SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
1 mai 2025
Politique
TOURNÉE ÉCONOMIQUE, AMADOU BA À MBOUR MARDI
Le Premier ministre Amadou Ba se rendra mardi prochain dans le département de Mbour, dans le cadre de la tournée économique qu’il effectue dans la région de Thiès depuis samedi dernier, a appris l’APS du Bureau d’information gouvernementale (BIG).
Dimanche, 29 oct (APS) – Le Premier ministre Amadou Ba se rendra mardi prochain dans le département de Mbour, dans le cadre de la tournée économique qu’il effectue dans la région de Thiès depuis samedi dernier, a appris l’APS du Bureau d’information gouvernementale (BIG).
Le chef du gouvernement y séjournera pendant deux jours, après avoir parcouru les départements de Thiès et Tivaouane. Il entamera sa tournée à Mbour par une visite, dans la matinée de mardi, à la maison natale de Léopold Sedar Senghor à Joal Fadiouth et chez la famille de l’ancien secrétaire général du Parti socialiste (PS, mouvance présidentielle), Ousmane Tanor Dieng, à Ngueniène.
Amadou Ba procédera ensuite à l’inauguration du forage de Fandane, à Malicounda, avant de participer aux côtés du chef de l’Etat, Macky Sall, à la cérémonie d’inauguration de la plateforme logistique réalisée par la Société Germany West Africa, à Diass.
Il terminera cette première journée par une visite de chantier au sanctuaire marial de Popenguine.
Le lendemain mercredi, plusieurs visites de chantiers sont également prévues, notamment sur le tronçon Keur Balla- Sandiara- Thiadiaye de l’autoroute à péage Mbour-Kaolack.
Dans l’après-midi, il est prévu une rencontre avec les acteurs du tourisme et de la pêche, ainsi qu’avec la communauté mandingue.
LA DOUBLE PEINE DES PÊCHEURS SÉNÉGALAIS
Selon un récent rapport de la Fondation pour la justice environnementale (EJF), les communautés de pêche artisanale au Sénégal voient leurs conditions de vie se détériorer en raison de la baisse des ressources halieutiques et de leurs revenus
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 29/10/2023
Selon un récent rapport de la Fondation pour la justice environnementale (EJF) consulté par l'AFP, les communautés de pêche artisanale au Sénégal voient leurs conditions de vie se détériorer en raison de la baisse des ressources halieutiques et de leurs revenus. Ce phénomène serait directement lié aux "pratiques non durables et destructrices de l'environnement" des chalutiers de fond opérant dans les eaux sénégalaises, souligne le rapport publié le 26 octobre dernier.
S'appuyant sur des entretiens menés entre septembre 2022 et mai 2023 avec des pêcheurs, transformateurs et mareyeurs (intermédiaires), l'étude révèle qu'"au-delà des pertes de revenus, les communautés de pêche artisanale voient leurs conditions de vie se détériorer" selon les termes de l'EJF. Ainsi, "88% des pêcheurs, 93% des transformatrices et 100% des mareyeurs ont déclaré avoir un accès plus limité au poisson pour leur propre consommation", indique le rapport.
De manière plus précise, près des deux tiers (65%) des pêcheurs sénégalais affirment gagner moins qu'il y a cinq ans, conséquence directe selon l'ONG des méthodes employées par les chalutiers industriels. "Les pratiques de pêche destructrices de l’environnement et non durables pratiquées par la flotte chalutière aggravent la crise du secteur de la pêche artisanale", estime l'EJF. En effet, "les pêcheurs artisanaux ont vu le volume de leurs captures diminuer considérablement et sont contraints de rivaliser" avec les chalutiers "pour des ressources qui s’amenuisent", cite le rapport.
Par ailleurs, les pêcheurs traditionnels sont aussi confrontés aux "incursions illégales" des bateaux industriels "dans la zone réservée à la pêche artisanale", ce qui entraîne "la destruction fréquente de leurs engins de pêche". Ainsi, le rapport précise que 76% d'entre eux ont vu leurs filets ou lignes endommagés par un chalutier.
LA DIPLOMATIE MODÉRÉE DE DAKAR DANS LA CRISE ISRAÉLO-PALESTINIENNE FAIT DÉBAT
Alors qu'une première manifestation pro-palestinienne a été récemment empêchée, de nombreuses voies accusent le Sénégal, soutien historique des Palestiniens, d'adopter une position trop neutre vis-à-vis d'Israël désormais
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 29/10/2023
D'après un reportage de France 24, la première manifestation de soutien aux Palestiniens prévue à Dakar le samedi 22 octobre a été interdite par le préfet "pour non respect des délais" de déclaration. Cette décision a alimenté les critiques d'une partie de l'opinion sénégalaise jugeant la position du pays "trop molle" dans ce conflit, alors que le Sénégal a historiquement défendu la cause palestinienne.
Mansour Ndiaye, militant pro-palestinien et membre de l'Alliance nationale pour la cause Palestinienne du Sénégal qui organisait l'événement, déplore cette annulation de dernière minute alors que "toutes les dispositions nécessaires" avaient été prises pour informer les autorités. "On ne va pas braver l'interdiction, mais on ira déposer une autre demande de manifestation pour le 4 novembre", dit-il.
Certains estiment que la diplomatie sénégalaise adopte une position de plus en plus "mitigée" et "neutre" qui ne reflète pas le soutien populaire aux Palestiniens. Cependant, Yoro Dia, ministre chargé de la Communication, rappelle que le Sénégal défend les Palestiniens à l'ONU depuis 40 ans et a toujours entretenu de bonnes relations avec les deux parties.
Pour Bakary Sambe, chercheur et directeur du Timbuktu Institute, "le langage diplomatique du Sénégal est devenu mesuré" en suivant "les variations dans le monde arabe" à l'égard d'Israël, notamment chez des alliés comme l'Arabie Saoudite et le Maroc. Tout en maintenant des "principes qui n’ont pas changé", le Sénégal chercherait à "pouvoir parler à tous" dans ce conflit.
Alors que les combats se poursuivent à Gaza, la position modérée défendue par Dakar sur la scène internationale continue de faire débat en son sein.
LA LD DEBOUT DEMANDE LA LIBÉRATION DE SONKO
Le parti «demande, en outre, à l’Administration sénégalaise de respecter l’Etat de Droit en assurant la réinscription de Ousmane Sonko sur les listes électorales, telle que décidée par le Tribunal de Ziguinchor»
La Ld Debout demande au Président Macky Sall «de procéder à la libération de Ousmane Sonko dont la vie est actuellement en danger, et éviter de porter la responsabilité historique de la disparition d’un grand leader de l’opposition sénégalaise». Dans un communiqué, le Secrétariat exécutif de la Ld Debout, qui s’est réuni en session ordinaire avant-hier jeudi, a lancé cet appel. Le parti «demande, en outre, à l’Administration sénégalaise de respecter l’Etat de Droit en assurant la réinscription de Ousmane Sonko sur les listes électorales, telle que décidée par le Tribunal de Ziguinchor».
La direction de la Ld Debout «a analysé la situation nationale caractérisée par la persistance du régime de Macky Sall dans la manipulation des institutions à des fins partisanes, avec à la clé la violation éhontée et continue des libertés démocratiques et de l’Etat de Droit». C’est ainsi que la Ld Debout «condamne la dernière provocation du mandat de dépôt contre le leader de Y’en a marre et du F24, Aliou Sané, et réitère l’exigence de la libération des centaines de détenus politiques».
«Analysant le drame de l’émigration clandestine des jeunes du Sénégal», la Ld Debout «ne peut que faire le constat, avec le Peuple sénégalais, de l’échec des orientations économiques du Président Macky Sall». «Depuis toujours, le parti a alerté qu’une politique économique basée sur des investissements de prestige (Ter, stades, Brt, etc.), avec en appui des statistiques agricoles tronquées, ne pouvait que créer une croissance artificielle qui, au mieux, ne profite qu’aux grandes entreprises étrangères réalisatrices de ces grands travaux. Au passage, le régime de Benno bokk yaakaar aura, cerise sur le gâteau, réalisé un «tong tong» sur nos ressources naturelles avec des contrats désavantageux pour notre pays, toujours avec des entreprises étrangères», déclare le Secrétariat exécutif de la Ld Debout. «Ainsi, la grande souffrance dans laquelle vit le Peuple sénégalais», souligne la Ld Debout, «est le vrai bilan du Président Macky Sall et de Benno bokk yaakaar, avec son lot de centaines de jeunes Sénégalais qui meurent chaque jour dans l’océan et le désert, des prisons remplies de détenus politiques, des libertés de réunion et de manifestation bafouées, des prix des denrées alimentaires et de logement à des niveaux record jamais égalés, des factures d’électricité qui étranglent les chefs de famille, et une école publique et un système de santé déliquescents».
«Concernant cette école publique», la Ld Debout déclare que «la situation de l’Université de Dakar interpelle particulièrement le parti, qui exige son ouverture immédiate pour ne pas aggraver la situation de désespoir dans laquelle se trouve notre jeunesse».
«Le Peuple sénégalais est certainement surpris d’entendre que c’est cette politique, qui a conduit à cette souffrance, dont Benno bokk yaakaar veut assurer la continuité, avec son nouveau candidat, Amadou Ba, un des piliers bien reconnus du système de la mal gouvernance et de la prédation de Benno bokk yaakaar. La Ld Debout appelle le Peuple sénégalais à refuser la continuité de la mal gouvernance et de la prédation. Le parti appelle en particulier les jeunes et les femmes à se mobiliser et à exprimer leur mécontentement au régime de Benno bokk yaakaar en refusant de parrainer leur candidat, et à plutôt parrainer les candidats de l’opposition», lit-on dans le communiqué de ce parti.
La Ld Debout «rappelle son choix porté sur la candidature de Khalifa Ababacar Sall pour la réalisation du projet politique inspiré des Assises nationales, avec comme priorités la refondation des institutions et la reconstruction d’un tissu social national apaisé, et une gouvernance politique, économique et sociale transparente et inclusive». «Aussi», le parti «appelle tous les militants et sympathisants à participer activement à la campagne de parrainage du candidat Khalifa Ababacar Sall».
La Ld Debout «réitère son appel à toute l’opposition à s’élever au-dessus des petits conflits basés pour la plupart sur des divergences d’options stratégiques et tactiques au demeurant inhérentes à la politique, et à s’investir collectivement dans le travail de préparation de la surveillance du processus électoral, sans lequel aucune victoire de l’opposition en février 2024 ne serait possible». «Le parti encourage vivement les efforts du F24 dans ce sens», selon toujours le communiqué.
VIDEO
LE SÉNÉGAL MALADE DE SES DÉFICIENCES STRUCTURELLES
Le sociologue Pascal Oudiane évoque les défis du développement économique, soulignant des problèmes comme le manque d'industrialisation, le détournement des profits d'entreprise à des fins personnelles plutôt que leur réinvestissement au pays
Dans cette édition de l'émission Objection sur Sud FM, le sociologue Pascal Oudiane offre une analyse critique de la situation socio-économique et politique au Sénégal. Il pointe du doigt les déficiences du développement économique, comme le manque d'industrialisation et la dépendance financière de l'étranger.
Sur le plan politique, il déplore le dysfonctionnement des partis et les risques d'instabilité.
À l'approche de la présidentielle de 2024, l'invité de Baye Omar Gueye espère la transparence et appelle à écouter les citoyens. Pour l'avenir, selon lui, de nouveaux modèles s'imposent, axés sur l'innovation, la bonne gouvernance et la justice sociale.
Omar Blondin Diop, plutôt la mort que l'esclavage
VIDEO
LE POINT DE NON RETOUR
Face à un pouvoir de plus en plus répressif, Omar Blondin Diop part se former à la lutte armée en Syrie et se rapproche du mouvement des Black Panthers, à Alger. Il franchit un à un les paliers de la violence révolutionnaire (3/5)
Cofondateur du mouvement des jeunes marxistes-léninistes du Sénégal, Omar Blondin Diop devient une figure des milieux universitaires et contestataires de Dakar. Alors que le Sénégal de Léopold Sédar Senghor s’apprête à accueillir le président français Georges Pompidou, des actions visant les symboles de l’impérialisme français sont organisées.
Face à un pouvoir de plus en plus répressif, Omar Blondin Diop part se former à la lutte armée dans un camp d’entraînement palestinien en Syrie et se rapproche du mouvement des Black Panthers, à Alger. Il franchit un à un les paliers de la violence révolutionnaire.
Mais comment un étudiant de 24 ans, promis à un avenir brillant, se retrouve-t-il arme à la main dans la froideur de l’hiver syrien ?
Avec Alioune Sall, dit Paloma, ami d’Omar Blondin Diop ; Dialo Diop, frère d’Omar ; Florian Bobin, biographe d’Omar.
ME MAME ADAMA GUEYE SOULEVE DES ECUEILS DE L’ETAT DE DROIT ET LA BONNE GOUVERNANCE AU SENEGAL
Clientélisme politique, offres spontanées dans les marchés publics, pouvoirs exorbitants du président, patrimonialisation de l’administration …on réduit notre démocratie à sa dimension politique à travers la dévolution civilisée du pouvoir
Vox Populi |
Abdoulaye SIDY |
Publication 29/10/2023
Beaucoup considèrent le Sénégal comme une démocratie. Une chose sur laquelle Mame Adama Guèye, avocat fondateur du Forum civil, émet des doutes, estimant qu’on semble réduire cette démocratie à sa dimension uniquement politique à travers la dévolution civilisée du pouvoir.
Du nombre des animateurs du 5ème et dernier débat de l’initiative citoyenne «Demain Sénégal» consacré à «l’Etat de droit et la bonne gouvernance au Sénégal», hier en entre-soi, Me Guèye relève trois autres dimensions qui, selon lui, n’ont jamais été prises en compte dans la mise en œuvre de la démocratie au Sénégal. Il s’agit des dimensions sociale, économique et culturelle.
Pour convaincre, il commence par souligner que le Sénégal a tous les atours d’une République, sauf que cette République n’est pas une réalité chez nous. «La République, c’est l’accès égalitaire aux services publics, c’est l’équité sociale. On n’est très loin de cela», tranche l’avocat. De son diagnostic sans complaisance de l’Etat de droit et la bonne gouvernance au Sénégal, il retient aussi que «l’Etat de droit est purement chimérique. Nous avons théoriquement des institutions démocratiques, mais il faut qu’on soit franc et réaliste. Au Sénégal, nous n’élisons pas un président de la République. Nous élisons un monarque parce qu’il y a une hypertrophie des pouvoirs du président. On a un président qui prévaut sur tout. C’est un gros problème», déclare, très en verve, Me Guèye.
Le clientélisme politique qui prend de l’âge
Apportant plus de détails à ses propos, l’avocat coche le clientélisme politique qui a eu très tôt droit de cité au Sénégal et qui, selon lui, est un facteur «rédhibitoire» de la bonne gouvernance. Me Mame Adama Guèye de citer l’exemple du président Senghor avec son compte K2 à la BNDS où la logique consistait à financer des gens de son parti pour ces derniers puissent à leur tour redistribuer l’argent et entretenir le système politique. « Ce clientélisme politique est resté permanent de Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. C’est incompatible avec la bonne gouvernance dans la mesure où les pouvoirs dévolus au président de la République, les pouvoirs donnés aux institutions sont instrumentalisés à des fins politiques et politiciennes. Les décisions fondamentales qui sont rendues sont essentiellement prises en considération des intérêts politiques du régime du moment. C’est totalement incompatible avec les concepts de démocratie, les concepts de l’Etat de droit, les concepts de République», objecte le fondateur du Forum civil, lors des débats qui ont modérés par l’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum.
L’offre spontanée dans les marchés publics
En outre, Me Mame Adama Guèye évoque la question des offres spontanées dans les marchés publics abordant la dimension économique de la démocratie. Cela est d’autant vrai que chaque régime arrive ses opérateurs économiques, selon lui. «L’accès à des opportunités économiques est subordonné à la connivence, à la proximité avec le pouvoir qui est en place. Ce qui est incompatible aussi avec les principes de démocratie, de République et de bonne gouvernance», rejette Me Guèye qui s’en fait pour les conséquences de telles pratiques souvent notées. «Toutes les personnes à qui on donne des opportunités économiques pour des raisons politiques n’ont très souvent aucune compétence à la matière. Juste quelques exemples : le port de Ndayane qui est, peut-être, aujourd’hui le projet le plus important de ce pays, il a été confié, pour le développement, à quelqu’un qui était un vendeur de fripes. Je n’ai rien contre les vendeurs de fripes, mais à chacun son métier. Les sphères ministérielles de Diamniadio, la société qui les a construites, elle a été consultée à partir de zéro réalisation, elle n’existait pas avant le projet. L’assainissement de Diamniadio, pareil. C’était le cas sous le président Wade. Il y a des opérateurs économiques qui sont nés, se sont développés et sont devenus des milliardaires sous Abdoulaye Wade. Cela continuera si on ne refonde pas ce pays», alerte Me Mame Adama Guèye.
Pour lui, ceci est valable pour les libertés publiques, domaine dans lequel aujourd’hui, on utilise des textes en fonction des intérêts du pouvoir. «Un exemple qui date d’hier (vendredi), le communiqué de ce Directeur général des élections qui dit que la décision du tribunal d’instance de Ziguinchor, par rapport à la réinscription de Ousmane Sonko sur les listes électorales, n’est pas définitive ; donc, il ne l’applique pas. C’est extrêmement grave si un haut fonctionnaire de son niveau assume une chose pareille alors que les textes sont d’une clarté extraordinaire», relève l’avocat. Il soutient qu’il y a un article qui dit que les décisions rendues dans ces conditions sont applicables immédiatement. «Lui, le DGE dit que la décision n’est pas définitive parce que l’Etat a l’intention de faire un pourvoi. Comment une administration peut fonder une décision sur une intention ?», s’étonne-t-il notamment.
La patrimonialisation de l’administration publique
En outre, Me Mame Adama Guèye attire l’attention sur un constat «très alarmant» : «la patrimonialisation de l’administration publique». Aujourd’hui, dit-il, beaucoup de fonctionnaires ont patrimonialisé l’espace de leurs responsabilités. C’est ce qui explique, d’après lui, comment on peut accéder aux services dans l’administration. «Cette question de la patrimonialisation fait qu’on a aujourd’hui des fonctionnaires-milliardaires dans notre pays. C’est inconcevable», martèle Me Mame Adama Guèye.
Au-delà d’être une affaire d’institution et d’Etat, le conférencier fait noter que la bonne gouvernance est aussi une affaire de citoyen. Selon lui, «nous devons nous interroger sur ces hiatus entre ce que nous proclamons être en terme de religion, de valeur et ce que nous sommes». Me Mame Adama Guèye estime que l’interpellation doit aussi viser le citoyen sénégalais. «La prochaine échéance électorale n’est pas une fin en soi. Un président seul, quelles que soient ses qualités, ne peut pas changer le Sénégal. C’est une affaire de tous. Or, ce qui nous manque, c’est d’avoir une ambition collective, un amour collectif, un patriotisme collectif», fait-t-il remarquer.
Les pistes de solutions de sortie de crise
Face à tous ces facteurs qu’il soulève et qui vont à l’encontre des concepts de République et des principes de bonne gouvernance, le fondateur du Forum civil formule deux propositions. La première, développer et signer une charte républicaine sur les fondations de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance. Me Mame Adama Guèye pense que l’action publique doit faire l’objet d’un monitoring permanent. La deuxième piste de solution de sortie de crise est la mise en place d’un observatoire des politiques publiques pour une presse informée, des acteurs politiques informés. Car pour lui, pour qu’un citoyen puisse participer à la vie publique, pour la démocratie participative soit effective, il faut un citoyen correctement informé».
Revenant sur le clientélisme politique, l’économiste et auteur du livre «Sénégal à portée de mains», Abdou Soulèye Diop, également débatteur, estime qu’il faut que les dirigeants comprennent que la gestion de la structure publique, «la technostructure publique est essentielle dans le développement d’un Etat et qu’on ne peut pas jouer avec cela». Il soutient aussi que le clientélisme politique en matière d’octroi des hautes fonctions de l’Etat n’est pas ligne avec la bonne gouvernance. «Il faut désormais qu’on rentre dans cette logique d’appel à candidature pour les hautes fonctions publiques pour que notre pays continue à être un ilot de bonne gouvernance», suggère-t-il.
FELWINE SARR EN CONVERSATION AVEC ABDOURAHMANE SECK
VIDEO
LES BASES DU CONTRAT SOCIAL SÉNÉGALAIS
La colonisation a creusé le fossé entre l'État et la société, en instaurant une culture du commandement violent. Il faut refonder la communauté à partir de ses liens sociaux émancipateurs
Lors de son passage dans le dernier épisode des "Chroniques d'un temps politique" animée par Felwine Sarr, Abdourahmane Seck est revenu sur la nécessité de refonder le contrat social sénégalais. Diplômé en anthropologie, philosophie et histoire de l'Afrique, le chercheur a souligné que le Sénégal porte un héritage historique pluriel qu'il doit assumer.
Selon lui, la colonisation a fracturé les liens entre l'Etat et la société sénégalaise. Cependant, le peuple a résisté en s'appuyant sur des valeurs émancipatrices comme la Teranga. Aujourd'hui, cette résistance appelle à refonder la communauté politique autour de ces liens sociaux bafoués.
Abdourahmane Seck estime qu'il est temps pour le Sénégal d'inventer un nouveau contrat social pour ne pas répéter les erreurs du passé. Il faut, d'après lui, assumer l'histoire du pays et bâtir ensemble sur les valeurs communes qui unissent les Sénégalais. Pour le chercheur, refonder le « vivre-ensemble » passe nécessairement par la réappropriation de l'héritage historique et culturel du pays.
A travers son intervention, Abdourahmane Seck plaide donc pour une refondation du pacte républicain sénégalais sur des bases plus inclusives qui rendent hommage au pluralisme identitaire de la nation.
L'ÉCONOMIE NIGÉRIENNE SOUS PERFUSION
Sous le coup de sanctions économiques de la CEDEAO depuis début août, le nouveau pouvoir militaire dirigé par le général Abdourahamane Tiani a dû réduire de 40% le budget national et connaît des difficultés d'approvisionnement
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/10/2023
Trois mois après le coup d'État militaire du 28 juillet 2022 au Niger, qui a renversé le président Mohamed Bazoum, l'économie du pays s'enfonce dans la crise, selon des informations rapportées par RFI le 25 octobre. Sous le coup de sanctions économiques de la CEDEAO depuis début août, le nouveau pouvoir militaire dirigé par le général Abdourahamane Tiani a dû réduire de 40% le budget national et connaît des difficultés d'approvisionnement.
"La pénurie s'installe de plus en plus dans de nombreux foyers", constate l'économiste Ibrahim Adamou Louché, interrogé par RFI. Les stocks locaux s'épuisent et les prix flambent, avec une inflation galopante. Pour ravitailler le pays, la junte tente de faire venir des vivres du Burkina Faso, mais "ça devient de plus en plus compliqué d'escorter des camions" face à la dégradation de la situation sécuritaire, souligne le chercheur.
Cette crise économique pousse les militaires à durcir le ton pour se maintenir au pouvoir. Plusieurs figures de l'opposition sont détenues et les partis politiques suspendus. Le général Tiani tente aussi de mobiliser via un "fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie", à l'aide de reportages dans les médias publics mettant en avant des "gestes patriotiques".
Mais selon Arthur Banga, chercheur ivoirien cité par RFI, "la junte reste l'acteur incontournable", ce qui pourrait la pousser à reprendre le dialogue avec la CEDEAO, bien qu'elle se soit "un peu disqualifiée". La reprise d'un sommet sous-régional est évoquée. Les États-Unis entendent également peser sur les négociations. Reste à voir si le nouveau pouvoir accepte de revenir à l'ordre constitutionnel pour sortir le pays de la crise.
LE RECUL DU FRANÇAIS AU PROFIT DU WOLOF
Alors que le pays fut un haut lieu de la francophonie, l'expansion irrésistible du wolof redessine progressivement la carte linguistique du Sénégal
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/10/2023
Selon une information rapportée par RFI, le wolof, langue nationale la plus parlée au Sénégal, gagne du terrain face au français, langue officielle pourtant inscrite dans la Constitution.
Effectivement, Sud FM, la première radio privée créée en 1994, a été précurseur en diffusant ses journaux d'information également en wolof, constatant que c'était plus compréhensible pour les auditeurs. "À l’époque, il y avait une seule radio d’État, la RTS, il fallait démocratiser l’accès à l’information et faire participer les populations au débat public. Et cela passait par l’introduction du wolof”, explique à RFI, Baye Oumar Gueye, directeur général de Sud FM.
La radio alterne désormais les éditions en français et en wolof, constatant "que l’audience monte dès que nous sommes dans le journal en wolof". Car si le français est la langue officielle, beaucoup de Sénégalais, surtout en dehors des villes, ne le maitrisent pas, à l'inverse du wolof parlé par tous.
Ce recul du français s'observe également en politique, dans l'enseignement ou sur les réseaux sociaux. "Dans le paysage linguistique actuel, le français a perdu en vitesse", analyse Adjaratou Oumar Fall, chercheuse à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Selon elle, le wolof, langue "de mouvement" propre au commerce, est beaucoup plus accessible que le français pour les Sénégalais.
Ainsi, au Sénégal, pays dont Leopold Sedar Senghor avait fait le symbole de la francophonie, le wolof gagne du terrain et s'impose progressivement comme la langue prédominante.