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2 mai 2025
Politique
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IL NE FAUT PAS AVOIR HONTE DE LA MALADIE
El Hadji Amadou Sall en convalescence après avoir été malade du Covid-19, appelle à la vigilance et au respect des gestes barrières afin d'éviter la propagation du virus
Invité de l'émission l'invité de MNF Maitre El Hadji Amadou Sall en convalescence après avoir été malade du Covid-19, appelle à la vigilance et au respect des gestes barrières afin d'éviter la propagation du virus. Il a aussi demandé aux populations d'aller directement à l'hopital dès les premiers symptomes de la maladie.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
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HOMMAGE À UN OUBLIÉ DE L’HISTOIRE, IBRAHIMA SEYDOU NDAW
EXCLUSIF SENEPLUS - Par une altération de l’histoire, celui que les paysans du Sine-Saloum désignaient par le titre de « Jaaraf » reste méconnu de la plupart des Sénégalais pour lesquels il s’est sacrifié pendant 43 ans
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 13/08/2020
13 août 1969-13 août 2020, voilà 51 ans que Ibrahima Seydou Ndaw a tiré sa révérence. Nous lui rendons un hommage mérité parce que cette étoile méconnue de l’histoire politique du Sénégal, pour reprendre les propos de l’historien Elikia Mbokolo, s’est sacrifiée pendant 43 ans pour son pays. Toutes les informations de cet article sont tirées du livre du défunt Professeur Abdoul Sow Essai d'histoire politique du Sénégal : Ibrahima Seydou Ndaw 1890-1969 que nous trouvons être le seul ouvrage de référence qui parle de l’histoire politique réelle d’Ibrahima Seydou Ndaw.
Ce jeudi 13 août 2020 marque le 51e anniversaire de la disparition d’Ibrahima Seydou Ndaw, figure marquante de la vie politique sénégalaise. Aujourd’hui, par une occultation et une altération de l’histoire, celui que les paysans du Sine-Saloum désignaient par le titre de « Jaaraf » reste méconnu de la plupart des Sénégalais pour lesquels il s’est sacrifié pendant 43 ans. A l’instar de ceux du président du Conseil gouvernemental Mamadou Dia et du Secrétaire général du Parti du Regroupement africain-Sénégal, Abdoulaye Ly, les hauts faits et les bonnes actions d’Ibrahima Seydou Ndaw sont oblitérés aujourd’hui par les imposteurs de l’histoire politique du Sénégal.
Encoléré par cette imposture ou cette tentative d’exclusion de l’histoire, Amadou Lamine Sakho dit Kéba a toujours dénoncé les falsificateurs qui ont toujours cherché à ensevelir cette figure de proue dans les décombres de l’histoire politique du Sénégal. « Patriarche de la grande famille des pionniers de notre indépendance, Ibrahima Seydou Ndaw, de par son génie créateur, son courage légendaire, son dévouement et sa sollicitude, a pendant les 43 ans qu’il a consacré au service de son pays, accompli une gigantesque œuvre nationale qu’il serait inadmissible et condamnable de chercher à voiler… Du reste, aucun homme politique sénégalais n’a aussi efficacement que lui combattu le colonialisme par la plume et par l’action. Sa contribution à l’éveil de la conscience nationale a été des plus méritoires », peste celui qui fut son fils adoptif et secrétaire particulier de 1957 jusqu’à sa mort.
Aucun édifice public digne ne porte les noms de ces illustres inconnus comme les appelle Kéba. Aujourd’hui, la seule avenue et l’école primaire baptisée Ibrahima Seydou Ndaw se situent respectivement à la périphérie et près du stade de foot de Kaolack. Le building administratif qui servait de locaux au Conseil gouvernemental porte le nom de celui qui le dirigeait avant d’être accusée arbitrairement de coup d’Etat et embastillé pendant 12 ans dans des conditions qui lui ont fait presque perdre la vue.
Jaaraf Seydou Ndaw, le justicier
Né le 13 juillet 1889 à Sokone, Ibrahima Seydou Ndaw, surnommé Jaaraf, est entré en politique à la suite de quelques démêlées avec l'administration coloniale de l'époque. Il est décédé le 13 août 1969, à l'âge de 80 ans. Considéré comme le père fondateur du Bloc démocratique sénégalais (BDS), ancêtre du Parti socialiste (PS) sénégalais actuel, Ibrahima Seydou Ndaw a présidé aux destinées de l'Assemblée territoriale sénégalaise avant de devenir, en 1963, président honoraire de l'Assemblée nationale du Sénégal indépendant.
Parmi les hommes politiques du XXe siècle, Ibrahima Seydou Ndaw se distingue par sa longévité politique de son engagement, la constance de son combat contre l’injustice ainsi que par son courage dans la défense des faibles et dans le combat pour ses idées. Il a été de toutes les luttes contre l'autoritarisme et l'arbitraire pendant la période coloniale. Ainsi, dans son livre intitulé Essai d'histoire politique du Sénégal : Ibrahima Seydou Ndaw 1890-1969, Abdoul Sow souligne le caractère justicier de Ibrahima Seydou, défenseur des masses paysannes et ouvrières qui lui a valu le titre de « Jaaraf » : « Jaaraf Seydou Ndaw est une légende voire un mythe. C’est un grand notable, sinon le plus grand de Kaolack, le leader plus puissant de la région chez qui il fallait passer pour avoir les suffrages du cercle, respecté mais craint, l’homme qui prend la défense de la veuve et de l’orphelin en d’autres termes le protecteur des populations rurales et de tous les faibles, victimes des abus de l’autorité coloniale et de ses affidés au moment où il fallait beaucoup de courage pour oser s’opposer aux institutions coloniales ».
Mamadou Dia embouche la même trompette : « Ibrahima Seydou Ndaw s'était déjà forgé une audience personnelle par son attitude de résistant sous l'Occupation... Et avant l'Occupation par son dévouement à la cause des victimes des exactions de l'Administration coloniale... C'est la Nation tout entière qui a une dette de reconnaissance à sa mémoire... »
Le défunt professeur d’université Mbaye Guèye n’est pas en reste pour magnifier l’œuvre du justicier que fut l’ancien Président de l’Assemblée territoriale : « Ibrahima Seydou Ndaw était un homme partout présent où l'avenir de ses compatriotes était en jeu. Toute sa vie se réalisa dans la tension et le combat contre toutes les formes d'injustice. C'était une âme que sa soif ardente de justice avait armée pour les luttes. »
Dans la préface de l’ouvrage du Professeur Sow, Amadou Mahtar Mbow montre, contrairement à l’histoire mensongère la plus répandue, qu’Ibrahima Seydou Ndaw a indiqué au jeune agrégé de grammaire, Léopold Sédar Senghor, la voie politique à suivre. Pour l’ancien Directeur général de l’Unesco, c'est le président Ibrahima Seydou Ndaw qui, politiquement, a mis à Senghor les pieds à l'étrier, au moment où, accablé par l'entourage immédiat du président Lamine Guèye, il s'apprêtait à renoncer définitivement à la politique pour retourner en France. L’enfant de Joal, né hors des quatre communes de Saint-Louis, Rufisque, Dakar et Gorée, et quoique n’étant plus sujet français ayant accédé à la nationalité française par naturalisation au moment de passer l’agrégation de grammaire en France au milieu des années 30, fut choisi par Lamine Guèye pour être candidat au siège réservé aux citoyens français (Français et originaires des quatre communes). Senghor, alors peu connu, et ne résidant pas au Sénégal, car il était resté en France pour y enseigner après son agrégation, c’est Jaaraf Seydou Ndaw qui lui offrit le Sine-Saloum comme circonscription électorale. C’est donc du Sine-Saloum, alors circonscription la plus peuplée du pays avec la Casamance, et avec le soutien constant d’Ibrahima Seydou Ndaw que commença l’ascension politique de Senghor.
Mbow rapporte que des contradictions se révélèrent bientôt au sein de la SFIO tant au niveau de Kaolack qu’à celui du Sénégal et même dans les rapports avec la direction du parti en France, alors peu sensible aux aspirations qui s’exprimaient dans les colonies à la suite de la seconde guerre mondiale. La crise interne qui couvait depuis plusieurs mois aboutit à une rupture qui eut lieu en 1948 alors qu’Ibrahima Seydou Ndaw, victime d’un grave accident, est hospitalisé à Dakar plusieurs mois durant. Quoique paralysé des quatre membres et privé de se mouvoir tout seul, il garda toute son énergie et toute la vigueur de sa pensée. Il semble que même son immobilisation rendait sa détermination plus grande et sa détermination d’agir plus vive. C’est ainsi que de son lit d’hôpital et avec Léon Boissier-Palun avocat et futur président du Conseil de l’AOF, il convainquit Senghor de rompre avec la SFIO et Lamine Guèye et de créer un nouveau parti.
La rupture accomplie, il fut, avec Mamadou Dia qui parcourut tout le Sénégal pour mettre en place le nouveau parti, le principal organisateur du Bloc démocratique sénégalais (BDS) qui bientôt domina la vie politique sénégalaise.
Senghor dans une lettre adressé à Ibrahima lui témoigne toute son affection : « Je t'aime et te resterai fidèle jusqu'à la mort... Tu peux douter de tout sauf de mon affection pour toi... Entre les deux amis et les deux hommes de bonne volonté que nous sommes, il n'y aura jamais aucun malentendu qui puisse résister à une franche explication... » Mais le comportement ingrat de Senghor à l’endroit de son mentor politique après que ce dernier a quitté l’UPS (l'Union progressiste sénégalaise) en 1959 avant d’y revenir détonne avec cette déclaration affectueuse.
Une fin de vie difficile
Et Abdoul Sow dans son ouvrage, Essai d'histoire politique du Sénégal : Ibrahima Seydou Ndaw 1890-1969, souligne la traitrise et l’injustice dont Ndaw a été victime de la part de ses camarades de parti et principalement Léopold Sédar Senghor qui l’a presque mis en résidence surveillée : «Ibrahima Seydou Ndaw connut de la part de ceux qu’il avait contribué à hisser au pouvoir une disgrâce aggravée par des mesures vexatoires qui furent d’un effet dévastateur sur sa santé. Il mourut en 1969 dans le quasi-dénuement, et, comme généralement, exclu d’une mémoire collective où ne prennent place très souvent, en dehors de certains religieux, que des personnes dont les mérites ne sont pas toujours évidents au regard de leurs actes placés dans le cadre de l’ensemble des aspirations de la collectivité nationale ».
C’est ce que confirme Amadou Mahtar Mbow dans la préface du livre d’Abdoul Sow. « Infirme et âgé, il fut destitué de l’Assemblée nationale dont il était le président honoraire, il connut une fin de vie difficile sans aucune commisération de la part de ceux qu’il avait contribué à hisser au pouvoir. A sa mort en 80 ans, des éloges hypocrites ne manquèrent pas de la part de certains qui l’avaient renié pour ensuite faire tout pour le faire oublier », déclare l’ancien compagnon d’Abdoulaye Ly.
A sa mort, des personnalités sincères n’ont pas manqué de saluer la mémoire de l’homme de pensée et d’action que fut Ibrahima Seydou Ndaw. Ainsi, l’écrivain Abdou Anta Ka, le 20 août 1969, écrit, dans le journal Dakar-Matin, ce témoignage qui dévoile la personnalité de l’enfant du Sine-Saloum : « Un homme devant qui s’inclinaient des hommes plus instruits : des gouverneurs de l’époque, des universitaires, des industriels… Le self made man qui dictait aux rapports de force sa volonté ».
L’écrivain El Hadj Moustapha Wade, dans un témoignage post-mortem en 1999, déclare : « Si j’ai grand intérêt à son école et à tout ce qu’elle recelait d’intelligence et d’intuition politique, c’est parce que j’ai en ce grand maitre, homme de pensée et d’action, de générosité sans borne et de don de soi, un incomparable passeur de frontière, un nationaliste intransigeant et ouvert à la fois, un guide riche de tout ce que les idéologies pouvaient lui apporter. »
L’ancien Directeur général de l’Unesco, Amadou Mahtar Mbow, le 12 août 1999, dans un témoignage manuscrit depuis Rabat, soutient avec force : « J’admire sa force de caractère, sa ténacité et son amour pour notre pays et pour son peuple. Le combat politique a été pour lui un combat pour la liberté, pour la dignité et pour le bien-être des Sénégalais. Il plaçait ce qu’il considérait comme l’intérêt du peuple au-dessus de toute autre considération, refusant en toute circonstance d’agir autrement que selon sa conscience. Homme d’honneur, homme d’autorité, il était aussi un démocrate convaincu. »
Janet G. Vaillant, Docteur en études politiques, Université de Harvard et ancienne directrice adjointe du Centre national de ressources sur la Russie, l'Europe orientale et l'Asie centrale de l'Université de Harvard, dans son ouvrage Vie de Léopold Sédar Senghor paru en 2006, qualifie Ibrahima Seydou Ndaw d’« un homme d’une intelligence extraordinaire d’une forte personnalité. Juriste autodidacte et homme proche du peuple, il défendait avec brio les populations de Kaolack et du Sine-Saloum ».
Mbaye Jacques Diop, le 16 février 2011 à Rufisque, dans un entretien avec le Professeur Abdoul Sow, témoigne : « Un homme d’une grande valeur bien que handicapé, qui avait le sens de l’écoute, un leader d’une forte impression assis sur sa chaise roulante, une voix forte qui portait et qui impressionnait. »
« Ibrahima Seydou Ndaw restera dans la mémoire des générations actuelles ou à venir, comme un des plus grands Sénégalais, un patriote à la fois intransigeant et bienveillant » dixit André Guillabert. « Jaaraf n'a jamais triché ni avec les hommes ni avec les événements, parce que la sincérité a été son phare. Idéaliste sans être utopiste, il s'était ancré au réel pour faire œuvre utile. Il était juste et droit. Mais sa vertu cardinale a été le courage », déclara l’avocat Omar Diop.
51 ans après sa mort, Ibrahima Seydou Ndaw donne toujours une leçon de vie politique aux différents dirigeants qui ont dirigé ou qui dirigent le Sénégal et ce, à travers ces propos exprimés dans des contextes différents mais qui sonnent comme une profession de foi : « Durant toute ma vie, je n’ai jamais su tenir ma tête qu’autrement haute… Je ne connais ni les pirouettes politiques, ni l’humiliation de la honte…»« L’homme politique utile à son pays ne se mesure pas grâce à son âge, à ses diplômes ou à sa constitution physique, mais à sa valeur morale et intellectuelle, à ses capacités pratiques et à son humanisme ; et à sa popularité qui découle d’une confiance émanant de la base à laquelle il est lié par des rapports indiscutables. »
Source : Essai d'histoire politique du Sénégal d’Abdoul Sow : Ibrahima Seydou Ndaw 1890-1969.
Jamais son nom n'a été entendu, mêlé de près ou de loin à un scandale financier ou à un abus de pouvoir. C'est une vie au service de l'Enseignement supérieur
- Un homme intègre : il fait partie des rares autorités à avoir fait sa déclaration de patrimoine, à l'entrée comme à la sortie de sa fonction de ministre de l'Enseignement Supérieur. Jamais son nom n'a été entendu, mêlé de près ou de loin à un scandale financier ou à un abus de pouvoir. Même en étant ministre, il ne s'est jamais mêlé, à la gestion des bourses universitaires, la laissant à une commission.
- Un innovateur : l'Université Virtuelle du Sénégal (22 000 étudiants, la deuxième université du Sénégal en termes d'effectifs), c'est Mary Teuw Niane. L'ANAQ Sup, c'est encore Mary Teuw Niane. Campusen, le logiciel qui procède directement aux orientations des nouveaux bacheliers, en place et lieu des Facultés, c'est Mary Teuw Niane. Les ISEP (Institut Supérieur d'Enseignement Professionnel), c'est décidément encore lui ; Mary Teuw Niane. Connecter l'Université au monde des affaires, du business et de l'économie, à travers un Conseil d'Administration mixte (universitaires et chefs d'entreprises) au niveau du Rectorat, c'est toujours Mary Teuw Niane. La création du ''corps des assimilés'', Les ''Professeurs Agrégés Titulaires'', pour encadrer la foultitude de doctorants en Thèse, c'est Mary Teuw Niane. Et encore et encore...
- Un réformiste courageux : sans hargne, sans conviction forte, sans exigence d'abord avec soi-même, Mary Teuw Niane n'aurait peut-être jamais réussit toutes les innovations qu'il a eu à réaliser à la tête du ministère de l'Enseignement Supérieur. Tellement l'adversité contre ses réformes, les résistances aux changements, étaient manifestes. Mary Teuw, c'est une vie au service de l'Enseignement supérieur.
Un futur bon Premier ministre : Le Sénégal, notre pays, est à un tournant difficile dans lequel seules les réformes (pas de réformettes) peuvent nous permettre d'entrevoir une perspective heureuse dans notre trajectoire historique. Des réformes douloureuses et profondes. Profondes parce-que douloureuses. Douloureuses parce-que profondes. Parce qu'il est méthodique, parce qu’il est intègre, parce qu’il a des suites dans les idées, parce qu’il est courageux, réformiste et va jusqu'au bout de sa logique, quel qu’en soit l'adversité et les obstacles, le Professeur Mary Teuw Niane est l'un des profils - dans le contexte et dans situation - le plus apte pour conduire, en tant que Premier ministre, à côté du chef de l'Etat, les réformes nécessaires et indispensables pour le salut du Sénégal. Mary Teuw Niane à la fonction primatoriale, ‘’the right man in the right place’’. Pour ces trois années à venir, annonciatrice avec les effets de la Covid-19, d’une conjoncture économique et sociale qui sera particulièrement défavorable. La dette publique nous coûte déjà un milliard par jour selon l'économiste Souleymane Astou Diagne. Les prévisions de croissance sont projetées à 2,1% par les autorités sénégalaises quand le FMI parle quant à lui de 1,2%. Le Think Tank Africa WorldWide Group, estime pour sa part, que même que le taux de croissance en 2020 pourrait être nul pour le Sénégal. Il faudra donc agir et réagir.
Siré Sy est fondateur du Think Tank Africa WorldWide Group
par Samuel Sene
HALTE À LA BOULIMIE FONCIÈRE
Comment peut-on prôner une bonne gouvernance, une gestion transparente, sobre et vertueuse et céder aussi facilement nos terres arables et notre littoral à des envahisseurs étrangers qui ne respirent que pour leurs propres intérêts ?
Le président Léopold Sédar Senghor avait, semble-t-il, transposé au Sénégal le code civil français qui, à l’époque, reposait essentiellement sur l’indivision. Toutefois, force est d’admettre que le Sénégal qui venait à peine d’accéder à la souveraineté internationale, avait non seulement besoin de ressources humaines en nombre et en qualité, mais devait aussi et surtout s’inspirer d’un modèle de textes, qu’il serait ensuite appelé à adapter progressivement à ses réalités. C’est donc dire qu’en 60 ans d’indépendance, notre pays avait largement le temps et le talent de faire en sorte que ses textes soient véritablement conformes à son contexte. Pour autant, a-t-il suffisamment mis à profit toutes ces années où il est passé de l’enfance à la vie montante (i.e au troisième âge) pour être à l’abri de pratiques indécentes de corruption et de prévarication ? A-t-il saisi toutes les opportunités et tous les prétextes avantageux qui se sont successivement offerts à lui pour se doter de textes modernes et progressistes contre la spoliation abusive des terres ? N’est-il pas invraisemblablement resté un adulte toujours attaché au lait maternel ? Rien n’est moins sûr.
Mais au regard du débat actuel sur le foncier national, comment ne pas saluer la clairvoyance dans la vision adossée à la pensée globale et ancrée sur le développement durable et la perspective avant-gardiste du poète-président sur le Domaine National de 1964 (80% des terres) et sur le Domaine Maritime National ? Et pour plus d’honnêteté, ne convient-il pas de souligner que la loi sur le domaine national avait aussi pour objectif d’assurer le développement endogène ? Mieux, toutes les lois que Senghor fit voter en ce sens, n’avaient-elles pas pour la collectivité nationale une valeur de sagesse révolutionnaire, car allant dans le sens de l’intérêt commun ? Ces lois empreintes de sagesse, n’ont-elles pas jusqu’alors réussi à préserver/sauvegarder l’essentiel des terres arables et le littoral du Sénégal (long de plus de 750 km) de toute velléité foncière d’hommes avides, cupides, voraces et dont l’intelligence ne s’aiguisait que pour satisfaire leurs propres intérêts ? Si ces lois n'avaient pas été votées en leur temps, y aurait-il encore toutes les réserves foncières nationales qui font l'objet de tant de convoitises et de gourmandises actuelles ? Qui plus est, ces textes continuent-ils à garantir une protection optimale de la vision socialiste que l'on avait alors du foncier ? Une évaluation holistique de leur application permettrait de s'y prononcer en toute transparence et objectivité.
Au demeurant, comment ne pas regretter profondément et dénoncer avec la plus grande énergie la boulimie foncière et maritime qui enflamme le climat social et envenime les tensions sociales au Sénégal depuis l’avènement de la première alternance en 2000 ? Le plan REVA ou Retour Vers l’Agriculture et la Grande Offensive pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) ne furent-ils pas de simples leurres, des mirages ou des prétextes pour faire main basse sur le foncier ? En vérité, en dépit des missions confiées à l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) à l’Agence Nationale du Conseil Agricole et Rural (ANCAR) et aux services déconcentrés du ministère de l’agriculture et de l’équipement rural tels les Directions Régionales de Développement Rural (DRDR), les Services Départementaux de Développement Rural (SDDR), les Centres d’Appui au Développement Local (CADL) ex Centres d’Expansion Rurale et Polyvalents (CERP), qu’est-ce qui a été fait de viable et de durable pour s’appuyer de façon pérenne sur le socle du secteur agricole afin de construire une émergence économique ? Que des structures qui, sinon passent à côté, du moins peinent à remplir leurs missions ! Et pour preuve : « La GOANA, c’était des blagues ». C’est du moins le constat amer de Baba Ngom, le secrétaire général du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR), qui regroupe vingt-huit associations d’agriculteurs. Pour lui, Abdoulaye Wade s’est levé un beau matin pour décider, sans consulter personne, qu’il allait redistribuer des terres à des gouverneurs, des préfets, des marabouts… De gros clients politiques qui n’avaient jamais cultivé de leur vie. Renchérissait-il !
Abdoulaye Diallo, président de l'Association des Pionniers de la GOANA n’était guère plus tendre. Il craignait déjà pour l’avenir du retour à la terre prôné par le président Wade dans une zone particulièrement propice aux activités agricoles, une zone où l'on peut faire la pisciculture, l'élevage et l'agriculture et qu'il faut revaloriser pour de plus grandes performances. Ainsi, 100 hectares furent octroyés à l'association des pionniers sur les 255 qui représentent la superficie totale du domaine de l’ISRA à Sangalkam. Mais en dépit de l’engagement du président Wade en leur faveur, ils furent angoissés des velléités d’accaparement et de bradage des terres sur lesquelles ils ont été installés depuis 2008. Ne se plaignaient-ils pas de voir des barbelés qui délimitaient de vastes surfaces en train d’être bradées avec la complicité des services étatiques ? Des conseillers à l’expertise avérée en agrobusiness, se rendant compte que leur nomination n’avait servi que de faire-valoir au président, se sentirent obligés de rendre le tablier. Ils trouvaient inacceptable de cautionner un mélange d’amateurisme dans la conduite des programmes et d’affairisme dans l’acquisition de tracteurs brésiliens ou indiens inadaptés et des motopompes sans moteurs. Le juteux marché de 42,5 milliards pour les engins, fut confié à Cheikh Amar, un privé Sénégalais passé maître dans l’art de se faufiler entre les gouttes de pluie sans se mouiller.
Depuis la multiplication des plans de relance de l’agriculture sénégalaise, les questions suivantes demeurent sans réponses. Comment développer une agriculture qui ne soit pas assujettie à la pluviométrie ? Comment produire massivement en qualité pour se nourrir et pour vendre ? A-t-on le droit de promouvoir l’agrobusiness à travers la spoliation des terres ? Pourquoi attribuer à des étrangers (descendants d’anciens esclavagistes et de colons) des milliers d’hectares qui servaient de champs aux agriculteurs et de pâturage aux éleveurs locaux ? Pourquoi tant d’appétits déraisonnables pour l’agrobusiness, pourquoi tant de terres spoliées et bradées, de paysans dépossédés de leurs champs, bref pourquoi cette boulimie foncière des « paysans du dimanche » ? Comment passer à la modernisation de l’agriculture tout en veillant scrupuleusement à la protection des terroirs des collectivités territoriales ? Comment faire une réforme inclusive qui ferait à la fois la promotion de dignes investisseurs privés et de la paysannerie ? Comment concilier agrobusiness et exploitation familiale ? Un monde rural sans terres pour cultiver, produire et utiliser les ressources naturelles de sa terre-mère, ne perd-il pas son identité et toute sa dignité ? Or selon Laure Diallo d’Enda Pronat (Protection naturelle des territoires) plus de 800 000 hectares de terres sont accaparés au Sénégal, soit 33% des terres cultivées sur une surface effective cultivée de 2,5 millions d’hectares, sur un potentiel de 3,8 millions d’hectares. Malgré la présence des investisseurs-charognards, le Sénégal reste plus que jamais durement confronté à un problème de production, de transformation et de compétitivité industrielle. Les autorités ignorent peut-être que le vrai moteur de la croissance et du développement, c’est l’industrie. En conséquence, il faudrait que l’agriculture produise assez pour que l’industrie atteigne un niveau de transformation jamais égalé d’une autosuffisance intégrale et d’une souveraineté holistique. Or le Sénégal est un pays de consommateurs (plus de 800 000 tonnes de riz par an, 600 000 tonnes de blé importés avec plus de 300 milliards déversés à la Thaïlande, au Vietnam et au Cambodge. Malgré nos sols fertiles et sablonneux, nos pommes de terre nous viennent de l’Allemagne, nos oignons de la Belgique, notre lait et ses produits dérivés de la Hollande. On eût dit une absence totale de volonté politique à réduire la balance commerciale largement déficitaire. Ou encore un serviteur qui donne le fouet à son maître pour se faire sévèrement corriger. N’est-il pas alors temps que le Sénégal produise et exporte en quantité et en qualité pour avoir des devises ? Notre pays ne dispose-t-il pas déjà du potentiel hydrique idéal, de sols fertiles, (vallée du fleuve, Niayes, région naturelle de Casamance, Walo, Diéri, bassin arachidier…) de fertilisants et de la compétence technique avérée pour être le premier exportateur au monde des produits de base pour sa survie ? Et pourtant c’est au Sénégal où l’on n’arrive même pas à couvrir ses besoins essentiels en céréales locales et en fruits et légumes que l’on cède facilement des terres à des privés étrangers. C’est notamment le cas avec 100 hectares octroyés à Lion Agricole (une société Hollandaise) à Ngolfagnick, dans la commune de Notto-Jobass pour, de l’avis de Hans Ham coordonnateur de la ferme, produire et exporter annuellement entre 300 et 400 tonnes d’oignons de qualité vers la Hollande, la France, l’Espagne et la Côte d’Ivoire. Mais comment comprendre que le Sénégal dont la superficie totale est d’un peu moins de 200 000 km2, (cinq fois la Hollande et plus de six fois la Belgique, ses principaux fournisseurs de pommes de terres, d’oignons et de lait), accepte de leur céder ses terres fertiles comme pour mieux dépendre d’elles ? C’est dire que respecter les droits des citoyens à l’information sur le foncier est aussi une façon de lutter contre l’accaparement massif des terres en pensant aux générations futures.
Mais le Sénégal demeure le pays des paradoxes et des bizarreries. Et pour cause, n’a-t-il pas connu un président qui survolait Dakar en hélicoptère avec un curseur au laser pour mieux scruter, explorer et repérer les poches de terres encore disponibles au partage gouvernemental, parlementaire, religieux et corporatif ? La particularité de la bizarrerie sénégalaise réside dans les relations incestueuses entre le politique et le religieux. Pire, c’est lorsque les intérêts des populations sont véritablement en jeu, que cette mafia incestueuse du pouvoir temporel et spirituel atteint le paroxysme de la criminalité foncière associée à la délinquance économico-financière. D’ailleurs, la boulimie foncière et côtière du Sénégal n’est-elle pas comparable à une invasion acridienne sur des milliers voire des millions d’hectares de cultures en phase de récolte ? Ce qui résulterait inéluctablement sur le ravage des cultures et occasionnerait une famine et/ou une insécurité alimentaire endémique.
Pourquoi cette subite ruée sauvage vers la terre-mère ? Qu’est-ce qui a changé depuis les indépendances pour que l’on assiste, la mort dans l’âme, à ce furtif et progressif accaparement massif des terres en Afrique ? Voilà des questions parmi tant d’autres, qui ont retenu l’attention du Laudato Si Event, tenu du 9 au 13 mars 2020 à Abidjan sur le thème : «Droits Fonciers et Environnementaux de la Communauté». Une manière bien pensée et réfléchie pour la hiérarchie de l’Eglise catholique d’interpeller la conscience citoyenne panafricaine sur la mise en œuvre des programmes de développement à l’échelle continentale. Une façon subtile et intelligente de voir si les politiques s’efforcent en conscience, d’avoir toujours à l’esprit que le travail de développement doit répondre à la question fondamentale suivante : comment affectera-t-il l'économie, l'environnement et le social ? En d’autres termes, l’agro-écologie est-elle inscrite au cœur des politiques gouvernementales des pays africains ?
Au Sénégal l’on ne peut s’empêcher de cogiter et de s’interroger sur la pertinence et la cohérence des politiques publiques. Pourquoi Dakar qui ne représente que 01% des 196 712 km2 de la superficie nationale, concentre-t-il 30% de la population sénégalaise ? La forte concentration de la population et de l’activité économique dans Dakar ne crée-t-elle pas une macrocéphalie gênante et embarrassante ? Manifestement, c’est comme si une maison n’était utile, valable et valorisante qu’à Dakar. Une curieuse manière bien implicite de faire croire que rien ne marche en dehors de Dakar. Ce qui revient à nier que Dakar ne fut au départ qu’un simple village comme tant d’autres au Sénégal. Des villages qui n’aspirent qu’à se développer et à devenir des villes modernes. Voilà ce qui devrait constituer la vision et la mission des politiques. En plus d’offrir à la ruralité toute sa noblesse, sa beauté naturelle, son oasis fraîche de fraternité, sa douceur et toute sa chaleur humaine, il s’agirait aussi de faire reverdir les près de confiance, de fleurir les champs d’espérance et de bâtir une agriculture prospère au service de la communauté nationale. Ce serait au moins une preuve suffisante qu’une bonne politique de développement chercherait à transformer progressivement tous nos villages en villes. D’autant plus que villes et villages sont des vases communicants, donc interdépendants. Vouloir tout concentrer à Dakar fut sans doute, l’une des croyances anesthésiantes et rétrogrades qui ont totalement défiguré le Centre International pour le Commerce et l’Economie du Sénégal (CICES). Quelle honte que d’avoir construit dans l’enceinte du CICES des immeubles à usage d’habitation et professionnel ! D’aucuns y voient un cynique dessein savamment inavoué d’effacer l’un des grands ouvrages à l’actif de Senghor. Un ouvrage au coût fortement décrié et controversé au moment de sa réalisation. Mais un important ouvrage qui a perdu de son charme, de sa beauté, de sa splendeur et même de sa vocation originelle. Comme si la continuité d’un Etat devait se mesurer et s’assurer dans la mesquinerie, la sournoiserie sauvage et destructrice de l’œuvre de son ou de ses prédécesseurs à travers le dépeçage de plus de 80% du site du CICES. Quel gâchis ! Quelle honte ! Quelle gouvernance prédatrice du foncier ! L’esprit qui a prévalu au CICES, ne constitue-t-il pas une vision cancéreuse qui a même atteint le monde rural de ses métastases car le type d’habitat y est de plus en plus calqué sur le prototype de parcelles urbaines étroites, exigües, porteuses de stress et de tension sociale en déphasage avec nos réalités socioculturelles. Ce qui est valable au CICES, l’est tout aussi dans la bande des filaos de Guédiawaye et de Malika contre l’avancée de la mer, dans la forêt classée de Mbao poumon vert de Dakar, et dans la zone de captage où des terres qui préservaient la capitale sénégalaise des inondations ont été accaparées à travers une boulimie foncière sans précédent. Quoi de surprenant alors quand même des coopératives d’habitat, finissent le plus souvent en queue de poisson ou au tribunal ?
Pourquoi donc faire comme si l’autorité politique, judiciaire, universitaire, religieuse, culturelle et traditionnelle avait plus besoin du foncier/littoral que la collectivité nationale ? Les politiciens ont-ils conscience que c’est la population qui croît et s’élargit pendant que l’espace foncier se rétrécit et se raréfie ? Sont-ils alors satisfaits de leur servile idiotie à céder trop légèrement les terres de leurs paysans à des privés étrangers venus uniquement pour s’enrichir et pour rapatrier tous leurs gains/capitaux dans leurs pays d’origine ? Il y a lieu de craindre le pire lorsque le Sénégal n’arrive toujours pas à prendre en main sa souveraineté agricole. Il y a de réels motifs de s’inquiéter, de s’arrêter un moment pour cogiter en profondeur sur notre incapacité à couvrir nos propres besoins annuels en tomates, en pommes de terre et en oignons.
On feint de ne pas comprendre combien le risque est grand de voir ou des multinationales pilleuses de nos ressources, ou des sectes, des mafieux affairistes, des loges maçonniques, des narcotrafiquants et/ou des djihadistes soutenir un candidat à l’élection présidentielle qui, une fois élu, deviendrait de facto leur otage, leur pion, leur marionnette pour la défense de leurs intérêts. Les pays africains doivent se garder de signer tout contrat d’exclusivité qui compromettrait dangereusement leur indépendance et leur souveraineté. Ils ne doivent faire aucune concession qui hypothéquerait les chances de leurs populations d’accéder au bien-être et au bonheur. Ils doivent rester fermes et vigilants face aux investisseurs étrangers qui se comportent toujours en prédateurs-rongeurs. Ils doivent publier toute leurs conventions de partenariat et de financement, tous leurs protocoles d’accord et leurs contras d’action. Rien ne doit se faire à l’insu des populations supposées bénéficiaires. Car, en vérité, il ne faut jamais perdre de vue, que le meilleur partenariat demeure la souscription volontaire des parties au prorata de leurs moyens.
D’ailleurs quel investisseur étranger parmi ceux qui réalisent les plus gros bénéfices au Sénégal a réellement soutenu le Plan Force COVID-19 en réponse à l’appel solennel lancé par le président Macky Sall ? Lequel ? Comment peut-on prôner une bonne gouvernance, une gestion transparente, sobre et vertueuse et céder aussi facilement nos terres arables et notre littoral à des envahisseurs étrangers qui ne respirent que pour leurs propres intérêts ? Pourquoi tant de faiblesse coupable dont les dommages affectent directement les générations présentes et plus indirectement celles futures ? Les Sénégalais/Africains bénéficient-ils de telles largesses foncières et/ou côtières en Europe, en Asie, en Océanie ou aux Amériques ? Pourquoi se mettraient-ils naturellement et quasi fatalement en situation de faibles, de bernés et d’éternels perdants ? Pourquoi se plaisent-ils à aller à des négociations où leurs interlocuteurs les sous-estiment et les réduisent plus en proies qu’en partenaires ? Pourquoi se complaisent-ils tant à s’infantiliser et à se ridiculiser, d’un côté face à leurs interlocuteurs-prédateurs, et de l’autre, à jouer aux dictateurs-donneurs de leçons et aux malicieux-véreux avec leurs compatriotes ou frères et sœurs africains ? Pourquoi ne s’entourent-ils pas de sociologues, d’ingénieurs, d’avocats d’affaires et de conseillers juridiques compétents pour valablement défendre les intérêts du Sénégal lors de la signature des contrats de partenariat ? Quand des pays avec plus de quatre siècles d’esclavage et de colonisation sont toujours, après 60 ans d’indépendance incapables de développer leur agriculture, lorsqu’ils sont de surcroit, obligés de brader leurs terres et d’hypothéquer leurs ressources minières et halieutiques à de voraces prédateurs privés étrangers, ne donnent-ils pas raison à ceux qui les suspectent de leur être naturellement inférieurs ? N’est-ce pas révoltant, inacceptable ? Combien il est encore plus inacceptable de se rappeler que le Sénégal dont le Produit Intérieur Brut (PIB) était en 1960 supérieur à celui de la Corée du Sud, de Singapour et de la Malaisie, soit aujourd’hui financièrement et techniquement assisté par ces dragons d’Asie ?
Il n’est donc pas de l’intérêt du Sénégal de déléguer sa souveraineté alimentaire à des prédateurs étrangers invétérés. Ce serait comme perpétuer le travail des esclaves dans les plantations de canne à sucre et réveiller les blessures coloniales avec les travaux forcés. Le Sénégal comme tout pays africain au sud du Sahara a intérêt à développer et à promouvoir son agriculture par des agropoles modernes plutôt que des compter sur des investisseurs-charognards et envahisseurs étrangers qui ne feraient pas mieux que leurs prédécesseurs esclavagistes ou colons. Thomas Sankara ne mettait-il pas les dirigeants africains en garde contre l’impérialisme ? Le risque que l’Afrique soit emportée par sa négligence infantile, son insouciance puérile et son empressement aveugle à faire confiance à des apprentis sorciers, à des faiseurs de miracles qui ne se soucient que de leur salut. Autant de raisons qui prouvent que les agropoles doivent être multipliés et les domaines agricoles communautaires (DAC) démultipliés partout où la terre est propice à l’agriculture, au maraichage et à l’arboriculture. C’est l’une des voies de salut pour des productions-records et pour une bonne industrialisation du Sénégal. Quand on est sûr de cette réalité indéniable et fort du potentiel sénégalais encore largement sous-exploité, est-ce ambitieux de ne rechercher que l’autosuffisance en riz ? Ne faudrait-il pas plutôt se donner les moyens d’une autosuffisance durable en céréales locales (mil, riz, sorgho, blé, maïs, niébé …) et en fruits et légumes ? Le Sénégal n’a-t-il pas un des réseaux hydrauliques parmi les plus denses au monde ? N’est-il pas un pays riche de ses fleuves, ses lacs, ses rivières, ses étangs, ses marigots, ses eaux de ruissellement, ses nappes phréatiques peu profondes ? Pourquoi peine t-il si lamentablement à avoir une bonne maîtrise de l’eau pour se nourrir, nourrir toute la sous-région et pour enfin commencer à exporter l’essentiel des produits qu’il importe ? Et pourquoi ne pas promouvoir la transformation locale de tous ces produits pour créer des emplois et de la valeur ajoutée qui boosteraient notre économie ? Qu’attend le pouvoir central pour redéployer et réorienter l’entreprenariat vers des domaines d’activités encore vierges comme l’agro-industrie ? Le Sénégal ne peut plus et ne doit surtout pas manquer d’ambitions. Autrement, il restera une succursale d’entreprises européennes et asiatiques. Et si tel est le désir du gouvernement Sénégalais, il vaut mieux fermer le Fonds de Garantie et d’Investissement Prioritaire (FONGIP), le Fonds Souverain d’Investissement Sécuritaire (FONSIS) et la Banque Nationale pour le Développement Economique. Hélas, mais sans une morale républicaine au cœur de l’action publique, ces banques au capital si insignifiant, ne serviront pas de levier pour accompagner les entreprises locales dans l’industrialisation. Il ne faut surtout pas rêver éveillé.
Depuis Wade, le locataire du palais ne se satisfait plus de son pouvoir de nomination. Il ne veut pas et ne peut plus se contenter de nommer à des postes de responsabilité. Loin s’en faut ! Il veut aussi se distinguer dans le partage du gâteau politique et le lucratif morcellement du foncier par la distribution clientéliste des parcelles de terres à des particuliers. Pour réussir son pari, il n’hésite plus à tremper les chefs religieux, les hauts magistrats, la haute hiérarchie militaire, les universitaires, les capitaines d’industries et chefs d’entreprises jusqu’à leur moelle épinière. Il veut que la responsabilité ou plutôt que l’irresponsabilité soit partagée. Il ne veut pas à lui seul, endosser l’entière responsabilité du tong-tong foncier. Aussi, c’est la jouissance ou délectation foncière, d’autant plus que le titre foncier, naguère un sésame, s’obtient beaucoup plus aisément. En conséquence, des titres fonciers ont vite été attribués à 152 000 privilégiés (le terme n’est pas fort) sur 16 millions de Sénégalais.
Quid de la Commission Nationale de Réforme Foncière (CNRF) présidée par Feu le Professeur Moustapha Sourang ? Qu’est-ce qu’une réforme foncière qui ne sécuriserait pas les droits des populations (producteurs, éleveurs, femmes et jeunes) dans le respect des valeurs sociales ? Qu’est-ce qui est fait pour une gestion objective, constructive, inclusive et durable du foncier sénégalais ? Le droit foncier sénégalais doit-il reposer sur un calcul politicien, opportuniste ou électoraliste lourd de danger ? Comme si les autorités n’avaient pas pour obligation morale de mettre en valeur le foncier et plus particulièrement le littoral en termes d’utilité publique et économique. Ou alors seraient-elles incapables de valoriser nos terres avec nos propres ressources humaines sans dégrader l’environnement et sans porter préjudice aux générations futures ?
Mais à voir le morcellement de Dakar, en particulier celui des espaces réservés aux aires de jeux, l’on est même tenté de se demander si la protection de l’enfance ou le droit à un environnement sain et aux loisirs est vraiment un souci pour les autorités. Celles-ci n’hésitent même plus à confisquer des espaces réservés aux lieux de culte ou aux cimetières (des minorités surtout) pour par exemple de simples cantines à usage commercial. Et comble de malheur, des espaces hautement stratégiques pour notre sécurité et notre souveraineté sont pris d’assaut pour des intérêts partisans. Il urge de se demander si la sécurité des forces de défense a encore un sens pour les autorités qui désaffectent les sites militaires pour les vendre presque au franc symbolique à des affectataires qui, à leur tour, les revendent aux plus offrants ? Nous n’en voulons pour preuve que le 23ème BIMA français basé à Bel-Air et le Camp Général Idrissa Fall (ex- Camp Leclerc).
Au lieu de faire des installations légères, précaires et révocables, les nantis ne détruisent-ils pas, au contraire, le Domaine public naturel (les plages et les mers) occasionnant des conflits récurrents pour ensuite s’envoler avec leurs familles vers d’autres cieux à la recherche de bonnes plages ? Et à ce rythme, ne va-t-on pas vers une privatisation du littoral qui serait lourde de conséquence ? Un littoral qui risque de revenir à des privés étrangers qui dicteraient leurs lois aux nationaux et aux autochtones ? Or la loi stipule qu’à 100 mètres sur les terres (du Domaine maritime) il n’y pas de droit d’habitation. En d’autres termes, pour le domaine public maritime, il ne faut construire que des choses d’utilité publique. Il faudrait aussi revoir les accords de pêche en préservant les intérêts du Sénégal. Et pour cela, il ne faudrait même pas hésiter à rompre d’avec les bateaux-usines russes, chinois, coréens et européens qui pillent nos ressources halieutiques et exposent nos pécheurs à la vigilance trop zélée des gardes-côtes mauritaniens. Le Sénégal n’a-t-il pas une carte, une partition harmonieuse à jouer dans l’industrialisation de la pêche ?
Le président Macky Sall n’avouait-il pas, le 2 Novembre 2019, au Centre International de Conférence Abdou Diouf, lors de la Conférence des Affaires Africaines de l’Union Internationale du Notariat, que plus de 90% des alertes de risques de conflits qu’il recevait, provenaient du foncier ? Il venait de se convaincre et de persuader ses compatriotes que le foncier est non seulement objet de controverse, mais aussi facteur de tensions sociales et d’instabilité nationale.
C’est d’autant plus vrai qu’après le conflit casamançais né du foncier, des tensions sociales furent notées au Ranch de Dolly, à Dagana, à Diass, à Mbane, à Fanaye, à Gadaye, à Bambilor, à Kiniabour, à Guéréo, à Mbomboye, à Ndengueler, à Sindia, à Djilass, mais aussi sur la Corniche Dakaroise. Malheureusement, des pertes en vie humaine furent enregistrées à Fanaye, où Tampieri Financial Group, une société italienne s’est associée à Senthanol et Senhuile SA (une société de droit sénégalais) pour exploiter 20.000 hectares, à Djiokoul où 1.000 hectares furent attribués à Senegindia, une société indienne et à Bambilor où l’ancienne communauté rurale fut redécoupée, émiettée et mise sous délégation spéciale pour punir et affaiblir Omar Gueye, alors resté fidèle à Idrissa Seck. Le 28 août 2010, les populations de 07 villages de la communauté rurale de Sangalkam organisaient une marche de protestation contre ce qu’elles appelaient « les vautours du foncier », qu’elles soupçonnaient de vouloir faire main basse sur 25.000 hectares de leurs terres. En effet, une oligarchie sénégalaise et des privés charognards étrangers sont devenus les prédateurs du foncier national. Qu’est-ce qui est fait pour stopper cet hallucinant dépeçage du foncier national qui ne cesse d’excéder et d’exacerber les populations ? Combien de contentieux sur des parcelles à usage de champ ou d’habitation opposent des Sénégalais qui ne demandent qu’un toit pour se sécuriser et un lopin de terre pour une exploitation familiale ? Est-ce acceptable que dans un pays de droit comme le nôtre, des parcelles soient vendues à des personnes, puis illicitement revendues à d’autres, sans que les vendeurs/revendeurs véreux ne soient inquiétés ? Depuis combien de temps cette mascarade foncière est-elle en cours et jusqu’à quand va-t-elle encore durer à Thiès, à Saly Portudal à Ndiakhirate ou partout ailleurs dans le Sénégal ?
Et pourtant, le Sénégal s’est doté d’un arsenal d’organes de régulation et de corps de contrôle (Autorité de Régulation des Marchés Publics, Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes, Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel, Cour des comptes, Inspection Générale d’Etat, Inspection Générale des Finances, Direction de Contrôle des Marchés Publics, Office National de Lutte Contre la Fraude et la Corruption, Inspection des Affaires Administratives et Financières, Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières…) dont les sénégalais doutent de leur utilité. Nos gouvernants se préoccupent-ils de l’assainissement de l’environnement des affaires et de la lutte contre la corruption et la concussion ? Suffit-il de multiplier les corps/organes de contrôle pour les rendre efficaces ? Le peuple n’a-t-il pas au contraire la conviction intime de se retrouver en face d’une pléthore d’institutions de régulation et de contrôle trop couteuses et sans réelle valeur ajoutée ?
Il incombe individuellement et collectivement aux sénégalais de faire en sorte que le foncier ne soit pas comme un corps-paysage en état de putréfaction avancée. Car si tel était le cas, il risquerait non pas d’empoisonner par asphyxie, mais d’embraser tout le Sénégal. Pourquoi un président de la république doit-il si facilement déclassifier des terres ? Pourquoi ne pas limiter ses trop grands pouvoirs ? Ne faudrait-il pas revoir les conditions d’attribution des terres et des permis de construire ? Pourquoi ne pas, une fois pour toutes, assainir, dépolluer, remettre de l’ordre dans la gestion foncière (bail, déclassement ou titre foncier) ? Ne faudrait-il donc pas, par mesure de prudence, encadrer et limiter le pouvoir d’affectation de terres donné à l’Etat à travers ses services (impôts et domaines) et aux maires ? Pourquoi le Sénégal ne disposerait-il pas enfin d’un Plan de Code Foncier et Domanial qui pendrait en compte aussi bien le Domaine National Urbain que le Domaine National Rural ? Les enjeux (politiques, sociaux, financiers, environnementaux) présents et futurs sont si importants qu’il faudrait en toute transparence harmoniser ce plan de code foncier et domanial au code minier et au code de l’eau.
par Elhadji Moussa Tine
L’ÉCOLE SÉNÉGALAISE OU LA CULTE DE TRANSMISSION VERTICALE DES CONNAISSNACES
En pliant bagage pour rentrer, le colon a jugé nécessaire de se muer dans un système de formation de légionnaires œuvrant exclusivement pour servir ses intérêts
Notre système de transmission des connaissances est désuet.
Au-delà des cérémonies pompeuses de célébration de nos déclarations d’indépendance, les colonisateurs n’ont pas coupé le cordon ombilical qui relie tant bien que mal l’Afrique à l’Occident aussi bien sur nos imaginaires que sur notre mode de vie. Dans toutes leurs colonies, ils ont subtilement substitué le gouverneur blanc par un président noir sous leur tutelle absolue, quid à tirer une balle depuis l’hexagone sous la tempe - cette partie du corps humain située entre l’oreille, la joue et le front - du commis si toutefois il servirait par quelconque manière les intérêts de son peuple au détriment des leurs. Peu importe qu’il soit élu au suffrage universel direct par son peuple, il doit se soumettre et plier genou devant cette sentence pluriséculaire : servir l’Occident en se servant de sa patrie.
En pliant bagage pour rentrer, le colon a jugé nécessaire de se muer dans un système de formation de légionnaires œuvrant exclusivement pour servir ses intérêts : presser le fruit pour recueillir la quintessence de sa substance nutritive et remettre délicatement à la poubelle sa pulpe nauséabonde et inutile. Il fallait partir physiquement mais planer intellectuellement tout en bâtissant de vrais colons à la peau ébène pour maintenir la continuité de l’œuvre coloniale. La course fut ainsi lancée pour trier, sélectionner, formater et maintenir dans la continuité l’aliénation.
Qui de plus prédisposé que les futurs élites des états-nations ?
L’écolier !
L’écolier à un certain niveau d’étude commence à remettre en cause certaines pratiques sociétales auxquelles il va finir par ne plus s’y identifier voire même à les répudier. Esseulé, inculte, comme un étranger au sein de sa communauté, tous ses rêves sont obnubilés par une quête de rationalité occidentale. Il va finir par rompre cette chaîne saine et subtile qui la relie à ses ancêtres auxquels il n’aurait juste pas fait le recul nécessaire pour y faire une critique plus approfondie qui allait naturellement le guider à se l’approprier et à la perpétrer. Le Lébou n’arrive plus à s’identifier aux pratiques mystiques des séances de Ndeup dont ses secrets au cours du temps se dissiperont au gré des vents dans les vans insipides des héritiers. L’on pourrait en dire autant sur le rite d’initiation Ndut de la culture Serer, étape importante pour tout serer, un moment fort important de renouer encore le lien avec leur tradition avant de se projeter dans les aventures hasardeuses de la vie adulte. Il en est de même au Bukut Diola où l’école du Bois Sacré, lieu mythique où l’initié s’encre et s’attache au pieu de sa tradition avant d’aller conquérir le reste du monde.
Et l’école française bascule tout !
A l’école française on est dans une logique de transmission verticale des connaissances où un instituteur est devant ses élèves, bâton dans une main et craie dans l’autre, les faisant assimiler de gré ou de force des connaissance, en dehors de toute critique, sans aucune cure de zététique, dans une langue qui leur est nouvelle et étrangère. De temps à autre on passe au contrôle de leurs acquis sanctionné par une moyenne de passage en classe supérieure ou par un diplôme attestant une fin de cycle tout en constituant la clé qui ouvre le cycle suivant.
par Jean Pierre Corréa
RETOUR AUX SOURCES DU MAGAL DE TOUBA ?
L’Etat ne peut faire pas preuve de faiblesse coupable et de manque d’autorité réunis, car d’autres rassemblements religieux succèderont au Grand Magal 2020. Gouverner, c’est aussi prendre des risques politiques et assumer des responsabilités
À la suite des propos tenus par Monsieur Mary Tew Niane concernant l’opportunité de célébrer en cette année 2020 le Grand Magal de Touba, compte tenu des risques d’aggravation de la pandémie de la Covid 19, renforçant ses propos enrobés de prudentes circonvolutions de langage, d’images du Hadj 2020 de La Mecque qui s’est résignée à n’accueillir « QUE » 10.000 pèlerins, certains dignitaires mourides, notamment Serigne Mourtada Ibn Serigne Lahad Mbacké, ont menacé tous ceux qui auraient eu l’idée de contraindre le Grand Serigne à une décision aboutissant à une non tenue du Magal, disant même que c’était un risque de voir du sang couler. Ces propos n’engagent que lui, puisque le Khalife Général des Mourides ne s’est pas encore exprimé sur cette brûlante question aux allures d’embarrassante « patate chaude ».
Le problème est d’une simplicité « biblique » et se factorise aisément. Quelle est la possibilité de tenir ce Magal 2020, quelles sont les recommandations du Prophète (PSL), quelles sont celles de Serigne Touba lui-même, sur ce qu’il conviendrait de faire en respect de la dévotion de tout un chacun, prenant compte de notre sécurité sanitaire, mais aussi quelles sont les responsabilités de l’état dans cette défiance brandie par certains dignitaires mourides ? Où en est l’autorité de l’état ? Quelles doivent être les limites de ses prérogatives dans la préparation du Magal 2020, et quels sont les dessous qui accompagnent ce forcing à tenir le Magal quoi qu’il arrive, au mépris de la sécurité sanitaire des sénégalais ? De manière apaisée, faisons le tour de la question…
L’idée qu’un intellectuel, en l’occurrence Mary Tew Niane exprime une opinion, est-elle devenue impossible au Sénégal sous peine d’être catalogué comme mécréant ? Ce dernier n’a d’ailleurs jamais préconisé quelque report de Magal que ce soit. Il a juste fait observer que la Mecque, qui représente tout de même un lieu d’importance pour la Ummah Islamique, jusqu’à preuve du contraire, avait su, grâce à la responsabilité des autorités saoudiennes confrontées à la Covid 19 et à ses ravages causés par une telle promiscuité, avait adopté des mesures drastiques pour protéger le monde entier des conséquences funestes du plus grand rassemblement humain de la planète, qu’est le grand pèlerinage de la Mecque. Proposant ainsi quelques pistes de réflexions autour desquelles les pouvoirs temporels et religieux pouvaient trouver des solutions empreintes de responsabilité et de considération pour une situation qui devient explosive et face à laquelle il ne convient pas du tout de dérouler une « Politique de l’Autruche » dont le pays pourrait ne jamais se relever.
Est-il raisonnable d’organiser le grand Magal de Touba comme les autres années, sachant que c’est cette promiscuité qui peut favoriser l’explosion du virus quelques jours plus tard ?
Quelles sont en ces circonstances les recommandations divines et celles qu’aurait faites Serigne Touba ?
Compte tenu de l’Histoire même des Magals de Touba, ne serait-ce pas là qu’un simple retour aux sources ? En effet, selon de nombreux exégètes du Mouridisme, jusqu’à l’avènement de Serigne Fallou au Kalifat, les célébrations du départ d’exil de Cheikh Ahmadou Bamba avaient lieu chez les fidèles et avaient des allures de « Grand Thiant ». Mais on ne peut non plus ignorer la dimension extraordinaire prise depuis lors par le grand Magal de Touba qui se déroule sous les feux médiatiques et religieux du monde entier, et c’est heureux… Mais il convient de considérer comme prioritaire la lutte contre l’expansion de cette pandémie qui fait non seulement des ravages sanitaires dans notre pays à l’instar du monde entier, mais qui plonge notre déjà fragile économie dans un insoutenable marasme.
Le problème est que cette pandémie convoque certes une responsabilité collective, mais nous commande plus fortement d’exercer avec rigueur notre responsabilité individuelle, celle qui fait de nous des hommes…Tout simplement. Faut-il en appeler à la responsabilité des fidèles eux-mêmes face la dissémination probable du Virus après ce Magal ? Notamment celle des pèlerins venant de l’étranger et qui seraient empêchés de retourner là où ils gagnent l’argent qui fait vivre leurs familles ? Ne pourrait-on pas aussi faire des live vidéos dans chaque demeure de marabouts pour que les fidèles qui sont tous armés de smartphones puissent vivre leur foi ?
Le chercheur sénégalais Bakary Sambe, qui pose le tour de la question parmi les plus aiguisés, précise que « l’autre particularité du Sénégal est que la gestion du religieux est faite de fuites en avant en différant les questions « sensibles ». Chaque régime laisse au suivant la patate chaude religieuse : délimitation du statut et des prérogatives des religieux, réforme de l’enseignement. Le manque de courage politique et des calculs électoralistes sont à l’œuvre, alors qu’il s’agit, avec le Coronavirus et sa gestion, d’un enjeu vital pour l’avenir du Sénégal. Gouverner, en dehors de prévoir, c’est aussi prendre des risques politiques et assumer des responsabilités ». Quant à évoquer certaines faiblesses politiciennes, Bakary Sambe suggère que « les « consensus mous » ne sont jamais durables, rien que par l’évolution des acteurs et de leurs intérêts. Ceux « supérieurs » doivent guider la conduite des affaires d’un pays, au-delà des logiques de conservation ou de consolidation du pouvoir. Le vrai réalisme est celui qui fait prendre conscience qu’acheter la paix mène souvent à la guerre ».
En fait, l’État ne peut faire pas preuve de faiblesse coupable et de manque d’autorité réunis, car d’autres rassemblements religieux succèderont au Grand Magal 2020. Organiser des CRD, financer les travaux, mettre la force publique au service du Magal 2020 n’est-il déjà pas la marque d’une dualité du pouvoir politique ?
Ne négligeons pas pour autant un aspect important du problème… Il ne faudrait pas que cette insistance à tenir le Magal malgré les risques sanitaires puisse être considérée comme juste mue par l’idée du gain ou un risque de déficit d’Adiyas. La relation du talibé à Serigne Touba va bien au-delà de l’aspect pécuniaire, mais pourrait-on adapter davantage le Magal 2020 aux nouvelles technologies qui permettraient à tous les fidèles d’envoyer leurs Adiyas par Wari, Orange Money ou Touba Transfert ? Ce qui est sûr est que le Magal 2020 ne peut se tenir, dans la forme, comme les précédentes. Il s’agit dès lors, en toute lucidité, de poser toutes les alternatives sur la table pour que ces manifestations ne soient pas sources d’explosion des contaminations. Pour cela, ayons confiance en la responsabilité du Khalife.
Quel serait le signe d’un courage politique ? Poser franchement les conditions d’un dialogue responsable et serein, pour éviter que plus tard on n’ait même plus de dents pour s’en mordre les doigts. Et que, par coupable faiblesse, l’on soit contraint de dire ces choses…tout bas…
KAMALA HARRIS, LE CHOIX PRAGMATIQUE DE JOE BIDEN
René Lake lève le voile au micro de la VOA, sur les raisons ayant motivé la désignation de la sénatrice de la Californie comme colistière du candidat démocrate à la présidentielle de novembre prochain
René Lake lève le voile au micro de la VOA, sur les raisons ayant motivé la désignation de la sénatrice de la Californie comme colistière du candidat démocrate à la présidentielle de novembre prochain. L'analyste politique donne également quelques atouts de celle qui pourrait devenir la première femme noire vice-présidente des Etats-Unis.
LE PROJET DE LOI PORTANT STATUT DE L’ARTISTE ET DES PROFESSIONNELS DE LA CULTURE ADOPTÉ
Selon le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, ce projet de loi traduit ‘’la sollicitude et la considération du chef de l’Etat à l’endroit de la communauté artistique’’.
Dakar, 13 août (APS) – Le gouvernement sénégalais, réuni mercredi en conseil des ministres, a examiné et adopté le projet de loi relatif au statut de l’artiste et des professionnels de la culture, a appris l’APS de source officielle.
Selon le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, ce projet de loi traduit ‘’la sollicitude et la considération du chef de l’Etat à l’endroit de la communauté artistique’’.
‘’En ordonnant la finalisation [du texte], le président de la République a rendu possible le parachèvement d’un processus attendu depuis plus d’une décennie par la communauté artistique’’, a souligné M. Diop dans un communiqué reçu à l’APS.
Le Sénégal va introduire dans sa législation des mesures phares pour la réglementation de l’emploi, les conditions de travail et de vie des artistes, pour marquer une rupture définitive avec l’informel qui, selon le ministre, ‘’plombe si lourdement le développement du secteur et l’épanouissement du monde culturel’’.
Pour Abdoulaye Diop, cette loi est le fruit d’un travail ‘’inclusif et participatif’’, auquel ont contribué ‘’toutes les parties prenantes, fortement engagées’’. Elle ‘’vient ainsi remédier à la faible structuration d’un secteur qui a jusqu’ici souffert de l’absence de statut permettant aux artistes et autres professionnels de la culture de jouir des bénéfices et avantages que le code du travail octroie à la quasi-totalité́ des autres catégories de métiers en matière de prestations sociales, de protection contre les risques ou de droit à la santé, entre autres’’.
‘’Il s’agit surtout de reconnaître à l’artiste la qualité de travailleur culturel, au sens de l’Organisation internationale du travail, d’encourager sa promotion en assurant sa protection, sa dignité et son intégrité, sans porter atteinte à sa liberté de création, d’expression et de communication’’, avait expliqué Alioune Badiane, l’un des experts qui ont pris part à l’élaboration du projet de loi.
La loi portant statut de l’artiste et des professionnels de la culture doit apporter des réponses significatives aux préoccupations des artistes et des acteurs institutionnels et non -étatiques agissant dans le secteur culturel.
Le statut de l’artiste et des professionnels de la culture concerne, entre autres, la formation, l’information professionnelle, la production, l’emploi, la promotion, la protection sociale et l’accès aux ressources financières.
Selon les artistes et professionnels de la culture, ce projet de loi vient combler un vide avec l’absence d’un dispositif législatif et réglementaire s’appliquant aux artistes.
‘’Ce sont des travailleurs. Même s’ils (les artistes) évoluent dans un secteur particulier, qui est celui de l’esprit, [ce] sont des travailleurs. Ils n’étaient soumis à aucune réglementation spécifique’’, avait dit l’ancien secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, Birane Niang, lors d’une réunion sur le statut de l’artiste.
Ainsi, après le vote de la loi 2002-18 du 15 avril 2002 portant organisation des activités de production, d’exploitation et de promotion cinématographiques et audiovisuelles et de la loi 2008-09 du 25 janvier 2008 sur le droit d’auteur et les droits voisins au Sénégal, l’Etat affiche sa volonté de franchir une étape nouvelle dans la prise en charge de l’exercice des professions artistiques.
LES QUOTIDIENS S’INQUIÈTENT DE LA RECRUDESCENCE DU CORONAVIRUS
Dakar, 13 août (APS) - La propagation du nouveau coronavirus est le sujet qui a le plus retenu ce jeudi l’attention d’une grande majorité des quotidiens dakarois.
L’As signale que le Sénégal a enregistré ‘’207 nouvelles contaminations dont 115 communautaires et quatre décès en vingt-quatre heures’’. Le journal ne cache pas son inquiétude en soulignant en manchette que ‘’le Sénégal s’enfonce dans la zone rouge’’.
Le Quotidien trouve lui aussi que ‘’l’évolution du coronavirus dans le pays est plus que préoccupante’’. Le journal observe que ‘’rien que pour la journée d’hier (mercredi), le Sénégal a enregistré pour la première fois plus de 200 nouvelles contaminations au Covid-19 en un jour’’.
Il relève que ‘’depuis l’apparition de cette maladie, il est rare que le nombre de cas communautaires dépasse celui des contacts suivis comme c’est le cas’’ ce mercredi où 115 infections issues de la transmission communautaire ont été recensées, contre 92 contacts suivis.
Cela fait dire au journal que ‘’la tendance communautaire se poursuit’’.
‘’Explosion de tous les cas’’, alerte Source A, faisant état d’un bilan de 242 morts et de 52 cas graves. Le journal estime que cette augmentation cas de Covid-19 est la conséquence de la grande mobilité des populations lors de la fête de la Tabaski, qui a eu lieu le 31 juillet.
Source A évoque également le rapport des experts sur l’utilisation du Covid-Organics, ce médicament fabriqué à Madagascar pour soigner la maladie à coronavirus.
Le journal souligne, citant les experts, qu’‘’il est temps que le comité éthique donne son avis, pour qu’ils (les médecins chargés du traitement des patients) sachent s’ils doivent continuer ou arrêter leurs efforts’’.
En attendant, L’Observateur ne cache guère son pessimisme sur l’évolution de la maladie au Sénégal. ‘’Le pire est devant nous’’, s’alarme le journal, citant le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann, à Dakar, le professeur Moussa Seydi.
Vox Populi informe que de ‘’nouveaux symptômes’’ ont été ‘’détectés chez les personnes âgées’’. ‘’Démence, chûtes, sommeil continu : comment [le Covid-19] frappe les vieux’’, titre le journal, qui a recueilli les explications du docteur Seydina Diagne, gériatre, médecin-chef du centre médico-social de l’IPRES, l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal. Le médecin affirme qu’‘’une personne qui n’avait pas de signe de démence peut se retrouver avec des troubles’’. Et d’ajouter : ‘’Il faut chercher dans toute pathologie aiguë le Covid-19’’.
Dans WalfQuotidien, le porte-parole du ministère de la Santé, Mamadou Ndiaye, précise que le Sénégal n’a encore passé commande d’‘’un quelconque vaccin’’ contre le Covid-19. ‘’Il faut d’abord qu’on ait toute la documentation scientifique’’ d’un vaccin pour l’utiliser, rappelle-t-il, concernant le ‘’Spoutnik V’’, le vaccin mis au point par la Russie.
Le même journal annonce que ‘’des collectifs d’étudiants, de victimes expropriées de leur terres et de travailleurs abusés vont battre demain (vendredi) le macadam si l’Etat ne réagit pas à leurs doléances’’.
Les sujets abordés mercredi par le chef de l’Etat, Macky Sall, lors du conseil des ministres, ont également attiré l’attention de certains quotidiens. Selon EnQuête, le chef de l’Etat a ‘’invité ses ministres concernés à relancer la construction du port de Ndayane (ouest) et le Programme de réhabilitation des aéroports du Sénégal’’.
‘’Aéroports, port de Ndayane, situation des Sénégalais en Argentine : Macky [Sall] ‘presse’ ses ministres’’, écrit Sud Quotidien.
‘’Macky Sall actualise le portuaire et l’aéroportuaire’’, lit-on dans Tribune.
Le Soleil annonce que le président de la République souhaite ‘’un règlement définitif des impenses’’, concernant le port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou (ouest).
Le même journal évoque le ‘’drame social’’ que constitue le refus de paternité.
UN COCKTAIL EXPLOSIF
Un cercle de feu entoure le Sénégal, au vu des crises de toutes sortes et des conflits en cours çà et là en Afrique, jusque même dans la sous-région
Vives critiques de l’opposition ivoirienne, après la déclaration de candidature du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat, sans oublier les manifestations des jeunes à Abidjan et à l’intérieur du pays contre cette candidature. En Guinée, les mobilisations anti Condé avaient été plusieurs fois réprimées, faisant des dizaines de morts parmi les manifestants. Le Mali voisin est confronté à une crise socio-politique qui a obligé les Etats de la Cedeao à s’impliquer pour une sortie de crise. Ici aussi, au Sénégal, la crainte de l’effet Pangolin avait poussé les autorités à lever les mesures de restrictions dans la lutte contre la Covid-19, qui est loin d’être gagnée. Tout un cocktail explosif dans la sous-région et dans le pays qui n’augure rien de bon pour le Sénégal.
Un cercle de feu entoure le Sénégal, serons-nous tentés de dire, au vu des crises de toutes sortes et des conflits qu’on observe çà et là en Afrique, jusque même dans la sous-région. Ou encore, face à l’intolérance dont font montre les jeunes, de plus en plus actifs et connectés sur les réseaux sociaux, tout comme les organisations régionales et les partenaires internationaux décidés à en finir avec certains dirigeants déterminés qu’ils sont à se momifier au pouvoir. De toute évidence, plusieurs facteurs attirent l’attention des observateurs avertis et soucieux de la stabilité dans la sous-région et par ricochet pour le Sénégal.
RISQUE D’INSTABILITE POLITIQUE EN PRESPECTIVE DES ELECTIONS PROCHAINES EN COTE D’IVOIRE
Déjà, en Côte d’Ivoire, au lendemain de son discours prononcé à l’occasion du 60ème anniversaire de l’Indépendance, les réactions à l’officialisation de la candidature à un troisième mandat du président Alassane Dramane Ouattara (ADO) campent le décor d’une Côte d’Ivoire divisée. D’un côté, des partisans soulagés de voir le chef de l’État défendre les couleurs du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). De l’autre, une opposition qui dénonce une candidature à ses yeux illégale. Entre les deux, une opinion publique inquiète, surtout après les manifestations à Abidjan et à l’intérieur du pays, pour dénoncer la candidature du président Alassane Ouattara. Dans la commune de Yopougon (Nord d’Abidjan), tout comme dans les villes de Bonoua (Sud ivoirien) et de Soubré (Nord-ouest), des jeunes ont, soit érigé des barrages et incendié des pneus, soit organisé des marches pour dire non à un troisième mandat. Le moins que l’on puisse dire, le risque d’instabilité en vue des présidentielles du 31 octobre prochain, pèse sur le pays. La crise postélectorale de 2010-2011 reste encore fraiche dans les mémoires.
L’OPPOSITION GUINEENNE VENT DEBOUT CONTRE UNE TROISIEME CANDIDATURE
On n’est pas loin du même scénario en Guinée, où le président Alpha Condé est désigné candidat à la présidentielle d’octobre prochain par les délégués du parti au pouvoir en Guinée (RPG-Arc-en-ciel), ainsi que la Coalition démocratique pour le changement dans la continuité (CODECC), qui réunit des partis politiques alliés au RPG-Arc-en-ciel. Pourtant, bien avant ces propositions, l’opposition guinéenne, qui était persuadée de la troisième candidature du président sortant, avaient lancé le Front national pour la défense de la Constitution (Fndc), formé des principaux partis d’opposition et d’organisations de la société civile. Leur mobilisation anti-Condé avait été plusieurs fois réprimée, faisant des dizaines de morts parmi les manifestants. Pour autant, le Front n’en démord toujours pas, même s’il a reporté son appel à manifestation du jeudi 6 août dernier, «en raison des examens scolaires». Un front a été ouvert dans la diaspora, avec un collectif d’opposants dénommé “Collectif pour la transition en Guinée“. La dite entité a déclaré avoir déposé une plainte devant le Parquet financier de Paris, mardi 4 août, contre le président Alpha Condé et plusieurs de ses proches pour corruption, trafic d’influence et blanchiment de corruption.
MALI : LE M5-RFP SE BRAQUE, MALGRE LES PROPOSITIONS DE SORTIE DE CRISE DE LA CEDEAO
Quid de la crise socio-politique au Mali, qui a obligé les chefs d’Etat de la Cedeao a, non seulement dépêcher une mission de médiation à Bamako, mais surtout à organiser un sommet extraordinaire des chefs d’Etat sur la situation au Mali ? En tout état de cause, malgré les propositions de sortie de crise formulées par la Cedeao, dont la formation d’un gouvernement d’union national, la démission des 31 députés, entre autres, le Mouvement du 05 juin (M5-RFP) a encore manifesté le mardi 11 août, à Bamako. Avec à leur tête leur leader moral, Imam Dicko, les responsables du mouvement contestataire réclament toujours la démission du président de la République, Ibrahima Boubacar Keita et le départ de son Premier ministre. Ils demandent, aussi, la libération du chef de file de l’opposition, enlevé par des hommes armés alors qu’il battait campagne pour le premier tour des élections législatives de mars dernier.
MACKY DECRYPTE LE MESSAGE DE LA RUE ET PREND AU SERIEUX LA NOTE DU QUAI D’ORSAY SUR L’EFFET PANGOLIN
Au Sénégal, le pilotage à vue dont ont fait montre les autorités, vacillant entre reculades spectaculaires, décisions controversées et stratégie de riposte inexistante, ou du moins, inconnue et/ou incomprise des populations, avait soulevé un dégout généralisé des jeunes du pays très dynamiques dans le secteur informel. Fort heureusement, le chef de l’Etat avait très tôt fait de décrypter le message des manifestations à Thiès, Touba, Mbacké (pour la levée de l’interdiction du transport interurbain), Tambacounda (intifada des Jakartamen), Cap-Skiring (émeutes de l’eau), Niary-Tally, Grand-Yoff, Grand-Dakar et Pikine, mais aussi à Kaolack et Kaffrine. En Conseil des ministres, le mercredi 3 juin dernier, le président Sall avait donné instruction aux ministres en charge des Transports terrestres et aériens, en relation avec le ministre de l’Intérieur, de travailler avec les partenaires du secteur des transports, à la levée des restrictions selon des modalités à convenir. Sitôt dit, sitôt fait. C’est pour dire que le chef de l’Etat, Macky Sall, à travers cette oreille attentive tendue à la rue, accorde une attention particulière à la note du Quai d’Orsay sur l’Afrique et les conséquences de la pandémie. Dans ladite observation du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (Caps) du Quai d’Orsay publié par La Tribune, intitulée «L’effet Pangolin : la tempête qui vient en Afrique ?», les auteurs estiment que la pandémie de la Covid-19 pourrait être «la crise de trop, qui déstabilise durablement, voire qui mette à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale)». Le président Sall a alors compris que les mesures de restrictions sont en train de saper l’équilibre fragile de l’informel, économie de survie quotidienne essentielle au maintien du contrat social, comme le prédisait ladite note du Caps du Quai d’Orsay.
LE DANGER N’EST JAMAIS LOIN
Toutefois, le danger n’est pas encore loin, dans la mesure où la forte propagation de la pandémie de la Covid-19 dans le pays, après la levée des restrictions et le relâchement général, a obligé les autorités à corser à nouveaux certaines mesures. Ce qui n’a pas été sans conséquence, d’autant plus que, le dimanche 9 août dernier, des jeunes en colère ont attaqué la Gendarmerie de Ballou, dans la région de Tambacounda, faisant 2 blessés dans les rangs des gendarmes. La raison, ils ont été empêchés de jouer au football, conformément à l’interdiction de rassemblements dans le cadre de la riposte contre la Covid-19.
Ailleurs, des autorités religieuses commencent à ruminer leur colère suite à une proposition de l’ancien ministre de l’Enseignement Supérieur, Mary Teuw Niane, notamment de ne célébrer le Magal et les Gamou qu’à titre symbolique pour éviter les grands rassemblements, terreaux propices à la propagation de la pandémie. A cela s’ajoute le déterrement de la hache de guerre par l’opposition «radicale» à cause de la gestion jugée «scandaleuse» de la Covid-19. Que dire des mouvements d’humeur de certains syndicats, ou encore les activations de certaines organisations de la société civile regroupées autour de «Aar Linu Bokk», «Nio Lank», «Doy na», etc. Si en plus de ces facteurs, le régime du président Macky Sall devait en rajouter une couche, avec l’histoire du troisième mandat, qui fait déjà polémique, alors qu’on est loin de 2024, le cocktail risque d’être très explosif.