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1 mai 2025
Opinions
LU BEES PAR RENÉ LAKE ET OUSSEYNOU NAR GUEYE
VIDEO
FAIDHERBE, MACKY, MACRON ET ANDREW JACKSON
EXCLUSIF SENEPLUS – Le délit d’offense au chef de l’Etat n’a pas de place en démocratie surtout quand il est appliqué à la tête du client – Faidherbe ici, Andrew Jackson là-bas, les symboles de l'oppression sont déboulonnés
Lu Bees, (Quoi de neuf ?) avec René Lake à Washington et Ousseynou Nar Gueye à Dakar.
De Dakar, notre éditorialiste pointe cette "arme nucléaire", inutilisable de ce fait même, que sont les poursuites pour délit d'offense au chef de l'État, à la lumière de celles classées sans suite et qui ont fait "pschit" contre le commissaire à la retraite Boubacar Sadio, après sa lettre ouverte incendiaire à l'endroit de Macky Sall. Il analyse aussi le traitement à la tête du client réservé aux contempteurs de président.
De Washington, René Lake observe que le mouvement Black Lives Matters ne fléchit pas, et gagne la planète entière, dans une revendication antiraciste mondialisée qui refuse désormais jusqu'aux symboles célébrant les racistes d'hier. Même la statue d'un président américain, Andrew Jackson (1829-1837), est en voie d'être déboulonnée de son piédestal un peu partout aux USA.
Et dans cette guerre de la symbolique, les demi-dieux de tous les sport ne sont pas en reste et s'illustrent en mettant le genou à terre en hommage à George Floyd, sans plus désormais encourir les foudres de leurs ligues.
Lu Bees est un partenariat audiovisuel entre Seneplus et Tract.sn. La réalisation et le montage de votre talk hebdomadaire du mercredi sont assurés par Boubacar Badji.
par Bara Diokhané
THIAROYE-MORLAIX 44
L’histoire devra retenir que le 11 Novembre 1944, alors que le navire Circassia transportait vers Thiaroye sa cargaison de victimes expiatoires/martyrs, une agression armée eut lieu à Morlaix, contre des soldats Africains, frères d’armes et ex-prisonniers
A la Libération, un contingent d’ex-prisonniers de guerre originaires de l’AOF (Afrique occidentale française) devait quitter le port de Morlaix le 5 novembre 1944 pour arriver le 21 novembre 1944 à la caserne de Thiaroye, en périphérie de Dakar, et y être démobilisés. Selon la réglementation en vigueur (circulaire du 21 octobre 1944), les rapatriés devaient percevoir un quart de leur solde de captivité avant embarquement, et les trois-quarts restants à Thiaroye. Près de 2000 ex-prisonniers de guerre devaient embarquer. Des prisonniers de guerre d’un genre inédit, car ayant été détenus dans les camps dits “Frontstalags” installés par les Allemands sur le territoire Français occupé, et placés sous la garde de forces… Françaises. Le 5 Novembre 1944, jour du départ du navire Britannique Circassia vers Dakar, 315 soldats Africains parmi les ex-prisonniers de guerre, refusèrent d’embarquer sans percevoir leurs soldes totales. Ces 315 soldats Africains, venus libérer la France, et furent parqués comme des bêtes à Morlaix, dans des espaces entourés de barbelés Ils y encoururent des traitements inhumains et dégradants, infligés par les forces françaises qui les gardaient. La commission d’un odieux crime de guerre s’ensuivit, et bien décrit par le journal L’Aurore, dans l’ article au titre évocateur suivant: «11 Novembre sanglant à Morlaix: cent gendarmes tirent sur des Sénégalais désarmés” Deux mille Sénégalais récemment délivrés de camps de concentration et groupés à Morlaix attendaient depuis quelques jours leur départ pour l’Afrique. Après plus de quatre ans de captivité, leur arriéré de solde était très important, aussi en attendaient-ils le paiement avec fébrilité. La plupart furent réglés sauf 325 d’entre eux, cantonnés au quartier de la Madeleine. Le jour du départ arriva et ces 325 infortunés refusèrent d’embarquer avant d’avoir été alignés en solde, disant qu’ils ne voulaient pas être dupes comme leurs pères, qui en 1918 après avoir versé généreusement leur sang pour la France, étaient rentrés au pays sans solde, que depuis ils attendent toujours. Nos braves bamboulas restent inflexibles et inséparables dans leur résolution et le bateau partit sans eux. (…).
Vendredi, l’arrivée insolite d’un fort contingent de gendarmes harnachés et armés en vrais guerriers excita quelque peu la curiosité populaire. (…). Vers cinq heures du matin, l’attaque commença. Des gendarmes pénétrant dans la bauge-dortoir intiment à tout le monde de sortir illico en joignant le geste à la parole empoignant les hommes en caleçon ou à demi vêtus pour les faire sortir de force. Ce réveil surprise ne fût pas du goût des Sénégalais qui, les premiers moments de stupeur passés, comprirent le genre de brimades et de provocations dont ils étaient l’objet. (…) Tout à coup dans la nuit claqua un coup de feu. Ce fut le commencement du drame: qui avait tiré? D’après la version officielle ce serait un Sénégalais? Mais nous nous refusons d’y croire, car ils étaient venus désarmés de leurs camps et ils ne possédaient que quelques baïonnettes-souvenirs dont ils n’avaient pas fait usage. (…) Ce fut la fusillade générale… Entre temps les maisons du voisinage furent assiégées par les gendarmes pour en faire sortir les Sénégalais que les habitants hébergent par charité (…). Triste aube du 11 novembre, disent les habitants de ce paisible et populaire quartier qui furent réveillés par le vacarme.»
Dans une lettre conservée précieusement par sa Marraine de Guerre en date du 14 Novembre 1944 le Tirailleur A.A, survivant de Morlaix avait écrit: “J’ai de la chance de n’avoir pas été tué par les balles de mitrailleuses des gendarmes et FFI qui ont ouvert le feu sur nous durant la nuit. .. “Il y a plus de 10 jours que nous étions à Morlaix. Ils nous avaient dit d’embarquer sur le bateau, mais nous ne voulions pas partir sans paiement auparavant. Maintenant ils nous gardent comme des prisonniers de guerre. Nous couchons par terre, il fait froid, pas de couverture. Et ce sont les FFI qui nous gardent!” Le rapport officiel des autorités françaises fit état d’un bilan de 7 blessés parmi les soldats Africains, mais l’ampleur de l’attaque, la violence des méthodes utilisées, le compte-rendu des media, et le témoignage écrit du soldat rescapé lui apporte une cinglante contradiction. La même contradiction que sur les rapports officiels du massacre de Thiaroye 44, perpètre juste après les tragiques événements de Morlaix 44- lesquels avaient fait état de 35 morts, ramenés, des décennies plus tard à 70 morts par le Président François Hollande en personne! La condition de la levée de ce doute serait l’administration de la preuve irréfutable par la France que tous les 315 soldats, détenus à Morlaix comme des prisonniers de guerre malgré la fin de la guerre, et malgré leur statut de soldats de l’armée française, a Morlaix, y compris les 7 blessés, avaient été tous payés et rapatriés vers leurs destinations finales en Afrique. A défaut, l’histoire devra retenir que le 11 Novembre 1944, alors que le navire Circassia transportait vers Thiaroye sa cargaison de victimes expiatoires/martyrs, une agression armée eut lieu à Morlaix, contre des soldats Africains, frères d’armes et ex-prisonniers de guerre. Cette agression armée nocturne sur des hommes en plein sommeil, suivie d’actes de séquestration, de traitements dégradants et d’humiliation constitue un crime de guerre et un crime de trahison, au sens du droit international.
par Bandiougou Konaté
IL FAUT DÉMINER LA CASAMANCE, AU SENS PROPRE COMME AU FIGURÉ
Avec l’accélération du processus de réintégration des populations déplacées en Casamance, l'Etat entend refermer le chapitre le plus sombre de son histoire postcoloniale. Mais ne place-t-il pas la charrue avant les bœufs ?
Le Sénégal méridional a enregistré, en ce mois de juin, une série d’accidents causés par des mines antichars. L’un d’eux a même coûté la vie à deux Jambaar (soldats sénégalais), à Bissine, dans le département de Ziguinchor. Ces incidents coïncident avec la décision des autorités sénégalaises de repeupler les villages laissés à l’abandon par leurs habitants dans les années 1990, au plus fort d’un conflit quasi-larvé de basse intensité qui perdure depuis décembre 1982.
Le MFDC [Mouvement des forces démocratiques de Casamance] apparaît plus que jamais structurellement affaibli. Ses chefs historiques, Sidi Badji, fondateur de l’aile militaire Atika et Diamacoune Senghor, premier secrétaire général, sont décédés. Son unité stratégique et politique en lambeaux, son discours et ses thèmes mobilisateurs sont de moins en moins audibles auprès d’une jeunesse qui a cédé aux sirènes de la migration irrégulière.
La saignée migratoire, observée dans toute la Casamance, est symbolique de la mutation de cette région qui ne disposait pas d’une véritable tradition de mobilité internationale, contrairement à la vallée du fleuve, au Sénégal oriental, et depuis le tournant de la décennie 1980 – 1990, au bassin arachidier.
Rébellion et micro-agressions
Pour autant, la capacité de nuisance du MFDC n’est pas définitivement annihilée. Jean-Claude Marut, l’un des meilleurs spécialistes du conflit, n’a certainement pas tort d’affirmer : « Le rapport de force entre l’État et le MFDC a évolué de telle manière que toute action militaire de la rébellion ne peut pas aller très loin […] Mais les rebelles sont tout de même assez armés pour pouvoir mener des opérations symboliques. »
Ces dernières années, les différentes factions du mouvement se rendirent responsables « d’opérations symboliques » sur des cibles militaires, humanitaires et civiles. Si les tueries de Diagnon en novembre 2011 et de Boffa-Bayotte en janvier 2018 cristallisent toutes les attentions et rappellent les heures sombres du conflit, elles sont loin d’épuiser la micro-virulence des groupes armés casamançais : démineurs et coupeurs de bois enlevés ou lynchés, banditisme sur les axes routiers, etc.
Des opérations inopinées, décousues et erratiques, tel semble le destin auquel est désormais réduit le MFDC, à mille lieues de ses coups d’éclat comme à Babonda et Mandina Mancagne, respectivement en 1995 et 1997.
Le déminage, un besoin urgent
Inciter les populations à un retour dans leur contrée d’origine est une excellence nouvelle a priori. Cela favorisera l’éclosion d’une économie locale et mettra un terme à près de trente ans, pour certains, d’instabilité sociale et d’errance dans des pôles sécurisés comme Goudomp, Adéane, les périphéries de Ziguinchor, voire en Guinée-Bissau et en Gambie. Toutefois, la multiplicité des incidents récents – trois en l’espace de dix jours – a de quoi inquiéter et laisse présumer que le travail en amont n’a pas été rondement mené.
Dès lors qu’une sécurisation complète des zones n’a pas été effectuée à quoi bon précipiter le retour des populations ? S’agit-il de faire passer le Sénégal aux yeux des partenaires et investisseurs étrangers comme un îlot de paix dans un océan d’instabilité ? Toutes ces hypothèses sont valablement envisageables.
Une chose est urgente : le déminage doit impérativement reprendre. Le retour réussi des populations fera incontestablement des émules, mais l’échec de leur intégration ne ferait que compromettre les efforts jusqu’ici consentis pour en finir avec le conflit.
Quand on vous disait que Cheikh Yérim Seck n’est pas dans la posture et la position d’un journaliste d’investigations, qu’il s’est perdu entre sources à protéger et preuves tangibles qu’il n’arrive pas à livrer pour donner du crédit à «ses révélations»
Quand on vous disait que Cheikh Yérim Seck n’est pas dans la posture et la position d’un journaliste d’investigations, qu’il s’est perdu entre sources à protéger légitimement et preuves tangibles qu’il n’arrive pas à livrer pour donner du crédit à de «ses révélations». Mais émettre une musique autre que celle de la bienpensance aveuglée par ce genre de petits héros ravageurs sur les réseaux et autres plateaux, tenter des analyses autres que celles de romanciers spécialistes des fictions fabriquées à partir de menus bouts de vérités, de faits perclus de toute objectivité et de toute neutralité que l’on veut tenir pour investigations journalistiques, c’est passer pour un méchant, un jaloux et autres on ne sait quelles joyeusetés. Seuls les esprits faibles succombent à ces salmigondis, ces broutilles et roupies de sansonnet. Or, ainsi que le dit une vérité proverbiale bien de chez nous, «la vérité peut s’attarder en brousse, mais elle n’y passera jamais la nuit».
Si noirs que soient les ténèbres, ils finiront par céder aux lueurs. Et c’est cela qui, progressivement et de mieux en mieux, se dégage déjà de l’attitude de Cheikh Yérim Seck, aujourd’hui ersatz de journaliste reconverti en homme aux ambitions politiques et en subit samaritain de la citoyenneté, en parangon du patriotisme, génie protecteur des intérêts du Sénégal. Oyez bien la «déclaration» de Cheikh Yérim Seck, après sa mise en liberté assortie d’un contrôle judiciaire, déclaration dont il avait annoncé que la primeur sera réservée à son site ! On n’est mieux servi que par soi-même ! Une manière subtile de faire la promotion gratuite de son yérimpost.
Oyez surtout les mots utilisés, changés ou enflés, le vocabulaire ampoulé et les dits et les non-dits qui indiquent une espièglerie pour masquer l’emballage politique enrobant ses récentes accusations jusque-là sans preuves tangibles. Cheikh Yérim Seck décrète qu’il est dans un combat citoyen. Qu’il est dans une posture patriotique et s’auto-auréole défenseur des intérêts du Sénégal. Que c’est bien charmant ! Oh que c’est donc émouvant venant de cet homme ! Sortons donc nos mouchoirs ! Applaudissons, à nous rompre les phalanges, au son du clairon ! Le messie est...Seck !
Pas à sec de petites ruses pour emballer dans un combat qui a, hélas, du mal, à masquer des relents politiques. C’est le nouveau Cheikh de la bonne morale qui rappelle qu’il détient un mouvement citoyen comptant des élus municipaux un peu partout à travers le pays. Ce mouvement, annonce-t-il, sera invité d’honneur dans la bataille qu’il mène. Qui avait dit et crû que ce qui était en jeu, ce sont des faits d’un journaliste, tout ce qu’il y a de neutre ? Et qui n’a comme sacro-saint sacerdoce professionnel que la rage d’informer ?
Comme dans bien d’autres domaines, l’imposture fait des ravages dans les médias où, avec des fausses valeurs qui ont la cote, sous des prétextes professionnels, certains se faufilent, tels des envahisseurs newlook, dans les télévisions, les téléfilms, l’univers du show-biz, avec des proses envoûtantes, en virtuoses des apparences ou encore comme disait l’autre, «éponges des valeurs de leur temps». Ils espèrent ainsi que des voix peuvent arriver à voter pour eux car les «imposteurs vivent à crédit», pour reprendre l’expression du journaliste à Marianne, Elodie Eméry (voir article «Comment les imposteurs ont pris le pouvoir» paru dans Marianne du 19-25 janvier 2013).
Yérim pense donc sûrement aux prochaines élections. C’est dire ! Pour le reste, le combat pour les journalistes, les vrais qui sont dans les labeurs du métier, doit s’adosser à des postures principielles fondées sur le refus de la tyrannie de l’imposture que favorise par le déficit de sens. De bon sens.
Par Ibrahima THIOYE
DU BON USAGE DES RESEAUX WHATTSAPP
WhatsApp est en passe de devenir une grande plateforme multiservices qui élargit progressivement ses fonctionnalités à l’image de son pendant chinois Wechat.
WhatsApp est une application de messagerie instantanée qui permet à ses utilisateurs d’échanger des messages texte, audio, vidéo à deux ou au sein d’un groupe. Elle a acquis une forte notoriété. Aujourd’hui, elle compte plus de 2 milliards de clients répartis dans près de 180 pays. WhatsApp enregistre près d’un milliard de clients actifs par jour, échangeant 2 milliards de minutes de voix/vidéo par jour.
WhatsApp est en passe de devenir une grande plateforme multiservices qui élargit progressivement ses fonctionnalités à l’image de son pendant chinois Wechat. WhatsApp business est destinée aux professionnels. Elle va jouer un rôle important de support aux fonctions marketing, communication et service client. La fonction groupe commence à devenir très populaire. Il est possible de créer un groupe WhatsApp autour d’un thème et d’inviter, via un lien, des personnes qui partagent le même centre d’intérêt. Ces nouveaux espaces de dialogue gagnent en notoriété au même titre que les réseaux sociaux. Ils ne sont ni bons ni mauvais. Tout dépend de la façon dont nous les utilisons. Au Sénégal, comme dans tous les pays où WhatsApp est présente, on assiste à l’émergence et à la prolifération de nombreux types de groupe WhatsApp organisés autour des membres d’une même famille, des amis du lycée ou des camarades de la fac, des apprenants de telle discipline, des amis sportifs, etc. Ainsi, les espaces d’échanges physiques actuels ou anciens sont exportés dans le monde virtuel. Une personne peut se retrouver dans plusieurs groupes en plus des autres espaces virtuels de type réseau social. Cet article met juste l’accent sur quelques bonnes pratiques de communication à l’intérieur des groupes WhatsApp de type amical ou familial. Quelques aspects liés à l’organisation sont aussi abordés.
Objectif (but) du groupe
Lorsqu’on crée un groupe WhatsApp, il est important de préciser l’objectif de cet espace d’échanges. Pour les groupes de type amical ou familial, sans rien formaliser, l’objectif est généralement de partager rapidement des informations, de maintenir et renforcer les liens entre les membres par des échanges instructifs et une conversation collective distrayante.
L’administrateur
Il a un rôle d’organisateur, d’animateur et de superviseur. Il est le garant de la réalisation de l’objectif (but) du groupe et il veille au respect de la charte. Il doit avoir de bonnes capacités de communication. Il ne doit être ni trop rigide ni trop léger. Il doit veiller à la satisfaction des membres et il a obligation de tout mettre en œuvre pour éviter la léthargie ou les «départs» du groupe.
Charte
La charte joue un rôle important. Elle encadre les actions des membres. Elle doit être très simple si on veut que les membres la lisent. Peu formalisée dans les groupes d’amis et de parents, elle doit être très précise dans les groupes professionnels. Elle décrit globalement la façon dont les membres de cet espace souhaitent échanger. Concrètement, elle définit les modalités d’intervention ainsi que le type de contenu que l’on peut échanger. Elle peut également aborder les aspects liés à la confidentialité.
Loi de la majorité et démocratie profonde
La loi de la majorité doit être au cœur des règles de fonctionnement du groupe, mais les voix minoritaires doivent également être respectées. Si dans un groupe certains membres ne savent pas lire, il faudrait surtout privilégier les messages de type audio. On devrait aussi éviter d’aborder des sujets exigeant de profondes réflexions (y compris pour certains jeux) dans un groupe où certains n’ont pas le niveau d’instruction idoine. Communiquer en tenant compte du Ppdc (plus petit dénominateur commun) est largement recommandé.
Présence/absence dans un groupe amical ou familial
Ai-je le droit de refuser de participer à un groupe ? Oui, si les objectifs ne me conviennent pas ou si je suis déjà engagé dans de nombreux groupes. Mais le bon réflexe est de privilégier les groupes de taille raisonnable (groupe des enfants de X) et éviter ceux dont la taille est assez élevée (groupe des enfants et petits-enfants de Y). La facilité de gestion est inversement proportionnelle à la taille.
Fréquence d’intervention
Dans les groupes familiaux ou amicaux, on retrouve une minorité de membres qui, en termes de volume, échangent plus que les autres. Il faut les remercier car ils contribuent à la vie de cet espace. S’ils prennent la décision d’arrêter leurs interventions, le groupe tombe dans la léthargie. L’attitude consistant à limiter au minimum les interventions peut être perçue comme du snobisme. Celle qui lève ces limites peut être perçue comme une compulsion (automatique, non maîtrisée).
A ce niveau, on distingue deux catégories d’acteurs: - les acteurs «multiprocesseurs» qui, en sus de leurs activités quotidiennes, sont capables d’intervenir dans plusieurs groupes ; ceux-là sont stimulés par les interactions dans les groupes et cela n’affecte aucunement leurs activités prioritaires; - les acteurs «monoprocesseurs» compulsifs qui délaissent toute autre activité et s’oublient dans les échanges WhatsApp. Si vous êtes "monoprocesseur", vous avez intérêt à vous fixer des limites (horaires d’utilisation, thèmes à aborder, type d’échanges, nombre maximal de posts par jour, etc.) Les parents doivent observer de près les pratiques de leurs progénitures pour identifier ce type de déviance et trouver, le cas échéant, une solution efficace et à coût émotionnel réduit.
Attention à l’oubli de soi dans l’espace virtuel
L’oubli de soi dans l’espace virtuel (WhatsApp ou dans tout espace virtuel) est une nouvelle maladie. La personne, atteinte de ce syndrome, met de côté ses obligations prioritaires (travail, présence familiale, obligations sociales) et consacre toute son énergie à l’échange dans ses différents espaces virtuels. Cela ressemble à une forme de "narcotisation". La personne n’échange plus; elle ne contrôle pas si les autres lui font du feedback ou non ; l’essentiel est de s’oublier dans cet espace pour ne plus affronter la dure réalité quotidienne. Le contenu des posts peut être d’un niveau très élevé. Quand cela arrive, on dit que la personne possède un outil qui la possède. Elle est sous le contrôle d’une addiction.
Autres déviances
En dehors de l’intervenant compulsif qui s’oublie dans cet espace, il y a le mégalomane, narcissique, donneur de leçon, qui se prend pour Amon Ra, évoque tous les sujets et attend des feedback positifs, le mélancolique qui va vers la dépression (découragé par la vie et qui rationalise tout), le paranoïaque minimaliste qui ne se lâche jamais et prend des précautions énormes pour communiquer et l’apprenti psychologue (comme moi) qui prend un malin plaisir à «psychologiser» les gens au lieu de communiquer simplement. Je crois qu’il y a à ce niveau un terrain d’étude fertile et assez intéressant pour les psychologues.
« ETRE MILLIONNAIRE, C’EST AVOIR DES BIENS QUI VALENT PLUSIEURS MILLIONS… »
Votre rubrique « Histoire d’argent », reçoit le journaliste Issa Sall, ancien du défunt hebdomadaire «Nouvel Horizon, aujourd’hui disparu. Issa Sall est membre et porte-parole de la Commission électorale nationale autonome (CENA)
Votre rubrique « Histoire d’argent », reçoit le journaliste Issa Sall, ancien du défunt hebdomadaire «Nouvel Horizon, aujourd’hui disparu. Issa Sall est membre et porte-parole de la Commission électorale nationale autonome (CENA).
L’INFO : Ton premier contact avec l'argent dans les années 60
Issa SALL : L’agent n’a jamais été une préoccupation pour moi. Mon père nous payait le ticket le dimanche pour les matchs de foot. Nous avions aussi droit au cinéma au moins un samedi par mois. Pour la presse, mon père en achetait régulièrement : Jeune Afrique, Bingo, et le quotidien national. Il m’est arrivé, élève avec mes petits sous, d’en acheter moi-même quand je trouvais un titre intéressant alors que mon père n’en avait pas ramené.
Pour les pièces de monnaie de ma jeunesse
Fifteen, en fait, c’est une pièce d’un franc CFA. Avec 1 franc, même en ces périodes où la pièce circulait beaucoup plus que maintenant, on ne pouvait acheter quoi que ce soit. En revanche, elle servait pour faire la monnaie. Avec le Double, c’est-à-dire la pièce de 2 francs, oui, on pouvait se payer un bonbon, un chewing gum. « Dadji qaam» s’appelait le machin qui vous collait les deux mâchoires. Le boutiquier était maure, parce que le boutiquier guinéen n’existait pas en ces temps-là. Avec dërëm ou la pièce de 5 francs, on se payait un morceau de pain, le cinquième d’une baguette qui coûtait 25 francs. Avec 10 F, on s’offrait du pain tartiné de chocolat fortement dilué à l’huile d’arachide. Un fataya aussi, (sorte de galette très mince et craquante avec un peu de poisson et de la sauce tomate. Si tu ne peux pas t’en payer à la récréation, quel drame ? Mais un copain pouvait toujours vous donner un petit morceau et tu pouvais en profiter pour lécher la sauce. Je ne me rappelle plus le prix du paquet de cigarettes, mais avec 5 francs, on pouvait s’en payer une ou 3 cigarettes à 10 F. Avec la baguette de pain à 25F, un morceau de pain à10f et une boite de lait concentré sucré à 15F, c’était le bonheur. Un mets réputé en ces temps-là. 100 F, c’était la fortune. On s’achetait une boîte de conserve (pâté d’abats, sardines). Le ticket de ciné était à 50 F pour 2 films. Il fallait sortir autant ou le double pour un match de football du championnat.
Ta première grosse somme dans la vie ?
Mon premier revenu est une indemnité perçue lors d’un stage dans une banque (BIAO, ex CBAO) alors que je venais de passer ma première année en fac de droit : 60.000F pour deux mois de présence.
Et quand tu es devenu millionnaire?
A priori, je dis que je ne compte jamais. Je ne sais pas ce que j’ai à la banque. Quand je dépense, je ne compte pas non plus. Mais j’achète utile la plupart du temps. Ce doit être à plus de 30 ans que j’ai eu des revenus au-delà du million. Je collaborais avec Africa International, les NEAS et Le Cafard libéré. Et je faisais un peu de tout ailleurs. Une fois, j'ai été payé presque en même temps. Je dois avoir été un millionnaire instantané. Une journée et j’ai retrouvé la précarité. Il faut comprendre que être millionnaire, c’est avoir des biens qui valent plusieurs millions et non posséder en numéraires la somme.
As-tu été victime d'un pickpocket ? Pour quel montant ? Comment as-tu réagi : tu as sifflé, tu as insulté?
Pour me piquer mon argent, il faut m’escroquer et non m’arracher mes biens ou le subtiliser. Un pickpocket n’a aucune chance. Un vrai faux malheureux, oui
Folie dépensière de ta vie que tu regrettes : voiture, chaussure, chemise, chaussettes, montre…
En principe, je ne regrette jamais mes décisions, bonnes ou mauvaises. Je n’ai jamais regretté une seule dépense. J’assume de commettre des bêtises ou des bonnes actions. J’abhorre la contrition.
Par Calame
DÉBOULONNER L'ALIENATION DE NOS TÊTES
Déboulonner les suppôts de la colonisation, c’est plutôt les extirper de nos têtes et à la place, y réinjecter de la fierté. Celle qui vous étreint à force de voir le continent se construire en comptant sur ses propres forces
«Faudrait-il ou non déboulonner la statue de Faidherbe ?" Comme pour faire écho à ce qu'il se passe en ce moment dans quelques parties du monde où l’on fracasse et met à terre des statues de suppôts du racisme, pour célébrer une humanité autre qu'on conjure d'advenir. L’interrogation revient ainsi de plus belle, même si depuis bientôt 3 ans, tombée de sa stèle, du fait de l’usure du temps et de la négligence des administrateurs, la statue de Faidherbe a disparu du paysage saint-louisien. Mais qu’importe !
S’inscrivant dans la dynamique mémorielle en cours, le débat se décline ici au Sénégal sous l’urgence de se débarrasser de tout ce qui rappelle les moments douloureux du colonialisme. Seulement, en se focalisant sur de tels actes ne serions-nous pas tentés, toutes griffes dehors, de fondre sur l'ombre et d’oublier la proie ? Cette proie qui, comme un virus, se trouve logée dans nos cervelles qu’elle infecte patiemment, méthodiquement, y distillant sournoisement les éléments susceptibles de les tenir sous son contrôle. Et au bout du compte, cela laisse des traces, façonne les imaginaires, sédimente des préjugés mortifères et débouche sur une nouvelle dialectique du colonisateur et du colonisé.
Les chaines matérielles désormais défaites sont ainsi remplacées par celles immatérielles à travers un processus d’aliénation subtile et perverse. Celle qui fait équivaloir et accepter que la pauvreté, la précarité se déclinent en noir ; la richesse et le mieux-être en blanc. Jeunes étudiants en France dans les années 70, il nous revient la sidération d’un compatriote qui voyant pour la première fois un blanc faire la manche dans la rue parisienne, s’était retrouvé complétement bouleversé devant un tel spectacle. Comme si le ciel lui était tombé sur la tête, il prenait soudainement conscience d’avoir intériorisé un complexe d’infériorité qui le faisait s’inscrire dans un double rapport de fascination et de soumission. Ce qu’avait très tôt compris l’ancien champion du monde de boxe, feu Cassius Clay alias Mohammed Ali et qu’il s’employait à déconstruire. Ainsi se remémorait-il, pour le déplorer, qu’enfant on lui faisait croire que « tout ce qui est beau est blanc ». Il se souvenait avoir demandé à sa maman « pourquoi le chat noir est-il de mauvais augure ?».
De même s’était-il offusqué de voir que Tarzan , le roi de la jungle africaine, était blanc. Ahurissant non, ce processus de dépréciation voire d’aliénation qui est loin de connaître son épilogue, ne serait-ce qu’au regard du phénomène de « blanchisation » encouragé par d’énormes panneaux publicitaires. Et puis, qui ne se souvient de la période de protestation sulfureuse de Mobutu Sese Seko, débaptisant son pays le Congo devenu Zaïre, jetant dans les eaux du fleuve les noms aux consonances allogènes pour les remplacer par des sonorités endogènes. Fini les costumes, la cravate et autres tenues occidentales. Vive l‘abacost et la taille basse. Mais il a fallu vite déchanter.
Embarqué dans une quête d’authenticité inessentielle, la gouvernance de Mobutu était dans les faits soumise à la coupe réglée de l’occident , à la déliquescence, la corruption et les abus de pouvoir de sa classe dirigeante, au détriment de la grande majorité des populations privées de liberté et de pitance, confrontées à la précarité et à l’indigence. Parce qu’on ne peut se satisfaire de ces mesures cosmétiques, il importe de s’en départir pour faire face à la réalité.
Dans ses entretiens avec Françoise Vergès publiés dans l’ouvrage «Nègre je suis, nègre je resterai», l’immense Aimé Césaire fait observer : «la colonisation a une très grande responsabilité : c’est la cause originelle. Mais ce n’est pas la seule, parce que s’il y a eu colonisation, cela signifie que des faiblesses africaines ont permis l’arrivée des Européens, leur établissement». Voilà qui impose un distinguo entre ce qui relève de «faire l’histoire» et «faire de l’histoire». Et cette histoire de la colonisation a été faite par les envahisseurs, les collaborateurs et les résistants».
De même, celle de l’esclavage a été faite par les vendeurs d’esclaves étrangers et locaux et par la farouche résistance. Il reste maintenant à surmonter ce moment dramatique (conserver et dépasser) en assumant ces diverses facettes. Déboulonner les suppôts de la colonisation, c’est plutôt les extirper de nos têtes et à la place, y réinjecter de la fierté. Celle qui vous étreint à force de voir le continent se construire en comptant sur ses propres forces, en mettant l’intérêt des populations les plus fragiles au-dessus de tout. Le déficit de fierté est tellement criant sous nos cieux qu’on s’accroche au moindre frémissement comme un ballon d’oxygène. Tellement on étouffe dans un espace où règne la gabegie , où la politique est perçue comme une opportunité pour se servir et non pour servir.
Et pourtant, la soif d’excellence est plus que jamais présente comme on peut une fois de plus le constater. A travers la gestion de la pandémie du Covid-19, elle s’est ainsi exprimée à travers l’engouement suscité par l’ingéniosité, la créativité de nos compatriotes, pour concevoir des masques, proposer des prototypes de respirateurs. Une soif d’excellence qui est telle qu’on était disposé à «sénégaliser» le Pr Didier Raoult, infectiologue et professeur émérite à Marseille, pour être né à l’hôpital Principal de Dakar. Genre «si vous n’en voulez pas en France, on le prend». Pressant, seul le besoin d’identification compte. L’urgence de se reconnaitre dans des héros, sortes de modèles qui tournent le dos aux multiplicateurs de faux billets, aux spéculateurs fonciers et autres faux dévots. Ce n’est pas pour rien que Thomas Sankara, 33 ans après sa mort, continue de faire l’actualité de nos espérances.
Comme un amour d’Afrique, en donnant l’exemple de l’intégrité, de l’indépendance économique à travers son style de vie spartiate, son refus de l’ostentation, sa volonté d’encourager à produire et à consommer local. Cette nostalgie est encore prégnante parce qu’aujourd’hui plus qu’hier, les élites politiques, dans leur écrasante majorité semblent plus intéressées par la gestion patrimoniale et clanique des ressources collectives.
Et pourtant avait prévenu Camus, «une nation meurt parce que ses élites fondent» car précisément, à l’instar du poisson, «un pays s’effondre lorsqu’il pourrit par la tête». C’est dire l’immensité du combat à mener car, au-delà de déboulonner Faidherbe, il s’agit en définitive de déboulonner de nos têtes le virus qui nous fait privilégier «la natte des autres» au lieu de tresser la nôtre propre. Après tout, prévient l’écrivain guinéen Thierno Monenembo : «Ce n’est pas en haïssant l’Autre que nous allons nous libérer, mais en reprenant conscience de notre valeur historique et culturelle».
par Abdoulaye Bathily
FAIDHERBE, DU POLYTECHNICIEN AU GOUVERNEUR DU SENEGAL
Retour sur le rôle joué par le colonialiste dans la mise en place de la politique de la Métropole avec comme objectif, la connaissance de la "société indigène", sans laquelle ne pouvait se réaliser l’œuvre de domination
Sud Quotidien propose à ses lecteurs une contribution du Professeur Abdoulaye Bathily, publiée en mai 1974, lors d’un colloque organisé par l’Université de Paris 7 Jussieu. Ce texte, parmi d’autres, figure dans la collection «Le Mal de voir». Dans cette première partie, il est passé en revue, le rôle que Faidherbe (ainsi que d’autres «coloniaux»), a joué en sa qualité de gouverneur de la colonie du Sénégal, dans la mise en place de la politique de la Métropole, en publiant et éditant ou collaborant à des revues. L’objectif poursuivi était la connaissance de la “société” et du “milieu indigène”, connaissance sans laquelle ne pouvait se réaliser l’œuvre de domination des peuples et qui constitue la base de tout système colonial. Dans notre édition de demain mercredi 24 juin, nous publierons, dans un deuxième jet, la mise en application de la politique de la France, par le Gouverneur Louis Faidherbe, dans la colonie du Sénégal. Un troisième et dernier jet vous sera proposé jeudi pour boucler cette contribution majeure, sous la signature du Professeur Abdoulaye Bathily, historien, homme politique, ancien ministre d’état de la République du Sénégal.
La vie de Faidherbe, jusqu’à sa nomination comme gouverneur du Sénégal en 1854, présente moins d’intérêt pour l’historien que son œuvre coloniale.
Résumons les étapes de cette carrière. Louis Léon César Faidherbe naquit en 1818 au sein d’une famille modeste de Lille. Après des études peu brillantes à l’Ecole Polytechnique, il débuta sa carrière comme médiocre officier du Génie. Un premier bref séjour en Algérie, suscita en lui le goût du service colonial. Il demanda et obtint sa mutation à la Guadeloupe où il débarqua le 26 mars 1848. La révolution venait alors de triompher en France et la IIème République était proclamée.
Au même moment le soulèvement des esclaves balayait les Antilles, Faidherbe, ayant manifesté ses convictions républicaines et sa sympathie pour les esclaves insurgés se vit rapatrié par ses supérieurs au bout de deux ans de séjour. Peu après, il fut affecté de nouveau en Algérie comme constructeur du Génie et prit part à plusieurs campagnes de répression contre le gouvernement de résistance kabyle. Ce second séjour algérien exerça une influence décisive sur Faidherbe. Mis au contact de la société musulmane, il en étudia les institutions et s’initia aux méthodes de conquêtes coloniales qui étaient particulièrement brutales dans cette colonie de peuplement.
Récompensé de la Croix de la Légion d’Honneur, il obtenait d’être affecté au Sénégal où il arrivait le 6 novembre 1652, en qualité de sous directeur du Génie. Ses fonctions l’amenaient à faire le tour des possessions françaises en Afrique de l’Ouest, construisant, restaurant des forces ou participant à des campagnes militaires.
Ainsi, il visitait Bakel et Senudebu, postes les plus avancés des Français dans le Haut Fleuve et point de départ de la pénétration vers le Niger et le Futa Jalon. Il construisit le fort de Podor, pièce maîtresse du commerce de la gomme et centre politique du Futa Tooro. Il érigea le Fort de Daabu, important emplacement commercial de la Côte d’Ivoire. En 1853, il se trouvait aux côtés du gouverneur Baudin dans l’expédition contre Grand Bassam et participa aux négociations avec les souverains de la Basse Côte. En mai 1854, il se fait distinguer à la bataille de Jalmat (Dialmath) qui mettait aux prises les Français et les populations du Dimar (Futa Tooro), hostiles à l’érection du fort de Podor. Ses activités attirent sur lui les attentions des milieux d’affaires de la colonie et du grand commerce colonial de Bordeaux et Marseille.
Sous la suggestion de ces derniers, le gouverneur Protet qui venait alors d’être rappelé, intervint auprès .du ministre de la Marine, Ducos, pour la nomination de Faidherbe à la tête de la colonie. Mais comme le préposé, qui n’était que capitaine du Génie, ne pouvait, selon les règlements en vigueur occuper de si hautes charges, il fut demandé au ministre de la Guerre, le maréchal Vaillant, de relever son grade. En novembre 1854, avec l’approbation de Napoléon III, Faidherbe était nommé en même temps, chef de Bataillon et gouverneur du Sénégal. Il exerça le commandement suprême de la colonie jusqu’en décembre 1861. Nommé lieutenant-colonel, puis colonel, il rentra en congé en France et reprit son poste en juillet 1863 avec le grade de général de Brigade. Il ne quitta définitivement le Sénégal qu’en juillet 1865. Lors de la guerre franco prussienne de 1870 1871, ce vétéran des expéditions coloniales se fit distinguer dans les combats du Nord. A la chute du second Empire, il fut élu sénateur puis membre de l’Institut et président de la Société de Géographie de Paris. Il n’en continua pas moins de suivre de près l’évolution des affaires coloniales dont il fut un des plus ardents avocats sous la IIIème République et cela jusqu’à sa mort en 1889. Il mit sa vaste expérience à la disposition d’officiers comme Gallieni, Borgnis Desbordes, Archinard, etc. qui poursuivirent l’œuvre de conquête coloniale.
CONTRIBUTION DE FAIDHERBE ET DE SON RÉGIME À NOS CONNAISSANCES SUR LE SENEGAL ANCIEN
Avant l’époque faidherbienne, une pléiade d’hommes de marchands, d’explorateurs et de gouverneurs ont laissé sur le Sénégal une riche documentation dont les éléments les plus anciens remontent à la seconde moitié du XVIIème siècle. Mais ce fut sous le régime de Faidherbe que fut entrepris un travail d’enquête systématique sur l’histoire, l’ethnologie et le milieu physique des pays qui constituent le Sénégal actuel. Dès son avènement, le gouverneur fonda deux périodiques: L’Annuaire du Sénégal et Dépendances (A.S.D.) et le Moniteur du Sénégal et Dépendances (M.S.D.). L’Annuaire et le Moniteur étaient destinés à la publication des actes officiels et à la relation des évènements à caractère économique, politique et social survenus dans la colonie.
Mais ils ouvrirent leurs colonnes à des essais de monographie d’histoire etc. entrepris par Faidherbe lui même et ses collaborateurs. Par ailleurs, le gouverneur collaborait à diverses publications métropolitaines s’intéressant aux explorations et aux affaires coloniales, en général, comme les bulletins de la Société de Géographie de Paris, de la Société de Géographie commerciale de Bordeaux et de Marseille, la Revue maritime et coloniale, Tour du Monde, etc..
Ainsi, Faidherbe est l’auteur de travaux dont les plus importants sont :
- Populations noires des bassins du Sénégal et du Haut Niger ;
- Notices sur la Colonie du Sénégal ;
- Ouolofs Noms et tribus ;
- Vocabulaire d’environ 1500 mots français avec leurs correspondants en ouolof de Saint-Louis, en Poular (Toucouleur) du Fouta en Soninke, (Sarakhole) de Bakel ;
- Chapitre de Géographie sur le Nord-ouest de l’Afrique à l’usage des écoles de Sénégambie ;
- Notices sur les Sérères ;
- Annales sénégalaises de 1854 à 1885 suivies des traités passés avec les indigènes.
Mais, le Sénégal: la France dans l’Afrique Occidentale, est son œuvre principale.
Cet ouvrage écrit pour la défense du projet de chemin de fer Kayes Bamako, retrace les étapes de la présence française, de la pénétration mercantile du XVIIème siècle à la conquête militaire. Faidherbe y défend avec passion la cause coloniale et présente une vue particulièrement optimiste sur l’avenir économique du Soudan occidental.
A l’instar de Faidherbe, ses subordonnés publient des enquêtes ordonnées par le Gouverneur et firent ainsi paraître tout ou partie de leurs rapports de mission.
Ainsi Pinet Laprade, son adjoint et successeur immédiat, est l’auteur de:
- Origine des Sérères ;
- Notices sur les Sérères, ibid et A.S.O. 1865.
Le Capitaine Louis Alexandre Flize, directeur des Affaires indigènes puis des Affaires politiques nous laissa de remarquables notices sur différents royaumes sénégalais :
- Le Boundu
Le Oualo ;
- Le Gadiaga.
Mage et Quintin, envoyés en mission auprès d’El Haj Umar en 1863 et retenus prisonniers durant deux ans à Segou par le Sultan Ahmadu (fils et successeur du Marabout), consignèrent dans leur ouvrage Voyage au Soudan occidental, un témoignage de première main qui demeure une référence essentielle sur l’Empire Toucouleur.
Aux travaux publiés il faut ajouter d’autres plus nombreux et souvent plus riches qui sont conservés aux archives publiques ou privées de France et au Sénégal. Malgré le caractère inégal de ces documents, la somme d’information qu’ils représentent fait du régime de Faidherbe, le véritable fondateur de l’école africaniste française.
En tant que documents du passé renseignant aussi bien sur leurs auteurs que sur les sujets traités, ces travaux possèdent une valeur intrinsèque dont l’intérêt scientifique est considérable. Cependant ils souffrent d’un double défaut qui provient des conditions même de leur production. En effet, les recherches entreprises durant la période faidherbienne avaient un but fondamentalement fonctionnel. L’objectif poursuivi était la connaissance de la “société” et du “milieu indigène”, connaissance sans laquelle ne pouvait se réaliser l’œuvre de domestication des peuples et qui constitue la base de tout système colonial.
Mus par de telles préoccupations, ces auteurs se sont souvent complus à peindre les sociétés africaines sous les traits les plus défavorables. Les sentiments de sympathie qui transparaissent çà et là sont l’exception d’une règle générale fondée sur les préjugés et des falsifications de la réalité.
Ainsi Faidherbe, chef de file écrivant dans un curieux mélange de rousseauisme et de gobinisme: “ enfin pour en venir au contraste le plus frappant peut-être: au nord du Sahara, l’homme blanc, actif et industrieux, tenace, qui lutte contre la nature et en modifie souvent les lois, au sud du Sahara, l’homme noir, qui dans son apathie, se soumet à elle en esclave et envers qui, les peuples civilisés ont été bien coupables, l’homme noir, naturellement bon, d’une intelligence comparable à celle des races blanches, mais qui, manquant de caractère. c’est à dire de force de volonté et de persévérance sera toujours à la merci des races mieux douées que lui sous ce rapport avec lesquelles il se trouvera en contact”. Parleurs écrits, Faidherbe et ses collègues ont contribué à répandre chez les peuples d’Europe, les préjugés racistes à l’égard des Africains.
Par ignorance, inadéquation de l’approche méthodologique ou/et parti pris délibéré, ils ont été incapables de saisir les mécanismes d’évolution des sociétés étudiées. Plus grave, ils n’ont pu situer et évaluer objectivement les effets de leurs propres actions et plus généralement l’influence du mode de production capitaliste sur les formations sociales pré capitalistes sénégalaises. Cependant, si, par leur contenu, ces études ont souvent desservi la cause des Africains, elles ont permis à Faidherbe et à ses collègues d’élaborer une politique efficiente de conquête dont nous allons examiner quelques aspects essentiels.
DIMENSIONS ET NATURE DE LA POLITIQUE DE CONQUETE FAIDHERBIENNE
Dans son ensemble, l’historiographie coloniale a tendance à magnifier Faidherbe et son œuvre. Un manuel qui a façonné la conscience historique de générations d’écoliers de l’ex A.O.F. juge l’ancien gouverneur comme suit : “Faidherbe était un homme honnête et droit. Il aimait protéger les faibles et les pauvres, châtier les oppresseurs. Il lutta de toutes ses forces contre l’esclavage. Partisan de l’égalité des races, il voulait hâter l’évolution des peuples noirs “ Plus récemment les discours de certains membres de la classe dirigeante du Sénégal et des travaux plus ou moins scientifiques allant des brochures de tourisme à la publicité journalistique, présentent Faidherbe comme le fondateur de l’unité de la nation sénégalaise. L’examen critique de l’œuvre de conquête faidherbienne nous permettra de juger de la valeur de telles assertions.
SITUATION DU SÉNÉGAL À L’AVÈNEMENT DEFAIDHERBE
Au moment où Faidherbe prenait en main la direction de la colonie, les affaires de la bourgeoisie coloniale traversaient une période difficile. Les difficultés provenaient d’un contexte général de révolution économique et de vicissitudes politiques qui secouaient les sociétés sénégalaises et les établissements coloniaux.
Au plan économique : Depuis le XVIIème siècle, le Sénégal et son arrière pays (Haut Sénégal et Niger) étaient considérés comme le principal marché de la gomme et un réservoir destiné à fournir annuellement un millier d’esclaves pour les plantations des Antilles. La baisse sensible du trafic des esclaves et sa suppression légale jointe aux aléas de la production et de la vente de la gomme posèrent au commerce français du Sénégal un grave problème de reconversion. Sous l’égide des gouverneurs Schmaltz (1816 1820) et Baron Roger (1822 27) furent tentées dans diverses régions du pays et en particulier dans le delta du Fleuve (royaume du Walo) des entreprises de colonisation agricoles. Mais elles échouèrent lamentablement.
Parallèlement, une compagnie à privilège, la Compagnie de Galam, formée sur le modèle des compagnies commerciales de l’Ancien Régime fut reconstituée par une poignée de gros négociants saint-louisiens. Elle opéra de 1825 à 1848 dans le Haut Fleuve et en Casamance et se consacra essentiellement au commerce de l’or, de l’ivoire, du mil, de la gomme et d’autres produits du cru. Si la compagnie réalisa des taux de profit de l’ordre de 60 à 100% et plus par an, elle ne réussit pas à élargir le champ de ses activités commerciales vers le Soudan nigérien et échoua dans le rôle d’expansion politique que sa charte lui assignait.
Aux lendemains du triomphe du capitalisme libéral accompli par la Révolution de 1848, la Compagnie fut dissoute sous la pression des traitants libres. Mais la liberté du commerce entraina une anarchie dans les échanges qui ruina les affaires les plus vulnérables. Sur le plan politique: La colonisation agricole et le commerce des esclaves accentuèrent les conflits sociaux dans les Etats du Fleuve, également en proie à une crise de réadaptation par suite du déclin de l’économie esclavagiste. Les interventions répétées de l’administration en faveur du commerce soulevèrent une double opposition : celle des marchands traditionnels, victimes de la concurrence des négociants européens et celle des peuples soumis à l’oppression administrative et aux exactions des aris tocraties locales. Ces dernières soucieuses d’assurer des revenus à leur appareil étatique par les taxes sur le commerce européen et les “coutumes”, adoptaient une attitude tantôt de collaboration tantôt de résistance contre les Français. L’Islam fut le stimulant idéologique de la résistance anti française. Presque partout on vit les paysans se regrouper autour des marabouts pour opérer une tentative de restructuration plus large de la société au détriment des ceddo (classe politico guerrière) et du système colonial.
Ainsi les mouvements de Diile au Waalo, d’El Haj Umar dans la moyenne et haute vallée et Ma Ba Jaaxu dans le Rip faisaient courir un sérieux péril aux intérêts de la France et de ses alliés. L’instabilité chronique du gouvernement de la colonie par suite de la valse des gouverneurs dont le séjour ne dépasse presque jamais deux années consécutives rendait la crise d’autant plus grave. Plusieurs rapports rédigés par des négociants ou des militaires avaient pourtant attiré l’attention du ministre de la Marine sur la nécessité de prolonger le séjour des gouverneurs, et surtout sur l’adoption d’une politique de fermeté à l’égard des mouvements de résistance. Dès 1843, le gouverneur Bouet Willaumez, appuyé par le ministre et le directeur des Affaires Extérieures avait énoncé les principes de la nouvelle stratégie de conquête.
En 1847, un négociant de Saint Louis, M. Héricé les reprit et les développa dans un mémoire présenté au ministre de la Marine et des Colonies Dans son rapport en date du 2 janvier 1854, le , gouverneur Protet les formulait sans ambiguïté : “Nous sommes les souverains du fleuve Nous devons nous affranchir au plus tôt de tout ce qui peut avoir l’apparence d’un tribut prélevé sur le gouvernement ou d’une exaction au commerce. C’est dans cet esprit que devaient être conçus taus les nouveaux traités que nous pouvons avoir à passer avec les chefs des tribus riveraines”.
A suivre demain Faidherbe et la mise en application de la diplomatie de la cannonière.
Par Talan Tamba DANFAKHA,
QU’EST-CE QU’UNE BONNE IDEE DE CREATION D’ENTREPRISE ?
Un entrepreneur, en général, emploie plusieurs personnes, y compris lui-même. Un travailleur offre sa force de travail et un entrepreneur, lui, offre sa force de travail et sa créativité.
Un entrepreneur est une personne qui veut satisfaire ses propres besoins (ses motivations) en satisfaisant les besoins de ses clients ou bénéficiaires de ses services. Pour ce faire, l’entrepreneur va créer de la valeur, c’est-à-dire qu’il va valoriser les ressources qu’il peut mobiliser pour les vendre plus chères. Par exemple, un sculpteur de pierres va, grâce à sa créativité et son travail, dessiner sur une pierre qu’il a trouvée quelque part dans la nature, l’image du Coran et, donc, vendre son œuvre à une mosquée. Il aura très peu dépensé mais il pourra gagner de quoi financer ses propres besoins. Un sculpteur, sur pierres, est un auto entrepreneur, c’est-à-dire qu’il n’emploie que lui-même.
Un entrepreneur, en général, emploie plusieurs personnes, y compris lui-même. Un travailleur offre sa force de travail et un entrepreneur, lui, offre sa force de travail et sa créativité. Pour exprimer cette créativité, l’entrepreneur va devoir identifier une solution existante pour la copier, à son compte, ou un vrai problème pour lequel il va trouver, lui-même, une solution. Et, c’est justement, la solution d’un vrai problème que choisit un entrepreneur qui est son idée de projet de création d’entreprise.
L’idée de projets est ce que veut faire l’entrepreneur, le projet est la façon dont il va le faire. Il y a trois types d'idées de projets : celles dont la mise en œuvre permet de satisfaire des besoins
1) déjà satisfaits : c'est quand il y a déjà une offre suffisante voire excédentaire sur le marché visé. Dans ce cas, l’entrepreneur doit s’attendre à une rude concurrence. Sa créativité va s’exprimer dans sa capacité à se différencier de ses concurrents ;
2) pas encore satisfaits : c'est quand il y a une offre insuffisante voire déficitaire sur le marché visé. Dans ce cas, l’entrepreneur doit s’attendre à des difficultés d'approvisionnement ;
3) non exprimés : c'est quand il n'y a pas une offre existante sur le marché. Dans ce cas, l’entrepreneur doit s’attendre à des difficultés de production
Dans tous les cas, l’idée de projet doit répondre aux exigences suivantes : elle
1) s'exprime sous forme d'une phrase infinitive ;
2) satisfait un besoin précis de ses futurs clients ;
3) doit réussir à passer le test des 6cpf/10cpi ou, en clair, six clients potentiels favorables à sa mise en œuvre sur dix clients potentiels interrogés. Une fois que vous avez passé l’étape du choix de votre idée, il faut la formuler, précisément, en répondant aux sept questions que voici : quoi ? Qui ? Où ? Comment ? Combien ? Quand ? Pourquoi ?
Un moyen simple de retenir ces questions est de ne retenir que ceci : QQOCCQP ! Une fois votre idée formulée, il est temps d’en parler aux parties prenantes pour
1) mieux la comprendre soi-même ;
2) l'améliorer des remarques des uns et des autres ;
3) trouver, plus facilement, des personnes qui peuvent vous aider à la planifier dans un business plan ;
4) connaître d'autres idées similaires dont la réalisation est plus avancée que la vôtre ;
5) trouver des cobayes à travers tous ceux qui tenteront de copier votre idée.
Souvent de nombreux jeunes candidats à l’entrepreneuriat ont peur de se faire voler leur idée de création d’entreprise, mais cette crainte n’est pas fondée car une idée est définie par les paramètres suivants : :
1) l'objet ou la solution au problème traité ;
2) le contexte où l'environnement dans lequel l’idée sera réalisée ;
3) les motivations (menaces à neutraliser et opportunités à saisir) ;
4) les parties prenantes : le porteur de projet, les clients, les fournisseurs, les bailleurs de fonds et l'état ;
5) la localisation, là où sera implantée l’entreprise.
Il est IMPOSSIBLE que tous ces cinq paramètres soient identiques quand quelqu'un copie votre idée. Mais, il est possible que certains petits malins gagnent du temps en s'inspirant de votre idée. Ce qui, si vous êtes un vrai entrepreneur, doit vous remplir de fierté et non de craintes.
Les entrepreneurs sont, par nature, généreux : tout ce qu'ils font nourrit les créatures d'Allah. Regardez les premiers entrepreneurs de l'histoire humaine que sont les agriculteurs : les vers de terre, les oiseaux, les bêtes, les passants, la famille, les marchands, les transformateurs, tous trouvent leur compte dans leur labeur. Et, ils n'en sont pas moins heureux.
Talan Tamba DANFAKHA,
Directeur général Kombiko Partner
par l'éditorialiste de seneplus, Alymana Bathily
ORANGE TOUT PUISSANT
EXCLUSIF SENEPLUS - L’inclusion financière des populations pauvres est-elle vraiment une préoccupation du gouvernement ? On pourrait en douter au vu de la liquidation apparemment programmée de Wari au profit d’Orange Money
L’Autorité de régulation du secteur des communications du Ghana, la National Communication Authority (NCA) a publié le 8 juin 2020 sur son Site « une déclaration d’intention » classant l’opérateur MTN en « une puissance dominante significative » sur le marché national (Dominant/Significant Market Power ») des télécommunications.
MTN qui est une entreprise d’Afrique du Sud exerce effectivement une domination écrasante du marché dans tous ses segments avec 67.78% pour l’internet et 57.07 % pour la téléphonie contre respectivement 15.49% et 20.94% pour Vodafone et 15.81% et 20.25% pour AirtelTigo. Le quatrième opérateur Glo ne contrôle que 0.92% de l’internet et 1.74% de la téléphonie.
Cependant, selon Quartz Africa, l’autorité de régulation ghanéenne est préoccupée plus par la position dominante significative de MTN sur le « mobile money » que sur l’internet et la téléphonie voix.
Le développement du mobile money au Ghana est en effet le plus rapide de tous les pays d’Afrique : 40% des 58% des adultes bancarisés dans ce pays en 2017 l’ont été par le mobile money, indique Quartz Africa se référant aux statistiques publiées par le Global Findex Database de la Banque Mondiale.
Dès lors, les autorités du Ghana se font un devoir de réguler pour que tout en encourageant l’inclusion financière, empêcher que les flux financiers des plus pauvres ne soient contrôlée par une seule entreprise étrangère comme c’est le cas au Kenya.
Dans ce pays, l’opérateur Safaricom (appartenant aux groupes Vodacom (Afrique du Sud) et Vodafone (Grande Bretagne), grâce à son service de mobile money M-PESA assure des transactions représentant 40% à 50% du PIB du pays !
L’Agence de Régulation des Postes et Télécommunications du Sénégal (ARTP) ne devrait-elle pas émuler la NCA du Ghana et déclarer Orange qui contrôle 67.15% du marché tous segments confondus, en situation de « puissance dominante significative » pour réguler les opérations de mobile money de cet opérateur dont la plateforme revendique déjà 1.800.000 clients ?
D’autant que les responsables de Wari établi depuis 2008 sur le marché du transfert d’argent et du mobile money au Sénégal, unique challenger d’Orange Money font état depuis quelques temps de « problèmes de connexion au réseau » récurrents qui affectent régulièrement le bon fonctionnement de leurs services dans plusieurs parties du pays.
A cela s’ajoutent les exigences de certaines banques partenaires de Wari qui aboutissent « au blocage dans les IBAN des distributeurs qui par ricochet ne peuvent plus payer les retraits des clients Wari », indique le communiqué publié la semaine dernière par le Groupe et repris par Walf Net.
L’inclusion financière des populations pauvres et rurales est-elle vraiment une préoccupation du gouvernement du président Macky Sall ?
On pourrait en douter au vu non seulement de la liquidation apparemment programmée de Wari au profit d’Orange Money, mais aussi de l’occasion qu’on a refusé de saisir pour apporter l’appui aux populations face au Covid-19.
Au lieu d’acheter des denrées alimentaires à travers une procédure compliquées, de mettre en place une logistique, on aurait pu simplement envoyer de l’argent aux ayants droit par transfert d’argent via Wari et Orange Money.
C’est ce que le Togo a fait en créant de toutes pièces une plateforme numérique à laquelle 450 000 personnes (sur une population totale de 5 million) ont reçu leur aide à la mi-avril.
Le président du Togo, successeur de son père, dictateur s’il en fut, qui n’a pas hésité à couper les connections internet du pays lors des manifestions de 2017 contre son troisième mandant présidentiel successif, n’est donc ni un dirigeant éclairé ni un adepte des technologies numériques.
Il a seulement compris qu’il était indispensable pour la survie de son régime que les populations les plus pauvres reçoivent de l’argent dans les meilleurs délais.
Si on avait fait parvenir l’aide Covid-19 aux populations concernées par une des plateformes de transfert d’argent qui fonctionnent déjà dans ce pays depuis plusieurs années, on aurait non seulement permis aux bénéficiaires de recevoir une aide financière rapidement, on les aurait inclus dans le système financier et on aurait ce faisant, consolidé une base de données nationale indispensable à la planification nationale.