Les arrestations pour participation à des manifestations interdites, les morts sans enquêtes, la mendicité des enfants et des dispositions controversées du Code de la famille, sont dénoncés par Amnesty international dans son rapport annuel sur les droits humains de l’année 2023 publié hier, mercredi 24 avril 2024.
Amnesty international a publié hier, mercredi 24 avril, son rapport annuel 2024 sur la situation des droits humains dans le monde. Pour le cas du Sénégal, l’organisation pointe du doigt la répression des manifestations, les entraves à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique qui s’est poursuivie à l’approche de l’élection présidentielle de mars 2024. Des défenseures des droits humains, des militantes et des journalistes ont été arbitrairement arrêtés et placés en détention. Les Forces de défense et de sécurité ont utilisé une force excessive lors de ces manifestations, et des personnes ont en conséquence été blessées ou tuées.
Dans son rapport, Amnesty international note que plusieurs manifestations organisées par Yewwi Askan Wi, principale coalition de l’opposition, et par les organisations de la société civile, F24 et FRAPP ont été interdites, sous prétexte d’empêcher des troubles à l’ordre public. Les autorités ont refusé de lever l’interdiction, en vigueur depuis 2011, des manifestations politiques dans le centre-ville de Dakar, malgré une décision de la Cour de justice de la CEDEAO. Amnesty international rappelle qu’à la suite des manifestations organisées en juin 2023, en soutien à Ousmane Sonko, après sa condamnation à deux ans d’emprisonnement pour «corruption de la jeunesse», l’accès à Internet au moyen des données mobiles a été restreint par les autorités et TikTok n’était accessible qu’en utilisant un réseau privé virtuel. Le signal de Walf TV, qui a couvert les manifestations, a été coupé sans préavis par le ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique pendant le mois de juin.
AU MOINS 56 PERSONNES TUÉES ET AU MOINS UN MILLIER D’AUTRES BLESSÉES ENTRE MARS 2021 ET JUIN 2023, LORS DE MANIFESTATIONS
Entre janvier et octobre 2023, plus d’un millier de personnes ont été arrêtées et placées en détention, principalement en raison de leur participation à des manifestations ou de leur lien présumé avec le PASTEF. Des journalistes ont été arrêtés, placés en détention et condamnés à des peines d’emprisonnement à l’issue de procès engagés contre eux notamment pour diffamation ou diffusion de fausses nouvelles. Amnesty international dénonce aussi l’arrestation de défenseurs de l’environnement et tient à rappeler, qu’en juillet, Oudy Diallo, président de l’association Kédougou Alerte Environnement et de la Commission de l’Environnement du Conseil départemental de Kédougou, a été condamné à six mois d’emprisonnement. Il avait été inculpé de «diffusion de fausses nouvelles, collecte et diffusion de données à caractère personnel, outrage à un adjudant de la Brigade de la Gendarmerie de Saraya dans l’exercice de ses fonctions et diffamation à l’égard d’une institution militaire de la Gendarmerie nationale parce qu’il avait publié sur Facebook une photo de cet adjudant qu’il accusait de complicité avec des entreprises chinoises dans l’exploitation illégale présumée de l’or dans la région de Kédougou». Entre mars 2021 et juin 2023, au moins 56 personnes ont été tuées dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre lors de manifestations, et un millier d’autres au moins ont été blessées se désole Amnesty international qui signale, «qu’aucune information n’a été communiquée au sujet de l’enquête judiciaire portant sur la mort de 14 hommes, dont 12 tués par les Forces de défense et de sécurité, lors des manifestations qui avaient eu lieu dans plusieurs villes en mars 2021, après l’arrestation d’Ousmane Sonko».
INÉGALITÉ ENTRE HOMMES ET FEMMES DANS LE CODE LA FAMILLE, NON ADOPTION DU PROJET DE CODE DE L’ENFANT ET DU PROJET DE LOI SUR LE STATUT DES DAARAS
Relativement aux droits des femmes et des filles, l’organisation signale que, le Code la famille confère la «puissance paternelle et maritale» aux hommes uniquement et désignait le père en tant que chef de famille, ce qui privait les femmes de droits et d’autorité sur leur ménage et leurs enfants. L’article 111 du Code de la famille fixait l’âge minimum légal pour contracter un mariage à 16 ans pour les filles contre 18 ans pour les garçons, privant ainsi les filles du droit à l’égalité dans le mariage. Les droits des enfants sont aussi violés. «La pratique consistant à forcer les garçons talibés, les élèves des écoles coraniques, ou daaras à mendier demeurait courante», signale le rapport qui estime que, le gouvernement n’a pas adopté le projet de Code de l’enfant et le projet de loi sur le statut des daaras. Le secteur de la protection de l’enfance a continué de pâtir d’un financement insuffisant, ce qui s’est traduit par un manque de protection des enfants talibés, qui subissaient des violations de leurs droits fondamentaux, notamment de leur droit à la vie, à la survie et au développement, ainsi que de leur droit de ne pas subir quelque forme que ce soit de violence physique ou mentale.
RECOMMANDATIONS POUR LA RÉFORME DES LOIS ET RÈGLES EN MATIÈRE D’USAGE DE LA FORCE, LORS DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE L’ORDRE
Face à toutes ces violations, l’organisation de Seydi Gassama juge que la réforme des lois et des règles en matière d’usage de la force, notamment des armes à feu lors des opérations de maintien de l’ordre doit être entreprise dans les plus brefs délais. Elles doivent être mises en conformité avec les normes et standards internationaux. Toute en rappelant que de graves abus contre les droits humains ont eu lieu entre mars 2021 et février 2024 et que justice la souvent été critiquée pour son manque d’indépendance du pouvoir exécutif qui l’a empêchée de jouer son rôle de rempart contre ces abus, elle souligne que des réformes s’imposent conformément aux recommandations pertinentes faites par la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) en 2013.
Amnesty international recommande aussi l’adoption du Code de l’enfant et de la loi portant statut des écoles coraniques (daaras) doit être une priorité du nouveau gouvernement. Des ressources suffisantes doivent, en outre, être allouées aux programmes de protection de l’enfance.
DIOMAYE FAYE PROCÈDE À SES PREMIÈRES NOMINATIONS
18 nouveaux directeurs généraux sont propulsés à la tête des entreprises et agences nationales. Pape Alé Niang atterrit ainsi la RTS, Waly Diouf Bodiand au Port de Dakar, Cheikh Dieng à l'ONAS...
De la RTS au Port en passant par l'APIX, la Poste ou l'Onas, plusieurs grandes administrations ont changé de direction à l'occasion du Conseil des ministres présidé par Bassirou Diomaye Faye ce mercredi 24 avril 2024. Ci-dessous, l'intégralité des différentes nominations :
"Le président de la République a pris les décisions suivantes :
1. Monsieur Bara DIOUF, Gestionnaire administratif et financier, est nommé Délégué général à la Promotion des Pôles Urbains de Diamniadio et du Lac Rose, en remplacement de Monsieur Diène Farba SARR.
2. Monsieur Bacary Sega BATHILY, Spécialiste en Management de projets, est nommé Directeur général de l'Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX SA), en remplacement de Monsieur Abdoulaye BALDE.
3. Monsieur Pape Alé NIANG, Journaliste, est nommé Directeur général de la Radiotélévision Sénégalaise (RTS), en remplacement de Monsieur Racine TALLA.
4. Monsieur Waly DIOUF BODIANG, Inspecteur principal des Impôts et des Domaines, est nommé Directeur général de la Société nationale du Port Autonome de Dakar, en remplacement de Monsieur Mountaga SY.
5. Monsieur Cheikh Mamadou Abiboulaye DIEYE, Ingénieur en Génie et Travaux publics, est nommé Directeur général de l'Aéroport International Blaise DIAGNE (AIBD SA), en remplacement de Monsieur Abdoulaye DIEYE.
6. Monsieur Fadilou KEITA, Manager en Gestion financière, est nommé Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, en remplacement de Monsieur Cheikh Issa SALL.
7. Monsieur Maguette KANE, Inspecteur des Postes et Services financiers, est nommé Directeur général de la Société nationale La Poste, en remplacement de Monsieur Mohamadou DIAITE.
8. Monsieur Bassirou KEBE, Spécialiste en Management de projets, est nommé Directeur général de la Société nationale des Habitations à Loyer Modéré (SN HLM), en remplacement de Mamadou Diagne SY MBENGUE.
9. Monsieur Mouhamadou Moctar MAGASSOUBA, Spécialiste en finances d'entreprise, est nommé Directeur général de la Société immobilière du Cap Vert (SICAP SA), en remplacement de Monsieur Mamadou KASSE.
10. Monsieur Serigne Mamadou MBOUP, Spécialiste en Management et en Stratégie touristique et hôtelière, est nommé Directeur général de la Société d'Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones touristiques du Sénégal (SAPCO SA) en remplacement de Monsieur Souleymane NDIAYE.
11. Madame Marie Rose FAYE, Experte en Gestion et en Management des Ressources humaines, est nommée Directeur général de l'Agence de Développement et d'Encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME), en remplacement de Monsieur Idrissa DIABIRA.
12. Madame Yaye Khadidiatou Djamila DIALLO, Spécialiste en Droit des Affaires, est nommée Directeur général de l'Agence nationale de la Petite enfance et de la Case des Tout-Petits, en remplacement de Madame Maimouna CISSOKHO.
13. Monsieur Tidiane SIDIBE, Expert en gestion de projets et en Développement territorial, est nommé Directeur général de l'Agence nationale de l'Aménagement du Territoire (ANAT), en remplacement de Monsieur de Mamadou DJIGO.
14. Monsieur Tidiane SIDIBE, Expert en gestion de projets et en Développement territorial, est nommé Directeur général de l'Agence nationale de l'Aménagement du Territoire (ANAI), en remplacement de Monsieur de Mamadou DJIGO.
15. Monsieur Sékouna DIATTA, Maître de Conférences en Écologie, est nommé Directeur général de l'Agence sénégalaise de Reforestation et de la Grande Muraille Verte, en remplacement de Monsieur Oumar Abdoulaye BA.
16. Docteur Cheikh DIENG, Expert Environnement, est nommé Directeur général de l'Office national de l'Assainissement du Sénégal (ONAS) en remplacement de Monsieur Mamadou Mamour DIALLO.
17. Monsieur Magatte DIAKHATE, Inspecteur des Impôts et des Domaines, est nommé Directeur de la Législation et de la Coopération internationale, en remplacement de Mouhamadou Lamine SY.
18. Monsieur Abdou GNING, Inspecteur des Impôts et des Domaines, est nommé Directeur des Domaines, en remplacement de Monsieur Mamadou GUEYE."
LA GENDARMERIE NATIONALE CHANGE DE DIRECTION
Le général Martin Faye endosse désormais le rôle de "gendarme en chef" tandis que le général Papa Diouf devient son nouveau bras droit
(SenePlus) - En ce jour du 24 avril 2024, le président de la République du Sénégal a procédé à d'importantes nominations au sein de la Gendarmerie nationale, témoignant ainsi de sa volonté de rafraîchir les plus hauts échelons de cette institution.
Selon le communiqué présidentiel, le Général de Brigade Martin Faye a été promu au grade de Général de Division. Cette promotion intervient alors qu'il occupait précédemment les fonctions de Haut-Commandant en Second de la Gendarmerie nationale et de Sous-Directeur de la Justice Militaire.
Désormais, le Général Faye est nommé au poste de Haut-Commandant de la Gendarmerie nationale et de Directeur de la Justice militaire, en remplacement du Général de Corps d'Armée Moussa Fall, "appelé à d'autres fonctions".
Quant au Général de Brigade Papa Diouf, il rejoint l'état-major de la Gendarmerie nationale en tant que Haut Commandant en Second et Sous-Directeur de la Justice militaire, succédant ainsi au Général Faye.
MISE EN PLACE D'UNE COMMISSION D'INDEMNISATION DES VICTIMES DES ÉVÉNEMENTS DE 2021-2024
Les termes de référence de cette structure concerne : l'identification des victimes, l’évaluation des préjudices subis et la prise en charge effective des blessés en cours de traitement
Lors du conseil des ministres du 24 avril 2024, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a annoncé la création d'une commission spéciale. Celle-ci aura pour mission d'indemniser les victimes des événements qui ont secoué le pays entre janvier 2021 et février 2024.
Le chef de l'Etat a souligné à cet effet l'importance du renforcement de la réconciliation nationale. À ses yeux, la justice doit impérativement s'appliquer aux familles endeuillées et aux personnes blessées pendant cette période troubles.
Selon le président, ladite commission, devra s’atteler, dans les meilleurs délais, à identifier les victimes et procéder à l’évaluation des préjudices subis, ainsi qu’à la prise en charge effective des blessés en cours de traitement.
Cette initiative présidentielle marque une étape cruciale dans l'apaisement des tensions et la reconstruction du tissu social après ces périodes de crise.
LE GOUVERNEMENT À L'OFFENSIVE CONTRE LA VIE CHÈRE
Le président demande un plan d’urgence opérationnel de lutte contre la vie chère, assorti de mesures hardies de baisse des prix des denrées de consommation courante ainsi que de certains services essentiels d'ici le 15 mai 2024
Le président de la République a demandé au gouvernement, mercredi, en Conseil des ministres, d’exercer “une surveillance particulière et permanente” des marchés des produits et des services de grande consommation.
“Le chef de l’État a constaté la dérégulation des marchés des produits et services de grande consommation en termes d’approvisionnements, de stocks et de prix”, signale le ministre de la Formation professionnelle et porte-parole du gouvernement, Amadou Moustapha Njekk Sarré.
Sur la base de ce constat, Bassirou Diomaye Faye “a attiré toute l’attention [des membres du gouvernement] sur la situation des denrées de première nécessité”, ajoute M. Sarré dans le communiqué du Conseil des ministres.
Il note, en citant M. Faye, que les prix homologués en gros et en détail du riz, du sucre, de l’huile, de la farine, du lait et du pain doivent faire l’objet d'”une surveillance particulière et permanente de la part du gouvernement et des services compétents de l’État”.
“Le président de la République a […] rappelé au Conseil la forte préoccupation de ses concitoyens concernant la baisse et la régulation des coûts des loyers et les facilitations pour l’accès à un logement décent”, ajoute la même source.
Elle annonce que des “instructions” ont été données au Premier ministre, aux ministres chargés du Commerce et de l’Industrie, des Finances et du Budget, et à celui en charge de l’Agriculture, pour qu’ils proposent au chef de l’État, avant le 15 mai prochain, “un plan d’urgence opérationnel de lutte contre la vie chère”.
“Un suivi permanent de l’évolution des coûts des loyers”
Le plan doit être “assorti de mesures hardies de baisse des prix des denrées de consommation courante [et] de certains services essentiels”.
Pour le président de la République, les associations de consommateurs, les industriels et les opérateurs économiques doivent être associés à l’élaboration de ce plan.
Ce dernier va servir à “bâtir des consensus durables dans l’application effective de nouvelles mesures [en vue de] l’allègement du coût de la vie pour les ménages”.
Bassirou Diomaye Faye a “insisté sur l’impératif d’assurer le contrôle permanent des prix sur le terrain et la maîtrise de toute velléité de spéculation, notamment à l’approche des grandes fêtes et évènements religieux”.
“Le chef de l’État a […] demandé au Premier ministre de mettre en place, à la Primature, un dispositif d’alerte précoce et de suivi des prix et approvisionnements du pays en produits et denrées essentiels”, ajoute le communiqué du Conseil des ministres.
Il annonce que M. Faye “est également revenu sur l’impérieuse nécessité d’assurer un suivi permanent de l’évolution des coûts des loyers (baux à usage d’habitation et commercial) à Dakar et dans les capitales départementales”.
Le ministre de l’Industrie et du Commerce est invité à “veiller à la transformation du commerce intérieur, qui passe par la modernisation du commerce de proximité, en l’occurrence les boutiques de quartier et le développement de stratégies innovantes et efficaces de promotion de la consommation des produits de nos terroirs”.
SONKO ACCÉLÈRE LA CADENCE
Les ministres sont appelés à identifier d'ici le 26 avril, "les actions urgentes à mener au plus tard le 30 juin, sur la base de la Loi de finances". Objectif : imprimer un rythme soutenu à la "transformation systémique" voulue par le président
(SenePlus) - Dans une lettre circulaire datée du 23 avril, le Premier ministre Ousmane Sonko a instruit l'ensemble du gouvernement d'accélérer l'élaboration du plan d'actions du pouvoir exécutif. Un agenda précis de réalisation des objectifs de "transformation systémique du Sénégal" doit être établi dans les prochains jours.
Cette démarche fait suite aux instructions du président de la République données lors du Conseil des ministres du 17 avril dernier. "Les actions urgentes à mener au plus tard le 30 juin 2024, sur la base des programmes inscrits dans la Loi de finances" doivent être identifiées en priorité par les différents ministères. Les ministres ont jusqu'au 26 avril pour soumettre leurs propositions au Premier ministre.
"Au-delà de cette première échéance, le plan d'actions devra détailler les actions envisageables au cours du second semestre 2024, en tenant compte des orientations du chef de l'État", précise la lettre circulaire.
AU PETIT COMMERCE LES POTS CASSES
Une opération de désencombrement menée dans les communes d’arrondissement de Colobane et de la Patte d’oie prive de nombreux fripiers, gargotiers et mécaniciens de leur lieu de travail.
Dakar, 24 avr (APS) – Une opération de désencombrement menée dans les communes d’arrondissement de Colobane et de la Patte d’oie prive de nombreux fripiers, gargotiers et mécaniciens de leur lieu de travail.
Ils étaient nombreux à squatter le terrain du Parc à mazout de Colobane, où ils pratiquaient diverses activités allant du commerce des vêtements et de divers objets d’occasion à la mécanique automobile.
L’opération de désencombrement menée à Colobane, jeudi 18 avril, laisse encore des traces. ‘’Tout a été rasé et incendié à la demande du propriétaire du terrain’’, raconte Khadim. Il accepte avec résignation de quitter cet endroit qui abritait depuis plusieurs années ses occupations.
Les commerçants, marchands ambulants et mécaniciens n’en reviennent pas, presque une semaine après l’opération de désencombrement, d’avoir été privés du terrain du Parc à mazout, situé dans la commune de Fass-Gueule Tapée-Colobane. Les visages assombris, certains d’entre eux viennent jeter comme un dernier regard sur leur ex-lieu de travail. Là où ils gagnaient leur vie en menant divers petits métiers. Ils ramassent des objets et des bagages à même le sol.
L’homme considéré comme le propriétaire du terrain a fini de le faire entourer d’une longue palissade. Il est impossible de lui arracher un mot sur la récupération du terrain. Une voiture de police est immobilisée sur place, les flics guettant la moindre tentative de réoccupation de la vaste parcelle.
Khadim, l’un des ex-occupants du terrain, lave des chaussures d’occasion pour les revendre. ‘’Je travaille ici depuis 2012. Le déguerpissement va porter préjudice à ceux qui avaient des places fixes. Moi, je suis un marchand ambulant. Tantôt je suis là, tantôt je mène mes activités dans d’autres endroits’’, raconte ce fripier originaire de la région de Diourbel (centre).
L’opération de désencombrement prive les ex-occupants du terrain du Parc à mazout de revenus, car ils n’ont plus d’endroit où dérouler leurs activités. Il y va de la question de l’emploi des jeunes, que les nouveaux dirigeants du pays doivent prendre à bras-le-corps, selon Khadim. ‘’L’État doit nous aider à trouver des espaces où nous pourrons dérouler nos activités. Les jeunes que vous voyez ici ne demandent qu’un coup de main pour travailler, subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Nous demandons aux nouvelles autorités de réfléchir là-dessus le plus rapidement possible’’, plaide-t-il.
Fallou Gadiaga est l’une des victimes du désencombrement. Il observe de nombreuses voitures circuler aux abords de son ancien lieu de travail. ‘’On nous avait déjà avertis. Mais nous pensions que ça allait s’arrêter là. À notre grande surprise, la police est venue nous dire que le propriétaire du site voulait le récupérer’’, raconte M. Gadiaga. Il vendait des chaussures d’occasion depuis près de dix ans à Colobane.
‘’On gagnait bien notre vie ici […] Ce n’est pas à minimiser’’, dit-il, amer, en parlant de l’impossibilité pour lui et les autres fripiers de dérouler correctement leurs activités, faute d’espace.
‘’L’État doit nous aider à bien nous organiser. Les nouvelles autorités doivent nous chercher des endroits où nous pourrons travailler en toute quiétude’’, réclame-t-il.
Dame Niang est venu récemment de Touba (centre). À Colobane, il s’est lancé dans le petit commerce. ‘’On travaillait bien ici, ce n’est plus possible’’, observe-t-il, ajoutant : ‘’Nous demandons aux autorités de penser à nous. L’emploi des jeunes est un facteur de stabilité sociale.’’
Diop, âgé d’environ 40 ans, a l’air très détendu, même s’il dit s’inquiéter du désencombrement du terrain du Parc à mazout, qui l’empêche de mener ses activités. ‘’Nous avons été prévenus depuis un mois mais certains d’entre nous pensaient que tout devait s’en arrêter là. Nous demandons maintenant au chef de l’État et au gouvernement de penser à nous’’, plaide-t-il.
Assis sur des gravats, des mécaniciens discutent de la récente opération qui les prive de leur espace de travail, chacun tenant à dire comment il en est victime. ‘’Le gouvernement doit nous trouver un site. C’est tout ce que nous demandons. Rien n’empêchait l’État de racheter le terrain que nous occupions et de le mettre à notre disposition’’, propose l’un d’eux, suggérant le versement d’une contrepartie par chacun des fripiers, gargotiers et commerçants.
Au centre commercial de la Patte d’oie, des marchands ambulants et des commerçants obligés de déguerpir sont déjà revenus squatter le même espace d’où ils étaient partis. Dimanche, ils étaient là, chacun à leur place habituelle, obligeant les piétons à se frayer difficilement un passage sur les petits trottoirs ou au milieu des nombreuses voitures dans cette voie routière très empruntée.
‘’Le maire menace souvent de nous faire partir. Il finit toujours par changer d’avis. Il est très compréhensif. C’est notre ami’’, commente un vendeur de vêtements d’occasion.
Un vendeur de chaussures exerçant depuis une dizaine d’années à la Patte d’oie dit compter sur la bienveillance des autorités municipales pour continuer à dérouler son commerce au même endroit.
VERS UN NOUVEAU DECOUPAGE ADMINISTRATIF POUR DELOCALISER SES INFRASTRUCTURES A L’ETROIT A MBORO
Le maire de Mboro, Abdallah Tall, juge très urgent de procéder à un redécoupage administratif, pour donner à sa commune une assiette foncière pouvant accueillir ses infrastructures, notamment sa gare routière et son marché, appelé à être délocalisé.
Mboro, 24 avr (APS) – Le maire de Mboro, Abdallah Tall, juge très urgent de procéder à un redécoupage administratif, pour donner à sa commune une assiette foncière pouvant accueillir ses infrastructures, notamment sa gare routière et son marché, appelé à être délocalisé.
La commune de Mboro, à l’étroit sur son territoire de 310 ha, soit 3 kilomètres carrés, pour 50.000 habitants, voit son plan communal de développement hypothéqué par le manque d’espace pour les infrastructures qu’elle prévoit de réaliser.
Un tour au marché permet de constater l’étroitesse des lieux pour les commerçants et les clients. Ce qui favorise une certaine anarchie, dans ce lieu de commerce où les étals sont à même le sol.
“Nous n’avons que ce marché pour nous débrouiller, après la récolte de nos légumes, mais ici, le moindre espace est disputé, pour écouler ces produits”, avance Salimata Sarr.
“Je n’ai même pas trouvé 300 mètres carrés de disponible”, se plaint le maire Abdallah Tall, se disant gêné de ne pouvoir mettre en œuvre ses projets d’envergure, “pour répondre aux aspirations légitimes des populations”, faute de réserve foncière.
Il a donné l’exemple du marché de Mboro, qui continue de s’agrandir “au milieu de la route”, comme la gare routière du reste, qui se trouve “dans la même situation”.
“Nous devons les délocaliser, mais nous n’avons pas de place pour des infrastructures”, souligné l’édile.
“Je ne parle même pas des populations qui aspirent à avoir un toit dans la commune”, poursuit-il.
Cette situation n’entame pourtant en rien la détermination du maire, qui entend dépoussiérer ce dossier déjà soumis à l’attention du président de la République sortant.
Le nouveau tracé proposé dans ce document porte sur 600 à 700ha. Ce qui étendrait Mboro vers la mer, en passant par Keur Alé Gaye et la route des Niayes.
LE SAHEL, NOUVEL ÉCHIQUIER RUSSE SELON LE MONDE
Entre départs forcés de troupes françaises et américaines et arrivée massive d'instructeurs russes, Le Monde alarme : Moscou orchestre méthodiquement le départ des Occidentaux du Sahel, au profit de son influence grandissante
(SenePlus) - Dans un éditorial du 22 avril 2024, le journal Le Monde tire la sonnette d'alarme sur la tendance de plus en plus affirmée de voir les puissances occidentales se retirer du Sahel au profit de la Russie. Selon le quotidien français, "c'est une tendance lourde, dont Américains et Européens ont pris trop tardivement conscience à leurs dépens, sans savoir quelle réponse y apporter".
Et de fait, après le départ forcé des 1500 soldats français stationnés au Niger en décembre 2023, ce sont cette fois les 1100 militaires américains présents dans le pays qui doivent plier bagage, toujours à la demande de la junte militaire arrivée au pouvoir à Niamey suite au coup d'Etat de juillet 2023. Le chef de cette junte avait fait savoir dès mars que l'accord de coopération liant le Niger aux Etats-Unis prendrait fin. C'est le 19 avril que le Premier ministre nigérien Ali Lamine Zeine l'a confirmé lors d'une rencontre à Washington avec Kurt Campbell, numéro deux du département d'Etat américain.
Or selon Le Monde, "le signal donné par l'arrivée, la semaine dernière, à Niamey, d'une centaine d'« instructeurs » russes de l'Africa Corps, successeur des milices Wagner, est suffisamment clair : les nouvelles autorités militaires (...) font les unes après les autres allégeance à Moscou et chassent les Occidentaux du Sahel". Preuve supplémentaire s'il en fallait, une manifestation antiaméricaine réunissant plusieurs milliers de personnes a eu lieu peu après l'arrivée des instructeurs russes.
Le journal pointe également du doigt "le vice-ministre de la défense russe, le général Iounous-bek Evkourov, spécialement chargé des relations avec la région", qui "fait de fréquentes visites dans les pays du Sahel qui signent avec Moscou des accords de coopération militaire". Une tendance inquiétante selon Le Monde puisque "comme la Libye, cette partie de l’Afrique est devenue le terrain de jeu des puissances étrangères, au premier rang desquelles la Russie, qui assure la sécurité des régimes putschistes et orchestre des campagnes de désinformation massive aboutissant à l’éviction des forces occidentales".
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GARANTIR L'INFORMATION INDÉPENDANTE
Moussa Ngom décrypte sans concession le travail ardu du journalisme d'investigation. À la tête de la Maison des Reporters, média citoyen pionnier, il revient sur les défis de son combat, dont la cartographie des victimes de la répression policière
Dans cet épisode de la série d'échanges "30 minutes avec...", animée par Rama Salla Dieng, l'invité n'est autre que Moussa Ngom, journaliste et coordonnateur de la Maison des Reporters. Ce média d'investigation indépendant, basé au Sénégal et financé par les citoyens, ébranle les consciences.
Moussa Ngom a défini sans détour le journalisme d'investigation comme un travail de fourmi, approfondi sur des sujets d'intérêt public, visant à révéler des vérités cachées. Un exercice exigeant temps, moyens et totale liberté pour "bétonner" les enquêtes.
Il revient sur la genèse de la Maison des Reporters, créée pour pallier le manque de liberté et de moyens dans les rédactions locales. En se finançant par le public, ce média pionnier se libère des conflits d'intérêts et œuvre dans la totale indépendance.
L'accent est mis sur l'initiative "Cartographie Sénégal" qui documente méticuleusement les victimes de la violente répression des manifestations entre 2021 et 2024. Un travail de mémoire indispensable pour humaniser ces statistiques tragiques.
Moussa Ngom pointe aussi les défis colossaux du journalisme d'investigation : ancienne société plus consciente des enjeux démocratiques, garantir l'indépendance réelle des médias et réformer les législations.