Pour d'éminents responsables de l'Apr (parti présidentiel), les Socialistes doivent clarifier leur position. À l'instar de l'AFP dont le secrétaire général, Moustapha Niasse, par ailleurs président de l'Assemblée nationale, a clamé son intention de soutenir la candidature de Macky Sall pour un second mandat.
Les plus virulents parmi les tenanciers de cette ligne estiment qu'en entretenant le suspense, le PS manque de loyauté vis-à-vis du chef de l'État. C'est que les Verts ont clamé sur tous les toits qu'ils présenteront un candidat pour la prochaine présidentielle. En terme clair, que leur champion affrontera Macky Sall qu'ils accompagnent dans la conduite des affaires du pays.
Du côté socialiste si le secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, ne donne aucune indication sur la direction que prendra sa formation en vue de la prochaine présidentielle, des voix se lèvent pour appeler à la rupture à la majorité au pouvoir. Pour celles-ci, le Ps doit rapidement se déterminer afin de multiplier ses chances de victoire en 2017 ou en 2019.
Ce débat a-t-il sa raison d'être ? Le PS a-t-il intérêt à rompre les amarres avec Macky Sall ? Ce dernier est-il condamné à se coltiner un parti où siège un de ses potentiels futurs adversaires lors de la prochaine présidentielle ?
La rubrique "Le Mot de la Rue" de SenePlus.Com pose ces questions en donnant la parole à quelques citoyens ordinaires.
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PAR DÉTHIÉ FAYE
LE TEMPS DES URGENCES
Une analyse approfondie de la situation actuelle de notre pays, l’expression de l’opinion et une écoute attentive des masses populaires, attestent que la nouvelle alternance peine à prendre la direction souhaitée par le peuple
Le 25 mars 2012 le Sénégal réalisait avec brio, sa seconde alternance démocratique.
On se rappelle l’euphorie et l’enthousiasme qui ont accueilli la proclamation des résultats ainsi que l’espoir suscité par cette étape de la marche de notre pays vers son destin.
Parce que le candidat, devenu Président de la République avec plus de 65% des suffrages s’était engagé avec beaucoup de fermeté dans son programme à une prise en charge rapide des attentes sociales, il était permis de penser que désormais on pouvait croire aux promesses électorales.
Différents slogans furent lancés avec une médiatisation qui pouvait convaincre plus d’un, que le candidat victorieux comprenait bien les enjeux et avait une vision claire sur la voie à suivre pour mobiliser les sénégalais vers l’essentiel à savoir le combat permanent pour la construction nationale.
Beaucoup de Sénégalais attendaient la rupture annoncée dans tous les domaines, pare que le porteur des engagements s’était forgé une image d’un homme qui fait ce qu’il dit et ceci depuis sa décision, sans appel, de quitter le PDS et toutes les fonctions occupées sous les couleurs de cette formation.
D’autres estimaient qu’ayant tiré les leçons de 8 huit ans de compagnonnage avec le régime libéral, il était fondé à promettre l’avènement d’une gouvernance sobre, vertueuse et équitable s’appuyant sur un slogan porteur qui peut emporter l’adhésion de tous s’il est appliqué : «la Patrie avant le parti».
Une analyse approfondie de la situation actuelle de notre pays, l’expression de l’opinion et une écoute attentive des masses populaires attestent que la nouvelle alternance peine à prendre la direction souhaitée par le peuple.
Il est même permis de se demander quels contenus nos dirigeants donnent à ces slogans qui ont pu faire rêver le temps d’une rose ?
L’activisme et la politique politicienne ont pris le dessus sur la prise en charge des questions pressantes qui avaient motivé le vote de la majorité des électeurs.
La situation des Sénégalais s’aggrave de jour en jour. La famine s’installe dans les campagnes et dans les villes. Le Sénégal vient de connaitre la campagne agricole la plus désastreuse de son histoire. La question centrale de l’énergie semble être une équation insoluble pour le gouvernement. La démocratie est mise à rude épreuve La promotion de la culture de l’intolérance semble être l’option de ceux qui détiennent le pouvoir.
Le gouvernement est attendu dans plusieurs domaines, mais tarde à poser des actes de nature à rassurer les sénégalais. La préoccupation majeure de nos gouvernants semble être le maintien en vie d’une coalition de partage du pouvoir qui est à la base de l’inertie et du défaut de visibilité dans la conduite des affaires du pays.
Le vote de la loi restreignant la liberté pour un député d’appartenir au groupe parlementaire de son choix est un recul démocratique, une remise en cause du statut de député et de la mission de l’assemblée nationale.
Il n’y a plus de doute le danger s’est installé.
En confiant la mise en œuvre du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) au PNUD, le Président de la République ne condamne t- il pas sans appel toute l’administration sénégalaise ?
Quel organe de contrôle est compétent pour auditer la gestion de nos deniers publics par le PNUD pour nous rassurer de leur utilisation conformément aux lois et règlements en vigueur dans notre pays ?
Il est inquiétant qu’après trois ans de pouvoir qu’on puisse prendre une mesure qui semble insinuer que nous ne disposons d’aucun organisme national capable de gestion sobre, vertueuse et sincère.
Ce n’est certainement pas cette rupture qui était attendue.
Les Sénégalais ne lisent pas ou, du moins, très peu. Ce désamour, s'il est globalement accepté de tous, crée néanmoins de nombreuses discordances lorsqu'il s'agit de se pencher sur les raisons d'un phénomène devenu endémique. La prétendue "médiocrité générale" décriée de notre production littéraire nationale serait-elle due à un problème au niveau de l'édition des manuscrits ou juste à une faiblesse générale du niveau de nos auteurs ? Pour en avoir le cœur net, EnQuête a introduit le débat chez les différents acteurs du milieu.
Le 25 avril dernier, à l'issue d'une table ronde tenue dans le cadre de la Journée internationale du Livre et du Droit d'auteur, EnQuête mettait le doigt sur un désamour récent, mais certain, du public sénégalais pour la lecture. Néanmoins, qu'en disent les acteurs ? Quelle est la position (et les explications données) par ceux qui produisent, diffusent et exploitent les œuvres littéraires locales dans le cadre de leur métier ? La réponse à cela est assez crue.
Le portrait fait de nos romans et autres œuvres littéraires locales n'est pas reluisant, pour le moins qu'on puisse dire. Joint au téléphone, Abdourahmane Mbengue, journaliste, féru de lecture et fondateur d'une page Facebook sénégalaise nommée "nous aimons lire " exprime son ras-le-bol quant à une certaine complaisance et un manque d'originalité généralisé chez nos auteurs. Un constat d'autant pus exacerbé chez nos romanciers qui seraient, selon lui, frappés de ce qu'il appelle le "syndrome de Balzac".
"Au Sénégal, il y a une forte complaisance que l'on entretient par rapport à notre tradition littéraire, que l'on croirait héritée du romanesque français du XIXe siècle. On est presque complexés de nos anciens qui, eux-mêmes, pèchent en ne renouvelant pas leur façon d'écrire. Tous les auteurs locaux veulent écrire comme Balzac, cela alors que le roman a beaucoup changé : nous stagnons sur le roman social, au déroulement linéaire, à tel point qu'on a parfois l'impression que l'auteur pense qu'il doit tenir la main au lecteur à chaque étape… On peut souvent en deviner la fin à peine quelques pages entamées. Idem pour la poésie : tout le monde cherche à imiter Senghor ou les poèmes produits sous son inspiration directe mais, malheureusement, avec un talent très mitigé", s'exaspère le journaliste, selon qui ce "surplace" de la création s'explique par le fait que bon nombre de nos auteurs, eux-mêmes, ne… lisent pas.
Si la lecture ne semble pas être la tasse de thé du plus grand nombre, ambition littéraire nonobstant, il n'empêche que le Sénégalais a soif de se raconter. En effet, l'auteur Abdarahmane Ngaïdé atteste de ce qu'il appelle une "hyper productivité ‘de la littérature au Sénégal. Néanmoins, précise-t-il, qui dit foisonnement ne veut pas forcément dire qualité.
"Il y a une recrudescence de publication qui n'est pas le reflet d'une demande réelle. Les gens ont envie d'écrire leur histoire personnelle, d'où une certaine hyper productivité qui n'est que le reflet de notre médiocrité (…). Souvent les gens refusent de retarder la sortie de manuscrits qui sont pourtant à retravailler or, quelque chose de mis sur le marché doit être comestible (…). Au lieu d'aider le livre, ils le coulent", croit savoir cet auteur de plus d'une dizaine d'ouvrages.
Cette "démocratie" de l'édition, pour ne pas dire "démagogie" de l'édition, est néanmoins loin de plaire à tous les auteurs. Le Pr Massamba Guèye, universitaire, auteur et critique littéraire, est d'avis que ce foisonnement d'auteurs du dimanche dessert grandement la corporation.
"L'écriture est un métier très respecté mais qui ne fait pas vivre son homme. Il y a plus d' "écrivaillons" que d'écrivains de nos jours, ce qui dévalue d'ailleurs complètement le titre d'écrivain. Chez les auteurs, il y a beaucoup de mécontents car, honnêtement, il y a beaucoup de livres qui sortent mais qu'on n'arrive pas à terminer parce que la qualité n'est pas des meilleures", affirme le professeur Guèye qui a eu à animer une chronique littéraire au sein du défunt journal "Le Matin" pendant de nombreuses années.
Des formats qui pèchent
Autre pomme de discorde majeure au sein du monde de l'édition : la question du format. D'abord, il y a le point de la mauvaise qualité du support lui-même. En effet, ils sont nombreux ceux qui déplorent la qualité "papier" d'opus qui se vendent pourtant souvent à plus de 10 000 F CFA l'exemplaire.
"Ce qui me chagrine le plus, c'est le format des livres, édités sur du papier de mauvaise qualité. Il y a vraiment un problème de conception au niveau graphique", se désole le Pr. Massamba Guèye, comme pour donner écho aux nombreuses personnes qui déplorent la qualité des imprimés qui sortent des maisons d'édition. D'aucuns allant même jusqu'à raconter avoir eu en leur possession des livres qui sont tombés en morceaux à peine quelques jours après leur achat en librairie.
"La qualité du papier laisse à désirer", confirme Abdourahmane Mbengue, qui explique cela par "la relative jeunesse" de nos maisons d'éditions alors que d'autres, plus sceptiques, parlent de manque de moyens flagrant de certaines d'entre elles. "Il y a des maisons d'édition qui ont toutes les caractéristiques d'"ambulants"… Toute leur structure tient dans un sac. Elles n'ont ni siège social, ni numéro de téléphone. Comment peut-on espérer produire de la qualité dans ces conditions?" s'étonne-t-il.
Par souci de ne pointer personne du doigt, les maisons d'édition se refusent à des commentaires sur le sujet. "Lorsqu'on sort un BAT (NDLR : Bon à tirer) et qu'on le donne à quelqu'un qui n'a pas le background pour lire les épreuves et apporter les corrections nécessaires, il peut y avoir des incompréhensions qui vont se répercuter sur le produit final", renseigne le Dr Abdoulaye Diallo, administrateur général de la Maison d'édition L'Harmattan.
Un processus de relecture criblé de manquements
S'il existe une chose sur laquelle, éditeurs, auteurs et lecteurs s'accordent, c'est celle de penser qu'un livre ne s'écrit pas seul. En effet, décrit comme "solidaire", le travail d'écriture n'est pas quelque chose à adosser sur le bagage littéraire d'une seule personne. "Un roman, on t'aide à l'écrire", note Mbengue, faisant ainsi allusion au travail de lecture, de correction et de réécriture qui doit exister en amont de toute publication.
Pourtant, fait remarquer Abdarahmane Ngaïdé, "les gens ne veulent pas être relus. C'est une question d'ego. Ils s'imaginent qu'en emplissant leurs plats de tomate (NDLR : de correction au Bic rouge), le correcteur veut leur causer une indigestion. Or l'écriture, c'est une solidarité. En lui montrant nos limites, l'éditeur nous offre la possibilité de les dépasser."
L'édition étant ainsi une étape essentielle dans la production d'œuvre de littérature, ce sont normalement des comités, au sein des maisons d'édition, qui doivent se charger de s'assurer de la qualité des œuvres publiées. Parfois, néanmoins, lesdits comités n'existent pas, une seule personne se chargeant de tout le travail.
"Les publications sont facturées aux auteurs ; j'ai récemment dû sortir environ 500 000 F CFA de ma poche pour qu'un de mes ouvrages soit publié (…) On paye l'utilisation d'un certain logiciel de correction, qui laisse passer des fautes pourtant. Il n'y a pas de comité de lecture digne de ce nom. Il n'y a pas de métier d'éditeur : ce sont tous des enseignants qui ont écrit des livres et deviennent éditeurs par la force des choses, or même eux, la majorité des maisons d'édition n'arrive pas à les payer", témoigne Abdarahmane Ngaïdé.
Des accusations dont les éditeurs, de leur côté, se défendent, arguant qu'ils ne peuvent pas être tenus comme seuls responsables. "La moindre qualité potentielle d'une œuvre peut s'expliquer par des négligences de part et d'autre : certaines correcteurs ne sont pas fiables. Au début, nous sommes tombés dans ce panneau et la plupart des textes que nous avons sortis avaient été confiés à des gens que nous avons payés sans que le travail de vérification ne soit fait derrière", réplique le Dr. Diallo pour le compte de L'Harmattan.
"La relecture, ça se paye, et tout le monde n'est pas prêt à endosser ce genre de coûts", déclare philosophiquement le Pr. Thioune sur ce point, ajoutant que les problèmes les plus récurrents, dans le cadre de son travail de correction, sont des fautes grammaticales, syntaxiques et orthographiques. "C'est une question de niveau de langue. Il existe un français du Sénégal et c'est à fait normal qu'il y ait des fautes, coquilles ou autres, dans un manuscrit", conclut-il.
Qu'est-ce qu'un "bon livre" ?
À qui revient donc la responsabilité de cette "pauvreté éditoriale" de nos livres ? Dur d'y répondre en plein milieu de la mêlée d'accusation que se renvoient lecteurs, auteurs, correcteurs et éditeurs. Une chose est sûre, c'est que la rapidité avec laquelle certains ouvrages sont publiés doit se faire au prix d'un certain gage de qualité. En effet, il arrive parfois que des éditeurs aillent à l'encontre de l'avis de leur comité de relecture pour balancer certains ouvrages à la presse. Une situation reconnue et, quelque part, déplorée par les écrivains et correcteurs.
En outre, il est assez courant de se faire publier "sur recommandation" grâce à des connaissances qui vous introduisent dans le milieu de l'édition. La qualité perçue d'une œuvre littéraire se résumerait-elle finalement à une question de goût ? Le Dr. Diallo semble le penser :
"La personnalité de l'auteur ne prime pas sur la qualité du produit. C'est une question de niveau de comparaison. Je ne suis pas d'accord avec les "puristes" qui jugent qu'un livre est bon ou qu'il ne l'est pas car chaque livre a son public. Des retours que j'ai eus, la plupart des gens qui lisent un livre donné s'y retrouvent. Les "standards", ce n'est finalement qu'une question de goût", argue, à tort ou à raison, le libraire.
Le Conseil des Ong d'appui au développement (Congad) n'apprécie pas la décision du chef de l'État de confier l'exécution du Programme d'urgence de développement communautaire (Pudc) au Programme des Nations unies pour le développement. Dans une déclaration parvenue hier à EnQuête, le Congad souligne que cela n'est qu'une manière "d'habiller le Pnud" pour "déshabiller les agences d'exécution de l'État".
Deux jours seulement après le lancement officiel du Programme d'urgence de développement communautaire (Pudc), la polémique s'installe déjà. Et c'est le Congad qui rue dans les brancards pour dénoncer le choix fait par le chef de l'État Macky Sall
de confier l'exécution de ce vaste programme au Pnud (Programme des Nations unies pour le développement). "Désormais dans notre pays, les Ong comptent un concurrent de haut niveau dans le secteur du développement communautaire qui s'appelle le Pnud", s'exclame le Congad.
Pourtant, mardi dernier, à l'occasion du lancement officiel du Pudc, le chef de l'État expliquait qu'il avait confié le Programme au Pnud pour éviter les nombreuses procédures de passation des marchés publics, qui parfois, retardent la réalisation du projet. Ceci dans le souci d'aller très vite dans les projets qui sont très attendus dans le monde rural. Mais cet argumentaire du président Sall est loin de convaincre le Conseil des Ong d'appui au développement.
Pour Amacodou Diouf et ses camarades, en confiant le Pudc au Pnud, "l'État du Sénégal déshabille ses agences d'exécution". En acceptant aussi la proposition, "le Pnud se met en porte-à-faux avec ce que nous attendons de lui", regrette le Congad dans une déclaration rendue publique, hier. Sur sa lancée, Amacodou Diouf se dit "sceptique" sur ce choix, car le terrain communautaire est bien différent du "profil" du Pnud qui est plus que technique.
Le Programme d'urgence de développement communautaire est financé par fonds par l'État du Sénégal à hauteur de 113 milliards de F Cfa pour la première phase 2015-2017. Et de l'avis du Congad, le rôle du Pnud doit être de mobiliser des fonds qu'il doit mettre à la disposition de l'État.
Mais si le Programme des Nations unies pour le développement va jusqu'à exécuter des projets, cela signifie tout simplement, selon le Congad, que "cette institution coordinatrice du Système des Nations unies au Sénégal marche sur les plates-bandes de tous les partenaires au développement, en réalisant avec des ressources directes de l'État des pistes rurales, des infrastructures d'accès à l'eau potable, l'électrification rurale, l'allègement des tâches des femmes, la promotion des activités économiques des femmes".
Pourtant, ajoutent les amis d'Amacodou Diouf dans leur communiqué, le Sénégal dispose de pas mal d'organes bien outillés pour réaliser ces types de projets. Il s'agit, liste le Congad, de l'Ageroute, de l'Agence sénégalaise d'électrification rurale (Aser), de la Direction de l'hydraulique rurale, des démembrements du ministère en charge de la Famille, entre autres.
"L'accès du Pnud aux fonds du Pudc devrait procéder d'une évaluation approfondie des activités de cette institution durant les dix (10) dernières années au Sénégal. Cela pourrait édifier les Sénégalais sur le comportement des partenaires de notre pays dans l'appui au développement de nos communautés", a conclu M. Diouf.
"CE SONT LES CONTRATS SPÉCIAUX ET AGENCES QUI CRÈVENT LE BUDGET…"
DÉMENTI DE L'UNION DES SYNDICATS DE L'ADMINISTRATION CENTRALE
De Wade à Macky, ils ont régulièrement fait l'objet d'attaques, mais pour les fonctionnaires de l'administration centrale, la coupe est pleine. En plus de contredire les chiffres avancés par le chef de l'Etat, les syndicalistes préviennent l'Etat qui, selon eux, veut revenir sur leurs acquis. Ils ont décidé de faire bloc autour de l'Union des syndicats de l'administration centrale (USAC).
Le pacte de stabilité sociale signé en 2014 semble rompu entre le gouvernement et les centrales syndicalistes. Du moins pour certains syndicats de l'administration centrale. Face à la presse hier, ils ont affiché leur détermination à ne plus se laisser faire.
Véritablement sur le pied de guerre, ils font désormais bloc autour de l'Union des syndicats de l'administration centrale (USAC). Elle réunit le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), le Syndicat des agents des impôts et des domaines (SAID), le Syndicat unique des travailleurs du Trésor (SUTT), le Syndicat des contrôleurs et des inspecteurs du travail et de la sécurité sociale (Sictrass) et le Syndicat national des cadres et employés de l'administration publique (SYNECAP).
Ces six syndicats ont décidé d'unir leurs forces pour faire face au gouvernement dont "le jeu favori est de brocarder les fonctionnaires sénégalais", selon Mamour Fall, secrétaire général du Sictrass. "Cela a commencé avec l'ex-Président Wade qui avait dit qu'ils ne font même pas une demi-journée de travail", fulmine le syndicaliste.
M. Fall de se désoler que l'actuel Président Macky Sall ait embouché la même trompette. En effet, les propos du Chef de l'Etat soutenant que "les fonctionnaires coûtent cher à l'Etat alors qu'ils ne constituent que 1% de la population", leur sont restés en travers de la gorge.
Ces syndicalistes sont d'avis que "le Chef de l'Etat est trompé par son entourage". Parce qu'ils estiment que la masse salariale allouée aux fonctionnaires est loin d'absorber le budget national. "Nous n'avons même pas atteint le ratio de 35% sur les recettes fiscales, comme le suggère l'UEMOA", a renchéri Mactar Dabo, du Syndicat national des cadres et employés de l'administration publique (SYNECAP).
En revanche, Mactar Dabo affirme que la masse salariale de l'Etat est absorbée par les contrats spéciaux et les agences qui foisonnent. "Entre 1960 et 2000, le régime socialiste n'a pas utilisé 10 contrats spéciaux. Maintenant, on en use et en abuse et ce n'est pas moins de 500 contrats qui ont été utilisés par les deux régimes, depuis l'alternance et c'est cela qui éponge le budget", a fulminé M. Fall.
Tout en laissant entendre que "l'utilisation abusive" des contrats spéciaux est due au fait que "l'actuel président soit arrivé au pouvoir avec beaucoup de chômeurs et de retraités", M. Dabo a aussi pointé du doigt les cumuls de fonctions. "Avec le cumul de fonctions, certains agents nommés pour satisfaire une clientèle politique peuvent avoir 12 à 15 millions. C'est eux qui crèvent notre budget", a soutenu le syndicaliste qui a mis sur la liste certaines indemnités de logement accordées sans étude préalable.
D'ailleurs, dans ce sens, le syndicaliste soutient qu'ils n'accepteront pas qu'elles soient revues à la baisse. Il préconise plutôt sa généralisation, afin de supprimer une certaine disparité existant entre fonctionnaires.
Heures supplémentaires
Par ailleurs, les syndicalistes ont fustigé la volonté du gouvernement de supprimer le paiement des heures supplémentaires, alors que l'Etat fait juste une quantification approximative, en leur allouant un forfait tournant entre 45 000 et 50 000 francs CFA. "Nous pensons que si l'Etat paie une indemnité de 500 000 francs à une femme dont le seul mérite est d'avoir un mari diplomate, il peut payer 50 000 francs à ses fonctionnaires", a asséné Me Aya Boun Malick Diop du Sytjust.
Quoi qu'il en soit, Mamadou Keïta du SUTT considère que les autorités n'ont pas intérêt à continuer à jeter du discrédit sur les fonctionnaires et à toucher à leurs acquis. Sinon, a-t-il menacé : "Nous allons faire feu de tout bois car nous avons la vérité des chiffres avec des chauffeurs qui perçoivent plus que des hauts fonctionnaires." Mieux, ils n'excluent pas de déposer un préavis de grève, comme l'a fait le Sytjust.
Le plaidoyer pour le leadership des jeunes filles était au cœur du lancement du rapport Plan International sur «les barrières et opportunités» du leadership féminin en Afrique de l’Ouest. Des échanges fructueux ont été menés par des militantes de la cause genre à l’instar de l’ancien Premier ministre Aminata Touré.
Le rapport sur «leadership féminin en Afrique de l’Ouest» a été lancé ce jeudi, par le bureau Afrique de l’Ouest de Plan International. Les barrières et opportunités liées à la question ont été évoquées dans ce document avec comme approche spécifique, la mise en action des filles au cœur du dispositif.
En effet, le document donne pour «une fois le point de vue des filles et pas comme toujours celui des femmes», renseigne Faty Kane, coordinatrice de la campagne mondiale «Parce que Je Suis une fille», au bureau Plan Afrique de l’Ouest.
Le document produit est une synthèse de quatre recherches menées dans 13 pays de la sous-région. Il met en lumière le fait que les filles ont des besoins spécifiques différents de ceux des garçons et des femmes. Ce qui est qualifié de «double handicap» par Khady Touré, entrepreneure sociale et membre du panel du jour. Pour le surmonter, elle prône la triptyque « connaissance de soi, confiance en soi et estime de soi».
Parmi les barrières rencontrées par les filles figurent en pôle position le manque d’éducation, le mariage forcé et le manque de modèles féminins.
Les filles des pays mentionnés «pensent pouvoir relever le défi du leadership féminin». C’est en s’appuyant sur ce positivisme réaliste qu’Aminata Touré, ancien Premier ministre du Sénégal a développé son intervention. Auteur de la préface dudit rapport, Mimi Touré signale que «la famille est le premier espace où ce leadership se construit».
Évoquant son expérience personnelle, elle se souvient avoir toujours eu le soutien de son père. «Il faut que les filles comprennent très tôt que la vie n’est pas un gâteau qui se donne. L’axe de sensibilisation à exploiter est celui de père-fille plus que celui d'époux-épouse. Nous devons mettre à contribution les autorités religieuses tout comme les médias qui présentent une sexualisation excessive des filles.»
La clé pour remporter ce combat est «l’éducation», déclare Aminata Touré. Elle martèle : «Il faudra songer à mettre sur pied une coalition des femmes leaders pour l’éducation des filles surtout en Afrique de l’Ouest. S’il faut représenter le damné de la terre ce serait une fille vivante en Afrique de l’Ouest, dans un milieu rural. La sensibilisation doit être intensifiée entre 13 et 16ans.»
Pour la petite histoire, le nom de la campagne «parce que je suis une fille» découle de l’expérience vécu par la directrice de Plan Allemagne en visite au Nepal en 2004. Elle avait croisé une fille dans un village en pleine période scolaire et lui avait posé la question de savoir pourquoi elle n’était pas à l’école ? Spontanément la demoiselle avait rétorquée «par ce que je suis une fille».
Dix ans après les faits, le fatalisme laisse place à la prise de conscience qui doit conduire au changement de comportement en vue d’une meilleure représentation des filles et femmes dans les sphères sociales, politiques et économiques.
À noté qu’après le Sénégal, le rapport sera présenté au Nigeria puis porter au niveau de la CDEAO pour des actions concrètes.
Les Chambres africaines extraordinaires des assises (CAE) sont bel et bien aptes à juger l'ancien président tchadien Hissein Habré. Cette position a été la mieux partagée hier à Dakar lors de la conférence sur la justice pénale internationale et le droit international des droits de l'homme.
Le 20 juillet prochain, l'ex-président tchadien Hissein Habré va faire face à la justice. "Pour la première fois, l'Afrique trouve une solution juridique à un problème juridique en mettant en place les Chambres africaines extraordinaires (CAE). Depuis plus de quinze ans, les victimes attendent ce procès."
Une satisfaction du coordonnateur de la coalition sénégalaise pour le jugement équitable de Hissein Habré (Cosejehab), Sadikh Niasse. La procédure s'inscrit dans l'évolution de plus en plus structurée d'une justice internationale. Il y a vingt ans, elle n'existait pas, le procès de Nuremberg étant la seule référence par rapport au droit pénal international.
Depuis, une multitude de juridictions ont été créées dont le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avec plus de 500 personnes condamnées ; pour le Cambodge ; le Liban ; l'ex-Yougoslavie (TPIY) etc. Le passage prochain de l'ancien président tchadien à la barre va se dérouler dans cette perspective "de combattre l'impunité".
Joséphine Frantzen, l'attachée d'affaire de l'Ambassade des PaysBas a fait part du degré d'implication de son pays dans l'organisation de ce procès. Le Royaume batave a contribué financièrement à hauteur d'un million d'euros (655 millions 957 mille FCfa) pour la constitution des Chambres africaines extraordinaires sur un budget total de sept millions d'euros (4 milliards 591 millions 700 mille F Cfa).
"Ce procès est attendu depuis longtemps. Il est historique pour l'Afrique car c'est la première fois que l'Afrique juge un Africain. Nous espérons que ce sera un grand pas et que ca ne sera pas le dernier", se félicite-t-elle. Pour les organisateurs de cette rencontre, ce procès va servir de cadre d'expérimentation et de contribution substantielle dans le débat sur la lutte contre l'impunité.
Acteurs de la société civile et du droit international ont tenu à rassurer que ce procès ne sera pas une chasse aux sorcières contre le président tchadien déchu. "Toutes les dispositions sont prises de notre côté pour faire le monitoring de ce procès. Nous allons observer et être vigilants par rapport à son caractère équitable. C'est une initiative que nous soutenons", déclare Sadikh Niasse coordonnateur de la (Cosejehab).
Appréhensions
Des garanties sur l'équité qui se veulent rassurantes mais inquiètent tout de même. La mise en demeure servie par le président de la CAE des assises, Gberdao Gustave Kam, aux avocats de Habré sur leur refus de se présenter à la conférence de mise en état du 29 juin dernier, apparaît comme un forcing pour faire comparaître un prévenu qui ne fait pas mystère de son désir de boycotter le procès.
Cependant, il ne devrait pas y avoir de conséquences sur la tenue de cette première. "Le fait que les avocats ne se présentent pas au procès ne peut pas entraver son bon déroulement. C'est leur stratégie, et c'est leur droit d'en avoir une. Le procès aura lieu même si l'accusé refuse de se présenter devant les juridictions. C'est regrettable, on aimerait qu'il soit là, qu'il y ait un débat contradictoire", explique Sadikh Niasse, annonçant une rencontre le 15 juillet entre membres de la société civile pour un plan d'action de supervision de ce procès.
Serge Brammertz, procureur général du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à la Haye, pense pareil. "Il n'y a pas une seule juridiction internationale dont la légitimité n'a pas été mise en cause. Lors du premier procès avec Milosevic, cela a été le cas. Ils disaient vouloir récuser car la juridiction a été créée par le Conseil de sécurité de l'ONU, alors qu'il n'a pas mandat pour en créer un. Cet argument a été utilisé quasiment devant toutes les juridictions internationales. Ça n'a pas marché dans le passé et je suis confiant que cela ne va pas marcher dans le dossier Habré", déclare-t-il.
Quant aux sévères récriminations sur la propension de la CPI à ne poursuivre que les anciens dirigeants africains, M. Brammertz défend que son tribunal (TPIY) a lancé des actes contre plus de 160 personnes, toutes européennes, plus que toutes les autres juridictions réunies.
"C'est une critique qui n'est pas entièrement honnête et justifiée. Il y a cette perception que la Cpi se concentre sur des dossiers africains mais j'insiste qu'elle se concentre beaucoup plus sur des victimes africaines qu'autre chose. Elle intervient seulement quand les États n'ont pas fait le travail eux-mêmes. Pour la crédibilité du TPI, il est souhaitable que des enquêtes soient menées dans d'autres parties du monde", concède-t-il toutefois.
"NOUS ALLONS CONTINUER LE DÉSENCOMBREMENT"
ALIOUNE NDOYE APRÈS SON AUDITION HIER PAR LA POLICE
Le maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, a réitéré hier, à la sortie de son audition par les éléments de la Police centrale, toute sa volonté de poursuivre les opérations de désencombrement déjà enclenchées à Petersen.
Le maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, a été entendu hier pendant plus de quatre tours d'horloge par les éléments de la Police centrale sur l'affaire de l'incendie qui a ravagé des cantines à Petersen. C'était pendant une opération de déguerpissement des marchands ambulants qui gravitent autour de la gare routière et qui étalent souvent leurs marchandises jusque dans la chaussée, empêchant du coup la fluidité du trafic urbain.
Selon le maire socialiste, soutenu par ses camarades de Parti qui se sont fortement mobilisés devant les locaux abritant la Police centrale et par l'ensemble des maires de Dakar-Plateau qui ont tous fait le déplacement, "il y a eu une mise à feu volontaire dans les lieux au cours des opérations de désencombrement".
"Un feu a été allumé, malheureusement les sapeurs-pompiers qui sont venus une première fois ont été attaqués et leurs matériels caillassés par ces délinquants, ils sont revenus une deuxième fois, ils ont subi le même sort, ils ont refusé de venir une troisième fois sans l'appui suffisant des forces de l'ordre. Il a fallu que j'appelle le préfet pour que toute l'armada de la police vienne appuyer les sapeurs-pompiers pour circonscrire le feu", témoigne le maire socialiste qui poursuit :
"Entre la mise à feu initiale sur l'avenue Petersen que mes propres équipes ont pu contenir et la deuxième mise à feu au fond de l'avenue Faidherbe avec des pneus, il a fallu 2h30mn aux pompiers pour venir à bout des flammes. La promiscuité aidant, le feu s'est propagé et a dévasté des magasins qui n'étaient en rien concernés".
"Aucun ambulant n'a eu un bien perdu"
Poursuivant son propos, Alioune Ndoye de rappeler: "Aucun ambulant n'a eu un bien perdu." Ceux qui ont perdu des biens, selon lui, "sont plutôt des victimes, propriétaires de cantines, qui n'étaient en rien concernées par les opérations de désencombrement".
Une telle attitude constitue aux yeux du maire de Dakar-Plateau un acte criminel qui ne doit pas rester impuni. "Puisque c'est le Procureur de la République qui a lui-même demandé une enquête, j'espère que la vérité jaillira et que les coupables seront débusqués", déclare-t-il.
Non sans ajouter : "Ce n'est pas parce qu'on n'est pas content dans ce pays qu'on va lancer des pierres, allumer des pneus pour faire face à l'autorité municipale venue faire son travail."
"Nous allons continuer le désencombrement"
Pourtant, souligne le maire socialiste, "c'est dans le cadre de nos missions de maire que nous avons eu à faire ces opérations de désencombrement, sur la demande de l'État". "Quand j'ai eu à réhabiliter la gare de Petersen qui n'est pas un marché mais plutôt une gare routière, je m'en suis ouvert au préfet qui a demandé à faire d'abord une visite de sécurité. Ce qu'il a eu à faire en dirigeant une commission auxiliaire de sécurité. Par la suite, le PV de cette commission nous a été envoyé avec une demande précise de désencombrer Petersen. Aussitôt, les opérations ont été enclenchées. On a fait tout ce travail avec les forces de sécurité concernées", rappelle Alioune Ndoye qui ne compte pas reculer d'un iota dans son bras de faire avec les marchands ambulants.
"Nous allons continuer les opérations de désencombrement sinon il n'y aura plus d'autorité dans ce pays", a-t-il affirmé.
"Je n'ai autorisé personne à rester à Petersen"
Le maire de Dakar-Plateau a tenu toutefois à couper court aux rumeurs selon lesquelles il aurait autorisé les marchands ambulants à rester sur le site jusqu'après la fête de Tabaski. "J'ai entendu à travers les médias les gens dire que le maire que je suis les a autorisés à rester là-bas jusqu'après la Tabaski, c'est archifaux. Je n'ai autorisé personne à se réinstaller et à rester là-bas. Ils ont été déjà sommés de quitter les lieux et ils ne le seront pas une seconde fois. Quand nous arriverons là-bas, ce sera dans la continuité de l'opération déjà déclenchée", s'est-il voulu clair.
"On ne peut pas à chaque fois demander aux maires de surseoir à leurs opérations de désencombrement parce qu'il y a la Korité qui approche. Après la Korité, c'est la Tabaski, ensuite la rentrée des classes, puis Noël. Il y a toujours un prétexte pour que ces gens continuent à encombrer les rues de Dakar", rouspète pour sa part Barthélémy Dias qui n'a pas manqué d'interpeller l'État centrale sur ses responsabilités.
Soupçonnant une volonté de sabotage de l'État, le maire de Mermoz-Sacré Cœur rassure que Petersen sera déguerpi, que la police accompagne ou pas le maire de Dakar-Plateau. "Si la police n'accompagne pas le maire de Dakar-Plateau, tous les maires de Taxawu Dakar viendront avec leurs services d'ordre et de sécurité et leurs personnels pour désencombrer Petersen et cela ne va pas durer plus d'une journée", menace-t-il d'un ton sec.
LES SYNDICATS DE L’ADMINISTRATION CRIENT LEUR RAS-LE-BOL
Réunis autour de l’Union des syndicats de l’Administration centrale, des agents de la Fonction publique ont décidé de se faire entendre pour dénoncer l’attitude des autorités qui veulent faire croire aux populations qu’ils absorbent l’essentiel de la masse salariale du Sénégal. En conférence de presse hier, les membres de ce nouveau cadre syndical estiment que les coupables sont ailleurs.
Les agents de l’Administration sénégalaise ne veulent plus être stigmatisés. Réunis autour de l’Union des syndicats de l’administration centrale, ces fonctionnaires dénoncent le discours des autorités étatiques qui veulent «nous mettre en mal avec la population».
Selon les membres de ce cadre syndical, certains ministres passent tout leur temps à tirer à boulets rouges sur les fonctionnaires en soutenant qu’ils absorbent une bonne partie de la masse salariale et perçoivent des heures supplémentaires indues.
Selon Mansour Fall, secrétaire général du Syndicat des inspecteurs et contrôleurs du travail et de la sécurité sociale (Sictrass) et membre de ce cadre, «c’est totalement faux de dire que la masse salariale est absorbée par les fonctionnaires».
«Tous les politiques tiennent le même discours, ils disent que les fonctionnaires nous coûtent.... Ils devront faire face à nous pour dire aux Sénégalais que les fonctionnaires sont les piliers de la Nation. C’est désolant de constater que les politiciens recrutent dans l’Administration des clients politiques», a-t-il déploré.
D’après M. FaIl, il «faudrait que le président de la République sache que ceux qui sont dans l’Administration ne sont pas tombés du néant». Selon lui, s’il y a un problème dans l’Administration au Sénégal, il faudra le chercher dans les contrats spéciaux dont «on use et abuse» sans respect des règles et aussi la multiplication des agences qui gonflent la masse salariale.
«On est en train de l’induire en erreur en lui faisant croire que les fonctionnaires sont à l’origine des dysfonctionnements et qu’ils absorbent la moitié de la masse salariale», a-t-il fait savoir. Embouchant la même trompette, Moctar Dabo, secrétaire général du Syndicat national des cadres et employés de l’Administration publique (Synecap), estime qu’il faut aussi fustiger «les cumuls de fonctions».
«Au Sénégal, il y a des gens qui ne sont pas agents de l’Administration qui peuvent avoir, à travers les cumuls de fonctions, 12 à 15 millions par mois. Parce qu’ils sont Présidents de conseil d’administration (Pca) quelque part, administrateurs et en même temps ils sont membres d’un Conseil économique et social avec des avantages», a-t-il déclaré. Création de l’Union des syndicats de l’Administration centrale
Parlant de cette masse salariale, les syndicalistes soutiennent que le Sénégal n’a pas encore atteint le critère de convergence, c’est-à-dire les 35% de recettes fixés par l’Uemoa. «Nous avons la vérité des chiffres parce que nous sommes au cœur du système, de toutes les façons on attend les résultats de l’audit. Ce qui est paradoxal, c’est qu’à chaque fois, la publication des résultats de l’audit est renvoyée aux calendes grecques, ils avaient dit le 31 décembre, ils l’ont repoussée», ont-ils dit.
Ces syndicalistes mettent ainsi en garde les autorités qui auraient décidé de revoir à la baisse, certaines indemnités dans la Fonction publique.
«Nous avons entendu le ministre du Budget dire qu’on va mener une étude sur la masse salariale, certaines indemnités vont être revues à la baisse, c’est inadmissible, ça ne se passera pas au Sénégal. Un avantage acquis ne se remet pas en cause. Nous n’écarterons aucune forme de lutte pour faire valoir nos droits», ont-ils menacé.
SUR LE PIED DE GUERRE, LES SYNDICATS DE FONCTIONNAIRES CREENT L’USAC
SUPPRESSION DES HEURES SUPPLEMENTAIRES DANS LA FONCTION PUBLIQUE
Que le gouvernement se le tienne pour dit, les syndicats des fonctionnaires n’entendent pas céder sur la question de la suppression des heures supplémentaires. Regroupés désormais au sein de l’Union des syndicats de l’administration centrale, ils sont sur le pied de guerre, prêts à mener le combat de la préservation des acquis.
Les fonctionnaires de l’Etat n’entendent pas voir leurs acquis remis en cause. C’est pourquoi, les syndicats de l’administration ont fédéré leurs forces en mettant sur pied l’Usac. L’Union des syndicats de l’administration centrale est, en effet, un cadre qui- comme son nom l’indique - regroupe différents syndicats de l’administration centrale.
L’objectif de l’Usac est de défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs mais aussi de lutter pour une amélioration du cadre de vie. L’entité regroupe les travailleurs de la justice, des impôts et domaines, du trésor, de l’inspection du travail et du ministère du commerce.
Face à la presse, hier, Mansour Fall, le Secrétaire général du Syndicat des inspecteurs et contrôleurs du travail et de la sécurité sociale (Sictrass) a qualifié d’«injuste» le procédé du gouvernement à l’égard des fonctionnaires. «Depuis un certain temps, le jeu favori des hommes politiques, c’est de brocarder, de tirer sur l’administration, sur les fonctionnaires. Et ça a commencé depuis la première alternance», s’est désolé M. Fall.
«Macky Sall va dans la même dynamique que Wade qui avait dit que les fonctionnaires coûtent cher à l’Etat. Il suffit d’analyser le discours du Président pour savoir que son entourage le trompe sur le rôle et les missions des fonctionnaires. Quand il dit que les fonctionnaires coûtent cher, c’est comme si on était dans une relation de gratuité avec l’Etat», a-t-il souligné.
Dès lors, a ajouté Mansour Fall, «s’il y a des gens qui ne font rien et qui coûtent à l’Etat de l’argent, il n’a qu’à regarder du côté des bourses familiales. Ce sont des mécanismes de transfert de fonds. Il y a un ministre qui a dit qu’il y a des fonctionnaires qui sont en congés, qui restent chez eux et perçoivent des heures supplémentaires. Le fonctionnaire qui part en congés ne touche pas l’allocation de congés».
«Tout est fait pour dresser les Sénégalais contre les fonctionnaires»
Ce qui le pousse à dire que «tout est fait pour dresser les Sénégalais contre les fonctionnaires. Le piège des politiques, c’est de dire que la masse salariale est absorbée par les fonctionnaires. Ce qui est tout à fait faux. 0n a les éléments de preuves. L’honnêteté voudrait qu’on dise que dans le cadre de cette masse salariale, il y a plusieurs éléments».
C’est ainsi que Mansour Fall a mis l’accent sur les contrats spéciaux pour dire qu’«aujourd’hui, si vous allez dans les ministères, les contrats spéciaux, on en use et on en abuse. Entre 2000 et maintenant, il y a eu pas moins de 500 contrats spéciaux. Il faut que le Président sache que ceux qui sont dans l’administration ne sont pas tombés du néant». «Nous ne sommes pas contre les réformes et d’ailleurs, on demande qu’on soit associé au Plan Sénégal émergent (Pse)», a-t-il avancé, non sans regretter un fait qui le heurte. A savoir que «ce sont les ministres fonctionnaires qui tirent le plus sur les fonctionnaires».
«Un avantage acquis ne se remet pas en cause dans ce pays»
Pour sa part, Mactar Dabo, Secrétaire général du Syndicat des cadres et des employés de l’administration public, dit constater qu’«une entreprise de déstabilisation des agents de l’administration», est en cours dans ce pays. «Et pourtant, a-t-il relevé, le Sénégal n’a pas dépassé le plafond du ratio de la masse salariale de 35% sur les recettes fiscales. Cela, alors que d’autres Etats de l’espace Uemoa l’ont dépassé».
«On a entendu le ministre du Budget dire qu’on va faire une étude sur la masse salariale et que certaines indemnités seront revues à la baisse», a confié Mactar Dabo qui, usant de la menace, a prévenu : «C’est inadmissible et ça ne se passera pas au Sénégal. Un avantage acquis ne se remet pas en cause dans ce pays. Ces avantages ont été consentis suite à des combats menés, nous demandons la généralisation. L’Usac n’exclut par de rejoindre le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) qui a déjà déposé un préavis de grève pour mener ce combat».