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2 mai 2025
Politique
par Mohamed Mbougar Sarr
QUI A BRÛLÉ LE CADAVRE DE C.F. ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Déterrer, brûler un cadavre, c'est la négation de l’humanité. Celle de l’autre, mais aussi la sienne propre. Le cadavre de C.F. n’a pas été profané à Léona Niassène : il a commencé à être déterré et brûlé longtemps avant
Une odieuse vidéo circule depuis quelques jours en provenance du Sénégal : on y voit une foule en cercle et, en son centre, l’intense flamboiement d’un bûcher. Entre une obscure jubilation et le frisson d’une crainte, entre les injures, les rires, les invocations divines, les convocations diaboliques, les hommes, les femmes, les enfants de la foule regardent ce qui brûle ; et ce qui brûle est le cadavre d’un homme que l’on vient de déterrer d’un cimetière – mais qui est ce on ? Cet homme s’appelait C.F. (je ne garde les initiales que par pudeur ou respect pour sa famille, mais je dis intérieurement son nom). On le soupçonnait d’être homosexuel – c’est le crime. Pour cette raison, parce que la contre-nature présumée de son cadavre menaçait de souiller le cimetière, on l’a déterré et brûlé en place publique – voilà le châtiment.
Je ne me fais aucune illusion : aussi répugnants soient-ils, des faits de cette nature se reproduiront. J’aurais aimé ajouter à cette dernière phrase une subordonnée conditionnelle, quelque chose comme « tant qu’on n’aura pas appris à protéger toutes les minorités, tous les maudits, et à se demander quelle est, chez ces personnes, la part d’humanité sacrée que nous portons aussi ». Oui : j’aurais aimé adoucir ma conviction par une incise d’espoir. Le fait est que je n’en ai plus. Ce qui s’est passé à Léona Niassène s’est malheureusement déjà produit et, hélas, se reproduira.
Il y a quinze ans, en 2008, je voyais une vidéo presque similaire. Les images qui s’y déployaient m’ont hanté une décade, si profondément, avec un tel pouvoir de destruction (ce que cette vidéo m’a pris, une part d’insouciance, ne me sera jamais rendu, et tant mieux en un sens : le monde broie tous les insouciants), que j’ai décidé pour leur échapper, les exorciser, les comprendre, d’écrire un roman. Ce fut De purs hommes, en 2018. Le livre s’ouvre par une scène où, décrivant l’exhumation d’un cadavre, j’essayais d’être à la hauteur de l’effroi que m’avait inspiré la vidéo de 2008. Évidemment, j’y ai échoué : quelque violent soit-il, un roman est toujours en-deçà de la brutalité du réel.
Et voici qu’en 2023 une nouvelle vidéo macabre apparaît, montrant à peu près les mêmes sinistres faits. Des lecteurs pensent à De purs hommes. Citations, analogies, mentions, interpellations, rappels. Selon quelques-uns, j’aurais vu ce qui venait. Ce n’est pas le cas : un romancier ne voit pas : un poète peut voir ; un prophète voit sûrement ; mais un romancier ne voit pas : il regarde. Plus précisément : il regarde vers le passé où, parfois, le temps entier est concentré, et sa signification, métaphorisée. Je n'ai vu qu’une chose : la vidéo de 2008. D’une certaine manière, elle contenait déjà celle de 2023. Entre les deux, il y a eu De purs hommes, mais il y a surtout eu d’autres faits atroces, d’autres exhumations de corps maudits ou indésirables, d’autres viols de femmes et d’enfants, d’autres injures, d’autres exclusions, d’autres meurtres, d’autres C.F. et d’autres présumés homosexuels opprimés. Tout cela relève de la même violence.
C’est avec une amère ironie que je constate que certaines personnes qui m’ont traîné dans toutes les boues, qui m’ont même accusé d’avoir inventé la scène inaugurale de De purs hommes, qui ont vu dans le roman une propagande LGBT financée par quelque lobby ou une attaque contre la culture, qui ont fait semblant de ne pas voir la violence sourde dont ce roman cherchait à comprendre le ressort, sont parfois les mêmes qui s’émeuvent aujourd’hui devant la vidéo du bûcher. Il est vrai qu’il ne s’agit pas ici d’un roman, petite chose jaillie de l’esprit d’un éventuel dégénéré, toujours facile à mépriser. Ce qu’il est aisé de faire avec un écrivain - le suspecter, l’injurier, déformer son propos, ne pas le lire et pourtant le juger - il est impossible de le faire avec le réel lorsqu’il coïncide avec une vérité nue. Le miroir se dresse devant nous ; tout un chacun doit le regarder, donc s’y regarder.
Je vois, de toutes parts, s’élever des condamnations : des sphères religieuse, politique, intellectuelle, médiatique, on s’indigne. Tout cela a le mérite d’être, bien qu’il soit permis de se demander si ce n’est pas quelquefois le degré zéro du confort et l’achat rapide et accessible d’une conscience immaculée, d’autant plus pratique qu’elle n'engage ni une action future ni autocritique sur une possible responsabilité personnelle et/ou collective.
Ce qui s’est passé n’a peut-être rien de spécifiquement sénégalais. La violence sociale, sociétale et symbolique se rencontre partout, et les temps que nous vivons en fournissent en d’autres lieux de la planète, sous des formes ignobles, des témoignages éloquents. Mais si la violence s’éploie partout, sous des natures différentes et à des degrés divers, relativiser celle qui prolifère au Sénégal ne la rendra pas moins sénégalaise. L’obscur feu de joie du cadavre de C.F. s’est embrasé chez nous, dans notre pays que nous aimons tant. Enterrer ses morts, donner une sépulture aux disparus, signe hautement notre humanité. Il se peut même que ce soit la seule chose qui distingue notre humanité dans la nature. Que peut alors bien signifier déterrer et brûler un cadavre ? La réponse est évidente : la négation de l’humanité, non seulement celle de l’autre qu’on exhume, mais la sienne propre, qu’on avilit. Cette inhumanité a eu lieu ici. Tous les détours, subtilités, relativisations, atténuations, justifications, légitimations apparaissent comme des ruses de la barbarie. Ou comme le vrai visage, bien hideux, de la civilisation.
Et donc : qui a brûlé le cadavre de C.F. ? Qui a déterré son cadavre ? Des individus, paraît-il, ont été arrêtés. Ils feront face à la justice, je l’espère, si la justice a encore un sens dans ce pays - elle en a beaucoup perdu, récemment. Mais en la matière, je ne suis pas sûr que les individus soient le fond du problème. Par-delà eux, se dresse quelque chose - appelons cette chose culture, tradition, identité, valeurs, foi, préjugés, qu’importe au fond - qui aveugle régulièrement tout sens de la dignité. Il y a surtout chacun de nous. Le cadavre de C.F. n’a pas été profané à Léona Niassène : il a commencé à être déterré et brûlé longtemps avant : dans une rumeur mauvaise qu’on - ce on signifie : chacun de nous - a colportée, une violence verbale ou physique qu’on a commise contre un(e) humilié(e), une inhumanité qu’on a portée, acceptée, encouragée, légitimée, justifiée.
En réalité, C.F., son cadavre, ses cadavres, brûlent depuis toujours ; car depuis toujours trop d’Hommes, dans ce pays, se prennent provisoirement pour Dieu, et parlent pour Lui, et jugent pour Lui. Je le répète : je n’ai plus aucun espoir, mais c’est désespéré qu’on lutte le mieux, parfois.
J’espère que C.F., enfin, est en paix.
« C’EST UNE VOLONTE D’EXCLURE COUTE QUE COUTE OUSMANE SONKO DE LA PRESIDENTIELLE »
Alioune Tine, président de AfrikaJom Center déplore l’attitude de la Direction générale des élections
«La Direction Générale des élections (DGE) qui refuse de respecter la Décision du juge et l’injonction de la Commission électorale nationale autonome (Cena), une régulation et un arbitrage du processus électoral impuissants à faire respecter la loi électorale par l’administration. Le Directeur Général des élections est disqualifié par son attitude qui consiste à refuser délibérément les décisions des organes de régulation des élections. Ces incidents ne sont pas mineurs pour un enjeu électoral aussi important que l’élection présidentielle. Il faut éviter des conséquences imprévisibles de cette attitude sur la Campagne électorale, sur le scrutin ou la situation post-électorale. Si les normes juridiques et les décisions des institutions de régulation des élections ne sont pas respectées par l’administration, cela met en risque la régularité et la transparence du processus électoral.
C’est une transgression de l’Etat de droit et du suffrage universel. Depuis la découverte du pétrole et du gaz, nous assistons à la dégradation de la démocratie, de l’Etat de droit, et surtout la crise de l’élection, de la gouvernance et de la sécurité, le Sénégal n’échappe pas à cette tendance. Il faut absolument que les acteurs politiques et de la société civile s’engagent dans un dialogue pour trouver un consensus pour un processus électoral crédible, transparent et inclusif.
Car, objectivement, cette résistance de la Dge donne à voir une volonté d’exclure coûte que coûte Ousmane Sonko de la présidentielle, donc de rejeter toute décision juridique ou de la Cena susceptible de restaurer son éligibilité. Nous devons absolument éviter que le Sénégal connaisse la rupture démocratique connue dans certains pays de la sous-région. Car tous les ingrédients qui ont fait basculer certains de ces pays s’accumulent : arrestations et détentions, transgression des lois par l’administration, exclusion arbitraire d’un candidat sérieux de l’opposition à l’élection présidentielle. Il faut s’arrêter et dialoguer, ce forcing nous mène droit au mur. La Dge répond à la Cena : La Direction générale des élections maintient sa position et insiste sur "le défaut de présence de Sonko sur le fichier électoral"».
IL EST TRISTE QUAND NOTRE ADMINISTRATION ELECTORALE JOUE AU DILATOIRE
Selon Ndiaga Sylla, expert électoral et président du cabinet d'expertise électorale, la CENA a usé de son pouvoir d'injonction, avec courtoisie, à la suite de la saisine par les conseils de Sonko
« La Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) a usé de son pouvoir d'injonction, avec courtoisie, à la suite de la saisine par les conseils du candidat Ousmane Sonko. L'on ne pouvait douter d'une telle décision au vu des dispositions pertinentes des articles L.6 et L.13 du Code électoral relativement à la mission et aux compétences de la Cena, l'organe de contrôle et de supervision des opérations électorales et référendaires. Mais, il est regrettable que la DGE persiste dans son refus d'exécuter l'ordonnance du juge et l'injonction de la CENA. Plus triste quand notre administration électorale joue au dilatoire dans l'espoir d'une décision de la Cour suprême qui justifierait son acte illégal. Il suffisait que le ministre de l’Intérieur, chargé des Élections, commande pour que les services centraux (DGE et DAF), qui ont précédé à la radiation d'office, intègrent automatiquement l'électeur concerné. Non ! On ne sait plus qui fait quoi ! Le Président de la République aurait-il la compétence d'intégrer ou non un électeur radié des listes électorales ? Cette situation, née du contentieux de l'inscription sur les listes électorales qui du reste est pourtant bien encadré par la loi électorale, révèle les limites de notre modèle de gestion électorale. Alors que le Sénégal a connu avec son modèle mixte deux alternances politiques pacifiques, il ne serait pas insensé de prédire un recul démocratique de 30 ans. En tout état de cause, cela présage un mauvais signe quant à la neutralité de l'administration électorale tant vantée ».
«IL EST LOGIQUE ET NORMAL QUE LA CENA SE SUBSTITUE A LA DGE»
«La DGE a fait ce qu’on peut considérer comme du dilatoire». Dixit, l’expert électoral, Valdiodio Ndiaye, qui analysait la défiance de la Direction générale des élections face à l’injonction de la commission électorale nationale et autonome (CENA)
«La DGE a fait ce qu’on peut considérer comme du dilatoire». Dixit, l’expert électoral, Valdiodio Ndiaye, qui analysait la défiance de la Direction générale des élections face à l’injonction de la commission électorale nationale et autonome (CENA) à la suite de la saisine des avocats de Ousmane Sonko. il intervenait sur les ondes de SudFM. Mieux, l’expert électoral soutient qu’il est logique que la CENA se substitue à la DGE pour rétablir le maire de Ziguinchor dans ses droits. M. Ndiaye prévient que ces actes risquent de soulever des suspicions sur les organes en charge des élections si rien n’est fait pour régler cette situation.
« La loi, elle est très simple et très claire. C’est-à-dire une ordonnance de rétablir ses droits qui a été introduite par Sonko au niveau du tribunal de Ziguinchor. Le juge a donné raison à Ousmane Sonko en émettant évidemment une ordonnance pour qu’il soit réintégré sur les listes et qu’on lui donne les fiches de parrainages », a expliqué Valdiodio Ndiaye, expert électoral, sur les ondes de Sud FM (privé). Et d’ajouter «Nous savons qu’en matière administratif, les recours n’ont pas un effet suspensif. A partir de ce postulat-là, la DGE devait simplement s’exécuter ».
Mais en l’espèce, «la DGE a fait ce qu’on peut considérer comme du dilatoire », a-t-il soutenu. Selon l’expert électoral, « les avocats de Sonko se sont adressés à la CENA conformément aux dispositions légales du code électoral. Parce que nous savons que la CENA a un rôle de supervision. Et à la limite même de substitution quand les institutions en charge d’organiser les élections sont défaillantes ». « Aujourd’hui, ce qui peut se faire dans un premier temps, la CENA a fait une injonction assez courtoise à la DGE. Maintenant, si la DGE ne s’exécute pas, il est logique et normal que la CENA se substitue à la DGE pour remettre Ousmane Sonko dans ses droits. La CENA a le pouvoir de se substituer en un organe en charge d’organiser les élections si cet organe est garant dans la mise œuvre », a estimé M Ndiaye.
D’ailleurs, il souligne que « ce n’est même pas la DGE qui doit réintégrer Sonko sur les listes électorales, c’est la DAF sur injonction du ministère de l’intérieur. Parce que c’est la DAF qui gère le fichier électoral. Et la DGE travaille au coude à coude avec la DGE. Le travail qui doit se faire à partir du ministère de l’intérieur.» « Quand on est légaliste, on doit remettre les fiches à Sonko. Ensuite, attendre la décision de la cour suprême », indique Valdiodio Ndiaye. « Ne pas dépasser les lignes rouges»
A la question de savoir quels impacts ces actes peuvent avoir sur le processus globalement en termes de conflits pré et postélectoraux, il répond : «ce sont de petits détails qui risquent d’élever le niveau de suspicions sur les organes en charge des élections. Ce n’est pas bon pour une élection. Parce que les organes en charge d’organiser les élections doivent gagner la confiance des différents acteurs politiques pour qu’ils puissent jouer réellement leur rôle d’organisateurs et d’arbitre du processus. Je pense qu’il faut vraiment qu’on n’en a arrivé à régler cette affaire, à ne pas dépasser les lignes rouges».
LA DGE DEFIE LA CENA
L’injonction que la Commission électorale nationale autonome a faite à la Direction générale des élections lui demandant la délivrance des fiches de parrainages au mandataire de Ousmane Sonko, est tombée dans l’oreille d’un sourd
L’injonction que la Commission électorale nationale autonome (CENA) a faite à la Direction générale des élections (DGE) lui demandant de délivrer les dossiers de collecte des parrainages au mandataire de Ousmane Sonko, en perspective de l’élection présidentielle du 25 février 2024 est tombée dans l’oreille d’un sourd. La DGE a tout bonnement opposé une fin de non recevoir aux services Doudou Ndir, président de la CENA. Une attitude de l’administration sénégalaise déplorée par des experts électoraux notamment Valdiodio Ndiaye et Ndiaga Sylla et Alioune Tine président de AfrikaJom Center.
REFUS DE DÉLIVRER LES DOSSIERS DE COLLECTE DES PARRAINAGES À OUSMANE SONKO : La Cena désavoue la Dge
Saisie par requête en date du 22 octobre 2023 déposée par Me Kaoussou Kaba Bodian et 34 autres du collectif des avocats de Ousmane Sonko, la Commission électorale nationale autonome (Cena) a finalement tranché en faveur du leader de l’ex-parti Pastef et maire de Ziguinchor. En effet, par courrier N°0368/CENA/AG/PDT/SG/CD adressée au Directeur général des élections et ampliation au ministre de l'Intérieur et Me Mouhamadou Bamba Cissé, Avocat à la Cour, membre du collectif des avocats de Sonko, le président de la Cena, Doudou Ndir, invite le Contrôleur général de police, Tanor Thiendella Sidy Fall à se conformer à la décision du juge de Ziguinchor. Mais ce dernier a opposé une fin de non recevoir à cette injonction (voir par ailleurs).
L a Commission électorale nationale autonome (Cena) adoube le leader de l’ex parti Pastef et maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko dans le cadre de son bras de fer avec la Direction générale des élections qui refuse de lui délivrer les dossiers de collecte des parrainages en perspective de l’élection présidentielle du 25 février 2024. Saisie par requête en date du 22 octobre 2023 reçue le 23 octobre 2023 déposé Me Kaoussou Kaba Bodian et 34 autres, tous avocats de Ousmane Sonko, la Cena sur le fondement des dispositions des articles L.13 et L.47 du Code électoral et de la loi 2005-07 du 1 mai 2005, notamment en son article L.3 afin de faire injonction à la Dge de remettre au mandataire du requérant les fiches de parrainage et la clé USB qui va avec ainsi que tout autre outil de collecte prévu par la loi, la Cena a finalement tranché le 30 octobre dernier.
Par courrier N°0368/CENA/AG/PDT/SG/ CD adressée à M. le Directeur général des élections et ampliation à M. le ministre de l'Intérieur et Me Mouhamadou Bamba Cissé, Avocat à la Cour membre du collectif des avocats de Sonko, le président de la Cena, Doudou Ndir désavoue le Contrôleur général de police, Tanor Thiendella Sidy Fall qu’il invite d’ailleurs à se conformer à la décision du juge de Ziguinchor.
«La Cena invite la Direction générale des élections à prendre, en relation avec tout service concerné du ministère chargé des Élections, les mesures nécessaires pour faire tenir à la disposition du mandataire de Monsieur Ousmane Sonko, et ce, dans les meilleurs délais, la fiche de parrainage, la clé USB ainsi que tout autre outil de collecte prévu par la loi», a-t-il précisé dans cette correspondance dont Sud Quotidien a reçu copie.
Pour justifier cette position, la Cena dit se fonder sur toutes les pièces visées par le requérant (Ousmane Sonko dans sa lettre de saisine) et verser au dossier. Sous ce rapport, le le Président de la Cena, Doudou Ndir de citer entre autres : l’ordonnance n°01/2023 en date du 12 octobre 2023 du Président du Tribunal d'Instance de Ziguinchor qui a annulé la mesure de radiation du nom de Ousmane Sonko des listes électorales et ordonné sa réintégration par les services centraux du ministère de l'Intérieur sur la liste électorale de la commune de Ziguinchor ainsi que sur le fichier général des électeurs. La signification d'ordonnance et du procès-verbal de constat de Me Weyndé Dieng, Huissier de justice à Dakar en date des 19 et 20 octobre 2023. Les initiatives du mandataire de Monsieur Ousmane Sonko tendant à se faire délivrer les fiches de parrainage et autres instruments de collecte se sont heurtées au refus des autorités de la Direction générale des Élections. Et aussi le refus de la Direction générale des Élections en date du 20 octobre 2023 confortée par son communiqué en date du 20 octobre 2023 qui énonce ; «... Sur cette question, il y a lieu de préciser qu'il n'y a pas encore de décision définitive, l'État du Sénégal ayant décidé d'exercer les voies de recours qui s'offrent à lui. Par conséquent, le dossier suit toujours son cours judiciaire. Au terme dudit processus, l'État du Sénégal se conformera à la décision rendue comme il l'a toujours fait.» . «La Cena note que l'ordonnance du Président du Tribunal d'Instance de Ziguinchor a été rendue dans le cadre du contentieux des inscriptions sur les listes électorales. L'article L.47 du Code électoral qui traite de la procédure de recours contre une telle décision dispose en son dernier alinéa: « ...En tout état de cause, compte tenu des délais en vigueur au niveau de certaines juridictions, les décisions de justice rendues et transmises à l'autorité compétente ou au service de gestion du fichier électoral, seront immédiatement prises en compte et traitées dans le sens prescrit, nonobstant la clôture de la période de révision et du traitement des mouvements», rappelle le président de la Cena avant de faire remarquer dans la foulée. «Ainsi, sur la base de ces constatations de fait et de droit, la Cena estime qu'en l'état de la procédure, sauf disposition légale contraire et sans préjudice d'une décision de justice à intervenir, Monsieur Ousmane Sonko doit jouir de son statut d'électeur inscrit sur les listes électorales avec tous les droits y attachés.»
Par Mamadou Oumar NDIAYE
QUI ÊTES-VOUS DONC, MONSIEUR LE DGE, POUR REFUSER D’APPLIQUER LES DÉCISIONS ?
Voilà un Etat dit de droit où un fonctionnaire peut se permettre de faire la nique ou un pied de nez à une décision de justice et de tirer la langue à l’organe administratif chargé de superviser les élections
Question : Quel est le point commun entre l’affaire du présumé homosexuel dont le corps a été exhumé et brûlé vif à Kaolack et le refus par la Direction générale des Elections d’appliquer les différentes décisions ordonnant la réinscription d’Ousmane Sonko sur les listes électorales ?
Certains me répondront sans doute que c’est le fait que le préfet de Kaolack, qui aurait dû prendre les dispositions idoines immédiatement pour empêcher cet autodafé de la honte, et le DGE dépendent tous du ministère de l’Intérieur. Peut-être mais ceux qui auront donné cette réponse seront passés à côté de la plaque. Car le point commun dans l’une et l’autre affaires c’est que, dans les deux cas, des gens se sont arrogés des pouvoirs d’autrui et ont prétendu ou prétendent appliquer les lois à leur manière.
Dans le cas du scandale qui s’est produit dans la capitale du Bassin arachidier, des individus illuminés ont prétendu décider à la place de Dieu qui était bon musulman et qui ne l’était pas. Et, par voie de conséquence, qui était digne d’aller au Paradis du Seigneur et qui, au contraire, méritait de brûler dans les flammes de la géhenne. Dans ce dernier cas, un avant-goût du brasier devait leur être donné sur cette terre des hommes où leur corps devait être carbonisé avant même de comparaître devant le tribunal des anges ! Les individus de Léona Niassène, dans la ville de Mame Coumba Bang, ont jugé, délibéré et décidé que le défunt Cheikh Fall, paix à son âme, n’avait même pas le droit de reposer pour l’éternité dans un cimetière pour musulmans. Mieux, ils ont aussitôt exécuté leur décision sans attendre le jugement de Dieu !
Le directeur général des Elections, qui n’est autre que le général de Police Thiendella Fall, lui, a décidé qu’Ousmane Sonko n’a pas le droit de recevoir des fiches de parrainage et a refusé d’en remettre à son mandataire. A en croire cet intrépide et arrogant fonctionnaire, le leader de Pastef ne figure pas sur les listes électorales et, par conséquent, ne peut pas aller à la conquête des parrainages qui sont une condition de la validation de sa candidature à la prochaine élection présidentielle.
Or, là aussi, c’est le Conseil constitutionnel qui, de parla loi, a seul les prérogatives de déterminer qui remplit les conditions pour être candidat et qui ne lesremplit pas. Encore qu’à mon avis, l’opposant ne doive rien attendre de bon de ce Conseil-là… Donc ce n’est pas parce qu’on dispose de fiches de parrainages que l’on sera forcément dans les startingblocks le 25 février prochain. On nous objectera que le leader de Pastef a été condamné à deux reprises (par contumace dans l’une d’elles, une condamnation qui a sauté dès qu’il a été arrêté, une interpellation pour laquelle il doit dire merci à Antoine Félix Diome et Ismaïla Madior Fall ! Et une autre qui n’est pas encore définitive pour diffamation), ce qui a entraîné sa radiation des listes électorales. Certes, la Cour suprême a donné raison à la DGE dans son refus de remettre des fiches de parrainage au mandataire du leader de l’opposition emprisonné mais voilà : le président du tribunal d’instance de Ziguinchor a ordonné la réintégration d’Ousmane Sonko sur les listes électorales. Il s’appelle Sabassy Faye, le magistrat sans peur et sans reproche qui a pris cette décision historique et qui nous rappelle le juge Epiphane Zoro Bi Ballo, qui, en délivrant un certificat de nationalité à Alassane Ouattara, alors accusé d’être un Burkinabé, lui avait permis de participer à l’élection présidentielle ivoirienne….et de la gagner ! Retour au Sénégal : la réintégration ordonnée par Sabassy Faye était d’application immédiate mais le tout-puissant Thiendella Fall, droit dans ses bottes, a renâclé avant de refuser de s’exécuter. Au motif, s’est-il permis d’interpréter, que l’Etat avait fait un recours ! Ah bon, doiton comprendre par là que les décisions de justice ne sont plus exécutoires dans ce pays dès lors qu’un recours et formulé contre elles !
Mais il y a mieux : saisie par les avocats de l’opposant, la Commission électorale nationale autonome, chargée par la loi de piloter tout le processus électoral, a elle aussi enjoint la DGE de réinscrire Ousmane Sonko sur les listes électorales. Nouveau refus de la DGE. Oh, nous savons bien qu’un tel refus, il n’a pas pu le prendre sur sa propre casquette de général de police et a sans doute dû recevoir des ordres pour ne pas s’exécuter. Il n’empêche, voilà un Etat dit de droit où un fonctionnaire peut se permettre de faire la nique ou un pied de nez à une décision de justice et de tirer la langue à l’organe administratif chargé de superviser les élections. Les avocats d’Ousmane Sonko peuvent toujours courir et saisir, comme ils l’ont fait, la Cour de justice de la Cedeao car même si cette dernière leur donne raison, le Gouvernement leur opposera sa souveraineté pour refuser de s’exécuter.
Car qu’il soit bien entendu que la seule demande que l’Etat du Sénégal est disposée à recevoir de cette Cedeao, c’est celle d’envoyer ses soldats faire la guerre. Dans ce cas, c’est sans protestation ni murmures que nos « Diambars » seront mobilisés pour aller faire le coup de feu ! Hors ce cas, le Sénégal n’a aucun ordre à recevoir de la CEDEAO ! Et pourtant même au Niger, pays quand même pas aussi démocratique que le nôtre, l’opposant Hama Amadou, jeté en prison pour une rocambolesque affaire de « trafic de bébés », avait été autorisé à participer à l’élection présidentielle. Il avait réussi l’exploit de se qualifier pour le second tour ! Au Sénégal craint-on qu’Ousmane Sonko mette KO dès le premier tour le candidat du président Macky Sall ? On n’ose pas le croire !
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » écrivait Jean de la Fontaine dans sa fable « Les animaux malades de la peste ». Dans notre pays, c’est plutôt selon qu’on appartienne à la majorité présidentielle ou à l’opposition que lesjugements de cour lavent plus blanc que la lessive Omo ou sont implacables. Demandez donc à ce pauvre Papito Kara ! Ce ping-pong Tribunal d’instance de Ziguinchor-DEG-CENA-DGE nousrappelle cette blague d’un médecin arrivé sur le théâtre d’un grave accident de la route, qui examine les nombreux corps allongés sur le bas côté et qui, à l’arrivée des gendarmes, les informe, péremptoire : ils sont tous morts, hélas. Ce qu’entendant, un des blessés s’écrie : « au secours, je suis encore vivant ! » Alors le médecin, imperturbable : « taisez-vous, Monsieur, je connais mon métier, vous êtes tous morts ! »
Appliquée à notre charmant pays et ce feuilleton interminable de l’éligibilité de Sonko, Thiendella Fall pourraitse permettre de balancer avec superbe aussi bien au juge de Ziguinchor qu’à la CENA (pourtant dirigée par un éminent magistrat) : « taisez-vous, ignorants, je connais mon droit ! » Et l’on viendra nous dire après cela que l’Etat de droit n’est pas une réalité au Sénégal du président Macky Sall…
LE GRAND RÉCIT QUE LA FRANCE ÉLUDE
Alors que d'autres pays ont su réinterroger leur passé colonial dans des lieux ouverts au débat, la France fait encore figure d'exception par son incapacité à ériger le musée fédérateur réclamé de longue date
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 02/11/2023
La création d'un musée consacré aux colonisations en France est une vieille idée qui revient régulièrement dans le débat public. Portée depuis plusieurs années par des historiens comme Nicolas Bancel et Pascal Blanchard, cette proposition trouve un écho renouvelé dans un article du Monde du 30 octobre dernier. Selon les deux chercheurs, un tel musée permettrait de faire avancer la réflexion collective sur cet épisode crucial de l'histoire de France, qui reste encore largement occulté dans l'espace public.
Pourtant, l'histoire coloniale est de plus en plus présente dans les travaux académiques et les débats de société. Mais les positions restent polarisées entre partisans d'une vision nostalgique du passé et tenants d'une lecture décoloniale radicale. "Plus personne ne conteste aujourd'hui l'importance de cette histoire longue de cinq siècles", souligne le quotidien. Mais dans le même temps, la France fait figure de mauvais élève par rapport à ses voisins européens sur la préservation et la transmission de cette mémoire complexe.
Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas... De nombreuses anciennes puissances coloniales se sont dotées ces dernières années de structures muséales et de commissions historiques pour explorer ce pan méconnu de leur identité nationale. En France, malgré le discours d'Emmanuel Macron qualifiant la colonisation de "crime contre l'humanité", peu de choses ont concrètement évolué. Si des rapports ont été produits sur des épisodes particuliers, aucun grand musée d'envergure n'a vu le jour pour mettre en perspective l'ensemble de cette histoire multiséculaire.
Pire, le débat public sur la nécessité ou non d'un tel projet fait défaut, contrairement aux autres pays. "Notre pays est ainsi désormais à la traîne des initiatives des autres ex-métropoles coloniales en ce domaine", relève Le Monde. Pourtant, des millions de Français ont un lien direct avec cette période, qu'ils soient rapatriés, harkis, originaires des outre-mer ou issus de l'immigration postcoloniale. Autant de mémoires et d'identités longtemps minorées.
Pour les historiens, ériger un musée des colonisations permettrait de "relativiser les mémoires antagonistes" et d'éviter la "polarisation entre nostalgiques et décoloniaux radicaux". Il s'agirait aussi d'"intégrer à l'histoire les millions de personnes qui s'en sentent exclues". Plus largement, un tel projet contribuerait à "repenser notre roman national" à l'aune de cette page longtemps occultée. En ouvrant le débat avec l'ensemble des acteurs concernés, il s'inscrirait dans une démarche pédagogique et fédératrice.
Reste à savoir si la France sera enfin prête à relever ce défi mémoriel et historique, à l'heure où s'ouvre la Cité internationale de la langue française. Pour l'instant, malgré les discours, le tabou persiste sur ce pan du passé national. Pourtant, conclut l'article, "si nous sommes capables d’édifier cette cité, nous devons imaginer ce musée. Sinon, la page coloniale ne pourra être tournée."
VIDEO
LA FACE CACHÉE COLONIALISME
L'histoire de la conquête coloniale française en Afrique subsaharienne, marquée par des massacres et des atrocités, a été largement occultée et oubliée en France
Dans "Cinq têtes coupées" de D. Schneidermann, l'auteur explore la première photo montrant les atrocités de la conquête coloniale en Afrique subsaharienne par les troupes françaises en 1891.
Il révèle la méconnaissance de cette histoire en France, en mettant en évidence plusieurs facteurs tels que le manque d'intérêt du public français pour les conquêtes coloniales en Afrique, la faible implication des familles françaises dans ces conquêtes, et l'occultation d'État de ces crimes contre l'humanité.
Le journaliste examine par ailleurs les répercussions de la colonisation française sur la société contemporaine, y compris l'affaire Naël et l'importance de l'enseignement de ces histoires dans les écoles françaises.
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SORTIR DE L'ISOLEMENT OCCIDENTAL
Face à l'horreur du 7 octobre en Israël, Dominique de Villepin appelle à sortir de l'isolement occidental et à travailler avec la communauté internationale pour convaincre Israël d'opter pour une solution politique plutôt que militaire
Face à l'horreur du 7 octobre en Israël, Dominique de Villepin appelle à sortir de l'isolement occidental et à travailler avec la communauté internationale pour convaincre Israël d'opter pour une solution politique plutôt que militaire. Malgré les obstacles, il croit en un processus diplomatique pour faire émerger des interlocuteurs crédibles et la France doit aider Israël dans cette voie.
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MESSI PLUS GRAND FOOTBALLEUR DE TOUS LES TEMPS ?
Un débat animé entre consultants sportifs sur Messi, Pelé, triple champion du monde dans les années 70, et Maradona, génie "rock'n roll"
Un débat animé entre consultants sportifs sur Messi, Pelé, triple champion du monde dans les années 70, et Maradona, génie "rock'n roll". Chacun admire davantage les joueurs de son enfance. Pour certains, Messi n'est pas seul au sommet et rejoint Pelé, voire Maradona.