Lancé, mercredi 8 avril 2020, par le président Macky Sall, l’Appel de Dakar pour une nouvelle gouvernance mondiale est une offre africaine. Le prétexte n’est pas des meilleurs mais l’initiation positive nous enseigne qu’une très grande partie du bien peut provenir du mal : c’est tout le sens qu’il faut donner à l’appel de Dakar. « L’Afrique et le monde face au Covid 19 : point de vue d’un Africain » : un magnifique texte du président Macky Sall. « L’Afrique berceau de l’humanité et terre de vieille civilisation n’est pas et ne saurait être ‘’un no man’s land’’. Elle ne saurait non plus s’offrir comme terre de cobayes, également les scénarios catastrophiques qui s’évertuent à dessiner un futur d’apocalypse pour le continent.
Ayant subi, à travers sa longue et riche histoire, des épreuves autrement plus périlleuses, et plus cruelles ce continent est et reste résilient et tien plus que jamais debout » Ces propos d’un chef d’Etat né après les indépendances, ou plus exactement d’un Africain de la jeune génération des présidents de la République, sont d’une lucidité sans faille et prouvent la vision d’un grand dirigeant, comme l’écrivait d’ailleurs le journaliste Alioune Fall.
Dans son texte très réaliste « L’Afrique face au covid 19 : point de vue d’un Africain », le président Macky Sall, dès le début, campe le décor en ces termes : «Avec une population estimée à un milliard trois cent millions d’habitants, l’Afrique est atteinte par le covid 19 au moment où plusieurs de ses pays, malgré les défis du sous-développement, sont sur une trajectoire d’émergence alors que d’autres continuent de faire face à la lutte contre le terrorisme.
Le covid 19 freine ainsi l’élan des uns, aggrave la situation des autres et remet en cause les efforts de tous. De plus, il soumettra à rude épreuve des systèmes nationaux de santé publique déjà vulnérables. De nombreux pays ont adopté des plans de confinement pour éradiquer la propagation du virus à l’échelle nationale. Mais le niveau d’impréparation due à la survenance brutale de la pandémie, à son évolution rapide et à l’ampleur des besoins montre clairement les limites des mesures nationales ».
Dans l’appel historique de Dakar sur la guerre contre le covid 19, et les difficultés inhérentes à l’importation des équipements et des produits médicaux pharmaceutiques nécessaires à lutter dans un contexte de forte demande et de perturbation du trafic aérien, pour gagner le combat en maintenant le niveau des capacités de riposte, le président Macky Sall préconise notamment « de disposer en quantité suffisante d’équipements et de matériels médicaux et de protection : kits de test, masques, équipement de protection individuelle, aménager et équiper des centres d’isolements et de traitement des malades, assurer la détection précoce des cas d’infection liés au covid 19 au niveau des sites de références, assurer l’isolement rapide et la prise en charge des cas suspects et confirmés d’infection pour renforcer les mesures de protection et de contrôle et d’assurer une bonne coordination de toutes les interventions ».
Après quoi, il s’est adressé à l’Afrique en ces termes : « Il faut dire qu’en dépit des efforts jusque-là consentis, les pays africains n’ont pas encore atteint les normes préconisées par l’Organisation mondiale de la santé en infrastructures sanitaires et personnel qualifiés dont la répartition reste encore inégale au détriment des zones rurales. De façon générale, les besoins de l’Afrique dans le secteur de la santé se posent avec acuité. De la formation des ressources humaines en qualité et quantité suffisantes en passant par l’utilisation optimale des technologies de l’information et de la communication (TIC), la télémédecine et la mise en réseaux des expertises nationales au sein et entre les autres pays d’Afrique jusqu’à la création de plateforme régionale pour faciliter le déploiement d’opération d’urgence à l’instar de la plateforme de Dakar qui a servi de base aérienne et logistique lors de la crise d’Ebola qui avait frappé certains pays de la région ouest africaine et l’appui aux initiatives pour la couvertures maladie et/ou sanitaires universelle ».
Selon le chef de l’Etat Macky Sall, trois leçons sont à retenir de la crise. «D’abord l’infiniment petit fait trembler le monde entier, c’est que devant des mesures transfrontalières grands ou petits, riches ou pauvres nous sommes tous vulnérables.
Ensuite, le covid 19 renvoie au monde ses propres contradictions. Nous vivons, en effet, une crise de paradoxes. La terre est assurément ronde, mais quelque close, quelque part ne tourne pas rond. L’homme continue de faire des progrès tous azimuts reculant chaque jour et à tout instant les limites de la science et de la technologie, y compris dans la conquête de l’espace et pendant ce temps sur terre, il manque des masques, des kits de tests, d’équipements de protection individuelle, de lits, de respirateurs ; autant de produits, matériels et équipement indispensables à la prise en charge des malades et à la protection des personnels de santé, les véritables héros engagés au front d’une lutte risquée et potentiellement mortelle contre un ennemi invisible à l’œil nu .Il est donc temps de revenir sur terre »
S’agissant de la troisième leçon, le président de la République estime que la pandémie du covid 19 « confirme les limites objectives de l’Etat-Nation dans la réponse aux menaces transfrontalières ». Il est donc temps de revenir à la sagesse des ainés comme nous y invite notre compatriote Cheikh Hamidou KANE, ce gardien du temple, qui, dans son roman à succès mondial « L’aventure ambigüe » édité et publié en 1961 (l’année de naissance de son excellence le président Macky SALL) énonçait à la page 92 ce message prémonitoire : « Nous n’avons pas eu le même passé, mais nous aurons le même avenir, rigoureusement…
L’heure des destinées singulières est révolue… Nul ne peut vivre de la seule préservation de soi ». La victoire sans avoir raison fort justement décrite dans le chef d’œuvre littéraire ‘’L’Aventure ambigüe’’ est aujourd’hui tout à fait remise en cause et le président Macky Sall le rappelle avec pertinence en soutenant que devant les défis planétaires quels que soient sa puissance et ses moyens, l’Etat-Nation ne peut se suffire à lui-même. « Nous avons tous besoin les uns des autres, surtout quand nos vulnérabilités communes s'ajoutent à nos fragilités individuelles, alors, il est d’apprendre de nos erreurs et de nos limites, de redéfinir l’ordre des priorités, de redonner plein sens à l’économie réelle en investissant plus dans l’agriculture, l’énergie durable, les infrastructures, la santé, l’éducation et la formation, pour réaliser un développement soucieux du bien-être de l’homme intégral ».
Poursuivant, le chef de l’Etat a estimé qu’« il est temps de travailler ensemble à l’avènement d’un nouvel ordre mondial qui met l’humain et l’humanité au cœur des relations internationales. Ce nouvel ordre mondial, que j’appelle de mes vœux, suppose une confiance mutuelle et une volonté sincère de coopérer autour des questions d’intérêt commun et de valeurs partagées dans le respect de nos différences et de nos diversités. Je postule aussi et surtout pour un nouvel Etat d’esprit qui reconnait que toutes les cultures et toutes les civilisations sont d’égale dignité et qu’il ne saurait y avoir de centre civilisationnel supérieur qui dicterait aux autres la façon d’être et d’agir.
Comme le dit une sagesse africaine, l’arc en ciel doit sa beauté aux tons variés des couleurs ». L’appel Historique de Dakar, du président Macky Sall, à l’ intention des cent quatre-vingt-treize Etats de la planète terre, donne une excellente réponse à la lancinante question de la crise de la pensée universelle, en pensant à la crise par une offre africaine pour une nouvelle gouvernance mondiale plus juste.
Pour sa mise en œuvre, une bonne équipe africaine s’impose avec un ‘’ top management ‘’ de qualité composé de cinq chefs d’Etat de la même génération : UHURU KENYATA du Kenya, FELIX TSHISEKEDI de la République démocratique du Congo, Paul KAGAME du Rwanda, le roi MOHAMMED 6 du Maroc et, last but not least, MACKY SALL du SENEGAL, l’initiateur. Ces chefs d’Etat devraient être les points focaux des cinq régions naturelles de l’UNION AFRICAINE. Nés après les indépendances, ils sont les héritiers des pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine. Cette génération de chefs d’Etat est porteuse de l’offre africaine pour un nouvel ordre mondial.
Cette noble, belle et historique mission, elle doit l’assumer avec des partenaires mondiaux comme le jeune chef d'Etat français EMMANUEL MACRON. Lequel l a tout à fait raison de dire que nous pleurons, toute l’humanité pleure, les morts d’un même virus, tout en préconisant un plan en quatre en axes importants en partenariat avec l’Afrique dont l’annulation pure et simple de la dette publique et l’échelonnement de la dette privé africaines, un point essentiel de l’Appel de Dakar dont la mise en œuvre se fera avec la société civile, mais la vraie dans le sens gramscien du terme car dotée de la sincérité et de la conviction de veille et d’alerte qui aura couté une décennie carcérale dans les geôles mussoliniennes à Antonio GRAMSCI, brillant intellectuel organique italien – de 1917 jusqu'à son assassinat en 1927 en prison. Il est donc heureux que sous le titre « Il est temps d’agir », quatre-vingt-cinq universitaires, intellectuels, hommes de culture d’Afrique et de sa diaspora adressent une lettre aux dirigeants du continent sur les risques qui planent sur l’Afrique relatifs à la propagation du covid 19, sur la gravité de l’heure.
Leur interpellation individuelle et collective est plus que salutaire. Ce faisant, ils sont tous des alliés objectifs du président Macky Sall dans le cadre de l’Appel historique de Dakar pour une offre africaine d’un nouvel ordre mondial fondé sur une gouvernance plus juste. C’est pourquoi, sans aucun risque de me tromper, j’affirme avec force que l’appel Historique de Dakar par une offre africaine pour un nouvel ordre d’une gouvernance mondiale plus juste n’est pas conjoncturel. Il va au-delà de l’après covid -19 qui consacrera inéluctablement des relations internationales autrement structurées. J’en profite pour dire que Boubacar Boris Diop n’a pas raison même si c’est son droit d’être gêné d’entendre la président Macky Sall prendre la grande initiative de l’annulation de la dette publique africaine, ce qui du reste n’est pas nouveau puisqu’il la réclamée a plusieurs reprises.
L’écrivain journaliste a encore tort parce que le président Macky Sall n’est l’obligé de personne surtout que, dans cette initiative historique, c’est bien le président Emmanuel MACRON qui appuie sans réserve une des propositions de l’appel de Dakar en l’occurrence l’annulation de la dette publique africaine. Une proposition soutenue aussi par le Pape François dans son message à l’occasion de la célébration de Pâques.
L’écho est donc plus que favorable même si Boubacar Boris Diop le reconnait quand il déclare dans l’interview publiée dans le « Témoin quotidien » du jeudi 16 et vendredi 17 Avril 2020 ceci : « même si personne ne sait de quoi demain sera fait, le pays tient debout et on le doit en partie au président Macky Sall. Je suis de ceux qui n’avait pas compris son refus de rapatrier les 13 étudiants sénégalais de Wuhan mais les faits lui ont donné raison.’’ C’est pourquoi je dis à Boubacar Boris DIOP qu’aucun doute n’est permis que le président Macky Sall conçoit son action politique en toute souveraineté même s’il est partisan de la concertation pour toujours aboutir à des consensus les plus forts possibles.
De mon point de vue, aucun autre cadre concernant son action n’obéit à aucune dépendance. Cela dit, mon cher Boris, je partage votre opinion selon laquelle « notre réponse à ce qui arrive en ce moment devra être fondamentalement culturelle. Pour le dire en termes plus clairs, au lendemain de la pandémie, la révolution africaine sera culturelle ou ne sera pas ». Justement, l’appel Historique de Dakar du président Macky Sall concernant une offre africaine a aussi un soubassement culturel mais très éloigné de l’idéologie primaire de l’anti-impérialisme de nos vingt ans. Pour tout cela, aucun doute n’est permis sur le quinquennat de la confirmation.
Cheikh NGAIDO BA
par Alassane Niang
DAME NDOYE OU LA FIN TRAGIQUE DE CES PÊCHEURS DE GUETH NDAR !
Malgré ces temps durs, Dame Ndoye était victime de son premier amour, la mer - Depuis une semaine, lui et son équipage sont en haute mer avec leur pirogue « Sambarakh », la lune restait leur seul guide
Dame Ndoye aimait sincèrement sa femme, il n’hésitait pas à élever sa femme aux dessus des belles-dames de Ndar en lui offrant de belles parures, des tissus de Bazin riches et des "Waxx" grâce aux revenues qu’il tirait de ces Thiofs, dorades, mérous. Il se souvenait avec nostalgie de son passé glorieux où la pêche était rentable.
Malgré ces temps durs, Dame Ndoye était victime de son premier amour, la mer. Il quittait chez lui, dès l'aube pour rallier les plages de Gueth Ndar. En s’embarquant dans sa pirogue, Dame espérait que la mer, lui offrirait ce qu'elle avait de plus précieuse. Depuis une semaine, lui et son équipage sont en haute mer avec leur pirogue « Sambarakh », la lune restait leur seul guide. Il errait au large de l'océan à la recherche de petites sardinelles, prêtes au "Pépéshou" soupe à la sardinelle, bon plat pour ce pauvre qu’il est devenu. Le bruit des marmites et les chants timides de ces frères lui donnèrent la force en tant que capitaine d’équipage, de continuer. Ndiaga s'occupa de temps en temps à les égayer par ces talents de comédien.
Au fur et à mesure qu’ils avançaient, l’espoir de nouvelle prise se dissipait. Ces sardines, ces Yaaboys et ces foutus Pans Pans de bateaux chinois, russes et européens ne laissaient rien passer avec leurs filets voraces. Les filets mono-filaments interdits depuis 1998 qu’ils utilisaient, les permettaient de ramasser quelques miettes laissées par ces monstres, un petit crime contre les petites espèces, un petit crime dont ils ne sont pas les coupables, c'est leur gagne-pain. Après avoir tourné en rond sans pouvoir prendre dans leurs filets aucun poisson. Le peu de sardinelles qu’ils avaient comme réserve, les maintenait en vie sans pour autant satisfaire leur faim.
Dame ne voulut pas faire demi-tour à cause de sa femme qui était à son 8ème mois de grossesse. Il ne voulait pas retourner sur terre avec les mains vides alors qu’il devait prendre en charge les médicaments, l'accouchement, le baptême et sa vieille mère malade. L’équipage qui commençait à se décourager, décida après une longue discussion, de virer au Nord vers les eaux mauritaniennes. Des eaux très poissonneuses qu’ils avaient déjà visitées, il réussissait tout le temps de semer les gardes mauritaniennes. Ils décidèrent avant de partir, de retourner à Saint-Louis pour s’enquérir de la situation, et leurs frères de Guett Ndar les rassurèrent du temps merveilleux qu'il faisait.
Ils repartirent malgré ce brouillard qui les envahissait de frayeur, arrivés dans les eaux mauritaniennes, ils commencèrent à pécher. La gaieté se voyait dans leurs visages à la vue de ces espadons, ces capitaines graisseuses et dodues qui sautillaient. Cette joie fut de courte durée, interrompue par une brève détonation. Ndiaga, qui s'activait à tirer les filets, tomba le premier comme un statut sur les eaux, son sang colorait une mer brumeuse. Les autres n’eurent pas le temps de se ressaisir que des rafales pleuvaient, une partie de l’équipage tomba sur la pirogue et les autres dans les eaux. C’étaient les gardes côtes mauritaniennes qui les avaient repérées, ils s’étaient trouvés dans les eaux interdites de pêche. Dame touché par les balles, faisait partie de ceux étaient tombés dans les eaux. La balle avait touché son cou précisément une de ces veines jugulaires, l’hémorragie commençait à le rendre inconscient alors qu’il se noyait.
Pendant ces 2 minutes qui lui restaient à vivre, ces pensées s’emmêlaient rapidement, cet enfant qui naîtra sans lui, à la souffrance de sa chère mère qui agonisera certainement du vide qu’il allait laisser, à son épouse qui ne s'en remettra peut-être pas. Il regretta de ne pas pouvoir se reposer à la cimetière paisible de Thiaka près des rivages, il aurait aimé y être enterré comme tout bon Lébou, mais n’a-t-il pas là une mort digne, comme l’aurait aimé un vrai Lébou, dans les bras de son premier amour, la mer ?
À ces pensées, il enleva sa main sur son cou, se laissa aller, flottant dans les eaux, les yeux au ciel. Il voyait ces aigrettes gazelles, ces albatros et ces pétrels qui volaient aux dessus de lui. Ces oiseaux le hurlèrent, le chahutèrent et ils l’accusèrent avec véhémence d’avoir volé leurs petits desserts de sardinelles en guise d’excuse, il leur invita à se servir de son corps inerte.
par Serigne Filor
UNE DISTRIBUTION DE DENRÉES ALIMENTAIRES QUI FAIT PEUR AUX HÈRES
Si à la seule annonce d’une distribution de denrées alimentaires, tout le monde a peur qu’elle soit entachée d’un manque de transparence, nous devons avoir honte de notre société aujourd’hui caractérisée par des malversations ici et là
Suite à l’enregistrement au Sénégal de cas positifs de Covid-19, le président de la République a lancé un appel à la solidarité nationale et internationale dans le cadre de la riposte contre cette pandémie. Dans cette dynamique, un fonds de 1000 milliards de francs CFA dénommé « Force Covid-19 » a été mis en place par Son excellence M. Macky Sall devant accompagner le programme de résilience économique et sociale. L’aspect social de ce programme est véhiculé par la dotation de 69 milliards de francs (50 milliards au début) pour l’achat de vivres au bénéfice d’un million de ménages éligibles (une éligibilité démontrée par, je pense, l’extrême pauvreté) et « 15,5 milliards de francs pour le paiement des factures d’électricité des ménages abonnés de la tranche sociale, pour un bimestre, soit 972522 ménages ». Ce que nous pouvons dire, en liminaire, c’est que cela est en parfaite corrélation avec l’empathie que le président de la République semble manifester, lors de son discours à la nation, quand il disait en ces mots : « Je pense aux millions de pères, de mères et soutiens de famille menacés de précarité ».
La distribution des vivres est déléguée à M. Mansour Faye, ministre du développement communautaire, de l’Equité Sociale et Territoriale, responsable de programme (par ailleurs maire de Saint-Louis). Il en est carrément légitime de par son rôle au sein du gouvernement. Je rappelle d’ailleurs que lorsqu’il s’agit du Sénégal, une évaluation de l’équité sociale ou territoriale donne naissance à un foisonnement de faillibilités illustré par la seule centralisation des politiques de développement mis en place par l’Etat. Il semblerait donc qu’il ait failli à une partie de son rôle. Mais que dirons-nous de plus, en tant que démunis, hères menant nos activités de débrouillards le jour pour nous garantir d’une subsistance quotidienne, légitimement bénéficiaires de soutiens venant de l’Etat en ce temps de crise sanitaire mondiale où le confinement est sollicitée, si le ministre en charge de cette opération de distribution d’aide alimentaire, est lui-même, avec Demba Diop Sy, Directeur Général d’Urbaine d’Entreprise (UDE) et titulaire d’une partie du marché relatif à l’acheminement de ces denrées alimentaires, sujet d’une dénonciation pour conflits d’intérêts et délits de favoritisme auprès de l’office nationale de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) déposée ce 17 avril 2020 et dont Guy Marius Sagna du Front pour une révolution anti-impérialiste (FRAPP) est le mandataire ? Nos dires ne seront que l’expression d’une peur de ne pas bénéficier de ce soutien.
Le total des dons du Fonds, nous renseigne l’Agence de presse sénégalaise (APS), suite à l’information donnée par la direction générale du trésor et de la comptabilité publique, a été arrêté au montant de vingt-neuf milliards six cent vingt-sept millions cent mille cent quatre francs (29.627.100.104 FCFA). Les donateurs sont les institutions, les entreprises, les organisations et les particuliers. Le chef de l’Etat lui-même a contribué à hauteur de 50 millions de francs CFA. Des téléthons ont également été organisés pour alimenter ce fonds. C’est assez réjouissant de voir des citoyens fournir des efforts pas anodins pour adoucir, voire freiner l’impact de cette pandémie dans notre pays et également de remarquer que la quasi-totalité des membres de l’opposition ont oublié, pour l’instant, certaines considérations inutiles pour la lutte contre ce fléau. Mais aussi, c’est assez écœurant de constater que, d’un autre côté, se trouvent des gens qui abattent leur rationalité pour avoir la plus grande part de la distribution de ces provisions, eux avec leur famille, leurs amis,…, des gens habiles à faire des manigances dont les conséquences heurtent la sensibilité des plus démunis. L’assistance accordée à ceux-ci est, à certains égards, assimilée à une certaine « promotion » de la pauvreté, celle-ci largement conçue comme un état statique de ceux qui en souffrent d’autant plus que pour les assister on a besoin de montrer leur visage à la télé, sur internet ou de les faire entendre à la radio. Tout ceci est une conséquence d’un coupable exotisme, de l’adoption d’un certain nombre de valeurs qui ne sont pas vraiment les nôtres. Où est passé le « soutoureu » ? Il est écrasé dans cette nouvelle société sénégalaise qui voit l’apogée d’un mondialisme avec son occidentalisation sans précédent. Quelle vilénie ! Quel gâchis !
La vérité, c’est que dans ce pays les richards ont appris à s’enrichir injustement de la pauvreté des uns et des autres, à se réjouir de leur souffrance. Ceci n’est guère l’aspect inhumain du capitalisme (ne le justifiez donc pas avec cela) si bien que la plupart d’entre eux sont des politiciens qui fondent une richesse dans un détournement de deniers publics. A la télé, nous les voyons tous suer, dans un moment de fraîcheur, lorsqu’ils expliquent la manière dont les vivres vont être répartis pour qu’ils arrivent jusqu’aux ayant-droits. Ce qui augmente la peur des hères dont les espoirs de ne pas sombrer dans le vide sont nourris par le seul fait d’être bénéficiaires de ces aides alimentaires. Si à la seule annonce d’une distribution de denrées alimentaires, tout le monde a peur qu’elle soit entachée d’un manque de transparence, nous devons avoir honte de notre société aujourd’hui dépaysé par des malversations ici et là, par des pratiques malsaines qui connaissent une inédite recrudescence. Et cela, je le dis, n’est qu’aggravé par la faillite de l’Etat dans l’achèvement de sa responsabilisation vis-à-vis du peuple. Déjà l’autre jour on nous montrait au journal télévisé des personnes qui exprimaient leur déception car elles avaient reçu la fausse alerte d’une distribution de dons alimentaires dans une place publique, l’un deux disait : « Aujourd’hui, si j’avais cent francs, je l’aurais dépensé à l’achat de 250 grammes de riz au lieu d’en procurer un masque ». Cela assez suffisant pour motiver nos gouvernants à manifester une plus grande sensibilité par rapport aux inquiétudes du peuple, ne serait-ce que pendant ce temps de crise.
Rassurer le peuple en cas de fléau de ce genre, cela fait partie du rôle de l’Etat. Cette assistance, il doit la délivrer avec de soutiens considérables et sans faille, tout en veillant à ce que ceux-ci arrivent jusqu’aux personnes légitimes, suivant les manières les plus équitables. Changer par ci, par-là, celui qui doit s’occuper du Fonds « Force-Covid-19 » serait peut-être un signe d’une volonté de transparence dans la répartition de ce fonds. Cependant, cela est aussi le résultat qui montre que ce n’est pas uniquement la faiblesse économique qui étrangle notre pays, il y a aussi le manque d’intégrité, la conduite en dehors des normes de conduite humaine, le manque d’humanité.
La distribution des dons fait peur aux hères, car dans cette époque, notre pays a connu l’émergence d’une nouvelle élite qui centre la majeure partie de ses activités sur la pratique accrue d’une injustice débordée. C’est une « lâcheté sociale » qui, si elle continue, est le fiable présage que notre pays ne sera jamais compté parmi ceux qui ont connu des apogées bruyantes. C’est un problème qu’il faut résoudre pendant et après cette pandémie. Ce faisant, nous vivrons peut-être en paix, sans voir de nombreuses personnes aux moyens très limités tendre la main pour demander de l’aide.
Par ailleurs, cette crise a aussi apporté un message aux dirigeants : il faut promouvoir les valeurs citoyennes et morales à travers leurs politiques de développement. La seule responsabilité citoyenne suffirait à limiter les dégâts qu’a causés ce virus. Il faut donc dès à présent, que l’Etat, à travers sa « voix rauque et incrédule », prône pour une promotion des valeurs citoyennes, morales, traditionnelles, religieuses,… Car, moi j’y crois, on ne peut pas connaître le meilleur en les bafouant.
par Sylvain Landry Birane Faye
LES FAILLES DE LA COMMUNICATION SOCIALE SUR LE COVID-19 AU SÉNÉGAL
Les nombreux débats télévisés contradictoires brouillent le message - Comment demander à une femme de Yeumbeul de rester chez elle après 20 h alors que le robinet ne l’alimente en eau qu’à partir de 23 h ?
The Conversation |
Sylvain Landry Birane Faye |
Publication 23/04/2020
Ces institutions ont fait passer leurs messages à la population à travers des communiqués et points de presse quotidiens. Naturellement, les médias classiques (télé, radio, presse écrite) ont également fait de cette maladie leur sujet de prédilection.
Dans le même temps, les réseaux sociaux, les sites d’information en ligne et les lieux publics sont devenus des relais de ce qu’il est d’usage d’appeler des rumeurs et des « fake news », ou encore de l’« infodémie ».
Comment appréhender les rumeurs ?
Ces rumeurs traduisent le déni ou la peur de l’inconnu, pas nécessairement une volonté de désinformer. Des attitudes similaires ont été notées du temps de l’épidémie de peste en Europe où les réactions de peur ont retardé son acceptation par les populations.
La propagation de ces « infox » reflète aussi les interrogations de la population face à une nouvelle pathologie sur laquelle elle a été initialement peu ou mal informée. Une certaine presse a également fait la part belle aux théories accusant les Blancs et stigmatisant les émigrés en les accusant d’avoir introduit le virus au Sénégal.
Certaines des rumeurs se sont également développées sur fond d’interprétations religieuses. La vitalité de ce type de discours peut être comprise comme une manière ordinaire, pour les Sénégalais, de décoder, rationaliser et rendre intelligible la maladie.
L’idée que la force de la foi protégera le croyant du virus s’est largement répandue parmi les Sénégalais et s’est retrouvée, à bien des égards, dans les attitudes adoptées par l’État. Le ministre de l’Intérieur s’est ainsi rendu au Magal Porokhane (un rassemblement religieux annuel). Le président de la République a envoyé un ancien premier ministre assister à la prière du vendredi à Touba pour solliciter les prières des autorités religieuses.
La question s’impose : quelle attitude les autorités publiques doivent-elles adopter face au dynamisme de ces diverses réactions à la pandémie ?
Une communication de crise focalisée sur la peur n’est pas efficace
En dehors des recommandations biomédicales (gestes barrières), les messages véhiculés par les autorités sanitaires et relayés par la presse ont contribué à entretenir la peur et la stigmatisation : « Le COVID tue ! », « La pente dangereuse », « Menace de flambée », « Restez chez vous ».
De tels modes de traitement de l’information sont anxiogènes et suscitent des comportements jugés irrationnels (comme l’a montré le cas du patient fugitif de la Caserne Samba Diéry Diallo qui a contaminé sa femme). C’est une chose d’appeler des populations entières à rester chez elles ; c’en est une autre de les amener à comprendre pourquoi ces mesures extrêmes sont essentielles et s’assurer ainsi qu’elles seront bien respectées.
Par ailleurs, si le ministère de la Santé a voulu donner des gages de transparence à travers ses communiqués de presse, le format employé a également renforcé l’angoisse : le fait de relater quotidiennement le nombre de cas a conduit la population à s’attendre tous les soirs à l’hécatombe, conformément à la chronique d’une catastrophe annoncée sans cesse relayée par la presse et les réseaux sociaux.
Mieux, la « communication unilatérale » caractérisant cet exercice a aussi contribué à développer ces rumeurs, en ne donnant pas aux médias la possibilité à poser des questions. Comme le souligne Fred Eboko, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste des politiques publiques de santé en Afrique, il est nécessaire d’éviter de faire peur si l’on veut que le message soit bien assimilé par les populations.
De plus, les nombreux débats télévisés contradictoires brouillent le message. Une publication récente de The Lancet a montré qu’un trop-plein d’informations, en particulier discordantes, représentait une source de stress en période d’épidémie.
Pour éviter une telle situation, il convient de renforcer l’harmonisation de la communication avec tous les partenaires de la lutte – les acteurs publics, la plate-forme des ONG, les différents groupes de presse… – et, aussi, d’élaborer des supports utilisables par tous. Au Sénégal, il faut s’inspirer des leçons apprises d’Ebola et, surtout, mieux préparer les communautés par une communication utilisant des référentiels de base sur le terrain avec des messages contextualisés, harmonisés et spécifiés, évitant les errances communicationnelles.
Il convient également de procéder à une évaluation continue des effets des messages diffusés et de prendre des mesures permettant de les améliorer. Enfin, la focalisation sur les gestes barrières, aux risques liés à la propagation du virus et au respect du confinement ne doit pas faire oublier que le retour des personnes guéries dans leurs communautés doit être accompagné par une communication proactive pour prévenir leur stigmatisation et les conséquences psychosociales qui s’ensuivent.
La communication par le bas, adaptée et contextualisée, est essentielle
Au niveau des districts sanitaires, les acteurs communautaires mènent une campagne nationale de sensibilisation et de communication. Au-delà de ces activités de masse, la communication a surtout été menée par le biais des visites à domicile.
Si Touba, zone ayant fait l’objet de demandes pressantes d’isolement de la part de Sénégalais inquiets et angoissés, est restée pendant plus d’une semaine sans nouveau cas, c’est le fruit d’un travail collaboratif et d’une approche de proximité. Les acteurs sanitaires de la ville, appuyés par diverses organisations communautaires et les guides religieux, ont encouragé l’adoption des bonnes pratiques d’hygiène, la limitation des déplacements et le respect du couvre-feu. Les plaidoyers en direction des religieux, les visites à domicile, les appuis apportés aux maisons mises en quarantaine pour améliorer leur résilience ont favorisé l’engagement des communautés et l’adoption des comportements souhaités. Cette même approche doit permettre de gérer la résurgence de l’épidémie, avec les nouveaux cas notés récemment.
Quelle communication sur les risques ?
Les leçons apprises des épidémies précédentes montrent qu’il est nécessaire de communiquer de façon à amener les populations à identifier les risques, à évaluer et comprendre leurs vulnérabilités. C’est ce qui peut les inciter à adopter les bons comportements et à s’approprier les mesures de lutte.
Aussi, les pouvoirs publics ne peuvent pas espérer que les Sénégalais s’engageraient pleinement dans la lutte et changeront significativement de comportements s’ils ne sont pas en mesure de répondre à leurs besoins et de garantir l’accès aux services sociaux de base. Si le taux d’accès global à l’eau est 98,8 % avec 90,3 % de branchements domiciliaires, cela ne doit pas cacher l’irrégularité du service et les pénuries fréquentes à Dakar par exemple.
Dans ces conditions, comment demander à une femme de Yeumbeul (banlieue dakaroise) de rester chez elle après 20 h alors que le robinet ne l’alimente en eau qu’à partir de 23 h ? En plus des informations biomédicales sur le Covid-19, il faut sans doute aussi rassurer la population sur ces problèmes qui la préoccupent au premier chef pour favoriser l’appropriation des messages de lutte en période de confinement.
La communication doit également insister sur des valeurs (contrat social, altruisme) permettant de renforcer des réseaux de solidarité. Les liens qui unissent les individus sont des éléments nécessaires pour gérer la peur et le stress. C’est en se pliant à ces impératifs que la communication sur la pandémie remplira son objectif.
Sylvain Landry Birane Faye est Professeur en Sociologie et Anthropologie de la Santé, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Texte Collectif
LIBÉREZ SOUMAÏLA CISSÉ !
Khalifa Sall, Robert Dossou, Célou Dalen Diallo, Tierno Monenembo, Kako Nubukpo et plusieurs autres personnalités africaines appellent le président IBK à s'engager pour que l'opposant malien enlevé depuis le 25 mars recouvre la liberté
Des membres du Comité pour la Libération de Soumaila CISSE, ont lancé un appel demandant, notamment, l’implication des partenaires sécuritaires du Mali dans le but d’aider à libérer le président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) enlevé par des hommes armés le 25 mars 2020. Des personnalités et pas des moindres, issues de tous les milieux, politique, économique, libéral, avocats, anciens ministres, patrons de grands groupes, etc., ont apposé leurs signatures sur ce document.
«Appel»
Monsieur Soumaila CISSE, président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), chef de file de l’opposition malienne, ancien ministre, ancien président de l’Union Économique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et candidat à plusieurs reprises à l’élection présidentielle au Mali,
A été enlevé en compagnie des membres de sa formation politique, en délégation, le mercredi 25 mars 2020.
Cet enlèvement a eu lieu dans la circonscription électorale de Niafunké (région de Tombouctou/au nord du Mali). Le candidat Soumaïla CISSE était en campagne électorale en vue des élections législatives du 29 mars et 19 avril 2020. Il a été enlevé par des hommes armés non identifiés.
Au cours de cet enlèvement, le garde du corps de Monsieur Soumaïla CISSE a été tué par balle. Deux autres personnes de sa délégation ont été grièvement blessées.
A ce jour, Monsieur Soumaïla CISSE est toujours otage de ses ravisseurs.
Sa famille, son parti politique, ses militants et alliés ainsi que ses nombreux amis et soutiens tant au Mali qu’à l’étranger sont inquiets. Les motifs de son enlèvement restent méconnus.
D’ailleurs, ses ravisseurs, étrangement n’ont à ce jour exprimé aucune revendication précise ni exposé un quelconque motif de son enlèvement.
Loin des siens, privé de liberté d’aller, de venir et de s’exprimer à sa guise, sans doute détenu dans des conditions difficiles et inacceptables, la santé et la vie de Monsieur Soumaïla CISSE sont exposées de manière dangereuse, ce, depuis bientôt un mois.
Depuis le début de la crise sécuritaire que traverse le Mali, l’enlèvement d’une personnalité nationale de cette envergure est unique et sans précédent. La zone dans laquelle a été enlevé Monsieur Soumaïla Cissé, située dans la région de Tombouctou, est un secteur où opèrent habituellement des présumés djihadistes, réputés affiliés à Al-Qaïda. Cela peut légitimement faire craindre le pire à tout moment pour Monsieur Soumaïla CISSE.
La situation qui est la sienne aujourd’hui ne peut laisser aucune personne éprise de paix et de justice sans réaction.
Aussi, les personnes signataires du présent appel, dont certains sont par ailleurs, membres du Comité pour la Libération de Soumaila CISSE en appellent:
– À une plus forte implication du chef de l’Etat du Mali, Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA en personne, ainsi que celle de ses homologues de la sous-région et du continent à ses côtés, pour la libération de Monsieur Soumaïla CISSE
– À un engagement accru du gouvernement de la République du Mali et l’appui de ses homologues de la sous-région et de la région, pour la libération de Monsieur Soumaïla CISSE,
– A l’implication des partenaires sécuritaires du Mali (MINUSMA, BARKHANE et forces africaines stationnées au Mali et dans la sous-région) pour entreprendre des actions communes en vue d’obtenir sans délai la libération de Monsieur Soumaïla CISSE pour le ramener sain et sauf à sa famille.
Ont signé :
1- Khalifa Ababacar SALL, homme politique sénégalais, ancien maire de Dakar, ancien ministre, Sénégal,
2- Zéphirin DIABRE, homme politique burkinabé, ancien ministre, chef de parti, chef de file de l’opposition burkinabé, Burkina Faso,
3- Ibrahim YACOUBA, homme politique nigérien, ancien ministre, Niger,
4- Succès MASRA, homme politique tchadien, chef de parti, Tchad,
5- Célou DALEN DIALLO, homme politique guinéen, ancien premier ministre, chef de file de l’opposition guinéenne, République de Guinée,
6- Robert DOSSOU, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier, ancien ministre, ancien président de la Cour constitutionnelle, Bénin,
7- Marie Roger BILOA, journaliste, présidente MRB-Networks.com, Cameroun,
8- Nicolas TIANGAYE, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier, ancien premier ministre, République de Centrafrique,
9- Bernard VATIER, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier, Secrétaire général de la Conférence Internationale des Barreaux francophones, France,
10- Saleh KEBZABO, journaliste, homme politique tchadien, ancien ministre d’Etat, député, président de groupe parlementaire, chef de parti, Tchad,
11- William BOURDON, Avocat à la Cour, Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique, France,
12- Jean François AKANDJI-KOMBE, Professeur à l’université Paris 1, Président de l’Institut Panafricain d’Action et de Prospective, République de Centrafrique,
13- Kadiatou SOW SY, ancienne ministre, présidente d’association de la société civile, Mali,
14- Ousmane SY, ancien ministre, Mali,
15- Tierno MONENEMBO, écrivain, République de Guinée,
16- Cheick SAKO, Avocat à la Cour, ancien ministre, République de Guinée,
17- Seidik ABBA, journaliste, écrivain, Niger,
18- Tiéman Hubert COULIBALY, homme politique, chef de parti, ancien ministre, Mali,
19- François KATENDI, journaliste, chef d’entreprise, RD Congo,
20- Elie ELKAIM, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier du Barreau du vaudois, Suisse,
21- Gaston STANLEY, Avocat, ancien Bâtonnier, Haïti,
22- Aminata BOUNE KONATE, enseignante, CPE, France,
23- Younoussi TOURE, ancien premier ministre, Mali,
24- Modibo SIDIBE, homme politique, chef de parti, ancien premier ministre, Mali,
25- Adama WADE, journaliste, Mauritanie,
26- Kako NUBUKPO, homme politique togolais, macro économiste, ancien ministre, Togo,
27- Jackson Francis GNIE KAMGA, Avocat, ancien Bâtonnier, Président de la Conférence des Barreaux de l’espace OHADA, Cameroun,
28- Kadiatou KONARE, éditrice, Mali,
29- Daouda SAMNA, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier, ancien président de la Conférence des Barreaux de l’espace OHADA, Niger,
30- Alexis Vincent GOMEZ, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier, République du Congo,
31- Mossadeck BALLY, Administrateur de société, PDG du groupe AZALAI, Mali,
32- Bouchaib FACHAR, ancien cadre de banque dans la zone UEMOA à la retraite, Royaume du Maroc,
40-Coumba DIOKHANE, adjointe au Maire d’Évreux, Sénégal,
41-Boukounta DIALLO, Avocat à la Cour, ancien président de l’Organisation Nationale des Droits de l’Homme du Sénégal, Sénégal,
42-Mamadou Ismaila KONATE, Avocat à la Cour, ancien ministre, Mali
par Diop Blondin Ndeye Fatou Ndiaye
NOUVEL ORDRE NATIONAL AVANT LE NOUVEL ORDRE MONDIAL
Le nouvel ordre appelle à mettre fin au népotisme de manière générale et à exiger la reddition des comptes à tous ceux qui se seront rendus coupables de non respect aux règlements des marchés publics
L’appel à un nouvel ordre mondial que vous avez lancé est une excellente idée. Pour qu’il ne se transforme pas en slogan, chacun doit jouer sa partition. Alors, permettez-moi de vous recommander vivement de commencer par mettre en place un nouvel ordre national.
Il s’agit tout d’abord de mettre fin à l’impunité doit jouissent ceux qui ont été épinglés par les corps de contrôle et qui sont même quelques fois promus au nez et à la barbe des citoyens à qui on demande de respecter scrupuleusement la loi du couvre-feu. Récemment, nous avons été surpris d’apprendre de gros scandales qui montrent que certains, parmi ceux qui nous gouvernent, doivent démissionner ou, à défaut, être remerciés au plus tôt et traduits en justice.
Nous avons appris qu’à dix jours de l’élection présidentielle de février 2019, le directeur de la Senelec a signé un contrat gré à gré d’un montant de 187 milliards de francs Cfa pour dix ans avec une start-up naissante (Akilee) présentée comme une filiale de l’entreprise. Devenu ministre, l’ex-directeur a demandé un effort financier conséquent aux citoyens pour renflouer la trésorerie de la dite société nationale. Le nouvel ordre appelle à la démission du coupable et à la fin d’un système qui permet de tels agissements !
Monsieur le président, comment apprécier qu’un chef d’Etat qui veut bâtir un nouvel ordre mondial nomme son beau-frère ministre et lui confie un champ aussi vaste que:
Ministre du Développement communautaire, de l'équité sociale et territoriale,
Maire d’une grande ville
Mais aussi lui confie la gestion plusieurs projets dont :
le Programme d'Urgence de Développement communautaire (PUDC) ;
le Commissariat à la Sécurité alimentaire ;
le Programme d'Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA) ;
le Programme de Modernisation des Villes (PROMOVILLES) ;
la Délégation Générale à la Protection Sociale et à la Solidarité Nationale (DGPSSN) ;
l'Agence nationale de la Couverture Maladie Universelle (ANCMU) ;
le Programme National des Bourses de Sécurité Familiale (PNBSF).
Le beau-frère-ministre (successeur encagoulé ?) vient récemment d’être accusé de gestion très controversée de l’achat, du transport, en attendant la distribution, des denrées alimentaires sensées soulager un million de familles impactées par la pandémie du Covid-19. Le nouvel ordre appelle à mettre fin au népotisme de manière générale et à exiger la reddition des comptes à tous ceux qui se seront rendus coupables de non respect aux règlements des marchés publics, en particulier en ces temps où une grande majorité des sénégalais rencontre de grandes difficultés.
Monsieur le président, comment comprendre que des licences de pêche soient octroyées en ces moments de surexploitation de nos côtes et donc de raréfaction des ressources halieutiques ? Pour rappel, on attend encore les résultats de la commission d’enquête sur de précédentes attributions, avec en toile de fond la sénégalisation rapide et fictive des navires chinois. Ces pratiques symbolisent l’ancien ordre mondial qu’il va falloir enterrer.
Monsieur le président, dans ce nouveau monde, un pays pauvre ne devrait pas avoir de ministres milliardaires alors qu’ils ne l’étaient pas au moment de leur entrée en fonction. De même, les institutions devront avoir une utilité avérée, être dotées de budget responsable et dirigées par des personnes méritantes. L’exemple vient d’en haut ; et ce qui se passe au sommet de l’Etat constitue des mauvais exemples qui contribuent à créer le type de sénégalais que nous déplorons aujourd’hui.
Monsieur le président, cette pandémie nous oblige à faire de l’introspection et de repenser notre mode de vie ainsi que les valeurs essentielles. C’est aussi une occasion de revisiter les politiques publiques et de leur donner leur rôle primaire, à savoir servir les populations.
Le monde a été secoué profondément et durablement par cette épreuve. Le nouvel ordre mondial se construit dès maintenant. Les pays cherchent à résister à l’ouragan covid-19 en prenant des mesures urgentes pour y faire face, mais aussi en participant aux recherches scientifiques et en se préparant aux secousses sanitaires qui ne manqueront pas dans l’avenir. Ils revoient leur politique sanitaire en termes d’architecture territoriale, d’infrastructures et de ressources humaines. Ils mettent les conditions de développer les solutions numériques pour améliorer les services dans tous les secteurs.
Monsieur le président, les peuples africains restent les laisser pour compte de l’évolution du monde. Cette crise est aussi une opportunité pour se réinventer. Au nom de la jeunesse désespérée qui préfère mourir dans les mers, les déserts et les montagnes faute de pouvoir se projeter dans leurs pays, nous appelons les gouvernements à s’unir, non pas pour partager les recettes de maintien au pouvoir, mais pour dessiner un modèle de développement inclusif orienté vers la formation professionnelle qualifiante, l’industrialisation, plutôt que l’exportation de nos ressources, et surtout la bonne gouvernance de nos nations.
Ce sont là, monsieur le président, quelques chantiers à initier pour donner sens au concept « nouvel ordre mondial » afin que celui-ci n’entre pas au panthéon des slogans.
Mme Diop Blondin Ndeye Fatou Ndiaye est membre de la Plateforme Avenir Senegal Bii Ñu Bëgg
par Abdourahmane Sarr
AFRIQUE : ACTEUR MARGINAL, RÉVEIL FORCÉ
L'équipe de Macky Sall devrait l'aider à comprendre que l’Afrique n’est pas un acteur important du commerce international, qu’elle est une menace pour elle-même, pas pour le monde. On ne peut rien pour les Etats qui ne veulent pas se prendre en main
Le président Macky Sall vient de nous livrer ses premiers arguments économiques en faveur de l’annulation de la dette dans le Figaro. Son équipe économique devrait l’aider à comprendre que la comparaison des envois des sénégalais de l’extérieur à l’aide internationale est économiquement problématique, que l’Afrique n’est pas un acteur important du commerce international, qu’elle est une menace pour elle-même, pas le monde, et peut réaliser son destin libre en faisant ce qu’elle refuse de faire d’elle-même.
L’Afrique doit comprendre que la sous-exploitation de son potentiel de productivité locale du fait d’un déficit de leadership fait d’elle une convoitise du monde. Nous avons déjà traité de cette question dans notre tribune intitulée « Consensus de Dakar : Pas le Choix de la Jeunesse Africaine ». Le monde veut par une zone de libre-échange africaine et le financement du développement de l’Afrique en devises, exploiter, avec l’Afrique, le potentiel économique que l’Afrique se refuse d’exploiter elle-même. Cela veut dire qu’avec ou sans annulation de dettes, le Sénégal, sans programme avec le FMI, peut emprunter comme il veut à ceux qui sont prêts à endetter son élite pour un objectif supposé de croissance, car les populations n’y comprennent rien. Cela n’empêchera pas le FMI de tirer sur la sonnette d’alarme car les équipes qui viennent dans nos pays ne sont que des économistes de très haut niveau qui ne peuvent utiliser des arguments de l’homme de la rue pour défendre des points de vue politiques. Les conférences avec des économistes français entourés de nos chefs d’Etats convoqués pour la cause, n’y changeront rien. La preuve, nos Etats découvrent l’impuissance du FMI qui ne peut donner aucune injonction à des créanciers privés qui ont traité avec nos états directement. Ces derniers font leurs propres analyses de nos performances et de la soutenabilité de nos dettes au cas par cas, analyses qui ne relèvent pas de perceptions, mais fondamentalement de faits analysés par des humains qualifiés.
Nous avons déjà traité de la question de la dette dans notre précédente contribution intitulée « Annulation de Dettes NON, Souveraineté Monétaire OUI » pour expliquer que son annulation ne change pas grand-chose pour ceux qui savent comment une dette souveraine se gère. Une dette souveraine n’est presque jamais remboursée quelle que soit la monnaie dans laquelle elle est contractée. C’est renouvellement, défaut de paiement, ou monétisation par la planche à billets. Le reste, la croissance du PIB s’en occupe ou l’ajustement. Son annulation ne nous permettra que de nous endetter de plus belle en devises étrangères comme le souhaitent certains créanciers et libérera temporairement des charges d’intérêts. Lorsqu’on arrive à obtenir l’annulation de la dette, les bailleurs contrôlent vos finances car les emprunts nouveaux assimilés à ce qui devait être amorti (en réalité pour renouveler la dette existante) seront orientés vers les choix des bailleurs en compétition dans votre budget. Ces choix peuvent être ce que vous deviez faire par vous-mêmes avant d’en arriver à demander des annulations. Ils déterminent également les catégories de dépenses où les intérêts que vous n’avez plus à payer doivent aller, en imposant des planchers pour certaines dépenses à partir d’un point de référence.
Vous voyez bien que demander une annulation de dette est synonyme d’une perte de souveraineté car celui qui annule votre dette ne veut pas non plus vous permettre d’emprunter ou de rembourser de nouveaux créanciers avec les dettes qu’il vous a pardonnées. C’est en partie la raison pour laquelle certains bailleurs, par des dons, nous facilitent le remboursement de créanciers venant de leurs propres pays sans annulation de dettes. Il suffit de comparer les dons spontanés de l’union européenne (50% de l’enveloppe pour l’Afrique tout entière donnée au Sénégal) aux intérêts que nous devons à des investisseurs résidents en Europe cette année. Ce que les 25 pays les plus pauvres ont obtenu de facto au FMI et à la Banque Mondiale en dons de substitution au service de leurs dettes, nous l’obtenons directement en dons comme pays solvable ayant accès aux marchés mais quémandeur.
Dès lors, une fois que l’Afrique et ses «économistes» auront compris comment une dette souveraine quelle que soit la monnaie de dénomination se gère, il leur restera à découvrir de façon plus claire leurs inclinaisons idéologiques pour développer leurs pays. L’Afrique a deux choix à organiser (on évite les zones grises de compromis nécessaires délibérément) pour réaliser son destin libre : « Leadership d’Etat clair seul ou en ensembles ou sous-ensembles souverains pour réaliser son potentiel de développement » ou « Leadership de sa population, de ses petites entreprises, et de ses collectivités locales ». Elle doit opter pour la stratégie qui lui permettra de financer son développement libre. Toutes les autres discussions non-économiques sont inutiles de ce point de vue et polluent le débat sur des questions économiques sur lesquelles il n’y a pas grand débat, certaines relevant de choix et de préférences. On ne peut rien pour les Etats qui ne veulent pas se prendre en main.
Face à la contrainte de financement extérieur, il faut une flexibilité de taux de change et une stabilité macroéconomique pour éviter l’endettement extérieur et les ajustements inutiles. Face à la difficulté de découvrir les vrais secteurs porteurs, il faut d’avantage faire confiance aux acteurs économiques locaux plutôt que l’état si par ailleurs l’incompétence de l’Etat est supérieure aux imperfections du marché. Dans les deux cas, la flexibilité de change, comme exutoire, permet de corriger les erreurs. C’est cet exutoire qui a manqué à Houphouët Boigny et à Senghor, l’un plus libéral, l’autre socio-démocrate, là où Dia, même qualifié de communiste, aurait eu le courage de la souveraineté monétaire et s’en serait peut-être mieux sorti.
L’Etat du Sénégal est fondamentalement et congénitalement socialisant (centralisateur du processus de notre développement) et est pour le premier choix malgré les professions de foi dans les programmes avec le FMI et dans la rhétorique en faveur du relai du secteur privé. Il faut alors assumer et s’en donner les moyens : Reprendre sa banque centrale, son taux de change, et mener le développement avec la rigueur de gestion macroéconomique et de dette qui vont avec. Nous avons appelé cette stratégie SENEXIT. A défaut, il faut organiser le secteur privé et son inclusion financière pour qu’elle prenne le relai véritablement avec l’exutoire toujours du taux de change.
Revenant à la sortie du président de la République sur les transferts des migrants. Nous disions dans une récente contribution qu’un pays qui ne peut pas exporter des biens et services se retrouve obligé d’exporter des êtres humains qui par leurs envois au pays financent l’équilibre de sa balance des paiements. L’aide extérieure est une aide budgétaire alors que les envois des sénégalais de l’extérieur ne sont pas destinés au budget. Sans envois des sénégalais de l’extérieur, c’est la population qui s’ajusterait. Sans aide extérieure, c’est le budget de l’état insuffisamment financé par des populations pauvres qui ne voient leur état nulle part d’essentiel qui s’ajusterait. Dans les deux cas, il ne s’agit que de financement de balance des paiements, et dans le cas de l’aide, des ressources que les populations ne voient pas.
La migration est le résultat de l’échec du leadership africain à créer de la richesse sur son sol par ses propres moyens, obligeant ses fils et ses filles à s’exporter pour financer les importations de leurs familles restées au pays. Ces importations marginales dans l’échiquier mondial sont en partie facilitées par des monnaies non gérées mais administrées assurant le retour des transferts dans les pays d’origine. Le monde assoiffé de pouvoir n’attend que l’annulation de la dette publique africaine pour s’assurer de son contrôle pour les 400 prochaines années sur son propre sol afin de partager son destin avec elle. Il nous faut refinancer la dette extérieure existante en monnaie nationale et gérer notre pays de façon à pouvoir y arriver.
Librement
Dr. Abdourahmane Sarr est Présidente CEFDEL/MRLD
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
ISMAËL DEH, FRÈRE DE SENS
EXCLUSIF SENEPLUS - Sa mort a suscité une grande émotion et révèle certaines inégalités de perception, malheureusement intégrées, voire promues, par certains immigrés eux-mêmes - INVENTAIRE DES IDOLES
Ismael Deh est mort en essayant de fuir la police. Sans-papiers, vendeur à la sauvette, il incarne la fragilité des vies en migration. Sa mort a suscité une grande émotion et révèle certaines inégalités de perception, malheureusement intégrées, voire promues, par certains immigrés eux-mêmes. Chronique.
Un trottoir à Versailles, un jour de grand soleil printanier en France, et un dernier sprint de peur, voilà où et comment s’est achevée la vie d’Ismaël Deh. Et on pense au coup de fil pour annoncer la nouvelle aux proches et la stupeur potentielle…Vendeur à la sauvette, père de famille au visage calme, presqu’effacé. 58 ans à l’état civil, et désormais plus aucun autre. 18 ans de clandestinité, c’est terminé aussi. Quelques secondes, au bout de la course, pourchassé par les policiers, l’homme est mort. Il était sans-papiers et a tenté de fuir la patrouille qui pouvait mettre fin à sa vie en France. Elle mettra fin à sa vie, tout court. Doublement tué, par ses bourreaux évidents : les policiers et un bourreau secondaire : sa condition de sans-papiers. Mais il y a longtemps que sa mort administrative est constatée, exclu longtemps de la légalité. Qu’on les appelle illégaux, clandestins, sans-papiers, ou par le générique migrants, ces étiquettes techniques disent peu de la vie de ces hommes. Des frères de sens, dans une condition qui en manque singulièrement.
La tragédie silencieuse de l’immigration clandestine
Les clandestins errent comme des fantômes, cherchant l’étoile de la chance. Ils vivent comme ils meurent : dans la peur. La peur de se faire attraper ici, la peur de décevoir là-bas. Une vie en perpétuelle fuite des deux côtés de la pression sociale. Ils en deviennent esseulés. Dans leur intranquillité intérieure, ils confient leur vie à la chance et au hasard. Vous verriez-vous, vous, vivre, seulement vivre, ainsi ? J’en ai toujours voulu à la France (mais dois-je constater qu’elle n’est pas la seule) de subordonner la vie d’homme à de la paperasse. Partout dans le monde, ces documents administratifs sont des agents de discrimination admis. Si la déclaration des droits de l’homme nous prête - sans doute avec un peu de mensonge - les mêmes droits, constatons qu’elle ne nous donne pas les mêmes papiers pour en jouir. Personnellement, cela m’a toujours ému, profondément meurtri, qu’un homme tout entier, ses émotions, ses amours, ses aspirations, sa vie, soient conditionnés par un bout de papier. Naître, voguer, ne suffisent plus à vivre, il en faut une autre condition, le papier. Sans doute suis-je naïf, un peu démagogue, mais je veux croire que les circonstances doivent pouvoir parfois l’emporter sur les lois. On peut chercher des refuges d’humanités dans la naïveté, on fait comme un peu.
Pour deuil, personne ne s’est véritablement foulé pour le défunt. Ismaël Deh sera inhumé au Sénégal après des tractations consulaires. Quelques associations ont déjà mobilisé timidement, pour faire condamner les policiers. Ses proches, le cœur serré, confient leur chagrin et leur impuissance. On peut parier, à l’image des autres immigrés sénégalais morts dans la terre où ils cherchaient la providence, que dans un avenir très proche on ne parlera plus d’Ismaël Deh. Il sera mort et enterré comme on dit. Un autre fauché par le destin. On se détachera encore de la condition des migrants, ces encombrantes ombres qui nous signifient nos privilèges et nos hontes. Il y a quelques mois, les radars médiatiques mettaient les projecteurs sur la Lybie, et l’esclavage auquel étaient réduits les migrants, d’autres sans-papiers. La roue médiatique a tourné et l’oubli, comme nous le prédisions ici dans la chronique « Nous savions », a opéré.
Elargir le spectre des responsabilités
Après chaque drame, chaque fait divers tragique, nous avons la tentation de l’indignation et de l’accusation. Dans les démocraties actuelles, les sociétés de l’image et de la représentation, on se donne conscience à peu de frais. S’indigner et accuser autrui, et le tour est joué. On se lave et se rachète. C’est bien dommage qu’on ne s’impose pas l’obligation d’assumer nos responsabilités. Car accusation bien ordonnée, doit commencer par soi-même. Pointer les responsables de la mort d’Ismaël Deh nous conduirait certainement à établir une grande liste, interminable, de coupables mêlés, et parfois pas ceux que l’on croit.
J’ai reçu mon visa étudiant en 2005 pour la France et suis resté impassible. Devant les grilles de l’ambassade de France à Dakar, les effusions de joie des heureux élus autour de moi m’ont paru ridicules. On eût dit qu’ils venaient de voir le Seigneur. Un vieux monsieur, habillé d’un caftan blanc, propre et respectable, est venu vers moi et m’a dit dans un français hésitant « mon fils, prends soin de ça, c’est ce que les blancs appellent sésame ». Il parlait de mon visa. J’ai tenté de prendre congés du monsieur, car à vrai dire j’étais fatigué, mais il est revenu vers moi, et d’une attention presque paternelle, a ajouté « des millions de gens dans ce pays voudraient avoir ça. Que Dieu te protège. ». L’insistance mise dans ce qui ressemblait à un sermon m’a ému, j’ai répondu : merci. J’ai mesuré ce jour-là, du moins commencé ai-je à mesurer, l’importance du visa, sa quête, et la catégorisation qu’il établissait entre les légaux et les illégaux.
L’immigration économique, l’alibi du tri
Dès le départ, dans le pays, nous avons intégré que les sans-papiers nous étaient comme inférieurs, et que leurs déboires à venir étaient une partie du contrat. Dans l’immigration, il y avait comme deux parties d’une même famille, les élus et les vaincus, et pourtant un corps unique. Le mépris pour les sans-papiers est la chose la mieux partagée. Comme jaloux de notre maigre acquis administratif, le clandestin nous apparaît comme un rebut, un frère de sang honteux, dont la tâche pourrait s’immiscer et colorer notre conscience ; et dont les inconforts, nous rappelleraient qu’on partage la même condition d’immigré économique. Peu importe, le visa ou la pirogue, nous avons tous décidé d’aller chercher ailleurs ce qu’on n’avait pas chez nous. On essaie ainsi, à l’endroit des sans-papiers, tous, collectivement, de tuer ce frère de sang, parce que c’est un frère de sens et qu’il dévalue la symbolique de nos papiers car c’est un privilège creux. Nous poursuivons la marginalisation législative avec notre marginalisation sociale.
Les catégorisations de l’immigration, entre exil, immigration économique, familiale, étudiante, sont devenues les instruments du tri humain. En voyant les clandestins comme des immigrés économiques, on leur fait porter la seule responsabilité des invasions dites « barbares » du registre xénophobe en France. Or, le sans-papiers n’est pas plus un immigré économique qu’un autre. La clandestinité ne fait pas disparaître ce qu’il a en commun avec nous. En maintenant à distance les sans-papiers, nous actons la sélection. Le papier n’est pas un privilège mais une loterie. Nous sommes tous des Ismaël Deh, le refuser, c’est préparer des trottoirs, ou la Méditerranée, comme cimetières de notre part inassumée.
Chronique publiée une première fois dans Le Quotidien, le 16 mai 2018 ;
Au Sénégal où le premier cas a été enregistré le 2 mars 2020. A l’instar d’autres pays du monde ou la pandémie sévit, pour y faire face, le gouvernement du Sénégal a pris des mesures successives allant de la fermeture des écoles, la fermeture des frontières du pays, un couvre-feu, l’interdiction des voyages interrégionaux et, tout récemment, le port obligatoire de masque dans certains endroits bien ciblés. Le gouvernement, malgré les appels de beaucoup de spécialistes a jusqu’ici refusé le confinement total des sénégalais.
Au la suite du gouvernement, des mairies ont soit fermé, ou réduit les horaires d’ouvertures des marchés de quartiers, au moment où les marches hebdomadaires sont interdits de fonctionnement sur l’ensemble du territoire.
Malgré cette batterie de mesures, la situation n’est pas encore maitrisée. Tout au contraire, les cas augmentent et plus inquiétant encore, ceux dits communautaires. La situation au 21 Avril 2020 est de plus en plus alarmante avec un total de 412 cas. Ce qui est plus inquantant encore est le nombre croissant de cas dits communautaires qui s’élèvent à plus d’une quarantaine au moment de la mise en page de cet article.
Malgré les mesures, les taux de croissance par jour augment à un taux inquiétant :
Si le Sénégal est en train de guérir ses COVID positifs à un rythme assez satisfaisant ( ), il n’en est pas de même pour l’arrêt de la propagation de la pandémie. En effet, les résultats au 20 avril, 2020 montrent que les mesures prises sont contre-productives.
Le taux journalier (graphe) de personnes testées positives était de moins de deux personnes par jour avant la fermeture des écoles. Ce taux est passé à plus de 6 cas/jour au moment du couvre-feu, a plus de 9 cas/jour par la suite au moment où le gouverneur de Dakar a renforcé les mesures préventives sur le transport et à plus de 11 cas/jour quand le ministre de l’Intérieur a fait du port du masque une obligation dans les transports et lieux publics et de travail.
Dans le même temps, le nombre de cas communautaires est passé de moins d’une personne par jour en moyenne à plus de deux personnes/jour entre la mise en place du couvre-feu et l’obligation du port du masque.
Il ressort de ces observations que les mesures jusque-là prises sont contre-productives et méritent d’être revues. Une des explications de ces résultats est le fait que le couvre-feu, la fermeture de certains marchés de quartier et la réduction des horaires d’ouverture d’autres, créent des affluences favorables à la transmission du COVID-19, en particulier des cas communautaires. Qui plus est, en dehors des grandes surfaces, peu de marchés publics ont mis en place des mesures d’hygiène pour prévenir la transmission.
A côté de la vitesse croissante de la transmission, le Sénégal doit fait face à la paupérisation des petits entrepreneurs
Le gouvernement du Sénégal refuse d’adopter le confinement total pour préserver les emplois et revenus précaires du secteur informel et permettre, en général, à l’économie nationale de continuer de fonctionner. Toutefois, les mesures sur le transport, les marchés ainsi que la psychose créée par le COVID-19, ont un impact économique négatif sur un secteur qui emploie près de 90% des travailleurs sénégalais.
En effet, beaucoup d’agences internationales ainsi que des services publics ont opté pour le télétravail. L’interdiction des rassemblements ainsi que le couvre-feu ont fini d’arrêter beaucoup d’activités économiques dont l’impact se sent jusqu’au niveau des producteurs.
Des conducteurs de taxi ont été obligés de rentrer dans leur village, faute de clients. Des restaurants sont fermés et les hôtels ne fonctionnent quasiment plus. En conséquence, les agriculteurs, éleveurs et aviculteurs n’arrivent plus à écouler leurs productions. La fermeture des frontières du Sénégal et des pays destinataires des exportations agricoles augmentent le désarroi des producteurs et de toute la chaine de valeur.
Même si la distribution de vivres aux familles pauvres est à saluer, elle ne règle pas les problèmes à moyen et long terme des petits entrepreneurs, les plus larges pourvoyeurs d’emplois. Et pourtant des solutions existent.
Sauver les petits entrepreneurs tout en garantissant l’application de mesures strictes de prévention
Pour les marchés de quartier
Les riverains, la mairie et les représentants des commerçants peuvent s’accorder des jours alternatifs de vente et d’achat. Il s’agira de définir un calendrier de présence alternatif pour des commerçants vendant les mêmes produits. Pour ce qui est des riverains et des acheteurs venant d’autres quartiers, des jours alternatifs de visite peuvent aussi être décidés et communiqués à tous les usagers potentiels. Des cartons portant différentes couleurs représentant le jour d’achat pourront être distribués aux riverains. Par ailleurs, il devra être exigé le port de masques aussi bien aux commerçants que clients. Ces mesures seront renforcées par des stations de lavage des mains à l’entrée de chaque porte du marché. Pour mettre ce système en marche, le gouvernement pourrait appuyer les marchés avec des agents de sécurité de proximité. Les entrées devront être espacées pour assurer la distanciation sociale.
Pour les marchands ambulants : un système alternatif de présence pourra être instauré sur la base de fiches d’enregistrement. Des gilets avec des couleurs différentes pourront être utilisés et des espaces dédiés identifiés. Les marchands devront aussi obligatoirement porter un masque, de même que le client. Le nombre de marchands et de clients devra aussi être limité.
Pour les producteurs agricoles : le gouvernement, devra travailler avec les organisations professionnelles pour la mise en place rapide de petites industries de transformation et de conservation des produits agricoles et d’élevage. Cela permettra de créer de nouveaux débouchés aux produits agricoles sénégalais. Une partie du budget du Plan de Résilience Economique et Sociale pourrait être réorientée vers cette initiative.
Pour les artisans : empruntant la même démarche que pour les agriculteurs, le gouvernement devrait inciter les artisans à mettre en place des produits innovants pour des stations de lavage des mains, la fabrication de masques et d’habillement pour la prévention. Une telle initiative devra se faire avec le concours du ministère en charge de l’artisanat, du ministère de la santé et des organisations professionnelles pour homologuer les produits qui seront distribués dans le marché.
La distribution des produits : les TIC offrent d’énormes opportunités pour organiser et faciliter la distribution des biens et services en ligne. Toutefois, pour ce faire, le gouvernement devra étudier l’allègement des mesures sur le transport interrégional avec la mise en place de mesures d’hygiène garantissant la sécurité des marchandises transportées.
Conclusion :
Les mesures prises par le gouvernement du Sénégal apparaissent pour le moment, contreproductives aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique. Cet article invite à explorer des solutions qui combinent mesures préventives et redémarrage de l’activité économique, en particulier, au soutien des micros et petites entreprises sénégalaises.
Il reste entendu que certaine de ces mesures peuvent être prises au niveau local, d’autres demandent l’intervention de l’Etat pour s’assurer des moyens financiers, mais surtout pour garantir la santé publique.
Source du graphique en illustration : Base des données statistiques publiées par le Ministère de la Santé du Sénégal
MULTIPLE PHOTOS
PARLONS ÉCONOMIE EN WOLOF ET EN PULAAR
L’ECO, LES EGOS ET LEURS ECHOS - Il est tout aussi fondamental que l’énergie mise par les acteurs sociaux pour arriver au résultat obtenu soit dorénavant tournée vers les autorités des Etats de la CEDEAO pour accélérer l’unité de gouvernance politique
SenePlus publie en exclusivité, la traduction en wolof et en pulaar d'un article déjà publié sur notre site par l'ancien ministre de Finances, Amadou Kane. La traducution en wolof est de Moustapha Diop et celle en pulaar d'Abdou Amadou Sy.
Dans le cadre de son déploiement Riposte educative et libératrice autour du COVID 19, la Paalae que dirige Babacar Bouba Diop partage par une approche multimédia, multilingue, multiscript, des analyses, le suivi et les perspectives de transcroissances solidaires, positives et durables. Elle constate que les exercices d'intersectionalites entre la politique, l'économique, la santé, l'éducation, la culture, sont en œuvre. C'est pourquoi la Paalae prête attention aux débats en cours sur les moratoires et ou annulation des dettes des pays du Tiers Monde. Elle tient à partager la traduction du français au pulaar et wolof d'un texte produit par l'expert Elhadj Amadou Kane sur l'eco. Elle poursuit en son sein des réflexions sur la pertinence et les dénominations des monnaies nationales, régionales, voire continentale. Elle espère qu il y aura des modalités pratiques et inclusive pour avancer dans ce dossier et dans les articulations libératrice et fécondes
VERSION WOLOF - EKO BI, AK FUUY AK RIIR YI MU ÀNDAL
Dogal yi aju ci xaalisu CFA ab bob eko, te siiwalees ko ci 21 desambar 2019 ca Abijaan ci dogalab Alsaan Watara, ndax maxaamàm kilifa gi jiité ndajéem njiiti réew yi séq UEMOA, ak ci teewaayu njiitël réewu Farans, daa ñu ci wax, di waaxaat lu yàgg yàgg.
Jaaxlewul kon, ni ko xibaar yi tasaaree, monte dey bette na ni waxtaan wi deme, jolli ginaaw bi xew xew bi jibee, njortu yi mbooloo mi bàyyi xel, ñoo gën bari pexe yi ñu ko sàkkuloon, balaa siiwalees cóppite gi ! Aka doy waar : « leppay soppeeku, te katt dara soppekuwul ! »
Monte, ni ki ñi nu wara natte, jublu ci liy wekki yiy doxal ak yaxantu gug xaalis CFA, wone, na lees amal», sopparñig tuddin yi, kaaraange sàq mi, dàqug ña teewaloon Farãns, ci mbootaayu UEMOA, noo nu la yoon wi desee leer ci ni nuy tege.
Ńu yokk ci, kenn ci ndaw yi sunuy gornemaa teg ci kureel yiy saytu sunu xaalis, kenn ci ñoom mënul mbaa bëggul joxoñ ab arminaat gu leer ak warangikuk doxandin wi gën, ngir jëmmël coppite gu mat sëkk. Te monte, xamees na ni, semb wu ni yaatoo nii, ngir amal ko, du yem ndoŋ ci ñatti pacci weccoo ?
Semb wu ni mel laaj na lumu tuuti tuuti :
Ci settantalaat faggutéef yi ak àtte yiy taxawal yaxantug weccet wi, yorinu kureel yi ak dëgmël ci yoonu doxalinam ci yoonu jumbëntiku;
Tegal kureel yu yees yi, rawatina sàqum gëndële mi yellu fii ñu tollu ; ci maanaa yi war ak jumtuwaay yi ci aju ak ñu àajoowu ci jëm ci bépp jumtuwaay yu jub te am solo ;
Wone nan lanuy wara dàkke ci mbirum xaalis, nun ñi wara jubóo, fekk nu am ay kureel yu bari, te wute ci sunuy réew.
Deggóo ci wecconte gu amal njariñ, ku ci nekkdem, ci ndank ndank, ca njalbéen, mën nañ ko yombal, su yàgge tuuti te nu wone mënin, ci yaatal jënd ak jaay ak yaxanal xaalis. Bu boobaa nu aldande fépp ;
Saytu ni nuy wuutële sefaa bi ak eko (këyit ak paset yi).
Laajtu yu am maanaa ngi nii, faydawu te yéeme, dina jaaxle, ndax ken mënul jeexal waxtaan wi ci dirap atum 2020.
Fuuyte waru noo yobe yàkkamti, ci tëg xaalis bu bees ci atum 2020. Mbir yii am na ñu solo lool, ba ken waarul yàkkamti ci déggóo, ba jubóo. Rax ci dolli, mën na am ñu laaj ndaw wi réew mi, seen xalaat.
Bu ko defee, ndëgg sërëx gi nu wara gëna moytu bu baax, mooy ba ña gedd Eko, ndax rekk ni ko persidáa Watara yerëwte ci kanam persidaa Macron, wax fa ne daa ñu ngente Eko bi, suul Sefaa bi, ndax warna ñu nëq Sefaa bi ?
Te it, warees na fàtteliku ni tëgg Eko ak sart yi dar sàqum gëndële mi, nangu gi CEDEAO cërële réew yi bokk mandargam wecconte mën na door tëgg xaalis bu bees bi nu bokk. Lolu lépp doon na ay dogal yi jiitu yërëwte gu 21 desambar 2019. Kon book, na nu féetéwóo si teel sooke gi jëmmël ko ci ko CEDEAO gise ca njalbén ngir nu am ci mujj gi, ngir nu am xaalis bi ñu bokk.
Taxawaay bile daa yemoog ag ni Gaanaa gise moom mi begóon ca 28 désambar 2019, ci na réewi UEMOA yi ànd jubóo ci EKO, noo nu ci la xamle ni di na léen fekki. Loolile, ndajem njiiti réewi CEDEAO daadi ka rafetlu ; mu yemóog 21 desambar 2019, ñu àndandoo ci ak sawar ci ni ko UEMOA jële, ni jibal ci kaw ni « coppite bi am ci biir UEMOA, ci mbiri xaalis ; dina yombal rofóo bi nara am ellëg ci wàllu xaalis, ngir nu yaatal EKO, mu doon bu CEDEAO»
Na leer naññ ne, lu ñu bëgg bëgg bokk xaalis ci biir CEDEAO, bu nu réere mbir ne ni bokku ñu, ñun nëpp, bëgg bëgg ci wàllu politigu xaalis, ci mbiram demantale ak weccikonte.
Looluu tax na, bi ci waxtaan yiy am ci diggënte réew yi ko seqóo, waru nu dugël xóoyal bu nara dog. La ñu fa jàpp ak sabablu ya leen tënk, war nanoo joxe firnde yu wóora woor, te ànd ag ndëgërlaay, ba kenn ku ci ne, mën caa gis sa bopp, ca lam cay jële, ak la mu cay ńàkk.
Da maa bokk ci ńiy jëf ngir gëndëlóog Afrik, ni ko sa may jaar jaarn ci liggéey, wonee nañ ko ; moo xam ci liggéeyal réew yi fostóo ca BOAD, ci kureel mbootaayi jaambur yiy liggeey Afrik ci sóàwu jant ak ci Afrik gi diggu ; rax ci dolli, bokk ci ńi liggeey ci wetu BAD, ba samp Afrika 50, mooy sàkuu alal, féetelées ko jumtukaay, ci dun bi bepp.
Leer na ci sama bopp, war na nu sàmm njariñal ku ne, leeg leeg nu woróo ; mbir mi du yomb, di na metti ci nii mbaa ca nee ; balaa CEDEAO dóon benn, di te xemeemu, xaalis bu yees bu di Eko, bokk ci liy jagal, di sopparñi ak di dooléel ak di yokk kureel yi ak jumtukaayu koom-koom mi mbooloo yi nas, loolu doon njarińal li ñi bokk ńun népp moom CEDEAO. Li nu war moodi dëgërël mbootaay gu yaatu gi, te kenn waru ci jaamulooti sa moroom.
Loo loo tax ne ; na nu wóor, ci njalbeen, ci wetu Niseeriyaa, ponkal mi, am na lu mu neew neew, réew yu waro danko, maanam juróom ńatti réew yi sèq UEMOA, the ngańaayoo mën mën ak doxalin wu wer ak finalikug BCEAO, ngir mbootaay gi wer, mel ni na ka Almaañ ak Farãns ñoddee réewi Erop yi.
Bu demee, ba dëgg des, li gën, mooy def degg ni ko Gaanaa siiwale ci 28 desambar 2019 ni Gana nangu na na fekki réewi UEMOA, ci njalbéenug jamonal Eko, yokk dank bi mëna jakkarlo ag ponkal mi di Niseeriyaa, ci weer yii di ńëw.
Li leer moodi kàttan ni, ñepp di def, ñepp niy yengu ci jamono ngir àgg fi nu bègg bègg àgg ci, moom la nu war welbati, jubal ci xolu, njiit yiyor ndomboy tànk te Ŋank su nu réew yi ne CEDEAO, su ko defee, loolu moodi sàmm ci lu wóor, politigi xaalis yi nu jagleel kureel yu bees yi gëndëlóo, te war saytu Eko bi.
Ki ko bind Aamadu Kan, newoon jawrin ci xaalis ak kom kom ci Senegal, tay jii doxal mbiri boppam ci xaalis ak kom kom
VERSION PULAAR - ECO, HAKKUNDE PIITAGOL BECCE E OOLELAAJI (PULAAR)
Yeɓtugol jamirooje jowitiiɗe e lomtingol ECO CFA caaktagol ñande noogaas e go (21 Lewru desammburu 2019 to wuro Abidjan e ummoraade e ɗemngal Alasan watara gardiiɗo Diisnondiral Hooreeɓe Dowlaaji UEMOA (Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) e dow tawtoregol Hooreejo Dowla Farayse,ko huunde maabtiniinde e taarik men .
Ɗum waɗi saakto mawngo waɗaango e nder Jaaynirɗe fotaani haawde hay gooto Hay sinno ina haawni caggal gostondire hakkilaaji,miijooji e jeewte e heen sahaaji nannduɗe e hare e duko,keewɗi e ceertuɗi ciiri,kono haa jooni ngoƴaaji e kulhuli ɗi yimɓe ɓe ngonndi ɗi hade baylugol kaalis gol waɗde,ina keewi no feewi ! Miijooji ɗiɗi kaawniiɗi lulndondirɗi ɓuri heewde : fof yoo waylo alaa hay dara waylaaki ».
Tene dey peeje e jamirooje pattamlame ngam ittude e fusde ngaafdi e njuɓɓudi lelngo e yiilo CFA ƴeɓtaama ( baylugol innde nde uddugol damal winndannde hasbo,jaltingol Hoolaaɓe Farayse e nder terɗe jiilirɗe UEMOA ( Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) ɗum holliri njoorto pawaaɗo e kaalis keso lomtotooɗo o laaɓaani tawo walla punndi mum gasaani tawo .
Yanti heen kadi hay gardiiɗo gooto, Gollorɗe kaalisiyaŋkooje leyɗeele men jaɓaani haalde e ko yowitii e daawal maa lajal nde ɗum foti waɗeede maa hollira golle potɗe waɗeede e nde poti waɗeede haa nde waylannde mawnde e maatiniinde waawa yuɓɓineede e siyneede kono kadi yimɓe fof ina nganndi eɓɓaande mawnde waynde nih ina hatojini ko ɓuri kormaagol toɓɓe tati kawraaɗe ɗe e kala faayiida mo ɗe mbaawi jogaade.
Eɓɓaannde waynde nih ina hatojini e ko famɗi fof :
• Ƴeewtaade ciifanɗe nanondire e sarɗiiji juɓɓinɗi hasbo kaalis ,huufo, yiilo e gollorɗe e ɗowgol pawingol e ko arata e nder sahaa lommbiiɗo etee mo tabitaani ;
• darnude e dañde terɗe e gollorɗe kese teeŋti noon e kawtal Bankiyaŋkeewal Leyɗeele -Kaleeteengal e ooɗo sahaa- mbaawkaaji laaɓtuɗi e kuutorɗe jumtuɗe jahduɗe heen e rewirde e kuutorɗe sarɗiyaŋkooje keɓtinaaɗe nuunɗuɗe e koolaaɗe ;
• lelnude e joofaade toɓɓanɗe ɗe dawrugol kaalisiyaŋkeewol joofi e dikkii,tawa ko baawooje renndude tuugannde wootere siynoore e nder taƴe fagguduyaŋkooje ceertuɗe e cariiɗe gonɗe e nder leyɗeele
• Suɓaade e dow paamondiral njuɓɓudi e kuutondiral e gostosndiral hakkunde kaalis o e kaalisaaji goɗɗi e mbaadi ɓurndi martobinndi e dow udditde dame e taƴe jahduɗe e ngonka ka Tippudi taƴƴaandi gostondiral ina waawi aaɓnaade e puɗɗe waɗte mbeytinaandi curaandi hade mum wontude e joofnirde tippudi mbellitaandi kuuɓtinaandi haa mbaawen yumtinde dawruɗi men fagguduyakooji e kaalisiyaŋkooji mawɗi
• Yoɓɓinde baylugol e lomtogol mbaadi e jelol kaliis CFA ( Ɗereeji e Jamɗe) wanta ɗi ECO,ekn .
Ɗe geɗe e caɗeele ko patamlame lugginɗe paayodinɗe jiiɓiiɗe e ina haawni e saɗi huuɓnude ɗe e nder hitaande 2020 tan Fotaani sabu Kiram paarnagol maa piitagol becce heñaade e yaawnude lomtino kaalis o e ndee hitaande 2020 Ɗe geɗe e caɗeele ko yummaaji potaani heñoraade haa diisnondire potɗe waɗeede heen ndañane safaara e nder piɓle kawraaɗe e dow kaaldigal jaajngal ɗe ɗum naamndi Ɗum ko ko yiɗa e muuya sabu e won sahaa e ɗum naamndi gaa rewirde e mbaawka fiilaaɓe Batirde Ngenndiire ( laamu laawɗinoowo) e ɗum noddi joɗoɗaade e haaldude e ɓesngu ngu maa jibinannde nde ngam heɓde miijooji mum e dow rewirde e fannu jahduɗo e ndiin mbaadi
E dow ɗum noon pitgol ngol potɗen fentude e kala mbaadi e njaru ko bonnitde ECO sabu ko Hooreejo Watara e yeeso Makaron Hoorejo farayse holliti kabaaru wonde leyɗeele UEMOA ( Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik ) pellitii ƴeɓtude ECO yoo lomto CFA En potaani rufdude gawri mbesaandi e ñaande nde tiggu lottaaɗo rufdetaake e ndiyam ɗam
Eɗen poti siftorde wonde ƴeɓtugol ECO yoo lomto CFA wondude e doosɗe Kawrital Bankiyaŋkeewal e yamiroore CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) wonde yoo leyɗeele keɓɗe sifaaji e maande hawrito yoo puɗɗo huutoraade Kaalis Denndaaɗo o adii haala e kabaaru mo Watara hokkiri o ñande 21 desammburu 2019. Ndeke noon keɓindo ɗen gila jooni eɓɓaande nde jokken e dow faandaare miijo Ardiiɓe CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ngam mbaawen e joofirgol yettaade faandaare yiɗaande woni Kaalis Denndaaɗo
Ndeen darnde ina yuwondiri e nde Leydi Gana jaɓndi e hollirndi weltaare mum ñande 28 Desammburu 2019 e yamiroore CEDEAO yowitiinde e ƴeɓtugol ECO e pellital mum ngam naatde heen Eɗum yahdi kadi e yamiroore CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) e nder Batu Toowngu Hooreeɓe Leyɗeele 21 Desammburu 2019 njaaɓngu golle ardiiɓe UEMOA (Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) ƴeɓtuɓe ndeen yamiroore kolliri baylugol kaalis falnde e dental UEMOA ( Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) ina weeɓna e wallita, naatnaatondiral falnde nde e Dental kaalis e kopporeeje ngal ECO mo CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) )
E dow ɗum, hay sinno muuyaande mawnde dental ina e men ngam yumtinde kaalis Denndaaɗo e nder bowal CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) ɗum fotaani yejjitinde en wonde nafooje e paandaale men huccude e dawrugol kaalisiyanke e fagguyaŋke e tolno beccugol kaalis wonaa gooto
Ko ɗum waɗi nanondire hakkunde leyɗeele jeyaaɗe heen potaani fawaade e maslaha maa e ko tiiɗaani Kala jamirooje e gaddanɗe ƴeɓtaaɗe poti fawaade ko e gostondire hakkillaaji e jeewte luggiɗinaaɗe ɗe gooto fof yuurnitii haa faami ko waawi heen daañde e waasde
Ko mi neɗɗo ngooŋɗinɗo naatnaatondiral Afiriyaŋkeewal e no seeɗtorii ɗum humpitooji am e fannu liggeyeyaaji am e nder Baŋke Hirnaange Afirikiyaŋkeewo ngam ɓamtaare ( BHAƁ) maa e Senngo e goomuuji keeriiɗi afirikiyaŋkooji maa diiwaaniyaŋkooji e leyɗeele afirik funnaange maa hakkundeejo maa darnde am seeɗtinde e nder Banke AFirikiyaŋke ngam Ɓamtaare ( BAƁ) cosgol Booñ Firlito Jawdi Kopporeeje biyeteeɗo AFIRIKA 50 ngam wallitde peewnaandi tammbotoondi golle ɓamtaare e nder Ñiiɓirde Afirik Kono ɗum ittataa mboɗo jooɗtorii wonde won nafooje leyɗeele potɗe no feewi ƴeewteede e yuurniteede sabu majje seertude e luurondirnde alaa e sago yimɓe peewnitano jeewte e gostondire hakkillaaji e geɗe jiiɓiiɗe e heen sahaaji e ɗum noddi ballitgol e ceerndugol baawgol mettude e muusde haa boowal CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) heddo e cañu mum fooɗta jaawdi naatoori e faggudu haa Kaalis keso o ECO waawa wallitde e no ɓuri yumtirde baylugol e ɓeydugol tiiɗnude gollorɗe e dente ngenndiije faggudu fayde e nafoore nde faami ɓesnguuji koɗɗi e nder CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) Ɗum noddi ko semmbinde e tiiɗnude Kawtal e Dental leyɗeele tawa ɗum addaani heen ceeral e fawaare won heen leyɗeele.
KO ɗum waɗi gila e puɗɗe maa gila jooni leyɗeele UEMOA ( Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) ngonaa ɓoode wootere renndinnde leyɗeele jeetati jogiiɗe humpito e mbaawka maawka keɓaaka e BCEAO (Kawtal Banke leyɗeele Hirnaange AFIRIK) ngonaa waalaare huccunde e leydi Nigeria Ndoolnundi ngam jeemondiral ina aaɓno hono no leyɗeele Faraye e Allemaañ mbaɗiri e nder Dental orop (D O) e puɗɗe mum
Ko ɓuri yiɗeede so dañaama e yahrude e no Gana halliri ñande 28 Desammburu 2019 ndi tawta leyɗeele UEMOA (Dental fagguduyaŋkeewal e kaalisiyaŋkeewal Leyɗeele Hirnaange Afirik) mbele ngal dental ina waawa haɓɓondirde haalda e leydi Nigeria keewndi doole
Ko noon kadi ina hatojina e no waawata huutoreede doole semmbe e mbaawka goomuuji e pedle dillooɓe e dente renndooje haa ɗee keɓe mbaawi dañeede ɓe nawee e sara ardiiɓe leyɗeele CEDEAO ( Dental Fagguduyaŋkeewal ngam Ɓamtaare Leyɗeele Hirnaange AFIRIK ( DFƁLHA) ) mbele yiilo laamayru dawrugoliyaŋkeeru falnde men ina ɓura yaawde . Ko e on fannu tan waawi gaddeede e siyneede dawruɗi kaalisiyaŋkooji ɗi yontaaji garooji mbaawi ɗaldeede yoo kuuf e njiil haa kuutoro ECO.
Aamadu kan - Ganndo dowrowo fagguduKeeroriiɗo, fannu Kaalis e baŋke Woniino Jaagorgal, Ngalu e Faggugu e kopporeejo Ndanndaandi Senegaal
Les décisions relatives au Franc CFA et à l’ECO, annoncées le 21 décembre 2019 à Abidjan par M. Alassane Ouattara, en sa qualité de président de la Conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA et en présence du président de la République française sont incontestablement historiques.
Il n’est donc pas étonnant qu’elles aient été aussi médiatisées. Cependant, il est surprenant qu’en dépit des débats passionnés suscités par cette annonce, les questions que l’opinion se pose soient encore plus nombreuses que les préoccupations qui prévalaient avant l’annonce de cette réforme ! Et puis cette étrange impression que « tout change et… rien n’a changé ! ».
En effet, autant les mesures allant dans le sens du démantèlement des mécanismes de fonctionnement et de gestion du FCFA ont été clairement émises (changement d’appellation, clôture du compte d’opération, sortie des représentants de la France des instances de gouvernance de l’UEMOA), autant cette alternative à la monnaie actuelle reste pour le moins floue.
En outre, aucun des responsables des institutions monétaires de nos Etats n’a pu ou voulu indiquer un calendrier précis ou un chronogramme d’actions pour la concrétisation de cette réforme majeure. Et pourtant on sait qu’un projet de cette nature et de cette ampleur ne nécessite pas seulement le respect des trois critères de convergence aussi essentiels soient-ils !
Un tel projet nécessite à minima :
• de revisiter les traités et lois organisant la gestion de la monnaie, la gouvernance des institutions et le pilotage de leur devenir durant la phase intérimaire ;
• de doter les nouvelles institutions, en particulier la Banque Centrale Fédérale - dont il est question pour le moment -, de compétences adéquates et d’outils adaptés et les faire adopter à travers des instruments juridiques des plus crédibles ;
• de définir les cibles d’une politique monétaire qui puisse agir en dénominateur commun et qui soit opératoire dans les structures économiques variées et différentes de nos Etats respectifs ;
• d’arrêter de façon consensuelle le régime de change qui serait le plus optimal pour la zone avec la possibilité de procéder par un phasage des régimes. Ceux-ci pourraient être fixes au départ, « flexible encadré » par la suite et, pourquoi pas pour finir, si nous excellons dans nos politiques macro-économiques et financières, par un régime de flottement généralisé ;
• d’organiser le remplacement des signes monétaires CFA (billets et pièces) par les nouveaux signes monétaires ECO, etc..
Ces questions sont suffisamment sérieuses, importantes et complexes qu’il serait étonnant qu’on puisse achever de les discuter durant l’année 2020. Il ne faut pas, pour des questions d’ego, qu’on veuille précipiter la mise en place de la nouvelle monnaie en 2020. Ces problématiques sont tellement essentielles qu’il ne me paraît pas souhaitable d’expédier les concertations autour des sujets qu’elles soulèvent et des solutions consensuelles fortes qu’elles appellent. Et ce serait d’autant moins souhaitable qu’il y aurait certainement besoin, à des moments donnés du processus, en sus de la voie parlementaire, de consulter nos populations pour recueillir leurs avis de la façon la plus appropriée.
Dès lors, le piège que nous devrions éviter à tout prix serait de jeter l’opprobre sur l’ECO, du simple fait que ce serait le président Ouattara en présence du président Macron, qui aurait annoncé que les pays de l’UEMOA allaient l’adopter en substitution du FCFA ! Nous ne devrions pas « jeter le bébé avec l’eau du bain ! »
En effet, on doit se souvenir que l’adoption de l’ECO et du statut fédéral de sa Banque Centrale, l’accord donné par la CEDEAO aux pays répondant aux critères de convergence de démarrer l’aventure de la monnaie commune, sont autant de décisions antérieures aux annonces du 21 décembre 2019. Il faudra en conséquence s’approprier dès maintenant le projet et le poursuivre dans l’esprit originel des Autorités de la CEDEAO afin de parvenir, à terme, à la monnaie commune visée.
Une telle attitude est confortée par la position officielle du Ghana qui se réjouissait le 28 Décembre 2019 de la décision des Etats de l’UEMOA sur l’ECO et annonçait son intention de les rejoindre. Elle est également encouragée par la décision du Sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO du 21 Décembre 2019 qui en prenait acte et se félicitait de la décision de l’UEMOA en indiquant que cette « réforme de la zone monétaire de l’UEMOA facilitera son intégration dans la future zone monétaire ECO de la CEDEAO. »
Au demeurant, il ne faudrait pas que le fort désir d’union qui doit nous habiter pour réussir cette monnaie commune au niveau de la CEDEAO occulte le fait que nous n’avons pas tous et toujours les mêmes intérêts en matière de politique monétaire pro-active ou de fixation des taux de change.
C’est pour cela également que les discussions entre les Etats partenaires ne devraient pas conduire à des consensus mous. Les décisions et engagements arrêtés devraient résulter de négociations sérieuses et soutenues de telle sorte que chacun puisse évaluer et apprécier ce qu’il y gagne et ce qu’il y perd.
Je suis un partisan de l’intégration africaine comme peuvent en attester mes expériences professionnelles, que ce soit dans la fonction publique internationale à la BOAD, dans les organes de gouvernance de groupes privés panafricains en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale ou encore à travers ma participation reconnue aux côtés de la BAD, dans la création du Fonds d’Investissement AFRICA 50 dédié aux financements des infrastructures sur tout le continent. Je n’en suis pas moins convaincu qu’il faut traiter sérieusement les intérêts, quelques fois divergents, des uns et des autres, se préparer à des discussions complexes et des arbitrages douloureux, afin que l’espace CEDEAO reste cohérent et attractif et que la nouvelle monnaie ECO participe efficacement à la transformation et au renforcement des diverses structures économiques nationales dans l’intérêt bien compris des populations de la CEDEAO. En définitive, il s’agit d’arriver à consolider la Communauté et non de satelliser certains Etats voire, pire encore, d’en vassaliser d’autres !
C’est pour cela qu’il est fondamental, dès le départ, qu’à côté du puissant Nigéria il y ait au moins un pôle soudé comme les huit anciens pays de l’UMOA – bénéficiant de la forte expertise et expérience de la BCEAO pour faire avancer, avec équilibre, la communauté à l’instar du rôle que jouèrent l’Allemagne et la France pour faire progresser l’Union Européenne à ses débuts.
Bien entendu la solution optimale serait, dans le sillage de son annonce du 28 Décembre 2019, que le Ghana accepte de rejoindre les pays de l’UEMOA au début de leur période ECO pour que ce nouveau bloc puisse mieux négocier avec le puissant Nigéria dans les mois à venir.
Il est tout aussi fondamental que l’énergie mise par tous les groupes d’acteurs sociaux pour arriver au résultat obtenu soit dorénavant positivement tournée vers les autorités des Etats de la CEDEAO pour accélérer l’unité de gouvernance politique de notre sous-région. Ce serait en effet la seule façon de garantir la parfaite application des politiques monétaires dévolues aux futures institutions centrales appelées à gérer l’ECO.
Amadou KANE, ancien Ministre de l’Économie et des Finances