Alassane Diallo fait le point sur le contentieux opposant les Industries chimiques du Sénégal (Ics) aux populations de Tobène. Le directeur général des Ics révèle que le blocage des activités de la mine par les populations «s’est traduit par d’importantes pertes de production de phosphate». Aussi, «il aurait pu coûter leurs emplois à plus de 300 agents des Ics». Sur le barème d’indemnisation qui constitue le point de discorde avec les populations de Tobène, M. Diallo note qu’il «ne peut pas être question de négocier au cas par cas avec chaque propriétaire de champs parce que ce cas de figure serait intenable». Dans cet entretien exclusif, le patron des Ics indique que «les 6 ha dont on parle se trouvent à l’intérieur d’une concession minière octroyée par l’Etat aux Ics en 2008».
Contentieux Ics-Tobène. Quel est votre part de vérité ?
On ne peut pas parler de contentieux Ics-Tobène parce qu’en réalité les 6 ha dont on parle se trouvent à l’intérieur d’une concession minière octroyée par l’Etat aux Ics en 2008. Les 6 ha se décomposent en 7 champs appartenant à six personnes.
Les Ics ne sont pas propriétaires des terres concédées, mais au fur et à mesure de l’évolution de l’exploitation minière, la société récupère des champs après paiement de la compensation calculée par la commission placée sous l’autorité de M. le préfet du département de Tivaouane. Les choses se passent ainsi depuis 1960, année qui marque le démarrage de la production de phosphate dans la zone de Mboro.
Le barème d’indemnisation, le point de discorde. Pensez-vous qu’une révision s’impose pour régler une bonne fois pour toutes cette question qui suscite beaucoup de polémiques avec l’extension de votre mine ?
S’agissant du barème, il y a lieu de souligner que les sociétés évoluant dans le département de Tivaouane se sont entendues en 2016 avec l’Administration et les populations sur un barème qui, pour la première fois, indemnisait le terrain nu. C’est ce barème qui s’applique à tous actuellement. Il prévoit 1 million 050 mille francs Cfa par ha, sans compter les éventuelles cultures (mil, maïs, arachide...), les arbres fruitiers.
Au-delà des sommes normalement dues au titre du barème, les Ics ont décidé de faire aux propriétaires des champs un don d’un million de francs Cfa par ha. Pour les Ics, il ne peut pas être question de négocier au cas par cas avec chaque propriétaire de champs parce que ce cas de figure serait intenable. Je profite de l’occasion pour rappeler que les Ics ont mis 850 ha à la disposition de près de 4 000 paysans qui effectuent des activités agricoles, en particulier du maraîchage dans notre concession.
Par ailleurs, les Ics fournissent gratuitement de l’eau à plus de 30 mille personnes. Dans la zone Cedeao, il n’existe pas une autre société faisant un effort pareil pour approvisionner en eau des populations riveraines. Les habitants de Mbar Diop/Mbar Ndiaye avaient reçu 10 milliards de francs Cfa des Ics parce qu’ils avaient planté beaucoup d’arbres fruitiers. Ce n’est pas le cas au niveau des 6 ha de Tobène qui ne sont même pas exploités à l’heure actuelle.
Est-ce que l’extension de votre mine se fait toujours dans les normes requises ?
Comme vous le savez, le fonctionnement d’une société est régi par les lois et règlements en vigueur, en particulier le Code minier s’agissant du volet minier de l’activité des Ics qui mènent leurs opérations conformément à la loi.
Il y a une levée de boucliers contre les Ics depuis l’éclatement de cette affaire qui a abouti au placement sous mandat de dépôt de 19 manifestants. Le Forum civil même demande la renégociation du contrat entre l’Etat et les Ics. Quel est votre avis ?
Comme je ne sais pas exactement ce que veut le Forum civil, je ne peux pas me prononcer.
Depuis janvier, votre mine est bloquée par cette affaire. Quel est l’impact de ce blocage au niveau de l’exploitation du phosphate ?
Le quasi blocage de nos activités minières aurait pu coûter leurs emplois à plus de 300 agents des Ics. Cette situation s’est aussi traduite par d’importantes pertes de production de phosphate. Je profite de l’occasion pour inviter ceux qui manifestent autant d’intérêt aux Ics à penser aussi au sort des 1 710 agents permanents qui sont autant de chefs de famille, aux milliers de ressortissants du département de Tivaouane qui tirent une bonne partie de leurs revenus des Ics, aux nombreux sous-traitants sénégalais auprès desquels les Ics commandent environ 50 milliards de francs Cfa par an.
Les Ics et les populations de sa zone d’implantation, une relation sulfureuse. Iriez-vous jusque-là ?
Je ne crois pas qu’on puisse parler de relation sulfureuse. Les populations elles-mêmes mesurent l’apport des Ics en termes d’emplois directs et indirects. Par exemple, les Ics ont confié aux ressortissants des villages environnants le gardiennage de leurs installations minières. Ce contrat a permis de créer 135 emplois au profit des jeunes des localités environnantes.
Ne pensez-vous pas que s’activer davantage dans la Rse pourrait régler ces conflits récurrents ?
Je pense qu’il est toujours possible de faire mieux. De façon concrète, les Ics interviennent quotidiennement dans le domaine de la distribution d’eau, de l’éducation, de la santé, etc. Nous assurons aussi la formation professionnelle de beaucoup de jeunes qui, par la suite, sont recrutés aux Ics ou dans d’autres entreprises. Certains parmi ces jeunes deviennent leurs propres employeurs
LES MODALITES SERONT FIXEES MERCREDI PROCHAIN
La reprise du dialogue politique se fera dans les prochains jours. Les différents pôles présents à la table des concertations sont convoqués ce mercredi pour discuter des modalités de travail.
La reprise du dialogue politique se fera dans les prochains jours. Les différents pôles présents à la table des concertations sont convoqués ce mercredi pour discuter des modalités de travail. Ils devront, eux aussi, apprendre à dialoguer en présence du virus.
La Covid-19 est venue chambouler le pays. Elle n’a pas épargné les activités liées aux concertations nationales qui, depuis le 23 mars 2020, ont été suspendues. Plus grave encore, elle menace gravement la tenue des élections locales pour la date du 28 mars 2021. D’ailleurs, les acteurs avaient alerté sur la nécessité de reprendre au plus vite les discussions au risque d’hypothéquer le scrutin en vue. Mais apparemment, plus de peur que de mal.
En effet, après les tractations effectuées par les différents acteurs, il a été décidé de reprendre les travaux demain. Tout au moins, selon nos informations, la Direction générale des Elections (DGE) a appelé hier les différents membres du dialogue politique pour leur dire qu’une réunion sera organisée ce mercredi.
Et, note-t-on, chaque pôle (pouvoir, majorité comme non-aligné) devra envoyer deux personnes au siège de la CENA où devront se tenir les discussions. Il s’agira de définir les modalités à adopter pour la reprise du dialogue ainsi que le calendrier de travail. Selon notre interlocuteur présent à la table du dialogue, si cela ne dépendait que de la Commission cellulaire dirigée par le Général Niang, les choses pourraient s’accélérer avec un mode de travail très efficace. Joint au téléphone, le coordonnateur du Front de résistance nationale (FRN), Moctar Sourang, confirme la réunion prévue demain au siège de la CENA. A la question de savoir s’il est bien possible de finir à temps les travaux du dialogue politique, Monsieur Sourang indique que si on démarre tout de suite, on a de fortes chances de respecter la date prévue pour les élections locales.
Au pire des cas, ajoute-t-il, on pourrait grignoter un mois, voire deux ou trois. «Et ce ne serait pas un problème», a renchéri le coordonnateur du FRN. A l’en croire, rien ne pouvait justifier cette suspension aussi longue surtout que les conseils des ministres et les séminaires gouvernementaux se tiennent normalement depuis la levée de l’état d’urgence. Il pense que ces concertations sont essentielles pour la démocratie puisqu’elles permettent de choisir nos élus et nos dirigeants. Donc, précise-t-il, il ne faudrait pas qu’on les banalise.
A l’en croire, l’opposition a toujours exprimé son souhait de voir les choses reprendre dans les plus brefs délais, parce qu’il y va du respect du calendrier électoral. «Il faut qu’on apprenne à organiser les élections à date échue. Cela fait partie aussi de la démocratie. On ne peut pas prolonger des mandats comme ça. C’est antidémocratique», déclare Moctar Sourang qui s’est réjoui qu’on ait décidé aujourd’hui de définir les modalités de reprise des activités en prenant en compte la nouvelle donne, en l’occurrence la pandémie de Covid-19.
PROROGATION DU DELAI IMPARTI POUR LE DIALOGUE POLITIQUE !
Le coordonnateur du FRN estime en outre que le focus devrait être mis sur l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral.
En effet, soutient-il, des manquements très graves ayant occasionné des fraudes massives ont été notés au sortir de l’élection présidentielle. «On était en train de discuter avec les partenaires du Sénégal, l’UE et l’USAID, qui étaient disposés à financer ces opérations d’audit du fichier et d’évaluation du processus électoral. Et cela va prendre du temps», explique Moctar Sourang. C’est pourquoi, il est convaincu qu’il faut rapidement redémarrer pour terminer, dans un délai d’un mois, le dialogue politique.
Revenant sur les élections fixées à la fin du premier trimestre de 2021, il indique qu’il faudrait s’arranger pour les tenir à date échue. «C’est cela la position de principe de l’opposition. Nous l’avons exprimée partout. Nous pensons que dans les plus brefs délais, le Président va prendre un décret pour prolonger d’abord le délai des concertations. Nous croyons qu’un mois peut suffire pour terminer le dialogue et mettre en place maintenant un comité de suivi qui va suivre un peu les opérations d’audit», a conclu le coordonnateur du FNR.
Exclu de l’Alliance des forces du progrès (Afp), en même temps que Mme Mata Sy Diallo Présidente des Femmes (MOUNFEP) et Malick Gueye, Secrétaire général national du Mouvement des jeunes pour le progrès (MNJP), Malick Gakou met sur pied un parti, le 17 août 2015, dénommé Grand parti (Gp). Après 5 années d’existence, le leader du Gp semble se calmer après le rêve brisé de succéder au président Macky Sall en 2019, freiné en cela par le Conseil constitutionnel pour défaut de parrainage. La Covid-19 l’a rendu encore plus docile.
Son divorce définitif d’avec son mentor, Moustapha Niasse, Secrétaire général de l’Alliance des forces du progrès (Afp) a été acté par la création de sa propre formation politique, le Grand parti (Gp), le 17 août 2015. En effet, Malick Gakou, venait ainsi de consommer sa séparation avec le président de l’Assemblée nationale, qui avait décidé, avec son Bureau politique, de soutenir la candidature de Macky Sall, en 2017.
L’ancien Ministre des Sports, ancien président du conseil régional de Dakar, ancien vice-président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) et ancien président du Guédiawaye Football Club (Gfc) prend alors son destin en main. Pour ce faire, il décide de cheminer avec Mata Sy Diallo Présidente des Femmes (Mounfep) et Malick Gueye, Secrétaire général national du Mouvement des jeunes pour le progrès (Mnjp), tous exclus du parti pour «rébellion» contre les instances du parti.
Le désormais ex-numéro 2 de l’AFP commence alors une tournée nationale, dans le but de massifier sa nouvelle formation. Son périple le mène dans la région de Tambacounda et le département de Koumpentoum. Dans une note parvenue à la rédaction de Sud Quotidien, le 6 octobre 2015, le GP informe que dans le cadre de son opération «Toxu», il a décimé les rangs de l’Alliance des forces du progrès (AFP) à Koumpentoum et Tambacounda, non sans préciser qu’il a aussi pêché au sein de l’Alliance pour la République (Apr), le Parti socialiste (Ps) et de Yonu askan wi de Tamba.
LA COORDINATION DE MANKOO TAXAWU SENEGAAL LUI DONNE DES AILES
Un lancement en grande pompe de son parti qui lui permet de nouer une alliance avec certains leaders de l’opposition au sein de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal, avec laquelle, il a pu gagner 3 sièges de députés à l’élection législative de 2017. Fort de cela, et nommé pendant plusieurs mois coordonnateur de ladite plateforme utilisée pour soutenir le député maire, Khalifa Sall, emprisonné dans le cadre de la Caisse d’avance de la ville de Dakar, le Docteur en Sciences économiques se taille le costume de président et dit être certain de battre Macky Sall en 2019. Alors commence une communication sans précédent autour de son programme dénommé “Programme alternatif Suxxali Senegaal“ (Pass), à un an de la présidentielle de février 2019. Il dit avoir axé ledit programme sur l’épanouissement social et culturel de l’homo-senegalensis au sein de sa famille, de son village et de sa ville et ambitionne de porter la qualité de la gouvernance politique et économique à un niveau qui renforcera les capacités du pays à répondre plus efficacement aux défis du développement. Très sûr de lui, Malick Gakou se chargera lui-même du dépôt des listes de ses parrains au Conseil constitutionnel. Ce qui lui a valu une brève interpellation par les gendarmes, pour avoir déchiré la liste de l’ordre des passages trouvée sur les lieux.
LE FILTRE DU PARRAINAGE
Hélas, sa course folle vers le fauteuil présidentiel sera stoppée par le Conseil constitutionnel, le mardi 8 janvier 2019. Les “7 Sages“ ont invalidé les parrainages du candidat du Grand Parti, après une mise en sursis pour cause de doublons. En effet, le GP avait validé 65.000 parrains sur les 67.000 déposés. Le recours déposé auprès des “7 Sages“, pour contestation de l’invalidation de leurs listes de parrainage, n’y fera rien. Celui qui était sûr d’écarter le président Macky Sall, dès le premier tour, ne sera finalement pas sur la ligne de départ, le 24 février 2019. Grosse désillusion !
Néanmoins, celui qui a regretté d’avoir laissé passer sa chance à l’élection locale de 2014, dans ce qui avait été considéré à l’époque comme son «fief», Guédiawaye, décide de faire face au régime en place en se liguant avec le candidat de la coalition “Idy 2019“, en l’occurrence Idrissa Seck. En tant que coordonnateur de ladite coordination, lors de la dernière présidentielle, son candidat sortira deuxième avec 20,51% des voix. Ce qui n’était pas suffisant pour forcer le second tour au candidat Macky Sall qui avait largement dépassé le pourcentage requis pour passer dès le premier tour, 58,26%. Après cette «déconvenue», le leader du Gp se terre dans un silence assourdissant, après quelques timides et vaines initiatives autour des contrats pétroliers et gaziers mis au grand jour par la chaine de télévision britannique BBC. La survenue de la pandémie de la Covid-19 et l’invite à l’unité lancée par le chef de l’Etat, Macky Sall le feront sortir de sa réserve. Mais, c’est pour accepter de laisser de côté, les enjeux partisans pour adhérer à l’appel du président.
LA PANDEMIE DE LA COVID-19 LE REND PLUS DOCILE
Estimant que la pandémie du Coronavirus peut constituer une menace durable pour l’avenir de la Nation, Malick Gakou avait exprimé toute sa disponibilité à Macky Sall, non sans promettre de ne ménager aucun effort pour mobiliser toute son énergie autour de cette bataille, afin de gagner la guerre contre le Coronavirus. Mieux, non seulement, il promet au chef de l’Etat de faire voter la loi d’habilitation par ses 3 députés, mais aussi met à la disposition du président, les spécialistes de son parti, dans le but d’intégrer la cellule de riposte contre le Coronavirus. Depuis lors, le leader du GP est resté aphone sur la gestion de la crise sanitaire qui est loin d’être un long fleuve tranquille pour le régime de Macky Sall. Pendant ce temps, des sources annoncent son entrée dans le futur gouvernement dit d’union nationale.
LE SÉNÉGALAIS A UNE PERCEPTION ÉGOCENTRIQUE DE SA RÉALITÉ
L'historienne et ancienne ministre, Penda Mbow, fait son diagnostic de la situation du Sénégal dans le contexte de la pandémie du coronavirus
L'historienne et ancienne ministre, Penda Mbow, fait son diagnostic de la situation du Sénégal dans le contexte de la pandémie du coronavirus au micro de la RTS. Elle était l'invitée de l'émission dominicale Point de vue du 16 août dernier.
UNE POUDRIÈRE DANS LA MAGISTRATURE
L’affectation de Ngor Diop comme conseiller à la Cour d’appel de Thiès, risque d’être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Après avoir annoncé un recours devant la Cour suprême, l’UMS compte commettre un pool d’avocats pour défendre son membre
L’affectation de Ngor Diop comme conseiller à la Cour d’appel de Thiès, risque d’être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Après avoir annoncé, dernièrement, un recours devant la Cour suprême, l’UMS compte commettre un pool d’avocats pour défendre son membre, ancien Président du tribunal d’instance de Podor.
La pilule de l’affectation du magistrat Ngor Diop, par le biais des fameuses consultations à domicile, ne passe toujours pas. A en croire certaines sources, d’intenses tractations sont en cours pour réfléchir sur la meilleure stratégie à adopter pour que plus jamais pareils actes ne se reproduisent. Après avoir annoncé une action devant la Chambre administrative de la Cour suprême, l’Union des magistrats sénégalais (UMS) envisage de commettre un pool d’avocats pour la défense de son membre.
C’est que l’UMS croyait définitivement tourner la page de ces procédures au rabais pour régler le compte à des magistrats dont le seul tort a été d’appliquer le droit dans toute sa rigueur. ‘’Cette affectation de Ngor Diop ne repose sur rien du tout. Ce dernier est simplement coupable d’avoir jugé et condamné, conformément à la loi et à son serment, un dignitaire religieux. C’est inadmissible, ce qui se passe dans ce pays’’, confie un magistrat très courroucé, non sans demander à l’UMS de ne pas lâcher du lest.
En fait, dans cette affaire, ledit marabout avait l’habitude de laisser ses animaux divaguer dans les champs d’autrui. Cette fois, des groupements de femmes ont saisi le tribunal d’instance de Podor présidé par M. Diop pour l’application stricte de la loi. Très à cheval sur les textes, le président du tribunal d’instance (juge unique dans cette juridiction), n’a pas hésité à placer sous mandat de dépôt le dignitaire, malgré les nombreuses injonctions de la hiérarchie. Jugé, le prévenu va écoper d’une peine de sursis.
Mais pour l’Exécutif, c’en était déjà trop. Dans la foulée, une proposition d’affectation à la Cour d’appel de Thiès comme conseiller a été enclenchée et actée par l’instance dirigeante de la magistrature au Sénégal, à travers la procédure des consultations à domicile. Ce qui lui a valu cette sanction qualifiée de ‘’honteuse’’ par notre interlocuteur.
Il faut savoir que cette décision annoncée par l’UMS est une première dans l’histoire de l’organisation. Si, par le passé, des magistrats, à titre individuel, ont eu à s’attaquer à des décrets d’affectation, l’UMS, elle, n’a jamais porté de tels combats. Une bataille juridique qui s’annonce épique devant la haute juridiction.
par Ababacar LO
DES CONTRAINTES DE L'ENSEIGNEMENT À DISTANCE
certaines maisons, il n’existe qu’un seul ordinateur pour plusieurs écoliers. Il faut aussi repenser le modèle de contrôle des connaissances de la formation en distance en réorientant les évaluations, les corrections et la remédiation
Actuellement, l’enseignement à distance est devenu incontournable. Il constitue un maillon indispensable dans le système éducatif dans beaucoup de pays surtout au niveau universitaire. Avec le développement technologique et les progrès dans le domaine de l’internet, il est imprudent de ne pas l’intégrer dans les stratégies d’enseignement, au risque d’exposer les apprenants à un retard pédagogique. Les futurs enseignants, gestionnaires, médecins, ingénieurs, juristes seront nécessairement en contact avec le monde de l’enseignement à distance à travers des séminaires de capacitation et de renforcement. Et, s’ils ne se familiarisent pas très tôt avec cette forme de pédagogie, ils auront des difficultés pour s’adapter dans ce monde en pleine mutation.
Dans les pays sous développés comme le Sénégal, le télé-enseignement a fait des avancées, mais il fait face à un certain nombre de contraintes. Nous en expliquons quelques unes.
- Un accès très limité à l’internet. En Afrique, particulièrement au Sénégal, les populations ont de plus en plus accès à l’internet à travers les téléphones portables. Cependant, avec le coût élevé de la connexion par le réseau GSM, les apprenants rencontrent beaucoup de difficultés pour télécharger des ressources numériques comme les vidéos.
Il est aussi difficile de suivre des cours synchroniques, car cela demande une bonne connexion internet. Peu de personnes ont des abonnements mensuels illimités, sous forme de wifi.
Donc, dans ces conditions, il est illusoire de penser à une réussite des enseignements synchroniques au niveau primaire, moyen et secondaire.
- Un faible niveau d’équipement en appareils informatique et numérique. Peu de foyers disposent d’outils informatiques comme des ordinateurs ou des tablettes qui sont indispensables pour suivre des enseignements à distance. Dans certaines maisons, il n’existe qu’un seul ordinateur pour plusieurs écoliers. Alors, il est très difficile de planifier l’utilisation de l’appareil en fonction des programmations pédagogiques des établissements.
Et, le téléphone mobile peut difficilement servir à suivre des cours en ligne surtout si la séance dure longtemps.
- Absence d’accompagnement du personnel enseignant par rapport à cette nouvelle forme de transfert de connaissances. Il y a une différence entre dispenser des cours classiques et des cours en ligne. Un renforcement des capacités est indispensable pour le développement de l’enseignement à distance. Par exemple, avec les cours en ligne, il faut être capable de détecter très tôt les apprenants qui ne suivent pas régulièrement les cours ou qui décrochent complètement en laissant souvent actifs leurs comptes pour tromper la vigilance des enseignants.
Il faut aussi repenser le modèle de contrôle des connaissances de la formation en distance en réorientant les évaluations, les corrections et la remédiation.
On peut aussi penser au système de partage des ressources, car il ne s’agit nullement de balancer tous les cours en même temps. Le timing de distribution des leçons et autres ressources doit être bien calibré et ordonné.
La prise en charge à l’élémentaire est plus difficile qu’au secondaire, parce que les enfants ont moins d’autonomie dans l’utilisation des appareils et des ressources, d’où la nécessité d’impliquer les parents dans les stratégies d’enseignement, d’évaluation et de remédiation. Tout ceci justifie la nécessité de former les enseignants dans l’enseignement en ligne.
Pour le moment, il peut être envisagé dans certaines situations de déployer une formation hybride en alliant la formation en présentiel et une formation en ligne, et surtout il faut appliquer les changements avec douceur et souplesse.
PAR Bamba Ndongo Niakhal
LE SYNDROME DE STOCKHOLM OU LA TRAGÉDIE DE L’AFRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les vestiges de la domination nazis en France sont dans les musées et enseignés pour ce qu’ils représentent alors qu’au Sénégal le buste de Faidherbe plastronne en héros conquérant sur la place qui porte son nom
Soixante ans après les indépendances, de nombreux pays africains continuent de célébrer des icônes peu reluisantes de la colonisation et de la Françafrique. D’Abidjan à Dakar, de Brazza à Lomé, s’érigent des statues, des places publiques et des rues en mémoire d’anciens colons ou de dirigeants occidentaux contemporains, qui se sont illustrés non pas par des faits de bravoure, d’héroïsme ou d’empathie pour l’Afrique, mais au contraire par la brutalité de leurs actions coloniales ou par leur adhésion aux idéologies de type Françafricain, incarnation moderne du colonialisme.
Le cas de Faidherbe est assez révélateur des dysfonctionnements institutionnels, démocratiques et du caractère fondamentalement factice de la gouvernance publique de certains Etats.
L’homme est unanimement reconnu pour sa cruauté et son cynisme aussi bien au Sénégal qu’en Algérie où il fit ses premières armes. A ce propos, les historiens relatent les faits avérés de massacres perpétrés sur des populations autochtones sans défense et la destruction de nombreux villages. Et sa stratégie de terreur n’épargnait ni humain, ni bête, ni plante. Il ne laissait derrière lui que ruine et désolation. Dans un ouvrage[1] fort documenté, le Professeur Assane Sylla revient, à travers de nombreux exemples, sur la propension du gouverneur à réprimer férocement par le feu, le carnage et le pillage toute velléité de résistance des populations. L’historien Khadim Ndiaye abonde dans le même sens. Sur une période de 8 mois, le Professeur Iba Der Thiam, estime à plus de 20 000 morts le nombre de ses victimes.
Comment alors comprendre la persistance des autorités locales et nationales à maintenir la statue de Faidherbe au centre de l’Ile de Ndar ? plus généralement, comment expliquer la survivance des symboles du colonialisme et de ses reliques contemporaines après plus de 60 années d’indépendance supposée ?
Comment expliquer le silence coupable de l’institution parlementaire, où la question est occultée sinon balayée d’un revers de main ?
Comment qualifier une gouvernance sourde et aveugle face aux fortes mobilisations citoyennes récurrentes réclamant le déboulonnement de la statue ?
Enfin, comment expliquer l’indifférence et la banalisation de la question, voire le soutien manifeste de certains élus et d’une certaine élite intellectuelle qui jugent nécessaire le maintien de la statue au nom de l’histoire ?
En France, que l’Etat manifeste sa reconnaissante envers ses serviteurs, même les plus zélés, peut s’entendre, de la même façon que devraient pouvoir s’entendre les revendications légitimes des Afro-descendants français qui se sentent bafouer dans leur dignité par ces symboles de l’esclavage et de la colonisation. Dans une démocratie vivante et apaisée, des remises en cause d’une partie de l’histoire nationale peu glorieuse devraient être possibles sans que cela n’affecte la cohésion nationale. Ce fut le cas avec la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans le rafle du Vel d’Hiv en 1995, malgré la polémique sur l’inopportunité de réveiller les vieux démons tapis sous les questions mémorielles. Aussi, rejeter la revendication des Afro-descendants au motif d’une interprétation anachronique de l’histoire n’est pas recevable, car la férocité des personnages, tel que Faidherbe ou le cynisme de Colbert, auteur du Code Noir, étaient déjà décriés à leur époque par des personnalités mieux éclairées. C’est bien Georges Clémenceau, contemporain de Faidherbe, qui dénonçait ses excès en des termes non équivoques : lui qui « a tué, massacré, violé, pillé tout à l’aise dans un pays sans défense ». Les combats pour la justice et l’égalité de l’Abbé Grégoire ou de Condorcet par exemple, au sein de « La société des amis des Noirs » ne datent pas d’aujourd’hui. Ils remontent bien à l’époque esclavagiste.
En revanche, en terre africaine, que les propos tranchés de Macron[2] fasse écho et résonne comme une injonction auprès des dirigeants africains sur le passé africain, est incompréhensible, sauf à admettre l’évidence de la perpétuation de la domination de la France sur ses anciennes colonies.
Encore plus préoccupante est la posture d’une certaine élite politique et intellectuelle réceptive aux arguties en faveur des rapports de subordination, totalement déséquilibrés, qui continuent de définir la coopération entre la France et les pays francophones d’Afrique. Sur la question spécifique de la statue de Faidherbe, d’aucuns invitent à la prudence au motif que le jumelage avec la ville d’origine de Faidherbe (Lille) est économiquement bénéfique pour la ville de Saint-Louis, feignant d’ignorer l’insignifiance de cette coopération décentralisée face aux blessures mémorielles et à la négation même de notre humanité qu’évoquent ces effigies incongrues. C’est une réalité historique de dire que Faidherbe appartient à l’histoire du Sénégal de la même manière que le régime de Vichy et Hitler appartiennent à l’histoire de France. Mais les vestiges de la domination nazis en France sont dans les musées et enseignés pour ce qu’ils représentent alors qu’au Sénégal le buste de Faidherbe plastronne en héros conquérant sur la place qui porte son nom, en plein centre de la ville de Saint-Louis, le regard rivé sur le pont du même patronyme. C’est là tout le paradoxe et l’inconsistance des atermoiements afro-africains.
On ne mesure pas suffisamment la gravité de cette situation et son impact psychologique sur les consciences, les représentations et imaginaires collectifs africains, ni sa singularité à l’échelle mondiale. Nulle part au monde qu’en Afrique, les sociétés ont autant célébré et sublimé leurs anciens bourreaux. Des générations de jeunes naissent et grandissent dans un environnement peu valorisant, voire méprisant de leur identité et de leur dignité. Comment promouvoir dans ce contexte la confiance et l’estime de soi, indispensables au développement de l’esprit d’initiative et de créativité dont le continent a besoin, dans un monde livré à une compétition de plus en plus féroce ?
L’école qui devrait être le creuset de l’intégration sociale, le lieu par excellence du développement de la confiance en soi, est prise en otage par la même idéologie de domination-subordination. Elle évolue en vase clos, volontairement désenchâssée de son environnement social, culturel et historique. Les langues nationales, les humanités classiques africaines, la géographie du continent, etc. qui devraient constituer la charpente dorsale des systèmes éducatifs nationaux sont abandonnées au profit d’un enseignement conventionnel aseptisé, complètement désincarné, abstraitement universaliste, et prétentieusement techniciste de crainte de heurter la susceptibilité de nos « partenaires », qui parfois ne demandent rien, du moins explicitement. Mais par réflexe de subordination, on cherche à satisfaire par anticipation les désirs supposés de l’autre au mépris de ses propres intérêts, nourrissant ainsi de la condescendance et un paternalisme qui transparaissent dans les relations diplomatiques. Il n’est pas étonnant que les élites issues de ces systèmes éducatifs ne soient pas, dans leur écrasante majorité, à la hauteur de leurs responsabilités historiques, comme nous y invitait Frantz Fanon dans « Les damnés de la terre »[3]. Il s’agit en réalité d’une domination intellectuelle et culturelle méthodiquement entretenue, qui préfigure et accompagne la domination et le pillage économique. Seules une véritable prise de conscience collective et une détermination politique des Africains, unis dans un élan panafricain, pourraient venir à bout de cet ordre économique et politique asservissant et avilissant. Le collectif « Faidherbe doit tomber », porté par une génération de refus, s’inscrit bien dans cette perspective.
« Ainsi l’impérialisme, tel le chasseur de la préhistoire, nous prévenait Cheikh Anta Diop, tue d’abord spirituellement et culturellement l’être, avant de chercher à l’éliminer physiquement. La négation de l’histoire et des réalisations intellectuelles des peuples africains noirs est le meurtre culturel, mental, qui a déjà précédé et préparé le génocide ici et là dans le monde »
[1]"Le peuple lébou de la presqu’île du Cap-Vert", NEA Sénégal, 1992
[2]Dans son allocution télévisée du 14 juin, Le président français affirmait qu’"aucune statue ne sera déboulonnée", "la république n’effacera aucun nom ou aucune trace de son histoire", considérant de surcroit que la revendication des manifestants relèverait" d’une réécriture haineuse ou fausse du passé".
[3]"Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir",Frantz Fanon,Les damnés de la terre, 1961
COLÈRE À NIAMEY APRÈS LE CLASSEMENT DU NIGER EN ZONE ROUGE PAR PARIS
"Je suis furieux contre la France", crie Mahamane Rabiou Bachir : à Niamey, la colère et l'indignation ne retombent pas, une semaine après la décision de Paris plaçant en zone rouge l'ensemble du Niger à l'exception de la capitale Niamey
"Si la France va jusqu'à classer le Niger en zone rouge, alors c'est très simple: qu'ils (les Français) ferment leur ambassade et leur base militaire" qui abrite la force antijihadiste Barkhane près de Niamey, lance-t-il, la voix étouffée par les bruits des moteurs et les klaxons.
Paris a placé l'ensemble du Niger en zone rouge, à l'exception de la capitale Niamey, soit "formellement déconseillée", à la suite de l'assassinat de huit personnes dont six humanitaires français par des hommes armés à moto près de Niamey.
Les jeunes humanitaires français, deux hommes et quatre femmes, ont été assassinés le 9 août avec leur chauffeur et leur guide nigériens, alors qu'ils visitaient la réserve de girafes de Kouré, à 60 km au sud-est de la capitale où ils étaient basés.
Avant l'attaque qui n'a pas été revendiquée, la partie sud du pays était en zone orange (déconseillée sauf raisons impératives) et la route menant à la réserve naturelle où l'attaque a eu lieu, ainsi que la ville voisine de Kouré, en jaune (vigilance renforcée avec risques limités "compatibles avec le tourisme"), selon les conseils aux voyageurs diffusés sur le site diplomatie.gouv.fr.
En revanche, la région de Tillabéri dans l'ouest, riveraine des "trois frontières" entre Niger, Burkina Faso et Mali, devenue un repaire des jihadistes sahéliens, dont l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), est plus que déconseillée.
La capitale Niamey passe elle du jaune au orange.Elle devient ainsi la seule exception sur une carte du Niger intégralement classée rouge.
"Tout Nigérien soucieux de la dignité de ce pays s'est senti humilié dans sa chair.Le Niger en rouge!Mais ils n'ont qu à partir bon sang, ils n'ont qu'à partir", martèle Alahé Tahirou, un fonctionnaire nigérien.
Juriste et enseignant à l'université de Niamey, Amadou Hassane Boubacar, dénonce "une sanction de Paris"."La décision est vraiment scélérate, c'est une expédition punitive à l'encontre de l'ensemble des Nigériens", fulmine-t-il."J'exhorte le gouvernement nigérien à protester (...) c'est totalement arbitraire et à la limite c'est du mépris à l'endroit du peuple nigérien", peste-t-il.
- "Je suis le Niger" -
Les protestations retentissent aussi sur les réseaux sociaux où une carte du Niger totalement en vert est largement partagée en signe de contestation avec la mention: "Je suis un pays de paix et d'hospitalité légendaire, je suis le Niger".
"C'est une décision injuste qui décourage tous les efforts fournis depuis plus de cinq ans par les autorités et les Forces de défense et de sécurité pour préserver l'intégrité du territoire entouré de nombreux foyers de tension", s'est insurgée dans un éditorial, Télé Sahel, la télévision d'Etat nigérienne.
Elle estime que Paris a pris sa décision "sous le coup de l'émotion, donc de la panique".
La Confédération générale des syndicats libres du Niger (CGSL), une importante centrale syndicale, fustige également "l'attitude précipitée, provocante et irrespectueuse de la France".
Bello Alou, un jeune mécanicien nigérien minimise cependant les accusations contre l'ancienne puissance coloniale : "C'est aussi notre faute, il n'y a pas suffisamment de sécurité, il y a trop de bandits dans le pays" reconnaît-il.
"Il y a même des risques de semer la panique chez les investisseurs alors que l'économie (du Niger) est déjà éprouvée par le coronavirus", s'alarme Ali Maman, un opérateur économique.
Pour la neuvième année consécutive, le Niger vient d'être classé dernier Etat en terme d'Indice de développement humain (IDH) par le Programme des Nations unis pour le développement (PNUD).
Le Niger fait face à ces menaces sécuritaires grandissantes alors que se profile en décembre une élection présidentielle au fort enjeu.
Le président Mahamadou Issoufou, après deux mandats, ne se représente pas.L'un des piliers du pouvoir, l'ancien ministre de l'Intérieur Mohamed Bazoum, sera candidat du parti présidentiel.
"Cette élection (...) serait un grand hold-up en vase clos, si la +zone rouge+ persiste et qu'elle empêche aux observateurs internationaux crédibles d'être là" pour superviser les scrutins, s'inquiète Ibrahim Yacouba, l'ex-chef de la diplomatie devenu opposant et candidat à la présidentielle du 27 décembre.
LE SAHEL EST DEVENU INFRÉQUENTABLE, À QUI LA FAUTE ?
Depuis l’assassinat de six Français et de deux Nigériens, le 9 août au Niger, le ministère français des Affaires étrangères déconseille à ses ressortissants de se rendre dans la totalité des pays du Sahel. Une classification qui provoque la colère
Depuis l’assassinat de six Français et de deux Nigériens, le 9 août au Niger, le ministère français des Affaires étrangères déconseille à ses ressortissants de se rendre dans la totalité des pays du Sahel. Une classification qui provoque la colère des populations concernées, mais qui est bien l’aveu d’un échec face aux terroristes, écrit ce journal burkinabé.
Si la diplomatie est une chorégraphie du camouflage, des non-dits, des pokers menteurs et autres métaphores, elle peut aussi être directe, sans langue de bois. C’est ce que vient de prouver le Quai d’Orsay à l’égard des pays du Sahel : les zones frontalières du Ghana et de la Côte d’Ivoire avec le Mali, la quasi-totalité du Niger et du Burkina sont en rouge, c’est-à-dire très dangereuses, et fortement déconseillées aux voyageurs, en particulier hexagonaux.
L’actualisation de la carte sécuritaire du ministère français des Affaires étrangères [le 15 août] est l’aboutissement d’un constat : le Nord et le Centre-Nord (Ouahigouya et Kaya), dont des pans ont été taillés par les terroristes, sont en passe d’être insécurisés. Le Sud-Ouest (Banfora, Niangoloko), le Centre-Sud (Pô) et le Centre-Ouest (Léo, Wessa) sont en train de basculer dans le giron des assaillants de l’ombre dont les tueries envers les civils au Burkina ces derniers mois donnent la chair de poule et révoltent.
Ouagadougou et Bobo-Dioulasso [la capitale et la deuxième ville du pays], marinent toujours dans l’orange. Autant dire que, tout comme le Niger, le Burkina Faso est devenu un pays où il y a péril terroriste partout.
Ce n’est pas nouveau, cette élévation du niveau d’insécurité pour le Burkina, car le 20 novembre 2019, le même ministère des Affaires étrangères avait habillé le “pays des hommes intègres” en couleur sang. On sait que la Grande-Bretagne avait fait la même chose concernant les zones septentrionales burkinabées.
Une menace qui s’étend
En dépit de la hardiesse des 5 100 hommes de l’opération [française] Barkhane, malgré la poussive force G5 Sahel [des pays de la région], plombée par des questions de trésorerie et le manque d’aguerrissement de ses forces de défense, les forces du mal, obscurantistes, prennent l’ascendant sur le terrain. C’est ce que signifie la France en coloriant le Burkina de la couleur pourpre.
«NOUS AVONS SUBI UNE CAMPAGNE DE DISCREDIT DE LA PART DE L’ETAT»
La plateforme Aar li ñu bokk/Noo lank/Doy na n’a finalement pas tenu sa manifestation vendredi dernier. Et de toute façon, elle était interdite par l’autorité administrative.
La plateforme Aar li ñu bokk/Noo lank/Doy na n’a finalement pas tenu sa manifestation vendredi dernier. Et de toute façon, elle était interdite par l’autorité administrative. C’est d’ailleurs cette lettre d’information qui avait valu à Guy Marius Sagna une interpellation devant la préfecture de Dakar. Mais selon les activistes, s’ils ont décidé de surseoir à cette marche, c’est parce qu’il y a une médiation de bonnes volontés. Au fond, même au sein de la Plateforme, cette initiative ne fait pas l’unanimité puisque certains estiment que dans ce contexte de contamination de masse du coronavirus, ce serait prendre le risque de se mettre en mal avec le Peuple.
Et Guy Marius Sagna l’admet : «Nous avons subi une campagne de la part de l’Etat, visant à nous discréditer, à nous présenter comme des irresponsables n’ayant aucun souci, aucune empathie pour le Peuple sénégalais, pour les malades du coronavirus, pour ceux qui en sont décédés.» Mais pour le responsable de Frapp/France dégage, cette «campagne» de l’Etat n’est rien d’autre que «l’expression de craintes, de la panique d’un pouvoir qui, ne pouvant pas régler les problèmes des étudiants non orientés, des travailleurs, des ruraux en proie à plusieurs difficultés dont la privatisation de la gestion de leur eau, des militants de l’environnement qui disent non à l’accaparement de la forêt de Mbao et à l’agression dont la bande de filaos est victime». Les activistes considèrent donc que le régime de Macky Sall, «incapable de prendre en charge toutes ces problématiques-là, essaie de solder ses comptes avec les thermomètres» qu’ils sont.
Dans leur lettre d’information, les activistes comptaient organiser «une marche pacifique» le vendredi 14 août 2020, de 15 h à 19 h, avec comme itinéraire la grande porte de l’Ucad-Avenue Cheikh Anta Diop jusqu’au lycée Thierno Seydou Nourou Tall-rond-point Omvs-Vdn-Siège national Orange-Université virtuelle du Sénégal (Uvs)-ministère de la Culture. Aar li ñu bokk/Noo lànk/Doy na voulait exiger, entre autres, «l’arrêt de la spoliation foncière» dans plusieurs localités, un audit du foncier, la restitution des terres aux paysans et pasteurs dont ceux de Ndingler et de Djilakh. Mais aussi dénoncer «la vie chère» ou encore exiger l’annulation des derniers forfaits d’Orange.