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5 mai 2025
Culture
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SALIOU GUÈYE
MACKY FACE AUX CHARLOTS
En entendant certains brigadiers de la foi musulmane autoproclamés, on se demande si le Sénégal n’est pas sous la coupe réglée d’une théocratie qui veut régenter ce pays avec sa conception biaisée du Coran
Récemment nous sommes intervenu dans ces mêmes colonnes pour clamer que nous ne sommes pas Charlie, quand Charlie devient, au nom de la liberté d’expression, un prétexte pour offenser inutilement un Prophète en qui croient des centaines de millions d’individus. Mais lorsque des individus au dessein sombre veulent faire de Charlie un fonds de commerce politique ou religieux, nous retrempons cette même plume dans du vitriol pour fustiger, sans aménités, leurs manœuvres malsaines.
Depuis que le Président Macky Sall a participé, le 11 janvier, à la marche républicaine de Paris, suite à la boucherie de Charlie Hebdo et de l’épicerie casher, des énergumènes qui se prennent pour les gardiens de la foi musulmane au Sénégal et des politiciens en mal de popularité pestent, maugréent et flétrissement sa participation à ce rendez-vous républicain.
Des personnalités publiques tels que le grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop, Oumar Sarr du Pds et de soi-disant islamologues qui polluent la bande FM et les chaînes TV demandent que le président fasse un message pour s’expliquer sur les raisons de sa présence à Paris et demander, in fine, pardon à ces 95% de musulmans qui peuplent le Sénégal et sont des paradigmes de piété.
En entendant de pareils discours dangereux qui sont distillés dans la presse par des illuminés qui se sont auto-investis brigadiers de la foi musulmane, on se demande si le Sénégal n’est pas sous la coupe réglée d’une théocratie parallèle qui veut régenter ce pays avec leurs conceptions biaisées et univoques du Coran et de la Sunna.
Pour eux, le chef de l’Etat a blasphémé en participant à une manifestation anti-terroriste et tourne en dérision le prophète Mahomet avec des représentations picturales railleusement frappées sur des coquelicots brandis par des ennemis de l’Islam. Certains pseudo-érudits qui falsifient la pensée coranique sont allés jusqu’à le qualifier d’apostat et de renégat parce qu’ayant tourné le dos à la religion dans laquelle il a été baptisé.
Pour expliciter les raisons de sa présence en France, Macky Sall, en voyage au Burkina Faso, a précisé que son déplacement n’était motivé que par son aversion contre le terrorisme qui rôde aux abords de nos frontières, depuis l’invasion du Mali voisin par des djihadistes. Concomitamment, le président de la République, après avoir interdit la dernière publication de Charlie Hebdo et de Libération, a précisé que la liberté d’expression, valeur universelle à laquelle il tient fermement, ne doit pas être un expédient pour verser dans la surenchère de la provocation de la croyance des autres. Nonobstant cette explication à laquelle il n’était point soumis, les gardiens auto-proclamés de l’orthodoxie de la foi musulmane persistent à bon droit à manifester leur mécontentement vis-à-vis de la publication subséquente à la décimation de sept de ses journalistes. C’est ce qui a poussé certains à sortir spontanément dans les rues le 16 janvier, après la prière du vendredi, pour manifester contre Charlie.
Tant que ces croyants blessés dans leur foi inoxydable manifestent sans tomber dans des exactions discursives ou attitudinales qui consistent à crier «mort aux impies de Charlie Hebdo et de ceux qui partagent leurs convictions !», à brûler le drapeau d’un pays symbole de sa souveraineté ou à menacer la quiète et fusionnelle cohabitation avec ceux qui ne partagent pas la religion musulmane, leur manifestation, garantie par la liberté d’expression, s’inscrit dans le registre des droits fondamentaux démocratiques sacralisés aux articles 18 et 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme.
Mais dès l’instant qu’elle déborde pour astreindre le Président à résipiscence ou pour charrier un discours haineux, des imprécations pétaradantes, des actions meurtrières qui menacent la stabilité républicaine, il y a lieu d’opposer une fin de non-recevoir à toute demande de manifestation allant dans ce sens.
Les choses qui se règlent dans les officines diplomatiques exigent souvent qu’un président de la République prenne des décisions peu partagées par le peuple spontané mais dans lesquelles réside son salut. Si le président de la République, à l’instar de ses pairs africains francophones, s’est rendu à Paris, c’est pour bénéficier davantage des accords de défense et de la sécurité de la France dont l’intervention au Sahel a évité au Mali d’être aujourd’hui une terre occupée et soumise aux lois draconiennes de la Charia.
Nul n’ignore que le Mali et le Sénégal dont les armées ne peuvent contenir les invasions djihadistes sont des cibles privilégiées des Salafistes qui répugnent cet Islam qui voue un culte à des saints. Or ces deux pays, qui honorent les saints et vouent un culte aux symboles funéraires que les djihadistes salafistes considèrent comme superstition entachée de paganisme, figurent sur la liste des pays à «purifier». Donc même si c’est par opportunisme diplomatique que le Président Macky Sall s’est rendu à Paris pour participer à une marche où le prophète est caricaturé, les résultats attendus à court, moyen ou long termes l’excusent, même si les faits actuels l’accusent.
La diplomatie ne s’accommode pas des réactions épidermiques et spontanées du peuple endormi par l’opium de la religion.
L’État victime des familles maraboutiques
La famille khadre de Ndiassane s’est engouffrée dans cette brèche anti-Charlie pour vitrifier le déplacement du Président en France alors qu’en réalité, elle lui en veut pour n’avoir pas honoré de sa présence «leur» gamou comme il a eu à le faire pour les Tidianes et les Mourides lors de leurs fêtes religieuses respectives.
L’Etat du Sénégal est en train de payer sa profonde imprégnation dans les familles maraboutiques. Aujourd’hui, comme l’exprimait l’historienne Penda Mbow dans une saillie caustique, le ministère de l’Intérieur est devenu le ministère des gamou et des magal. Abdoulaye Daouda Diallo se plait chaque semaine à présider médiatiquement et ostensiblement des CRD préparatoires aux multiples cérémonies des familles maraboutiques là où l’autorité préfectorale à elle seule aurait suffi. Au même moment, la déléguée à la solidarité nationale avec sa kyrielle de camions de vivres, flanquée des caméras de la RTS, se transbahute de famille maraboutique en famille maraboutique pour rendre visibles les libéralités et la magnanimité du Président. Suivie en cela des libéralités de la Première dame avec sa Fondation Servir le Sénégal, laquelle n’hésite pas à déverser des tonnes de vivres pour appuyer les familles maraboutiques solliciteuses.
Ne s’arrêtant pas à ces aides déjà excessives qui transgressent l’esprit égalitaire de la République, qui exclut le favoritisme d’une classe, d’un clan, d’une famille au nom de ce que les latins appellent le splendor natalium, c’est-à-dire le privilège de naissance, l’Etat construit, indépendamment des enveloppes de billets de banque distribuées aux marabouts, des maisons de hôtes à coup de centaines de millions, contribue à la construction de lieu de culte ou à son équipement, distribue des 4X4 aux marabouts dans le seul but d’en tirer des dividendes politiques.
Au même moment à Kahogne dans la région de Kolda, à Sédhiou, à Dakar et dans d’autres localités du Sénégal, les chérubins qui ont droit à l’éducation étudient dans des abris provisoires et utilisent des troncs d’arbres parallèlement posés comme tables pour écrire. Au même moment des Sénégalais et des Sénégalaises malades et habitant dans des zones rurales enclavées meurent par manque d’ambulance. Des communautés rurales devenues aujourd’hui des communes ont été délestées, en dépit de leurs protestations, d’une bonne partie de leurs terres au profit de foyers religieux comme Touba ou Tivaouane par l’alors Président Abdoulaye Wade.
Cette absence institutionnelle d’une ligne «Maginot» entre le spirituel et le temporel fait qu’aujourd’hui ces gardiens de la foi islamique ont l’outrecuidance d’exiger des excuses publiques à l’autorité présidentielle.
La marmite bouillonne et elle risque de déborder à tout moment si l’Etat, garant de la stabilité sociale, ne met pas le holà aux fariboles de ces faux dévots. Et des politiciens veulent profiter de ce contexte international agité pour entrainer une masse de croyants naïfs dans une manifestation anti-Charlie grosse de danger pour régler en filigrane des comptes avec le Président de la République.
Éviter la contagion
Les violences dirigées par des politiciens en mal de popularité qui ont éclaté le 16 janvier après la prière du vendredi dans plusieurs localités du Niger, sous prétexte d’une manif anti-Charlie, risquent de faire tâche d’huile dans notre pays si l’on ne comprime pas ou l’on ne réprime cette barbarie que secrètent les manifestations à caractère religieux. Sous le prétexte de reprocher à leur Président, Mahamadou Issoufou, sa présence à la marche de Paris, des fanatiques musulmans ont brûlé à tort 45 lieux de culte protestants et catholiques et tué quelques adeptes de ces religions.
C’est donc dire que ces zélotes illuminés, mais non éclairés, et manipulés par des opposants du Président nigérien qui manifestaient sous l’emprise de la colère ou l’ivresse d’une intolérance que ne prône pas l’Islam se sont adonnés à des dérives sectaires à l’antipode de leur religion. Quand ces derniers au nom de la défense de leur prophète confondent les symboles du christianisme à la France ou à Charlie Hebdo, c’est méconnaître, voire ignorer, cette France qui, avec ses 30% d’athées, n’est plus la fille de l’Eglise. Quand ces barbares tuent leurs compatriotes au nom de l’Islam comme ceux-là qui l’ont fait avec les satiristes de Charlie Hebdo, c’est parce qu’ils ignorent qu’il y a bien d’autres relations qui englobent et lient tout le monde sur terre et ce sont les relations humaines et la fraternité entre les hommes en tant que humains.
N’est-ce pas Allah qui dit dans toute sa mansuétude : «Ô Hommes craignez votre Seigneur qui vous a créés à partir d’un seul être» (sourate les femmes, versets 1) ; «Ô hommes nous vous avons créé à partir d’un mâle et une femelle et nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous vous entre-connaissez» (sourate les Appartements, verset 13) ?
Ceux qui ont tué leurs compatriotes sous le prétexte qu’ils vengent leur prophète blasphémé à travers d’images pourtant qui ne font l’objet d’aucun interdit dans l’Islam ignorent que leur religion interdit le meurtre. «Quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué l’humanité entière» (Sourate la Table servie, verset 32).
Le prophète de l’Islam se faisant un chantre de la cohabitation religieuse dit dans un hadith rapporté par Abou Daoud : «Celui qui opprime un citoyen non musulman, qui lui retire ses droits, exige de lui plus qu’il ne peut supporter, et qui le contraint à une quelconque concession, je serai le défenseur de cet opprimé le jour du jugement dernier.»
En tuant leurs compatriotes chrétiens, en brûlant leurs lieux de culte et en saccageant leur commerce, ces fous de Dieu, poussés par on ne sait quel tropisme obscurantiste mortifère, ont déroulé le tapis, déjà rouge de sang innocent, aux tueurs de Boko Haram spécialisés dans l’exécution sordide des non-musulmans qu’ils considèrent comme des mécréants.
Maintenant pour éviter l’effet néfaste de contagion au Sénégal, il appartient à l’Etat, détenteur de la violence légitime, de prendre ses responsabilités et de faire face à ces sorties discursives, distillées à un rythme exponentiel dans les médias et qui font le lit des exactions mortifères. Même si une autorisation devrait être délivrée par l’autorité préfectorale, le président de la République ne doit montrer aucun signe de faiblesse capitularde devant ces charlots qui organisent cette manifestation «charliphobe» et qui veulent le trainer à Canossa.
C’est au mois de février dernier que le chef de l’Etat, Macky Sall, a nommé Mme Mariama Ndoye Mbengue, conseillère technique et conservateur du musée Léopold Sédar Senghor. Cette dame, connue pour sa probité morale et son amour pour les Lettres, n’est pas en terrain inconnu.
Diplômée de l’Ecole du Louvre, elle est chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) et a occupé les fonctions de conservateur au musée d’art africain de Dakar jusqu’en 1986.
Après avoir séjournée près d’une quinzaine d’années en Côte d’Ivoire, puis en Tunisie jusqu’en 2007, elle était revenue au Sénégal suite au départ à la retraite de son époux pour se mettre au service de la culture.
Nommé directrice du Livre et de la lecture au ministère de la Culture, du genre et du cadre de vie en 2011, elle démissionna en 2013, poussée à la porte par, diton, «les agissements de sa tutelle qui n’était pas conforme à son éthique». Jamais, l’on ne l’a entendue s’épancher publiquement sur le sujet et dire les véritables rai
sons de cette démission qui avait été très relayée par la presse locale. «J’ai mes raisons de partir de là où j’étais, mais je n’ai eu de problème avec personne et mon patron est informé sur le pourquoi de mon retrait au niveau de son ministère», avait juste dit cette lauréate du prix Ivoire 2012.
«Là où je me trouve maintenant, j’y resterai et j’assumerai mes responsabilités, tant que je ne serai pas confrontée aux mêmes raisons qui m’ont fait partir de mon ancien poste», s’était-elle empressée d’ajouter à l’époque. Sans plus.
Elle qui confiait au journal Le Quotidien : «Je travaillais pour le Sénégal, je vais continuer à le faire jusqu’à la fin de ma vie», semble aujourd’hui bien heureuse dans sa nouvelle robe, disons plutôt dans ses nouvelles fonctions.
De toute évidence et au regard de l’enthousiasme avec laquelle elle accueille au musée Léopold S. Senghor, Mariama Ndoye Mbengue semble bien la personne qu’il faut à la tête de ce patrimoine culturel.
POURQUOI LE MUSÉE LÉOPOLD S. SENGHOR ET PAS DENTS DE LA MER ?
Mariama Ndoye Mbengue explique
La maison de Senghor était connue sous l’appellation Dents de la mer. Pourquoi alors n’avoir pas laissé ce nom au nouveau musée ? A en croire le conservateur, Mme Mariama Ndoye Mbengue, il convient de savoir que ce n’est pas Senghor qui a donné ce nom à cette maison.
«Ce sont les Sénégalais qui, en regardant un film intitulé Les dents de la mer et qui, ayant trouvé une ressemblance entre cette demeure et une autre vue dans le film, ont donné ce surnom à la résidence des Senghor», a-t-elle relevé.
Le conservateur ajoute que si ce nom était conservé, cela pourrait amener d’autres difficultés, étant donné qu’il s’agit d’un titre de film et donc d’une appellation sûrement protégée par des droits d’auteurs. Ce sont donc ces raisons qui ont poussé les autorités à baptiser ce site : «Musée Léopold Sédar Senghor.»
VISITE DU MUSÉE SENGHOR
Un voyage à tarif accessible
Pour visiter le musée Léopold S. Senghor, pas besoin de rendez-vous. L’endroit est ouvert à tout le public depuis plusieurs semaines. Du lundi au samedi de 10 heures à 12 heures et les après-midi de 15 heures à 17 heures, le public peut aller visiter les appartements du Président Senghor.
Selon le conservateur, «la visite guidée est tarifée à 2 000 francs Cfa par visiteur. Les étudiants et les corps habillés paieront 1 000 francs Cfa, tandis que les enfants de moins de 10 ans visiteront le site à raison de 500 francs par «tête»». Le rendez-vous est donc pris aux Dents de la mer.
Au terme de la visite guidée au musée Léopold Sédar Senghor, le conservateur, Mme Mariama Ndoye Mbengue, a décliné face à la presse, ses ambitions et ses projets pour ce site culturel. Elle était aux côtés de l’équipe du groupe Eiffage qui a réfectionné le site à hauteur de 300 millions de francs Cfa.
A l’entrée du musée Léopold Sédar Senghor, deux séries d’images sont exposées. Il s’agit d’abord de l’état des lieux de la résidence du Président Senghor, surnommée les Dents de la mer, avant et après les travaux de réfection effectués par le groupe Eiffage. C’était au mois d’avril dernier que la plupart des premières photos ont été prises.
On y voit des fissures partout dans la demeure. Une dégradation de l’espace qui ne dit pas son nom. «Nous avons réalisé d’abord de grands travaux d’étanchéité..., nous avons refait le revêtement avant de redonner vie à cette demeure», explique Maïmouna Dème, chargée de communication à Eiffage.
A côté, d’autres images, prises en novembre dernier, présentent l’état actuel du tout nouveau musée. C’est d’ailleurs en ce mois, qui a coïncidé avec le sommet de la Francophonie, que le Président Macky Sall avait procédé à l’inauguration. A cette occasion, il indiquait :
«Dans ce musée lieu de mémoire qui porte son nom, Léopold S. Senghor sera magnifié dans ses multiples facettes de sérère, enfant du terroir, homme d’Etat de haut lignage, créateur prodigieux, théoricien hors pair de l’enracinement et de l’ouverture. Pour le plus grand bénéfice des générations actuelles et futures.»
Le chef de l’Etat ajoutait : «Des travaux d’extension nous permettront d’ouvrir des salles d’exposition thématiques portant sur les relations de Senghor avec les artistes, avec les écrivains, avec son Peuple, avec le monde. La diaspora noire, les différents arts exercés au Sénégal, dont Senghor aura été mécène, comme le théâtre, la peinture, la tapisserie, la sculpture, auront leur place. Une vidéothèque, une bibliothèque, un forum, une salle de conférences permettront les échanges avec un large public...»
Et pour réussir cette noble ambition, ce sont 300 millions de francs Cfa qui ont été débloqués afin de rénover cette habitation devenue musée. Gérard Sénac, le Président directeur général Eiffage-Sénégal, dans un document rendu public, mentionne d’ailleurs non seulement sa fierté de contribuer, par le biais de son entreprise, à «redonner vie à ce lieu mythique», mais pour lui, ce musée «mérite une attention pérenne de toute la Nation sénégalaise».
De grandes ambitions
De son côté, le conservateur du musée, Mme Mariama Ndoye Mbengue, par ailleurs conseillère technique du chef de l’Etat, affirme qu’il faudra que «ce musée soit comme le musée Mandela».
«Il faut d’abord que les Sénégalais s’approprient ce musée», a-t-elle souhaité, expliquant que le public peut désormais venir visiter. «Il ne faut pas que ce soit un musée fermé. Ce sera une maison des arts pluriels avec des ateliers et des conférences...» a-t-elle mentionné, ajoutant que ce patrimoine culturel permettra de mettre en exergue de façon permanente et pérenne, la vie et l’œuvre de Senghor, mais aussi celles de tous les «grands hommes sénégalais».
A l’en croire, les jardins du musée pourront accueillir à l’avenir, des cérémonies de dédicaces de livres, des «afterwork», etc.
Il faut rappeler par ailleurs que le Président Macky Sall, en l’inaugurant, avait également indiqué que «le fonds muséal, constitué par les actuelles collections et la très belle exposition offerte par feu Samba Bâ à l’Etat du Sénégal, sera enrichi par des acquisitions, des prêts de différents musées, des échanges avec les institutions partenaires».
En définitive, la direction du musée ne manquera pas de développer des programmes pédagogiques en concertation étroite avec le ministère de l’Education, celui de la Culture et différents partenaires locaux et internationaux.
Mme Mariama Ndoye Mbengue en a donné les assurances. Elle qui veut faire de ce musée, le site culturel le plus fréquenté du Sénégal.
BIENVENUE DANS LES APPARTEMENTS DU PRÉSIDENT-POÈTE !
Le musée Léopold S. Senghor, situé sur la corniche ouest au cœur de Dakar, a ouvert ses portes après son inauguration le 30 novembre dernier par le Président Macky Sall. Cet espace, ancien domicile familial du Présidentpoète, où il vécut entre 1981 et 2001, est un grenier riche en découvertes. Devenu, après son acquisition par l’Etat du Sénégal, un musée emblématique du pays, il a été rénové par le groupe Eiffage qui, avec la complicité de la conservatrice, Mme Mariama Ndoye Mbengue, a assuré hier une visite guidée à la presse nationale et internationale.
Venir désormais au Sénégal sans visiter le musée Léopold S. Senghor est une chose impensable. Ne pas visiter ce musée ne constituerait pas seulement une erreur mais une véritable parjure.
Ce serait comme aller à Atlanta et ne pas visiter la maison de Martin Luther King. Ce serait simplement rater sa part de l’héritage laissé par un homme d’Etat, un grand homme de culture dont la vie et l’œuvre inspirent toute personne.
L’antre des Dents de la mer s’est donc, depuis quelque temps, grandement ouverte au public qui désire faire un pèlerinage dans l’intimité familiale du Président-poète.Cette demeure, un remarquable ouvrage réfectionné par le groupe Eiffage Sénégal, est une propriété d’une superficie de 7 849 m2. Elle comporte un immeuble bâti de 800 m2 sur deux niveaux, des dépendances, un jardin dans la cour avant, un espace boisé et une piscine.
Ce musée, inauguré le 30 novembre dernier à la l’occasion du XVe sommet de la Francophonie par les Présidents Macky Sall, François Hollande et Abdou Diouf, a pour conservateur, Mme Mariama Ndoye Mbengue, ancienne directrice du Livre et de la lecture. Elle est assistée dans sa mission par M. Barthélemy Sarr, gendarme à la retraite et ancien agent ayant travaillé aux côtés du défunt Président Léopold S. Senghor.
Ce sont notamment ces deux personnes, appuyées par le personnel de Eiffage Sénégal, qui ont dirigé hier, la première visite presse de cette demeure qui a été construite à partir de 1978 par un architecte du nom de Ponamy.
En réalité, lorsqu’on pénètre dans cette cour familiale de Léopold S. Senghor, l’on comprend mieux l’inexplicable. Chef d’Etat inamovible, Senghor fut en toute chose, un homme effacé et sans folie des grandeurs. Les espaces familiaux de ce lieu de mémoire en témoignent. Tout dans ce musée est fait avec simplicité et beaucoup de goût, à l’image de l’illustre disparu.
Les lieux à visiter
Le musée Léopold S. Senghor est en réalité, unique en son genre. Dès l’entrée au rez-de-chaussée, les visiteurs sont frappés par l’espace protégé par des baies vitrées et d’où s’échappe une fontaine d‘eau. L’eau, source de vie, avait effectivement tout un sens pour le premier Président du Sénégal indépendant.
Lui qui écrivait : «J’ai fait retraite à Popenguine-la-Sérère. Retourné aux éléments primordiaux. A l’eau je dis au sel, au vent au sable, au basalte et au grès. Comme la blanche mouette et comme le canard noir, le crabe rose», était un natif de Joal, une commune au bord de l’eau. On comprend donc qu’il ait fait réaliser cette belle fontaine pour que sa demeure soit une source intarissable d’eau. D’inspiration surtout.
Aussi constate-t-on au premier coup de regard, son amour profond pour la littérature. Lui le premier noir de l’histoire à faire son entrée à l’Académie française, ne pouvait vivre là sans ses nombreuses bibliothèques contenant des ouvrages qui titillent la curiosité.
L’amour des livres
«Depuis que je suis devenue conservatrice de ce musée, je passe mon temps à lire et à découvrir avec beaucoup de passion l’univers littéraire de Senghor, les ouvrages qu’il lisait ou aimait lire...
Pour le moment, je suis une privilégiée...», se glorifie Mariama Ndoye Mbengue qui n’arrive pas à dissimuler son amour commun pour les livres, avec le Président Senghor. Face à chaque bibliothèque ayant appartenu au défunt
maître des lieux, elle qui a dirigé près de six années, le musée de l’Ifan devenu Théodore Monod, explique avec force et détails les goûts qu’avait l’ex-propriétaire des Dents de la mer (l‘Etat du Sénégal avait racheté les Dents de la mer sous le régime du Président Wade).
«Nous avons laissé ces livres dans l’ordre dans laquelle Senghor luimême les avait classés. Pour le moment on peut visiter, mais on ne peut pas consulter», explique la conservatrice qui montre du doigt des œuvres de Racine ou de Chaumartin entre autres, mais surtout des encyclopédies et des dictionnaires en tous genres.
On parcourt ensuite le couloir jusqu’à la table à manger autour de laquelle la famille se réunie lors des grandes occasions, avant de revenir vers les salons blancs et roses (couleurs des meubles qui ornent ces espaces). Ici, le défunt Président, premier protecteur des arts, des lettres et des artistes, a étalé tout une collection d’œuvres d’artistes d’ici et d’ailleurs.
Parmi elles, celles du talentueux artiste Ibou Diouf et du créateur Bocar Pathé Diongue sont en pole position. Mariama Mbengue explique : «Ce sont des œuvres personnelles que le Président avait acquis, mais il y en a aussi qui lui ont été offertes, comme celles des manufactures de Thiès... Senghor affectionnait particulièrement Bocar Dione. Il y a ici plusieurs de ces œuvres...»
La demeure des Senghor dispose de deux bureaux contenant chacun une bibliothèque et des œuvres artistiques. L’un en bas et l’autre à l’étage. Dans celui d’en bas, renseigne-t-on, «il recevait les après-midi ses hôtes...».
«Il les recevait à partir de 15 heures», précise-t-on. Ici, sur un pan de la table, est déposée une distinction reçue à Libreville le 12 février 1984. Il s’agit du prix Mercure d’or international pour le développement productif et la coopération internationale.
Dans l’intimité du poète
Suivant le couloir, on pénètre ensuite dans le salon vert. Ici, les télévisions d’époque sont laissées intactes (comme d’ailleurs les autres objets de la maison). Barthélemy Sarr, ancien préposé au service du Président Senghor, est invité par la nouvelle maîtresse des lieux, à partager quelques secrets de cet espace intime.
Ce proche du Président, à qui Mme Colette Senghor a confié depuis plusieurs années les clés des Dents de la mer, confesse quelques habitudes de son maître. «Il prenait son petit-déjeuner ici..., recevait les invités dans ce salon qui est plus spacieux et aimait bien s’asseoir de ce côté...»
Dans cette pièce, les photos de Philipe Senghor, décédé par accident, ornent les murs. Plusieurs portraits de ce bien-aimé fils du poète trônent d’ailleurs partout dans la maison. Pas une pièce sans une jolie photo de Philipe. «Ceci montre qu’il était très aimé de ses parents», commente Mme Ndoye qui ajoute que Philipe avait beaucoup plus vécu dans cette demeure de Senghor que les autres membres de la famille.
On découvre d’ailleurs, parmi ses images souvenirs, celle de sa fiancée de l’époque. «C’est avec elle que Philipe a eu son accident dans lequel ils sont tous deux décédés», renseigne M. Sarr.
Au fil de la visite, on tombe sur une vaste collection de documents et de sculptures qui viennent de tous les pays d’Afrique et du monde. Chacun regarde médusé, ces objets d’époque qui témoignent des goûts du Président et de son épouse. Et, en haut à l’étage, juste au-dessus du salon vert, se dressent deux chambres d’amis.
La chambre des glycines où Mme Senghor a conservé le berceau de son fils Philipe et la chambre à Rayures dans laquelle, informe Barthélemy Sarr, « les enfants de Lamine Guèye, (ancien président de l’Assemblée nationale du Sénégal) en vacances à l’époque chez les Senghor, aimaient loger». Ces deux pièces donnent d’ailleurs une belle vue sur la mer et sur la cour arrière qui servait par moments à recevoir les fêtes ou les soirées artistiques.
Dans l’autre aile de l’appartement, Barthélemy présente, dans un décor tapissé et moquetté, la pièce où résidait la belle-mère de Senghor et sa fille (la sœur de Colette). Cette chambre tout en vert, comme celle de Mme Colette Senghor, rappelle bien la Normandie. Un tableau du grand artiste Hilaire y est posé avec des pots de fleurs aux coins.
«Les armoires sont fermées parce qu’il y a encore des objets personnels de Mme Senghor. Nous espérons qu’elle reviendra un jour encore dans ce lieu et reverra tout ceci avant de quitter ce bas monde», plaide émue la conservatrice.
Cap sur les appartements personnels du couple Senghor. D’une simplicité extraordinaire, les chambres que compose cet espace sont : le bureau personnel du Président (c’est seulement ici que se trouve posé en face de son fauteuil personnel, un beau portrait de Mme Colette Senghor), sa chambre à coucher (avec un lit de couleur verte, un tableau montrant Joal, les photos des enfants) et la chambre conjugale où habitait Colette Senghor.
Ici, une image retient particulièrement l’attention. Sur une table est exposée une photo de Philippe, cigarette en main. «Il était jeune et était comme tous les jeunes de son âge. Il aimait aussi faire la vie...», mentionne sur un air taquin, la conservatrice qui prend la précaution d’interdire aux journalistes (notamment les hommes), la visite de la salle de bain de la maîtresse des lieux.
«C’est trop privée», dit-elle renseignant juste que l’on y retrouve que les flacons des produits de dames qu’elle utilisait à l’époque. Dans ces chambres présidentielles, tout ou presque est fait à base du rotin peint en banc. Et si la pièce du Président n’est pas climatisée, celle de son épouse l’est tout au moins.
A la fin de ce tour du propriétaire, la plupart des visiteurs sont profondément émus et enrichis. Très enthousiastes, les pisse-copies semblent tous fiers de cette grande découverte sur la vie intime de celui qui fut le premier Président du Sénégal indépendant. Entre eux, les premiers commentaires sont positifs : «C’est super enrichissant !», s’exclame-t-on. Pour sa part, Mme Mariama Ndoye Mbengue informe qu’il est important que la jeune génération ne se désintéresse de l’histoire de son pays.
«Ce musée ne sera pas élitiste. Cette maison ne doit plus être triste. Il faut qu’elle devienne la maison du Peuple. Car Senghor appartient au peuple...», a-t-elle lancé, rappelant en définitive que c’est bien sur ces lieux riches d’histoire que par intermittence, entre 1981 et 2001, le Président Léopold S. Senghor avait passé ses jours et l’autre partie de sa vie dans sa propriété en Normandie.
C’est en 1978 que Léopold Sédar Senghor construisait, sur la corniche de Dakar, la demeure où lui et sa famille ont vécu de façon intermittente entre 1981 et 2001, séjournant l’autre partie de l’année en Normandie. La maison est devenue un musée que l’on inaugurait en plein Sommet de la Francophonie, le 30 novembre 2014. Une propriété d’une superficie de 7849 m². Dans le langage populaire, on l’appelle « Les Dents de la mer ? », comme le film. La maison de Senghor a été rachetée par l’Etat du Sénégal. Et comme toutes les vieilles bâtisses, il aura fallu lui donner un coup d’éclat. C’est à l’entreprise Eiffage que l’on doit tous ces travaux de réfection, à la demande du chef de l’Etat Macky Sall. Suivez-nous pour la visite…
Nous avons eu la permission de mettre les pieds chez Léopold Sédar Senghor. Oui…vous avez bien lu. Evidemment, vous vous en doutez bien, en son absence. Le premier président de la République du Sénégal n’est plus de ce monde, mais son âme se cache dans chaque recoin d’une demeure qu’il n’a pas abandonnée, même s’il est parti, laissant les clés à un homme en qui il avait confiance. Vous le rencontrerez forcément lorsqu’il vous ouvrira la porte, comme à nous hier mercredi 21 janvier 2015, nous autorisant à accéder aux lieux. Plutôt grand et mince, le teint noir avec quelques cheveux gris, Barthélémy Sarr est un gendarme à la retraite qui fréquenta Senghor et sa famille dès 1973. Si vous avez du mal à retenir son nom, Senghor l’appelait aussi son « cousin de Fadiouth ». La maison n’appartient plus vraiment à Senghor puisqu’elle a été rachetée par l’Etat du Sénégal qui a décidé d’en faire le Musée Léopold Sédar Senghor. Nommée au mois de février 2014, Mariama Ndoye Mbengue, muséologue formée au Louvre en est le Conservateur.
La visite des lieux commence à l’extérieur où l’on nous montre plusieurs photos qui donnent une idée de tout le travail qu’il a fallu faire pour que le bâtiment soit à la fois présentable et accueillant. Six mois en tout, entre les mois de mai et de novembre 2014. Le maître d’œuvre, c’est l’entreprise Eiffage, représentée par son ingénieure chargée de projets, Léna Keïta Diop. Elle raconte qu’au départ, il était tout juste question de refaire l’étanchéité, parce qu’il y avait des « infiltrations d’eau ». Elle et son équipe découvrent ensuite, en entrant dans la maison, que les plafonds se dégradent et qu’il y a des fissures un peu partout, et ils s’en occupent. Les espaces verts sont refaits « comme du temps de Colette Senghor », la veuve de l’ancien chef de l’Etat. En se basant sur des plans du bâtiment ou sur d’anciennes photos conservées par Barthélémy Sarr.
Rencontres officielles
Poursuivons, à l’intérieur cette fois. Commençons par la salle de réunion où Senghor recevait ses hôtes officiels, une pièce qui servait aussi de salle à manger, pour les grandes occasions dira-t-on. Comme on pourrait s’y attendre, des œuvres d’art tiennent aussi compagnie aux invités. Une tapisserie de la Manufacture de Thiès a trouvé refuge sur un pan du mur, et idem pour ce surprenant tableau fait d’ailes de papillon, qui vient d’Afrique centrale. Parce que dans ce musée les œuvres viennent d’un peu partout : du Sénégal bien sûr comme cette sculpture de Tamsir Momar Guèye, mais certaines d’entre elles viennent entre autres du Mali ou du Nigéria. Certains objets, parce qu’il s’agit d’une collection personnelle, n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Mais il arrive qu’un visiteur plus ou moins anonyme sache conter leur histoire. Comme cette porcelaine dont l’un d’entre eux dira qu’elle venait de Normandie, comme Colette Senghor.
Quand on quitte la pièce, en allant vers le salon blanc (il y en a de plusieurs couleurs), on passe devant un plan d’eau qui a été réfectionné lui aussi, mais dit-on, il est encore moins beau que l’original où il y avait des nénuphars et des poissons.
Les fils Senghor
Le rose du deuxième salon est un peu délavé, mais la photo du benjamin des fils Senghor lui donne quelques couleurs. Mort accidentellement en 1981, Philippe Maguilen Senghor avait 23 ans Ce n’est pas la seule image de lui que vous verrez. On en retrouve un peu partout dans la maison, y compris dans les bureaux de Senghor. Le pluriel est de rigueur : Senghor en avait deux ; un premier plus officiel, un second plus personnel et un peu moins bien rangé que l’autre, mais avec des photos de ses deux fils aînés. Francis et Guy, nés de son premier mariage avec Ginette, la fille de Félix Eboué.
Vous vous demandez sans doute-c ‘est une question légitime-où se trouvent les livres. Il y en a…évidemment. Dans les deux bureaux du président, comme sur cette étagère installée juste à l’entrée. Senghor, c’est bien connu, lisait beaucoup et on a tenu à laisser ses bouquins dans l’ordre où lui-même les avait laissés. Comme le reste de la maison d’ailleurs. Des ouvrages sur la poésie, la politique, des textes en latin ; des écrits de Lénine, Ronsard, Shakespeare, Hemingway etc. Et l’académicien qu’il était n’avait pas l’audace de se détacher de ses nombreux dictionnaires.
Dans le salon d’un « vert-feuille » éclatant, les fauteuils ont été remis à neuf, les housses refaites sur autorisation du chef de l’Etat Macky Sall, lors d’une visite au musée. Ce que cette pièce a de particulier, raconte Barthélémy Sarr, c’est son côté privé. Senghor y prenait tous ses repas en famille chaque fois que c’était possible. Son thé aussi, entre sa sieste et ses audiences de l’après-midi. Le soir, après le dîner, il regardait un peu la télé avant de monter se coucher. Un peu spartiate sur les bords, la chambre que Senghor s’était choisie n’avait pas le vert fleuri de celle de son épouse.
Forêt domestique
On trouve aussi quelques chambres d’amis comme on dit, qui sentent un peu le renfermé. Dans celle dite des glycines, que la veuve de Senghor a choisi d’appeler comme cela à cause de son papier peint fleuri, le vieux berceau de Philippe lui a survécu. La chambre aux rayures, elle, doit son nom à ses rideaux. Le statut de la troisième chambre d’hôtes est assez particulier, puisqu’elle devait surtout accueillir la mère ou la sœur de Colette Senghor.
Mais allons marcher dehors sur le gazon qui mène à la piscine où Senghor lui-même aimait faire quelques longueurs. Barthélémy Sarr tient à préciser que le président-poète s’en servait effectivement. On raconte aussi qu’avant les travaux de réfection, le jardin, tout comme la piscine d’ailleurs, n’avaient pas aussi belle allure. Pour décrire l’état des lieux à ce moment-là, Léna Keïta Diop parle d’une « véritable forêt ». Pour remettre à neuf cette bâtisse de 8.000 m², il aura fallu que l’entreprise Eiffage débourse 300 millions de F.CFA, mais chut ! Là-bas on refuse de parler d’argent, on se contente « d’accompagner l’Etat ».
Nous, c’est avec vous que nous avons mis les pieds dans la maison où Senghor a vécu avec sa famille, entre 1981 et 2001. Mais c’est ici que s’achève la visite. A aucun moment nous n’avons eu le sentiment de regarder par le trou de la serrure. Sans doute parce que le « côté-musée » de la demeure lui donne une dimension moins intime. Ce que disent les murs, c’est que Senghor était un être humain, pas seulement un homme de lettres ou un homme d’Etat. De lui, Barthélémy Sarr dit que c’était un « homme exceptionnel qui savait faire preuve d’humilité, de simplicité ». Lorsqu’il devait recevoir quelqu’un, il se tenait debout, toujours prêt à l’accueillir. Et tous les matins, il donnait du mil et de l’eau aux oiseaux qui lui faisaient l’honneur de faire un tour dans son jardin.
Infos pratiques
Y être allés ne fait pas pourtant pas de nous des privilégiés. Tout le monde a le droit d’y entrer, mais il faut tout de même mettre la main à la poche. 2000 F.CFA pour les adultes, 1000F pour les corps habillés et pour les étudiants qui devront se munir d’un papier qui prouve leur bonne foi. Pour les enfants de moins de 10 ans, il faut compter 500F. Pour l’instant, le musée est ouvert tous les jours sauf le dimanche. Le matin, de 10H à 12H ; l’après-midi entre 15H et 17H.
YOU DÉFEND MACKY
Pour le chanteur et ministre-conseiller, le chef de l’État n’aurait pas pris part à la marche de Paris s’il savait que "Charlie Hebdo" allait récidiver avec une caricature du prophète Mahomet
(SenePlus.Com, Dakar) - Youssou Ndour vole au secours de Macky Sall, qui est la cible de virulentes critiques depuis qu’il a pris part à la marche de dimanche 11 janvier à Paris suite aux attentats terroristes qui ont secoué la France. Pour lui, cette initiative du chef de l’État ne remet nullement en cause sa foi de musulman ni ne signifie un soutien à Charlie Hebdo. Au contraire, suggère-t-il, elle est à saluer.
"À l’instar de Mahmout Abbas de la Palestine ou de Mahamadou Issoufou du Niger, Macky Sall a bien fait de prendre part à la marche de Paris, a déclaré l’ancien ministre de la Culture et du Tourisme, dans un entretien avec la Rfm du Groupe futurs medias dont il est le propriétaire. Cette initiative revêtait un double sens. D’une part, c’était une façon de condamner le terrorisme. D’autre part, elle permettait de montrer le vrai visage de l’islam, une religion de tolérance et de paix."
Et à en croire Youssou Ndour, "si Macky savait que, le mercredi suivant, (Charlie Hebdo) allait récidiver en publiant une nouvelle caricature du prophète Mahomet, il n’allait pas prendre part à la marche. C’est un musulman et sa foi religieuse ne fait aucun doute. Il ne peut accepter une représentation du Prophète. La preuve, il a interdit la diffusion du journal au Sénégal".
Vraisemblablement fort remonté contre l’hebdomadaire satirique français, Youssou Ndour a clamé tout haut qu’il n’est pas Charlie. "Je ne lis pas ce journal, je ne le lirai jamais et j’évite même de prononcer son nom", a-t-il martelé.
LES JOURNALSITES À LA DÉCOUVERTE DE LA MAISON DU POÈTE
Pour comprendre Senghor et le connaître - ne serait-ce qu’un tout petit peu - rien de tel qu’une découverte de son environnement, le milieu dans lequel il a vécu. Et ils en ont appris, les journalistes présents, hier dans la matinée, aux Dents de la Mer (la résidence du président poète rachetée par l’Etat du Sénégal et érigée en musée avec conservateur et guide), rue Léo Frobenius, FannRésidence.
Guidée par le conservateur, Mme Maïmouna Ndoye Mbengue, Mme Léna Diop Keïta et Mme Dème d’Eiffage, et du monument des lieux, Barthélémy qui est là depuis 1978, la poignée de journalistes est comme éberluée…
Une des premières étapes de cette visite guidée, c’est les appartements privés : la chambre de Senghor et celle de son épouse Colette, aux murs tapissés d’une toile vert menthe : tout est agréable, mais tout est si sobre, dépouillé… Pas de tarabiscotage, ni des lourdeurs, ni de clinquants….
Tout est si simple ! Et renvoie tant de sérénité ! Les photos de ses enfants Guy Waly, Francis Arfang, Philippe Maguilen, la fiancée allemande de ce dernier, morte avec lui dans un funeste accident de voiture en juin 1981 à Dakar… ne laissent pas la tragédie vécue par le poète.
La propriété est vaste, enchanteresse, conçue par l’architecte Fernand Bonamy, selon un style soudano-sahélien qui n’est pas sans rappeler Tombouctou. Tout est poétique, à commencer par la quiétude et la gaieté des lieux voulus par un artiste dans l’âme.
Le bureau, la bibliothèque, les appartements privés… tout est élégant dans la sobriété. Que l’étiquette d’ancien président de la République n’abuse pas ceux qui auraient cru pouvoir voir des ors, du luxe, un décorum lourd….
Non, tout est plutôt dépouillé, simple, mais quand même beau. Il y a une sorte de mythe qui se dégage de chacun de ces coins, recoins, objets et qu’on suppose que Senghor a touchés leur conférant, de ce fait, un statut de relique précieuse.
Les rayons de la bibliothèque révèlent ce que les lisait Senghor. Une dé- couverte intéressante d’avoir une idée de ce qu’a pu lire cet intellectuel, poète, esthète, poète…
Les murs sont ornés de tapisseries et de toiles de maîtres séné- galais – ces artistes qu’il a soutenus par un mécénat personnel et d’Etat. Il y a là la piscine, dans laquelle Senghor faisait ses longueurs et, en sortant du bassin, soutenir que « pour être beau comme un dieu, il faut faire de la natation ».
La maison est à présent redevenue comme elle était quand le propriétaire la bâtit pierre par pierre ; pas en un seul jet, comme l’explique, le conservateur Mme Mbengue, ancienne directrice du Livre au ministère de la Culture.
Le président y allait (dans la construction de sa maison) selon ses propres moyens… Mais, depuis des années, les Dents de la mer – un nom donné non pas par Senghor lui-même, mais par les Sénégalais, précise Mme Mbengue - se mourrait, se morfondait, envahie par les poussières, vieillie par des infiltrations d’eau, rendue lugubre par des arbres aux branchages pendants…
Jusqu’au jour où la présidence de la République demanda l’appui de l’entreprise de Btp Eiffage Sénégal qui entreprit des travaux de restauration de fond en comble et qui coûtèrent 300 millions de francs.
Aujourd’hui encore, Eiffage est là, ses jardiniers, ses «maintenanciers« de différentes branches… Ils seront là en attendant que l’Etat prenne en charge son musée et assume ses responsabilités de propriétaire de la maison Senghor en envoyant du personnel adéquat pour l’entretien et l’animation des lieux.
Le musée est ouvert au public et les entrées payantes : On peut venir là tenir des afterwork, mais pas des activités qui risquent de défigurer la maison.
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LE COUPLE JOUE UNE MUSIQUE SANS FRONTIÈRE
SASSOU ET MAHER CISSOKHO, EN TOURNEE SENEGAMBIENNE
Le couple d’artistes, Sassou et Maher Cissokho, a échangé, hier, avec la presse dans le cadre de sa tournée sénégambienne. A travers cette tournée, le couple, inspiré par des lieux et des rythmes différents, cherche à présenter une musique où la modernité et la tradition forme un mouvement.
Le couple joue une musique sans frontière Sassou et Maher Cissokho vé- hiculent l’idée du partage d’un monde où les échanges et les rencontres restent fondamentaux pour la paix. Ce couple d’artistes sénégalo-suédois joue la musique du monde, une musique sans frontières.
Maniant avec merveille la guitare et la voix sublime, les artistes embarquent le mélomane dans une mélodie musicale qui passe entre le reggae, le hip hop, la pop ou encore le mbalax.
Dans le style du groupe, les textes, personnalisés sont inspirés de la vie et des expériences. Et, d’après eux, « les rencontres créent la musique. Celle-ci, indépendante des frontières, inspire à son tour aux rencontres ».
Le processus artistique, tout comme les ambitions avec la musique des artistes sont liés aux voyages et aux rencontres. « Ce sont les gens qui se rencontrent et non pas les cultures qui s’entrechoquent », expliquent-ils.
Sassou et Maher se sont rencontrés par la kora. Originaire d’une famille de « jalis » (griots mandings), Maher joue dès son plus jeune âge, à la Kora, un instrument à la corde ouest-africain.
Alors que Sassou, qui a grandi dans un milieu artistique, a appris à jouer cet instrument à l’âge de 20 ans. Ainsi, le groupe a fait de nombreuses tournées en Scandinavie, au Sénégal, en Gambie. Mais, également, en Tanzanie et en Afrique du Sud.
Le couple, qui fait un retour à la source, ne manque pas de lancer un appel à la réconciliation, à la paix et, à un soutien au développement des leaders d’Afrique et d’Europe.
Les chansons développées parlent de la précarité sociale des couches défavorisées, de la fragilité et des attentes d’une jeunesse africaine qui engage la voie de l’immigration.
Le couple a mis sur le marché national et international trois albums, dont «Adouna» en 2008, «Stockholm-Dakar » en 2011 et «Africa Moo Baalu » en 2014.
LE NOUVEAU PATRON
RESCAPÉ DE LA TUERIE DE "CHARLIE HEBDO", RISS PREND LA DIRECTION DE PUBLICATION DU JOURNAL
48 ans et directeur de la rédaction depuis 2009, Riss, de son vrai nom Laurent Sourisseau, devient directeur de publication de Charlie Hebdo. Blessé lors de l’attentat qui a coûté la vie à 12 de ses collègues, dont Charbs auquel il succède à la tête du journal, il était jusque-là à l’hôpital. Riss devrait rentrer chez lui ce mardi.
Le nouveau patron de Charlie a participé au "numéro des survivants", sorti mercredi dernier et tiré à 7 millions d’exemplaires, en produisant deux dessins de la main gauche. Pour la prochaine édition, annoncée le 4 février, Riss devrait être aux manettes.
Il sera à la tête d’un journal décapité, mais aux caisses renflouées avec 10 millions d’euros (6,5 milliards de francs Cfa), représentant les recettes du dernier numéro et les dons.
"JE N’AURAIS PAS EU DE FEMME SI JE N’ÉTAIS PAS ARTISTE"
Plus connu sous le sobriquet de Doyen, Mor Talla Gueye est aussi talentueux que son ami, le tonitruant Per bou khar. Artiste comédien et animateur dans une des émissions Settu bi, à la Tfm, ce natif de Louga se singularise par son aptitude à interpréter les chansons des musiciens comme Youssou Ndour. Dans cet entretien, accordé à Grand-Place, ce «pur produit du Festival du rire de Kaolack» remonte le temps pour parler de ses années de galère, ses relations avec son pote Per… Entretien avec un «brigadier chef adjoint» qui a montré qu’il sait imiter, faire du théâtre et même chanter…
Grand-Place: On vous connait comme étant le compagnon inséparable de Per bou khar, mais que peut-on savoir d’autre sur l’artiste comédien que vous êtes?
Mor Talla Guey alias Doyen: Je n’avais jamais cru que je pouvais être artiste un jour car j’étais très timide, un vrai complexé! Je n’osais jamais parler quand deux personnes sont ensembles. Mais, j’étais conscient du talent qui dormait en moi. Pour preuve, je jouais, souvent et d’une manière spontanée, des scènes comiques devant mes amis. Mes grands frères m’appelaient quand ils éprouvaient le besoin de rire. Je n’avais que 7 ans. Ils m’offraient des pièces de 10 et 25 francs en me demandant de jouer de la comédie. Je parlais et ils riaient. Pour vous dire que j’avais la manie de faire rire les gens, de les déstresser comme ça. Mais, c’est une chose dont je ne prenais pas encore au sérieux. Il a fallut que je grandisse pour savoir que ce que je fais est de l’art. En bon élève (rires), j’ai fini mes études à la classe des stars et des professionnelles, la fameuse classe de Cm2. Je suis un Ndiambour-Ndiambour, né et grandi dans un quartier appelé Santhiaba à Louga, la ville des modou-modou.
D’aucuns disent que l’art ne nourrit pas son homme, partagez-vous cette assertion?
Il faut, d’abord, faire le distinguo entre art et Art. Et là, je ne parle pas de l’art, avec un petit «a», que tout le monde utilise comme bon lui semble. Si, véritablement, l’artiste respecte son métier, je ne vois pas pourquoi il ne va bénéficier des retombés. Digua ci lek xaliss, am ci téranga. Je dis que donner de l’importance à ce que l’on fait peut ouvrir les portes du succès. Je vous le dis parce qu’aujourd’hui l’art m’a tout donné. Si je n’étais pas artiste, je n’aurais pas de femme way femme kay. Je n’allais pas, non plus, pouvoir assurer la dépense quotidienne et bien d’autres choses. Et c’est le lieu de remercier encore Youssou Ndour qui nous paie mensuellement et très bien...
Justement en parlant de Youssou Ndour, comment s’est fait votre intégration à la Tfm?
Nous participons, mon ami Per bou Khar et moi, chaque année au Festival du rire de Guédel Mbodj à Kaolack. A la 7e édition, Youssou Ndour était l’invité d’honneur de la cérémonie. Il n’était pas venu mais s’est fait représenté par Me Diop. C’est cette édition qui nous a vraiment dévoilée car j’ai fait avec Per une prestation spectaculaire. Et comme la télévision future média était en stade de maturation, Youssou Ndour, par l’intermédiaire de Me Diop, nous a recommandé. Ainsi après le Fest’rire, nous nous sommes rendus à Louga où nous sommes bien connus. C’est ainsi qu’après deux mois, nous sommes venus à Dakar. Depuis lors, Alhamdoulilah nous rendons grâce à Allah.
Comment faites-vous pour être aussi inspiré?
L’art, c’est un don de Dieu. C’est aussi un métier comme tous les autres et que l’on doit respecter. C’est un métier avec lequel l’on peut rendre grâce à Allah, éduquer toute une société, corrigée, sensibiliser, informer tout en leur faisant rire. Ce don, dont je parle, n’est pas donné à n’importe qui. Il y a des gens qui font des années à apprendre à faire de l’humour, du théatre ou quelque chose de ce genre. C’est bien mais il faut qu’il soit instructif pour que la chose se réalise. Pour vous dire je n’ai jamais répéter un spectacle aussi grand qu’il soit avec Per bou khar. Les choses viennent spontanément. C’est sur scène que les choses viennent. Fumu kupper rek ma battré fa, nous sommes en parfaite harmonie. Nous jouons comme si nous avions fait des répétitions. Toutefois, l’on constate, aujourd’hui, que c’est un milieu vaste et chacun veut y contribuer à sa façon. Dés lors l’on ne reconnait plus personne. Ce qui fait que chacun y va de son gré. Mais, l’artiste est toujours là et il sera reconnu de par ses prestations. Pour dire que l’artiste, qui a le plus d’inspiration, est le plus serviable.
Qu’est-ce qui vous lie à Per bou khar?
Mane ak Per, longue histoire, bilahi. C’est une longue histoire entre Per et moi. Nous avons tout fait ensemble dans la région de Louga où nous avons débuté. Nous avons fait du mbapat. En tant qu’ami, nous avons galéré. Nous sommes ensembles depuis plus de 10 ans. Parfois l’on se rendait dans les villages pour assurer des programmes où les tickets étaient vendus à 100 francs, nous ne gagnions pas grand-chose. Mais, nous ne nous sommes pas découragés. Mon ami Per, malgré les obstacles, a toujours cru qu’un jour les choses iraient mieux. Nous avons continué à persévérer car Per est quelqu’un qui ne baisse jamais les bras. Mon ami continue encore de m’impressionner parce que c’est un homme de cœur et son mérite réside dans le fait qu’il aime et respecte ce qu’il fait. Mais, en tant que doyen et lui Per, c’est l’harmonie a 100%.
Avez-vous le sentiment d’avoir tout dit?
J’ai, peut-être un crie du cœur à l’endroit du président Macky Sall. Ma région est laissée en rade par rapport aux autres régions comme Thiès, Saint-Louis. Louga est une ville mise aux oubliettes, les autorités l’on négligé mais pourtant c’est une ville dé (rires). Dagnuno faté bu baax sax. Si ce n’était Baye Djily Mbaye, on n’entendrait pas parler de Louga. Ce grand milliardaire, très généreux, a tout fait pour la ville. C’est lui qui a construit toutes les grandes édifices notamment le marché central, l’hôpital régional, le stade, le lycée de même que les Hlm. La population de Louga ne saura jamais comment le remercier. Bou gnou faté les modou, n’oublions pas les immigrés, ils ont réussi à construire de très belles villas. Malgré toutes les années qu’ils passent à l’étranger, ils finissent toujours par rentrer au bercail car ils portent Louga dans leur cœur. Réalisé par