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1 mai 2025
Politique
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LA CHINAFRIQUE A-T-ELLE SUCCÉDÉ À LA FRANÇAFRIQUE ?
Vêtements, téléphones ou motos, le marché africain est inondé de produits "made in China". Mais cette influence grandissante ne s'arrête pas là : Pékin trouve sur le continen des matières premières, de la main-d'œuvre bon marché pour ses industries
Vêtements, téléphones ou motos, le marché africain est inondé de produits "made in China". Mais cette influence grandissante ne s'arrête pas là : Pékin trouve sur le continen des matières premières, de la main-d'œuvre bon marché pour ses industries et une zone d'influence géopolitique.
Certains voient une relation gagnant-gagnant entre l’Afrique, en plein développement, et la première puissance économique, au marché saturé : la "Chinafrique" a-t-elle succédé à la Françafrique ?
CES HÉROÏNES AFRICAINES QUI ONT LUTTÉ CONTRE LE COLONIALISME
A l'heure où de nombreux pays africains célèbrent leurs 60 ans d'indépendance, voici 5 portraits de femmes africaines qui ont combattu le colonialisme tout au long des siècles
La Journée internationale de la femme africaine (JIFA) a été créée en 1962 et promulguée par l'ONU et l'OUA le 31 juillet 1963. Elle est célébrée tous les 31 juillet.
Cette année, cette célébration tombe dans un contexte particulier où la mort de l'afro-américain George Floyd, tué lors de son arrestation à Minneapolis aux Etats-Unis, a redonné une vigueur au débat sur les traces du colonialisme en Afrique.
Voici cinq héroïnes de la lutte contre le colonialisme à découvrir ou à redécouvrir.
Aline Sitoé Diatta, Sénégal (1920-1944)
Originaire de la basse-Casamance, Aline Sitoé Diatta fut l'une des premières résistantes contre la domination française.
Orpheline très jeune, elle a été élevée par son oncle paternel. Quand celui-ci est mort à son tour, elle est partie vivre à Ziginchor où elle a travaillé comme docker puis à Dakar où elle trouva du travail comme domestique chez un colon.
Un jour de 1941, elle entend une voix lui dire d'entrer en résistance contre les colons pour sauver le Sénégal et de retourner en Casamance sous peine de connaître un malheur. Elle choisit tout d'abord d'ignorer cette voix et devient paralysée quatre jours plus tard.
Ce n'est qu'une fois de retour en Casamance, en 1942, que la paralysie disparait même si elle garde en séquelle un léger boitillement.
A cette époque, la France est pleinement engagée dans la deuxième guerre mondiale et demande à ses colonies de contribuer à l'effort de guerre de la métropole. Les autorités françaises au Sénégal ponctionnent la moitié des récoltes de riz de Casamance. Révoltée par cet état de fait, Aline Siloé Diatta dissuade les habitants de sa région de participer à l'effort de guerre et les pousse à refuser l'enrôlement dans l'armée française.
On prête également à celle qui était surnommée "la femme qui était plus qu'un homme" des pouvoirs de guérison et de nombreuses personnes se déplacent pour la voir en pèlerinage afin d'obtenir un miracle. Ce pouvoir spirituel, lui confère également une forte autorité sur la population.
Craignant de possibles troubles dans cette région de Casamance traditionnellement réfractaire au pouvoir colonial, les autorités françaises arrêtent Aline Sitoé Diatta le 8 mai 1943, en même temps que son mari.
Elle est ensuite transférée de prison en prison, au Sénégal, en Gambie puis à Tombouctou au Mali où elle décède finalement du scorbut en mai 1944.
Lalla Fatma N'Soumer, Algérie (1830-1863)
Femme éduquée née dans une famille de lettrés, elle rejoint la résistance kabyle à l'âge de 20 ans.
Prophétesse et stratège, elle est très respectée parmi les combattants. En 1854, elle succède au chef de la résistance Chérif Boubaghla.
Cette même année, elle remporte la bataille du Haut Sebaou, sa première victoire contre les français. Capturée au combat par l'armée française en 1857, elle meurt en prison à l'âge de 33 ans.
Sarraounia Mangou, Niger, XIXe siècle
« Sarraounia » signifie « reine » en langue haoussa. Elel a été chef politique et religieuse présidant depuis Lougou, la capitale aux destinées du royaume Azna, dans le sud-ouest du Niger.
En 1899, elle organise la résistance contre la colonne d'exploration Voulet-Chanoine, réputée l'une des missions les plus meurtrières de la colonisation française en Afrique de l'Ouest.
La Mission Afrique centrale, créée en 1898 et dirigée par les capitaines Paul Voulet et Julien Chanoine, partie de Saint-Louis du Sénégal devait rejoindre le Tchad.
EXCLUSIF SENEPLUS - En débusquant et en dénonçant les bourreaux, nous devons nous interroger sur nos propres responsabilités dans notre histoire. Qu’avons-nous fait pour subir ce qui nous a été infligé ?
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 31/07/2020
« La guerre la plus difficile à gagner est celle que l’on mène contre soi-même » (Amadou Hampaté Bâ).
L’homme a des problèmes avec son histoire, celle qui est faite de turbulences et de sang, de bruit et de fureur. Le passé que nous devons lire, comprendre et interpréter pour le transcender mêle parfois, dans de douloureuses réminiscences, bourreaux et victimes.
Les blessures du passé restées ouvertes expliquent que l’émotion soit le sentiment qui domine lorsqu’on songe à ces moments de douleur. La traite négrière, l’esclavage, la colonisation et le nazisme font partie des plaies profondes de l’humanité.
L’Allemagne hitlérienne qui fut sa honte il y a 80 ans, a obligé l’Occident à liguer ses peuples pour faire triompher la civilisation sur la barbarie. Il a traqué sans répit les criminels jusque dans leur dernier repaire, les a jugés et condamnés. L’État d’Israël a poursuivi avec une opiniâtreté aussi tenace que redoutable les auteurs de la Shoa.
L’Afrique n’a pas vu ce même Occident mettre au ban de l’humanité ceux qui l’ont pillée, avilie et méprisée des siècles durant. Juste un petit frémissement après l’assassinat de George Floyd.
Le crime de Minneapolis, dans des conditions effroyables, a été le point de départ d’une indignation qui a culminé à un niveau rarement atteint dans des manifestations planétaires contre la barbarie.
Époques d’obscurantisme
Le monde entier, toutes races confondues, a dénoncé, dans un élan d’espérance, les époques d’obscurantisme. Après le temps de l’émotion, celui de l’interrogation, et surtout de l’inventaire. Inévitable, la question centrale est de savoir si le combat est livré contre le passé ou pour l’avenir ? Il est tentant de répondre que la lutte est menée pour les deux. Notre passé doit être une référence, un point de départ qui nous engage à commencer par le plus difficile, reconstruire et non le plus facile, détruire.
Significatif de l’après-George Floyd, le déboulonnement des stèles et de statues de ceux qui ont marqué au fer rouge l’histoire de l’homme noir, un vaste mouvement a pris partout le relais pour jeter à l’eau des œuvres honteuses, débaptiser des avenues et des places, comme si de tels actes, si fortement chargés de symboles, suffisaient à exorciser les démons d’une très longue résignation.
Ces objets inanimés que sont les statues, ont-elles
donc une âme, comme s’interrogeait le poète Lamartine ? Elles ont fait partie en tout cas du décor quotidien qui a nourri pendant des siècles le combat contre le racisme. De la même façon la participation des soldats africains aux guerres mondiales a servi de levain aux revendications et à l’obtention de nos indépendances.
Aristote (IVe siècle avant JC) écrivait dans la Politique «l’humanité est divisée en deux catégories : les maitres et les esclaves ». Énoncé comme une évidence, il n’y a rien de plus faux que ce mot du penseur grec dont l’apport a été, par ailleurs, remarquable, dans certains secteurs de la philosophie. Les bourreaux et les victimes ne peuvent pas avoir la même lecture de l’histoire, les héros des premiers ne peuvent pas être célébrés chez les seconds.
Sans guerre, sans traite négrière et sans colonisation encore moins esclavage, l’Europe et l’Afrique, deux continents voisins, tentent de mutualiser leurs efforts face aux crises qui secouent le monde, en ce moment la maladie à coronavirus. Les rapports humains ne sont donc pas condamnés à la barbarie. En ce 21è siècle, avec des relations normales entretenues, nous commerçons et coopérons dans des conditions d’intérêt mutuel.
Une évidence, sans doute teintée d’angélisme, est que nous aurions pu mêler nos traditions, nos civilisations, nos valeurs et notre sang même sans cette violence inouïe qui a conduit à la plus grande saignée qu’ait connue l’humanité dans la durée, par le nombre et les conséquences.
Devoir d’inventaire
Aussi, l’émotion qui étreint lorsqu’on évoque ce que notre histoire recèle de tragédie se justifie-t-elle avec la destruction de ce qui est visible : les symboles qui sont autant de couteaux remués dans les plaies. La profondeur de ces blessures justifie que l’on déboulonne des statues, débaptise des avenues, des villes et même des pays. Ils ne rappelaient que trop asservissement et destruction, profanation de nos panthéons où nos rois, nos chefs de guerre, nos cerveaux, bref nos héros, ont subi l’injure du dénigrement et du rejet aux orties de l’histoire.
Après l’émotion inévitable, humaine, s’impose le devoir d’inventaire. En débusquant et en dénonçant les bourreaux, nous devons nous interroger sur nos propres responsabilités dans notre histoire. Qu’avons-nous fait pour subir ce qui nous a été infligé ? Avons-nous participé, contribué ou facilité notre propre lynchage, la violation de nos droits, le bradage de nos semblables, notre rabaissement en tant que partie intégrante de l’humanité ? Pourquoi ce qui est arrivé est-il arrivé ? Qu’avons-nous fait pour le rendre possible ? Nos traditions politiques, sociales, économiques, et culturelles, étaient-elles perméables au point d’annihiler en nous toute capacité de défense et de résistance ? Qu’avons-nous fait pour rendre possible ce qui nous est arrivé ?
Avons-nous eu connaissance de l’existence d’autres esclavagistes qui n’ont pas érigé des statues visibles dans nos avenues et nos villes mais dont les pratiques ont laissé des stigmates indélébiles dans les cœurs meurtris ? Quel sort a-t-on réservé aux nombreuses demandes de réparation par le Nord de l’esclavage et de la colonisation subis par le Sud ?
Question terrible : l’Union Africaine (UA) a-t-elle enterré le combat initié dans ce secteur par son ancêtre, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) ? A-t-on sacrifié les revendications légitimes sur l’autel de la realpolitik ?
Autant de questions qui exigent des réponses de toutes les disciplines des sciences politiques et humaines, des acteurs politiques ainsi que le décodage de nos traditions orales pour permettre de décrypter notre passé, éclairer notre présent, choisir nos options pour maitriser notre avenir.
Œuvre suprême
En attendant, penchons-nous sur le passé sans affecter sa réalité, en n’oubliant pas que les méfaits d’hier dont nous sommes victimes demeurent une honte et une plaie sur le front de l’humanité qui ne s’y trompe pas dans le préambule de la charte constitutive de l’Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture (UNESCO) : « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».
Gardons-nous donc de conduire à la potence les esclavagistes par procuration par le simple déboulonnage de leurs statues. Laissons-leur symboliquement la vie sauve à travers leurs descendants pour comprendre la justesse du combat que l’on menait contre les perversités du système qui les entretenait. Et leur prouver que la démocratie est égalité entre les hommes et les peuples. Même s’il est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres, comme le disait avec esprit Winston Churchill.
A l’inverse, les esclavagistes et autres racistes doivent trouver d’autres réponses à leurs ignobles forfaits, empêcher la répétition de leurs crimes, ériger le contraire des sociétés qu’ils prônaient, origine de leur fortune douteuse au fil des siècles. Enfin, en prêchant d’exemple face aux générations montantes, abstraction faite de leurs origines, en leur enseignant que la fraternité est meilleure que les préjugés hiérarchisant les races. Et mettre définitivement au bûcher le funeste Code noir de Colbert qui rejetait aussi les Juifs, tout comme les infâmes instructions de Jules Ferry sur ceux qui ont pour mission de civiliser les indigènes.
Il faut, ici et maintenant, déboulonner les images, les symboles, les pensées et les idées qui véhiculent tous les stéréotypes. C’est le préalable pour extirper de nos têtes les complexes autant chez les bourreaux que chez les victimes, nous libérant ainsi de nos vieux démons. L’objectif ultime est d’accomplir une œuvre de destruction des statues mentales pour préparer l’avenir sans oublier le passé. C’est l’épreuve suprême pour conjurer nos propres pulsions, car, comme l’a dit le sage Amadou Hampaté Bâ « la guerre la plus difficile est celle que l’on mène contre soi-même ».
MACKY SALL INSISTE SUR LE RESPECT DES GESTES BARRIÈRES ET LA PROTECTION DES PERSONNES ÂGÉES
Le président de la République a exhorté vendredi ses compatriotes à respecter les gestes barrières contre le Covid-19 et a demandé aux jeunes d’aider à la protection des personnes âgées contre la maladie à coronavirus.
Dakar, 31 juil (APS) – Le président de la République a exhorté vendredi ses compatriotes à respecter les gestes barrières contre le Covid-19 et a demandé aux jeunes d’aider à la protection des personnes âgées contre la maladie à coronavirus.
S’adressant à la nation à l’occasion de la Tabaski, la fête du sacrifice commémorant la soumission du prophète Ibrahim à Dieu, Macky Sall a tenu à ‘’insister’’ sur le port du masque, le lavage des mains et la distanciation sociale pour réduire les risques de propagation du Covid-19.
‘’La seule [mesure] qui peut aider à freiner la maladie, c’est le respect des gestes barrières, c’est surtout le port correct du masque et la distanciation sociale’’, a-t-il dit en s’exprimant sur la RTS, assurant que ‘’nous pouvons arrêter la propagation et protéger des vies’’ du Covid-19.
‘’La jeunesse a un rôle déterminant à jouer. Elle peut penser qu’elle est protégée. Elle doit protéger les personnes âgées’’, a dit le chef de l’Etat, rappelant que les plus âgés ont payé le plus lourd tribut à la pandémie de coronavirus.
Il a demandé le pardon de tous et a accordé le sien à tout le monde, à l’occasion de la Tabaski, célébrée le 10 du dernier mois du calendrier musulman.
Cette année, la Tabaski se déroule dans un contexte singulier : la pandémie de coronavirus, qui a fait des centaines de milliers de morts dans le monde.
Au Sénégal, un peu plus de 10.000 cas de coronavirus ont été recensés par le ministère de la Santé depuis la découverte du premier cas dans le pays, le 2 mars.
Quelque 200 personnes en sont mortes, et 3.176 patients sont pris en charge dans les centres de traitement de la maladie, selon le dernier bilan donné de la maladie, jeudi, par le ministère de la Santé.
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LA PRIÈRE DE LA TABASKI À LA MOSQUÉE OMARIENNE
Comme un peu partout dans le monde, la communauté musulmane du Sénégal célèbre la fête de l’Aïd el Kebir ce vendredi, 31 juillet 2020.
Comme un peu partout dans le monde, la communauté musulmane du Sénégal célèbre la fête de l’Aïd el Kebir ce vendredi, 31 juillet 2020. Une fois n’est pas coutume, elle sera célébrée à l’unisson dans le pays. Mais, ce sera dans un contexte particulier : avec la crise sanitaire causée par la propagation du coronavirus, les quelques mosquées qui ont ouvert leurs portes l’ont fait dans des conditions très strictes. Masques, gels, distanciation physique...
Rien n’est laissé au hasard par les hommes, femmes et enfants qui ont ainsi répondu à l’appel. Comme à Masalikul Jinaan, c’est également le cas à la mosquée omarienne, sise sur la corniche Ouest où s’est rendu un de nos reporters photographes pour immortaliser le moment.
par Fatoumata Sissi Ngom
LE RÊVE LUCIDE DE ROKHAYA
EXCLUSIF SENEPLUS - L’homme a pris le dessus dès le début. S’en sont suivies injustices et dominations millénaires au détriment de la femme. Mais comme au cours du cycle de la vie, les sociétés sont en train de tendre vers un équilibre naturel
Dans ce texte initiatique et fort, Fatoumata Sissi Ngom déplie les dimensions originelles de l’homme et de la femme et mêle Science, biologie cellulaire et philosophie pour expliquer les inégalités hommes-femmes et analyser la fin prochaine, naturelle et programmée de la masculinité nocive.
Rokhaya se lamente beaucoup sur le sort de la femme dans la société africaine. Elle veut comprendre l’origine des règles de la vie du monde et des injustices envers les femmes. Rokhaya a un don extraordinaire. Celui d’entrer dans des sortes de limbes, espace magique et indéterminé, et d’y construire ses propres rêves. On appelle cela les rêves lucides. Elle s’allongea sur son lit, appliqua la méthode dont elle seule a le secret et plongea dans un doux sommeil. Aujourd’hui, elle a décidé de converser en rêve avec un très grand biologiste, le Docteur Shettles, qui avait fait, il y a très longtemps, une formidable découverte.
– Dr Shettles, dit-elle, je voudrais comprendre le début de la vie et examiner l’origine des inégalités entre l’homme et de la femme. Qu’avez-vous à m’apprendre ?
– Et si on faisait un jeu ? lui répondit-il. Je vous donne quelques petits indices, et vous réfléchissez après.
Il continua.
– Avant le début de la vie, les spermatozoïdes mâles, qui font un voyage fantastique vers l’ovule pour former un bébé garçon, sont ultra rapides. Cependant, ils sont fragiles et leur durée de vie se mesure en heures. Les spermatozoïdes femelles, eux, qui font le même merveilleux voyage vers l’ovule pour former un bébé fille, sont plus lents, mais beaucoup plus résistants et résilients. Elles peuvent vivre jusqu’à trois jours ou même plus parfois.
Soudain, dans son propre rêve, Rokhaya eut une illumination. L’origine du monde se dessina devant elle. N’y a-t-il pas là un puissant message caché ? La Nature est extraordinaire.
Elle se mit à méditer pour élaborer une théorie.
– Ah ! Voilà donc pourquoi il y a plus d’hommes que de femmes qui naissent dans ce monde, pensa-t-elle. Ils arrivent à l’ovule plus rapidement. J’avais un jour posé la question à un professeur de géographie, mais il avait uniquement convoqué Dieu dans ses explications. Voilà pourquoi aussi, naturellement, les femmes vivent plus longtemps que les hommes : la Nature reprend ses prédispositions. Mais alors, que s’est-il passé dans le monde ? Se demanda-t-elle.
La réponse lui vint. C’est l’homme qui a décidé des premières règles et défini les premiers ordres du monde. C’est un homme qui a décidé que la femme lui était inférieure. C’est un homme qui a décidé que la femme doit lui être soumise. C’est un homme qui a décidé de quelle façon une femme doit s’habiller. L’homme a pris le dessus dès le début du monde. S’en sont suivies injustices et dominations millénaires au détriment de la femme. Mais comme au cours du cycle de la vie, les sociétés sont en train de tendre vers un équilibre naturel qui redonnera sa place à la femme. Cette marche est lente et se déroule dans le temps du monde. La femme marche avec force et tranquillité vers son temps. Elle prouve qu’elle peut faire les mêmes choses que l’homme. Il en existe des guerrières, des héroïnes, des inventrices, des créatrices. En Afrique, comme dans tous les autres continents du monde, justice est en train d’être faite pour la femme. Mais le temps semble plus long en Afrique.
Alors elle décida, dans son rêve, d’écrire une lettre aux enfants d’Afrique.
À la petite fille qui me lit, sache que tu n’es ni inférieure, ni moins forte que les petits garçons. Ton cerveau est capable des mêmes choses que celui d’un garçon. Tu as le droit d’étudier, de travailler et de participer plus tard au développement de ton pays. Toi aussi tu peux changer le monde pour le meilleur. Tu es libre. Mais en grandissant, sache que l’homme n’est pas ton ennemi: il peut être ton partenaire. Si vous coopérez, il peut te compléter.
Au petit garçon qui me lit, ouvre les yeux autour de toi et observe les injustices envers les filles. Si tu vois qu’on frappe une fille, proteste. Si tu vois qu’on te sert une plus grande quantité de nourriture que ta sœur, ta cousine, ou ton amie, uniquement parce que tu es un jeune homme et que tu dois être plus fort, proteste. Si tu vois qu’une petite fille passe beaucoup de temps en cuisine au lieu de faire ses devoirs comme toi, proteste. En grandissant, sache que la soumission et la faiblesse sont des anomalies: la femme est ton partenaire. Si vous coopérez, elle peut te compléter.
Rokhaya remercia le Dr Shettles et décida d’ouvrir les yeux. Elle jeta un regard circulaire dans sa chambre et remarqua une feuille de papier pliée en deux sur son bureau. Alors elle la déplia et découvrit la lettre qu’elle avait écrite dans son rêve.
Ce texte a été écrit dans le cadre d’un futur projet éducatif et artistique au Sénégal, Gno Yam (Nous sommes égaux).
Fatoumata Sissi Ngom est analyste de politiques, écrivaine (Le silence du totem, 2018), (La tragédie des horizons, Revue Apulée, 2020), ingénieur en informatique et en mathématiques financières et diplômée de Sciences Po Paris.
par Karim Wade
MES VOEUX POUR LA TABASKI
Cette année plus que les autres, nous prierons Allah (SWT) d’accepter notre sacrifice ainsi que nos invocations pour plus de santé, de sérénité, de sécurité et de stabilité au Sénégal et dans notre sous-région
Chers compatriotes, nous célébrons cette année la fête de l’Aid El Kébir dans un contexte très particulier, marqué par la lourde présence de la pandémie du Coronavirus dans notre pays et partout à travers le monde.
En cette occasion, je voudrais d’abord rendre grâce à Dieu, Le Tout Puissant, qui par sa majestueuse volonté nous a permis de sacrifier encore à sa recommandation, perpétuée depuis l’époque du prophète Ibrahim. Que la Paix d’Allah soit sur Lui.
Je voudrais ensuite formuler, des vœux chaleureux de prompt rétablissement à l’endroit des malades et des prières ardentes pour le repos de l’âme de celles et ceux qui ont été arrachés à notre affection au cours de l’année.
La situation sanitaire inédite en cours nous appelle tous, quelle que soit notre appartenance politique, ethnique ou religieuse à travailler de concert, pour endiguer la pandémie du coronavirus, en respectant les mesures barrières recommandées par les autorités de la santé.
Cette année plus que les autres, nous prierons Allah (SWT) d’accepter notre sacrifice ainsi que nos invocations pour plus de santé, de sérénité, de sécurité et de stabilité au Sénégal et dans notre sous-région.
J’implore enfin, en ce jour sacré, célébré par les musulmans du monde entier, le pardon de chacune et de chacun d’entre vous tout en vous adressant mes chaleureux vœux de bonheur et de réussite.
Baal leen ma akh, baal naa leen !
Que Dieu veille sur le Sénégal et l’Afrique !
Déwenati !
«TALLA SYLLA N’EST PAS A SON COUP D’ESSAI EN MATIERE D’ILLEGALITE»
Pour Saër Mangane, responsable Rewmi à Thiès, la ville est gérée de manière «populiste et théâtrale» par son maire
Pour Saër Mangane, la ville de Thiès est gérée de manière «populiste et théâtrale» par Talla Sylla. Le responsable de Rewmi soutient que le maire de Thiès dont la gestion a été épinglée par l’Ige, est un «récidiviste». Dans cet entretien, il qualifie, par ailleurs, de «fiasco» la gestion de la pandémie et demande plus «d’autonomie financière et de pouvoirs» aux collectivités locales.
Vous vous êtes fait remarquer après la publication du rapport de l’Ige. Pensez-vous, comme d’autres, qu’il y a une volonté de protéger des agents de l’Administration ?
Difficile de soutenir le contraire au regard de certaines considérations. Je me demande d’abord où est-ce que les Ige trouvent la motivation à produire continuellement un rapport dont les recommandations sont ignorées et les personnes incriminées pour la plupart non inquiétées ? A la longue, c’est la pertinence de l’existence même de cette institution qui sera en jeu. D’autant plus l’Inspection générale d’Etat n’est pas exempte de reproches parce qu’elle viole le principe de l’annualité du dépôt des rapports entre les mains du président de la République. L’institution est restée quand même 4 ans sans déposer de rapports. Et tout cela conjugué avec les prérogatives en matière de poursuites judiciaires du président de la République des personnes fautives, il n’est guère étonnant, pour des raisons politiques, que certains peuvent voir leurs dossiers sous le coude du Président et certains adversaires gênants finir en prison. D’où la nécessité de revoir ce corps d’élite pour qu’il puisse jouer son rôle premier.
Vous avez qualifié la gestion du maire Talla Sylla de «scandaleuse» après la publication du rapport de l’Ige qui a épinglé la gestion de la ville de Thiès. Vous l’avez même qualifié de maire hors la loi. Pourquoi ?
Il faut d’emblée dire qu’il n’y a rien de politique dans ma démarche puisque Talla Sylla, dans le bureau du centre de vote de son quartier où il a grandi, n’a récolté que 23 voix alors qu’il était tête de liste nationale lors des dernières Législatives. Il est bon de savoir qu’il n’est pas à son coup d’essai en matière d’illégalité, c’est un récidiviste dans la mesure où le premier acte majeur qu’il a pris en tant maire de la ville Thiès fut illégal. Il avait autorisé unilatéralement l’installation d’un Mickey Land en face de la mairie sans la délibération du Conseil municipal. Pire, pendant deux ans, il a voulu se faire voter son budget sans présenter le compte administratif qui permet à l’organe délibérant de vérifier d’éventuels détournements proprement dits ou d’objectifs. C’est ce qui avait expliqué le refus des conseillers de Rewmi de le joindre dans l’illégalité. Donc, l’Ige ne vient que consacrer ce que nous savons déjà. Par conséquent, celui qui se met en marge de la loi comment pourrait-on l’appeler ? En ce qui concerne sa gestion, Thiès a le maire qui, en six ans de magistère, a fait zéro inauguration alors que c’est le maire qu’on entend le plus dans les médias. Il doit choisir entre parler beaucoup et travailler beaucoup.
Mais Talla Sylla a indexé ses adversaires politiques qui chercheraient à l’éliminer. Ne pensez-vous pas qu’il y a des dessous politiques comme beaucoup pensent de ces rapports ?
Il me faut vraiment la retenue d’un grand Saint pour ne pas en rire. Talla Sylla avait subitement fait volte-face pour rejoindre le camp présidentiel. Ceci après avoir acheté la carte du parti Rewmi, prêté allégeance au Président Idrissa Seck et s’être autoproclamé son Baye Fall et son bouclier contre les agissements de Macky. L’histoire nous a montré qu’il manigançait juste pour avoir l’onction de Idy pour devenir maire. Il faut signaler que quand Talla Sylla rejoignait notre coalition lors des Locales, il était seul, sans parti ni mouvement contrairement aux entités de notre coalition. Maintenant, il n’y pas de victimisation qui vaille et l’évocation d’ennemis imaginaires quand on est fautif dans sa gestion. Il doit assumer ses responsabilités et se conformer à la loi, c’est très simple. La gestion publique est et restera toujours gouvernée par cette triptyque : transparence, reddition des comptes et responsabilité. Et il ne va pas jusqu’au bout de la logique de ses accusations. Comment on peut accuser le directeur de Cabinet du président de la République, Augustin Tine, de divulgation illégale des rapports et essayer d’absoudre Macky Sall, patron de ce dernier ?
Vous avez aussi dénoncé son «Wagnou daara» qu’il a initié pour venir en aide aux talibés dans le cadre de la pandémie. Et vous, quelle action avez-vous menée dans la lutte contre le Covid-19 ?
Je n’ai pas dénoncé le «Wagnou daara». C’est une bonne initiative conjoncturelle. J’ai juste dénoncé le fait que, après la sortie du rapport de l’Ige l’incriminant, le maire ait voulu prendre comme bouclier les talibés alors que les faits qui lui sont reprochés datent de 2015 et son «Wagnou daara» a été lancé en 2020. C’est le lieu de féliciter tous les agents municipaux et thiessois de bonne volonté qui se sont beaucoup investis pour la réussite de cette opération. Malgré leurs inlassables efforts, force est de constater que l’opération est ponctuée de beaucoup de couacs liés au système de distribution, à l’hygiène, à la qualité et à la quantité des mets. En ce qui me concerne, j’ai apporté ma modeste contribution en requérant les services d’une socio-anthropologue qui a une belle expérience en matière de pandémie pour m’aider, dès les premières heures de l’Etat d’urgence, à sensibiliser la population. Et, dans ce cadre, nous avons usé de tous les leviers communautaires, notamment les infirmiers chefs de poste, les badiénou gokh, les imams, les étudiants, les Asc, les notables, etc. Nous avons aussi procédé à des distributions de masques, de denrées alimentaires pour soulager certaines populations. Nous nous sommes aussi investis dans la salubrité des écoles. Dieu merci, dans notre champ d’action, il n’y a pas encore de cas déclaré, je touche du bois.
Justement, quel est votre avis sur la gestion de cette pandémie du Covid-19 ?
Ce serait un euphémisme de dire que la gestion de la pandémie globalement est un fiasco. A mon sens, tout a été raté dès le début. On aurait pu freiner la pandémie en procédant par des confinements totaux de certaines localités. En tant qu’élu local, à travers la pandémie, j’ai pu mesurer réellement les limites des collectivités locales en termes de moyens et de pouvoirs. Si nos maires avaient l’autonomie financière pour pouvoir décider de confiner leur population nous n’en serions pas à ce stade de la pandémie. D’où la nécessité de revoir l’Acte 3 de la décentralisation.
Comment avez-vous accueilli les mesures sociales et économiques prises par le chef de l’Etat pour faire face aux effets du Covid-19 ?
Nous avons senti une certaine volonté du président de la République d’accompagner son Peuple dans les moments de résilience. Cependant, il y a beaucoup de nébuleuses liées aux marchés passés durant la période du Covid-19. En ce qui concerne la distribution de vivres qui fut une grande source de tension sociale, non seulement la mesure n’est pas pertinente, mais il y a aussi beaucoup de manquements. Je pense que l’Etat a choisi cette méthode plutôt que celle de la Côte d’ivoire qui a fait des mandats via les servies de transfert d’argent.
Economiquement, le Sénégal allait déjà inéluctablement vers une récession économique due à un taux d’emprunt très élevé et sans l’orienter vers des secteurs productifs. Ceci étant dit, dans la relance économique qui est à l’ordre jour, il ne faut pas que l’Etat néglige le secteur privé local. Il faut nécessairement qu’il incite les banques à l’accompagner.
LE SÉNÉGAL DÉPASSE LA BARRE DES 10 000 CAS
Ce jeudi, 145 nouveaux cas ont été enregistrés sur un échantillon de 1547 tests réalisés, soit un taux de positivité de 9,37%.
Le Sénégal a franchi la barre des 10 mille patients testés positifs au coronavirus. L’information a été donnée par le directeur de la prévention, El Hadji Mamadou Ndiaye qui faisait le point de la situation du jour.
Ce jeudi, 145 nouveaux cas ont été enregistrés sur un échantillon de 1547 tests réalisés, soit un taux de positivité de 9,37%. Il y a eu 116 cas contacts suivis par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale et 29 issus de la transmission communautaire. Lesquels proviennent de Saint Louis, Thiès, Guédiawaye, Mbao, Diourbel, Grand Yoff Hlm Grand Yoff, Joal, Kédougou, Keur Massar, Cokki, Parcelles assainies, Pikine, Richard Toll, Rufisque, Touba et Ziguinchor.
Il y a 70 patients qui ont été testés négatifs donc guéris. Les cas graves vont crescendo. Ils sont, à ce jour au nombre de 48 alors que 4 nouveaux décès ont été enregistrés. L’état de santé des autres patients est stable.
A ce jour, le Sénégal a enregistré 10 106 cas dont 6725 guéris, 204 décédés 3176 sous traitement. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale exhorte les Sénégalais à respecter les mesures de prévention individuelle et collective notamment le port obligatoire du masque et le lavage des mains.
Par Ibrahima BAKHOUM
BABACAR SOUS TERRE, LA PRESSE PERD SON EMBLEME
Maison de la Presse Babacar Touré. Cette fois Mbaye, tu ne pourras ni décliner ni même faire attendre. C’est comme si le président Macky Sall prenait une petite revanche
Maison de la Presse Babacar Touré. Cette fois Mbaye, tu ne pourras ni décliner ni même faire attendre. C’est comme si le président Macky Sall prenait une petite revanche.
En 2012, le Chef de l’Etat avait dû s’y prendre par deux fois avant de te convaincre d’accepter la Présidence du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel. On est en septembre. Ceux qui suivaient le dossier savent que, même la composition du Collège du CNRA avait pris un temps plus long que d’ordinaire. Tu avais demandé et obtenu que les futurs Conseillers fussent politiquement peu ou pas du tout marqués. Surtout pas du tout partisans. Logique, Macky te laissa le choix de la désignation des membres de ton équipe. Et tu t’abstins de copinage. Certains de tes futurs collaborateurs ne t’avaient jamais rencontré et il y en avait dont tu ne découvris le visage que le jour où, dans une prise de parole publique au King Fahd Palace, le Chef de l’Etat t’a lancé un « oui, Monsieur le Président, j’ai validé votre liste ». Voilà pour la petite histoire. Ceux qui un moment, ruèrent dans les brancards de la dénonciation avaient tout faux, estimant que le Président de la République venait de donner « à un concurrent », des droits de vie et de mort sur les autres éditeurs. On pouvait les comprendre. Le Groupe Sud dont tu étais jusqu’alors le PDG, avait déjà sa radio. Une première comme investissement privé dans la chaine de valeur de la Communication audiovisuelle au Sénégal. Là encore, tu t’illustras en pionnier.
Acteur des médias, tu avais tout ton mandat durant à la tête du CNRA, mis l’accent sur la pédagogie et le contact direct avec les éditeurs, même et surtout ceux qui à travers des programmes, se rendaient coupables de sorties de pistes éthique et déontologique. Pour une stricte observance de la loi, tu n’avais non plus jamais voulu te laisser prendre en défaut. Ton successeur a trouvé la tradition dans la maison ; il est resté dans la continuité. Vous avez en commun d’être des journalistes.
REUSSIR LA TRANSITION
Arrivé au terme de ta mission en 2018, tu t’es abstenu de retourner immédiatement à tes fonctions éditoriales. L’élégance républicaine t’avait éloigné des pages de Sud. Parce que devenu régulateur, tu avais choisi de ne jamais être juge et partie. Même si concernant la publication phare du groupe tu ne t’étais pas laissé aller à l’indifférence, tu avais fait le pari de ne jamais te laisser surprendre à prendre parti pour le quotidien dont tu proposas le titre de l’ancêtre, Sud magazine. C’était un jour de 1985. Le petit cercle de cinq confrères des quatrième, sixième et septième promotions du CESTI réunis chez toi à HAMO 1 avait tellement rêvé de panafricanisme et de libération et/ou liberté pour les peuples du Sud, que ta proposition de nom pour ce que nous allions créer, avait tout de suite obtenu l’adhésion des quatre autres. Une dizaine d’années plus tard, tu parlas de Sud comme d’une « galaxie éclatée », parce que quelques uns de ceux qui avaient été là aux premières heures ou venus plus tard, s’étaient ouvert d’autres pistes entreprenariales, sans jamais rompre avec la famille. Fairplay et grand Seigneur comme on ne peut plus, tu avais accompagné financièrement l’initiative du premier des quatre, parti faire cavalier seul. Pendant ce temps, sous ton influence, ton entregent, ton portefeuille relationnel qui débordait largement les frontières de notre pays, SUD renforçait sa place dans la construction d’une opinion publique de plus en plus regardante sur la gouvernance publique. C’était le projet.
L’emblème aux « 3 lettres d’or » avait réussi une initiative inédite. Tu t’es souvent plu à le dire dans des moments de plaisanterie : ce qui est devenu aujourd’hui le Groupe Multimédia Sud Communication était au départ, un produit-passe temps pour de jeunes journalistes ayant chacun un port d’attache professionnel avec salaire relativement correct. Abdoulaye Ndiaga Sylla, Sidy Gaye et Ibrahima Fall étaient encore au quotidien gouvernemental Le Soleil, où tu fis stage es qualités étudiant au CESTI. La fréquentation Ecole-milieu du travail avait pu vous faire tisser des rapports de confiance mutuelle en la valeur professionnelle de chacun. Plus tard, vous rattrapa le besoin incompressible d’expression plurielle et de libération éditoriale. Il vous fallut pouvoir pratiquer le journalisme tel que vous l’aviez appris, ce que ne pouvaient pas toujours permettre les médias dits d’Etat. Parmi ces derniers l’Agence de Presse Sénégalaise. Là aussi tu as été stagiaire.
ET LE SOLEIL PERDIT DE BRILLANTES PLUMES
Le besoin d’indépendance comme en rêve tout jeune journaliste avait été si souvent manifeste dans les attitudes de tes confrères et futurs co-fondateurs de Sud, que nul ne fut surpris par la démission de Sylla, Fall et Gaye. Le Soleil venait de perdre de bons analystes et versa à l’entreprise de Presse en gestation, de redoutables polémistes. Aussi, beaucoup y compris dans le milieu professionnel, ne donnèrent-ils pas cher d’un compagnonnage durable entre fortes têtes. Tu savais tout cela. Il y avait respect des différences et tu es parvenu, en bon meneur d’hommes, à créer un esprit d’entreprise en capitalisant sur les contradictions, les atouts et le tempérament de chacun.
De ton poste à ENDA, où ton assistante Mame Fatou Fall s’occupait de dactylographier tes premiers textes destinés à ce qui va devenir SUD Magazine, tu coordonnais déjà le contenu du premier numéro de la publication, à l’origine trimestrielle. La Une fut consacrée, en février 1986, à l’éminent Pr Cheikh Anta Diop. Le projet panafricaniste prenait déjà forme. La plateforme démocratique n’a plus jamais quitté l’espace public dont tu devins une figure, des plus illustres, des plus emblématiques.
Un éditorial signé Babacar Touré emballait tout ce que le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest d’alors avaient comme intellectuels et personnalités politiques de premier plan. Ainsi Sud Magazine d’abord, Sud Hebdo ensuite, le quotidien et la radio FM successivement, ont réussi à donner un autre nouveau visage à la presse papier et à la radio, dans un pays pas vierge d’initiatives privées, mais pour des expériences qui, dans le secteur, ont fait long feu.
Les titres qui suivirent la naissance de Sud hebdo complétèrent le tableau de la bien nommée « bande des quatre », ou encore les « 4 Mousquetaires ». Walfadjri, le Cafard Libéré et le Témoin arrivaient sur le marché.
En toi Babacar, les hommes et femmes des médias, les universitaires d’ici et d’ailleurs venaient de découvrir un maître, un militant du journalisme. La profession s’en trouvait rapidement rendue plus attractive, et des jeunes sortis d’Ecoles ou se faisant encadrer sur le tas et le tard pour certains, ne rêvaient que de cette profession où la liberté d’expression côtoyait et se renforçait du devoir assumé de responsabilité. Sud passé quotidien en 1993, la radio Sud FM ouverte l’année suivante, en 1994, tu eus l’idée de donner de la chance à ceux dont le concours très sélectif du Cesti pouvait briser le rêve de devenir Journaliste ou Communicant.
ASSURER LA FORMATION POUR PRESERVER LA RELEVE
L’explosion médiatique que tu voyais venir appelait davantage de personnels bien préparés aux fonctions sociales d’information par voie de Presse. Et naquit en 1996, l’Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication (ISSIC), dont la seule évocation renvoyait à Abdou Latif Coulibaly devenu plus tard, figure emblématique du journalisme d’investigation. « L’Ecole de Latif » s’était fait un nom, une enseigne dans l’Enseignement Supérieur. Une décennie venait alors de s’écouler depuis le matin où, fouettés par le vent frisquet des mois de décembre, nous faisions le pied de gru devant le hangar, à cette heure encore fermé, de l’ADP. Je cherchai les mots pour te distraire autrement, vu ton humeur du moment. Tu venais de te demander pourquoi il y avait si peu d’engagés (nous n’étions que deux en vérité), pour assurer la manutention de la publication, au Km 2,5 Boulevard du Centenaire. Sud Magazine avait ses locaux à la rue de Bayeux en centre-ville. Une petite pièce au fond d’une cour, après que nous avions un temps durant, quasi squaté le salon de Mme Touré, chez toi en proche banlieue de Dakar. Tu avais aussi relevé à cet instant, que nous avions été les principaux rédacteurs des articles de l’édition dont nous étions invités à aller enlever le tirage. La Messagerie qui distribuait tout ce qui était publications de qualité au Sénégal, faisait l’essentiel de son chiffre d’affaires avec les journaux français et la presse africaine de Paris. Le Titre Sud faisait encore ses petits pas dans le monde des médias qui comptent. Pour te calmer ce matin donc, je t’ai sorti quelques mots dont je n’avais moi-même, pas mesuré la portée prémonitoire.
LE SUCCES AU-DELA DES ESPERANCES
« Arrivera un jour, te dis-je, où dans ce pays, personne ne pourra parler de Journalisme sans y associer ton nom ». On était en 1986. Et depuis, je ne sais combien de fois je t’ai rappelé cette prédiction, question de te dire que j’avais vu juste. Ce qui est arrivé est très largement au-delà de ce que je croyais voir venir. La réponse que tu me servis sur le moment est encore fraiche dans ma mémoire. « Tu penses que je travaille pour la gloriole » ?, me lanças-tu, histoire de me signifier que ton rêve n’était pas de célébrité ni de vedettariat. Tu n’avais pas vu venir, car te voilà largement auréolé de gloire. La preuve irréfutable en est administrée par le torrent d’éloges qui coulent dans tous les médias du pays et hors du Sénégal, depuis l’annonce de ton retrait définitif de la scène, dimanche 25 juillet 2020.
Après le professionnel, nous nous économisons relativement à ce qui fait que j’ai souvent parlé de toi comme d’une sécurité sociale ambulante. Ta main n’a jamais quitté ta poche. Des milliers de familles dans ce pays et ailleurs peuvent en témoigner. Il y a quelque trois semaines encore, je te le répétait après un appel de ton collaborateur et homme de confiance Ousmane NDIAYE, qui ne se signalait jamais sans la bonne nouvelle : « le grand m’a demandé de t’envoyer … » Le lendemain du dernier message de ce même Ousmane, tu m’annonçais être sur le chemin de chez ton médecin. Optimiste comme j’eus souvent raison de l’être, j’attendais le jour que j’espérais évident et proche, où tu me dirais comme de précédentes fois, « Ok B... tout va bien je suis à Ngaparou ». Je te voyais te sortir de la maladie. Erreur ; on t’a sorti de chez le toubib. L’imposant gabarit avait refroidi. Adieu Mbaye. Mes condoléances à ta famille, à Ndèye Fatou ta fille qui dut si souvent, les samedis après 13 h, sommeiller seule à la devanture de son Ecole maternelle. Là, attendait la gamine, que vienne la chercher le papa occupé à cogiter sur le menu d’une revue à la prochaine parution improbable, parce qu’il fallait aux fondateurs se cotiser pour aller à l’imprimerie. Ces condoléances vont à tous les tiens, aux frères et sœurs, à la maman de Ndèye Fatou qui eut un moment à imaginer un « club des épouses dont les maris rentrent tard ». C’était au début de Sud quotidien avec des bouclages tirant en longueur, tous les soirs. Illustration d’un paradoxe car certains jours, il s’y passait une ambiance exactement comme on ne pouvait imaginer se comporter, ces « mécontents » et/ou « rebelles », présumés hostiles à l’ordre établi. Se représentait-on ces journalistes comme une faune d’individus incapables de plaisanteries, de moments d’évasion joyeuse même sur le lieu de travail ?
UN TON PAS AU GOÛT DES AMIS
Vu de l’extérieur et victime d’un imaginaire qui accompagna ses fondateurs mais surtout alimenté par le physique de celui qui passait devant, Sud était une affaire de gens austères, voire prétentieux… opposés au Pouvoir. Le président Abdou Diouf et son Premier ministre Habib Thiam étaient pourtant tous deux du cercle de ceux dont on pouvait dire que Babacar avait l’écoute. De ces deux plus hautes personnalités de la République, on peut imaginer que tu connaissais l’office, la table le jardin et peut-être un bout d’arrière-cour. Ce qui n’avait aucune incidence sur la politique éditoriale de Sud. Tu avais tenu à garder tes amis à distance pendant que les journalistes s’occupaient à « informer juste et vrai ». La maison n’était pas à un paradoxe près. Au lendemain de ton départ pour le voyage sans retour, Mamadou Amat parlait encore de ton sens de l’humour. Lui Yamatélé imbattable sur ce registre, sait de quoi il parle.
Outre vos relations personnelles, il anima pour Sud hebdo, une célèbre chronique au titre de critique télé. Un redoutable observateur qui troublait le sommeil des agents d’antenne et présentateurs du JT de l’alors unique chaine au Sénégal. Cela lui valut ce pseudonyme de Yamatélé, que lui attribuèrent les cibles de ces mises au point. C’était en référence au petit bonhomme du dessin animé qui portait toujours son poste partout, sur l’épaule. Tu n’eus pas tort de lui ouvrir les pages de la publication, creuset de diversités d’opinions et de talents, le tout au service d’un journalisme loin des règlements de compte personnels et de la propagande ; que celle-ci soit assumée ou déguisée. Amat qui était à l’APS savait qu’il arrivait à la rédaction de s’animer d’anecdotes et de blagues entre reporters qui se vouaient un égal et mutuel respect. Et chacun parmi les déjà anciens de la Rédaction qui se rajeunissait, avait une étiquette. Celle-ci renvoyait à son style ou à des expressions qui se retrouvaient souvent dans ses textes.
Sidy Gaye le chroniqueur économique était sur des « Boulevards », quand Ibrahima Fall, « petit chef » chroniqueur politique et militant de gauche, décortiquait ses « Vulgates » devant un Abdoulaye Ndiaga Sylla incarnant la sagesse et la combativité syndicale. Il avait été secrétaire général du Synpics, et à ce titre négociateur à tes côtés, de la Convention Collective de 1991.
Loin du syndicat et exclusivement pour Sud, et plus d’une fois, il t’est arrivé d’être mis en minorité dans une mesure à prendre. Pour ne pas lâcher prise, tu faisais remettre la discussion à plus tard, le temps d’aligner Sylla, sur ton point de vue.
A la reprise, on disait rarement non à Ndiaga. Et tu gagnais. Je t’ai souvent rappelé ces épisodes du parcours de Sud. Dans la bonne humeur. Certains autres jours, tout prenait des allures de grand place joyeuse, A tel point qu’on pouvait craindre pour l’heure du bouclage. Mais les femmes et hommes préposés au traitement des menus avaient la main. Une fois les informations recoupées, vérifiées et consolidées, sortir du texte entrait dans l’ordinaire d’un journal normal. C’était aussi Sud.
ILS ETAIENT LA AUSSI
Babacar, je sais qu’il y a de ces personnes qui nous quittés et dont tu ne supporterais que leur nom et apport ne soient pas rappelés quand on parle des débuts de Sud. Comme des humains, nous avions déjà en projet de revisiter tout cela au 35 ème anniversaire, en 2021. Parmi eux, Mansour Niang Niamagne qui conçut et accompagna la charte graphique du magazine depuis Hamo1. Paul Nejem de l’imprimerie Saint Paul que tu te plaisais à appeler Petit Paul. Il avait été un complice des premières heures. Et Sud Magazine pouvait espérer paraître, même si l’enveloppe commençait à révéler une solvabilité peu évidente de celui qui signait les bons de commande, toi Babacar, en l’occurrence. Mais Paul et toi saviez manoeuver dans une mutuelle confiance. Il t’a devancé auprès du Créateur SWT depuis des années. Paix à son âme, lui qui dès le début, crut en des jeunes certes volontaires et engagés mais si peu prêts financièrement. Tu étais crédible, cela suffisait au fournisseur. Tu ne t’en étais pas arrêté à trouver les moyens de faire imprimer Sud Magazine. Tu eus l’idée de faire sponsoriser le projet jeune, par l’ancien Président du Sénégal. Léopold Sédar Senghor n’était plus aux affaires mais tu obtins un rendez-vous aux Dents de la Mer, sa résidence privée. Il te proposa de lui présenter un projet de Lettre qu’il signa après t’avoir assuré que Sud Magazine était agréable à lire. « Le ton est bon », voilà ses mots. ?
Babacar Touré, la Presse sénégalaise et celle ouest africaine francophone notamment, te doivent d’avoir connu un essor qui n’est, depuis lors, plus jamais remis en question. Partout naissent des Titres privés avec plus ou moins de chance de longévité. La démocratie s’en est trouvée à l’ordre du jour dans tous les pays de la sous région, même si les multiples soubresauts peuvent laisser une impression d’impréparation, telle que voulue et cultivée par des Pouvoirs politiques multi décennaux. Ce qu’il serait extrêmement dangereux de défendre, c’est l’idée que rien ne peut se faire contre les projets dictatoriaux. La Presse pourra assumer et poursuivre ses fonctions de vigie de la démocratie, si chacun de tes héritiers professionnels s’emploie à préserver et vivifier le legs.
ILS ONT SAUVE LA DEMOCRATIE
Tu as déjà reçu en son temps, des confidences sur comment la presse privée, Sud notamment, avait gêné et fait renoncer à un projet de liquidation de l’opposition sénégalaise. On sortait d’élections troubles en 1988. Et dans les cercles huppés de l’establishment on n’en revenait pas. La question était pour les décideurs, de savoir d’où sortaient donc ces journalistes inconnus aux tableaux des fils de, neveux de, frère de... C’est vrai qu’un coup d’œil sur les pièces d’état civil pouvait intriguer un peu plus. Entre 145 à 150 km voire davantage au sud ou à l’ouest de la capitale comme lieu de naissance, pour des perturbateurs de l’ordre établi par la puissance étatique, cela s’expliquait difficilement. Tout politiquement engagé que tu fusses, on ne pouvait te classer au niveau social de cet autre révolutionnaire, fils de Dakar né à Niamey et tué à la prison de Gorée en 1973. Comme Oumar Blondin Diop, tu fis tes humanités à l’école de la gauche radicale. Ce que tu en as gardé a fait de toi l’homme d’une immense générosité dont le talent professionnel et le combat démocratique sont salués partout. Politiquement cultivé, journalistiquement aguerri, l’histoire bientôt tri décennal de Sud a révélé en toi un grand homme intègre, digne et bon. Ton nom se prononce encore avoir bonheur et fierté dans les couloirs du CNRA dont tu as proposé au chef de l’Etat de nommer à la présidence, un autre Babacar, alors que tu terminais ton mandat. Et conseiller de l’ombre tu le restas pour aider à aplanir les rapports entre le Régulateur de l’Audiovisuel et des éditeurs qui s’essayaient à la sortie de route.
PRENDS TA MAISON ET REPOSE EN PAIX
On n’aura jamais tout dit te concernant, post mortem. Et comme tu sus allier vision, professionnalisme, rigueur et sociabilité, nous allons faire comme tu aimais recommander. Faire ou dire chaque chose en son temps, mais le faire ou le dire quand on aura fini de s’assurer que nul ne s’engagera sur une piste aventureuse du fait des seuls écrits d’un journaliste. A chaque étape son sujet. De quelques étapes de la marche des Sud-produits et de ta gouvernance de la Régulation de l’Audiovisuel, nous parlerons une prochaine fois avec le soutien d’autres acteurs au sein du Groupe et de l’institution. Repose en Paix Mbaye. Mais ton nom figurera sur tous les communiqués, cartons d’invitation ou supports publicitaires portant sur toutes activités et manifestions à tenir dans ou pas loin du majestueux immeuble qui trône sur la rue 5 angle Corniche, à Dakar. Une consécration décidée par le président Macky Sall et mérité incontestablement par l’incontournable Babacar Touré, lorsqu’il s’agit d’honorer la presse. Nous savons ce que nous avons perdu. L’ancien enseignant au Cesti, formateur de la plupart d’entre notre génération, ancien fonctionnaire de l’Unesco à Paris et Dakar a eu le mot juste.
Diomansi Bombote assimile ta disparition à une « amputation ». Elle est incurable parce que le membre séparé du corps n’est jamais remplaçable à l’identique de l’originel. Tu me confiais, pas plus tard que l’année dernière, que tu étais « un être des eaux ». Te voici désormais majestueusement face à la mer, avec vue imprenable sur l’Océan Atlantique. Cette fois, Mbaye je te le redis, impossible d’opposer au Conseil des ministres ta célèbre adresse à Diouf. A Macky et pour cette distinction, tu ne pourras pas dire « Non Monsieur le Président ! ».