SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
25 avril 2025
Politique
VIDEO
ATTIRER LES INVESTISSEURS AMÉRICAINS
Forum de Saint-Louis - Ouvrir une porte d'entrée, au Sénégal, pour le secteur privé américain - L'investisseur cherche avant tout un partenaire local - Entretien avec René Lake
Le patron de RSL Strategies, Rene Lake, est convaincu que l'investisseur américain n'est pas toujours ce partenaire arrogant qui vient pour imposer ses idées.
Au contraire, ce qu'il faut comprendre selon Lake, c'est que ce dernier a besoin de la validation locale qui est le gage de la viabilité de son projet.
Voir vidéo.
PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BOUBACAR BORIS DIOP
CE VIEIL HOMME, NOTRE ENFANT…
Wade a desservi Karim, renforcé la cote de popularité de Macky tout en donnant de lui-même une image négative. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre la libération de son fils
Boubacar Boris Diop, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 24/03/2015
Des analystes pourtant peu suspects de passion partisane continuent à regretter que la Crei n’ait été apparemment réactivée que pour juger Karim Wade. Même si on peut leur reprocher de tenir pour quantité négligeable ses co-inculpés ou d’oublier trop vite les nombreux dossiers déjà instruits, leur trouble mérite la plus grande attention. Il nous rappelle qu’au Senegal l’autorité publique n’a jamais vraiment su quelle attitude adopter à l’égard des auteurs de crimes économiques. C’est peu de dire que ces derniers, du fait de leur forte capacité de redistribution, sont plus souvent admirés que stigmatisés.
Il se raconte du reste, sous forme de blague populaire, qu’à des détenus ordinaires se plaignant des faveurs accordées à ces prisonniers de luxe, un régisseur aurait répliqué, excédé : «Ecoutez, ce n’est pas pareil, vous, vous êtes des voleurs alors qu’eux ont détourné !» Cette complaisance à l’égard de ceux qui dilapident nos maigres ressources s’explique-t-elle par le fait que le même personnel politique se partage le pouvoir depuis l’Indépendance ? L’hypothèse peut être avancée sans risque.
Le plus fascinant, c’est que Me Abdoulaye Wade, alias le «pape du Sopi», a été élu, après une exceptionnelle mobilisation populaire, pour briser ce cercle vicieux de la gabegie et de l’impunité. Quel Sénégalais peut s’en souvenir aujourd’hui sans un formidable éclat de rire ? Sous son règne, le système est devenu complètement fou ! Dès ses premières heures au Palais, il déclare à Idrissa Seck, qui l’enregistre en secret– drôle de gens, n’est-ce pas ?- : «Nos problèmes d’argent sont désormais derrière nous», avant d’ajouter cette phrase hallucinante : «Même les gangsters savent s’en tenir a un strict code d’honneur quand vient l’heure de se partager le butin.»
Il n’est dès lors pas étonnant qu’au cours de ses deux mandats à la tête du pays, on ait eu l’impression d’un gigantesque foutoir financier. Bien des cadres ayant travaillé avec Me Wade, en particulier ceux qui venaient de la Gauche, n’étaient pas des corrompus, loin s’en faut. Mais ceux qui l’étaient ne se sont pas du tout gênés. Les affaires en tous genres– terrains, trafic de devises voire de drogue– ont sans cesse défrayé la chronique et des milliers de gens qui tiraient le diable par la queue, ont amassé en peu de temps une colossale fortune.
Dans un petit pays à l’élite aussi «compacte», tout finit par se savoir, même, et peut-être surtout, ce que les medias choisissent, pour diverses raisons, de taire. Et– ne soyons donc pas si oublieux– Karim Meissa Wade, à la tête de moult ministères stratégiques, était au centre de tout. La justice lui demande depuis juillet 2014 de justifier l’accroissement phénoménal de sa fortune à l’époque où son père était chef de l’Etat. Il n’en a pas été capable et cela lui a valu une peine ferme de six ans et une amende de 138 milliards de francs Cfa.
On peut certes entendre les critiques des ONG des Droits de l’homme qui voient dans la Crei une juridiction d’exception violant les normes du droit international mais on a aussi eu le sentiment que pour ses avocats leur client, lâché par certains de ses prête-noms et complices, confondu sur des points importants, était devenu indéfendable. On les a donc davantage entendus en conférence de presse qu’à la barre du tribunal qu’ils ont du reste finalement boycotté. Il est d’ailleurs difficile de savoir à quoi ont bien pu servir les avocats étrangers supposés plaider en faveur de Karim Wade.
Malgré le gros cafouillage sur le compte de Singapour– un point, il faut le souligner, non pris en compte par le juge Henri-Grégoire Diop–, personne n’a été surpris par le verdict du 23 mars. Il n’y a pas lieu de se réjouir qu’une personne encore dans la force de l’âge soit obligée de rester quatre années en prison mais des dizaines de milliers d’autres Sénégalais purgent la même peine sans que cela n’émeuve personne.
L’avertissement vaut pour tous nos futurs chefs d’Etat. Ce qui arrive à Karim Wade doit leur faire comprendre qu’il est inadmissible et dangereux de détourner les suffrages populaires au profit de sa famille.
L’ex-président Wade, naguère tout-puissant, n’a rien pu faire pour sauver son fils. Il n’a même pas pu trouver un hôtel pour y organiser ce que le politologue Mbaye Thiam a appelé sur Sud FM «la dévolution paternelle du parti». Cela en dit long sur la brutalité de la chute de Wade. Il s’était pourtant montré si agressif à maintes reprises que le pays a eu de sérieuses craintes pour la sécurité des biens et des personnes le jour du verdict. A l’arrivée il y a eu plus de peur que de mal.
Me Wade, conscient de son faible pouvoir de nuisance ces temps-ci, s’y était sûrement attendu et c’est sans doute pour cela qu’il a fait de son fils le candidat du PDS à la présidentielle de 2017. Le projet, c’est de lui faire porter les habits de lumière du prisonnier politique, si populaire que le régime n’aura d’autre choix que de ne pas le maintenir en détention. Est-ce bien sérieux ? En vérité, cela s’appelle raisonner la tête à l’envers.
Tout d’abord, Karim Wade, qui n’a jamais remporté le moindre scrutin, est un binational. On le voit mal renoncer à son passeport français pour briguer les suffrages des électeurs sénégalais. Et au fait, dans quelle langue leur demanderait-il de voter pour lui ? C’est un point central que tout le monde semble avoir oublié. Sauf, probablement, l’intéressé lui-même et son père. Me Wade, qui a affronté tous les présidents, de Senghor à Macky Sall, sait bien ce qu’élection veut dire dans notre pays. Il serait étonnant qu’il entretienne au fond de lui-même la moindre illusion quant aux chances de son fils pour l’élection de 2017.
Il sait bien, pour le dire familièrement, que les carottes sont cuites.
Wade aura en effet tout essayé mais les appels du pied à l’armée n’ont pas eu plus d’écho que sa menace insolite de prendre le maquis. Et pour faire monter la tension, il ne s’est interdit aucune grossièreté à propos de la famille Sall. Ce faisant, il a desservi Karim Wade, renforcé la cote de popularité de Macky Sall tout en donnant de lui-même une image encore plus négative qu’à l’ordinaire. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre une cause, la dernière d’un vieux combattant, qui lui tient tant à cœur : la libération de son fils.
Une fin de parcours aussi douloureuse– il est des moments où le vieil homme suscite en effet une vague compassion– rappelle, toutes proportions gardées, celle d’Alboury Ndiaye. La tradition rapporte qu’au soir de sa vie, affamé et au bord de l’épuisement, le Bourba Djoloff fut obligé de voler une écuelle de lait dans l’arrière-cour d’une maison de Dosso, dans l’actuel Niger. Surpris par la propriétaire, il n’eut d’autre choix que de nier avec véhémence. En vain : un enfant l’avait vu en secret, qui témoigna contre lui. Il aurait alors déclaré à son griot : « J’ai été tout-puissant au Djoloff et voilà à quoi je suis réduit. Tout est perdu et je sais que ma fin est proche.»
Alboury Ndiaye, immortalisé entre autres par le dramaturge Cheik Aliou Ndao, a été peut-être le moins ambigu, le moins controversé de nos héros nationaux mais un cruel destin avait pris avantage sur le guerrier errant, panafricaniste avant la lettre. Du célèbre politicien libéral aussi, on peut dire, mais hélas pour de moins glorieuses raisons, que tout est perdu aujourd’hui, même l’honneur.
Il ne lui reste plus qu’à solliciter la clémence de celui dont il a dit tout récemment que jamais il ne serait au-dessus de Karim Wade. Peut-être s’exprimait-il ainsi en surestimant ses capacités à infléchir le cours de la justice. En homme qui a toujours cru au seul rapport de force, il est bien conscient d’être à la merci du régime de Sall. La surenchère verbale va rester de mise pendant quelque temps pour sauver les apparences mais il est très probable qu’il va bientôt jouer, en coulisses, la seule carte qui lui reste raisonnablement : solliciter la grâce présidentielle. Et si Macky Sall venait à céder aux pressions, l’on n’entendra probablement plus parler ni de l’homme Karim Wade ni encore moins du candidat sans peur et sans reproche. On peut supposer qu’il sera aussi oublié des Sénégalais que l’est à l’heure actuelle sa sœur. Le président pourrait être tenté de se montrer magnanime après avoir su se montrer ferme.
Qu’adviendrait-il des Bibo Bourgi et autres Mamadou Pouye, condamnées en même temps que Karim ? La question n’est pas simple car une libération générale ferait désordre dans l’opinion.
Quoi qu’il arrive, gardons-nous de jeter trop vite la pierre à Me Abdoulaye Wade. Ce quasi centenaire au regard perdu, si tragiquement solitaire, c’est nous-mêmes qui l’avons librement enfanté dans l’allégresse générale il y a une quinzaine d’années. Au-delà du sort personnel de son fils, c’est de cela que nous devrons nous souvenir demain et après-demain.
Enlevés le 3 mai dernier à Kaïlou (Ziguinchor) par une faction du mouvement indépendantiste MFDC et emmenés au plus profond de la forêt casamançaise, les démineurs otages font part, pour la première fois, de leurs conditions de détention et exposent leur vœu ardent de rejoindre «le plus tôt possible» leurs familles respectives. Dans la forêt, ils pratiquent la chasse et la pêche. Le journaliste et Reporter d'Image Christian Thiam de SenePlus.Com s'est entretenu avec les otages et plusieurs chefs militaires du MFDC dont César Atoute Badiate. Dans les toutes premières minutes de la vidéo, César Atoute Badiate s'exprime en diola mais les réactions des otages sont toutes en français.
Le voyage est long pour accéder au cantonnement militaire. Après plusieurs heures de conduite, il faut encore plusieurs kilomètres à pied pour accéder à la zone d’influence de César Atoute Badiate au fin fond de la forêt de Casamance. Un fief qui se «trouve bel et bien en territoire sénégalais», comme nous le précise le reporter de SenePlus.Com Christian Thiam qui a effectué ce voyage avec Jean Michel Mathiam un employé de la société sud-africaine Mechem pour qui travaillaient les otages.
Au plus profond de cette forêt, ils sont faits otages depuis le 3 mai 2013, loin de leurs familles, de leurs proches et de leur environnement social habituel. Cet enlèvement porte la signature d'une des factions séparatistes du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC) dirigé par César Atoute Badiate.
Depuis que la vie de ces démineurs a basculé, personne ne les avait vu, ni entendu s'exprimer publiquement.
Assis sur des bancs en plein milieu de la forêt, les otages de César Atoute Badiate semblent en bonne forme physique. Pour la première fois, ils ont eu l’occasion de faire part de leurs conditions de vie et leur vœu ardent de retrouver leurs familles respectives.
Tout s’est passé sous l’œil vigilant du chef d’Etat-major du maquis César Atoute Badiate. C’est lui en premier qui prend la parole et s’exprime dans sa langue maternelle, le joola. Fixant droit la caméra, par moments, il expliqué les circonstances de sa rencontre avec Christian Thiam ainsi que l’objet de la visite de ce dernier dans le maquis.
A la suite, du général maquisard, c’est Charles Coly un des otages qui prend la parole. Serein, il confesse que depuis leur enlèvement, ses compagnons et lui n’ont été victimes d’aucune forme de maltraitance, ni de terreur de la part de leurs ravisseurs. En d’autres termes, ils ont été bien traités. Charles parle même de liberté de circuler dans les environs immédiats alors même qu’ils sont retenus comme otages.
«On est libre ici, on se déplace comme on veut»
«Depuis que nous avons été arrêtés, nous n’avons eu aucun problème. On a un peu marché, et cela c’est normal », a-t-il dit. Poursuivant son propos, Charles explique également que même la nourriture n’a jamais été un problème pour eux. «Nous allons à la pêche et à la chasse. On se déplace comme on veut », a-t-il souligné en tentant de se débarrasser des insectes de la brousse qui bourdonnent dans ses oreilles. Personne dans le maquis n’a jamais pointé une arme sur un otage pour lui ordonner d’exécuter une action, assure Charles.
En revanche, ce qui reste pénible et insupportable pour eux, c’est la séparation d’avec leurs familles respectives. «Le seul problème que nous avons, dit-il, c’est qu’on n’a pas nos familles». Doucouré, qui semble le plus jeune des otages qui ont fait face à la caméra, ne semble pas apprécier le propos très apaisants tenu par son collègue Charles.
Et il a tenu à marquer son désaccord, en prenant la parole : «On tient ici des discours pour dire que tout va bien… Mais on sera mieux chez nous», rétorque Doucouré, très ému avec une voix grinçante et empreinte d’émotion. «C’est bien beau de dire oui on n’a pas de problème. Mais nous, nous voulons rentrer chez nous le plus rapidement possible», a poursuivi l’otage.
«C’est très dur de vivre ici »
Gilbert Tendeng corroborant les propos de Charles, se dit persuadé qu’ils n’auront pas de problème. Seulement, reconnait-il «c’est dur de vive ici». Gilbert Tendeng se préoccupe du sort qui leur sera réservé après leur libération du point de vue professionnel. En effet, il craint qu’après leur libération, leurs familles respectives les déconseillent de continuer à travailler comme démineurs pour la société sud-africaine Mechem, parce que cette activité sera perçue comme une activité bien trop risquée.
Pour rappel, ils étaient douze démineurs travaillant pour la société sud-africaine Mechem, à être enlevés par la faction séparatiste du MFDC de César Atoute Badiate. Ils exécutaient tranquillement leur tâche ce 3 mai au soir dans le village de Kaïlou, (département de Ziguinchor), quand les rebelles ont fait irruption et les ont kidnappés.
Le général Badiate qui a commandité ce rapt estime que le gouvernement du Sénégal n’a pas respecter son engagement à arrêter le déminage dans les zones que le chef rebelle considère comme zone contrôlée par le mouvement rebelle.
Le 28 mai 3 femmes faisant partie des 12 démineurs ont été libérées pour des raisons humanitaires après une médiation des autorités de Bissau, de la Croix Rouge, le groupe de réflexion pour la recherche de la paix en Casamance, entre autres acteurs.
Mais auparavant le chef de l’Etat, Macky Sall avait commis, ce que plusieurs observateurs de la vie politique sénégalais avaient considéré comme "une maladresse" en affirmant dans une série d’entretien accordé à l’AFP que les « otages seront libérés », et que ce n’était «pas un problème». Ainsi, le président Sall en minimisant cet enlèvement a peut-être donné l'occasion aux ravisseurs de faire monter les enchères, ajoutent des analystes interrogés par SenePlus.Com.
Depuis 1982 la Casamance, sud Sénégal, fait face à une rébellion indépendantiste qui entrave le développement économique de cette région dû à l’insécurité : braquages, enlèvements, et autres assassinats.
TRADUCTION DES PROPOS DE CÉSAR ATOUTE BADIATE, AU DÉBUT DE LA VIDÉO
"Charles, bonjour à toi et à tes amis. Comme vous le savez, d’habitude nous effectuons des voyages. Et Dieu a fait qu’au cours de notre dernier voyage, avant hier, nous avons eu l’occasion de rencontrer ce monsieur qui voulait voir dans quelles conditions vous vivez.
Il faut dire que cela fait un moment qu'il souhaitait vous rencontrer mais nous avions estimé que n’aviez pas un assez bon moral pour que nous puissions donner une suite favorable à cette demande. Nous avions donc préféré reporter cette rencontre.
Mais comme maintenant vous êtes un peu plus habitués aux conditions de vie ici, j'ai pensé que cette fois-ci, il n'y avait aucun obstacle à ce que vous le rencontriez aujourd'hui. "
PAR Moustapha Guirassy
UNE CLARIFICATION UTILE À GUY MARIUS SAGNA
Honorable, puisque vous vous percevez comme le plus loyal, le plus courageux ou le plus véridique des Sénégalais, aviez-vous vraiment besoin de présenter aux Sénégalais ce désolant spectacle qui s’écarte des vrais enjeux du jub jubbal jubbanti ?
Dans une récente question écrite adressée au ministre de l’Éducation nationale, M. Guy Marius Sagna, député du peuple, a interpellé M. Guirassy sur des dépenses relatives à l’aménagement d’un salon de bureau, à l’acquisition d’un tapis et de matériel de petit déjeuner.
Si l’exercice du contrôle parlementaire est un pilier de notre démocratie, il ne saurait toutefois se faire ni dans l’approximation, ni dans une volonté d’instrumentalisation politique. Car, sauf ignorance ou posture délibérée, tout parlementaire rompu aux réalités de l’administration sait pertinemment que ces dépenses relèvent du fonctionnement normal d’un cabinet ministériel.
Ces acquisitions sont d’abord inscrites dans le budget de fonctionnement, lequel est adopté en toute transparence par l’Assemblée nationale dont l’honorable Guy est membre. Ces crédits servent à assurer le cadre de travail nécessaire au bon exercice des responsabilités ministérielles. Rassurez-vous honorable, le marché d’équipement du bureau du MEN, est bel et bien passé par appel à concurrence. Il a mis en compétition des soumissionnaires, a suivi et respecté toutes les étapes de la procédure de passation. On vous a induit en erreur cependant. Je n’ai jamais changé de salon Honorable Guy.
Vous parlez sûrement des équipements mobiliers dans les salles d’attente. Les salons au niveau de la sphère ministérielle sont presque tous identiques dans les bureaux des ministres. Le mien a au moins 3 ans. Je vous informe cependant avoir acheté de jolis pots de fleurs et de beaux tableaux d’art pour rendre mon bureau plus accueillant et plus confortable.
Il est commun honorable Guy, dans tous les ministères du monde qu’ils soient africains, européens ou américains d’avoir un salon de réception pour accueillir des délégations, des diplomates ou des partenaires techniques. Il ne s’agit pas de luxe, mais de protocole. Le tapis et les équipements de base comme une cafetière, une bouilloire ou quelques plateaux relèvent d’un minimum de confort logistique, pour soutenir les longues réunions et sessions de travail.
Faut-il rappeler que ces outils sont destinés à l’équipe entière du cabinet, et non au seul ministre ? Le plus surprenant dans cette interpellation, c’est le montant dérisoire concerné, qui contraste fortement avec l’indignation affichée.
En réalité, nous sommes loin des grandes lignes de crédits ou de marchés publics qui pourraient nourrir un réel débat. En tout état de cause, honorable Guy, vous gagneriez à recentrer vos interventions sur les véritables enjeux du secteur de l’éducation : la qualité de l’enseignement, l’infrastructure scolaire, l’adéquation formation-emploi, ou encore le dialogue social avec les syndicats. La République a besoin de débats sérieux, rigoureux et documentés. Elle a besoin de députés qui exercent leur mandat dans la loyauté institutionnelle, au service de la transparence mais aussi de l’efficience.
À ce titre, les dépenses de fonctionnement d’un ministère, si elles sont raisonnables, justifiées et bien exécutées, doivent être vues comme des outils au service de la performance de l’action publique, non comme des instruments de polémique politicienne..
Enfin honorable puisque vous vous percevez comme le plus loyal, le plus courageux ou le plus véridique des sénégalais, aviez vous vraiment besoin de présenter aux sénégalais ce ce désolant spectacle qui s’écarte de très loin des vrais enjeux du jub jubbal jubbanti. Pour finir, sur la rationalisation des dépenses, je comprends pleinement les préoccupations des Sénégalais face à la situation économique actuelle.
C’est pourquoi, depuis ma prise de fonction, j’ai engagé une revue de toutes les dépenses du ministère pour garantir une gestion rigoureuse et utile de chaque franc CFA. L’éducation de nos enfants reste notre priorité absolue. Là chose est sérieuse. Je vous invite à des discussions plus approfondies sur le plan Diomaye de la Casamance par exemple. Les populations comptent beaucoup sur vos idées, vos propositions, votre accompagnement.
Honorable Guy, il revient à chaque acteur public, député, ministre ou fonctionnaire, de cultiver un esprit de responsabilité et de mesure, car l’opinion publique mérite mieux que des details. Je vous souhaite un excellent séjour en Inde et vous encourage dans votre mission de contrôle de l’activité gouvernementale.
VIDEO
QUAND LE PRÉTOIRE L'EMPORTE SUR LE PERCHOIR
"Politiquement raison, juridiquement tort" : c'est ainsi que Mounirou Sy résume la décision du Conseil constitutionnel sur la loi interprétative d'amnistie. La majorité parlementaire ne permet pas de s'affranchir des principes constitutionnels
Dans une décision rendue le 23 avril 2025, le Conseil constitutionnel a annulé l'article premier de la loi interprétative relative à l'amnistie votée en 2024, vidant ainsi cette loi controversée de sa substance. Cette décision, qui fait couler beaucoup d'encre dans le pays, marque un tournant significatif dans les relations entre le pouvoir politique et l'autorité judiciaire.
Selon le professeur Minirou Sy, maître de conférences à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, interrogé sur la chaîne TFM, cette décision est "une source de satisfaction" après des années où "on était habitué à une incompétence saisonnière du Conseil constitutionnel sur des questions qui touchaient le cœur de la vie politique".
Le Conseil constitutionnel a requalifié la loi dite "interprétative" en loi "modificatrice", estimant qu'elle innovait en tentant de rétrécir le champ d'application de la loi d'amnistie initiale. "Le juge constitutionnel ne se limite plus à l'idée de trancher mais fait office de pédagogie", analyse le professeur Sy, qui souligne un "revirement" par rapport à la décision initiale sur la loi d'amnistie.
En effet, alors qu'il avait précédemment reconnu au législateur "la plénitude de ses pouvoirs" concernant l'amnistie, le Conseil constitutionnel "a circonscrit le périmètre d'action du législateur" en lui rappelant qu'il ne peut pas aller au-delà des textes de droit international, notamment concernant la torture, les actes inhumains et dégradants.
Pour les victimes des événements politiques couverts par la loi d'amnistie, cette décision ouvre la voie à des recours civils. "Les décisions du Conseil constitutionnel s'imposent aux autorités administratives et juridictionnelles", rappelle l'universitaire. Si l'amnistie éteint l'action publique, elle ne remet pas en cause le droit à réparation des victimes. Une personne dont le commerce aurait été vandalisé pourra ainsi demander réparation devant un juge civil.
Le professeur Sy écarte toute possibilité d'annuler complètement la loi d'amnistie de 2024, celle-ci étant déjà promulguée. Une abrogation n'aurait d'effet que pour l'avenir et ne résoudrait pas les problèmes actuels.
Cette décision constitue, selon l'expert, un signal fort envoyé par le Conseil constitutionnel au monde politique : "Vous avez politiquement raison parce que vous détenez la majorité à l'hémicycle, mais juridiquement tort parce que vous avez violé la Constitution." Le professeur estime que "le peuple a maintenant quelqu'un qui veille pour ses droits, à savoir le juge constitutionnel", évoquant la notion de "démocratie continue" où "lorsque le peuple perd la démocratie à l'Assemblée nationale, il peut l'atteindre devant le Conseil constitutionnel".
Quant au débat sur la transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle, le spécialiste le considère comme purement "terminologique", l'essentiel étant de "renforcer les prérogatives de la juridiction constitutionnelle", quelle que soit son appellation.
LE DIALOGUE EN PÉRIL
Les concertations pourraient se dérouler avec une participation réduite de l'opposition. Le Front pour la défense de la démocratie et de la République reste divisé sur la question, alors que ses alliés de l'APR dénoncent un "acharnement judiciaire"
Le dialogue politique risque de se faire sans une bonne partie de l'opposition. Déjà, au sein du Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr), plusieurs partis membres voient d'un mauvais œil toute participation à ces réflexions pendant que leurs alliés de l'Alliance pour la République (Apr) connaissent une traversée du désert avec des emprisonnements et des convocations devant la Justice qu'ils qualifient d'acharnement.
Le vent du boycott souffle sur le dialogue politique. Alors que le chef de l'Etat vient de désigner Cheikh Guèye comme facilitateur général des concertations politiques qui s'ouvrent ce 28 mai, l'opposition reste encore silencieuse. Au sein du Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr) où on réclamait des gages de sincérité du Président Diomaye Faye, la participation au dialogue n'est pas encore arrêtée.
En effet, L'As a appris que la question a été débattue lors de la réunion du Fdr tenue mercredi dernier, au siège du parti socialiste. Mais des membres du front se sont farouchement opposés à toute participation au dialogue politique. Il n'est pas question pour eux d'aller s'asseoir à la table du pouvoir en place pendant que leurs alliés de l'Alliance pour la République font face à «une persécution» de la part du régime en place, nous souffle une source qui est au fait.
N'ayant pas pu délibérer faute de position consensuelle, le Fdr est donc toujours sans décision. Ainsi, le front va se réunir lundi ou plus tard avant mercredi prochain pour prendre une résolution sur sa position sur l'invitation au dialogue qui devra porter sur le système politique au Sénégal.
En tout état de cause, il faut rappeler que lors de sa dernière sortie, le Fdr avait posé des conditions de sa participation même s'il avait dit être favorable au dialogue. Il avait, à cet effet, demandé au Président Diomaye des gages de sincérité avant toute participation au dialogue politique qui s'étend du 28 mai au 4 juin. L'organisation politique n'avait pas manqué de dénoncer des «coups de force» de la part du régime en place, notamment une conduite unilatérale du processus électoral des législatives du 17 novembre 2024.
par Mamadou Mbacké Ndiaye
LA RÉPUBLIQUE DE L'EGO
L'opposition systématique et la réaction toujours épidermique du pouvoir sont à mon sens une survivance coloniale, et ne constituent pas un horizon indépassable
Une élite est censée incarner le «cœur» du corps social dans un pays. Elle doit éduquer, guider, orienter, donner le tempo du débat public avec mesure et dans le respect de la différence. Mais ce qui se passe au Sénégal avec notre classe politique est un mélodrame. Des hommes politiques qui font tout, pour reprendre l'essayiste Aguibou Diallo, sauf reconnecter l'engagement politique et citoyen à sa vocation désintéressée, réflexive et opérative.
Avec eux, le débat public stagne, tangue. Ainsi, la pensée binaire et le nihilisme inhibent toute velléité de procéder à une critique constructive. La classe politique sénégalaise ne prend plus de précaution. Leur catastrophe commence par les mots. Malgré le changement de régime et toutes les promesses de rupture ambiantes, force est de dire que les discours politiques, toutes obédiences confondues, laissent entrevoir un air de déjà-vu.
D'un côté, une opposition qui s'active et se presse pour battre en brèche toutes les propositions du nouveau gouvernement, fussent-elles salutaires. Et d'un autre côté, la mouvance présidentielle qui est toujours sur la défensive, et avec un seul souci: «réduire l'opposition à sa plus simple expression». Et dans ce dédale, le débat public n'autorise plus aucune nuance, aucune abstention. On est pour ou contre Ousmane Sonko, pour ou contre le «projet». Un manichéisme infantilisant.
La dernière décision du Conseil constitutionnel par rapport à la loi interprétative de l'amnistie en est la parfaite illustration. L'opposition jubile, crie victoire et parle de camouflet infligé à l'initiateur de cette loi, le député Amadou Ba, mais surtout la mouvance présidentielle. Les tenants du pouvoir, quant à eux, se recroquevillent et tentent d'interpréter favorablement cette décision des juges du Conseil constitutionnel. Au grand dam de l'éclairage des experts qui sied à ces genres de situation.
Et ces exemples sont légion dans le débat public, où les égo surnagent le sens de l'objectivité et de l'honnêteté intellectuelle. Pour dialoguer, il faut reconnaître à l'autre une certaine dignité. Mais au Sénégal, à part quelques exceptions, les hommes politiques ne se respectent plus, ne sont pas plus courtois. Un débat public est devenu un ring où tous les coups sont permis.
Le Sénégal est dans un monde où les défis économiques, diplomatiques, sociaux et environnementaux sont énormes. De ce fait, il urge de passer d'une démocratie de concurrence (l'expression est de l'actuel ministre de l'Enseignement supérieur Dr Abdourahmane Diouf) outre d'animosité à une démocratie de concordance. La critique ne doit pas être automatique et une fin en soi. L'opposition systématique et la réaction toujours épidermique du pouvoir sont à mon sens une survivance coloniale, et ne constituent pas un horizon indépassable. Une alternative crédible à ce schisme est possible. Mais il faut au préalable que la classe politique accepte de jouer le jeu au lieu du «Je».
MAURICE SOUDJECK DIONE APPROUVE LA CENSURE DE LA LOI DITE INTERPRÉTATIVE
L’universitaire juge la censure de ladite loi cohérente avec la jurisprudence récente du Conseil. Selon lui, la qualification de loi interprétative était inappropriée. « Elle était une loi modificative, et non point interprétative », affirme-t-il.
Le Pr Maurice Soudjeck Dione, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, a salué, jeudi, la décision du Conseil constitutionnel concernant la loi dite interprétative de la loi d’amnistie.
Qualifiant cette décision d’ »intéressante et très pertinente », il estime qu’elle témoigne de la constance du Conseil dans son approche juridique.
Sur les ondes de la RFM, l’universitaire a analysé les motifs qui ont conduit à la censure de cette loi récemment adoptée par l’Assemblée nationale.
Selon le professeur Dione, la qualification de loi « interprétative » était inappropriée. « Elle était une loi modificative, et non point interprétative », a-t-il clairement affirmé.
Pour lui, la décision du Conseil constitutionnel s’inscrit dans la continuité d’une logique jurisprudentielle déjà observée en 2024, notamment lors des multiples péripéties entourant l’élection présidentielle.
« C’est une décision que l’on attendait avec beaucoup d’impatience », a-t-il confié.
Il a ensuite souligné que « Le Conseil a encore une fois fait montre d’une jurisprudence prétorienne », ajoutant ainsi une nouvelle preuve de son indépendance et de sa rigueur dans l’application du droit.
ALIOUNE TINE DEMANDE UNE COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LES CRIMES COMMIS ENTRE 2021 ET 2024
Le fondateur d’Afrikajom Center exhorte l’État à respecter ses engagements internationaux, notamment la Convention contre la torture. Il alerte aussi contre une politique pénale jugée répressive et indigne.
Le fondateur Afrikajom Center, Alioune Tine, a lancé, jeudi, un appel, pour la mise en place d’une commission d’enquête indépendante chargée de faire la lumière sur les crimes commis et d’établir les responsabilités.
Le défenseur des droits de l’homme s’est exprimé sur la plateforme X, soulignant l’urgence et la nécessité pour le Sénégal, en tant qu’État partie à la Convention des Nations Unies contre la Torture, de prendre cette mesure cruciale.
« Aujourd’hui, il n’est pas trop tard pour créer une commission d’enquête indépendante pour faire éclater la vérité sur les crimes commis et situer les responsabilités. On doit le faire entendre en tant qu’état partie à la convention des Nations Unies contre la Torture. D’avoir sauté cette phase du processus nous mène à des débats chauds où nous perdons de l’énergie », a-t-il déclaré .
Il a rappelé les efforts déployés depuis les années 90 pour que le Sénégal signe et ratifie la Convention des Nations Unies contre la Torture, mettant en évidence les obligations qui incombent désormais à l’État.
Il a également souligné le rôle pionnier du Sénégal dans la ratification du Statut de Rome instituant la Cour Pénale Internationale.
« Nous savons toutes les conséquences pour les États parties. Nous avons fait la promotion internationale de la Cour pénale internationale, c’est grâce à notre plaidoyer que le Sénégal est le premier Etat du monde à avoir ratifié le traité de Rome. On ne s’amuse pas avec l’impunité », a-t-il insisté.
Par ailleurs, Alioune Tine a exprimé ses réserves quant à une politique pénale qu’il qualifie de répressive et violatrice de la dignité humaine, la décrivant comme un héritage de la période coloniale.
Il a notamment critiqué une politique pénale « fondée exclusivement sur l’enfermement », ajoutant qu’ « aucun pays occidental ne trouverait normal le paketass (fait d'entasser les prisonniers dans une cellule exiguë) ».
CHEIKH GUÈYE DÉSIGNÉ FACILITATEUR GÉNÉRAL DU DIALOGUE NATIONAL
La Journée annuelle du dialogue national au Sénégal se tiendra du 28 mai au 04 juin 2025, sous le thème général : « Le système politique ». Ce cadre de concertation et de réflexion réunira les partis politiques, la société civile, l’administration...
Le président de la République a nommé Cheikh Guèye comme facilitateur général de la Journée annuelle du dialogue national prévue du 28 mai au 4 juin 2025. Cette édition portera sur le thème central du système politique, avec la participation de l’ensemble des forces vives de la nation.
La Journée annuelle du dialogue national au Sénégal se tiendra du 28 mai au 04 juin 2025, sous le thème général : « Le système politique ». Ce cadre de concertation et de réflexion réunira les partis politiques, la société civile, l’administration, ainsi que les cours et tribunaux, selon une note émanant de la Présidence de la République.
Pour accompagner les travaux, le Dr Cheikh Guèye a été officiellement désigné facilitateur général. À ce titre, il aura pour mission de superviser et de guider les réflexions, dans un esprit d'ouverture et de consensus.
Cette initiative s’inscrit dans la volonté du Chef de l’État de renforcer la démocratie participative et de favoriser un débat inclusif sur les grandes orientations politiques du pays. Elle offre également une plateforme de dialogue entre les institutions et les citoyens autour des réformes majeures attendues dans le fonctionnement de l’État.
La nomination du Dr Cheikh Guèye, figure reconnue pour sa neutralité et son expertise en matière de gouvernance, est perçue comme un signal fort en faveur d’un dialogue apaisé et productif.