complotistes qu'il a contribué à propager.
En voici une liste non exhaustive.
- Ses collaborateurs espionnés -
Parlant d'un "coup d'Etat manqué", le président américain a assuré en mai que l'enquête du FBI en 2016 sur les relations de Moscou avec son équipe de campagne, s'était doublée d'un "espionnage" de ses collaborateurs. Rien n'est venu étayer cette thèse.
- Obama né au Kenya -
Bien avant de se lancer dans la course à la présidence, le magnat de l'immobilier avait pris la tête d'une campagne infondée contestant la nationalité américaine de Barack Obama, en mettant en doute la validité de son certificat de naissance et donc sa légitimé à être président.
- Le "Deep State" -
Donald Trump a repris la thèse de l'existence d'un "Etat de l'ombre", une théorie relayée régulièrement par l'extrême droite américaine affirmant l'existence d'un gouvernement parallèle. Elle n'a jamais été prouvée.
M. Trump a ainsi déclaré en septembre 2018 qu'une tribune défavorable et non signée d'un haut responsable de son administration provenait du "Deep state".
- Fraude électorale -
M. Trump a répété que des "millions" de personnes ont voté, selon lui, de manière illégale à la présidentielle 2016 qu'il a portant remportée après avoir été distancé de près de 3 millions de voix par Hillary Clinton. Aucun élément concret n'est venu corroborer ses affirmations.
- Vidéos antimusulmanes -
En novembre 2017, Donald Trump a relayé sur son compte Twitter trois vidéos islamophobes propagées par l'extrême droite britannique.
L'une d'elles, intitulée "Foule islamiste pousse un adolescent du toit et le bat à mort!", a été filmée en 2013 en Egypte durant des manifestations contre Abdel Fattah Al-Sissi, alors chef de l'armée.
- L'assassin de Kennedy -
Donald Trump a cherché à nuire à Ted Cruz, l'un de ses rivaux à la primaire républicaine pour l'élection de 2016, en affirmant que le père de celui-ci, Rafael Cruz, était proche de Lee Harvey Oswald, l'homme accusé d'avoir tiré sur John F. Kennedy en 1963.
- Le juge et l'oreiller -
Le président américain a publiquement mis en doute la cause naturelle de la mort d'Antonin Scalia, juge conservateur à la Cour suprême, décédé en février 2016 dans son sommeil, à 79 ans.
"Ils ont dit qu'ils avaient trouvé un oreiller sur son visage, ce qui est un endroit plutôt inhabituel pour trouver un oreiller", avait lancé un Donald Trump sceptique.
- 11 septembre -
Donald Trump l'a dit et redit pendant la campagne présidentielle: des musulmans ont selon lui fêté dans le New Jersey les attentats du 11-Septembre. Aucune image n'existe de ces faits allégués.