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25 avril 2025
International
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ATTIRER LES INVESTISSEURS AMÉRICAINS
Forum de Saint-Louis - Ouvrir une porte d'entrée, au Sénégal, pour le secteur privé américain - L'investisseur cherche avant tout un partenaire local - Entretien avec René Lake
Le patron de RSL Strategies, Rene Lake, est convaincu que l'investisseur américain n'est pas toujours ce partenaire arrogant qui vient pour imposer ses idées.
Au contraire, ce qu'il faut comprendre selon Lake, c'est que ce dernier a besoin de la validation locale qui est le gage de la viabilité de son projet.
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VIDÉO DES OTAGES EN CASAMANCE AVEC CÉSAR ATOUTE BADIATE
EXCLUSIF SenePlus : DANS LES PROFONDEURS DU MAQUIS, ENTRETIEN AVEC CHRISTIAN THIAM DE SenePlus.Com
Enlevés le 3 mai dernier à Kaïlou (Ziguinchor) par une faction du mouvement indépendantiste MFDC et emmenés au plus profond de la forêt casamançaise, les démineurs otages font part, pour la première fois, de leurs conditions de détention et exposent leur vœu ardent de rejoindre «le plus tôt possible» leurs familles respectives. Dans la forêt, ils pratiquent la chasse et la pêche. Le journaliste et Reporter d'Image Christian Thiam de SenePlus.Com s'est entretenu avec les otages et plusieurs chefs militaires du MFDC dont César Atoute Badiate. Dans les toutes premières minutes de la vidéo, César Atoute Badiate s'exprime en diola mais les réactions des otages sont toutes en français.
Le voyage est long pour accéder au cantonnement militaire. Après plusieurs heures de conduite, il faut encore plusieurs kilomètres à pied pour accéder à la zone d’influence de César Atoute Badiate au fin fond de la forêt de Casamance. Un fief qui se «trouve bel et bien en territoire sénégalais», comme nous le précise le reporter de SenePlus.Com Christian Thiam qui a effectué ce voyage avec Jean Michel Mathiam un employé de la société sud-africaine Mechem pour qui travaillaient les otages.
Au plus profond de cette forêt, ils sont faits otages depuis le 3 mai 2013, loin de leurs familles, de leurs proches et de leur environnement social habituel. Cet enlèvement porte la signature d'une des factions séparatistes du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC) dirigé par César Atoute Badiate.
Depuis que la vie de ces démineurs a basculé, personne ne les avait vu, ni entendu s'exprimer publiquement.
Assis sur des bancs en plein milieu de la forêt, les otages de César Atoute Badiate semblent en bonne forme physique. Pour la première fois, ils ont eu l’occasion de faire part de leurs conditions de vie et leur vœu ardent de retrouver leurs familles respectives.
Tout s’est passé sous l’œil vigilant du chef d’Etat-major du maquis César Atoute Badiate. C’est lui en premier qui prend la parole et s’exprime dans sa langue maternelle, le joola. Fixant droit la caméra, par moments, il expliqué les circonstances de sa rencontre avec Christian Thiam ainsi que l’objet de la visite de ce dernier dans le maquis.
A la suite, du général maquisard, c’est Charles Coly un des otages qui prend la parole. Serein, il confesse que depuis leur enlèvement, ses compagnons et lui n’ont été victimes d’aucune forme de maltraitance, ni de terreur de la part de leurs ravisseurs. En d’autres termes, ils ont été bien traités. Charles parle même de liberté de circuler dans les environs immédiats alors même qu’ils sont retenus comme otages.
«On est libre ici, on se déplace comme on veut»
«Depuis que nous avons été arrêtés, nous n’avons eu aucun problème. On a un peu marché, et cela c’est normal », a-t-il dit. Poursuivant son propos, Charles explique également que même la nourriture n’a jamais été un problème pour eux. «Nous allons à la pêche et à la chasse. On se déplace comme on veut », a-t-il souligné en tentant de se débarrasser des insectes de la brousse qui bourdonnent dans ses oreilles. Personne dans le maquis n’a jamais pointé une arme sur un otage pour lui ordonner d’exécuter une action, assure Charles.
En revanche, ce qui reste pénible et insupportable pour eux, c’est la séparation d’avec leurs familles respectives. «Le seul problème que nous avons, dit-il, c’est qu’on n’a pas nos familles». Doucouré, qui semble le plus jeune des otages qui ont fait face à la caméra, ne semble pas apprécier le propos très apaisants tenu par son collègue Charles.
Et il a tenu à marquer son désaccord, en prenant la parole : «On tient ici des discours pour dire que tout va bien… Mais on sera mieux chez nous», rétorque Doucouré, très ému avec une voix grinçante et empreinte d’émotion. «C’est bien beau de dire oui on n’a pas de problème. Mais nous, nous voulons rentrer chez nous le plus rapidement possible», a poursuivi l’otage.
«C’est très dur de vivre ici »
Gilbert Tendeng corroborant les propos de Charles, se dit persuadé qu’ils n’auront pas de problème. Seulement, reconnait-il «c’est dur de vive ici». Gilbert Tendeng se préoccupe du sort qui leur sera réservé après leur libération du point de vue professionnel. En effet, il craint qu’après leur libération, leurs familles respectives les déconseillent de continuer à travailler comme démineurs pour la société sud-africaine Mechem, parce que cette activité sera perçue comme une activité bien trop risquée.
Pour rappel, ils étaient douze démineurs travaillant pour la société sud-africaine Mechem, à être enlevés par la faction séparatiste du MFDC de César Atoute Badiate. Ils exécutaient tranquillement leur tâche ce 3 mai au soir dans le village de Kaïlou, (département de Ziguinchor), quand les rebelles ont fait irruption et les ont kidnappés.
Le général Badiate qui a commandité ce rapt estime que le gouvernement du Sénégal n’a pas respecter son engagement à arrêter le déminage dans les zones que le chef rebelle considère comme zone contrôlée par le mouvement rebelle.
Le 28 mai 3 femmes faisant partie des 12 démineurs ont été libérées pour des raisons humanitaires après une médiation des autorités de Bissau, de la Croix Rouge, le groupe de réflexion pour la recherche de la paix en Casamance, entre autres acteurs.
Mais auparavant le chef de l’Etat, Macky Sall avait commis, ce que plusieurs observateurs de la vie politique sénégalais avaient considéré comme "une maladresse" en affirmant dans une série d’entretien accordé à l’AFP que les « otages seront libérés », et que ce n’était «pas un problème». Ainsi, le président Sall en minimisant cet enlèvement a peut-être donné l'occasion aux ravisseurs de faire monter les enchères, ajoutent des analystes interrogés par SenePlus.Com.
Depuis 1982 la Casamance, sud Sénégal, fait face à une rébellion indépendantiste qui entrave le développement économique de cette région dû à l’insécurité : braquages, enlèvements, et autres assassinats.
TRADUCTION DES PROPOS DE CÉSAR ATOUTE BADIATE, AU DÉBUT DE LA VIDÉO
"Charles, bonjour à toi et à tes amis. Comme vous le savez, d’habitude nous effectuons des voyages. Et Dieu a fait qu’au cours de notre dernier voyage, avant hier, nous avons eu l’occasion de rencontrer ce monsieur qui voulait voir dans quelles conditions vous vivez.
Il faut dire que cela fait un moment qu'il souhaitait vous rencontrer mais nous avions estimé que n’aviez pas un assez bon moral pour que nous puissions donner une suite favorable à cette demande. Nous avions donc préféré reporter cette rencontre.
Mais comme maintenant vous êtes un peu plus habitués aux conditions de vie ici, j'ai pensé que cette fois-ci, il n'y avait aucun obstacle à ce que vous le rencontriez aujourd'hui. "
UNE JUGE ARRÊTÉE PAR LE FBI
Hannah Dugan est accusée d'avoir délibérément protégé un immigré sans papiers des agents fédéraux. Cette interpellation sans précédent marque une escalade majeure dans la politique migratoire de l'administration Trump
(SenePlus) - Une juge du comté de Milwaukee a été arrêtée vendredi par le FBI, accusée d'avoir fait obstruction aux services d'immigration américains, dans ce qui apparaît comme une escalade majeure dans la bataille que mène l'administration Trump contre les autorités locales au sujet des expulsions d'immigrés.
Selon les informations rapportées par le New York Times, la juge Hannah Dugan a été interpellée pour avoir "intentionnellement détourné des agents fédéraux" d'un immigré recherché par les autorités, comme l'a déclaré le directeur du FBI, Kash Patel, dans un message sur les réseaux sociaux qu'il a par la suite supprimé.
"Le bureau a arrêté la juge Hannah Dugan, soupçonnée d'avoir intentionnellement détourné des agents fédéraux d'un immigré poursuivi par les autorités fédérales", avait écrit M. Patel avant de retirer sa publication pour des raisons qui n'ont pas été immédiatement clarifiées, précise le quotidien new-yorkais.
Brady McCarron, porte-parole des U.S. Marshals, a confirmé au NYT que la magistrate avait bien été arrêtée par des agents du FBI vendredi matin. Selon la même source, le document d'inculpation contre la juge n'était pas immédiatement disponible dans les archives judiciaires fédérales.
Cette arrestation s'inscrit dans la politique plus large de l'administration Trump, qui a promis d'enquêter et de poursuivre les responsables locaux qui ne coopèrent pas avec les efforts fédéraux en matière d'immigration, dénonçant ce qu'ils appellent les "villes sanctuaires" qui n'en font pas assez pour aider aux arrestations et aux expulsions de millions d'immigrés sans papiers.
Comme le souligne le New York Times, l'affaire de Milwaukee met en lumière un point de friction récurrent dans ce débat : le moment où les agents d'immigration tentent d'arrêter des immigrés sans papiers qui comparaissent devant un tribunal d'État. "Les autorités locales s'opposent souvent à de tels efforts, faisant valoir qu'ils mettent en danger la sécurité publique si les personnes traitant des problèmes juridiques relativement mineurs estiment qu'il est dangereux d'entrer dans les palais de justice", rapporte le journal.
Cette affaire n'est pas sans rappeler un précédent survenu lors du premier mandat de Donald Trump. Selon le New York Times, une juge locale du Massachusetts avait été inculpée par le ministère de la Justice pour avoir fait obstruction aux autorités d'immigration. Les charges avaient été abandonnées après que la juge eut accepté de se soumettre à une potentielle procédure disciplinaire.
L'arrestation de la juge Dugan marque une nouvelle étape dans l'application stricte des politiques migratoires par l'administration Trump, dont la promesse de déporter des millions d'immigrés sans papiers constituait l'un des piliers de sa campagne électorale.
Les représentants du FBI n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires, selon le New York Times, laissant planer le doute sur les circonstances exactes de cette intervention rare contre un membre du pouvoir judiciaire.
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QUAND LE PRÉTOIRE L'EMPORTE SUR LE PERCHOIR
"Politiquement raison, juridiquement tort" : c'est ainsi que Mounirou Sy résume la décision du Conseil constitutionnel sur la loi interprétative d'amnistie. La majorité parlementaire ne permet pas de s'affranchir des principes constitutionnels
Dans une décision rendue le 23 avril 2025, le Conseil constitutionnel a annulé l'article premier de la loi interprétative relative à l'amnistie votée en 2024, vidant ainsi cette loi controversée de sa substance. Cette décision, qui fait couler beaucoup d'encre dans le pays, marque un tournant significatif dans les relations entre le pouvoir politique et l'autorité judiciaire.
Selon le professeur Minirou Sy, maître de conférences à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, interrogé sur la chaîne TFM, cette décision est "une source de satisfaction" après des années où "on était habitué à une incompétence saisonnière du Conseil constitutionnel sur des questions qui touchaient le cœur de la vie politique".
Le Conseil constitutionnel a requalifié la loi dite "interprétative" en loi "modificatrice", estimant qu'elle innovait en tentant de rétrécir le champ d'application de la loi d'amnistie initiale. "Le juge constitutionnel ne se limite plus à l'idée de trancher mais fait office de pédagogie", analyse le professeur Sy, qui souligne un "revirement" par rapport à la décision initiale sur la loi d'amnistie.
En effet, alors qu'il avait précédemment reconnu au législateur "la plénitude de ses pouvoirs" concernant l'amnistie, le Conseil constitutionnel "a circonscrit le périmètre d'action du législateur" en lui rappelant qu'il ne peut pas aller au-delà des textes de droit international, notamment concernant la torture, les actes inhumains et dégradants.
Pour les victimes des événements politiques couverts par la loi d'amnistie, cette décision ouvre la voie à des recours civils. "Les décisions du Conseil constitutionnel s'imposent aux autorités administratives et juridictionnelles", rappelle l'universitaire. Si l'amnistie éteint l'action publique, elle ne remet pas en cause le droit à réparation des victimes. Une personne dont le commerce aurait été vandalisé pourra ainsi demander réparation devant un juge civil.
Le professeur Sy écarte toute possibilité d'annuler complètement la loi d'amnistie de 2024, celle-ci étant déjà promulguée. Une abrogation n'aurait d'effet que pour l'avenir et ne résoudrait pas les problèmes actuels.
Cette décision constitue, selon l'expert, un signal fort envoyé par le Conseil constitutionnel au monde politique : "Vous avez politiquement raison parce que vous détenez la majorité à l'hémicycle, mais juridiquement tort parce que vous avez violé la Constitution." Le professeur estime que "le peuple a maintenant quelqu'un qui veille pour ses droits, à savoir le juge constitutionnel", évoquant la notion de "démocratie continue" où "lorsque le peuple perd la démocratie à l'Assemblée nationale, il peut l'atteindre devant le Conseil constitutionnel".
Quant au débat sur la transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle, le spécialiste le considère comme purement "terminologique", l'essentiel étant de "renforcer les prérogatives de la juridiction constitutionnelle", quelle que soit son appellation.
LE DIALOGUE EN PÉRIL
Les concertations pourraient se dérouler avec une participation réduite de l'opposition. Le Front pour la défense de la démocratie et de la République reste divisé sur la question, alors que ses alliés de l'APR dénoncent un "acharnement judiciaire"
Le dialogue politique risque de se faire sans une bonne partie de l'opposition. Déjà, au sein du Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr), plusieurs partis membres voient d'un mauvais œil toute participation à ces réflexions pendant que leurs alliés de l'Alliance pour la République (Apr) connaissent une traversée du désert avec des emprisonnements et des convocations devant la Justice qu'ils qualifient d'acharnement.
Le vent du boycott souffle sur le dialogue politique. Alors que le chef de l'Etat vient de désigner Cheikh Guèye comme facilitateur général des concertations politiques qui s'ouvrent ce 28 mai, l'opposition reste encore silencieuse. Au sein du Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr) où on réclamait des gages de sincérité du Président Diomaye Faye, la participation au dialogue n'est pas encore arrêtée.
En effet, L'As a appris que la question a été débattue lors de la réunion du Fdr tenue mercredi dernier, au siège du parti socialiste. Mais des membres du front se sont farouchement opposés à toute participation au dialogue politique. Il n'est pas question pour eux d'aller s'asseoir à la table du pouvoir en place pendant que leurs alliés de l'Alliance pour la République font face à «une persécution» de la part du régime en place, nous souffle une source qui est au fait.
N'ayant pas pu délibérer faute de position consensuelle, le Fdr est donc toujours sans décision. Ainsi, le front va se réunir lundi ou plus tard avant mercredi prochain pour prendre une résolution sur sa position sur l'invitation au dialogue qui devra porter sur le système politique au Sénégal.
En tout état de cause, il faut rappeler que lors de sa dernière sortie, le Fdr avait posé des conditions de sa participation même s'il avait dit être favorable au dialogue. Il avait, à cet effet, demandé au Président Diomaye des gages de sincérité avant toute participation au dialogue politique qui s'étend du 28 mai au 4 juin. L'organisation politique n'avait pas manqué de dénoncer des «coups de force» de la part du régime en place, notamment une conduite unilatérale du processus électoral des législatives du 17 novembre 2024.
UN SÉNÉGALAIS PRÉSUMÉ MERCENAIRE CAPTURÉ PAR L’ARMÉE UKRAINIENNE À DONETSK
Selon ses déclarations du jeune homme, il aurait rejoint le front faute de moyens pour quitter la Russie. Son identité reste à confirmer.
Un homme présenté comme un mercenaire africain combattant pour les forces russes a été capturé par l’armée ukrainienne sur le front de Toretsk, dans la région de Donetsk. L’information a été rendue publique mercredi par le 49e bataillon d’assaut séparé ukrainien « Sich des Carpates », via une vidéo diffusée sur sa page Facebook.
Dans cette séquence consultée par BBC Afrique, on aperçoit un homme noir, vêtu d’un uniforme militaire russe, interrogé par des soldats ukrainiens. Visiblement épuisé, l’individu affirme, lors de l’interrogatoire, être originaire du Sénégal. Il aurait, selon ses déclarations relayées par des médias ukrainiens, séjourné en Russie pendant deux ans en tant qu’étudiant.
Toujours d’après les forces ukrainiennes, le détenu aurait initialement envisagé de quitter la Russie pour rejoindre l’Allemagne. Toutefois, faute de moyens financiers, il aurait accepté de combattre pour les troupes russes, en échange d’une rémunération.
L’homme a confié qu’au moment de sa capture, il craignait d’être abattu par les soldats ukrainiens. Ces derniers lui auraient toutefois simplement ordonné de se rendre.
Aucune pièce d’identité n’a été retrouvée sur lui, ce qui empêche pour l’instant de confirmer formellement son identité ou sa nationalité. Des démarches ont été entreprises auprès du ministère sénégalais des Affaires étrangères et de l’Ambassade d’Ukraine au Sénégal, mais aucune confirmation officielle n’a été donnée à ce stade.
Blessé légèrement à la jambe, le prisonnier a reçu des soins médicaux sur place avant d’être évacué hors de la zone de conflit.
Ce cas relance les interrogations sur la présence de ressortissants africains dans les rangs des forces russes, souvent en quête de ressources ou contraints par des circonstances précaires.
par Abdoul Aziz Diop
SONKO AGGRAVE SON CAS MALGRÉ LA BAFFE REÇUE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
EXCLUSIF SENEPLUS - Tout commence par un viol - celui du couvre-feu en mars 2021-, et se poursuit par un viol - celui de la Constitution en avril 2025. Le multirécidiviste ne sait toujours pas que ladite opposition est surprotégée par le peuple du Sénégal
Le 2 mars 2020, le Sénégal enregistre son premier cas de Coronavirus. Le pays rentre alors dans le tourbillon de la pandémie de Covid-19. L'état d'urgence assorti d'un couvre-feu de 21h00 à 05h00 est instauré le 5 janvier 2021 pour les régions de Dakar et Thiès où se concentre la grande majorité des contaminations. La mesure est reconduite pour un mois le 20 janvier. Le samedi, 20 février 2021, le gouvernement du Sénégal annonce une prolongation pour un mois du couvre-feu. En clair, cela veut simplement dire qu’à compter du 20 février 2021, et ce jusqu’au 20 mars 2021, interdiction est faite aux populations des régions de Dakar et Thiès de circuler de 21h00 à 05h00. En droit facile, le but de la mesure avait été de permettre aux Forces de défense et de sécurité (FDS) de protéger les populations de la grave crise sanitaire à laquelle faisait face le monde entier. C’est le moment choisi par l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko pour sortir nuitamment de chez lui, violant le couvre-feu et attestant par là même d’un acte transgressif majeur d’où découlèrent les déferlements de violences sans précédent de mars 2021 et de juin 2023.
Le 14 juin 2023, des journalistes, avocats et défenseurs des droits de l’homme, Togolais pour la plupart, adressent une lettre ouverte à maître Sidiki Kaba, ministre des Forces armées du Sénégal, dans laquelle on peut lire le commentaire que leur inspirent les événements malheureux survenus chez nous 13, 12 et 11 jours plus tôt. En voici, pour l’essentiel, la teneur : « Nous sommes profondément indignés, préoccupés et très inquiets de la reculade à l’allure vertigineuse du niveau de la démocratie et des droits de l'homme en République du Sénégal, qui était considérée en la matière comme l'un des modèles en Afrique subsaharienne. »
À cela nous réagissons, dans une tribune datée du 20 juin 2023, en ces termes (extrait) : « La lettre ouverte des journalistes, des avocats et défenseurs des droits l’homme transcende la personne du ministre des Forces armées de la République du Sénégal, interpellant par la même occasion le gouvernement du Sénégal pour lui demander de tirer au clair les entorses gravissimes au maintien de l’ordre et au respect des droits de l’homme auquel le Sénégal ne saurait déroger sans perdre sa place enviable de locomotive politique dans une sous-région ouest africaine en proie à d’anciens et nouveaux phénomènes de déstabilisation. »
Pour celles et ceux dont l’intérêt pour notre modeste personne et nos modestes contributions au débat ne nous ont jamais fait défaut, notre désapprobation de la loi d’amnistie n° 2024-09, avant et après son vote le 6 mars 2024 par l’Assemblée nationale, n’était pas dictée par la fin de notre compagnonnage avec l’ancien président Macky Sall dont nous nous sommes séparé en démissionnant de son parti et de son cabinet le 19 juillet 2023.
Immobilisme bavard
Le changement de régime intervenu le 24 mars 2024 correspond à une séquence nouvelle dont les points saillants au terme d’une année d’immobilisme et de recul bavard sont la dissolution, le 12 septembre 2024, de l’Assemblée nationale par le président élu Bassirou D. D. Faye, la convocation du corps électoral et la tenue des élections législatives du 17 novembre 2024 couronnées par le succès électoral sans équivoque de la coalition Pastef dirigée par sa tête de liste Ousmane Sonko.
Le moment est enfin venu pour ce dernier de faire sa déclaration de politique générale. Le 27 décembre 2024, devant les députés de la majorité et de l’opposition réunis au grand complet, le Premier ministre Ousmane Sonko déclare : « Il sera proposé à votre auguste assemblée, dans les semaines à venir, un projet de loi rapportant la loi d’amnistie votée le 6 mars 2024 par la précédente législature ; pour que toute la lumière soit enfin faite et les responsabilités situées, de quelque bord qu’elles se situent. » En termes de législature, rapporter une loi signifie « retirer, révoquer, annuler une loi ». Au lieu de cela, la majorité se contente d’une proposition de loi interprétative de la loi d’amnistie faite par le député Pastef et 6ème vice-président de l’Assemblée nationale Amadou BA N° 2. En son article premier ladite dispose : « Au sens de l’article premier de la loi n° 2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie, sont exclus du champ de l’amnistie les faits survenus entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, sans lien avec l’exercice d’une liberté publique ou d’un droit démocratique, et qualifiés notamment d’assassinats, de meurtres, de crimes de torture, d’actes de barbarie, de traitements inhumains, cruels ou dégradants, même si ces faits se rapportent à des manifestations, quelle qu’en soit la motivation, et indifféremment de leurs auteurs. » Cet énoncé porte amendement du même article dont la teneur initiale est : « Au sens de l'article 1 de la loi n° 2024-09 du 13 mars 2024, sont amnistiés, de plein droit, tous les faits susceptibles de qualification criminelle ou correctionnelle, ayant exclusivement une motivation politique y compris ceux commis par tous supports de communication, entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu'à l'étranger. Ainsi, les faits se rapportant à des manifestations ne sont compris dans le champ de la loi que s'ils ont une motivation exclusivement politique. »
« Les faits sans lien avec l’exercice d’une liberté publique ou d’un droit démocratique » se substituent alors aux « faits ayant exclusivement une motivation politique » pour éteindre le brasier de la polémique qui enfle partout dans le pays et sa Diaspora pour cause de discrimination des citoyens scindés en deux groupes dont le premier libre de tout mouvement épingle un second destiné aux bancs des accusés.
Adoptée par l’Assemblée nationale le 2 avril 2025, ladite loi interprétative est aussitôt attaquée par l’opposition parlementaire dont l’unique groupe Takku Wallu Sénégal (« Mobilisons-nous pour sauver le Sénégal ») est présidé par l’avocate et ancienne ministre de la Justice Aïssata Tall Sall. Il s’agit, pour elle et 22 autres députés de l’opposition, d’un « recours en inconstitutionnalité contre la loi n° 08/25 de l’Assemblée nationale du 02/04 avril/2025 portant interprétation de la loi n° 2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie ».
Dans sa décision n° 1/C/2025, datée du 23 avril 2025, le Conseil constitutionnel, dont 5 des membres sur 7 ont délibéré, estime que « le législateur ne saurait, par une loi dite interprétative, ni faire obstacle à la répression de crimes imprescriptibles, ni priver de leur portée les principes relatifs à la sauvegarde de la dignité humaine, motif pris de ce que ces crimes seraient liés à l’exercice d’une liberté publique ou d’un droit démocratique ». « Considérant qu’au sens de l’alinéa 2 de la loi attaquée, les faits tenus pour criminels d’après les règles du droit international, notamment l’assassinat, le meurtre, le crime de torture, les actes de barbarie, les traitements inhumains, cruels ou dégradants, sont inclus dans le champ de l’amnistie lorsqu’ils ont un lien avec l’exercice d’une liberté publique ou d’un droit démocratique ; qu’en incluant ainsi dans le champ d’application de la loi portant amnistie des faits imprescriptibles au regard des engagements internationaux à valeur constitutionnelle du Sénégal, l’alinéa 2 de l’article premier de la loi n° 08/2025 du 02 avril 2025, viole la Constitution. »
« L’article premier de la loi nº 08/2025 adoptée par l’Assemblée nationale en sa séance du 2 avril 2025 est contraire à la Constitution », décide irrévocablement le Conseil constitutionnel.
Conclusion
Tout commence par un viol - celui du couvre-feu en mars 2021-, et se poursuit par un viol - celui de la Constitution en avril 2025. Dans les deux cas de viol, le même transgresseur - le chef politique de la majorité et Premier ministre du Sénégal Ousmane Sonko -, désigne un coupable dont l’identité échappe à toutes les grandes et moins grandes juridictions du pays. Et comme si cela ne suffisait pas, M. Sonko aggrave son cas en injuriant publiquement, par écrit, l’opposition démocratique et républicaine dont les membres sont qualifiés de « résidus d’opposition ». C’est que le multirécidiviste ne sait toujours pas que ladite opposition est surprotégée par le peuple du Sénégal souverain qui proclame, dans le préambule de la Constitution, « la volonté du Sénégal d'être un Etat moderne qui fonctionne selon le jeu loyal et équitable entre une majorité qui gouverne et une opposition démocratique, et un Etat qui reconnaît cette opposition comme un pilier fondamental de la démocratie et un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique ».
Inutile, pour notre part, d’en rajouter dès lors qu’une série de viols à laquelle un individu prend goût se termine toujours par le viol de trop qui vient.
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DU SOUVERAINISME À LA SÉNÉGALAISE
"C'est une manœuvre beaucoup plus habile que ce qui est fait dans d'autres pays de la région", analyse un spécialiste, tandis qu'un autre met en garde contre "les espoirs déçus". Le modèle sénégalais de souveraineté suscite des interprétations contrastées
(SenePlus) - Un vent de changement souffle sur l'Afrique de l'Ouest, particulièrement au Sénégal où le président Bassirou Diomaye Faye incarne cette nouvelle tendance souverainiste. À l'occasion de la fête de l'indépendance du 4 avril, le symbolisme n'a pas manqué lorsque le boulevard Général-de-Gaulle a été rebaptisé boulevard Mamadou-Dia, du nom d'un héros de l'indépendance.
Dans son discours à la nation, le président a clairement identifié la monnaie comme un enjeu de souveraineté : "Tous les pays du monde disposent de trois principaux moyens pour financer leur économie : la fiscalité, l'endettement et la monnaie. Or, avec le franc CFA, le Sénégal se prive d'un instrument essentiel", a-t-il déclaré en wolof, comme le rapporte Jeune Afrique.
Face à ce qu'il perçoit comme une inertie de la Cedeao concernant la création de l'eco, Bassirou Diomaye Faye propose que l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) prenne l'initiative "d'une monnaie souveraine avec un nom, un symbole et des billets distincts".
Élu dès le premier tour le 24 mars 2024, le président porte un discours de changement radical. Son parti, Pastef, défend "la nécessité de trouver de nouvelles voies de développement économique et social" pour mettre fin à la "dépendance-soumission à l'extérieur", avec une référence à peine voilée à l'ancienne puissance coloniale française.
Un financier actif dans la région, cité par JA, note que si "ces discours ne sont pas nouveaux", le contexte actuel marque une vraie différence : "Jusqu'à récemment, tous ces pays étaient gérés de manière post-coloniale, avec des dirigeants et des hauts fonctionnaires formés en Occident, qui cultivaient des liens avec les grandes institutions financières internationales. [...] Nous assistons donc à un changement profond de paradigme."
Au lendemain de sa prestation de serment en avril 2024, Bassirou Diomaye Faye a lancé une série d'audits sur les contrats pétroliers et gaziers conclus par le Sénégal, notamment ceux du champ de Sangomar, géré par l'australien Woodside, et du projet gazier offshore Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé avec la Mauritanie et exploité par British Petroleum.
Contrairement à l'approche plus frontale adoptée par certains pays voisins comme le Mali dans le secteur minier, la démarche sénégalaise se veut plus nuancée. "Les audits lancés par les autorités sont très spécifiques et concernent essentiellement la réalité des dépenses engagées par les multinationales. C'est une manœuvre beaucoup plus habile, moins frontale que ce qui est fait dans d'autres pays de la région", analyse Joël Té-Lessia Assoko, auteur de l'ouvrage "Enterrer Sankara".
Plus d'un an après les annonces du successeur de Macky Sall, les résultats de ces audits se font encore attendre. Pour l'économiste togolais Kako Nubukpo, "ces dernières décennies, les alternances politiques n'ont pas proposé de politiques économiques alternatives. Il y a une donc une forte demande de souveraineté de la part de la jeunesse ouest-africaine. Les promesses faites par les nouvelles autorités du Sénégal tardent à produire des effets. Attention aux espoirs déçus."
Le souverainisme économique pourrait-il donc n'être qu'un discours sans conséquences concrètes ? Joël Té-Lessia Assoko suggère que "c'est parfois beaucoup de bruit pour, finalement, des conséquences économiques très limitées". Il fait remarquer que malgré la rhétorique anti-institutions occidentales, les pays qui se réclament du souverainisme continuent de s'adresser au FMI et à la Banque mondiale dès qu'ils en ont besoin.
Si la vraie recette du souverainisme économique restait à inventer ? Kako Nubukpo, malgré ses réserves, voit une opportunité : "Cette opportunité peut être saisie pour proposer des modèles différents, conquérir le marché intérieur en accélérant la transformation locale des matières premières que nous produisons."
Le Sénégal, avec son approche plus mesurée que celle des juntes militaires voisines, pourrait-il tracer une voie médiane, alliant aspiration à plus de souveraineté et pragmatisme économique ? L'histoire est en train de s'écrire, mais les enjeux sont immenses pour une jeunesse sénégalaise qui attend des résultats concrets au-delà des symboles et des discours.
TEMPÊTE SUR L'ITA
Des cadres de l'Institut de technologie alimentaire (ITA) tirent la sonnette d'alarme face à ce qu'ils qualifient de "gouvernance scandaleuse" du nouveau DG. Ils dénoncent un climat délétère qui risque de mener la structure droit dans le mur
Mécontents de la gestion “cavalière” de leur outil de travail, des cadres de l'Institut de technologie alimentaire (ITA) ont contacté ‘’EnQuête’’ pour fustiger ce qu'ils considèrent comme une gouvernance scandaleuse qui mène la structure droit vers le mur.
Rien ne va plus à l'Institut de technologie alimentaire (ITA). Depuis quelques jours, voire des semaines, la direction et les personnels se regardent en chiens de faïence. Les travailleurs, n'en pouvant plus d'évoluer dans ce climat délétère, ont décidé de sortir de leur mutisme et prennent à témoin l'opinion sur des dysfonctionnements graves qui risquent d'impacter négativement la structure. Des dysfonctionnements qu'ils imputent au nouveau directeur général. “Sa gouvernance est pire que ce que nous avons connu avec l'ancien directeur et que le personnel dénonçait”, accuse d'emblée un des représentants du personnel qui s'est confié à "EnQuête".
Notre interlocuteur rappelle d'ailleurs que la semaine dernière, les travailleurs avaient alerté avec le port de brassards rouges, mais le directeur n'a rien voulu entendre ; ce qui les pousse à vouloir passer à la vitesse supérieure. “Une réunion d'évaluation est d'ailleurs prévue aujourd'hui', rapporte la source.
Mais quels sont donc les griefs contre la nouvelle administration ? Ils sont de plusieurs ordres. Depuis quelque temps, les activités de recherche sont au ralenti au niveau de certains services. Le directeur, selon les représentants des travailleurs, fait tout pour empêcher certains chefs de service de faire leur job.
“Comme il ne peut pas grand-chose contre certains chefs de service qui sont statutairement protégés, il fait tout pour les bloquer dans leur fonctionnement. Par exemple, avant, il y avait des réunions auxquelles participaient tous les chefs de service ; il ne les tient plus. Il se réunit juste avec son staff et après nous transmet ses décisions. Il n'y a presque plus de véritables activités de recherche”, dénonce notre interlocuteur.
Copinage dans la gestion des personnels
Les impacts sont déjà palpables au niveau de la plupart des services de l'ITA. C'est le cas, par exemple, avec le projet agropole. Lequel aurait été enlevé au cadre qui jusque-là s'en occupait et qui y a fait d'excellents résultats. “On l'a enlevé juste parce qu'il était nommé à ce poste par son prédécesseur. Aujourd'hui, le projet marche au ralenti, parce qu'au niveau supérieur on connait l'ancien responsable”, renseigne notre source.
La direction a également pris des mesures qui risquent d'entraver le projet de l'institut relativement au développement des pôles territoires. “Comme vous le savez, l'État veut mettre en place des pôles territoriaux, avec une volonté de développer des filières dans chaque pôle. L'ITA doit jouer un rôle important dans cette perspective, avec notamment la mise en place d’antennes. Pour empêcher certains d'avoir des responsabilités, le directeur a supprimé une zone, dans le seul but de combattre un des responsables”, regrette notre source.
Faible plateau technique, absence de motivation
Pour lutter contre ces dérives et sortir l'ITA de l'impasse dans laquelle il se trouve depuis des semaines, les travailleurs ont engagé le bras de fer et somment la direction de revenir à l'orthodoxie et au respect des partenaires sociaux. Dans un document reçu à ‘’EnQuête’’, ils reviennent sur leurs différentes revendications.
En ce qui concerne les recrutements et la gestion de la carrière des agents, ils exigent une plus grande implication des partenaires sociaux ; plus de justice et de transparence dans la gestion de la carrière. Les travailleurs demandent aussi la finalisation de certains textes réglementaires et de tous les points d'accord du protocole conclu avec l'ancienne administration.
En sus de ces revendications, les agents réclament également de meilleures conditions de travail et plus de motivation. Dans le même sillage, ils demandent des mesures pour renforcer le plateau technique, indispensable pour permettre aux chercheurs de faire leur travail. La plateforme parle également de l'amélioration de l’environnement de travail “pour la sécurité du personnel, conformément à la réglementation en vigueur”.
Les travailleurs exigent, en outre, “la réparation des toilettes défectueuses, l'aménagement d’un système de drainage de l’eau de pluie, etc.”. Pour eux, il est indispensable que la direction traite les agents et les services avec la même dignité, le même respect. “Aujourd'hui, tous les projets sont orientés vers son domaine : phyto, lutte contre les nuisibles au détriment de l'agroalimentaire. Aussi, il y a trop de copinage dans la gouvernance”, dénoncent les délégués des travailleurs.
Après plusieurs tentatives restées infructueuses, ‘’EnQuête’’ a réussi à entrer en contact, hier, avec le directeur, M. Guèye, vers les coups de 18 h. Ce dernier a, dans un premier temps, sollicité de notre part de rappeler vers 20 h, puisqu'il était en route. Comme convenu, nous avons essayé à plusieurs reprises de le rappeler, en vain. Tantôt les appels tombaient dans la boite vocale, tantôt ça sonnait dans le vide. Nous lui avons alors laissé un message auquel il a réagi vers les coups de 21 h 30. C'était pour voir si l’on peut sursoir à la publication, parce qu'il était toujours en route pour Saint-Louis, a-t-il précisé.
Nos colonnes lui sont ouvertes pour donner sa version des faits quand il le souhaitera.
L'ACCUSATION FANTÔME CONTRE MACKY SALL
Le Pastef veut juger l'ex-président pour "haute trahison", une infraction invisible dans les codes. Sans définition légale, sans jurisprudence, sans précédent au Sénégal : jamais procédure judiciaire n'aura reposé sur des fondations aussi fragiles
(SenePlus) - La confrontation entre le nouveau pouvoir et Macky Sall a pris un tournant judiciaire inédit. L'ex-président est visé par une procédure pour "haute trahison", une première dans le pays. Mais cette accusation, qui repose sur de présumées manipulations des chiffres de la dette publique, navigue en eaux troubles : aucun texte au Sénégal ne définit ce crime constitutionnel.
La proposition s'appuie sur un rapport explosif de la Cour des comptes qui a "mis le pays en émoi", comme le rapporte Jeune Afrique. Ce document accuse l'administration précédente d'avoir "minoré frauduleusement le montant de la dette publique" et, inversement, d'avoir "surévalué celui du PIB".
Pour Guy Marius Sagna, député de la majorité présidentielle qui a déposé la résolution le 11 avril dernier, ces manœuvres constituent "une politique de dissimulation systématique, de manipulation des chiffres publics et de mise en péril de la souveraineté financière de l'État", ce qu'il qualifie de "manquement d'une exceptionnelle gravité pouvant être qualifié de haute trahison au sens de l'article 101 de la Constitution", comme le cite JA.
Cette initiative n'a rien de surprenant. Selon le magazine panafricain, "plusieurs semaines" avant le dépôt de cette résolution, "le porte-parole du gouvernement, Moustapha Njëkk Sarré, n'avait-il pas prophétisé qu'« inévitablement, Macky Sall fera face à la justice » ?"
Des obstacles juridiques majeurs
Si l'adoption de la résolution semble acquise d'avance, compte tenu de la "majorité écrasante" dont dispose le parti Pastef à l'Assemblée nationale, son application se heurterait à plusieurs difficultés juridiques majeures, souligne Jeune Afrique.
Premier écueil, et non des moindres : "ni la Constitution, ni la loi organique sur la Haute Cour de justice, ni le code pénal ne fournissent la moindre définition de la 'haute trahison'". Cette absence de définition contrevient au principe fondamental de légalité des délits et des peines, selon lequel nul ne peut être condamné pour un crime qui n'aurait pas été préalablement défini par la loi.
Autre difficulté relevée par Jeune Afrique : dans les 56 pages du rapport de la Cour des comptes, "ce corps de contrôle ne mentionne nulle part le nom de l'ex-chef de l'État", ce qui fragilise considérablement la procédure.
Un concept rarissime sur le continent africain
L'infraction de "haute trahison" reste exceptionnelle dans la jurisprudence internationale, particulièrement en Afrique. Historiquement, ce chef d'accusation a plutôt été utilisé dans des contextes de collaboration avec l'ennemi, comme lors de la condamnation du maréchal Pétain en France en 1945, ou plus récemment celle de l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch en 2019, rappelle le magazine.
Dans un article de 2022 sur "le statut judiciaire de l'ancien président de la République" dans les pays francophones d'Afrique subsaharienne, Jean-Michel Olaka, enseignant-chercheur à l'Université Marien-Ngouabi de Brazzaville, cité par Jeune Afrique, précise que seulement une poignée de pays du continent définit cette infraction dans leur Constitution.
Au Tchad, elle inclut "tout acte portant atteinte à la forme républicaine, à l'unicité et à la laïcité de l'État", tandis qu'au Bénin, la définition reste "partiellement vague", englobant la violation du serment présidentiel ou "d'acte attentatoire au maintien d'un environnement sain".
Selon l'analyse de Jeune Afrique, la situation au Sénégal s'apparenterait davantage au cas brésilien de Dilma Rousseff, destituée en 2016 pour "maquillage des comptes publics". Toutefois, contrairement à l'affaire brésilienne, Macky Sall n'est plus en fonction, et la procédure d'impeachment n'avait pas débouché sur une condamnation pénale de l'ex-présidente.
Une "distraction massive" selon les proches de Macky Sall
Les partisans de l'ancien président dénoncent une manœuvre politique. Yoro Dia, ancien porte-parole de la présidence sous Macky Sall, fustige "une nouvelle tentative de distraction massive de Pastef, dont le Projet a pour moteur le 'détestisme'", selon ses propos recueillis par JA.
Il ironise en comparant la situation à celle d'autres pays : "Si Macky Sall devait être poursuivi pour haute trahison, que dire de la France où l'endettement public atteignait 113% du PIB à la fin de 2024, ou aux États-Unis où il était de 125% ? Emmanuel Macron va-t-il être condamné à la prison à perpétuité et Joe Biden à la chaise électrique ?"