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3 mai 2025
Développement
PARALYSIE ANNONCÉE DES COURS ET TRIBUNAUX APRÈS L'ARRESTATION DE NGAGNE DEMBA TOURÉ
L'Union nationale des travailleurs de la justice appelle " à un arrêt immédiat de travail et particulièrement aux greffiers d'interrompre les audiences et les interrogatoires en cours et ce, jusqu'à la libération sans délai" de l'avocat interpellé ce merc
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/02/2024
L'Union nationale des travailleurs de la justice (UNTJ) a publié aujourd'hui un communiqué demandant la libération sans condition de Maître Elhadji Ngagne Demba Touré, avocat et militant des droits humains.
Selon l'UNTJ, Maître Touré a fait l'objet d'une arrestation ce matin à son domicile. Cette arrestation fait suite, selon le syndicat, à "la traque éhontée" dont l'avocat est victime et qui l'avait contraint à six mois d'exil.
Dans son communiqué, le Secrétariat Exécutif National de l'UNTJ "invite madame le garde des sceaux, ministre de la justice à mettre tout en œuvre pour la libération immédiate et sans condition" de Maître Touré.
L'UNTJ appelle par ailleurs "tous les travailleurs de la justice à un arrêt immédiat de travail et particulièrement aux greffiers d'interrompre les audiences et les interrogatoires en cours et ce, jusqu'à la libération sans délai de notre camarade".
Cet appel intervient dans un contexte où la liberté d'expression et les droits de la défense sont de plus en plus remis en cause au Sénégal, selon les organisations de défense des droits humains.
LES TRAVAILLEURS DE LA JUSTICE EXIGENT LA LIBÉRATION DE NGAGNE DEMBA TOURÉ
Pour le SYTJUST, Me Ngagne Demba Toure doit bénéficier des mêmes mesures d'élargissement que les autres détenus récemment libérés dans le cadre des efforts du gouvernement pour apaiser les tensions politiques dans le pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/02/2024
Le Syndicat des Travailleurs de la Justice (SYTJUST) a publié un communiqué de presse ce 21 février 2024 demandant la libération immédiate et sans condition de Maître Ngagne Demba Toure.
Pour le SYTJUST, Me Ngagne Demba Toure doit bénéficier des mêmes mesures d'élargissement que les autres détenus récemment libérés dans le cadre des efforts du gouvernement pour apaiser les tensions politiques dans le pays. "Me Ngagne Demba Touré ne doit pas être exclu de cette dynamique de pacification de l'espace public entamée par le président de la République", a déclaré le secrétaire général du SYTJUST, Souleymane Diallo.
Dans son communiqué, le syndicat "invite Madame le Garde des Sceaux à mettre en œuvre les instructions du président de la République de prendre les dispositions nécessaires pour matérialiser sa volonté de pacifier l'espace public dans la perspective du dialogue national et de l'organisation de la prochaine élection présidentielle."
M. Touré, greffier de formation et leader de la jeunesse de Pastef, le parti politique d’Ousmane Sonko, a été arrêté à son domicile, à Dakar, par la DIC pour cinq chefs d’accusation, quatre jours après son retour d’exil. Il est accusé d’association de malfaiteurs en rapport avec une entreprise terroriste, d’offense au chef de l’État, d’actes de nature à compromettre la sécurité publique ou ayant entrainé des troubles politiques graves
Enfin, le SYTJUST a appelé "tous les travailleurs de la justice à la mobilisation générale pour faire face à toutes les éventualités".
NGAGNE DEMBA TOURÉ TRANSFÉRÉ À REBEUSS
Dès son retour d'exil au Mali, le soutien d'Ousmane Sonko s'est vu accuser de cinq infractions allant du terrorisme à l'outrage à magistrat. Ce rebondissement marque un coup d'arrêt pour celui qui avait été acclamé à Grand-Yoff le weekend dernier
L’opposant Ngagne Demba Touré, arrêté mercredi par la Division des investigations criminelle (DIC) dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’arrêt international, a été transféré à la prison de Rebeuss, à Dakar, à la suite d’une audition, a appris l’APS d’une source policière.
M. Touré, greffier de formation et leader de la jeunesse de Pastef, le parti politique d’Ousmane Sonko, a été arrêté à son domicile, à Dakar, par la DIC pour cinq chefs d’accusation, quatre jours après son retour d’exil, selon la même source, un haut responsable de la Police nationale.
Ce dernier, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, précise que le militant de l’opposition, greffier de formation, est accusé d’association de malfaiteurs en rapport avec une entreprise terroriste, d’offense au chef de l’État, d’actes de nature à compromettre la sécurité publique ou ayant entrainé des troubles politiques graves.
Il est en même temps accusé d’atteinte à l’autorité de la justice et d’outrage à magistrat.
Ngagne Demba Touré a regagné le Sénégal dimanche dernier, après un exil de six mois au Mali.
Il est apparu dans plusieurs vidéos publiées par les médias, dans lesquelles on le voit acclamé par ses partisans célébrant son retour.
La scène se passe à Grand-Yoff, un quartier de Dakar, selon plusieurs médias.
Dans l’une des vidéos, le leader de la jeunesse du parti dissous par le président de la République, vêtu d’un t-shirt floqué avec le nom d’Ousmane Sonko, se hisse sur le toit d’une voiture, au milieu d’une foule.
Texte Collectif
LES CANDIDATS DÉCRIENT LE SABOTAGE EN COURS DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE PAR MACKY SALL
Les opérations électorales peinent à reprendre leur cours normal malgré la décision du Conseil constitutionnel. Tout fonctionne au rythme de la mauvaise volonté du président. Sa responsabilité personnelle reste engagée dans cette périlleuse entreprise
Depuis la Décision du Conseil constitutionnel du jeudi 15 février 2024 annulant le report de l'élection présidentielle tenté par le régime de Macky Sall et enjoignant l'indication d'une nouvelle date dans les meilleurs délais, une lenteur inexplicable est constatée.
Rien n'a été entrepris. Pourtant, le cadre légal est clairement fixé et aucun obstacle juridique ou de fait ne se dresse contre la fixation d'une date que le Sénégal et la communauté internationale attendent avec impatience et inquiétude.
De plus, nous constatons que les opérations électorales peinent à reprendre leur cours normal malgré la décision du Conseil constitutionnel exigeant leur poursuite.
En effet, les mandataires des candidats rencontrent des difficultés pour prendre possession du fichier électoral et tout fonctionne au rythme de la mauvaise volonté du président Macky pour déclencher le processus de sa succession inévitable.
Il est manifeste que cette situation révèle un refus du président de la République de prendre en charge sa mission régalienne d'organisation d'une élection libre et transparente.
Nous prenons acte de la décision du Conseil constitutionnel mettant à jour une nouvelle liste de 19 candidats, ce qui vient confirmer, s'il en était encore besoin, l'impérieuse nécessité de poursuivre le processus électoral en cours.
Le cas du Sénégal est au bout de toutes les lèvres et écorne l'image de notre pays jadis considéré comme une vitrine de la démocratie en Afrique.
Tout porte à croire que Macky Sall n'arrive pas à digérer la mise en échec par le Conseil constitutionnel et le peuple de sa tentative de saboter l'élection présidentielle.
Le FC 25 dénonce les tentatives de discréditer nos institutions, notamment le Conseil constitutionnel.
Le FC 25 précise que la responsabilité personnelle de Macky Sall reste engagée dans cette périlleuse entreprise et met également en garde tous ceux qui contribuent, de près ou de loin, au sabotage de l'élection présidentielle.
Le FC25 est déterminé à défendre les droits du peuple et convie la presse nationale et internationale à une conférence de presse le jeudi 22 février 2024 pour annoncer une série d'actions visant à garantir la tenue du scrutin dans les délais impartis.
Il est impératif que le président Macky Sall respecte la volonté du peuple sénégalais et fixe une date pour l'élection présidentielle.
En tout état de cause, le FC 25 rappelle qu'à compter du 2 avril 2024, il ne sera plus président de la République du Sénégal. Il doit respecter le peuple sénégalais qui a toujours fait preuve de maturité en choisissant son président de la République. Il ne faut pas lui voler cette occasion ! On ne négocie pas la démocratie et le respect du droit fondamental de voter.
Le FC 25 condamne fermement toute tentative de retarder le processus électoral et de violer les droits légitimes des candidats.
Les Signataires :
Aliou Mamadou DIA
Mamadou Lamine DIALLO
Elhadii Mamadou DIAO
Cheikh Tidiane DIEYE
Déthié FALL
Pape Djibril FALL
Diomaye Diakhère FAYE (représenté par son mandataire Amadou BA)
Malick GAKOU
Serigne MBOUP
Aly Ngouille NDIAYE
Daouda NDIAYE
Anta Babacar NGOM
Khalifa Ababacar SALL
Thierno Alassane SALL
Habib SY
Boubacar CAMARA
LES CANDIDATS DITS SPOLIÉS DEMANDENT DES COMPTES AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Le Front Démocratique Pour une Election Inclusive impute au juge constitutionnel une "série de décisions pleines de contradictions et d'incongruités consacrant en réalité la caducité de la date du scrutin". Il juge la reprise du processus "non négociable"
Le Front Démocratique Pour une Election Inclusive (FDEI) a tenu ce jour un point de presse pour réagir à la décision prise récemment par le Conseil constitutionnel modifiant la liste des candidats à l'élection présidentielle du 25 février 2024 au Sénégal.
Dans leur communiqué, les leaders du FDEI prennent acte du retrait de la candidature de Madame Rose Wardini en raison de sa binationnalité, tout en soulevant la question de savoir "si elle est la seule binationale du groupe". Ils soulignent également que le Conseil constitutionnel a "délibérément tronqué un article de la Constitution" en omettant volontairement la dernière phrase de l'alinéa premier de l'article 34. Cette phrase cruciale précise en effet que "la date du scrutin est maintenue", ce qui remet en cause la décision de reconduire la liste des candidats strictement liée au 25 février.
Selon les termes du Front, "cette série de décisions pleines de contradictions et d'incongruités consacre en réalité la caducité de la date du scrutin". Juridiquement, "un autre scrutin présidentiel et un autre processus électoral deviennent inévitables". Ils appellent donc le président de la République à ouvrir sans tarder un "dialogue national" rassemblant l'ensemble des forces vives, qui serait "la seule voie d'une réconciliation nationale véritable".
Le FDEI indique qu'il ne renoncera pas à obtenir "la réparation des préjudices subis du fait de la violation de [leur] droit de concourir à l'expression des suffrages". Tout en constatant l'"approfondissement de la crise globale", il exprime son souhait d'arriver à un "consensus" dans le cadre de la prochaine concertation nationale. L'ensemble des acteurs politiques sont invités à un "sursaut national patriotique" pour préserver l'intérêt supérieur du Sénégal.
PAR René Lake
LE COUP D’ÉTAT CONSTITUTIONNEL NE SEMBLE PLUS RAMPANT
EXCLUSIF SENEPLUS - La stratégie de Macky se dessine à travers les propos de sa ministre de la Justice : utiliser le dialogue pour imposer un agenda. L'appel à des idées fortes et à des actions civiles non-violentes est plus que jamais pertinent
Au cœur d'une période délicate de son histoire politique, le Sénégal voit se dessiner la stratégie du président Macky Sall, à travers les déclarations de son ministre de la Justice, Aissata Tall Sall. Cette stratégie soulève un débat profond sur les enjeux démocratiques et les mécanismes de gouvernance.
À travers les propos de son ministre de la Justice, Aissata Tall Sall, lors de sa conférence de presse de ce mardi 20 février 2024, se dessine une volonté de naviguer dans les tumultes constitutionnels et politiques avec une approche qui semble à la fois conciliante et calculatrice.
Aissata Tall Sall, en sa qualité de ministre de la Justice, vice-présidente du Conseil supérieur de la magistrature, éclaire la position officielle du gouvernement face à la décision du Conseil constitutionnel, mentionnant explicitement que le président Macky Sall “a pris acte“ de cette décision et invite au dialogue.
Cette ouverture au dialogue, selon elle, est destinée à écouter toutes les parties prenantes. Toutefois, elle reconnaît l'incertitude quant aux résultats de ce dialogue, soulignant une situation où la voie à suivre reste indéterminée, en particulier concernant la vacance de pouvoir annoncée pour le 2 avril.
Elle s’interroge concernant le dialogue, “qu'est-ce qu'il en sortira“ ? “Je ne sais pas“, répond-elle avant d’ajouter, « par contre, ceux qui disent qu’à partir du 2 avril il y a vacance de pouvoir, moi j'ai ma réponse en tant que juriste. C'est un débat entre juristes, entre constitutionnalistes et ma réponse importe peu. Le 2 avril arrivera, prions tous d'être là et observons ce qui se passera“.
“Ce à quoi nous sommes astreints, c'est d'organiser l'élection dans les meilleurs délais. C'est quand le meilleur délai ? C'est lorsque les acteurs du dialogue se mettront ensemble et diront ce qu'ils pensent des meilleurs délais. Moi j'ai ma façon de penser les meilleurs délais, mais ce n’est pas ça qui intéresse. Aujourd'hui, le président de la République a sa façon de penser, il aurait pu dire voilà ce que je pense et l’imposer, mais il a trouvé que c'était plus sage de réunir tous les acteurs et de s'entendre. Donc, sous les meilleurs délais, vous aurez la signification des meilleurs délais du Conseil constitutionnel“.
Aissata Tall met donc l'accent sur l'obligation d'organiser les élections dans les “meilleurs délais“, pour indiquer qu’il s’agit là d’une formulation qui prête à interprétation et qui devra être précisée par le consensus des acteurs du dialogue national. Cette démarche qui dans de toutes autres conditions pourrait apparaître comme démocratique et consensuelle, n’est rien d’autre qu’un masque d’une stratégie bien plus nuancée, voire machiavélique, de la part du président Macky Sall.
Premièrement, en insistant sur l'utilisation du dialogue pour définir les “meilleurs délais“, Macky Sall semble embrasser une tactique de dilatoire, retardant potentiellement la date de l'élection pour manœuvrer selon ses intérêts politiques du moment.
Deuxièmement, en ramenant la question de la date limite de son mandat à un débat juridique, il cherche à minimiser l'importance politique de cette échéance, la réduisant à une simple question technique.
Cette stratégie révèle une tentative de Macky Sall de contrôler le narratif autour de la fin de son mandat, en utilisant le Droit comme un outil pour légitimer une approche qui s'éloigne des principes démocratiques. Par ailleurs, cette approche marginalise la voix du citoyen et réduit l'espace public de débat à une arène technique inaccessible au grand public.
Il est impératif de reconnaître que, au-delà des arguments juridiques, la question de la gouvernance et du respect des délais constitutionnels est fondamentalement politique.
Elle concerne le respect des règles du jeu démocratique et la légitimité du pouvoir en place. Le dialogue national, tout en étant nécessaire dans d’autres conditions que celles actuelles, ne doit pas servir de prétexte pour éluder ces questions fondamentales ou pour imposer un agenda politique qui sape les fondements de la démocratie.
Face à cette situation, il est crucial que les forces vives de la nation, au-delà des clivages politiques et juridiques, se mobilisent pour exiger la transparence, le respect des procédures démocratiques et l'engagement envers les principes qui fondent le vivre-ensemble. Il s'agit non seulement de répondre sur le terrain du droit, mais surtout sur le terrain politique, où chaque citoyen a le droit de s'exprimer et d'exiger le respect des engagements pris.
L'appel à des idées fortes et à des actions civiles non-violentes est plus que jamais pertinent pour contrer la réussite de toute tentative de coup d'État constitutionnel. La mobilisation citoyenne, informée et pacifique, reste l'outil le plus puissant pour défendre la démocratie et assurer que le futur politique du Sénégal reflète la volonté du peuple, dans le respect des normes démocratiques et constitutionnelles qui ont uni la nation.
PAR Thierno Guèye
POURQUOI DEVONS-NOUS FORCER LE PRÉSIDENT MACKY SALL À REDEVENIR LIBRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le sens commun et certains dictionnaires généralistes ont pris l’habitude de définir la liberté comme l’absence de contrainte. Mais, autant dire tout de suite qu’il n’en est rien. Selon moi, la liberté est la seconde âme de l'humain
Le sens commun et certains dictionnaires généralistes ont pris l’habitude de définir la liberté comme l’absence de contrainte. Mais, autant dire tout de suite qu’il n’en est rien. Selon moi, la liberté est la seconde âme de l'humain. C'est ce qui fait qu'on peut le condamner ou le porter aux nues, le punir ou le récompenser... Quiconque perd cette liberté, on ne peut plus lui demander légitimement des comptes, il redevient comme l'enfant ou même l'animal. C'est uniquement grâce à elle qu'il est imputable et qu'on peut le mettre sur le banc des accusés. Une personne dont la liberté n'est pas attestée ne saurait être justement condamnée, lorsqu’elle pose des actes répréhensibles. Point d'enfer ni de paradis sans liberté ! Perdre sa liberté, c’est perdre sa responsabilité !
À ce sujet, Jean-Jacques Rousseau nous rappelle que la liberté ne saurait se confondre avec l’indépendance. En effet, une posture sous-jacente à l’indépendance est de considérer que les personnes indépendantes les unes des autres peuvent faire ce qu’elles veulent. Or, dit Rousseau : « Quand chacun fait ce qu’il lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres, et cela ne s’appelle pas un état libre[1]. » En quoi consiste alors la liberté ?
Selon Rousseau : « La liberté consiste moins à agir selon sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui ; elle consiste encore à ne pas soumettre la volonté d’autrui à la nôtre. » Ce qui signifie que je reste libre tant et aussi longtemps que ma volonté n’est soumise à aucune autre volonté et que ma volonté ne soumet aucune autre volonté. Si telle est la liberté du citoyen, qu’en est-il de la liberté du Maître ?
La réponse de Rousseau à cette question est sans appel : « Quiconque est maître ne peut être libre, et régner c’est obéir. » Le secret du commandement est dans la servitude et l’abandon de soi au profit exclusif de sa communauté. Ce fut le cas de l’empereur du Ier siècle, Othon, qui pour éviter de plonger son empire dans une guerre civile, a préféré mettre fin à ses jours. C'est ainsi que le 16 avril 69, il se suicida après avoir déclaré, d’après l’Histoire romaine de Dion Cassius : « Je vais me libérer afin que tous (sic) puissent apprendre de l'événement que vous avez choisi pour votre empereur celui qui ne vous abandonna pas pour se sauver lui-même, mais choisit plutôt de s'abandonner pour vous sauver[2]. »
Concernant la mort de cet empereur, Suétone nous dit ceci : « Othon décida de se suicider. Il est plus probable que sa conscience l'empêcha de continuer à risquer des vies et des trésors dans une quête à la souveraineté que penser que ses hommes étaient devenus démoralisés et peu fiables... » Ses hommes, cependant, lui restèrent fidèles, même dans la mort. « Plusieurs soldats se rendirent sur son lit de mort où ils lui baisèrent les mains et les pieds, le louant comme l'homme le plus courageux qu'ils aient jamais connu, et le meilleur empereur que l'on puisse imaginer[3]... »
Bien entendu, personne ne demande au président Macky Sall de se suicider, mais simplement de faire la seule chose qui fait de nous des sénégalais libres et dignes : obéir aux lois que nous nous sommes collégialement fixées et auxquelles nous avons décidé de nous soumettre tant qu’elles seront en vigueur.
Selon le théoricien du Contrat social, il n’y a de volonté vraiment libre que celle à laquelle nul n’a le droit d’opposer de la résistance. « Dans la liberté commune, nul n’a le droit de faire ce que la liberté d’un autre lui interdit, et la vraie liberté n’est jamais destructive d’elle-même. Ainsi la liberté sans la justice est une véritable contradiction ; car comme qu’on s’y prenne tout gêne dans l’exécution d’une volonté désordonnée[4]. » Puisque la liberté est impossible sans la justice et qu’aux fondements de cette justice il n’y a pas n’importe quelles lois, mais des lois justes. C’est pourquoi : « Il n’y a donc point de liberté sans Lois, ni où quelqu’un est au-dessus des Lois : dans l’état même de nature, l’homme n’est libre qu’à la faveur de la Loi naturelle qui commande à tous. »
En définitive, si les Sénégalais restent libres, c’est parce qu’ils ne servent ni le président Macky Sall ni aucune autorité autre que la Loi qui est au-dessus de tous et que personne ne peut surplomber ou mettre sous son coude. Ce qu’il faut que le Président et ses alliés sachent pour de bon, c’est qu’« Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux Lois, mais il n’obéit qu’aux Lois et c’est par la force des Lois qu’il n’obéit pas aux hommes. (….). Un peuple est libre, quelque forme qu’ait son Gouvernement, quand dans celui qui gouverne il ne voit point l’homme, mais l’organe de la loi[5]. »
Si le président de la République et ses acolytes refusent d’être libres, malgré tout, nous, en tant que peuple et partie prenante du contrat initial qui nous lie les uns aux autres, devons, par pure générosité citoyenne, les forcer à rester libres en usant de tous les moyens prévus par la Loi et particulièrement notre Loi fondamentale, la Constitution de la République sénégalaise. Rousseau ne dit rien d’autre lorsqu’il affirme que :
Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera à être libre ; car telle est la condition qui donnant chaque citoyen à la patrie le garantit de toute dépendance personnelle ; condition qui fait l’artifice et le jeu de la machine politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels sans cela seraient absurdes, tyranniques, et sujets aux plus énormes abus.
Jean-Jacques Rousseau (2001), Du contrat social ou principes du droit politique, Éditions Mozambook, p. 27
Seriñ Tuuba ne : « Kuy def lu ko neex, dina daje ak lu ko naqari ta du ko mën a faj. » Seriñ Saam Mbay yokku si ne : « Ku la yàqal sa adduna, nga yàqal ko alaaxiraam. »
[1] Rousseau, Jean-Jacques, Lettres écrites de la Montagne. In Œuvres, Tome II, Bibliothèques de la Pléiade, Ed. Gallimard, p. 841
[4] Rousseau, Jean-Jacques, Lettres écrites de la Montagne. In Œuvres, Tome II, Bibliothèques de la Pléiade, Ed. Gallimard, p. 841
[5] Rousseau, Jean-Jacques, Lettres écrites de la Montagne. In Œuvres, Tome II, Bibliothèques de la Pléiade, Ed. Gallimard, p. 841
Thierno Guèye est Docteur en Philosophie et M.A. en Science politique, Enseignant-chercheur/Formateur à la FASTEF [U.CAD], syndicaliste/Membre du Collectif des Universitaires pour la Démocratie [CUD]. Auteur et co-auteur du Manuel de Philosophie : Cours et textes pour apprendre à philosopher, présenté au public en janvier 2024.
[1] Rousseau, Jean-Jacques, Lettres écrites de la Montagne. In Œuvres, Tome II, Bibliothèques de la Pléiade, Ed. Gallimard, p. 841
[4] Rousseau, Jean-Jacques, Lettres écrites de la Montagne. In Œuvres, Tome II, Bibliothèques de la Pléiade, Ed. Gallimard, p. 841
[5] Rousseau, Jean-Jacques, Lettres écrites de la Montagne. In Œuvres, Tome II, Bibliothèques de la Pléiade, Ed. Gallimard, p. 841
LE STATUT DE CANDIDAT NE FAIT PAS LA LOI
Alors que des voix s'élèvent pour demander la libération de Bassirou Diomaye Faye afin qu'il puisse faire campagne, Aissata Tall Sall a répondu fermement qu'aucun statut politique ne pouvait faire prévaloir les intérêts individuels sur l'état de droit
La Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aissata Tall Sall, a précisé, mardi, que le fait d’être candidat à l’élection présidentielle n’était pas une condition pour obtenir une liberté provisoire.
”Il faut le rappeler et que cela soit clair pour tout monde. Le fait d’être candidat à l’élection présidentielle n’est pas une condition pour obtenir la liberté provisoire au Sénégal”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse sur l’actualité judiciaire.
Interrogée sur la situation de Bassirou Diomaye Faye, candidat à l’élection présidentielle, placé sous mandat de dépôt depuis le 18 avril 2023 pour ”actes de natures à compromettre la paix publique, outrage à magistrat et diffamation à l’encontre d’un corps constitué”, la ministre a expliqué que ”le Sénégal est un Etat de droit où la loi s’applique à tous de la même manière, sans distinction”.
Selon la Garde des Sceaux, ”c’est au juge d’instruction de décider, sur la base d’appréciation d’éléments objectifs de son dossier, s’il doit ou non, être libéré”.
Bassirou Diomaye Faye est candidat à l’élection présidentielle sous la bannière ”Diomaye président”. Ses partisans et de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer sa libération afin de lui permettre de battre campagne.
La ministre de la Justice a par ailleurs souligné, concernant le retour d’exil d’un des cadres de l’ex Pastef, Ngagne Demba Touré, que tous les mandats d’arrêts émis jusqu’ici, s’exécuteront également, conformément à la loi.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL ENTÉRINE LE RETRAIT DE ROSE WARDINI
La liste des candidats à l'élection présidentielle est modifiée. La numérotation des 19 autres prétendants a été mise à jour en conséquence
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 20/02/2024
Le Conseil Constitutionnel a dû procéder à une modification de taille dans la liste des candidats. Réuni ce jour en séance, le juge constitutionnel a pris acte du retrait de la course à la magistrature suprême de Rose Wardini.
Dans sa décision n°4/E/2024, le Conseil revenait longuement sur les circonstances ayant conduit Mme Wardini à se retirer. Après avoir entendu la requérante lors d'une audience à huis-clos, l'institution a validé son retrait et en a tiré les conséquences sur le plan juridique.
L'article 2 de la décision est à cet égard sans équivoque : "La liste des candidats à l'élection présidentielle est modifiée". Le nom de Rose Wardini, qui figurait initialement en 5ème position, en a été retiré. La numérotation des 19 autres prétendants a été mise à jour en conséquence.
Le Conseil Constitutionnel marque ainsi sa capacité à faire évoluer le cadre normatif en cas de changement de circonstance. Cette décision rappelle son rôle central dans l'encadrement de la compétition électorale.
Par Hamidou ANNE
DANS LA DOUCE DICTATURE TROPICALE DU SENEGAL
Les mêmes qui saluent la décision du Conseil constitutionnel, ont outragé et injurié ses membres, criant au «complot», quand ils ont invalidé la candidature de leur champion sous le coup de plusieurs condamnations.
Le Conseil constitutionnel a retoqué et le décret n°2024-106 du 03 février 2024 portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 et la loi n°4/2024 adoptée par l’Assemblée nationale en sa séance du 5 février 2024 portant dérogation aux dispositions l’article 31 de la Constitution.
Au regard de notre Charte fondamentale, «les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles». Je n’arrive pas à verser dans l’hystérie collective ni à joindre ma voix au concert de celles qui font d’une décision ordinaire un événement. Le Sénégal est une démocratie, encore à parfaire, mais bien loin des dictatures tropicales du continent. Il s’agissait selon moi d’un jour normal dans notre grand pays. L’Exécutif a pris un acte réglementaire et les députés ont voté une loi ; les deux ont été jugés sans fondement légal par les «Sages».
Le chef de l’Etat peut nommer sept juges, qui cassent sa décision sur une matière d’une importance capitale pour le présent et l’avenir du pays. Ces juges vont ensuite vaquer librement à leurs occupations sans craindre ni pour leur vie ni pour celle de leurs familles.
Une démocratie majeure se construit dans le temps grâce aux actes posés par les trois pouvoirs qui en sont les chevilles ouvrières. On arrive à un Etat de Droit par la sédimentation dans le temps des arbitrages juridiques et des décisions des autorités légales et légitimes qui renforcent la liberté et la paix civile.
Ce concert d’extases chez les politiques, intellectuels et dans l’opinion renseigne sur le personnel public qui n’est pas à la hauteur de notre démocratie. Il faut être peu ambitieux pour parcourir les médias du pays et de l’étranger et chanter les louanges du juge, qui dit, selon lui, le Droit, et dont nous devons nous conformer tous à la décision.
Dans un passé récent, les juges Sabassy Faye et Ousmane Racine Thione ont donné tort à l’Etat au profit d’un adversaire politique. C’est en banalisant les décisions de Justice que l’on construit un espace public serein. C’est ainsi que l’on arrive à ce que soutient souvent mon ami Yoro Dia ; pour lui il faut que le Sénégal passe de «l’ère des furies» à celle du «règne de l’opinion».
Au contraire, nous sommes à l’ère d’une démocratie du bavardage sans consistance d’un corps politique dont beaucoup d’acteurs sont indignes d’être les légataires de l’héritage de nos pères fondateurs. Sinon comment comprendre que Aminata Touré -vu son aridité et son agitation, je me demande encore comment elle a pu arriver à la station de cheffe du gouvernement- puisse ne serait-ce qu’oser être candidate à la magistrature suprême. Elle n’est pas la seule certes à être davantage un objet de curiosité qu’un acteur politique sérieux. L’ancienne Première ministre avait accusé en janvier 2024 le Conseil constitutionnel d’avoir «volé» ses parrainages. En février, sans transition aucune, elle salue la décision de ceux qu’elles refusaient d’appeler «Sages» quelques semaines auparavant. C’est cela le Sénégal d’aujourd’hui, ces individus de peu de vertu pullulent dans l’espace politique et poussent d’autres bien plus responsables à prendre la porte. Sur ce sujet, on attribue à Pierre Mauroy cette phrase lumineuse : «Quand les dégoûtés partent, il ne reste que les dégoûtants.»
Nous ne pouvons pas bâtir une démocratie solide sans démocrates, comme il est impossible de construire une République sans républicains. Les juges sont conspués quand ils prennent une décision qui ne va pas dans le sens souhaité par les acteurs d’un camp ; très souvent les mêmes biberonnés à la haine des institutions républicaines, à l’injure et à l’outrance.
A la lecture de la Décision des «Sages», j’ai pensé aux manifestes des 102, des 49, des 117, puis des 104 intellectuels qui proclamaient que nous n’étions plus un Etat de Droit. Sans oublier les échappées solitaires d’intellectuels et de politiques qui se sont passé le mot pour manipuler nos concitoyens et salir notre pays à l’étranger.
Les mêmes qui saluent la décision du Conseil constitutionnel, ont outragé et injurié ses membres, criant au «complot», quand ils ont invalidé la candidature de leur champion sous le coup de plusieurs condamnations. Lui-même les accusait le 8 juin 2022 de «haute trahison», poursuivant de plus belle, il les traitait de «délinquants de la loi». Nos pétitionnaires si prompts à défendre la Justice n’avaient rien entendu…
«Tout ce qui est excessif est insignifiant.» Les pétitions signées par les mêmes et publiées sur la même plateforme, -seuls les titres changent- à la fin, relèvent du radotage, et ça ne fait plus très sérieux. La politique n’est pas un jogging du dimanche matin ni une activité qu’on pratique par intermittence. La politique, c’est l’essence-même pour faire société.
Le Sénégal est une démocratie, certes en chemin. La République a prévu des textes pour résoudre nos différends. Demander à des enfants de descendre dans la rue quand on a introduit un recours -finalement ayant obtenu gain de cause- c’est irresponsable. Mais qu’attendre de gens qui ont formulé ou soutenu deux années durant des insultes et menaces vis-à-vis de magistrats ?
Nous demeurons sur la même ligne de l’attachement viscérale à la République. Vous, qui avez injurié les «Sages» en janvier, venez les féliciter en février. Nous, républicains, sommes restés constants et sur la même ligne car nous ne parlons qu’au nom de notre conscience et de notre attachement à la démocratie et à la République. Quid des enfants qui ont perdu la vie à cause d’adultes de peu de foi ? On ne vient pas en politique pour mourir. Les invocations sacrificielles, les termes «martyr» et «gloire aux morts» sont dangereux et relèvent d’un imaginaire fondamentaliste et extrémiste. On ne peut s’habituer à la mort d’enfants pour ensuite leur accorder un post sur Facebook. C’est d’une sidérante indécence.
Concernant la suite, le gouvernement du Sénégal a eu raison de prendre acte de la décision des juges et de décider de l’exécuter. Il n’y a pas d’alternative à la loi. Imaginons ensemble, en puisant dans le génie sénégalais, les moyens de sortir de l’impasse.
Une dernière chose : ceux qui exigent du président de la République qu’il «arrête de s’immiscer dans l’action judiciaire» sont ceux qui applaudissent la libération de centaines de personnes sur décision individuelle au mépris des procédures en cours. Quand sont libérés sans préavis des gens sur qui pèsent parfois des charges très lourdes, je ne vois curieusement pas les pétitionnaires aux grands principes hausser la voix, signer une pétition et dénoncer une «forfaiture», une «dictature sanguinaire» et appeler le «peuple» à la «résistance». Tout ça au fond contient une seule vertu : voir les masques tomber pour identifier ainsi qui est qui.