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4 mai 2025
Economie
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MESURES POLITIQUES TOTALITAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le confinement ne doit écraser le droit à la santé pour des patients - La crise du Coronavirus ne doit pas être utilisée comme un tremplin pour se défaire de l'étreinte de l'endettement - ENTRETIEN AVEC SERIGNE FALLOU DIENG
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 13/04/2020
Serigne Fallou Dieng, président du cercle des marabouts soufis, dénonce les méfaits des mesures gouvernementales qui écrasent le droit à la santé des patients. Deux patients souffrant d’autres pathologies sont décédés faute d’obtenir une autorisation de déplacement sur Dakar. Il déclare aussi qu’il n'est pas normal que la crise du coronavirus soit utilisée par le président Macky Sall comme un tremplin pour se tirer d'affaire et s’assujettir de l'étreinte de sa course folle aux endettements.
Comment analysez les mesures d’état d’urgence assorties de couvre-feu prises par l’Etat pour gérer la crise sanitaire ?
Quand la société est menacée et que l'État prend des mesures d’urgence, l’immense majorité des populations comprend la nécessité de la chose, consent à des sacrifices, fait ce que dit le gouvernement et se soumet aux impératifs du bon sens et de la raison. C'est pour cela que nous encourageons les mesures du confinement qui sont en en vigueur, ceci en guise de couper la chaîne de transmission rapide de l'épidémie. Donc nous sommes favorables aux mesures de quarantaine quand celle-ci retrouvent l'essentiel. Autrement dit, quand elles préservent des vies, endiguent la forte contagiosité et faire en sorte que le taux de létalité n'explose et que les services de réanimation ne soient pas en surchauffe.
Le Sénégal s’est ainsi résigné à vivre cloîtré, mais le peuple peine à prendre ses largesses avec le dogmatisme de l'establishment médical, pétri d'injonction contradictoire, naviguant au gré du vent médiatique, en dehors de tout consensus scientifique. Oui que la parole des médecins ait aujourd’hui la préséance, on le comprend bien. Mais elle ne saurait être quand-même celle qui soit exclusive. Les mesures barrières doivent être renforcées par la présence du "matériel barrage". Ceci est d'autant plus vrai que, les masques, premier équipement de protection de la pandémie ainsi que les dépistages à grande échelle deviennent le curseur raisonnable de toute analyse de riposte. Cela a permis à l'Allemagne d'enregistrer de meilleurs résultats et en Corée du Sud, Taïwan et Singapour d'en sortir avec brio. Mais force est reconnaître que la ville sainte de Touba est martyrisée par l'isolement et que sa population souffre et vivote. Celle-ci ne saurait nullement les boucs-émissaires de l'impéritie gouvernementale et de la corruption des ventes d'autorisation par certains de ses agents territoriaux. Trop c'est trop ! Le confinement ne doit écraser le droit à la santé pour des patients qui doivent se rendre à Dakar aux fins des examens médicaux.
1000 milliards ont été débloqués par le chef de l’Etat pour venir en aide aux ménages et entreprises nécessiteux. Comment appréciez-vous une telle initiative ?
Quand j'écoutais le discours du président j'étais très ému, émerveillé d'un discours fort empreint d'humilité et d'humanité mais aussi plein d’accents sociaux et de la solennité républicaine marqueurs sémantiques d'une profonde conscience sur la dimension de la souffrance des Sénégalais. Seulement mon enthousiasme est vite désenchanté avec la modicité de l'enveloppe 69 milliards destinées à secourir les ménages sociaux. Une assistance sociale qui n'en est pas une, l'Etat a ainsi laissé au bord du chemin, les couches pauvres et démunies. Il n'est pas normal que la crise du Coronavirus soit utilisée par le président Macky Sall comme un tremplin pour se tirer d'affaire et s’assujettir de l'étreinte de sa course folle aux endettements, c'est-à-dire utiliser l'élan unitaire comme un moyen politique de sortie de la bulle des dettes extérieures. Cela avec comme cri de ralliement l’annulation des dettes. Le proverbe nous dit que c’est au pied du mur qu’on verra le maçon. Une stratégie de mobilisation et d’inclusion non politicienne doit être mise en œuvre. Ainsi faut-il penser à long terme la réorganisation de nos chaînes de valeur et de production.
Certains chefs religieux et prêcheurs prônent encore l’ouverture des lieux de culte pour lutter contre le Covid-19. N’est-ce pas là un danger ?
Je ne voudrais pas m'étendre sur cette question. Je veux être moins disert et peu expansif. Tout ce que je pourrais vous dire sur ce domaine, c’est qu'une véritable coordination entre confréries se fait toujours désirer au Sénégal. Pas de réelle organisation. Il n'y que des activistes politiciens commensaux. Et que l'activisme sans boussole mène à l'épuisement et aux désillusions. Je m'en arrête là ! Car l’heure n'est pas aux procès ! Le reste, c’est qu’en raison de ce fléau qui touche notre rapport à la foi et au culte, nous sommes tous obligés de vivre le confinement. Qui consacre un étrange moment où il n'y a plus de bain rituel, mais d'offices religieux diffusés sur la communauté virtuelle. Les pratiques religieuses se font dans la maison. Un étrange moment où l'on arrive à la conclusion que les espaces sacrés ne sont plus indispensables à la prière. Un peu partout dans le monde "un geste spirituel et symbolique" tient lieu aux rassemblements des fidèles. Les événements religieux musulmans à l'instar de la Pâque chrétienne et Pessa'h juif ont été toutes célébrés hors lieux de culte hors espaces sacrés.
L’isolement sanitaire ou la mise en quarantaine est, de nos jours, le moyen le plus important pour limiter la propagation des maladies infectieuses. En vertu de ce principe, on doit empêcher toute personne d'entrer dans les lieux où s'est propagé un type d'épidémie ou de se mêler aux gens qui s'y trouvent. Pareillement, on doit empêcher les personnes qui s'y trouvent d'en sortir. Qu'elles soient atteintes ou non par ladite infection. Le Prophète (Paix et Salut sur lui) a clairement expliqué les principes de l'isolement sanitaire à travers plusieurs hadiths. Il a interdit d'entrer ou de sortir des régions touchées par la peste. Il a assimilé quiconque enfreindrait cet ordre au grand péché qui consiste à fuir devant l'ennemi sur le champ de bataille et quiconque ferait preuve de patience dans cette situation bénéficierait de la récompense d'un martyr. Un hadith rapporte : «Si vous apprenez qu'une épidémie ravage une région, ne vous y rendez pas et si vous vous trouvez dans une région frappée par une épidémie, ne la quittez pas.» Et même il est mentionné dans la Bible que le prophète Isaïe l'envisageait déjà au chapitre 26, verset 20 : « Entrez mon peuple dans vos maisons, restez enfermés le temps que la colère passe ! ». Ce verset, le Talmud dans le traité Baba Kama l'interprète ainsi : « quand il y a une épidémie, il faut s'enfermer chez soi. » Ce principe du confinement est un invariant de l'humanité. Ce temps est pour nous celui d'une hiérarchisation nouvelle. Cette crise ne débouchera pas forcément sur un nouveau monde, mais il y aura fatalement une réorganisation. Et les religieux doivent aider à réfléchir à cette résilience. Il faut que nous nous relevions tous ensemble sans haine et sans peur.
Certains optent pour un confinement d’autres pour un dépistage massif ? Selon vous quelle est la bonne formule ?
Ce conformément généralisé relève plus d’une « assignation en résidence surveillée ». En effet, cette privation totale pour tous de nos libertés n'est pas indiquée dans le protocole de lutte contre les épidémies proposé par l'OMS aux Nations. Lequel protocole stipule «dépistage et isolation des malades, soins gratuits pour tous, port du masque, renforcement des mesures d'hygiène pour toute la population». Le président Macky Sall n'a donc pas appliqué une mesure sanitaire, mais une mesure politique totalitaire, celle de l'assignation en résidence surveillée, et l'expérimentation par les instruments médiatiques d'une propagande de masse pour stigmatiser, dénoncer, surveiller, traquer, réprimer, emprisonner les récalcitrants avec l'appui de tous les moyens technologiques et informatiques modernes.
Votre mot de la fin sur la gestion de cette crise ?
Maintenant, il faut mettre un gouvernement de salut public auquel toutes les forces vives doivent se sentir associées. Car l'heure n'est pas aux procès, ni aux polémiques politiciennes. Et c'est au président de la République qu'incombe le devoir de mettre le pays à la hauteur des défis.
AUDIO
OBJECTION AVEC NDEYE FATOU TOURE
L'actuaire directrice du cabinet d'audit et conseil international, Pricewaterhouse coopers, est l'invité de Baye Oumar Guèye
Ndèye Fatou Touré, actuaire directrice du cabinet d'audit et conseil international, Pricewaterhouse coopers, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
par Bado Ndoye
CE QUE LE COVID-19 NOUS DIT DE NOUS-MÊMES
Par ces temps où une inondation pourrait se traduire par une pénurie planétaire de denrées alimentaires, il est difficile de comprendre par exemple que le Sénégal continue de dépendre de la lointaine Thaïlande pour son approvisionnement en riz…
Il y a quelque chose d’indécent à faire des projections sur « l’après covid-19 », si tant est qu’il y en aura un, au moment où chaque pays fait quotidiennement le décompte de ses morts. L’heure est plutôt aux stratégies de survie et à la solidarité, face à un virus qui continue de faire échec à nos connaissances les plus éprouvées. Mais au regard des bouleversements que cette crise sanitaire est en train de produire sous nos yeux, il est peu probable qu’elle n’enfante pas d’un monde nouveau. Ce n’est même pas sûr que le terme de crise soit indiqué pour décrire ce que nous sommes en train de vivre, une crise étant par définition un moment critique que l’on espère surmonter et revenir au statu quo ante. Or il est quasi certain qu’il y aura un avant et un après covid19. Certains analystes y voient d’ailleurs l‘événement qui marque définitivement notre entrée dans le XXI° siècle. Rien qu’au regard de la façon dont le multilatéralisme et le communautarisme (UE, UA etc..) sont allégrement sacrifiés, chaque pays essayant de tirer son épingle du jeu, parfois au mépris des règles les plus élémentaires du droit international, comme en témoigne cette ridicule « guerre des masques » qui voit les Etats-Unis détourner des commandes destinées à l’Allemagne et la France, l’on peut supposer qu’un monde nouveau se profile à l’horizon. Il vaudra mieux l’anticiper pour ne pas avoir à le subir. Evidemment, il ne s’agit pas de faire de la vaine futurologie, mais de tenter de voir la signification de ce qui s’annonce et qui pourrait, demain, dessiner les contours de la nouvelle géopolitique mondiale.
Il est très peu probable toutefois que tout cela mette un terme à la mondialisation comme certains analystes le redoutent, l’interdépendance des économies étant si forte et si bénéfique pour tout le monde qu’il est impensable de revenir en arrière. Il se pourrait cependant que la délocalisation à tout va de certains secteurs de la production industrielle qui a fait la richesse de pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil connaisse un coup d’arrêt, chaque Etat redoutant de devoir à l’avenir dépendre de l’étranger en période de crise. Or, si on y regarde de près, ce qui rend la situation très incertaine, c’est que la notion même de «secteurs stratégiques » n’est plus tout à fait claire. Qui eût pu penser il y a quelques mois qu’un secteur apparemment aussi banal que la confection de masques chirurgicaux ferait l’objet de tant de convoitises de la part d’Etats aussi riches que les Etats-Unis et susciter tant de tensions ? Que désormais tout puisse devenir « stratégique » du jour au lendemain, et donc rare et cher, voilà la nouvelle incertitude avec laquelle nos Etats devront désormais apprendre à vivre. Si la solution pour se mettre à l’abri de telles surprise ne consistera pas à « dé-mondialiser », au moins pensera-t-on à préserver une production nationale pour les secteurs que l’on juge indispensables à la vie quotidienne. Par ces temps de crise écologique exacerbé où une inondation pourrait parfaitement se traduire par une pénurie planétaire de denrées alimentaires, il est difficile de comprendre par exemple que le Sénégal continue de dépendre de la lointaine Thaïlande pour son approvisionnement en riz…La notion de « stock stratégique » que beaucoup de pays pauvres voyaient jusque-là comme un luxe qu’ils ne peuvent se payer deviendra de plus en plus centrale dans les politiques publiques. Bref, il faudrait s’attendre à un retour en force de l‘Etat protecteur et interventionniste, ce dont il faudrait bien entendu se féliciter.
Ce qui donne du poids à cela, c’est qu’il il est quasi certain, au regard des bouleversements de nos écosystèmes, que de nouvelles pandémies, plus fréquentes et peut-être plus meurtrières, surviendront. On le sait, la médecine moderne croyait en avoir fini avec les maladies infectieuses avec l’invention des antibiotiques. Mais voilà qu’elles reviennent en force, sous la forme de zoonoses, c’est-à-dire de pathologies issues de nos interactions avec les animaux. Le Sras, la H1N1, Zika et Ebola ont été des avertissements. Nous n’en n’avons pas tenu compte. Sans doute parce que le mal était plus ou moins lointain, plus ou moins localisé en des endroits bien circonscris de la planète. Le covd-19 nous rappelle que de telles pandémies ne seront plus des événements exceptionnels, et la nouveauté, c’est que désormais c’est par les avions qu’elles se propageront à la terre entière. Et voilà que la notion naguère tant décriée de « village planétaire » acquiert aujourd’hui sa pleine et entière signification. Les Etats qui ne se seront pas préparés à affronter cette nouvelle donne en subiront les contrecoups. Ceux qui auront pris la mesure de ces menaces parce qu’ils ne voudront plus subir le diktat de l’urgence, tenteront de prendre une longueur d’avance sur les mutations en cours, non seulement dans le but de se prémunir, mais surtout en vue de saisir les opportunités qui pourraient éventuellement se présenter ou, simplement, de consolider leur suprématie.
C’est à ces tâches, vastes et difficiles, que nos Etats, et donc l’intelligentsia africaine devraient s’atteler dès à présent, dans un contexte géopolitique mondial où l’Afrique peine toujours à se faire entendre, n’en déplaise à ceux qui nous assurent que nous sommes le continent de l’avenir. A cet égard, les propos racistes de deux chercheurs français sur d’éventuels tests du BCG sur des africains est un rappel à l’ordre qui devrait donner à réfléchir. Au-delà de la colère – légitime – que de tels propos ont soulevée, il importe de voir plus loin et de s’interroger sur le caractère subalterne de notre recherche scientifique. Généralement lorsqu’il s’agit de production de savoirs, le rôle qui revient à l’Afrique est presque toujours celui de « terrain », c’est-à-dire là où l’on va pour faire des tests et/ou amasser des faits empiriques qui seront par la suite dépouillés, affinés, traités et théorisés au Nord. Après soixante ans d’indépendance, nous sommes toujours un appendice de l’Europe en matière de recherche scientifique. C’est elle qui élabore les paradigmes, fixe les protocoles méthodologiques, finance les projets et décide des questions pertinentes, celles qui, précisément, répondent à ses besoins. Dans cet écosystème, les chercheurs africains sont rarement autre chose que de simples informateurs, quel que soit par ailleurs leur talent. C’est en subalternes qu’ils participent à une recherche mondiale qui ne reconnaît leur mérite que lorsqu’ils répondent aux attentes du Nord. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si beaucoup d’universitaires africains restent encore liés aux laboratoires des universités européennes et américaines dans lesquels ils ont fait leur thèse. Cette extraversion de la recherche africaine est le pendant de l’extraversion structurelle de nos économies. Elle en est la traduction épistémique. Le Sénégal a produit suffisamment de masse critique dans la plupart des domaines pour mettre un terme à cette vassalisation épistémique.
Ce moment de crise devrait donc être mis à profit pour (re)penser les conditions de possibilité de la souveraineté scientifique de l’Afrique, c’est-à-dire l’avènement d’une science maîtresse de ses problèmes, ainsi qu’en appelait, déjà dans les années 1970, le philosophe béninois Paulin Hountondji. Une science maitresse de ses problèmes n’est évidemment pas coupée de la recherche mondiale. Elle ne rejette ni la collaboration internationale, ni les crédits des institutions du Nord, ni ne se contente d’une recherche au rabais. Aucun domaine de la science ne devrait lui être étranger, pas même ceux qui semblent à priori très éloignés des préoccupations quotidiennes de l’homme de la rue. Elle devra seulement s’évertuer à se donner le maximum d’autonomie en termes de financements, de recherche fondamentale, de coopération interafricaine et de personnels qualifiés pour pouvoir formuler en toute indépendance des problématiques endogènes, l’enjeu étant de ne plus dépendre de façon exclusive du savoir des autres. Cela passe aussi et surtout par la revalorisation et la démarginalisation de ce qu’il est convenu d’appeler les « savoirs endogènes », ces connaissances millénaires victimes de la violence épistémique des « savoirs experts », non pas en vue de promouvoir je ne sais quelle science alternative dont on ne voit pas d’ailleurs à quoi elle pourrait ressembler, mais plutôt pour ancrer définitivement notre recherche dans nos biotopes, étant entendu qu’aucun savoir ne s’élabore hors sol, « en fauteuil », comme on dit familièrement.
Ce que cette crise nous aura rappelé, c’est que le savoir est devenu l’infrastructure des sociétés modernes. Un dogme têtu du néolibéralisme a poussé beaucoup d’Etats à démanteler leur service public et à réduire drastiquement les dépenses en direction de l’éducation et de la santé, sous le fallacieux prétexte qu’elles ne seraient pas immédiatement rentables. Il faudra espérer que nos Etats prendront la mesure des enjeux de ce moment sanitaire planétaire – la première dans l’histoire de l’humanité – pour repenser les priorités et accorder à la recherche et à l’enseignement la place qui leur revient de droit dans une démocratie moderne.
PAR Pépessou
OUI OUSTAZ, LE RAMADAN SERA REPORTÉ
Le ramadan à la Sénégalaise... Celui fait des "ndoggus" de rue et ses quasi-extorsions de fonds qui l'alimentent, sera remisé aux placards
QUESTIONNEMENT ICONOCLASTE - Mes parents Hal Pulaars en riront ; simple délire de Sérère avant l'heure, apeuré par la perspective des tortures ventrales du ramadan qui pointe son nez à l'horizon ou vrai Oustaz et islamologue, Cheikh Ibrahima Faye diffusé par le site Cmédias TV et relayé par les réseaux sociaux, a fait le buzz cette semaine.
A juste ou erroné titre, il émet une hypothèse simple, mais quelque peu surréaliste. Partant du principe que le coronavirus frappe des personnes qui tombent malades et d'autres qui demeurent saines en apparence et que pour s'en prémunir, il est nécessaire de "boire toutes les deux heures une boisson chaude, puisque les méfaits du corona partent de la gorge" (sic), l'islamologue estime que le ramadan en vue peut être reporté. A condition, précise-t-il, que les médecins indiquent "clairement" et "par écrit" que le jeûne est incompatible avec la période de coronavirus, il vaut mieux alors, par précaution, décaler, du coup, le ramadan. Ah li nexul ?, aurait piaffé Wouly le jeune champion sérère !
Pour fonder sa thèse en droit islamique, le prédicateur rappelle que le bon Dieu "n'a demandé à personne de se suicider". Le Prophète (PSL), ajoute Oustaz Faye, a dit que "l'homme ne doit pas brader sa santé" (c'est ainsi que je traduirais niit du taylé boppam").
Cette sortie d'un Oustaz moins célèbre que les têtes de gondole habituelles pour lancer un débat iconoclaste, est témoin de ce que les médias sociaux ont entrainé comme avancée en matière de pluralisme médiatique. Désormais, parler des choses sérieuses, comme de celles qui le sont moins, n'est plus l'apanage des célébrités. Internet, au risque d'abus déplorables, contribue à déverrouiller l'espace médiatique et ne plus en faire l'affaire de ceux que le sociologue Bourdieu appelait les "fast-thinkers" ou intellectuels médiatiques, professionnels des plateaux et studios de radio ou télé.
Aie aie... je connais des gars, sérères comme hal pulaars, prêts à aller soudoyer, comme on le ferait pour les faux certificats médicaux, des docteurs pour valider la thèse d’Oustaz Faye. Pas seulement pour un report, mais une annulation pure et simple du ramadan 2020 ! Pour eux, cumuler angoisse de coronavirus et faim, ce serait trop ! Ree ba tass (à en mourir de rire !)...
UN PLAN MACKYSHALL - En attendant la fatwa de notre révolutionnaire Oustaz, nous pouvons l'assurer d'une chose au moins par anticipation : le ramadan n'aura pas lieu en 2020. N'allez pas vite en besogne, que vous soyez sérères ou hal pulaars ! Lisez bien la suite, car il y a lieu de préciser de quel jeûne il s'agit. Le ramadan à la Sénégalaise... Celui fait des "ndoggus" de rue et ses quasi-extorsions de fonds qui l'alimentent, sera remisé aux placards.
Le ramadan que l'on ne verra pas cette année, couvre-feu oblige, est aussi celui des séances de ‘’nafilas’’ le soir à la mosquée, bondée de monde, où le trafiquant de chanvre indien du quartier, néo-dévot, côtoie, entre autres fidèles, la rombière du coin, voilée depuis peu, ndeyssan, pour un mois de pénitence dont elle espère tirer réconciliation avec le miséricordieux Seigneur avant de baisser pavillon et retomber dans les deals charnels au bout d'une dizaine de jours d'un épuisant jeûne.
Le ramadan à la Sénégalaise est aussi celui des "conférences religieuses" initiées par des associations de quartier, d'entreprise, d'institution à la pelle et énorme bizness social-religieux, voire même politique parfois. C'est la période la plus adorée par les collègues d’Oustaz Faye avec des prestations qui valent de l'or pour les plus cotés d'entre eux. Oustaz Alioune Sall de la radio Sud FM (un bel exemple de fidélité médiatique !) a la franchise de dire, à qui veut l'entendre, que sa période de bonnes affaires est le ramadan, moment durant lequel il aligne les conférences planifiées, comme pour un artiste, par un manager.
Si les hôteliers et de nombreux autres secteurs économiques ne sont ni dos au feu ni ventre à table en ce moment, les prédicateurs sénégalais devront aussi, peut-être, recevoir leur part du "Plan Mackyshall", le Marshall à la Sénégalaise qui veut protéger le père de famille comme l'employé et l'entreprise. Un énorme défi ! Oui Alioune Sall, Taïb Socé, le sémillant Iran Ndao, le duo Gaye-Aïdara, la bande des orateurs thiessois aux speeches parfois à la limite du religieusement correct (ils aiment trop parler de sexe !), entre nombreux autres, ont bien besoin d'une aide d'urgence. Comme énormément d'autres, malheureusement ! Les sinistrés du coronavirus vont du vendeur de journaux qui se voit rejeter pour cause de soupçon de Covid-19, à l'abbé qui ne reçoit plus l'obole de ses paroissiens le dimanche, faute de célébration de messes, en passant par l'imam et le muezzin que la prière à domicile appauvrit aussi, aux mendiants qui n'ont plus de fidèles à solliciter à la sortie des lieux de culte, l'école privée qui ne voit plus de parents d'élèves venir s'acquitter des frais de scolarité... A des niveaux insoupçonnables !
Ce ramadan-là à la Sénégalaise a des chances nulles de prospérer cette année pour les mêmes raisons qui ont fait que le "ngalakh" de Pâques, qui ruine chaque année nos compatriotes chrétiens, pratique d'un bienveillant œcuménisme version pays de Senghor, est aux abonnés absents, ce week-end. Etat d'urgence, couvre-feu et riposte sanitaire obligent ! Ce ramadan-là, avec tout le folklore de belles dames superbement parées pour suivre les envolées lyriques d'un conférencier, ne sera pas au rendez-vous. 2020, une année zéro, écrivions-nous, il y a quelques semaines...
Les propos du Dr Aloyse Waly Diouf, Directeur de cabinet du ministre de la Santé, repris par la presse de cette semaine ("la guerre vient de commencer"), face au développement de cas dans les quartiers, doivent rappeler à tous que nous ne sommes pas encore au bout du tunnel. Et que long sera le combat. C'est peut-être le prix fort à payer pour ceux qui tiennent à passer, dans trois mois, une Tabaski comme les autres. Pour cela, il faudra renoncer, à force de rigueur, aux plaisirs et folklores habituels. C'est aussi une superbe occasion de faire place à un mois de ramadan d'un type inédit, fait cette fois-ci de sobriété et où les dépenses excessives et le tintamarre laisseraient la place au vrai esprit du carême qu'est un régime d'ascétisme et d'ambiance monacale.
LE DÉTAIL DES CONTRIBUTIONS À LA "FORCE COVID-19"
458 donateurs ont contribué à hauteur de 29 627 100 104 FCfa au fonds destiné à la lutte contre la pandémie du coronavirus
458 donateurs ont contribué à hauteur de 29 627 100 104 FCfa au fonds «Force Covid-19» destiné à la lutte contre la pandémie du coronavirus. Une mobilisation qui fait suite à l’appel lancé, il y a seulement dix-huit jours, par le Président de la République pour lutter contre la pandémie du coronavirus. Des centaines de donateurs ont amassé près de trente (30) milliards de francs Cfa.
A travers le lien ci-dessous, Le Soleil vous livre en exclusivité les détails qui fondent un élan de solidarité peu commun.
Le chef de l’Etat a procédé ce samedi, au Port de Dakar, au lancement de l’opération de convoyage des vivres destinés aux ménages vulnérables dans le cadre de la riposte à la maladie à Coronavirus
Le chef de l’Etat a procédé ce samedi, au Port de Dakar, au lancement de l’opération de convoyage des vivres destinés aux ménages vulnérables dans le cadre de la riposte à la maladie à Coronavirus.
’’J’ai réceptionné ce jour le premier lot de vivres dans le cadre de l’aide d’urgence alimentaire. C’est aussi l’occasion de saluer le comportement responsable des sénégalais face à la pandémie. Le respect des mesures conforte les efforts du Gvmt dans la lutte contre la #covid19’’, a twitté Macky Sall, apparu sur des images, avec un masque de protection, aux côtés du ministre d du Développement communautaire et de l’Equité sociale, Mansour Faye.
Le chef de l’Etat a initié un programme d’aide alimentaire d’urgence doté d’une enveloppe de 69 milliards de francs CFA qui est tiré du fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Coronavirus (FORCE COVID 19) pour l’achat de 146 000 tonnes de denrées alimentaires au bénéfice d’un million de ménages éligibles.
Les forces de défense et de sécurité vont accompagner le processus, en collaboration avec l’administration territoriale, les élus locaux , la société civile.
Le président de la République a déploré le non-respect des consignes sanitaires, ajoutant que si ‘’la maladie arrive à un certain niveau, on va vers le confinement général’’.
’’Si nous continuons à ne pas respecter les consignes sanitaires, la pandémie va demeurer et se propager. Si ça continue, on sera obligé de faire ce qu’on ne voulait pas faire, qui est d’ arrêter complétement la circulation. Si la maladie arrive à un certain niveau, on va vers le confinement général’’, a-t-il dit.
Dans le cadre de la lutte contre le Coid-19, le Sénégal est sous état d’urgence, assorti d’un couvre-feu de 20h à 6h ; depuis le 23 mars.
Le président de la République a demandé, samedi, aux Sénégalais de respecter strictement les mesures de prévention individuelle et collective édictées par les autorités sanitaires.
Le chef de l’Etat a également insisté sur les cas de contaminations communautaires qui inquiètent les acteurs de la lutte contre le Covid-19.
’’Nous devons tout faire pour éviter les cas communautaires’’, a dit le président de la République, relevant que les cas de contaminations communautaires sont dus entre autre aux déplacements inutiles.
’’Tant que les cas communautaires sont toujours présents, la bataille sera difficile. Nous ne pourrons pas travailler correctement ou vaquer à nos occupations’’, a fait savoir Macky Sall.
Selon lui, il n’est pas question de tolérer ce qui se passe actuellement sur les plages, où des rassemblements de jeunes sont notés.
Macky Sall a félicité le personnel de santé et invité les populations à ’’ne pas dormir sur nos lauriers’’.
’’Nous avons des malades qui guérissent, mais il y a toujours des cas. La transmission communautaire est toujours présente’’, a relevé le président Sall, estimant que le Sénégal peut sortir de la pandémie.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a rapporté ce samedi 13 nouveaux cas de contamination au Covid-19 sur les 173 tests effectués.
Il s’agit de 12 cas contacts suivis et d’un cas issu de la transmission communautaire, a précisé Abdoulaye Diouf Sarr lors du point quotidien de l’épidémie.
Selon le ministre, 15 patients ont été déclarés guéris. L’état de santé des patients hospitalisés est stable, a-t-il assuré.
A ce jour, 278 cas ont été déclarés positifs au Sénégal dont 152 guéris. Deux patients sont décédés et un autre a été évacué en France à la demande de sa famille. Les 123 patients restants sont sous traitement dans les établissements de santé.
Le ministre de la Santé a réitéré aux populations son appel constant au respect strict des règles d’hygiène édictées contre la maladie à coronavirus.
LE COVID-19 PERTURBE LE SCHEMA DE PRODUCTION
Au plus tard, il était prévu que la machine de production du gaz tourne en plein régime en 2022 et celle du pétrole en 2023. Mais c’était sans compter avec la crise liée au Covid19 qui est venue perturber le schéma établi jusque-là
Au plus tard, il était prévu que la machine de production du gaz tourne en plein régime en 2022 et celle du pétrole en 2023. Mais c’était sans compter avec la crise liée au Covid19 qui est venue perturber le schéma établi jusque-là par les différents acteurs évoluant dans le secteur au Sénégal.
En plus d’être un instrument d’application de la politique pétrolière de l’Etat du Sénégal, Petrosen garde également un œil sur l’exploitation de ressources en hydrocarbures, du raffinage à la distribution. Et vu l’impact du coronavirus sur l’économie mondiale, la société a sorti, hier, un communiqué pour faire l’état des lieux des projets gaziers et pétroliers en cours dans le pays. Ainsi, fait-elle constater, la pandémie de Covid-19 a occasionné l’effondrement des prix du pétrole brut ainsi que le ralentissement des activités du secteur avec les mesures prises par les Etats pour lutter contre la propagation du virus. «Ces facteurs ont des impacts considérables sur l’ensemble des projets pétroliers dans le monde ainsi que sur les circuits de production et d’approvisionnement des entreprises, à cause du phénomène de confinement», lit-on dans la note parvenue à «L’AS».
Cette situation, à en croire Petrosen, a amené certains partenaires à évoquer déjà le cas de force majeure qui pourrait impacter les délais de livraison des premiers mètres cube de gaz naturel et des premiers barils de pétrole brut.
«Ces consortiums dont Petrosen est membre continuent les évaluations avec un suivi sur le terrain pour mieux adapter les projets pétroliers et gaziers en cours », ajoute le texte signé par le Directeur général de Petrosen. Qui informe dans la foulée qu’un dialogue actif est engagé avec les contractants et les sous-traitants pour minimiser les retards potentiels susceptibles de survenir sur le démarrage de la production du gaz naturel issu du champ de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) et le démarrage de la production du pétrole provenant du champ de Sangomar. Il faut rappeler que le gisement de gaz Grand Tortue / Ahmeyim (GTA) est un champ transfrontalier offshore situé à 120 km des côtes sénégalo-mauritaniennes avec une profondeur d’eau de plus de 2 800 mètres.
Le géant BP, qui le pilote aujourd’hui avait informé, avant la crise liée à cette pandémie Covid-19, qu’il serait prêt à démarrer l’exploitation en 2022. Après avoir racheté la majorité des parts du projet à l’américain Kosmos Energy en décembre 2016, le découvreur du gisement, la major britannique (BP), avait prévu d’investir plus de 1 milliard de dollars pour la première phase du projet et « plusieurs autres milliards de dollars » pour les suivantes, sur une durée d’exploitation de trente ans.
Selon les estimations, les réservoirs du gisement sont de l’ordre de 560 milliards de mètres cubes répartis de manière égale entre les deux pays (Sénégal et Mauritanie). Pour ce qui est de l’exploitation du bloc pétrolier offshore de Sangomar, au large du Sénégal, les prévisions de livraison des premiers barils étaient fixées en 2023 après un premier report.
Mais la nouvelle donne va retarder encore le démarrage de production. Le Sénégal espère sortir entre 100 000 et 120 000 barils chaque jour des gisements de Sangomar Offshore Profond et Sangomar Offshore, dont les réserves ont été estimées à 2,5 milliards de barils. Son exploitation et son développement ont été confiés à l’entreprise australienne Woodside.
«IL FAUDRA ETRE TRES REGARDANT ET FAIRE DES ARBITRAGES AUDACIEUX»
Dr Seydina Oumar Seye, économiste à la Faseg se prononce sur la récession prévue en 2020 d'apres les prévisions de la Banque mondiale
D’après les prévisions de la Banque Mondiale, à cause du Covid-19, la croissance économique en Afrique subsaharienne passera de 2,4 % en 2019 à une fourchette entre -2,1 % et -5,1 % en 2020. Ce qui constituera la première récession dans la région depuis longtemps. Interrogé sur cette question, le Dr Seydina Oumar Sèye, économiste à la Faculté des sciences économiques et gestion de l’Ucad demande aux autorités étatiques d’être plus regardantes et de faire des arbitrages audacieux. Aussi suggère-t-il à l’Etat de développer des résiliences qui passeront par une combinaison optimale des politiques budgétaires et monétaires.
«La banque Mondiale avait annoncé dans un des rapports de Oxfam la récession de l’ensemble des économies du monde, plus particulièrement pour l’Afrique de l’ordre de -2,1% à -5,%. J’avais depuis le début de la crise annoncé la récession parce que c’est indéniable. Maintenant il dépendra de la capacité des pays à essayer d’atténuer l’impact du Covid-19. Cela veut dire que quel que soit alpha, on va aller vers la récession. Mais elle a des degrés. Il ne faut pas aller à des taux comme -10 ou -27%. La capacité des pays va être arrimée à ceux qui vont faire moins par exemple en dessous du seuil exécutif pour les taux de croissance. Des pays qui arriveront à faire – 2 % c’est souhaitable pour une éventuelle reprise. C’est l’économie réelle qui est frappée et quelles que soient les mesures prises pour confiner une population et que vous voulez relancer derrière, c’est indéniable.
La crise consécutive du Covid-19 et celle qui va en suivre, c’est-à-dire la crise économique et sociale en termes de drame, est dix mille fois plus légale que même des morts qui seront évitées au Covid-19. Il faudra être très regardant et faire des arbitrages audacieux. Cela demandera des mesures audacieuses au niveau des autorités étatiques en vue de ne pas aller à des degrés de récession qui vont présager des lendemains sombres. Il faudra développer des résiliences et ces résiliences passeront nécessairement par une combinaison optimale des politiques budgétaires et monétaires. Il faudra faire de telle sorte que l’économie ne soit pas à l’arrêt total, donc pour ne pas aller vers ces confinements totaux qui peuvent avoir des conséquences désastreuses. Pour moi, le maitre mot c’est de maintenir le cap et tenir économiquement et que l’économie de soit pas à l’arrêt ».
LES DISTRIBUTIONS DE RIZ À DAKAR SE PRÉPARENT
La mairie de la capitale a remis vendredi aux maires des communes qui la composent plusieurs centaines de tonnes de riz, du sucre et du savon à distribuer aux Dakarois les plus vulnérables à l'effet économique du Covid-19
La ville de Dakar a remis vendredi aux maires des communes qui la composent plusieurs centaines de tonnes de riz, du sucre et du savon à distribuer aux Dakarois les plus vulnérables à l'effet économique du Covid-19, ont constaté les journalistes de l'AFP. Les Dakarois commencent à ressentir les effets de la pandémie sur l'approvisionnement alimentaire, "y compris dans leurs assiettes", a dit la maire Soham El Wardini devant les piles de sacs de riz au pied de la tour abritant l'administration municipale.
La municipalité a acheté et remis 400 tonnes de riz, et des milliers de packs de sucre, de savon, de gels et de produits nettoyants aux maires des 19 communes qui composent la ville de plus d'un million d'habitants. A charge ensuite pour les maires d'en assurer la distribution.L'opération de la ville de Dakar va de pair avec les initiatives privées, mais aussi avec une distribution en train d'être montée par l'Etat.
L'Etat sénégalais a récemment passé commande de 5.000 tonnes de riz, 500 tonnes de sucre, 1.000 tonnes de pâtes, 10.000 litres d'huile ainsi que du savon, censés bénéficier à un million de ménages défavorisés, soit huit millions de Sénégalais, la moitié de la population. Le riz, importé, doit être chargé samedi dans des camions au port de Dakar puis partir pour les différentes régions du pays. Les ménages ciblés sont identifiés et la distribution commencera "certainement en début de semaine prochaine", a dit à l'AFP un responsable du ministère de l'Equité sociale.
Environ 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté avec moins d'1,9 dollar par jour, selon la Banque mondiale, et nombre de Sénégalais vivent au jour le jour sans pouvoir constituer de réserves, y compris dans la capitale. Le président Macky Sall a récemment admis que le pays subissait "de plein fouet" l'impact social et économique de l'épidémie."Nous recevons énormément de demandes" d'aide depuis l'apparition du premier cas de contamination début mars, a dit la maire. L'inquiétude est d'autant plus vive que le gouvernement n'a pas pour l'instant ordonné un confinement total, aux lourdes conséquences pour ceux qui sont forcés de sortir tous les jours pour gagner leur vie. Un couvre-feu nocturne a été instauré et les déplacements entre régions sont interdits.
Le confinement serait "compliqué pour les populations", a dit la maire, sans en écarter l'éventualité. Le maire de l'une des 19 communes, Cheikh Gueye, a salué la donation municipale parce qu'on "ne peut pas faire face au virus dans un contexte de famine". Sur les 45.000 habitants de sa commune, Dieuppeul Derklé, plus de la moitié est défavorisée. Cependant, il est favorable au confinement et croit que celui-ci finira par être mis en oeuvre. Le Sénégal a déclaré 265 cas de contamination et deux décès.
texte collectif
CORONAVIRUS : POUR EN SORTIR PLUS FORTS ENSEMBLE
Vingt-cinq intellectuels africains, dont Kako Nubukpo, Alioune Sall, Felwine Sarr, Achille Mbembe, Reckya Madougou, Souleymane Bachir Diagne, cosignent cet appel à la mobilisation des intelligences pour vaincre la pandémie de Covid-19
Jeune Afrique |
Texte Collectif |
Publication 10/04/2020
Covid-19 est le nom scientifique du virus responsable d’une maladie respiratoire très contagieuse pouvant devenir mortelle. Épidémie puis reclassée pandémie par l’OMS le 11 mars 2020, ses effets sont dévastateurs : il sème la mort, plonge les économies les plus puissantes dans la récession, et constitue une menace sans précédent pour l’existence des sociétés humaines. Selon certains experts, ce virus serait annonciateur des plus funestes jours à venir pour le continent africain et ses habitants.
L’Afrique n’est pas le foyer d’origine de cette pandémie, pourtant elle fait face à ses durs effets, par les contagions humaines en nombre croissant et la contraction brutale d’une partie significative des activités sociales et économiques essentielles. Le continent est donc sommé d’apporter une réponse indispensable, puissante et durable à une menace réelle qu’il ne faudrait ni exagérer ni minorer, mais bien rationaliser.
Il s’agit de battre en brèche les pronostics malthusiens qui prennent prétexte de cette pandémie, pour donner libre cours à des spéculations à peine voilées, sur une prétendue démographie africaine démesurée, désormais cible des nouveaux civilisateurs. C’est une opportunité historique pour les Africains, de mobiliser leurs intelligences réparties sur tous les continents, de rassembler leurs ressources endogènes, traditionnelles, diasporiques, scientifiques, nouvelles, digitales, leur créativité pour sortir plus forts d’un désastre que certains ont déjà prédit pour eux.
Le continent le moins impacté
Nous allons dans les prochains jours dépasser la barre de deux millions de contaminés par le Covid-19 dans le monde entier. Le virus se propage à une vitesse incommensurable et la résistance des systèmes de santé des pays africains face à ce dernier est au cœur des interrogations. L’offre de services sanitaires, équipements, personnels qualifiés, etc. est désormais la source de toutes les inquiétudes. L’OMS a même appelé récemment les pays africains à « se réveiller » et à « s’attendre au pire ».
Il convient de rappeler que l’Afrique est pour le moment le continent le moins impacté, avec son premier cas confirmé en février 2020 en Égypte, sans que l’on puisse apporter à ce constat, à ce jour, une justification concrète et documentée. Que les écosystèmes locaux, les facteurs démographiques, la nature mutante du virus, l’intensité des flux internationaux et d’autres éléments limitent la propagation de la pandémie reste hypothétique, mais il faut relever aussi la part prise par un certain nombre de mesures drastiques décidées par les gouvernements : fermetures des frontières, des écoles, des commerces et lieux de cultes…
Bien que la nature anxiogène de la pandémie, les contextes politiques locaux plus généralement, incitent à une demande sociale impatiente d’efficacité, l’observation des réponses publiques inégales apportées dans le monde, l’imprévisibilité relative de la pandémie, peuvent expliquer un processus d’essais et d’erreurs.
Systèmes de santé repensés
Si l’appréciation de la réactivité des pays africains est variable, à juste titre, il faut reconnaître pour s’en souvenir, l’effet catastrophique des décennies d’ajustements structurels sur la santé publique et l’offre sanitaire dans les pays africains. Malgré tout, nombre de systèmes de santé ont substantiellement évolué, tirés par la volonté d’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD) en 2030 nonobstant les gaps à combler et des défaillances évidentes.
Pour ces raisons, les prophéties auto-réalisatrices ne sauraient se justifier. Les scénarios-catastrophes, envisagés çà et là pour le continent, pourraient de facto avoir un impact négatif sur les économies et l’évaluation des risques généralement défavorables à l’Afrique d’avant Covid-19, les investisseurs étant dans un contexte d’incertitude totale.
Les systèmes de santé en Afrique doivent être repensés totalement au regard de nombreuses considérations et limites actuelles, et nous ne devrions pas attendre les possibles effondrements engendrés par une pandémie de cette ampleur pour agir diligemment et efficacement.
Quelques pistes sont envisageables à cet effet :
• À court terme, une véritable union des pays africains sur les plans économique et sanitaire pourrait permettre une mutualisation des réponses aux risques engendrés par le Covid-19 et au-delà. Les initiatives multiples prises pour mobiliser des ressources financières suffisantes afin d’éviter que s’ajoute une crise économique majeure à la crise sanitaire annoncée sont à saluer. Nous appelons vivement, à la fois à une gestion rigoureuse desdites ressources, et à une coordination sous-régionale et régionale efficientes des actions, afin que lesdites initiatives gagnent en synergie et en complémentarité.
• De même, le partage de connaissance, de savoir-faire et de matériels médicaux sera un élément décisif.. L’énorme patrimoine culturel et traditionnel d’où est issue la pharmacopée africaine devrait être davantage mobilisé, mutualisé, panafricanisé, en association avec la médecine et les recherches dites modernes, comme l’ont fait avec succès certains pays comme la Chine. La créativité et l’ingéniosité locales devraient être stimulées, et l’offre artisanale valorisée à l’instar des équipements hydratants hygiéniques nouveaux proposées dans de nombreux pays (Ghana, Cameroun, …).
• L’Afrique doit apprendre de ses expériences et des autres régions du monde frappées par la pandémie, elle devrait davantage favoriser la solidarité dont elle possède les gènes, la sensibilisation massive, notamment en zone rurale, et le dépistage massif des populations. Les exemples provisoires de réussites montrent que ce ne sont pas nécessairement les moyens a priori abondants des pays à PIB très élevés qui produisent les meilleurs résultats sanitaires, à l’instar du Vietnam donnant 550 000 masques à 5 pays de l’Union européenne ou même de Cuba exportant son expertise dans la médecine d’urgence vers les pays dits développés
Le coronavirus est révélateur d’une certaine « fin de l’histoire » et de l’existence de modèles alternatifs. Il revient à l’Afrique d’inventer les siens. Notre continent dispose de ressources étendues, d’une population active mobilisable et créative, de professionnels formés pour résister et vaincre la pandémie. Il faudrait pour cela qu’il prenne les bonnes décisions et les ajuste au besoin. L’existence d’une nouvelle conscience reliant le continent à ses diasporas, ses nouveaux réseaux d’intellectuels, de professionnels, de chercheurs, de militants, d’associations, de politiques, d’indépendants, devrait pouvoir apporter des voix neuves et disruptives dans ces débats.
• À moyen terme, le principal enseignement de la crise du Covid-19 devrait être le constat pour l’Afrique qu’elle continuera d’être d’autant plus vulnérable aux chocs exogènes qu’elle ne trouvera pas de réponse structurelle aux défis de son développement. Assertion valable aussi bien pour la santé que tous les autres domaines. En effet la dépendance sanitaire reste un problème épineux et le coût des évacuations sanitaires des élites pose un cas d’injustice sociale et d’irrationalité économique, dans la mesure où nombre de ces services sont réalisables en Afrique à moindre frais. La perpétuation d’un modèle d’économie de rente, fondé sur l’exportation de matières premières non transformées en attendant des recettes extérieures volatiles est suicidaire. L’urgence africaine, c’est en l’occurrence la production locale de services sanitaires qualitatifs étendus, la transformation sur place des matières premières, vectrice de création de valeur et d’emplois, et la diversification de la base productive.
Défis de taille
C’est alors même que le Covid-19 met les économies à l’arrêt, sème la mort et la désolation dans les pays, perturbe le fonctionnement des sociétés, criminalise les formes de sociabilité les plus ancrées, perturbe les calendriers politiques, que paradoxalement, sonne pour l’Afrique l’heure de relever ses défis et de réinventer les modalités de sa présence dans le monde.
Certes le défi auquel nous sommes confrontés est de taille car en plus de nos économies à l’arrêt, la pandémie du coronavirus a offert à certaines chancelleries occidentales matière à réactiver un afro-pessimisme que l’on croyait d’un autre âge. Dans les scenarii qui y sont élaborés, le visage de l’Afrique est celui d’un continent vulnérable, où les morts pourraient se compter non pas en milliers mais en millions d’individus. Il nous faut affirmer que ce scénario n’a rien d’une fatalité historique à laquelle le continent ne saurait échapper. Il en dit plus sur ses auteurs que sur la réalité d’un continent Africain, dont nul ne saurait préempter l’avenir et l’assombrir par principe. Il est temps de se rappeler que les périodes de basculement du monde ont toujours engendré un renouvellement paradigmatique, culturel et parfois civilisationnel pour ceux qui embrassent les exigences du changement. Il nous faut donc faire face aux défis qui se profilent et engager résolument les combats nécessaires.
Nous en appelons à tous les intellectuels africains, aux chercheurs de toutes les disciplines, aux forces vives de nos pays, à rejoindre le combat contre la pandémie du Covid-19, nous éclairer de leurs réflexions, de leurs talents, nous enrichir des fruits de leurs recherches et tous de leurs propositions constructives. Il nous faut nous fixer un cap optimiste tout en ayant courageusement conscience des lacunes à combler. Une autre Afrique est possible tout comme l’est une autre humanité dans laquelle la compassion, l’empathie, l’équité et la solidarité définiraient les sociétés. Ce qui pouvait ressembler jusqu’ ici à une utopie est entré dans l’espace des possibles. L’Histoire nous observe qui nous condamnera si nous nous laissons aller à conjuguer notre avenir au passé.
Osons ne pas perdre confiance en l’avenir ou en nous-mêmes. Osons lutter ensemble contre la propagation du Covid-19 et osons vaincre ensemble le précariat mondial auquel donne naissance la pandémie éponyme. Oui, l’Afrique vaincra le coronavirus et ne s’effondrera pas.
Cette tribune a été cosignée par : Kako Nubukpo, Alioune Sall, Reckya Madougou, Martial Ze Belinga, Felwine Sarr, Carlos Lopes, Cristina Duarte, Achille Mbembe, Francis Akindès, Aminata Dramane Traore, Souleymane Bachir Diagne, Lionel Zinsou, Nadia Yala Kisukidi, Demba Moussa Dembélé, Franck Hermann Ekra, Alinah Segobye, Mamadou Koulibaly, Karim El Aynaoui, Mamadou Diouf, Hakim Ben Hammouda, Paulo Gomes, Carlos Cardoso, Gilles Yabi, Adebayo Olukoshi, Augustin Holl.