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3 mai 2025
Développement
PAR Ciré Clédor Ly
INQUIÉTUDES ET LIBRE OPINION D’UN MILITANT DES DROITS DE L'HOMME
EXCLUSIF SENEPLUS - Si aucune date n’est fixée pour le jour de l’élection, la situation sera davantage plus confuse et les effets pervers du coup d’Etat institutionnel avorté se feront sentir
Le Sénégal a été considéré comme le pays le plus stable en Afrique, en raison de ses valeurs républicaines et de son ancrage à la démocratie ainsi qu'à l'État de droit.
ous les régimes politiques qui se sont succédé ont pu conjurer les crises politiques, grâce à l'usage d'une violence d'État strictement proportionnée et nécessaire au rétablissement de l'ordre et de la sécurité publique.
Celui qui nommait aux emplois civils et militaires disposait de la force publique, mais avait toujours à l’esprit la primauté du droit, l’impérieuse nécessité du respect de l'équilibre des pouvoirs, la cohésion sociale dont le cousinage réel ou mythique était un socle garant de la paix et de la stabilité.
La paix et l’image du Sénégal étaient à leurs yeux inestimables ; la concertation, le dialogue national ou la médiation valaient leur pesant d'or et rétablissaient toujours une entente durable ainsi que la cohésion.
Malheureusement, le pays a sombré dans les bas-fonds d’une déchéance démocratique, de l’effondrement de l’État de droit, de la dégénérescence de l'ensemble de ses institutions,de la décadence culturelle et, jamais le peuple sénégalais n’a été victime d’autant de cruautés et d'atteintes aux libertés, dans Les libertés publiques et le droit à la justice, la liberté d’expression jusqu’à la liberté de penser, la liberté et le droit d'association, ont été confisqués par des hommes politiques et des magistrats ; le sang a coulé à flots pour la confiscation du pouvoir, une ligue des institutions ayant à n’en pas douter une unité de dessein s’est créée et renforcée, pour contenir le désir, le choix et l’aspiration des Sénégalais à une rupture et à un changement structurel.
L’appel au dialogue ne doit nullement occulter la face hideuse de Janus, et être une occasion pour continuer intelligemment de laisser la bride autour du cou d’innocentes victimes, avec des libertés provisoires en lieu et place de non-lieux qui restituent la dignité humaine et mettent fin à l'injustice collective parce que, vécue et ressentie par tous ceux qui, au Sénégal comme hors de nos frontières, ont suivi les événements douloureux.
Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a une fois de plus, raté son rendez-vous avec le peuple, lequel lui assigne le devoir de veiller sur le respect de la Constitution et des valeurs qu'il a lui même bien énoncées à l’Attendu 19 de sa décision 1/C/24, rendue le 15 février 2024, car l’attendu 20 suivant laisse un goût d’inachevé et une incertitude, qui ne pérennisent pas la relative stabilité observée par les citoyens depuis qu’il a été saisi de la question sous-jacente du respect du calendrier électoral.
La réponse à cette dernière question était pourtant tranchée et scellée, lorsque le Conseil a annulé la loi votée par l'Assemblée nationale et le décret abrogeant celui qui avait fixé la date des élections au 25 février 2024, car le décret d’abrogation disparaissait avec ses effets juridiques, et celui abrogé était désormais censé ne l’avoir jamais été.
Ainsi, vu l’intérêt majeur du contentieux qui lui était soumis, ainsi que ce qui pouvait être considéré comme une évidence à savoir que la loi votée par l'Assemblée nationale était incompatible et inconciliable avec d'autres dispositions de la Constitution et la sacralité de la disposition tripotée, le conseil Constitutionnel a aussi tardé à rendre sa décision, alors que l’hypothèse d’un second tour n’est pas exclue par la loi électorale, même si les Sénégalais ont massivement exprimé leur choix d’en finir avec le système actuel dès les premières heures du scrutin.
Si le scrutin est transparent et loyal, le Conseil constitutionnel n’aura probablement pas à proclamer les résultats définitifs au-delà du 2 avril 2024, ni à s’inquiéter d’un peu probable second tour.
Par ailleurs, le 20e attendu de la décision du Conseil constitutionnel est une boîte de Pandore. Si aucune date n’est fixée pour le jour de l’élection conformément aux lois en vigueur et pour la reprise à zéro de la campagne électorale le 25 février 2024, la situation sera davantage plus confuse, chaotique, et les effets pervers du coup d’Etat institutionnel avorté se feront sentir, sans compter le risque pour le nouveau président élu de ne pas présider la fête de l’indépendance du 4 avril 2024.
Les peuples mûrissent toujours des épreuves cruelles que leur font endurer ceux qui ont la charge et la mission de les servir. Ils apprennent de leurs erreurs dans le choix de leurs dirigeants politiques et le mode de désignation de leurs juges.
Ciré Cledor Ly est avocat à la Cour.
PAR Tierno Monénembo
ILS SONT DEVENUS FOUS
L'Afrique est à bout de souffle. Fomenter des coups d'État, tripatouiller les institutions ou saborder une organisation telle que la Cedeao par les temps qui courent revient à lui servir le verre du condamné
À Niamey, à Ouagadougou et à Bamako, les juntes au pouvoir quittent la Cedeao (pour aller où, mon Dieu ?) sans donner un préavis et sans même respecter le délai d'un an prescrit par la convention. À Conakry, le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, récemment autoproclamé général d'armée (excusez du peu !), pourchasse les journalistes et les activistes de la société civile après avoir coupé à coups de ciseaux le réseau Internet.
Au Sénégal, Macky Sall reporte la présidentielle, initialement prévue ce 25 février, et s'offre un an de plus dans le but manifeste de ruser avec le tabou du troisième mandat.
À croire qu'ils se sont passé le mot : « Défonce le plafond et moi je brise le mur ! Et toi, mets le feu à la toiture pendant que cet autre pulvérise la véranda ! » La maison Afrique est en démolition et cette fois-ci, ce sont des Africains qui sont les maîtres d'œuvre de cette lamentable entreprise.
Double sacrilège
Ce qui se passe en ce moment équivaut à un double sacrilège. L'unité et la démocratie, ces deux belles causes que l'on croyait sinon sacrées, du moins, nobles, tombent du pinacle et sont foulés aux pieds par de jeunes aventuriers fougueux, sans légitimité, sans expérience. Inutile de relire Byden, Du Bois, Padmore, Gavey ou Nkrumah pour se convaincre que l'unité africaine n'est ni une utopie ni une coquetterie intellectuelle mais une nécessité vitale. Des micropays comme les nôtres n'ont aucune chance de survie dans le monde tel qu'il est. L'heure est aux mégapoles, aux méga-États, aux méganations. Aujourd'hui, un pays de moins de 100 millions d'habitants n'en est pas un. Cela, même les vieilles nations européennes qui sont pourtant des puissances économiques et militaires l'ont intégré dans leur logiciel, malgré les guerres séculaires qui les ont opposées naguère.
Assimi Goïta, Ibrahima Traoré et Abdourahamane Tiani ne manquent pas d'arguments pour justifier leur incroyable décision : ils fustigent la Françafrique, prônent la libération du continent et l'émancipation de l'homme noir. Seulement, n'est pas Sankara qui veut. Les Africains savent d'expérience que le vieux couplet révolutionnaire est à double tranchant : s'il enflamme la jeunesse, il favorise aussi la carrière des démagogues et des opportunistes.
C'est sûr que la Cedeao est loin d'être parfaite. Néanmoins non seulement elle a le mérite d'exister, mais elle est dans son rôle quand elle condamne les putschs. Nous devons la préserver même si beaucoup d'entre nous la prennent pour une coquille vide, jusqu'au jour où nous réussirons à y loger un contenu. On ne renie pas la case familiale sous le prétexte que sa toiture laisse passer l'eau de pluie, on la répare, on l'améliore, on la perfectionne.
L'indépendance réelle de l'Afrique est un devoir qui nous incombe, à tous, mais ne perdons pas de vue que la division est la plus sûre alliée de la domination étrangère. L'Afrique cessera d'être le jouet des grandes puissances le jour où elle gravera sur le front de ses édifices cette devise qu'elle aurait dû faire sienne aux premières heures de la décolonisation : « L'unité d'abord, le reste, après. »
Afrique cherche démocratie désespérément !
Quant à la démocratie, le bilan des régimes militaires et des partis uniques est suffisamment éloquent pour engager là-dessus un débat de sophistes. Si jamais elle était un luxe alors, nous devrions donner les yeux de la tête pour nous la payer et en finir une fois pour toutes avec le règne des présidents à vie et des maréchaux de pacotille. Par chance, elle ne l'est pas, c'est une demande universelle, c'est la pente naturelle de l'Histoire moderne.
Inutile de chercher loin, les malheurs de l'Afrique proviennent de deux manques, j'allais dire, stupéfiants : celui de l'unité et celui de la démocratie. L'Afrique est à bout de souffle. Fomenter des coups d'État, tripatouiller les institutions ou saborder une organisation telle que la Cedeao par les temps qui courent revient à lui servir le verre du condamné.
Le génie en politique, ce n'est pas de savoir ce qu'il faut faire, c'est de savoir ce qu'il ne faut pas faire.
par Mouhamed Abdallah Ly
LES BLESSURES PSYCHOLOGIQUES D'UNE CRISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Perte d'appétit, troubles du sommeil, paralysie intellectuelle... Le report de la présidentielle a durement éprouvé les psychés. Le règne de Macky Sall aura été marqué par un brutalisme meurtrissant
En déclarant contraire à la charte fondamentale la loi votée par les députés BBY-PDS le 5 février, pour repousser de dix mois l’élection présidentielle, le Conseil constitutionnel a plongé ce jeudi 15 février le Sénégal dans une nouvelle séquence politique. Aussi, la libération de dizaines de prisonniers politiques, tend à donner du crédit à une volonté de décrispation de la tension. A ce rythme, la question des incidences du séisme politico-juridique crée par le président Sall risque de passer rapidement au second rang de l’actualité médiatique si fluctuante. D’ailleurs, la question d’une loi d’amnistie et celle de la date à laquelle devrait se dérouler le scrutin polarisent en ce moment le débat. Si l’on peut garder espoir que les incidences juridiques, politiques, diplomatiques et économiques inédites qui découlent de son allocution du 3 février ne seront pas malgré tout oubliées de si tôt, qu’en sera-t-il pour ce qui est de son coût psychologique plus évanescent ?
Les larmes du professeur Mbaye Thiam après la décision du chef de l’État de reporter l’élection présidentielle, à quelques heures du démarrage de la campagne électorale, passeront sans doute à la postérité. Ce qui risque en revanche de passer à la trappe, à moins d’être, d’ici-là, mesuré et documenté par des psychologues, ce sont les incidences du choc subi par des milliers de Sénégalais depuis le 3 février. Et même peut-être bien avant cette date. Les rumeurs de renvoi de la présidentielle, hautement anxiogènes, ont en effet circulé dès l’annonce d’une commission parlementaire devant enquêter sur la prétendue corruption de juges du Conseil constitutionnel. L’angoisse due au retard de 2 heures accusé par l’allocution du président, puis les délibérations tumultueuses du parlement ainsi que l’intervention du GIGN dans l’hémicycle, ont aussi fortement augmenté les appréhensions.
Au-delà du caractère bouleversant de ces évènements, le choc semble surtout être causé par les taillades profondes sur les acquis démocratiques du Sénégal, les balafres sur sa notoriété internationale, mais par-dessus tout, la sensation d'un coup de poignard dans le dos. Les Sénégalais n’avaient-ils pas largement plébiscité la voie des urnes et par là-même la voie démocratique et pacifique pour régler leurs contradictions politiques, dès le 25 février 2024 ? Le chef de l’État ne s’était-il pas engagé, à plusieurs reprises et souvent devant les chefs religieux, à remettre le pouvoir au nouveau président élu, début avril ?
Le report de l’élection est donc devenu, ipso facto, une trahison d’autant plus vive que l’incertitude entourant la transition à venir, la menace d’une intervention militaire, les périls pesant sur les libertés, la crainte de manifestations violentes, la paralysie de l’économie, le retour de la censure, etc. ont installé un sentiment d’épouvante largement partagé. Voilà pourquoi depuis l’allocution du chef de l’État, nombreux sont nos concitoyens qui ont confessé pâtir de troubles du sommeil (nuits agitées, cauchemars, insomnies…) mais aussi de troubles de l’appétit et de l’humeur.
Quelques anecdotes. Un couple d’amis m’a raconté avoir solidairement grondé leur aîné lorsqu'il voulut, quelques minutes avant le discours du président Sall, leur faire écouter une chanson. Ce geste de partage d’un adolescent qui rencontrait habituellement la réceptivité affectueuse de ses parents se heurta cette fois à l’irritabilité de ces derniers. Un autre ami, juriste d’une remarquable générosité intellectuelle, à qui je demandais quelles seraient les conséquences juridiques du report me dit être dans l’incapacité de me répondre. Il m’expliqua plus tard, qu’il s’était affalé sur son canapé, des heures durant, comme paralysé. J’appris, par la même occasion, qu’il déclina des invitations à intervenir dans des émissions, estimant ne pas être en mesure de débattre.
Le jour de la plénière à l’Assemblée nationale, un ami et moi, nous sommes rendus place Soweto pour manifester avant de nous replier dans un café face à la répression implacable des forces de l’ordre. Mon camarade refusa mes offres de partager une boisson. Il m’avoua qu’il avait non seulement perdu l’appétit, mais qu’en sus il n’était plus en mesure de boire autre chose que de l’eau !
Un professeur d’université à la retraite féru de jazz m’a confié ne plus pouvoir être en mesure d’écouter de la musique. Un autre proche que la déclaration a pratiquement trouvé entre deux avions confessa avoir énormément souffert durant son voyage. Ce que je n’ai pas pu lui dire, c’est que les témoignages les plus marquants de perte d’appétit, d’angoisse, d’asthénie, me sont venus de la diaspora. Certains, d'ordinaire peu grossiers, ont même confié avoir proféré beaucoup de jurons ; soit dit en passant, la séquence télévisuelle où l’on voit un chroniqueur subtilement en faire de même a eu une circulation virale. D’autres ont déploré avoir perdu la concentration au travail. Que dire de ceux qui étaient jusque-là du côté du pouvoir et qui ont avoué endurer « honte » et « remords » ! Les mots d’une amie pulaar, universitaire et membre de la société civile, habituellement ni culturaliste ni essentialiste, résonnent encore dans mon esprit : « … et dire que c’est un haal pulaar qui a fait ça, la honte ! ».
Ces quelques illustrations montrent, s’il en est besoin, que l’annonce du report a été vécu par d’aucuns comme un choc émotionnel qui a provoqué des phénomènes d’anxiété, de stress, de détresse. C’est d’ailleurs tout cela qui donne, entre autres, l’impression de vivre ces temps-ci dans un pays au ralenti, dépressif… Un ami ne s’y est pas trompé en ayant la délicatesse de dire à beaucoup et y compris à moi-même : massa ci lu ñu bokk !
Mais que vaut le spleen de nous autres qui malgré le climat politique délétère, humons l’air de la liberté face au mal-être profond de nombreux individus qui sont encore dans les geôles ou qui en ont été élargis après avoir été arbitrairement arrêtés, détenus dans des conditions inhumaines, et hélas même torturés pour certains. Des voix s’élèvent déjà, à juste titre, pour réclamer une assistance psychologique surtout que les récits de nombreux prisonniers récemment élargis ont été si glaçants qu’ils ont fait froid dans le dos lorsqu’ils n’ont pas fait couler de larmes. Que dire de nos concitoyens ceux qui ont perdu des proches, de ceux qui ont été amputés, etc.
Au vu de tout cela, sortir de la crise, ne sera pas seulement un fait « politique » au sens habituel. Une politique du massa qui puisse apaiser, réparer les traumatismes, restaurer psychologiquement, indemniser lorsque c’est nécessaire, devrait faire partie des offres programmatiques pour le Sénégal post Sall tant le « brutalisme » qui a marqué son magistère a meurtri nos esprits, nos corps et nos cœurs.
Mouhamed Abdallah Ly est sociolinguiste, IFAN.
8 MOIS APRÈS, LA CASAMANCE TOUJOURS COUPÉE DE DAKAR
Au port de Ziguinchor, « il n'y a plus d'activité, plus de mouvement ». La route et l'avion ne sont pas des alternatives viables économiquement. L'impact est énorme, de l'ordre de milliards de francs CFA
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 17/02/2024
À huit mois de la suspension des liaisons maritimes entre Dakar et Ziguinchor, décrétée en juin 2023 officiellement pour des «raisons de sécurité nationale» après des émeutes, la situation reste inchangée, au désespoir des habitants de la région du sud, rapporte un reportage de RFI réalisé sur place.
Au port de Ziguinchor, «il n'y a plus d'activité, plus de mouvement», témoigne le docker Lamine Diedhiou, qui vient chaque jour vérifier s'il y a du changement, en vain. «Quand je rentre à la maison le soir, ma femme et mes enfants me regardent, mais je n'ai plus de travail et donc plus d'argent», déplore-t-il.
Une situation également difficile pour Malamine Mané, président d'une entreprise de manutention portuaire. «En temps normal, on gérait le chargement et déchargement de produits agricoles comme le riz, le mil, l'anacarde ou la noix de cajou. On embauchait jusqu'à 300 personnes pendant la saison de l'anacarde. Aujourd'hui, c'est l'arrêt complet des activités», regrette-t-il.
Les pêcheurs sont aussi touchés, comme Kébé Samb qui voyait ses poissons et crevettes expédiés rapidement vers Dakar par bateau, mais doit désormais les vendre congelés sur place, avec des pertes financières.
La route et l'avion ne sont pas des alternatives viables économiquement, selon Jean Pascal Ehemba, président de la Chambre de commerce de Ziguinchor, interrogé par RFI. «L'impact est énorme, de l'ordre de milliards de francs CFA», estime-t-il, appelant l'Etat à soutenir la reprise des liaisons maritimes.
Lors de sa récente visite dans la région, le Premier ministre Amadou Ba avait annoncé une prochaine reprise des ferrys. Le commandant du port promet des travaux sur les bateaux et le chenal, mais sans date fixée. Les habitants de Ziguinchor croisent les doigts pour voir enfin le trafic reprendre et leur économie repartir.
Par Cherif Diop
LA RÉPUBLIQUE BRINGUEBALANTE
La constitution a plié mais n’a pas rompu. C’est à croire que la loi de Murphy s’abat sur Macky Sall. La contrariété est à son comble pour le président.
La Constitution a plié mais n’a pas rompu. C’est à croire que la loi de Murphy s’abat sur Macky Sall. La contrariété est à son comble pour le président.
À travers sa décision historique de ce 15 février 2024, le conseil constitutionnel indique qu’il n’est ni une chambre d’écho des tendances de l’opinion, ni une chambre d’appel des choix de l’assemblée nationale, mais le juge de la constitutionnalité des lois. Cette décision rend un peu de dignité à cette république qui oscille. L’histoire nous dira si Macky Sall a eu raison ou tort d’annuler le rendez-vous du dimanche 25 février 2024. L’onde de choc fut tellurique, mais lui, seul et son conseil de sécurité savent les raisons profondes de ce report. Le conseil constitutionnel a rendu une décision courageuse, pragmatique, apaisante, et intelligente, sans humilier l’institution présidentielle puisque son verdict « valide » aussi le report de l’élection. Les sages n’ont pas soufflé sur les braises d’une situation assez abrasive. Dont acte dit la présidence, il revient désormais au président Macky Sall de stabiliser cette république dangereusement bringuebalante. Il en est conscient, Macky Sall va céder le pouvoir.
A-t-il le choix ? Non. En réécoutant les discours du Président Sall du 03 juillet 2023, celui du 31 décembre 2023, et 03 février 2024, Nous pouvons le dire avec certitude, il ne trahira pas son propre code d’honneur. « Ayant le Sénégal, au cœur, le Sénégal chevillé au corps ». Le président Macky Sall ne peut que respecter sa parole, dernier acte d’une pacification de l’espace public bien entamée avec la libération des détenus « politiques ». Cependant, l'emprisonnement de Ousmane Sonko et de nombre de ses partisans reste un ferment de colère.
Ousmane Sonko, « ce scarabée diabolique »
Politiquement, l’homme semble indestructible. C’est un fait. Sa voix et ses voix comptent. Le tournant des événements actuels met davantage en lumière ce truisme. Comme le coléoptère, connu pour sa solidité hors normes, le maire de Ziguinchor a la carapace ultra résistante. La dissolution de Pastef, l’étêtement du parti n’ont pas réussi à faire disparaître la popularité du détenu le célèbre du Sénégal. Au contraire, l’opinion lui est encore largement favorable. Cependant, Sonko fascine autant qu’il inquiète par sa ligne dure, brut de décoffrage dans un Sénégal inhabitué à ce genre de tribun. Même si la clameur de l’opinion ne se traduit pas toujours en une vérité des urnes. L’opinion n’est pas l’électorat. En 2007, tout le monde a donné Abdoulaye Wade perdant de la présidentiel, jusqu’à ce qu'un certain Macky Sall annonce la victoire du pape du SOPI au beau milieu de la nuit. Dans l’impasse institutionnel, provoquée par ce que le constitutionnaliste Pr Pape Demba Sy a assimilé « à une fraude constitutionnelle », tout indique que Ousmane Sonko est une pièce, et pas des moindres du puzzle de la décrispation, du dégel de ce bloc de granite qui prend forme au cœur de la République.
Pour sortir de l’ornière, la concertation est inéluctable
Le jalonnement d’évènements tragiques depuis 2021 a fini de démontrer que la judiciarisation n’est pas la seule voix du salut. La concertation est inévitable pour éviter l’acmé de la dégradation de la situation. Pour reprendre une fois de plus le Pr Pape Demba Sy qui à mon avis a livré la plus fine et la plus exhaustive analyse de la situation : « on ne peut pas, ne pas aller au dialogue, même si on ne veut pas, on est obligé d’y aller ». Ces propos du sage font écho à ceux de Pierre Goudiaby Atepa, à qui le président Macky Sall a demandé de faire tout son possible pour que les sénégalais puissent se parler entre eux, Ousmane Sonko y compris. Comme M. Atepa l’a dit « Il faut que les deux parties se rassurent ». Que Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko soient amnistiés ou graciés, politiquement ils sortiront de prison avec un gain politique afin de participer à une élection inclusive. Ce mot à la mode comme l’est aussi le populisme. Ce dont on accuse d’ailleurs Ousmane Sonko, d’être un symbole du populisme.
Le mot populisme a fait son apparition ces dernières décennies dans le champ lexical des politiques, avec une forte connotation péjorative. Beaucoup de leaders de notre époque sont catégorisés populistes. Donald Trump, Ousmane Sonko, Jean Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Viktor Orban, ou Javier Miley qui vient d’être élu en Argentine. Toutes ces personnalités, différentes à bien des égards, sont taxées de populiste. Néanmoins elles ont le vent en poupe. Eux même définissent le populisme comme étant une vision souverainiste de reconstruction de la volonté économique, politique et d’attention à la sécurité. Et, leurs visions de la gouvernance bénéficient d’un assentiment populaire qui, souvent, faiblit très rapidement. Comment expliquer cette complexité ? Parce que sans doute, la demande d’état est plus forte de nos jours, surtout dans nos pays. Les exigences sont accrues, les gouvernants sont pris au collet, les peuples veulent des résultats tout de suite et maintenait. Comment le président élu naviguera-t-il dans ces moments critiques ? Bon courage au successeur de Macky Sall.
LE TEMPS DES PREMIÈRES FOIS NÉGATIVES SOUS MACKY SALL
Boubacar Boris Diop revient sur la crise que traverse le pays. Il analyse les douze années de présidence, marquées selon lui par des dérives autoritaires, et la défaite du régime après l'annulation du report de l'élection par le Conseil constitutionnel
Les mots qu’il pose sur les mouvements et frémissement du monde sont toujours attendus. C’est pourquoi Lorsque l’actualité nationale ou internationale l’exige, sa reaction est toujours surveillée et guetée. Les événements en cours au Sénégal n’ont pas dérogé à la règle. Réclamé, Boubacar Boris Diop a choisi Kirinapost pour commenter ce qu’il se passe actuellement dans son pays. L’entretien supposé paraître hier soir, a été vite rendu caduque par la décision du Conseil constitutionnel. Avec humilité, l’ eminent penseur s’est prêté, une seconde fois, à notre jeu de questions/ réponses pour reprendre toute l’interview..
Kirinapost : Avant l’annulation du décret du président Sall par le Conseil constitutionnel, presque tout le monde chez nous comme à l’étranger se posait la même question : où va le Sénégal ? Quel est votre regard sur les années Macky ?
Boubacar Boris Diop (BBD:)L’inquiétude était en effet palpable et j’ai personnellement l’impression qu’après cette crise plus rien ne sera comme avant. Ces douze années de Macky Sall au pouvoir, surtout les quatre dernières, ça a en quelque sorte été le temps des « premières fois » négatives. L’annulation hier par le Conseil constitutionnel du décret du président de la République est elle aussi une première mais dans le bon sens. Ici on n’est plus dans la politique mais dans l’histoire et le peuple sénégalais l’a bien compris. Aussi étrange que cela puisse paraître, il faut remonter à cette histoire de viol pour comprendre ce qui nous arrive en ce moment. L’accusation contre Sonko était censée l’affaiblir voire ruiner à jamais son ambition présidentielle, elle en a fait au contraire une figure majeure, absolument incontournable. La haine contre cet homme et la volonté de l’éliminer coûte que coûte sont à l’origine de cette crise. Pour le président Sall, désormais totalement dépourvu de marge de manœuvre, surveillé par le monde entier et sans doute bientôt lâché par ses partisans, c’est la descente aux enfers qui commence.
Kirinapost :À l’époque vous avez déclaré dans la presse que la tournure désastreuse que prenait l’affaire Adji Sarr ne laissait plus le choix à Macky Sall, qu’il serait tôt ou tard obligé de renoncer à ses velléités de troisième candidature…
BBD :C’est déjà vieux, tout cela. Il est clair que Macky Sall ne voulait pas lâcher le pouvoir. Sur ses douze années à la tête de l’Etat sénégalais, il en a consacré la moitié à élaborer des scénarios pour ne pas rendre les clefs du palais à son successeur le 2 avril 2024. Mais après les événements de juin 2021, qui ont eu un tel écho au-delà de nos frontières, il était quasi impossible qu’il reprenne la main.
Kirinapost : Pourquoi a-t-il pris le risque d’annuler le scrutin du 25 février ?
BBD : Je crois que c’est simple : le président Sall, qui s’est tout permis depuis le début de cette crise sans subir les conséquences de ses actes, a fini par perdre tout sens du danger. C’est une possibilité. Ça n’est pas rien le blocus d’une région entière, la fermeture sans la moindre explication de l’université de Dakar, le mépris de décisions de justice dûment notifiées, la dissolution sous de vagues prétextes d’un important parti d’opposition puis de la CENA. Et que dire des milliers de militants innocents jetés presque distraitement en prison ? On ne parle même pas de la manière dont il a mobilisé l’appareil d’état, en particulier la justice, contre un seul homme dont le domicile a été placé sous blocus pendant près de deux mois. Et s’il est vrai qu’il y a quelques mystérieux cadavres dans les placards de notre belle démocratie, c’est bien la première fois que deux de nos concitoyens, en l’occurrence Didier Badji et Fulbert Sambou disparaissent purement et simplement dans des circonstances faisant soupçonner des exécutions extra-judiciaires. De si graves atteintes aux droits humains ont à peine entaché sa réputation de démocrate et il a dû se dire que même la décision gravissime de reporter l’élection pourrait passer d’une façon ou d’une autre, même s’il se doutait un peu que ça ne serait pas facile. Il s’est peut-être aussi un peu perdu dans ses petits calculs politiciens. Des choses du genre : « L’appui du PDS m’est acquis et je pourrai aussi compter sur la neutralité bienveillante de tous les candidats recalés au parrainage, cela a fait du beau monde quand même. » Macky et certains cercles du régime n’ont sans doute pas exclu que Sonko, présenté par eux comme un grand narcissique, sauterait sur cette occasion d’une remise à plat pour écarter Diomaye Faye et devenir lui-même candidat. À l’arrivée, Macky Sall doit bien admettre qu’il s’est complètement fourvoyé.
Kirinapost : Et maintenant... ?
BBD: Paradoxalement, c’est parce que la défaite du régime semble si totale qu’il ne faut rien exclure. Il s’est passé trop de choses que personne n’aurait osé imaginer et cette fois-ci aussi la tentation de jouer le tout pour le tout peut déboucher sur une situation inédite. Le président vient de réagir positivement dans un communiqué mais va-t-il demander à ses troupes d’accepter leur défaite et d’arrêter de pinailler sur des détails ? On saura dans quelques heures s’il encourage en sous-main ce jeu puéril des interprétations fantaisistes ou s’il a décidé de siffler la fin de la récréation. Félicitons-nous pour l’instant de ce qui est arrivé puisqu’au final c’est surtout une victoire de notre peuple. Comme l’a si justement rappelé le professeur Mamadou Diouf, les Sénégalais tiennent par-dessus tout au respect de leur Constitution pourtant si souvent malmenée. Macky Sall a également sous-estimé ce que je peux appeler le poids symbolique du Sénégal sur la scène internationale. Il y a en effet lieu de se demander pourquoi tout ce qui arrive dans notre pays si insignifiant à bien des égards, suscite toujours un intérêt soutenu de la presse internationale. Notre diaspora, souvent bien intégrée partout où elle se trouve, y est pour beaucoup mais il y a sans doute plus que cela.
Kirinapost : Vous avez uns fois reproché à Macky Sall de n’avoir pas le sens de l’histoire. Pouvez-vous revenir sur ce jugement ?
BBD: Les événements les plus récents montrent qu’il n’a jamais pris la mesure de la dimension historique de sa fonction de chef d’Etat. Je me souviens de ce passage du film d’Ousmane William Mbaye où Assane Seck rapporte avoir amicalement alerté Senghor quant à certaines brimades mesquines contre Cheikh Anta Diop en lui disant : « Sédar, si tu ne fais rien pour mettre un terme à cela, l’histoire le retiendra un jour contre toi… » Senghor a compris sur-le-champ mais je doute que cela aurait été le cas avec Macky Sall.
Kirinapost : Commentvousl’expliquez–vous?
BBD On peut dire aujourd’hui tout ce qu’on veut contre Senghor, l’accuser par exemple d’avoir été un suppôt zélé de la Françafrique mais personne ne lui reprochera d’avoir eu un horizon intellectuel limité. C’est en fait de cela qu’il s’agit. L’auteur d’Hosties noires était certes francophile mais ne se serait jamais vanté des « desserts » réservés aux Sénégalais dans les casernes coloniales. Peut-on imaginer, de la part d’un président de la République, une lecture plus déficiente de notre passé ?
Kirinapost : Que peut-il se passer le 2 avril ?
BBD : Depuis l’arrêt de la Cour constitutionnelle, Macky Sall est plus seul que jamais. Des membres de son gouvernement s’étaient déjà publiquement démarqués de sa décision de reporter le scrutin du 25 février et continuent à siéger en conseil des ministres, ce qui montre qu’il ne maîtrise plus ses troupes. Même l’église et le patronat ont dénoncé l’illégalité de cette mesure tout comme de nombreuses centrales syndicales. Je me suis d’ailleurs demandé si Macky, cerné de toutes parts, n’en était pas arrivé à souhaiter ce désaveu qui lui permet de sauver un tout petit peu la face. Mais peut-être ce raisonnement est-il trop tortueux… Pour le 2 avril, on en est réduit à espérer une passation de pouvoir normale même si, comme on dit, mbir mi ñaaw na ba noppi, le mal est déjà fait. Il est possible que les Sénégalais oublient vite la parenthèse peu glorieuse du passage de Macky Sall au pouvoir mais peut-être aussi sera-t-il le premier de leurs présidents à qui ils demanderont de rendre des comptes devant la justice. Il s’en trouvera sûrement pour l’exiger car ce qui se passe depuis quatre ans est beaucoup trop grave.
Cela dit, les jours passent vite et il devient de plus en plus difficile de tenir la date du 25 février. On peut être contraint à un report d’une semaine ou deux pour pouvoir tenir le scrutin en mars, en tout cas avant le 2 avril. Le Conseil constitutionnel, en phase dans cette histoire avec la volonté populaire, tient au respect de cette date symbolique.
Kirinapost :Et les recalés du parrainage ?
BBD : J’ai un grand respect pour certains d’entre eux, il en est même un dont j’ai jugé les propos d’avant-campagne tout à fait rationnels et intéressants, mais je pense que ce serait dangereux pour nos institutions de faire le moindre pas en arrière. Le Conseil constitutionnel n’est pas infaillible comme l’a montré l’affaire Wardini mais ce serait bien léger de tout remettre en cause sur la base d’une telle erreur. On peut aussi redouter qu’on nous exhibe au cours des semaines à venir la fausse ou vraie double nationalité de tel ou tel candidat autorisé à se présenter. Wait and see.
KirinapostEtKarimWade ?
BBD: Avant tout, est-ce bien normal qu’il ne se soit même pas dérangé pour défendre sa candidature ? Il est établi qu’il avait encore la nationalité française lorsqu’il a déposé sa candidature, son exclusion est donc tout à fait logique, il n’y a pas lieu d’épiloguer sur le sujet.
Kirinapost :Ledialogue national auquel a convié Macky Sall suscite beaucoup de commentaires. Qu’en pensez-vous ?
BBD: Rien de nouveau sous le soleil, est-on tenté de dire. On avait conçu ce dialogue national comme un moyen de noyer le viol de la Constitution dans un océan de paroles lénifiantes. C’est raté. Les Sénégalais sont déjà passés à autre chose.
Kirinapost : Cette fois-ci deux anciens chefs d’Etat ont cherché à peser de tout leur poids dans le débat…
BBD: Ne serait-il pas plus juste de dire un chef d’Etat et demi ? Wade est intervenu dans cette affaire en leader de parti et peut-être surtout, ce qui est tout de même assez pathétique, en père de famille. Diouf a pu être abusé, comme le montre sa mise au point qui a eu au finish un effet très positif. Malgré tout, on ne saura peut-être jamais pourquoi il a choisi une si mauvaise occasion pour sortir de plus de vingt ans de réserve. Je trouve que le silence lui allait bien, finalement, il y avait là-dedans une certaine dignité. Je dois avouer que j’en suis venu au fil des ans à nourrir une grande admiration pour Abdou Diouf. Certes, on ne peut pas rester innocemment à la tête d’un pays aussi compliqué que le Sénégal pendant des décennies, il y a bien évidemment des zones d’ombre de son passage au pouvoir mais avec la sérénité que donne le recul, je vois en lui un homme de bonne volonté, qui a fait de son mieux dans un contexte économique et social particulièrement explosif. Rien à voir assurément avec ses successeurs.
Kirinapost : Vous avez dit au début de cet entretien que la défaite du régime semble totale. On peut s’en féliciter mais certains points ne devraient-ils pas inciter à une réflexion approfondie ?
BBD: Très certainement. Quitte à rouvrir un dossier déjà bien oublié, il faut hélas reparler de l’affaire Adji Sarr. Tous ceux qui ont soutenu Macky Sall, de manière sournoise ou ouverte, tout au long de cet épisode, lui ont permis de tester des méthodes de gouvernement de plus en plus brutales et autoritaires. C’était étrange de demander à un homme traqué sur la base d’une accusation stupide, de déférer tête baissée aux injonctions d’une justice haineuse. S’il l’avait fait, Sonko serait aujourd’hui dans cette sorte de lent coma politique frappant certains leaders qui avaient au départ la même envergure que lui et le pays lui-même serait peut-être en campagne électorale avec des méga-meetings – pourquoi pas ? – du candidat Macky. En voyant qu’on lui permettait tout dans cette histoire, Macky Sall n’a plus su où s’arrêter, et c’est ainsi qu’il en est venu à déshonorer notre pays. Peut-être dois-je ajouter ici, pour mieux être compris, que je ne suis ni de près ni de loin lié au parti de Sonko et qu’à vrai dire, j’ai même de grosses réserves sur certains aspects de leur programme. J’ai vu pas mal de mes amis se laisser divertir par des accusations méchantes et finalement bien courtes – violeur, arrogant, rebelle etc.- alors que des questions bien plus importantes attendaient d’être débattues. L’autre sujet qui mériterait que l’on s’y arrête, c’est l’extraordinaire implication des Américains dans la dernière phase de la crise. Il me semble que six communiqués sont tombés de Washington en moins d’une semaine après le nouveau décret du président Sall. Cela a été d’un immense secours, car sans eux Macky Sall aurait continué à dérouler son agenda. Mais tout en les remerciant de ce coup de pouce décisif, il faut bien s’interroger sur cette sorte de coup de foudre spectaculaire des Américains pour notre pays. Je suis trop mal informé pour proposer une lecture de ce fait politique tout de même assez lourd mais il est clair que les intérêts de notre peuple ne sauraient se confondre avec ceux de l’Amérique ou de toute autre puissance impérialiste. J’observe d’ailleurs que les forces vives du Sénégal se tiennent, curieusement, à bonne distance du mouvement général d’émancipation ayant abouti en Afrique de l’Ouest francophone à la création de l’Alliance des États du Sahel, une mise en cause de la domination française qui se traduira très vite par la disparition, entre autres vestiges de la Françafrique, du franc CFA. Mais ça, c’est une autre histoire, qui pourrait du reste nous rattraper plus tôt que nous ne pensons…
par Aty Kilajaaxal
SËRIÑ MUNTAXA, PAR DEVOIR DE VÉRITÉ
Les Khalifes n’ont aucune obligation de résultat sur la marche politique de la République. L’exigence dont font montre leurs détracteurs s devrait plutôt être réservée aux politiques
Kuy mer di wax sa ayib, buy bég di wax lu la saf lo xam ni lii gëmu ko.
Ku bég ci yaw ni la yaa gën ñépp, saa su meree ci yaw, ni ñéppa la gën wax say ayib wane ko.
SMJ
Dans ce tohu -bohu généralisé, il me parait nécessaire de nous arrêter un instant pour pouvoir situer les responsabilités. Dans notre guerre avec le tyran qui loge au Palais, on mélange les pédales, tire sur tout ce qui bouge, se trompe souvent d’adversaires et finit par se tirer dessus.
J’entends souvent dire que les khalifes devraient se prononcer publiquement sur la situation du pays. Qu’on ne les entend jamais si la population est terrorisée et martyrisée. Que les khalifes ne sont là que pour servir leurs propres intérêts, etc.
Et rappelle ; car le rappel profite aux croyants. (51:55) –
Par devoir de vérité, je ne peux laisser de tels jugements prospérer. Parce qu’entre 2020 et 2024, s’il y a une personne qui a brillé par son patriotisme, son sens de responsabilité, par son leadership hors pair, par son amour pour le pays, c’est un guide religieux, désigné comme étant le véritable père de la nation, le guide et Khalife général des mourides, Seriñ Muntaxa Mbacké. Je vais tenter de revenir ici sur quelques-unes de ses différentes actions et déclarations qui montrent l’inlassable apôtre de la paix qu’il est mais aussi de son inappétence des choses mondaines. En Janvier 2018, il vient d’être khalife et déclare :
«Je n’ai temps à rien et je ne cherche rien de particulier. Je ne cherche que l’agrément de Dieu et la bénédiction de Serigne Touba. Je ne respire que pour lui. Je tâcherai néanmoins d’avoir d’excellentes relations avec tout le monde, tant que c’est possible. Je donnerai à tout le monde le respect qui sied à son rang, tous, sans exception ! J’ai agi ainsi jusqu’à aujourd’hui et je ne changerai pas de démarche. Mais ayez tous en tête que mon unique préoccupation c’est Serigne Touba et comment le servir dans le sentier de Dieu»
Dès sa première prise de parole publique en tant que Khalife, devant tous les dignitaires mourides, il montre clairement la direction qu’il compte prendre. Il s’est fixé un but et rien ni personne ne pourra le détourner de cet objectif.
Sëriñ Muntaxa a manifesté à plusieurs reprises son désamour des choses politiques (la politique telle qu’elle est pratiquée au Sénégal). On se souvient tous de son conseil à maitre Madicke Niang “Aimer Serigne Touba, d’un amour sincère a plus de valeur que détenir tous les pouvoirs et tout l’or de ce bas monde.” Me Madicke Niang arrêtera sa carrière politique après cette audience avec le khalife.
Le 10 juin 2023, devant les baye fall qu’il reçoit pour leur confier la sauvegarde de la sacralité de Touba, il déclare : “Ce qui me fait le plus mal et que j’aimerais bannir totalement de Touba, c’est la politique.” Quitte à déplacer les lieux de vote à Mbacké, mais je ne veux plus d’évènement politique ici à Touba. Il ira même plus loin en déclarant, par l’entremise de son porte-parole Serigne Bass Abdou Khadre, en octobre 2023, qu’il aimerait prendre une pause des hommes politiques. Quiconque vient en tant que talibé pour des bénédictions, il sera le bienvenu mais qu’on l’épargne de la politique politicienne.
Sëriñ Muntaxa un avant-gardiste
Sëriñ Muntaxa n’a pas attendu que le pays soit à feu et à sang pour parler et s’adresser à ses talibés, à ses frères musulmans vivant dans le pays et à tout être qui aime le bien. Allons réécouter sa déclaration faite le jour de la korite en avril 2023 dans laquelle il interpelle tous les chefs religieux et frères en islam du pays en ces termes: “A tous les chefs religieux de ce pays, si nous faisons l’effort d’être des musulmans, de vrais musulmans, d’être des talibés, de vivre l’islam dans sa plénitude, si nous sommes plus unis et si nous restons soudés, si nous le faisons, nous aurons la paix, cette paix tant convoitée dans le monde entier. Par cette voie, nous aurons tout ce que nous désirons dans ce pays ”. Ce discours est d’une richesse et d’une profondeur sans égale. Un appel à la paix, une demande d’introspection et un retour aux fondements de l’islam.
Tabaski 2023, Sëriñ Muntaxa s'adresse aux jeunes, à leurs parents, à tous ceux qui suivent ses recommandations résidant à Touba et partout ailleurs dans le pays. Il dit aux jeunes de réaliser la chance qu’ils ont d’habiter avec Serigne Touba. Il leur rappelle le rôle qu’ils devraient jouer dans la préservation des acquis et la défense de la sacralité de Touba. Les exhorte dans l’éducation, leur demande de rester dans le droit chemin (ihdina siratal mustakhim) et de savoir qu’ils sont l’avenir de ce pays. S’ils agissent ainsi, ils auront la félicité dans ce bas monde et dans l’au-delà.
Aux parents, il demande de s’investir davantage dans l’éducation et la formation des jeunes. « Je sais que vous vous y attelés mais j’aimerais juste que vous redoubliez d’effort. Incitez les au travail car seul cela leur sera bénéfique ». Aux habitants de Touba, il dit : « si vous vous suffisez de Serigne Touba, vous aurez tout ce que vous désirez. Quant à ceux qui viennent ici pour se recueillir, qu’ils se contentent d’avoir la bénédiction de Serigne Touba et que cela leur suffisse »
Aujourd’hui, quand on voit ce qui se passe dans le pays et notamment à Touba, on se rend compte de la raison pour laquelle il a insisté, lors de plusieurs discours, sur la nécessité de préserver la sacralité de Touba. De la raison pour laquelle il a confié ce travail (Samm Wormaay Touba) aux Baye Fall.
Le 10 juin 2023, recevant ces derniers pour le ndigal (recommandation de veiller à la sacralité de Touba). Il recommande en même temps au daara Hizbu Tarkhiyah de psalmodier tous les matins le qasida Matlabul Fawzeyni. Sëriñ Muntaxa explique que ce qasida est plus efficace que les forteresses des grands royaumes d’antan. Que chaque talibé, s’il le peut, le lise tous les jours ou une fois par semaine. (Serigne Bi, Du Maggu Xamoon Naa Ko)
Rappelons quelques-unes de ses actions entre 2020 et 2024
Rappelle, donc, où le Rappel doit être utile. (87 : 9)
Sëriñ Muntaxa Mbacké sur le plan social et politique
En janvier 2020, il donne 10 millions pour indemniser les impactés suite à la démolition du stade Olympique de Mbacké ;
En mars 2020, il est le premier Sénégalais, bien avant l’Etat, à remettre 200 millions au gouvernement pour lutter contre la Covid-19. Il donnera par la suite 70 autres millions au gouvernement sénégalais dans le même cadre de la lutte contre la Covid-19 ;
Septembre 2020, il remet 26 millions aux familles des victimes de l’immigration clandestine ;
En novembre 2020, il remet 100 millions aux commerçants du marché Ocass, victimes d’un incendie ;
Durant tout le confinement entre 2020 et 2021, Sëriñ Muntaxa se charge de donner des vivres aux confinés, sinistrés et daara de Touba. Plusieurs millions et des tonnes de vivre seront distribués par le daara hizbu tarkhiyah et le daara Touba ci kanam à la population de Touba ;
De juin à décembre 2021, il fait préparer des repas copieux pour les maladies et médecins des hôpitaux de Dakar ;
En mars 2021, alors qu’il y a plus de 20 morts dans les manifestations et plusieurs arrestations, il envoie une délégation pour demander à l’Opposition de sursoir à leurs rassemblements – il interpelle le président de la République et lui demande de libérer les manifestants arrêtés (certaines langues de vipère diront qu'il voulait sauver le président, mais pas ramener la paix et la stabilité dans le pays) ;
En mars 2021, il envoie Serigne Youssou Diop et lui remet une enveloppe de 50 millions à distribuer aux familles qui ont perdu un membre ou ont enregistré un blessé ;
En aout 2021, il remet 50 millions aux sinistrés des inondations à Touba ;
En septembre 2021, il remet 30 millions à Touba ca kanam pour l'opération wallu suite aux inondations ;
En octobre 2021, toujours pour venir en aide aux sinistrés et aux daara de Touba et du reste du pays, il donne plus de 100 millions et 150 tonnes de riz au Daara hizbu tarkhiyah pour qu’il les distribue ;
Janvier 2023, suite à un grave accident survenu à Kaffrine, il remet 40 millions aux familles des victimes ;
Mai 2023, il envoie son porte-parole, Serigne Bass Abdou Khadre, et Serigne Youssou Diop, le Jëwriñ du Daara Hizbu Tarkhiyah, au Palais de la République pour remettre au président son discours de korite sur la paix, la tolérance et la cohésion sociale ;
Juin 2023, Sëriñ Muntaxa reçoit en privé le président Macky Sall pour s’entretenir avec lui notamment sur le troisième mandat ;
Juillet 2023, le président déclare qu’il ne se présentera pas aux élections ;
Janvier 2024, suite à un accident survenu sur la route de Poroxaan, il offre 10 millions aux familles des victimes ;
Sans omettre l’argent qu’il envoie tout le temps dans les prisons pour venir en aide aux prisonniers
Sëriñ Muntaxa et l’éducation
6 février 2023, Sëriñ Muntaxa inaugure le complexe universitaire Cheikh Ahmadou Khadim de Touba pour l’éducation et la formation des sénégalais. Construit à hauteur de 37 milliards plus de 2000 étudiants âgés de 6 à 30 ans ou plus y étudient. Les apprenants et les professeurs sont entièrement pris en charge par , Sëriñ Muntaxa Mbacké Khalife General des mourides. (On rappelle juste que pendant ce temps, la plus grande université du pays est fermée pour des raisons politiques) ;
Sëriñ Muntaxa a sous son tutelle plusieurs Daara notamment à Typ, le daaru Tanzil et celui de Poroxaan pour ne citer que ceux-là.
Ses relations avec les familles religieuses
Septembre 2020, il remet 100 millions pour les travaux de rénovation de la mosquée de Tivavouane ;
Avril 2023, il donne 30 millions pour les grands travaux de Medina Baye ;
En Septembre 2023, le Khalife de Thianaba, Serigne Assane Seck, dit publiquement lors du Gamou que Sëriñ Muntaxa lui a envoyé 4 tonnes de vivre et 4 millions quand il venait juste d’être khalife. Il continue en disant qu’à chaque évènement religieux, Sëriñ Muntaxa fait la même chose. Et toutes les familles religieuses du pays peuvent faire le même témoignage
Ses relations avec les pays frères musulmans du monde
En Février 2023, il remet 100 millions à la Turquie après le séisme qui avait fait plusieurs morts ;
En septembre 2023, après le séisme au Maroc, Sëriñ Muntaxa remet 100 millions au Royaume marocain. Ces gestes, au-delà de la consolidation des liens fraternels entre frères musulmans, renforcent les relations diplomatiques de ces pays avec le Sénégal.
Malgré tout cela, certains osent le clouer au pilori pour des raisons purement politiques. “Serigne bi dafa wara wax’’. Ces déclarations publiques que vous attendez et exigez des religieux, si ce n'est pas de la haine doublée d’indiscipline, si ce n’est pour satisfaire vos égos surdimensionnés, je ne vois pas d’autres raisons. Tout ce que l’on ne peut obtenir par la bienséance, faire des appels publics n’y changerait rien. A moins que cela soit du voyeurisme pour le grand public. Sëriñ Muntaxa est un homme de Dieu qui n’agit que pour avoir Sa grâce.
Les Khalifes n’ont aucune obligation de résultat sur la marche politique de la République. L’exigence dont font montre leurs détracteurs s devrait plutôt être réservée aux politiques, président de la République, ministres, députés, au médiateur de la République (une institution que nos maigres francs financent à coup de milliards et qui ne sert absolument à rien du tout).
Bref, j’ai encore plein de choses à dire sur Sëriñ Muntaxa Mbacké, le gardien du temple de l’islam, l’homme multidimensionnel, sur ses remerciements au président lors du dernier màggal mais j’y reviendrai certainement une autre fois.
Sëriñ Muntaxa n’a cessé de se soucier des problèmes du pays et au-delà même. Il reste à ce jour le seul khalife général d’une confrérie qui, cinq jours sur sept, reçoit les Sénégalais pour des bénédictions, pour accueillir leurs doléances et satisfaire leurs besoins. Mbacké Jerejef.
Li fi xew mooy, xeeb ku la gën, yabb ku la mën. Waaye Mbacke yow doxalal. Waxoon nga bu yagg ne: “Ku Dem Ma Dem, Ku Demul Ma Dem” Yobaale nu.
L'ENQUÊTE PARLEMENTAIRE SUR L'ÉVICTION DE KARIM WADE REFERMÉE
Les députés ont décidé de tirer leur révérence au profit d'une investigation désormais menée par le ministère public
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 17/02/2024
La commission d'enquête parlementaire chargée d'éclaircir les conditions de l'élimination de Karim Meïssa Wade et autres de la liste des candidats à l'élection présidentielle du 25 février 2024 a mis fin à ses travaux.
Cette décision fait suite à une saisine du Garde des Sceaux, ministre de la Justice au président de l'Assemblée nationale concernant l'ouverture d'une information judiciaire sur cette même affaire. Selon l'article 48 du règlement intérieur de l'Assemblée nationale, "si une commission a déjà été créée, sa mission prend fin dès l'ouverture d'une information judiciaire relative aux faits qui ont motivé sa création".
Mise sur pied en janvier 2024 par résolution n° 01/2024, la commission d'enquête parlementaire avait pour objectif "d'éclaircir les conditions de l'élimination de Monsieur Karim Meïssa Wade et autres de la liste des candidats à l'élection présidentielle du 25 février".
Son président, Abdou Mbow, a pris acte de la saisine judiciaire et déclaré dans un communiqué que "le bureau et l'ensemble des membres de la commission saluent la volonté de transparence ainsi manifestée de part et d'autre et réitèrent leur foi en la justice sénégalaise".
Avec l'ouverture de cette information judiciaire, c'est donc désormais la Justice qui sera chargée de faire la lumière sur cette affaire politique très médiatisée.
MACKY SALL APPELÉ À PRENDRE SES RESPONSABILITÉS
Felwine Sarr formule l'espoir que le président "laissera un pays gouvernable", insistant sur une reprise rapide du processus électoral. Il invite les Sénégalais à tirer les leçons de cette crise pour réformer le système hyperprésidentiel
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 17/02/2024
L'intellectuel sénégalais Felwine Sarr s'est entretenu avec le magazine Jeune Afrique au sujet de la crise politique que traverse actuellement le Sénégal. Dans cette longue interview, publiée ce 17 février 2024, Sarr dénonce fermement la tentative de report des élections présidentielles voulue par le président Macky Sall et son camp, et analyse les raisons profondes de cette dérive antidémocratique.
Sarr accueille avec soulagement la décision du Conseil constitutionnel d'annuler le report au 15 décembre, estimant que "c'est une victoire (...) si chacun prend ses responsabilités". Cependant, il souligne que le processus électoral doit rapidement reprendre son cours normal afin d'élire un nouveau président avant le 2 avril, date de fin du mandat de Macky Sall. Selon plusieurs juristes qu'il a consultés, le premier tour pourrait se tenir avant le 10 mars.
Pour Sarr, les Sénégalais sont prêts à voter malgré les turbulences, rappelant que les équipes de campagne étaient déjà en place et que l'administration sénégalaise est rodée à l'organisation des scrutins. Il qualifie la décision du Conseil constitutionnel de "désaveu" pour Macky Sall et les anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade qui l'avaient soutenu.
Sarr déplore qu'on en soit arrivé à cette "agression antidémocratique" alors que le Sénégal avait connu jusqu'ici des élections régulières et des alternances pacifiques. Il analyse les raisons structurelles de cette dérive, pointant du doigt l'"hyperprésidentialisme" hérité de la constitution de 1963. Selon lui, Macky Sall n'a jamais souhaité affronter ses adversaires dans les urnes, écartant de la compétition électorale Khalifa Sall et Karim Wade notamment.
Sarr dénonce le "plan de liquidation de la démocratie sénégalaise" mis en place depuis 2012 par le régime, entre affaiblissement des contre-pouvoirs, restrictions des libertés et instrumentalisation de la justice contre les opposants. Il estime que l'alliance entre le camp présidentiel et le PDS n'avait d'autre but que de barrer la route au candidat de Pastef, Bassirou Diomaye Faye.
Felwine Sarr formule l'espoir que Macky Sall "laissera un pays gouvernable" et invite les Sénégalais à tirer les leçons de cette crise pour réformer en profondeur le système hyperprésidentiel. Selon lui, la nécessité est de rééquilibrer les pouvoirs et d'éviter qu'un seul homme ne puisse plus mettre en péril la démocratie sénégalaise.
LA CONSTITUTION DOIT PRÉVALOIR
Sursaut citoyen et Demain Sénégal appellent à la mobilisation pour contraindre l'Exécutif à respecter la décision du Conseil constitutionnel, notamment en poursuivant le processus électoral et en organisant le scrutin avant le 2 avril
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué conjoint des organisations citoyennes Sursaut citoyen et Demain Sénégal daté du 16 février 2024, à propos de l'invalidation du report de la présidentielle par la Cour constitutionnelle.
"Le Conseil Constitutionnel (CC), par Décision n° 1/C/2024, a déclaré inconstitutionnelle la loi n° 4/2024 portant dérogation aux dispositions de la Constitution. Il a, du même coup, annulé le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 du président de la République qui avait interrompu le processus électoral. Ces deux textes devaient avoir pour conséquence de reporter les élections du 25 février au 15 décembre 2024 et de prolonger le mandat présidentiel au-delà de sa limite légale.
Sursaut citoyen et Demain Sénégal se félicitent de cette décision, produit de la lutte de l’ensemble du peuple sénégalais.
Sursaut citoyen et Demain Sénégal prennent acte du communiqué de la présidence de la République daté de ce jour tout en indiquant que nous considérons qu’il revient à l’Exécutif d’appliquer effectivement la décision du CC sans tenter la moindre manœuvre politicienne même si nous reconnaissons la nécessité d’une concertation administrative et technique pour la reprise immédiate du processus électoral.
Afin de garantir le respect par l’Exécutif de la décision du CC, Sursaut citoyen et Demain Sénégal invitent l’ensemble des forces vives de la Nation (organisations citoyennes et de la société civile, syndicats et patronats, autorités religieuses, partis politiques, etc.) à fédérer leurs forces pour se préparer à cette nouvelle étape de la lutte du peuple pour la sauvegarde de la Constitution, de la démocratie et de l’État de droit, seul gage d’une paix durable.
D’ici au 2 avril 2024, Sursaut citoyen et Demain Sénégal appellent à focaliser les mots d’ordre de mobilisation et de combat sur l’objectif de cette étape : faire appliquer fidèlement par l’Exécutif la décision du CC. Cette exigence signifie que nous devons créer le rapport de forces obligeant l’Exécutif à :
Poursuivre le processus électoral illégalement interrompu ;
Organiser l’élection présidentielle avant le 2 avril 2024.