SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
30 avril 2025
Politique
L'OPPOSITION TOUJOURS VENT DEBOUT CONTRE IBK
Après deux mois d'une mobilisation anti-pouvoir qui inquiète de plus en plus la communauté internationale, la coalition contestaire au Mali a rejeté mardi le plan de sortie de crise de la CEDEAO et exige "plus que jamais" la démission du président
Après deux mois d'une mobilisation anti-pouvoir qui inquiète de plus en plus la communauté internationale, la coalition à la tête de la contestation au Mali a rejeté mardi le plan de sortie de crise ouest-africain et exige "plus que jamais" la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Lundi, les 15 présidents de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis en sommet extraordinaire par visio-conférence, ont lancé un appel solennel à l'"union sacrée" des Maliens et fait des "recommandations" pour un retour à la normale, menaçant de sanctions les récalcitrants.
Ils ont dit craindre une répétition du scénario de 2012, quand un coup d'Etat avait favorisé la prise de contrôle du nord du pays par des groupes jihadistes, qui auraient pu étendre leur mainmise sur l'ensemble du Mali sans une intervention internationale à l'initiative de la France, qui se poursuit.
Les violences jihadistes, souvent entremêlées à des conflits communautaires et à du banditisme, se poursuivent et se sont même étendues depuis 2015 au centre du Mali et aux pays voisins, Burkina Faso et Niger.
Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont accentué la pression en exhortant toutes les parties à "suivre ces recommandations sans délai", après avoir exprimé leur "profonde préoccupation".
Mais le Mouvement du 5-juin - Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), coalition hétéroclite d'opposants politiques, de chefs religieux et de membres de la société civile, a une nouvelle fois rejeté mardi le plan de sortie de crise.
Dans un communiqué, il a dit avoir "appris avec étonnement les conclusions du Sommet extraordinaire" de la Cédéao, "lequel continue de ramener la crise sociopolitique au Mali à un simple contentieux électoral du deuxième tour du scrutin législatif" de mars-avril.
Le mouvement "constate, avec regret", que les recommandations de la Cédéao "ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise" et estime qu'elles "ne correspondent aucunement aux attentes et aspirations du peuple malien".
La coalition, qui s'appuie sur son alliance avec l'influent imam Mahmoud Dicko, ancien soutien du président Keïta, dit "IBK", devenu sa bête noire, "exige plus que jamais la démission de M. Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime", selon le communiqué.
- 'Syndicat de présidents' -
"La Cédéao ne peut rien imposer au Mali, encore moins sanctionner les responsables du M5-RFP", a déclaré mardi à l'AFP un étudiant de l'université de Bamako, Yaya Ouattara.
"On pensait qu'ils avaient arrêté d'être un syndicat de présidents, mais la surprise fut grande quand ils ont ignoré les vrais problèmes des Maliens", a ajouté l'étudiant de 27 ans.
"Les solutions de la Cédéao peuvent être appliquées, à condition que le président IBK organise un dialogue préalable.La Cédéao a fait son devoir mais le reste c'est l'application.Nous souhaitons la paix et la tranquillité au Mali.Il faut qu'on se parle ici et maintenant", estimait pour sa part Awa Diallo, gérante d'une boulangerie à Bamako.
Le M5-RFP, qui avait décrété une "trêve" jusqu'à après la grande fête musulmane de l'Aid al-Adha prévue vendredi, affirme que le "peuple malien demeurera mobilisé et déterminé pour la mise en œuvre de son droit constitutionnel à la désobéissance civile", selon le communiqué.
Au climat d'exaspération nourri par des années d'instabilité sécuritaire dans le centre et le nord du Mali, le marasme économique ou une corruption jugée endémique est venue s'ajouter l'invalidation par la Cour constitutionnelle d'une trentaine de résultats des dernières législatives.
Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir avait dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012, qui ont fait entre onze et 23 morts.
- 'Sanctionner IBK' -
Lors de leur sommet, les dirigeants ouest-africains ont réclamé la "démission immédiate des 31 députés" contestés, une "recomposition rapide de la Cour constitutionnelle" et la formation d'un "gouvernement d'union nationale, tout en excluant un départ forcé du président Keïta.
Ils ont "encouragé" le M5 à "participer" à ce gouvernement, et ce dans un "esprit de patriotisme".
En réponse, M. Keïta a constitué lundi soir un cabinet restreint pour "négocier avec les parties" la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Les décisions de la Cédéao, estime toutefois le M5, "reposent sur des approximations très improbables telles que la démission hypothétique de députés" ou "l'injonction" de nommer "aux forceps" une nouvelle Cour constitutionnelle.
Il juge que plusieurs de ces mesures "violent les lois et la Constitution" et que la Cédéao, selon ses propres règles, devrait plutôt sanctionner la "mauvaise gouvernance" du président malien, en dénonçant la "protection dont ses pairs semblent le couvrir".
AYMEROU GNINGUE SERT UNE CITATION DIRECTE À CISSE LO
S’estimant diffamé et injurié, le président du groupe parlementaire de BBY a joint l’acte à la parole
S’estimant diffamé et injurié, le président Aymérou Gningue a joint l’acte à la parole. Il a servi une citation direction à Moustapha Cissé Lo appelé à répondre de ses dérives devant les tribunaux. Pour « laver » leur honneur et leur dignité que Moustapha Cissé Lo a tenté de barbouiller, Aymérou Gningue et son épouse lui réclament la somme de 500 millions de francs. Le procès est fixé au mardi 25 aout 2020.
Pour avoir été copieusement injuriés et odieusement diffamés par le député Moustapha Cissé Lo, le président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby) à l’Assemblée nationale, Aymerou Gningue, et son épouse ne pouvaient pas laisser passer un tel affront et surtout des allégations infamantes et autres accusations de nature à porter atteinte à l’honneur et à la dignité des époux Gningue.
Joignant l’acte à la parole, Aymerou Gningue donc a servi une citation directe à Moustapha Cissé Lo appelé désormais à répondre de ses actes devant une chambre correctionnelle du Tribunal de Grande instance hors classe de Dakar. Ce, par la voie la plus rapide puisque la citation directe est une procédure qui permet de faire comparaître rapidement Moustapha Cissé Lo devant la justice pour les délits de diffamation et injures publiques. L’affaire sera appelée pour la première fois le mardi 25 août 2020.
Pour montrer à quel point lui et son épouse ont été agressés et blessés par la sortie de Moustapha Cissé Lo, le président Aymérou Gningue réclame une somme de 500 millions de francs à titre de dommages et intérêts. Rappelons-le, à travers plusieurs audios, Moustapha Cissé Lô, premier vice-président de l’Assemblée nationale, avait tiré à bout portant sur le président Aymerou Gningue et son épouse Fatou Syll. Il avait accusé notamment Mme Gningue d’avoir bénéficié d’un marché de 40 tonnes de semences d’arachide. des propos jugés inexacts et insultants par l’avocat de la partie civile dès lors que Mme Gningue est une femme au foyer de nature très réservée, qu’on n’entend jamais dans des activités politiques et autres futilités.
Toujours est-il que jusqu’hier, Moustapha Cissé Lo a joué à cache-cache avec les huissiers qui ont toutes les peines du monde à lui notifier la plainte. Il avait également fait le mort pour ne pas répondre à la sommation interpellative que me Antoine Mbengue, l’avocat des époux Mbengue, lui avait fait servir par voie d’huissier.
Pendant ce temps, des personnes de bonne volonté font des médiations souterraines pour tenter de raisonner Moustapha Cissé Lo et le convaincre de présenter des excuses publiques aux époux Gningue, seul moyen d’arrêter la machine judiciaire. Mais nous n’en sommes pas encore là !
Par Sidiki Kaba
UN IMMENSE COMBATTANT DE LA PLUME S'EST ETEINT
Quelle profonde douleur m'a saisi, terrifié et réduit depuis hier dans un silence toujours encore étonné face à la disparition de Babacar Toure, une immense plume à qui me liait une solide amitié de trente ans
Quelle profonde douleur m'a saisi, terrifié et réduit depuis hier dans un silence toujours encore étonné face à la disparition de Babacar Toure, une immense plume à qui me liait une solide amitié de trente ans.
L'homme à la plume alerte et toujours avisée aura dédié toute sa vie si riche à la lutte pour le triomphe du panafricanisme et celui des droits de l'homme. C'est dans ce combat que j'ai connu intimement et profondément Babacar, un citoyen de l'Afrique pour laquelle il nourrissait le rêve de retrouver toutes ses splendeurs qui ont contribué à bâtir le monde depuis l'Égypte antique. Je n'ai jamais connu une plume si sublime, si dense qui exaltait la démocratie et exhalait les senteurs d'une espérance d'une Afrique plurielle épanouie à travers les voies multiples pour un seul amour de la mère-patrie.
Babacar était un démocrate achevé et son immense culture fut dédiée à cet idéal pour lequel il s'investissait sans relâche et avec un courage fascinant. Je puis témoigner que chacune de nos nombreuses rencontres et de nos échanges studieux s'est cristallisée comme une obsession sur son amour presque tyrannique sur la construction d'un destin radieux pour le Sénégal dans des États unis d'Afrique comme horizon du combat panafricaniste et la réalisation de relations Sud-Sud pour un monde plus équitable et plus solidaire. En cela, le combat de Babacar Toure a enjambé le Sénégal et l'Afrique pour porter, par la plume, l'universalité fraternelle. Je voudrais donc m'incliner pieusement devant cette icône de la presse privée et indépendante, ce fendeur de l'Aube des médias africains qui apportent aujourd'hui un supplément d'âme aux démocraties africaines en gestation. Il reposera sans doute en paix pour avoir réussi de très belle manière sa part dans le jardin de la démocratie et des libertés au Sénégal en Afrique et dans le monde.
Repose en paix géant d'une plume dans les combats utiles!
Par Me Sidiki Kaba Ministre des Forces armées
LA CLASSE POLITIQUE REGRETTE LA PERTE D’UN PRECURSEUR ET FERVENT DEFENSEUR DE LA PRESSE
Journaliste chevronné, intellectuel de grande envergure, d’un professionnalisme exemplaire… ce sont par ces mots que la classe politique a salué la mémoire du défunt fondateur du Groupe Sud, Babacar Touré
Journaliste et membre fondateur du groupe Sud, Babacar Touré a tiré sa révérence le26 juillet 2020 à l’âge de 69 ans. Depuis l’annonce de son décès, les témoignages sur sa personne fusent de partout pour lui rendre un vibrant hommage. Du président de la République qui a envoyé une délégation à l’hôpital Principal de Dakar lors de la levée du corps à l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, en passant par l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, tous ont salué la mémoire d’un journaliste chevronné qui a fortement contribué à la consolidation de la démocratie sénégalaise et à l’éclosion d’une presse libre. En outre, le Président guinéen Alpha Condé, à travers son ambassadeur au Sénégal, a regretté la perte d’un jeune frère et allié.
Journaliste chevronné, intellectuel de grande envergure, d’un professionnalisme exemplaire… Ce sont par ces mots que la classe politique a salué la mémoire du défunt fondateur du Groupe Sud, Babacar Touré, l’un des piliers de la presse libre au Sénégal et en Afrique. Ils sont unanimes sur la contribution de Babacar Touré par le biais de son groupe de presse dans la consolidation de nos acquis démocratiques et dans l’éclosion d’une presse libre au Sénégal.
A ce propos, ils se sont tous illustrés à travers des posts sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, pour présenter leurs condoléances à sa famille et à tout le peuple sénégalais. « Journaliste Chevronné et pionnier dans l’entreprise de presse et la formation de journalistes, homme de consensus et de dialogue, Babacar Touré aura été de tous les combats pour la liberté et la démocratie », a écrit le président de la République Macky Sall sur sa page Facebook, pour présenter ses condoléances et celles de la nation à la famille de Babacar Touré, au groupe Sud et à la presse.
Par ailleurs, il a dépêché une délégation gouvernementale dirigée par le ministre de la Culture et de la Communication et composée de la présidente du Conseil Economique Social et Environnemental, Aminata Touré et du ministre du Développement Communautaire, de l’Equité Sociale et Territoriale, Mansour Faye pour le représenter à la cérémonie de levée du corps du défunt journaliste. Dans son propos, Babacar Touré est un fils de la République et un patriote. Par ailleurs, dit-il, il est et restera pour l’éternité un exemple car il a participé grandement à l’éclosion de la presse au Sénégal. « Babacar Touré appartient à tout le monde. Ce qui justifie d’ailleurs la présence de l’ambassadeur de la République de Guinée au Sénégal à cette cérémonie de levée du corps pour présenter les condoléances d’Alpha Condé.
Babacar est un pionnier de la presse et il fait partie des gens qui ont contribué grandement à la consolidation de la démocratie sénégalaise », soutient-il.
Par ailleurs, l’opposition, à l’image de l’ex-édile de la capitale, a tenu à saluer la mémoire d’un grand contributeur dans la constitution de l’espace public politique sénégalais. Khalifa Sall pleure la perte d’un ami. « Si Babacar Touré a été un grand Directeur de groupe de presse, il fut d’abord un journaliste d’un professionnalisme exemplaire. Sous sa conduite, le Groupe Sud Communication a joué un rôle déterminant dans la constitution de l’espace public politique et la viabilité de la démocratie de notre pays », a regretté le leader des Khalifistes sur sa page Facebook.
Abondant dans le même sens, l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a regretté la perte d’un grand défenseur de l’intérêt général. « J’ai tôt connu Babacar Touré, défenseur des intérêts d’une coopérative d’habitat de la banque que je dirigeais. Il y a toujours eu en lui ce souci de l’intérêt général, et sa contribution à l’éclosion d’une presse libre au Sénégal est incommensurable », s’est remémoré le leader de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail. En outre, à en croire le porte-parole du Parti socialiste Abdoulaye Wilane, le Sénégal et l’Afrique ont perdu, avec la disparition de Babacar Touré, un régulateur social et un médiateur. Mieux, dit-il, «BT »pour les intimes savait s’inscrire dans la diplomatie sociale. "Nous présentons nos condoléances à toute la presse sénégalaise et à tous les patriotes au premier rang desquels bien sûr le Président Macky Sall et tous les autres Chefs d’Etat de la sous-région.
Bref, c’est un homme taillé dans le bois rare des grands hommes. Il est parti nous laissant orphelins. Il est parti dans un contexte très difficile avec la problématique de la sécurité qui peut remettre en cause tous nos acquis démocratiques », a-t-il dit. C’est pour cela qu’il a invité tous les entrepreneurs des médias et tous les journalistes à s’inspirer du modèle que fut Babacar Touré.
Dépêchée par Alpha Condé, l’ambassadrice de la Guinée Conakry au Sénégal, Mme Touré, Adja Aminata Kobelé Keita a regretté la perte d’un grand ami et allié de son président. « J’ai connu M. Babacar Touré à travers mon président Alpha Condé dont il est le jeune frère. Il y avait de la sincérité et de l’amitié entre les deux hommes. Il a été aussi loyal envers mon président Alpha Condé. Je lui ai rendu visite une fois sur instruction de mon président, ce qui témoigne de la nature des liens qui existaient entre ces deux hommes », mentionne-t-il.
41 NOUVELLES CONTAMINATIONS, 4 DÉCÈS ENREGISTRÉS
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé mardi avoir enregistré 41 nouvelles contaminations à la COVID-19 pour le compte des dernières 24 heures, portant à 9805 le nombre total de personnes atteintes de cette maladie depuis son apparitio
Dakar, 28 juil (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé mardi avoir enregistré 41 nouvelles contaminations à la COVID-19 pour le compte des dernières 24 heures, portant à 9805 le nombre total de personnes atteintes de cette maladie depuis son apparition au Sénégal, le 2 mars dernier.
Selon le directeur de la Prévention, El Hadj Mamadou Ndiaye, 33 des 41 nouvelles contaminations enregistrées sur 842 tests virologiques réalisés concernent des cas contacts suivis par les services sanitaires, 8 cas étant issus de la transmission dite communautaire, soit des personnes dont on ne sait pas l’origine de la contamination.
Le docteur Ndiaye signale que 114 patients testés négatifs ont été déclarés guéris, contre 50 cas graves pris en charge dans les services de réanimation de l’hôpital de Fann et de l’hôpital principal de Dakar.
Il a fait état de 4 décès liés à la Covid-19 enregistrés ce lundi, le total des personnes atteintes de la COVID-19 s’élevant à 9805 personnes, pour 6591 guéris, 198 morts et 1 évacué, contre 3015 personnes qui sont encore sous traitement.
Par Mamadou KOUME
UN SEIGNEUR S’EN EST ALLÉ
Les uns et les autres ont suffisamment évoqué, les qualités professionnelles du journaliste, du visionnaire et du chef d’entreprise que Babacar Touré a été. Mon propos ici est de se souvenir brièvement de nos années du Cesti qui ont forgé notre relation
La vie est l’ombre de la mort, dit-on. J’ai vu Mbaye comme je l’appelais pour la dernière fois, le 1er juillet dernier à Louga. Chez nous. L’objet de son déplacement était de venir présenter ses condoléances à ma famille suite au décès de ma mère intervenue trois jours plus tôt.
Le 1er juillet est l’anniversaire de Mbaye, sa famille voulait célébrer avec lui ses 69 ans . Mais Mbaye tenait plutôt à venir à Louga. La veille pourtant, il était convenu d’attendre mon retour à Dakar...Surprise, il est venu donc cet après-midi là, à Louga. Ça c’était Mbaye dans sa générosité de cœur, son sens aigu du partage dans le bonheur comme le malheur et sa fidélité en amitié. Il était venu avec Pape Ndoye, un ancien de Sud établi à Louga. Ce jour sans que nous ne l’imaginions, était donc celui de nos adieux ...Nous nous étions souvenus de nos années d’étudiants et de nos camarades maliens et nigériens dont il était presque le « Ndiatigue » .
Mbaye était déjà ce protecteur, ce défenseur pour tous ceux qui vivaient des aventures avec lui. Ma relation avec Mbaye vient de nos années d’étudiant. Octobre 1976, nous nous sommes retrouvés au Cesti, notre futur alma mater après avoir tous deux, connu une expérience professionnelle dans une autre vie. Lui, issu de l’ambassade du Nigeria à Nouakchott et moi de l’administration des postes. Ce que nous avions de commun c’est l’intérêt pour le journalisme., Mbaye avait débarqué avec une solide formation nourrie aux idées de gauche mais il n’était pas du tout sectaire. Pour lui, j’étais Cheikh, le prénom de ma famille .
Fidèle en amitié, il était attentif à chaque fois que j’étais concerné. Les uns et les autres ont suffisamment évoqué ces jours, les qualités professionnelles du journaliste, du visionnaire et du chef d’entreprise qu’il a été. Avec ce destin fabuleux patiemment entrepris grâce à sa compétence, son sens de l’humain et son entregent. Mon propos ici est de se souvenir brièvement de nos années du Cesti qui ont forgé notre relation. Mbaye était le « grand frère » des Sénégalais de la 7eme promotion du CESTI : Fatoumata Sow, le regretté Ibrahima Fall qu’il appelait Petit Chef, Sidy Gaye, Martin Faye, Ibrahima Souleymane Ndiaye et moi-même. Nous avons passé trois années académiques (1976-1979) fécondes en compagnie de camarades venus de pays de l’Afrique de l’Ouest francophone. En plus de ses potes maliens et nigériens , Mbaye était lié au Burkinabé Sié Offi Some dont il contribua, plus tard, à la venue à Enda, au Béninois Philippe Hado et à l’Ivoirien Max Guede.
Sur les vingt cinq étudiants de notre promotion, Mbaye avait donc une relation particulière avec une grande partie d’eux. Son charisme et son leadership naissant fondaient ces rapports amicaux et fraternels. Le compagnonnage de Mbaye avec les Sénégalais qui avaient opté pour la presse écrite, notamment Sidy, Ibrahima et moi, s’était poursuivi au quotidien le Soleil en cette fin d’année 1979. Après nos grandes enquêtes de fin d’études et son sujet brillamment traité portant sur "les maisons familiales rurales" du côté de Mboro.
En première année, sous la conduite de notre professeur M. Diomansi Bombote, nous y avions fait un séjour rural . Le sens prononcé des relations que Mbaye avait nouées avec les gens du terroir lui avaient permis d’y revenir deux ans plus tard, à l’issue de la 3e année et de réaliser son travail dans de bonnes conditions. Au Soleil, Mbaye pourtant apprécié par le patron Bara Diouf qui trouvait en lui de grandes capacités n’y restera pas longtemps. Il avait préféré saisir l’opportunité d’une bourse du CESTI offerte dans une université américaine pour renforcer ses capacités. L’aventure de Sud est celle du courage d’un groupe de journalistes notamment Abdoulaye Ndiaga Sylla, Sidy Gaye et Ibrahima Fall, tous armés d’un savoir faire et qui estimaient que la pratique de leur métier pouvait emprunter des voies reflétant finalement mieux le débat public que l’offre qui existait sur place. Mbaye avait le courage et la lucidité pour être au-devant de ces pionniers. Il avait cette sincérité dans les rapports avec tous les interlocuteurs qui lui ont permis d’installer durablement l’esprit qui a accouché de Sud. Enfin, l’homme était la générosité discrète, qui a soulagé, aidé et soutenu des initiatives, des projets et des hommes. Un seigneur s’en est allé, ton souvenir Mbaye demeurera vivant dans ma mémoire.
par l'éditorialiste de seneplus, penda mbow
LE TESTAMENT DE BABACAR
EXCLUSIF SENEPLUS - Babacar Touré est mort relativement jeune mais il donne l’impression d’avoir vécu une centaine d’années, tellement son influence aura été grande, son apport immense. Il mérite une place de choix au Panthéon du Sénégal
C’est aux alentours de 4H du matin, ayant jeté un coup d’œil sur mes messages, je tombai sur celui d’une mes sœurs. Tel un couperet : « Babacar Touré n’est plus ». Suis-je dans un monde irréel ou quoi ? J’essaie de comprendre ce qui se passe.
Deux jours avant son hospitalisation, nous nous sommes parlé Babacar et moi. Ensemble, comme le font tous les patriotes, nous avons exprimé quelques préoccupations au sujet du pays, de la sous-région, de la jeunesse…bref de notre avenir. Babacar préconisait entre autres sujets, la reprise de la Commission Nationale de la Réforme des Institutions (CNRI) que dirigeait le Professeur Amadou Mahtar Mbow. Il faut anticiper sur les problèmes qui ne manqueront pas de se poser dans l’après-covid.
Au fond, lorsqu’on y réfléchit, Babacar « sentant sa mort prochaine », reprit sa plume pour partager avec ses compatriotes ce que j’appelle son testament, à travers ses éditoriaux mais surtout une série de textes qu’il a publiés dans Sud quotidien. Profitant des 25 ans de Sud FM, il est revenu sur des histoires inédites comme le premier plateau de Sud FM, avec Viviane Wade, Amadou Mahtar Mbow, le père du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et la Communication (NOMIC)… la rencontre inattendue entre le président Diouf et les artistes libertaires que furent Issa Samb Joe, Djibril Diop Mambetty et leur groupe mais surtout ses réflexions autour de la « culture au culte de la violence ». Son texte intitulé l’arc de feu sous-régional se trouve particulièrement dense et mérite d’être décortiqué à l’aune des évènements que nous vivons dans la sous-région.
Finalement, Babacar est mort relativement jeune mais il donne l’impression d’avoir vécu une centaine d’années, tellement son influence aura été grande, son apport immense. Au début de l’aventure, ce furent quatre dissidents du quotidien Le Soleil ; ne pouvant plus supporter la toute-puissance du Président Directeur général de leur journal, ils portèrent sur les fonts baptismaux, le Groupe Sud Communication. Ils partirent de l’idée de lancer une coopérative à partir de cotisations modiques. Les quatre mousquetaires que furent Babacar Touré, Sidi Gaye, Ibrahima Fall et Abdoulaye Ndiaga Sylla, par la force des convictions et un travail sans relâche, finirent par convaincre des nationaux mais aussi des fondations étrangères. On dit que Sud reçut très tôt le soutien d’Abdourahmane Sow, ancien Directeur de la Caisse de Péréquation mais aussi celui de la fondation Ford.
Petit à petit, de belles plumes et de grandes voix viendront s’adjoindre au groupe originel : Boubacar Boris Diop, Cherif Elvalid Sèye, Moussa Paye, Madior Fall, Alain Agboton, Abdou Latif Coulibaly, Baba Diop, Henriette Kandé Niang, Bocar Niang, Birima Fall, Vieux Savané, Saphie Ly, Omar Diouf Fall, Ndèye Fatou Sy, Demba Ndiaye, El hadj Kassé, Hawa Ba, Pape Alé Niang, Baye Omar Guèye, Lika Sidibé, etc. Le montage du journal à ses débuts fut assuré par Tidjani Kassé et les correspondants internationaux parmi lesquels, on peut citer René Lake et Dame Badou apportèrent aussi leur contribution au rayonnement du groupe.
Personne ne peut écrire l’histoire de la démocratie au Sénégal sans le Groupe Sud Communication. Sa collaboration avec le Métissacana de la styliste Oumou Sy et son mari Mavrot préfigure du rôle que jouent aujourd’hui, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.
Sans la radio Sud FM, l’alternance aurait été hypothétique en 2000. Sud a accompagné toutes les luttes démocratiques entre les années 90 et 2000, encadré les balbutiements d’une société civile qui finira par devenir une actrice majeure de la démocratie.
Babacar, tu as vécu utile, en homme d’influence et ta contribution pour ce pays est réelle. D’une générosité sans limites, tu as tout donné à ton pays et à l’Afrique. Tu mérites une place de choix dans le Panthéon du Sénégal. Que Babacar Touré ne meure jamais !
Pour le souvenir de cet homme, nous lui devons de gagner le pari de réaliser son rêve absolu, celui d’une presse qui serait à juste titre le « quatrième pouvoir». Pour le moment, elle n’est souvent que le « premier mouroir » de nos illusions
Non, un baobab n’est pas tombé… Pour évoquer la perte d’un homme de la dimension de Babacar Touré, l’image du « Baobab qui est tombé » va virevolter, empreinte d’une saugrenue banalité, de Une en Une, croyant illustrer une tragique perte.
Les mots ayant un sens, ce n’est d’abord pas « UN » baobab, mais « LE » baobab.
Ensuite, ce baobab, nourri de tant de sèves universelles fécondantes et structurantes, loin de tomber, va au contraire étendre ses branches chargées de tant de nœuds et de liens vers les cieux d’où il nous observera, que c’est à l’ombre de son feuillage que nous nous devrons de réfléchir chaque jour que Dieu fait à ce que Babacar Touré a apporté à l’Histoire de la démocratie sénégalaise, grâce à sa conception de l’information et l’exigence de probité et d’éthique qu’il attendait de ses confrères et souvent amis.
En fait, il m’arrive presque de penser qu’au contraire, il faudrait plutôt constater qu’il pouvait être parfois triste de constater que sur la voie qu’avec d’autres, il avait tracée, s’était engouffrée, par effraction et à coups de vacarmes visqueux, une autre idée de la presse, à mille lieues de celle qu’il incarnait de toute son imposante stature.
Je parle à ces « journalistes » de choses que les moins de 20 ans de métier ne peuvent pas connaître, à commencer par le rôle que Babacar Touré a joué dans le maintien et la consolidation de notre démocratie. Au sortir de l’ère du parti unique, et du PDS son cache-sexe démocratique, le foisonnement des idées, la qualité de notre personnel politique reconfiguré autour d’idées neuves et de leaders charismatiques, nécessitait un réceptacle et un accélérateur de particules démocratiques, que le Groupe Sud créé et dirigé par Babacar Touré a su incarner.
D’abord en faisant converger autour du concept fondateur des hommes et des femmes de talent et de conviction, qui avaient fait ce qu’on appelle « leurs humanités » avant d’arriver au prestigieux CESTI, déjà souvent bardés d’une Maîtrise en quelque chose, et d’une certaine idée de la vie, de la culture et de la société. Tous ceux qui comptent comme références dans la presse d’aujourd’hui sont peu ou prou passés par l’incubateur de notre débat politique que fut le Groupe Sud. Imaginez le niveau stratosphérique que devaient atteindre les conférences de rédaction de Sud Radio comme de Sud Quotidien, emplies des échanges cruciaux et d’importance historique souvent, portés par des plumes, des voix, des esprits, qu’il est inutile de nommer, 2000 signes n’y suffiraient pas… Des hommes qui n’auraient jamais supportés que les lignes qu’ils diffusaient à leurs lecteurs pour les rendre plus curieux, plus avisés, plus libres, plus cultivés et plus responsables de leurs destins, viennent être percutées et souillées par des Unes emplies de « éjacule, viol, adultère, et autres Selbé Ndom ».
Des hommes et des femmes qui n’auraient jamais supporté que leurs enquêtes soient payées par les uns pour salir les autres.
Des hommes qui avaient tellement conscience de leur responsabilité et de leur pouvoir, que les conditions de mars 2000 ont mijoté depuis 1996, et sont sorties des ondes et des pages de Sud. Cela, nous le devons à Babacar Touré.
Mais nous lui devons surtout une bataille. Celle de mener à bien la bataille qu’il a entreprise au CNRA sur la fin, mais déjà bien avant, de donner aux Sénégalais la presse qu’ils méritent et le respect qu’on leur doit. On ne peut pas continuer à être navrés tous les jours par le niveau et la qualité des « informations » que ces journaux, sites improbables, nous dégueulent chaque jour, confortés par la certitude, hélas souvent validée, qu’ils ne font que donner aux sénégalais ce que leurs désirs de frivolité et de vulgarité requièrent.
Pour le souvenir de cet homme, pour aller toujours deviser sous les branches du baobab qu’il aura fait pousser, nous lui devons de gagner le pari de réaliser son rêve absolu, celui d’une presse qui serait à juste titre le « quatrième pouvoir». Pour le moment, elle n’est souvent que le « premier mouroir » de nos illusions.
Par Madiambal DIAGNE
LES LEÇONS DE BT
Le Quotidien remet au goût du jour le texte ci-dessous, publié en août 2018 dans la chronique de Madiambal Diagne, lors de la fin de mission de Babacar Touré de la tête du CNRA. Un texte encore plus qu’actuel !
Nous nous félicitions, il y a de cela six bonnes années, de la nomination de Babacar Touré à la tête du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Nous disions notamment que le choix porté sur sa personne par le Président Macky Sall, procédait d’une sanction méritée et constituait un hommage à ce pionnier de la presse privée dans l’espace francophone en Afrique.
Babacar Touré a été un précurseur et a été à la base de toutes les grandes mutations et évolutions positives survenues dans le secteur des médias en Afrique et au-delà même, à travers le monde. La désignation de Babacar Touré pour diriger cette haute institution de la République devait être perçue par le milieu des femmes et hommes des médias, comme la reconnaissance de leurs contributions à la construction nationale et au renforcement du modèle démocratique sénégalais. Chacun d’entre nous pouvait se retrouver légitimement fier de la nomination de Babacar Touré. Mieux, nous avons pu dire que le choix était judicieux car le Président Sall venait de jeter son dévolu sur «le meilleur d’entre nous tous».
Et pour la première fois, un professionnel des médias a été appelé aux commandes de cette instance de régulation au Sénégal. Le Président Macky Sall avait ainsi mis fin à une pratique qui semblait nier aux journalistes la capacité de réguler leur propre secteur. Dans de nombreux pays africains, l’ère n’était plus de donner les rênes de l’organe de régulation du secteur des médias à des magistrats mais à des journalistes et autres professionnels émérites du monde des médias. De ce point de vue, le Sénégal a pu rattraper son retard sur de nombreux pays.
Babacar Touré jouit d’une grande estime et d’une considération qui traversent les frontières africaines, et les journalistes de toutes générations le prennent pour un modèle de rectitude, d’ouverture, de rigueur professionnelle et morale. Son talent ? N’en parlons pas. BT a fait aimer le journalisme à plus d’un, par sa plume exquise et la justesse de ses mots et de ses propos. Les sociétés humaines ont parfois ce mauvais travers de ne pas rendre, de leur vivant, les hommages dus aux méritants. Ils étaient nombreux à travers le continent africain, à saluer le choix du Président Macky Sall. Ce dernier ne s’y était point trompé. Il avait fait le pari de la transparence, de la rigueur et du respect des bonnes pratiques. Il savait bien que Babacar Touré serait incapable d’une quelconque compromission. Macky Sall avait choisi une personnalité qui ferait l’unanimité, ce qui n’est véritablement pas donné à beaucoup de monde. Mais aussi, le chef de l’Etat espérait, à travers la nomination de BT, permettre à un professionnel respecté, qui a blanchi sous le harnais, de montrer la voie à suivre pour entreprendre les réformes les plus porteuses de progrès pour le secteur des médias.
Le Président Sall ne pouvait trouver qu’une institution de régulation pour faire travailler Babacar Touré car ce dernier avait déjà refusé aux Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade de faire partie d’un gouvernement. Ce n’était cependant pas gagné d’avance. Sans doute que BT considérait qu’il était assez transversal et ouvert à toutes les sensibilités pour refuser de paraître un trop marqué sur le plan politique en faveur d’un camp ou d’un autre. Cette posture a aussi caractérisé tout son mandat à la tête du Cnra.
Babacar Touré part la tête haute. Jamais durant son mandat, il n’a pu être voué aux gémonies pour ses prises de position. Il a su conseiller, il a su aider à éviter les turpitudes et il a su faire preuve de résistance, chaque fois qu’il était en face de velléités de dérives antidémocratiques. Il a su faire revenir, avec délicatesse, sur les bonnes pratiques journalistiques, tous ceux et celles qui prenaient un peu trop de liberté avec les principes fondamentaux de la profession. Il s’est bâti une crédibilité durant plus de trente-cinq années comme journaliste et comme patron de médias. Il ne courait après aucun avantage, privilège ou honneur particulier.
L’homme s’était déjà fait et cela suffisait pour qu’il ne se laisse pas déborder par des acteurs qui ont parfois pu faire montre d’un zèle inapproprié. Babacar Touré a préféré éduquer avec pédagogie, guider, et n’a pas manqué de donner de sa personne pour sauver des situations complexes. Il faut dire que son aura, son autorité naturelle et sa légitimité l’y ont prédisposé. Babacar Touré a aussi terminé son mandat avec la manière.
Dans un pays où ceux qui finissent leur mandat font des pieds et des mains pour rempiler, Babacar Touré a eu à anticiper sur la fin de son mandat pour suggérer, avec insistance, aux plus hautes autorités de l’Etat, de réfléchir à lui trouver un remplaçant. Il a ainsi refusé d’envisager toute forme de prolongation sur la durée de son mandat. Sans doute qu’il ne saurait s’accommoder de réformes institutionnelles taillées sur mesure ou de situations que son éthique personnelle refuserait. Le mandat de président du Cnra n’est pas renouvelable et dure exactement six ans. Babacar Touré a tenu à s’en tenir scrupuleusement à la rigueur des textes organisant l’institution. BT nous aura donc donné une leçon de vie, des leçons d’éthique et de professionnalisme. Sans compter ce qu’il a laissé de grandiose et d’utile au Cnra.
Babacar Touré et son équipe du Cnra ont fini de réfléchir sur tous les textes qui devront donner un visage de modernité, d’ouverture et de démocratie mais aussi de professionnalisme au secteur des médias. Les mutations technologiques qui ont changé le cours de l’histoire des médias imposent une prise en charge fondée sur des principes clairs et rigoureux. Le Président Macky Sall a trouvé la belle formule en prodiguant à Babacar Touré, lors de la cérémonie de remise du dernier rapport annuel du Cnra : «Vous avez été constant et vous êtes un homme de conviction. Je vous sais ferme sur les principes. Je vous sais tout aussi flexible, pédagogue, plutôt persuasif. Vous avez fait montre de générosité, d’esprit fédérateur autour des principes d’impartialité.» Babacar Touré a assurément balisé la voie à son successeur et a permis à l’institution de redorer son blason.
Le Cnra a gagné en aura, en visibilité et en crédibilité. On ne peut pas dire que l’institution a pu forcer la main au gouvernement pour obtenir plus de moyens financiers pour remplir sa mission, car Babacar Touré semblait s’interdire de mener une bataille pour obtenir les ressources financières nécessaires. On peut bien lui reprocher ce scrupule. Babacar Touré aura donc incontestablement réussi sa mission à la tête du Cnra. Il se voudrait désormais en retraite de «tout». Mais force est de dire que le Sénégal, dans le contexte actuel, aura encore besoin de son entregent, de son intelligence, de sa sagesse et de sa capacité à établir des passerelles entre les acteurs publics.
Babacar Touré n’aura qu’une seule excuse, ce serait de faire comme un autre grand professionnel des médias, Pierre Bellemare, décédé récemment à 88 ans passés et qui disait : «Je veux travailler jusqu’au bout, la retraite ce n’est pas pour moi, je ne sais pas ce que c’est. J’ai toujours aimé raconter des histoires, je le fais dans mes livres.»
par Felwine Sarr
BONJOUR DE DURHAM
Après 13 ans de bons et loyaux services à l’UGB de Saint-Louis, c’est une nouvelle aventure qui commence pour moi. Je rejoins l’Université de Duke ou j’ai obtenu un poste de Distinguished Professor of Humanities dans le département de Romance Studies
Depuis quelques jours, je suis arrivé à Durham en Caroline du Nord. Je rejoins l’Université de Duke ou j’ai obtenu un poste de Distinguished Professor of Humanities dans le département de Romance Studies. J’y occupe la chaire Anne-Marie Bryan. C’est un département d’humanités dites writ large. J’y enseigne dès cet automne, la philosophie Africaine contemporaine et diasporique ; au printemps, je donnerai un cours intitulé, music history and politics dans lequel je me propose d’explorer les dynamiques politiques et sociales des nations africaines depuis les indépendances, à travers l’archive musicale, et un troisième cours sur le soin et la guérison dans le roman contemporain Africain.
Après 13 ans de bons et loyaux services à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, c’est une nouvelle aventure qui commence pour moi. J’élargis mon champ disciplinaire aux humanités et continue à construire une expérience à la croisée des sciences humaines et sociales. Je me déplace et change de lieu à partir duquel je fais l’expérience du monde. Les chantiers entrepris sur le Continent se poursuivront, notamment les Ateliers de la pensée et l’école doctorale des Ateliers qu’Achille et moi organisons. Je continuerai à donner mon cours d’épistémologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, que je ferai en ligne, et le travail d’encadrement des doctorants de l’UGB se poursuivra. Pour ce qui est de l’économie, mon intérêt se porte désormais dans l’élaboration des fondements d’une économie du vivant. Je participe à un programme de recherche ici à Duke dirigé par Jocelyn Olcott, qui a pour ambition de faire du care le paradigme fondamental de l’économie.
Le programme de recherche que je conduis à Duke et sur lequel je vais travailler ces prochaines années, s’intitule Ecologies of Knowledge. J’y repose la question de ce qu’est un savoir, j’y explore les épistémologies du non-logos, les savoirs inscrits dans les textes oraux, les arts, les corps, et toute la topographie du discours social. Il est important non seulement d’élargir la géographie des savoirs, mais pour les sociétés africaines de réinvestir des archives cognitives et des pratiques discursives à travers lesquelles elles ont transmis et enrichi un capital culturel dans le temps. Ma conviction est que ces archives réinvesties, enrichiront notre connaissance et sont fécondes pour les temps à venir. Mon terrain de recherche de prédilection sera l’Afrique de l’Ouest.
Je rejoins au département de Romance Studies, l’historien Laurent Dubois, le sémioticien argentin Walter Mignolo, Deborah Jenson, Esther Gabara, Ranji Khanna, Anne Gaelle Saliot, Richard Rosa et tant d’autres, qui m’ont chaleureusement accueilli. Valentin Yves Mudimbé a enseigné dans ce même département il y a quelques années. Aujourd’hui à la retraite, il vit toujours à Durham. Je me suis promis d’honorer une promesse de visite que je lui avais faite il y a quelques années, et de contribuer au bout du mat de son travail, aidé des archives du tout-monde, à l’œuvre de réinvention que nous nous sommes assignés.