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2 mai 2025
Politique
UNE ÉMISSION DE LIKA SIDIBÉ
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LA COVID -19, UNE PRIORITÉ DE SANTE PUBLIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut sortir de la tyrannie des chiffres et accentuer la prévention - On n'a pas encore usé de toute la marge de manoeuvre en terme de communication de proximité - AU FOND DES CHOSES AVEC ISSA WONE
La covid-19, une priorité de santé publique. C’est l’avis du professeur Issa Wone qui évoque l’ampleur de la maladie, la gravité, la solvabilité et la perception.
Concernant la gestion des cas communautaires (près de 500 en 2 semaines dans toutes les régions du pays), alors que la bonne formule n'a pas encore été trouvée, l’épidémiologiste pense tout de même qu’il existe des stratégies efficaces et efficientes pour briser cette chaine de transmission. Il s’agit selon lui de prévenir d’avantage. D’abord, une prévention primordiale qui prend en compte les déterminants de la maladie (l’éducation, l’alphabétisation, la disponibilité d’une eau saine, l’assainissement des villes et des campagnes, la production vivrière, etc.). Ensuite, une prévention primaire pour accompagner l’application effective des mesures et gestes barrières.
Le Professeur Wone, par ailleurs président de l’Association des Professionnels Sénégalaises de Santé Publique, recommande une communication de proximité menée par des leaders d’opinion, mais surtout une plus forte implication des guides religieux. "Pourquoi ceux qui savent ne changent pas de comportement ?", s'interroge-t-il.
Par Makhily Gassama
FAIDHERBE AUX RACINES DU MAL FRANCOPHONE
Nous sommes persuadés que s’indigner, c’est cogner la tête contre le mur de lamentation ; se libérer collectivement, c’est se lancer dans une aventure insensée. L’école coloniale a parachevé notre aliénation
Soixante années de souveraineté, dit-on. Au nom de notre dignité, au nom de l’Histoire, déboulonnons enfin les statues et débaptisons nos rues et édifices, Monsieur ! Au nom de l’Histoire ne les déboulonnons pas, Madame, ne débaptisons rien ! Saint-Louis sans Faidherbe, quel désastre ! Le Général nous a honorés devant tout le Sénégal, devant toute l’Afrique ! Le président Lamine Gueye valait-il le capitaine Joost Van Vollenhoven ?
Le président Léopold Sédar Senghor avait-il plus de mérite que le Gouverneur général Ernest Nestor Roume ? Ces « grands Blancs » nous ont arrachés aux ténèbres de l’ignorance ; ils ont tendrement aimé nos langues et nos mœurs ; ils les ont étudiées au vitriol pour mieux nous connaître et nous servir…Ils ont construit des routes et des ponts… Ô ! Oui, l’élégant pont Faidherbe, fierté de la somptueuse ville de Saint-Louis ! Comment les noms Gueye et Senghor peuvent-ils ainsi effacer, sans coup férir, ceux de ces héros de la colonisation ?… Et Faidherbe, il fut véritablement nègre avec les nègres… Quelle ingratitude insensée, Madame ! Ah ! des routes et des ponts ! Par qui ? Pour qui ?...Quelle histoire !...
Et Faidherbe assimilé par la tribu nègre de Ndar en dépit des massacres massifs de nos populations sans armes et l’humiliation infligée à nos princes et princesses !… Lourds, très lourds blasphèmes ! Ignorez-vous que ces statues que vous croyez « nôtres » ont été conçues, coulées et placées là où elles sont par les vainqueurs sans la moindre concertation avec les vaincus ? Qui a osé écrire, en notre nom, au fronton de la statue de Faidherbe :
« A son gouverneur Louis Faidherbe, le Sénégal reconnaissant » ? Les vainqueurs ou les vaincus ? « Et vous faites nôtres ces statues ? Diantre voilà plus de soixante années d’indépendance que vous les adorez sans gêne ! Vous osez narguer vos ancêtres morts pour notre pays ! Voyez-vous, monsieur, je n’ai pu découvrir, dans aucune ville de France, au fronton des édifices, des rues, des avenues et des boulevards, les noms d’Hitler ou de ses compagnons dans le mal. Pourtant, ils tenaient tellement à la France, appréciaient tellement le patrimoine gaulois, ces héros de la race aryenne ! Pas non plus de statues célébrant leur passage fulgurant sur les terres de France !
Eux c’est eux, nous c’est nous, Madame !
Le monstre gît là. Tout est dit : nous ne sommes que ce que nous sommes sur la Terre des hommes, nous, Africains nègres et francophones, sous-hommes, condamnés à la soumission, donc à la damnation. Nous voici, défiant Aimé Césaire, Frantz Fanon, Cheikh Anta Diop et d’autres Nègres téméraires. Et « bedonnants de diplômes », nous voici enflés d’orgueil : pourtant nous acceptons, de plein gré, dans une béatitude profonde, de n’être que les avatars de ceux qui ne sont pas et ne seront jamais nous. Nous avons ouvert dans tous les domaines du développement humain, depuis la proclamation des « Indépendances », de larges chantiers, couverts aujourd’hui de poussière, devenus des chantiers de l’insipide collaboration dans le mal, des chantiers de la trahison et de la honte. Et nous pensons que l’Histoire n’est pas vraie, comme nous pensons que le coronavirus n’est pas réel. Pourtant l’Histoire existe : elle nous jugera implacablement, comme la pandémie existe : elle tue tous les jours.
La question fondamentale est de savoir comment, avec tant d’insouciance, avec tant de tranquillité, même de sérénité, probablement acquise au contact de Descartes et dans la pratique des spéculations philosophiques sans bornes, qui ont émasculé, chez nous, toute volonté d’agir efficacement, comment nous sommes parvenus à oser « jurer une sainte alliance » avec l’ancien colonisateur au détriment de notre propre bien-être collectif. A examiner les comportements de ceux qui dirigent nos Etats et de ceux de nos élites intellectuelle et économique, à comparer ces hideux comportements à ceux des enfants de n’importe quelle autre nation de ce monde moderne, on est ébahi devant notre capacité à refouler tout sentiment d’indignation devant le mal et à créer et à entretenir un amour insatiable et ridicule pour des situations d’exception : nous sommes seuls à être ce que nous sommes dans le monde et tout révèle quotidiennement que ce que nous sommes n’est pas flatteur. Nous sommes persuadés que s’indigner, c’est cogner la tête contre le mur de lamentation ; se libérer collectivement, c’est se lancer dans une aventure insensée ; or dans une société ambitieuse, rien de grand ne peut se construire sans le goût pour la liberté collective, sans le sentiment d’indignation qui, pour l’intellectuel francophone, est un sentiment ridicule et condamnable au même titre que l’émotion. Ainsi toute force qui peut nous faire avancer est à traîner dans la boue. Cette manœuvre machiavélique nous a permis de corrompre le lexique de la tribu francophone. Nous y reviendrons.
Qui nous sommes ? Quels nous sommes ?
Nous savons tous que nous venons de loin ; de très loin. Le chemin de la souffrance a été long, très long : environ 4 siècles de traite négrière et 3 siècles de colonisation. Donc 7 longs siècles d’humiliation quotidienne, d’angoisse existentielle, d’agenouillement. Absolument rien de précis à l’horizon. Aucune réussite collective ne pouvait être envisagée. Et l’on pense que cela n’a pas transformé ou, mieux, n’a pas formaté notre être et pesé lourdement sur nos comportements actuels. Nous venons à peine d’être libérés du joug colonial qu’il nous est reproché, avec l’ignominieuse complicité d’une partie de notre propre classe politique et de notre propre intelligentsia, de nous pencher sur ce passé fait de cruautés et de crimes innommables contre la race humaine, d’en parler ne serait-ce que pour l’exorciser.
Oui, il nous est fait obligation de nous taire, de faire table rase du passé et de ne considérer que l’avenir, un avenir sans racines, qui doit être défini à notre mesure et conduit par des forces extérieures, des forces dominantes, notamment par l’ancien colonisateur. Il nous est interdit de parler de notre phénoménal apport au monde, surtout à l’industrialisation de l’occident, nous, êtres réputés paresseux, nous, portefaix robustes de la race humaine, nous sommes paresseux, dit-on sans gêne, sans avoir peur de la contradiction ! Il convient de faire la chasse à des œuvres comme celles de Cheikh Anta Diop - si impertinent, si turbulent, si encombrant ! J’entends d’ailleurs le président Nicolas Sarkozy nous reprocher de parler de l’âge d’or qui n’avait jamais existé et qui n’existera pas, affirme-t-il sentencieusement. Dialogue de sourds que de parler avec un « grand blanc » qui, au fait, ne sait rien de nous, ne sait rien non plus de la marche du monde.
L’œuvre d’un Cheikh Anta Diop est trop compliquée pour lui : le président Sarkozy va vite, il est pressé, il piétine des pans entiers de l’histoire des relations humaines sans s’en rendre compte. Son récent livre, comme son discours de Dakar, révèle scandaleusement qu’il semble tout ignorer ou feint de tout ignorer des désastres causés par la françafrique, dans nos pays, dans tous les domaines du développement humain. Il nous rend responsables de notre propre malheur ; à bien réfléchir, il a certainement raison : nous sommes devenus masochistes ; car nous avons tout permis à la France jusqu’à comploter avec elle contre le devenir de nos peuples. C’est avec notre appui, le précieux appui de nos grands « chefs », avec la complicité de certains de nos intellectuels et hauts cadres de l’administration, que son pays est parvenu à construire la monstrueuse françafrique, unique en son genre sur toute l’étendue de notre globe ; elle a réussi à saboter avec arrogance notre souveraineté dans tous les secteurs de développement de nos pays. Et nous osons bénir la France sous le charme de l’ « aide » qu’elle nous apporte et des diplômes acquis dans ses universités. « Aide » !
Voilà encore un autre concept vidé de son contenu et rechargé à volonté par la françafrique. Voilà que je contreviens imprudemment aux diktats du président français : oui - pourtant comme lui - j’ose ressasser l’histoire de mon pays. on ne se pose pas la question de connaître le nombre impressionnant de films, de documentaires, de livres, etc., réalisés sur les atrocités des deux Grandes Guerres, sur l’Allemagne nazie, sur le nazisme et sur la Shoah. Combien de cérémonies mémorielles sont organisées annuellement en France, ces cérémonies si adulées par le président Sarkozy ?
Les chiffres sont impressionnants, mais qui s’en plaint ? Qui ose parler de « ressasser l’histoire » de France ? En tout cas, pas ces intellectuels africains de l’école du président Sarkozy, prompts à défendre les intérêts majeurs de l’occident sur nos terres. Combien de films, de documentaires, de livres, réalisés sur le peuple souffrant, sur le passé du Nègre, sur la traite négrière et sur la colonisation, ces plus grands crimes de tous les temps, dans toute l’histoire de l’Homme, par leur apport au développement gigantesque de l’occident, par leur nature, par leur intensité, par leur durée et par le nombre de victimes ? Pourtant le nombre de ces documentaires est nettement insignifiant, voire ridicule par rapport à ce qui a été réalisé sur une Europe menacée dans sa chair et dans sa dignité durant une très courte période de son histoire.
Existe-t-il en Europe des personnages historiques de la dimension de l’Empereur Soundjata Keita que ses contemporains comparaient à Alexandre le Grand, d’Almamy Samory Touré, d’Alpha Yaya Diallo, d’El Hadj Omar Foutiyou Tall dont la vie et l’œuvre n’aient pas été portées de nombreuses fois à l’écran ? Combien d’œuvres de tous genres ont été consacrées à ces figures historiques européennes ? Et l’on nous accuse de « ressasser l’histoire » ! Si l’école du président Sarkozy triomphe en dépit de la fatuité et de la légèreté de son programme, l’Afrique francophone ne sortira jamais du sous-développement.
Parler des crimes dont nous avons été victimes, fouiner dans les archives pour produire des œuvres artistiques et des ouvrages scientifiques et d’imagination, organiser de grandes rencontres de réflexions, tenir des conférences, inscrire ces pans de notre existence dans nos programmes scolaires et universitaires dans l’unique dessein d’un meilleur éclairage des générations présentes et futures du continent africain, c’est « ressasser l’histoire », expression chère à l’ancien président français, un des précieux leitmotivs de son lexique politique, aussi stérile que son agitation autour du thème de la repentance qu’aucun Africain francophone ne lui réclame.
Pour lui, en accomplissant ainsi notre devoir d’intellectuels ou tout simplement de cadres africains ou de politiciens patriotes, nous fuyons nos responsabilités et cherchons à faire endosser tout le mal par son pays à lui, ce cher pays qui a inventé la françafrique après la colonisation, avec un talent politique et diplomatique sans précédent dans l’histoire des relations internationales. Le président s’acharne à nous condamner avec férocité sans jamais apostropher vertement ses pairs africains francophones, sans jamais parler de l’œuvre de la françafrique : il s’en prend non pas à ceux qui nous dirigent, aux criminels qui freinent sciemment le développement de nos pays au profit de leur confort personnel, mais aux peuples et à certaines de ses élites intellectuelle et politique qu’il faut museler, et à sa jeunesse qui se veut patriote, aux vigoureux contempteurs des actions crapuleuses et funestes de la françafrique, qui croient encore que leurs communautés sont défendables ; mais le président Sarkozy sait pertinemment que ces différentes catégories de citoyens ne font pas partie de ses interlocuteurs, car aucun dialogue n’est possible entre eux et le Président français d’autant plus qu’ils évoluent loin des postes de commandement, donc des cercles de décision. Il s’agit, dans ses discours, pour l’ancien président français, d’une bravade sans risque, parce que sans vrais interlocuteurs, sans objet, une bravade à la Don Quichotte.
Soyons sérieux : les vrais responsables des malheurs de l’Afrique francophone sont les militants de la françafrique qui regroupent la plupart de nos hommes et femmes politiques au pouvoir aussi bien que dans l’opposition, notre élite économique, qui est sans vision dynamique de l’économie nationale, et notre élite intellectuelle et nos hauts cadres, toujours fiévreusement en quête de distinctions académiques de la France et de ses institutions publiques et privées. « Le vieux nègre et la médaille » est loin d’avoir rendu son dernier souffle. On comprend qu’après soixante années de gouvernance nègre, ces pourfendeurs de nos intérêts s’opposent, tantôt avec brutalité, tantôt avec finesse, au déboulonnage des statues de colons qui encombrent nos places publiques et nos consciences ! Il y a lieu de s’interroger sur les racines de tels comportements.
Les racines du mal
Il faut reconnaître que l’Empire français n’avait pas été créé à la légère. Il était assis sur des fondements scientifiques solides. Toutes les disciplines universitaires, même le droit et la littérature, ont participé à sa création et à son fonctionnement. Dans sa consolidation et sa pérennisation, ces disciplines scientifiques ont joué un rôle bien plus efficace que les canons. La littérature, par exemple, a pesé lourd sur la balance d’autant plus que les poètes français, de ronsard aux poètes du xxe siècle, comme Pierre Emmanuel ou Alain bosquet, sont tous de grands séducteurs, même ceux qui ont transformé leur plume en glaive spirituel, comme Théodore Agrippa d’Aubigné.
Les XVIIe et XIXe siècles ont attribué à la France, sur nos terres, une couronne resplendissante. Quel paysan analphabète en français, dans nos campagnes, n’avait pas entendu parler du génie de Victor Hugo ? Les vers de Jean racine, par leur fluidité, nous faisaient penser aux poèmes-chants psalmodiés par nos mères. La virilité qui ébranle les vers de Pierre Corneille nous rappelait le bruissement des armes dans les armées de Soundjata Keita et d’autres vaillants guerriers du continent. Le verbe est sacré en Afrique ; ses prêtres le savaient et l’enseignaient. Certaines disciplines ont accouché des filières nouvelles pour la gloire de l’Empire : la spécialisation, par exemple, en droit indigène ou en médecine tropicale. Toutes les disciplines universitaires ont été sollicitées ; « aucune ne peut prétendre épuiser seule la complexité et la connexité des difficultés engendrées par l’avènement de la « Plus Grande France ».
Philosophes, sociologues, économistes, politistes, juristes, ethnologues, géographes, historiens, adeptes de la psychologie des peuples indigènes, médecins coloniaux…, tous ceux qui, à l’époque – et ils sont fort nombreux – étudient la construction impériale en sont conscients », reconnaît olivier Le Cour Grand maison. Vaste tâche ! Insistons sur le fait qu’aucune discipline universitaire n’a été écartée ou négligée par les bâtisseurs de l’Empire ; par contre, c’est nous qui avons oublié que pour nous décoloniser, pour réaliser le nouveau citoyen et le rendre efficace, il fallait faire appel à toutes ces disciplines. La France, elle, est allée jusqu’à créer des institutions nouvelles pour la consolidation de « La Plus Grande France » et pour son détachement des préoccupations du peuple français : il y avait la Métropole et il y avait le reste de l’Empire. Sur le terrain, prospéraient des romanciers dits « coloniaux » dont les œuvres ont fini par provoquer la naissance d’une littérature africaine de langue française. Que peut-on arguer de ce constat ?
Tout cela permet de nous rendre compte que l’histoire de nos relations avec la France est une histoire sérieuse et complexe, fortement ancrée dans notre être. L’école coloniale a parachevé notre aliénation. Dirigée par des pédagogues chevronnés, cette école a été dynamique et efficace dans le formatage de la nouvelle personnalité du serviteur de l’Empire. Le système éducatif de la France n’est pas innocent car il n’est pas sans brutalité. Cela relève de sa conception de la culture, surtout la conception qu’elle se fait de sa culture, qui n’est pas, à ses yeux, une culture nationale, mais qui est plutôt une culture universelle dont la caractéristique essentielle est qu’elle vit en autarcie, sans tolérance, surtout linguistique, pour les cultures voisines. Elle n’a de respect que pour le latin et le grec, ces langues mortes. Bien avant la construction de l’Empire, certaines régions françaises ont souffert d’une sorte de « colonisation intérieure », qui se traduisait, en partie, par le rejet brutal du patois et de son environnement, comme l’occitan, langue d’oc parlée dans le sud du pays. Le plus révoltant c’est moins ce mépris des langues autres qu’elle affiche de façon ostentatoire que l’acharnement du système scolaire à dévaloriser tout l’environnement à conquérir ou à dominer et à refuser systématiquement d’emprunter quoi que ce soit à l’autre. Ce n’est pas sans raison d’ailleurs que la politique linguistique de la francophonie continuera de tourner à vide. Cette institution parle beaucoup de la rencontre des cultures, de la diversité culturelle et même de la culture de la diversité, de la tolérance, mais dans la réalité, elle ne fait rien de significatif pour marquer son intérêt.
L’apprentissage de la langue française va avec l’apprentissage du mépris pour toute autre langue maternelle et avec l’effort considérable de dévalorisation de l’environnement où évolue l’apprenant. Dans cette perspective, il existe tout un arsenal d’opérations punitives, dont ce triste procédé d’ « inter-délation » que fut le « signe », appelé aussi « symbole » ou « la vache », mis en place sous la troisième république. Le besoin d’unification linguistique de la France, besoin qui est un trait de son génie, a été surtout dicté ici par la perte de l’Alsace et de la Lorraine, de même que l’Empire, « La Plus Grande France », naquit dans les cendres de la cruelle défaite de 1871 de Sedan, devant l’Allemagne de Bismarck. Le procédé du symbole a été exporté avec succès dans les colonies. Ce témoignage du professeur français Yvon Bourdet, sur l’importance donnée à l’école de langue française dans sa région au sud du pays, est éloquent : « Les premiers « succès » en classe, la moindre louange du maître d’école, rapportée aux parents ou aux amis, éclairait tous les visages : - « Si tu continues de « bien apprendre », tout sera plus facile pour toi ! » - « Si j’avais eu « de l’instruction », disait un autre, je ne serais pas resté ce que je suis ! »i. On croirait lire Bernard Dadié en Afrique au sud du Sahara.
Chaque citoyen africain francophone de ma génération se retrouve parfaitement dans ces propos : sensibles aux promesses de l’école, nous sommes en perpétuelle quête d’un statut supérieur qui nous rend aveugles et sourds à la recherche d’un bienêtre collectif. Le mécanisme de l’acculturation passe par la langue, féroce et intolérante, qui finit par polluer tout l’environnement de l’enfant : tous ces efforts visent à le couper de son milieu. On le réussira. On remarquera d’ailleurs que même le nouvel homme politique de chez nous, soumis, malgré lui, au système démocratique, contraint de se retrouver avec le peuple durant les campagnes électorales, une fois élu, gouvernera sans ce peuple et se montrera surtout attentif aux diktats de ses « maîtres extérieurs » : au fond de son être, il juge son milieu méprisable à jamais ; la puissance et l’efficacité ne peuvent être qu’ailleurs. Les outils de la réussite ne sont pas à l’intérieur, mais à l’extérieur de notre environnement ; les conséquences d’un tel état d’esprit sont énormes.
A nos yeux d’anciens colonisés, des statues de héros-bourreaux sur nos places publiques – personnages adulés à l’extérieur - ne peuvent qu’ennoblir ces places, donc améliorer notre propre image. On voit où nous ont conduits 7 siècles de servitude ! Les racines du mal sont profondes. Je ne ferai pas appel, ici, aux grands phares de notre histoire, aux génies de mon continent ; je m’appuierai plutôt sur les réflexions d’un génie de l’Hexagone. Jean-Jacques rousseau écrit audacieusement dans son « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité » : « Il en est de la liberté comme de ces aliments solides et succulents, ou de ces vins généreux, propres à nourrir et à fortifier les tempéraments robustes qui en ont l’habitude, mais qui accablent, ruinent et enivrent les faibles et délicats qui n’y sont point faits »ii. J’ai dit que nous avons vécu plus de 7 siècles de domination sans interruption, soumis quotidiennement à la servitude. Que pourrait être le rapport d’un tel être à la liberté une fois acquise ?
A vivre ce que nous vivons depuis la proclamation de notre souveraineté, nous nous rendons compte que la liberté est difficile à assumer ; nous en avons peur. Nous avons tellement peur de couper le cordon ombilical avec l’ancien colonisateur ! Nous avons peur de la liberté comme l’on a peur de l’aventure, de l’inexpérience. Aucun peuple sur cette erre ne partage avec nous un tel sentiment. Aussi avons-nous opté pour des situations d’exception, susceptibles de nous mettre à l’abri des risques. Jean-Jacques rousseau n’a pas tort de nous mettre en garde : « Les peuples une fois accoutumés à des maîtres ne sont plus en état de s’en passer […].
Le peuple romain lui-même, ce modèle de tous les peuples libres, ne fut point en état de se gouverner en sortant de l’oppression des Tarquins. Avili par l’esclavage et les travaux ignominieux qu’ils lui avaient imposés, ce n’était d’abord qu’une stupide populace qu’il fallut ménager et gouverner avec la plus grande sagesse, afin que s’accoutumant peu à peu à respirer l’air salutaire de la liberté, ces âmes énervées ou plutôt abruties sous la tyrannie, acquissent par degrés cette sévérité de mœurs et cette fierté de courage qui en firent enfin le plus respectable de tous les peuples. » Serait-ce le sort de l’Afrique francophone ? Combien de temps faudra-t-il pour accepter et assumer notre liberté ? Il faut conclure. La conclusion sera brève. J’ai insisté sur les forces qui ont créé l’Empire français et ont permis à la France de se retrouver à la table des grands de ce monde après sa retentissante défaite devant l’Allemagne en 1871. Les divers rôles joués par l’ensemble des disciplines scientifiques et le système d’enseignement ont été déterminants dans la réussite de la colonisation française. C’est l’esprit qui est en jeu ; c’est lui qui a été atteint par la science de l’autre ; c’est lui qu’il faut remodeler.
Nos universités et instituts de formation ont-ils cherché à s’adapter à la nouvelle situation à l’instar de la prestigieuse Sorbonne qui avait rejoint le peloton des institutions scientifiques impérialisées de l’époque ? Il faut que nous ayons le courage de nous pencher sérieusement sur les programmes de nos écoles, de nos centres de recherche et surtout de nos universités. Tant que nos programmes scolaires et universitaires n’auront pas radicalement changé au profit de la formation exclusive du citoyen africain, la défense et la protection des actions nuisibles, comme celles des biens mémoriels du bourreau, constitueront toujours, à nos yeux, un devoir impérieux. Nous devons avoir la conviction, après le Général de Gaulle, pour nous affranchir enfin du joug de son pays, que « les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire »iii. Et ces moyens, ici, c’est la science et le courage de la faire mettre en œuvre par les enfants du pays !
i Yvon Bourdet, L’éloge du patois ou l’itinéraire d’un occitan, Editions Galilée, Paris, 1977.
ii Jean-Jacques rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité, bookking International, Paris, 1996. Souligné par moi.
iii Le Général de Gaulle, Appel du 18 juin 1940. Souligné par moi.
ASECNA, UN TREMPLIN POUR LA MAGISTRATURE SUPREME ?
Plusieurs Dg issus de ses rangs se sont présentés à l’élection présidentielle de leurs pays
Ces deux dernières décennies, les organisations internationales, notamment les institutions de Bretton Woods, ont fourni des contingents de chefs d’Etat et, surtout, de Premiers ministres et de ministres des Finances aux pays africains. Cela a surtout été valable au lendemain des politiques d’ajustement structurel et aussi des conférences nationales souveraines. Car souvent, ces organisations constituent des tremplins vers le pouvoir politique suprême. D’abord à cause de l’expertise et de la compétence prêtées à leurs hauts cadres. Ensuite de l’opportunité qu’elles donnent à ces derniers de se constituer de solides carnets d’adresses et, donc, des réseaux. Enfin, et de façon non exhaustive bien sûr, des possibilités d’enrichissement que donnent certaines de ces organisations ou institutions. Plusieurs hauts cadres africains ont profité d’elles pour se constituer des trésors de guerre très utiles pour se lancer dans la politique et même à l’assaut de la magistrature suprême dans leurs pays. L’argent n’est-il pas le nerf de la guerre ? Exemple par l’Agence pour la Sécurité de la Navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna). en effet, beaucoup d’anciens directeurs généraux de cette organisation ont réussi à amasser un trésor de guerre pour réussir leur reconversion politique une fois rentrés au pays. Les uns ont participé à des élections présidentielles, les autres des locales. « Le Témoin » a retrouvé les traces de quelques-uns parmi eux…
Créée en 1959 par la Convention de Saint Louis du Sénégal, l’Asecna regroupe dix-huit (18) Etats membres que sont le bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Centrafrique, les Comores, le Congo, la Côte d’Ivoire, la France, le Gabon, la Guinée Bissau, la Guinée Equatoriale, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo. Etablissement public international, l’Asecna est chargée de remplir la fonction de fournisseur de services de navigation aérienne destinés à garantir la sécurité et la régularité des vols de la circulation aérienne générale dans les espaces aériens qui lui sont confiés par les Etats membres. Elle assure également une mission de service public de sécurité de la navigation aérienne et de la météorologie. Mais derrière le cockpit de l’Asecna, se cache aussi une organisation aux moyens financiers considérables dont ont profité la plupart de ses dirigeants.
Un budget de 400 milliards CFA à naviguer…
« Le Témoin » quotidien a appris qu’un directeur général de l’Asecna perçoit un salaire de base mensuel de 30 millions de francs CFA. Sans compter une multitude d’autres indemnités et avantages parmi lesquels quatre véhicules de luxe et une villa de fonction et aussi une ligne d’équipements mobiliers estimée à près de 50 millions CFA. Les factures d’eau, d’électricité, les voyages privés, les missions communautaires etc., tout est pris en charge par l’institution. Sans compter, confie une mauvaise langue, les pots-de-vin et autres commissions issus des gigantesques marchés publics ou communautaires. Dotée d’un budget oscillant entre 300 et 400 milliards CFA/an, l’équivalent du budget de certains petits pays africains, l’Asecna est donc une véritable vache à lait. Pourvu qu’il soit donc un tout petit peu habile, un directeur général peut y amasser une très confortable cagnotte durant son mandat de quatre ans. Et s’il advient qu’il enchaîne deux mandats, c’est alors carrément le Pérou ! De quoi avoir des tentations de pouvoir politique ? Tout porte à le croire dès lors que beaucoup d’anciens directeurs généraux et sous-directeurs de l’Asecna ont eu à se présenter à des élections présidentielles dans leurs pays respectifs. D’autres, sans doute moins ambitieux ou moins fortunés, se sont contentés d’élections locales où ils ont tenté d’être maires de la capitale de leur pays. « La direction générale de l’Asecna mène à tout ! » confirme un haut cadre de cette institution. Poursuivant, il assure qu’elle « est même devenue un tremplin pour la reconversion politique de nombreux cadres africains. Parce qu’une fois à la tête de l’Asecna, on peut tisser partout dans le monde des relations pouvant faire naître des ambitions présidentielles. C’est pour cela que des chefs d’Etat ne veulent pas parrainer la candidature de technocrates ou de personnalités politiques peu sûrs pour une élection à la tête de l’Asecna. Et surtout quand le postulant est susceptible d’avoir un agenda présidentiel caché ! » explique notre cadre.
Un tremplin pour la présidence !
Exemple de reconversion politique réussie, celle de l’ingénieur de navigation aérienne, le Nigérien Amadou Cheiffou. Ancien directeur de l’exploitation de l’Asecna à Dakar, Amadou Cheiffou est allé créer son parti, le Rsd (rassemblement pour le socialisme et la démocratie) né d’une scission de la Convention Démocratique et Sociale (Cds).
Ancien Premier ministre de la Transition, Amadou Cheiffou s’est présenté à deux élections présidentielles au Niger avant de devenir le doyen des candidats malheureux à l’âge de 73 ans. C’était en 2016. Son compatriote, l’ancien Dg de l’Asecna Ousmane Issoufou Oubandawaki s’était également reconverti dans la politique après son départ de Dakar. fort d’un trésor de guerre, Oubandawaki a fondé un parti politique dénommé Rpn-Alkalami dont il est le président. L’ex-patron de l’Asecna a participé à une élection présidentielle du Niger. Lors des élections locales de 2009, il devient député à l’Assemblée nationale.
En lieu et place d’une deuxième tentative à une présidentielle, le richissime Ousmane Issoufou Oubandawaki avait préféré s’abstenir pour aller soutenir le candidat Seyni Oumarou. La voie de la reconversion politique des dirigeants de la plus ancienne organisation africaine a été balisée par le premier directeur général africain de l’Asecna, le Gabonais Paul Malekou. Ministre des Affaires étrangères, il avait été l’objet d’une longue et dure persécution étatique qui avait fini par briser sa carrière politique.
C’est également le cas du Tchadien Youssouf Mahamat qui fut lui aussi directeur général de l’Asecna. Lorsque le président Idriss Déby a flairé ses ambitions présidentielles, le gouvernement tchadien a annoncé le retrait de la candidature de son ressortissant Youssouf Mahamat qui demandait à rempiler à son poste. Dès son retour à Ndjaména, après avoir digéré ce coup des autorités politiques de son pays, il a voulu laver l’affront. Dans un premier temps, Youssouf Mahamat avait annoncé sa candidature à la présidentielle pour faire partir Idriss Deby. Au finish, il retira sa candidature pour ne pas gêner son beau-frère qui fut chef de la rébellion touareg qui avait signé un accord de paix avec le président Idriss Déby. Quand à l’ancien dg malgache Maurice Rajaofetra, il n’a pas réussi sa reconversion politique malgré sa fortune et son excellent carnet d’adresses. faute d’alliances pour pouvoir acter ses ambitions présidentielles, Maurice Rajaofetra s’était focalisé sur les élections locales de Madagascar pour être maire d’Antananarivo. Hélas, il n’a jamais réussi à être maire d’Antananarivo. un autre Dg de l’ Asecna a subi le même sort que le tchadien Youssouf Mahamat, il s’agit du Malien Amadou ousmane Guitteye. A un moment donné, il voulait briguer un second mandat à la tête de l’Asecna, mais le gouvernement malien s’y est opposé pour des raisons politiques.
De retour à Bamako, Amadou Ousmane Guitteye fut mis sur la touche alors il était plusieurs fois pressenti dans divers gouvernements. Au terme de ce petit rappel, vous conviendrez avec « Le Témoin » ô combien la direction générale de l’Asecna aiguise les appétits financiers, politiques et diplomatiques. D’où les manœuvres souterraines des Etats membres à un mois des prochaines élections où le Dg sortant, le Nigérien Mohamed Moussa, est candidat à sa propre succession. Ce sera le 14 septembre 2020 prochain à Dakar au lieu de Niamey (voir encadré exclusif). Il ne sera pas seul puisqu’il va affronter quatre autres pays et leurs candidats. Il s’agit de la Centrafrique, de la Mauritanie, du Cameroun et du Tchad. De futures vocations présidentielles en perspective ?
LA REPRISE DU DIALOGUE NATIONAL SE PREPARE ACTIVEMENT
Les choses pourraient reprendre progressivement dans les prochaines 48 heures. Un agenda de travail est en cours d’élaboration et il sera divulgué prochainement
Les complaintes des différents acteurs du dialogue national ne sont pas entrées dans l’oreille d’un sourd. Famara Ibrahima Sagna et son équipe préparent activement la reprise. Et il n’est pas exclu que les choses redémarrent progressivement dans les 48 heures à venir.
Depuis le 23 mars 2020, toutes les activités relatives au dialogue national ont été suspendues. La pandémie de Covid-19 a sapé la dynamique enclenchée par Famara Ibrahima Sagna et son équipe. Le président du Comité de pilotage était resté pendant une longue période sans prendre fonction, réclamant une installation officielle.
A peine cette formalité effectuée et les commissions formées, l’épidémie liée au nouveau coronavirus est venue interrompre les travaux. Cependant, à la fin de l’état d’urgence et malgré l’appel du chef de l’Etat demandant aux Sénégalais d’apprendre à vivre avec le virus, le Dialogue national est toujours resté dans l’hibernation. Pendant ce temps, toutes les activités gouvernementales avaient repris. Les acteurs politiques avaient d’ailleurs fait des sorties pour attirer l’attention sur l’étroitesse des délais afin de tenir les élections législatives et l’urgence de procéder à l’audit du fichier et à l’évaluation du processus électoral. Et cela a eu pour effet de faire bouger les lignes. Puisque les membres du Comité de pilotage du Dialogue national ont très vite entamé des tractations pour voir comment reprendre les travaux en tenant compte de la nouvelle donne, c’est-à-dire la menace liée à la Covid-19.
Et selon nos informations, les choses pourraient reprendre progressivement dans les prochaines 48 heures. En tout cas, un agenda de travail est en cours d’élaboration et il sera divulgué prochainement. Il faut relever par ailleurs que depuis l’installation officielle du Comité de pilotage, plusieurs actes ont été posés. Après l’élaboration d’un calendrier de travail et d’un Règlement Intérieur, il a été mis en place les différentes commissions thématiques. Mais la structure dirigée par Famara Ibrahima Sagna n’a pas accouché facilement de tout cet organigramme. Il a fallu huit mois pratiquement pour que l’on installe le président du Comité de pilotage.
Annoncé au mois de mai par le président de la République après sa réélection à la magistrature suprême, il a fallu tout un tollé pour que Macky Sall l’installe définitivement le 14 janvier 2020. Juste après, les différentes commissions ont été créées : la commission politique, la commission économique et sociale, la commission paix et sécurité, la commission ressources naturelles, la commission environnement et cadre de vie, la commission modernisation de l’Etat et lutte contre la corruption, la commission décentralisation et territorialisation des politiques publiques et la commission synthèse.
CE QUI ATTEND FAMARA IBRAHIMA SAGNA ET SON EQUIPE
Mais à ce jour, la Commission politique est en avance sur toutes les autres. En effet, il fallait qu’elle anticipe sur les travaux pour des raisons de calendrier électoral. Mais la Covid-19 est venue retarder les choses. Avec des délais très serrés, l’organisation du scrutin législatif à date échue risque d’être hypothéquée si des dispositions particulières ne sont pas prises par le Comité de pilotage du Dialogue national. A moins qu’on décide d’y aller avec le Code électoral en vigueur.
Toutefois, si tout rentre dans l’ordre, il faudra une célérité dans l’exécution des tâches pour qu’on puisse aller à ce scrutin avec un nouveau code. C’est dans ce sens d’ailleurs que les acteurs politiques ont alerté dernièrement sur les fortes menaces qui pèsent sur la tenue des élections locales prévues le 28 mars 2021. Déjà, il faudra trois mois pour auditer le fichier et évaluer le processus électoral, sans compter la révision exceptionnelle des listes électorales suivie de la période contentieuse et les parrainages s’ils sont maintenus. Aujourd’hui, il est attendu du comité de pilotage de dire quels sont les points épuisés, comment gérer les urgences et dans quelles conditions organiser les sessions et suivant quel protocole sanitaire.
PAR Abdoulaye Thiam
AIDONS L’ETAT A VAINCRE LA COVID-19
A défaut de différer à la tenue du Magal de Touba, des Gamou de Tivaoune et de Ndiassane, du Ziarra Omarienne, entre autres, nous devons les célébrer d’une manière symbolique comme l’a préconisé l’ancien ministre Mary Tew Niane
La vulnérabilité de l’humanité a été mise à rude épreuve par le nouveau coronavirus. Partie de la province de Wuhan en Chine, la Covid-19 s’est propagée dans le monde à une vitesse supersonique et a confiné des milliards d’individus. A la date d’hier, jeudi 13 août, elle a atteint 20.716.498 de personnes et en a tué 751.033.
Au Sénégal, du cas zéro enregistré le 2 mars dernier, nous en sommes à 11.740 déclarés positifs dont 244 décès et 3923 sous traitement. Depuis lors, l’Etat multiplie les initiatives pour freiner sa propagation. Certaines ont été décriées à tort ou à raison. Sans occulter le lot d’incohérences dans la riposte notées ça et là. Toutefois, force est de reconnaître, que l’Etat a entrepris des décisions et pas des moindres pour combattre ce fichu virus qui a fini par mettre l’économie du monde entier à genou.
Aux Etats-Unis, le président Trump a prévu un plan de relance à 1.000 milliards de dollars. En France, Le président Macron promet 200 millions d’euros et un plan pour la reconquête industrielle pharmaceutique afin de «reconquérir la souveraineté sanitaire» de son pays. En Chine, le président Xi Jinping a dévoilé un plan de soutien de 1.000 milliards de yuans (131,4 milliards d’euros) pour soutenir son économie qui a chuté cette année pour la première fois en 40 ans, en raison de la pandémie de coronavirus. La Banque Centrale européenne de l’UE envisage de mettre à la disposition des marchés financiers 750 milliards.
Au Sénégal, le président Sall a créé un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 dénommé «FORCE-COVID-19». Il sera doté de 1000 milliards de FCFA. Partout donc dans le monde, on assiste à une pluie de milliards pour sauver l’économie qui tourne au ralenti. La dette privée est presque en passe de devenir une dette publique. Du jamais vu ! Quid de l’humain dans cette résilience face à la Covid-19 ? Chaque pays s’organise à sa manière pour éviter l’hécatombe. Confinement total par-ci, port obligatoire de masque par-là. La liberté très chère à l’être humain est mise à rude épreuve pour sauver la planète. Sauf que certains ne semblent toujours pas comprendre la dangerosité de cette pandémie.
A côté de certains qui cherchent d’une manière ignoble à s’enrichir, à faire du business dans un monde dévasté, d’autres font preuve d’incivisme, d’insouciance et du «matey» pour propager la maladie dans les villes, villages et autres hameaux. Le chef de l’Etat, Macky Sall conscient que dans un pays pauvre, très endetté, comme le nôtre, il était impossible de procéder à un confinement total, devant déboucher sur des émeutes de la faim, a tenté par tous les moyens de sensibiliser ses concitoyens en leur demandant même «d’apprendre de vivre avec le virus», tout en faisant preuve de responsabilité (respect des mesures barrières, de la distanciation physique, port de masque…).
Mais, rien n’est fait. Or, il est temps de comprendre que si nous voulons combattre ce virus, nous devrons faire preuve de responsabilité à tous les niveaux. Il est clairement établi par les spécialistes de santé d’ici et d’ailleurs que la Covid-19 profite des rassemblements pour se propager. Notamment dans nos lieux de culte, la célébration événements heureux (baptême, mariage) ou/et malheureux (décès). L’Etat a pris des dispositions pour interdire les levées du corps. Mais, le principal problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, ce sont les Magal, Gamou et autres ziarra. Ils sont estimés à un plus 400 alors que l’année ne compte que 365 jours, 1/4.
Et notre avis, il n’appartient pas au chef de l’Etat, le président de la République de les interdire. Cette responsabilité est du ressort exclusif des Khalifes généraux. Par conséquent, à défaut de différer à la tenue du Magal de Touba, des Gamou de Tivaoune et de Ndiassane, du Ziarra Omarienne, entre autres, nous devons les célébrer d’une manière symbolique comme l’a préconisé l’ancien ministre de l’enseignement supérieur, Mary Tew Niane. La Conférence épiscopale inter-territoriale Sénégal, Mauritanie, Cap-Vert et Guinée Bissau a indiqué la voie en annulant l’édition 2020 du traditionnel pèlerinage marial de Popenguine et en maintenant fermées les églises.
Le Khalife Général de Tidianes, leur à emboiter le pas en ordonnant lui aussi, la fermeture les mosquées sous son autorité. Le Khalife Général des Mourides, est également resté ferme sur le respect de la distanciation physique dans les mosquées. Ce, après avoir contribué à hauteur de 200 millions dans la riposte contre la covid-19. Ils sont donc tous conscients de la gravité de la pandémie. D’ailleurs, est-il nécessaire de rappeler qu’un des cinq piliers de l’Islam, le pèlerinage la Mecque a été interdit cette année, aux pèlerins internationaux.
C’est plus de 12 milliards de dollars que l’Arabie Saoudite a été contrainte de perdre pour de se prémunir du virus. La mosquée du prophète Muhammed (PSL) appelée Al Masjid Al-Nabawi a aussi été fermée pour la première fois après 14 siècles-1400 ans, avions nous écrit dans ces mêmes colonnes.
Qui n’a pas non plus vu les impressionnantes images de la Kaaba vidée de son monde ? Une situation sans précédent. Autant de fatwa (avis religieux) ont été décrétés dans différents pays de confession musulmane. Au Sénégal, on ne devrait donc pas être en reste si nous voulons aller en croisade contre la Covid-19. L’heure est très grave. Notre pays continue de s’enfoncer dans le rouge. Ce sont les Khalifes généraux qui sont ici interpellés. Ils ne devraient surtout pas écouter certains fanatiques qui continuent à croire que le malheur n’arrive qu’aux autres, comme si nous, Sénégalais étions sortis de la cuisse de Jupiter.
Pourtant nous avons vécu la catastrophe maritime la plus meurtrière avec le naufrage du bateau «Le Joola» et ses 1863 morts officiellement déclarés, la noyade de nos braves femmes à Bettenti, les incendies de Madina Gounass et l’explosion de l’ammoniaque en 1992. Qu’avons nous retenu de tous ses drames ? Voilà autant de faits qui devraient nous pousser à faire notre propre introspection afin d’aider l’Etat à vaincre la covid-19.
ZIGUINCHOR SE DOTE D’UN PROGRAMME DE DÉSENSABLEMENT DES RUES ET VOIES PUBLIQUES
Le maire de Ziguinchor (sud), Abdoulaye Baldé, a lancé jeudi un programme de désensablement des rues et voies publiques de la ville pour la rendre ‘’plus propre et plus attractive’’.
Ziguinchor, 13 août (APS) - Le maire de Ziguinchor (sud), Abdoulaye Baldé, a lancé jeudi un programme de désensablement des rues et voies publiques de la ville pour la rendre ‘’plus propre et plus attractive’’, a constaté l’APS.
Des conseillers municipaux, des chefs de quartier et des agents de nettoiement ont pris part à la cérémonie officielle de lancement du projet dont le but est d’ouvrir ‘’une nouvelle ère en matière de gestion de l’environnement de la ville’’.
Des agents de nettoiement ont été recrutés par la mairie pour la mise en œuvre du programme. ‘’Nous avons procédé au recrutement de 73 agents qui sont chargés uniquement des activités de désensablement de la ville. Chaque semaine, les principales voies publiques, les rues et les artères seront nettoyées et désensablées’’, a assuré M. Baldé après avoir lancé le programme au rond-point Jean-Paul II.
Cette initiative de la mairie de Ziguinchor s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds d’entretien routier autonome, qui a financièrement pris en charge le recrutement des 73 agents. Soixante-dix d’entre eux vont s’occuper du désensablement de la commune, et les trois autres sont chargés de superviser leur travail.
‘’Ce programme va durer trois années. Nous allons maintenir le même effectif de 73 agents jusqu’en décembre 2020. Mais à partir de janvier 2021, nous allons élargir l’effectif en recrutant jusqu’à 150 agents’’, l’objectif de la mairie étant de ‘’rendre la ville propre et attractive’’, a indiqué Abdoulaye Baldé, également député.
‘’Il y a beaucoup de sable qui envahit nos routes, nos rues et nos avenues. Avec ce programme, nous aurons une ville bien assainie’’, a-t-il dit, assurant que du matériel de nettoiement (brouettes, pelles et balais) a été mis à la disposition des agents de nettoiement.
Abdoulaye Baldé rappelle que des opérations de curage des caniveaux sont en cours dans la commune de Ziguinchor, où tombent de fortes pluies depuis plusieurs jours.
‘’En partenariat avec le ministère de l’Assainissement et de l’Eau, la mairie a mis en place un dispositif d’appoint qui nous permet de procéder au curage des caniveaux. Nous avons affecté des camions à ces tâches. D’autres véhicules, dont un camion-hydrocureur, sont attendus dimanche prochain, ainsi que des tracteurs, pour plus d’efficacité dans les activités de curage et de nettoiement’’, a indiqué le maire de Ziguinchor.
AU COEUR D'UN DRAME ÉCOLOGIQUE
La production de zircon, démarrée en 2013 par l’usine GCO, dans la localité de Diogo, a plongé les populations de cette bourgade, dans un désarroi fait de manque d’eau, d’électricité et de pollution sonore
La production de zircon, démarrée en fin 2013 par l’usine Grande Côte Opération (GCO), dans la localité de Diogo, a plongé plusieurs populations de cette bourgade située dans le département de Tivaouane, dans un désarroi fait de manque d’eau, d’électricité et de pollution sonore. Ce dossier a été réalisé dans le cadre du projet de l’ONG Article19 qui porte sur le thème ‘’L’impact environnemental de l’activité extractive dans les régions de Thiès et de Kédougou’’.
Après une heure de route depuis Dakar, Diogo apparaît sous une forte canicule aggravée par un vent sec qui semble se plaire à irriter les lèvres de tout visiteur. A un jet de pierre du village, l’usine GCO, comme pour célébrer cette chaleur, pointe haut ses tubes dont le vrombissement dérange la quiétude de l’endroit.
Implantée depuis 2013, cette usine cohabite avec une population de 14 000 âmes. Diogo polarise une dizaine de villages et abrite l’unique industrie de transformation de métal installée au Sénégal. L’usine produit environ 85 000 tonnes de zircon et 570 000 tonnes d’ilménite (ainsi que de petites quantités de rutile et de leucoxène), avec une durée de vie de la mine fixée à 25 ans environ. Mais le constat est qu’elle laisse, de jour en jour, les riverains dubitatifs. Surtout qu’ils peinent à mettre la main sur l’étude d’impact environnemental de l’usine, malgré une forte insistance.
Diogo est devenu célèbre grâce à l’usine GCO qui laisse paraître de loin des bâtis rouges. Elle passionne et inquiète à la fois. Evoquer le sujet relève d’une témérité à laquelle plusieurs villageois n’osent se hasarder. Par ici, on murmure, on chuchote, mais personne n’a le courage de parler tout haut. Les raisons avancées ? ‘’Nous avons en face de nous des personnes puissantes qui n’hésitent pas à se venger sur nos enfants qui travaillent dans l’usine. Il y a vraiment beaucoup à dire, mais je ne veux pas me prononcer. Il faut continuer vos recherches. Vous allez tomber sur des personnes qui pourront le faire à notre place. Mais retenez que nous ne sommes pas contents d’eux et pour plusieurs raisons’’, soupire une dame du village sous le sceau de l’anonymat. Si les uns ont pris l’option de céder à la peur, d’autres ont choisi de se battre.
C’est le cas de vieux Ba, au cœur de tous les combats menés depuis l’installation de l’usine. Ses inquiétudes résident le plus dans la gestion de l’environnement et dans l’accaparement des terres. ‘’Il est évident qu’une usine d’une telle envergure ne peut pas manquer de causer certains dégâts. Tout au début, les tenants de l’usine avaient promis de faire des reboisements tout au long du littoral. Cela a été certes fait, mais la presque totalité des arbres n’a pu survivre. L’autre aspect est relatif à l’accaparement des terres dans le cadre de l’extension de l’usine. Ce volet social pose le plus de problèmes’’, déclare-t-il.
Avant de dire sa conviction sur les effets négatifs à long terme. Sur ce point, il y a lieu de préciser que, d’après les autorités administratives de Méouane, 644 producteurs ont été impactés et indemnisés pour une somme globale de 802,136 millions F CFA.
Malgré un budget social de 200 millions F CFA par an, le problème reste entier. Car, au lieu de donner la priorité aux populations de Diogo, l’argent doit être partagé entre les autres localités de tout le département de Tivaouane. ‘’Ceci constitue un problème, car la priorité devrait revenir à la population locale. Les revenus dans le volet social sont répartis en fonction des représentations communales, à savoir les communes de Tivaouane, Méwane, Mékhé, Taïba Ndiaye, etc. Elles reçoivent une part de cette somme de même que Darou Khoudoss, le chef-lieu’’, regrette Vieux Bâ. Cette situation, il l’impute au fait que le maire de la localité ne vit pas à Diogo.
Pour mettre fin à cette ‘’injustice’’, des habitants de Diogo ne cessent de le condamner et de se battre pour obtenir ce qui leur revient de droit. ‘’Nos différents plans d’action consistent à se faire entendre à travers des marches de protestation et des points de presse pour alerter qui de droit. Nous travaillons aussi pour que la zone puisse être érigée en commune. On pourra ainsi avoir plus d’infrastructures sociales de base. Il faut reconnaitre que l’usine ne collabore pas directement avec la population locale, mais avec la mairie et la sous-préfecture», explique Vieux Ba.
Une étude d’impact environnemental introuvable pour la population
Le président de l’Union des groupements et associations des producteurs maraichers de Diogo, Ngagne Diop, décrit, pour sa part, la pollution sonore : ‘’L’usine fait beaucoup de bruit, surtout pendant la nuit. La centrale électrique, également, laisse paraitre beaucoup de fumée, ce qui peut avoir des impacts sur la santé, à long terme. La proximité de l’usine est un danger pour les villageois. Et nous n’avons vu à ce jour aucune étude d’impact environnemental’’, dit-il. ‘’Que valent les constructions d’écoles, la réfection des clôtures des cimetières et du CEM, les dons d’ambulances médicalisées, si la santé et le bien-être des populations sont foulés aux pieds ? Comment comprendre que les populations vivent dans le noir, alors que l’usine possède en son sein une centrale électrique ?’’, s’interroge Ngagne Diop.
Que dire alors du manque d’eau ? Diogo polarise 23 villages et n’a qu’un seul forage. Voilà pourquoi le village est souvent confronté à une pénurie d’eau. Le paradoxe, c’est que l’usine GCO possède à elle seule plusieurs forages. ‘’Cette situation est inacceptable et nous le déplorons vivement. Les femmes du village éprouvent beaucoup de difficultés à trouver de l’eau’’, regrettent les populations. A cela, il faut ajouter l’accaparement des terres avec plus de 300 villageois qui ont vu leurs terres spoliées.
Serigne Mbaye, Professeur de philosophie au lycée Ababacar Sy de Tivaouane et habitant du quartier Darou Fall, estime qu’a côté des avantages, il y a aussi des inconvénients. A Darou Fall, il y a une dégradation continuelle de l’environnement, depuis l’installation de cette usine, et une déforestation galopante. Il explique que dans le cadre d’un projet, des Japonais avaient planté des filaos et autres arbres, mais depuis l’implantation de l’usine d’exploitation du zircon, les dunes de sable sont dépossédées de leurs richesses et pratiquement la plupart des plantes n’ont pu survivre. ‘’Les gens de l’usine nous avaient promis de replanter, mais cela n’a pas été le cas. Jusqu’à présent, nous peinons à trouver l’étude d’impact environnemental pour pouvoir évaluer. On nous fait du ping-pong et nous aimerions disposer de ce document. C’est la raison pour laquelle ce sera très difficile pour nous de faire la comparaison. De toutes les façons, la population n’est pas du tout contente. Partout, c’est le même discours’’, se désole le Pr. Mbaye.
Quant à ses attentes par rapport à l’usine, il veut qu’elle soulage la souffrance de la population. ‘’Ils ont pris nos terres. Maintenant, il faut qu’on sente plus les retombées au niveau de la localité. Il nous manque beaucoup d’infrastructures ; l’emploi des jeunes et les autres choses que nous aimerions avoir dans cette localité et qui auraient pu être faites par l’usine. A vrai dire, c’est la communication entre l’usine et nous qui ne marche pas. On nous avait promis une rencontre avec le personnel de l’usine, mais cela tarde à venir vraiment’’, explique Serigne Mbaye.
L'AIDE DE L'ÉTAT NE PARVIENT PAS À TOUS
Dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, Dakar a promis la distribution de kits alimentaires. En Casamance, des familles attendent toujours
Les kits alimentaires distribués par le gouvernement sénégalais en vue de soutenir les familles démunies pour faire face aux conséquences du coronavirus n'ont pas fait que des heureux.
Des contestations ont surgi, particulièrement en Casamance, au sud du pays, au lendemain de la distribution de ces kits.
Les oubliés dans la lutte
Beaucoup de familles déclarent avoir été oubliées par les commissions de distribution de ces kits et parlent de détournement.
Mariétou Sané, mère de famille d'un quartier populaire de Ziguinchor, ne cache pas son amertume:
"Ce sont les ouvriers qui doivent bénéficier de cette aide mais après le recensement, la distribution est venue et on n’a rien vu. J'ai interpellé les gens concernés, ils m'ont dit que ce n'est pas venu pour tout le monde, seuls les gens qui bénéficient de bourses familiales doivent recevoir cette aide. Une personne qui a déjà la bourse familiale a droit à quelque chose mais celle qui n'en a pas et qui vit dans une famille démunie, comment pourra-t-elle vivre ?"
La complainte est la même chez Youssouf Mané qui confie que sa famille fait partie des oubliés bien qu'ayant été enregistrée lors du passage des commissions de recensement:
"On n'a pas reçu le riz et je ne sais pas pourquoi on ne l'a pas reçu. L'autre jour, il y a un gars qui est passé ici en train de faire son recensement. Dans notre quartier, il y a une femme qui est la déléguée de quartier. Je suis passé la voir, j'ai parlé avec elle, elle m'a dit qu'elle n'en savait rien, qu'il faut passer voir le chef de quartier. Je suis parti là-bas avec ma mère, on a essayé de lui demander et il nous a dit attendez, au moment venu vous recevrez votre riz. Mais, depuis lors, on n'a rien reçu. Je suis en train de me demander pourquoi nous n'avons pas reçu de riz''.
Distribution de kits dans la légalité
Les chefs de quartier qui ont dirigé les commissions de distribution affirment que tout s’est déroulé dans la légalité. Selon Ibrahima Diakité, chef d'un quartier populaire de Ziguinchor, ceux qui les accusent de détournement le font à tort:
"Nous sommes les bras de la mairie et du gouvernement dans les quartiers, donc maintenant on ne fait que suivre les instructions. Celui qui ne figure pas sur la liste du registre national unique et n'est pas dans l'extension, ne peut pas en bénéficier, il faut que cela soit clair. On a précisé ça aux gens. Les gens qui se plaignent le font à tort''.
Signalons que pour apaiser les esprits des familles plaignantes, certains chefs de quartier ont laissé entendre qu'il y aura une seconde phase de distribution de kits. Mais en réalité, cela ne serait pas envisagé par le gouvernement.
par Elhadji Ibrahima Thiam
LE TOUR DE PASSE-PASSE DE LA SONATEL
Comment prétendre agir dans l’intérêt de ses clients et se retrouver dans l’obligation de justifier les actes que l’on pose en direction de cette clientèle ? Quand on domine autant le marché de la téléphonie mobile, ça autorise quelques coups de menton
Entre Sonatel-Orange et ses clients, la ligne ne passe plus. Le réseau grésille et indispose jusqu’au plus haut sommet de l’État. Un vrai dialogue de sourds s’est installé. Là où l’opérateur de téléphonie mobile persiste et signe que sa nouvelle gamme de forfaits mobiles n’a entraîné aucune hausse des tarifs, les clients, eux, pensent tout le contraire. On le sait, le chasseur et le gibier n’auront jamais la même vision ni la même perception d’une partie de chasse.
Certes, ce n’est pas la première fois que l’opérateur historique essuie les critiques des consommateurs soit pour des tarifs jugés élevés, soit pour un déficit de qualité de services, mais ça doit être une première que la plus haute autorité du pays s’invite au débat. Qui plus est, en Conseil des ministres. D’ailleurs, c’est cinq jours après la sortie présidentielle que Sonate-Orange a organisé une conférence de presse pour s’expliquer sur le bien-fondé des réajustements apportés à ses offres de forfaits mobiles. Calcul ou pure coïncidence ? En tout cas, la concomitance interpelle.
Lors de cette rencontre avec la presse, le team management de l’entreprise était au complet. Le micro passait de main en main. Les diapositives faites de diagrammes, de tableaux, de courbes et de chiffres défilaient sur grand écran. On sentait chez les intervenants, une grande maîtrise des éléments de langage, résultant peut-être de nuits d’efforts de répétition. La séance de justification a duré près de deux heures si on y ajoute l’étape des questions-réponses avec les journalistes. Et, au final, c’est pour s’entendre dire par les responsables de l’entreprise, que «malgré le bruit qui a accompagné le lancement de la nouvelle gamme, il n’en est rien», ces réaménagements tarifaires ont été apportés dans «l’intérêt des clients». Comment peut-on prétendre agir dans l’intérêt exclusif de ses clients et se retrouver par la suite dans l’obligation de justifier les actes que l’on pose en direction de cette clientèle ? Qui s’explique, s’accuse, dit la maxime. Et dans cette histoire, Sonatel-Orange semble avoir quelque chose à se reprocher et qui justifierait toute cette campagne d’explication qu’elle déploie actuellement à un moment où la logique aurait voulu qu’elle soit plutôt en train de faire la promotion de ses nouvelles offres commerciales.
En réalité, Sonate-Orange aura du mal à persuader ses clients qu’elle n’a pas procédé à des hausses tarifaires. Pour se convaincre du manège de l’opérateur, il suffit de se pencher sur l’offre «Illimix/mois» de 4500 FCfa qui propose 300 mn d’appels, 5g de connexion (+5g bonus nuit) et 300 sms. Celle-ci a remplacé l’offre 5900 FCfa qui permettait à son souscripteur de bénéficier de 900 mn d’appels tous réseaux, de 14 g et 500 sms. On le voit donc, avec la nouvelle gamme, cette offre/mois revient certes moins chère de 1400 FCfa mais le souscripteur perd 600 mn d’appels, 9g d’Internet et 200 sms.
L’opérateur a bien le droit, dans le respect des textes en vigueur, de réajuster ses offres commerciales. Mais ce qui n’est pas acceptable, c’est cette insidieuse tentative de faire croire à ses clients qu’il n’y a pas eu de hausse des tarifs. Mais comme parfois les mots trahissent la pensée, le Directeur général de la boîte n’est pas à une contradiction près. Lors de la fameuse conférence de presse, il a déclaré ce qui suit : «Nous avons tenu à ne pas affecter la majorité de nos clients». Voilà qui est clair. Ceux qui seront affectés, Sonatel-Orange les estime à 70.000 personnes, représentant 0,7 % de sa clientèle. Aux yeux des responsables de l’entreprise, cette «clientèle particulière» – comme les appelle le patron de Sonatel-Orange – «présente sur les réseaux sociaux, ‘’di diaay yefou grand’’», devrait s’estimer heureuse car ayant déjà bénéficié de la générosité de l’opérateur. «Cette clientèle particulière a été bien servie car se retrouvant dans les offres hyper généreuses que nous avions lancées. Mais elle commençait à mettre en danger la qualité de service de 10 millions d’autres Sénégalais», a déclaré le patron de Sonatel-Orange pour expliquer une des autres raisons des réaménagements tarifaires.
Il y a une certitude, Sonatel-Orange est trop sûre de sa force pour se permettre de se plier aux injonctions de l’Artp encore moins aux récriminations d’une partie de sa clientèle qu’elle pense avoir déjà trop choyés. Le communiqué en réponse à l’injonction de l’Artp de surseoir à la mise sur le marché de sa nouvelle gamme est à la limite du dédain. Quand on domine outrageusement le marché de la téléphonie mobile comme Sonate-Orange, ça autorise quelques coups de menton.
DES MANIFESTATIONS ANTI-TROISIÈME MANDAT DE OUATTARA FONT AU MOINS 4 MORTS
Plusieurs mouvements d'opposition avaient appelé à manifester jeudi contre cette candidature. La situation est tendue à Bonoua, traversée par une voie internationale qui relie Abidjan au Ghana
Au moins quatre personnes sont mortes mercredi et jeudi en Côte d'Ivoire, dans des violences liées à la candidature controversée du président Alassane Ouattara à un troisième mandat lors de l'élection présidentielle du 31 octobre.
Plusieurs mouvements d'opposition avaient appelé à manifester jeudi contre cette candidature.
Un jeune de 18 ans a été tué jeudi à Bonoua (sud-est) au cours de heurts avec les forces de l'ordre, a annoncé à l'AFP Jean-Paul Améthier, le maire de la ville située à 50 km d'Abidjan, ancien fief de l'ex-première dame Simone Gbagbo.
"Le commissariat de Bonoua a été saccagé par les manifestants en colère", a témoigné Hervé Niamkey, un habitant de la ville.
La situation est tendue dans cette ville traversée par une voie internationale qui relie Abidjan au Ghana.
Des violences ont aussi éclaté à Daoukro, bastion de l'ancien président Henri Konan Bédié, également candidat à la présidentielle.
"Le calme revient timidement, mais nous déplorons trois morts" a indiqué une source sécuritaire, sous couvert de l'anonymat.Des témoins ont aussi fait état de trois morts lors d'affrontements entre des partisans d'Henri Konan Bédié et des jeunes favorables à Ouattara.
D'autres heurts ont eu lieu jeudi entre manifestants et force de l'ordre, notamment dans la capitale économique Abidjan.Les autorités avaient interdit les manifestations.
Le président Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010 puis réélu en 2015, avait annoncé dans un premier temps en mars passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais celui-ci est décédé le 8 juillet d'un infarctus.Après ce décès, Alassane Ouattara a annoncé le 6 aout qu'il briguerait finalement un troisième mandat.
La Constitution limite à deux les mandats présidentiels, mais opposition et pouvoir sont en désaccord sur l'interprétation de la réforme adoptée en 2016: les partisans de Ouattara affirment qu'elle a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature.