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4 mai 2025
Economie
LES DISTRIBUTIONS DE RIZ À DAKAR SE PRÉPARENT
La mairie de la capitale a remis vendredi aux maires des communes qui la composent plusieurs centaines de tonnes de riz, du sucre et du savon à distribuer aux Dakarois les plus vulnérables à l'effet économique du Covid-19
La ville de Dakar a remis vendredi aux maires des communes qui la composent plusieurs centaines de tonnes de riz, du sucre et du savon à distribuer aux Dakarois les plus vulnérables à l'effet économique du Covid-19, ont constaté les journalistes de l'AFP. Les Dakarois commencent à ressentir les effets de la pandémie sur l'approvisionnement alimentaire, "y compris dans leurs assiettes", a dit la maire Soham El Wardini devant les piles de sacs de riz au pied de la tour abritant l'administration municipale.
La municipalité a acheté et remis 400 tonnes de riz, et des milliers de packs de sucre, de savon, de gels et de produits nettoyants aux maires des 19 communes qui composent la ville de plus d'un million d'habitants. A charge ensuite pour les maires d'en assurer la distribution.L'opération de la ville de Dakar va de pair avec les initiatives privées, mais aussi avec une distribution en train d'être montée par l'Etat.
L'Etat sénégalais a récemment passé commande de 5.000 tonnes de riz, 500 tonnes de sucre, 1.000 tonnes de pâtes, 10.000 litres d'huile ainsi que du savon, censés bénéficier à un million de ménages défavorisés, soit huit millions de Sénégalais, la moitié de la population. Le riz, importé, doit être chargé samedi dans des camions au port de Dakar puis partir pour les différentes régions du pays. Les ménages ciblés sont identifiés et la distribution commencera "certainement en début de semaine prochaine", a dit à l'AFP un responsable du ministère de l'Equité sociale.
Environ 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté avec moins d'1,9 dollar par jour, selon la Banque mondiale, et nombre de Sénégalais vivent au jour le jour sans pouvoir constituer de réserves, y compris dans la capitale. Le président Macky Sall a récemment admis que le pays subissait "de plein fouet" l'impact social et économique de l'épidémie."Nous recevons énormément de demandes" d'aide depuis l'apparition du premier cas de contamination début mars, a dit la maire. L'inquiétude est d'autant plus vive que le gouvernement n'a pas pour l'instant ordonné un confinement total, aux lourdes conséquences pour ceux qui sont forcés de sortir tous les jours pour gagner leur vie. Un couvre-feu nocturne a été instauré et les déplacements entre régions sont interdits.
Le confinement serait "compliqué pour les populations", a dit la maire, sans en écarter l'éventualité. Le maire de l'une des 19 communes, Cheikh Gueye, a salué la donation municipale parce qu'on "ne peut pas faire face au virus dans un contexte de famine". Sur les 45.000 habitants de sa commune, Dieuppeul Derklé, plus de la moitié est défavorisée. Cependant, il est favorable au confinement et croit que celui-ci finira par être mis en oeuvre. Le Sénégal a déclaré 265 cas de contamination et deux décès.
texte collectif
CORONAVIRUS : POUR EN SORTIR PLUS FORTS ENSEMBLE
Vingt-cinq intellectuels africains, dont Kako Nubukpo, Alioune Sall, Felwine Sarr, Achille Mbembe, Reckya Madougou, Souleymane Bachir Diagne, cosignent cet appel à la mobilisation des intelligences pour vaincre la pandémie de Covid-19
Jeune Afrique |
Texte Collectif |
Publication 10/04/2020
Covid-19 est le nom scientifique du virus responsable d’une maladie respiratoire très contagieuse pouvant devenir mortelle. Épidémie puis reclassée pandémie par l’OMS le 11 mars 2020, ses effets sont dévastateurs : il sème la mort, plonge les économies les plus puissantes dans la récession, et constitue une menace sans précédent pour l’existence des sociétés humaines. Selon certains experts, ce virus serait annonciateur des plus funestes jours à venir pour le continent africain et ses habitants.
L’Afrique n’est pas le foyer d’origine de cette pandémie, pourtant elle fait face à ses durs effets, par les contagions humaines en nombre croissant et la contraction brutale d’une partie significative des activités sociales et économiques essentielles. Le continent est donc sommé d’apporter une réponse indispensable, puissante et durable à une menace réelle qu’il ne faudrait ni exagérer ni minorer, mais bien rationaliser.
Il s’agit de battre en brèche les pronostics malthusiens qui prennent prétexte de cette pandémie, pour donner libre cours à des spéculations à peine voilées, sur une prétendue démographie africaine démesurée, désormais cible des nouveaux civilisateurs. C’est une opportunité historique pour les Africains, de mobiliser leurs intelligences réparties sur tous les continents, de rassembler leurs ressources endogènes, traditionnelles, diasporiques, scientifiques, nouvelles, digitales, leur créativité pour sortir plus forts d’un désastre que certains ont déjà prédit pour eux.
Le continent le moins impacté
Nous allons dans les prochains jours dépasser la barre de deux millions de contaminés par le Covid-19 dans le monde entier. Le virus se propage à une vitesse incommensurable et la résistance des systèmes de santé des pays africains face à ce dernier est au cœur des interrogations. L’offre de services sanitaires, équipements, personnels qualifiés, etc. est désormais la source de toutes les inquiétudes. L’OMS a même appelé récemment les pays africains à « se réveiller » et à « s’attendre au pire ».
Il convient de rappeler que l’Afrique est pour le moment le continent le moins impacté, avec son premier cas confirmé en février 2020 en Égypte, sans que l’on puisse apporter à ce constat, à ce jour, une justification concrète et documentée. Que les écosystèmes locaux, les facteurs démographiques, la nature mutante du virus, l’intensité des flux internationaux et d’autres éléments limitent la propagation de la pandémie reste hypothétique, mais il faut relever aussi la part prise par un certain nombre de mesures drastiques décidées par les gouvernements : fermetures des frontières, des écoles, des commerces et lieux de cultes…
Bien que la nature anxiogène de la pandémie, les contextes politiques locaux plus généralement, incitent à une demande sociale impatiente d’efficacité, l’observation des réponses publiques inégales apportées dans le monde, l’imprévisibilité relative de la pandémie, peuvent expliquer un processus d’essais et d’erreurs.
Systèmes de santé repensés
Si l’appréciation de la réactivité des pays africains est variable, à juste titre, il faut reconnaître pour s’en souvenir, l’effet catastrophique des décennies d’ajustements structurels sur la santé publique et l’offre sanitaire dans les pays africains. Malgré tout, nombre de systèmes de santé ont substantiellement évolué, tirés par la volonté d’atteinte des Objectifs du développement durable (ODD) en 2030 nonobstant les gaps à combler et des défaillances évidentes.
Pour ces raisons, les prophéties auto-réalisatrices ne sauraient se justifier. Les scénarios-catastrophes, envisagés çà et là pour le continent, pourraient de facto avoir un impact négatif sur les économies et l’évaluation des risques généralement défavorables à l’Afrique d’avant Covid-19, les investisseurs étant dans un contexte d’incertitude totale.
Les systèmes de santé en Afrique doivent être repensés totalement au regard de nombreuses considérations et limites actuelles, et nous ne devrions pas attendre les possibles effondrements engendrés par une pandémie de cette ampleur pour agir diligemment et efficacement.
Quelques pistes sont envisageables à cet effet :
• À court terme, une véritable union des pays africains sur les plans économique et sanitaire pourrait permettre une mutualisation des réponses aux risques engendrés par le Covid-19 et au-delà. Les initiatives multiples prises pour mobiliser des ressources financières suffisantes afin d’éviter que s’ajoute une crise économique majeure à la crise sanitaire annoncée sont à saluer. Nous appelons vivement, à la fois à une gestion rigoureuse desdites ressources, et à une coordination sous-régionale et régionale efficientes des actions, afin que lesdites initiatives gagnent en synergie et en complémentarité.
• De même, le partage de connaissance, de savoir-faire et de matériels médicaux sera un élément décisif.. L’énorme patrimoine culturel et traditionnel d’où est issue la pharmacopée africaine devrait être davantage mobilisé, mutualisé, panafricanisé, en association avec la médecine et les recherches dites modernes, comme l’ont fait avec succès certains pays comme la Chine. La créativité et l’ingéniosité locales devraient être stimulées, et l’offre artisanale valorisée à l’instar des équipements hydratants hygiéniques nouveaux proposées dans de nombreux pays (Ghana, Cameroun, …).
• L’Afrique doit apprendre de ses expériences et des autres régions du monde frappées par la pandémie, elle devrait davantage favoriser la solidarité dont elle possède les gènes, la sensibilisation massive, notamment en zone rurale, et le dépistage massif des populations. Les exemples provisoires de réussites montrent que ce ne sont pas nécessairement les moyens a priori abondants des pays à PIB très élevés qui produisent les meilleurs résultats sanitaires, à l’instar du Vietnam donnant 550 000 masques à 5 pays de l’Union européenne ou même de Cuba exportant son expertise dans la médecine d’urgence vers les pays dits développés
Le coronavirus est révélateur d’une certaine « fin de l’histoire » et de l’existence de modèles alternatifs. Il revient à l’Afrique d’inventer les siens. Notre continent dispose de ressources étendues, d’une population active mobilisable et créative, de professionnels formés pour résister et vaincre la pandémie. Il faudrait pour cela qu’il prenne les bonnes décisions et les ajuste au besoin. L’existence d’une nouvelle conscience reliant le continent à ses diasporas, ses nouveaux réseaux d’intellectuels, de professionnels, de chercheurs, de militants, d’associations, de politiques, d’indépendants, devrait pouvoir apporter des voix neuves et disruptives dans ces débats.
• À moyen terme, le principal enseignement de la crise du Covid-19 devrait être le constat pour l’Afrique qu’elle continuera d’être d’autant plus vulnérable aux chocs exogènes qu’elle ne trouvera pas de réponse structurelle aux défis de son développement. Assertion valable aussi bien pour la santé que tous les autres domaines. En effet la dépendance sanitaire reste un problème épineux et le coût des évacuations sanitaires des élites pose un cas d’injustice sociale et d’irrationalité économique, dans la mesure où nombre de ces services sont réalisables en Afrique à moindre frais. La perpétuation d’un modèle d’économie de rente, fondé sur l’exportation de matières premières non transformées en attendant des recettes extérieures volatiles est suicidaire. L’urgence africaine, c’est en l’occurrence la production locale de services sanitaires qualitatifs étendus, la transformation sur place des matières premières, vectrice de création de valeur et d’emplois, et la diversification de la base productive.
Défis de taille
C’est alors même que le Covid-19 met les économies à l’arrêt, sème la mort et la désolation dans les pays, perturbe le fonctionnement des sociétés, criminalise les formes de sociabilité les plus ancrées, perturbe les calendriers politiques, que paradoxalement, sonne pour l’Afrique l’heure de relever ses défis et de réinventer les modalités de sa présence dans le monde.
Certes le défi auquel nous sommes confrontés est de taille car en plus de nos économies à l’arrêt, la pandémie du coronavirus a offert à certaines chancelleries occidentales matière à réactiver un afro-pessimisme que l’on croyait d’un autre âge. Dans les scenarii qui y sont élaborés, le visage de l’Afrique est celui d’un continent vulnérable, où les morts pourraient se compter non pas en milliers mais en millions d’individus. Il nous faut affirmer que ce scénario n’a rien d’une fatalité historique à laquelle le continent ne saurait échapper. Il en dit plus sur ses auteurs que sur la réalité d’un continent Africain, dont nul ne saurait préempter l’avenir et l’assombrir par principe. Il est temps de se rappeler que les périodes de basculement du monde ont toujours engendré un renouvellement paradigmatique, culturel et parfois civilisationnel pour ceux qui embrassent les exigences du changement. Il nous faut donc faire face aux défis qui se profilent et engager résolument les combats nécessaires.
Nous en appelons à tous les intellectuels africains, aux chercheurs de toutes les disciplines, aux forces vives de nos pays, à rejoindre le combat contre la pandémie du Covid-19, nous éclairer de leurs réflexions, de leurs talents, nous enrichir des fruits de leurs recherches et tous de leurs propositions constructives. Il nous faut nous fixer un cap optimiste tout en ayant courageusement conscience des lacunes à combler. Une autre Afrique est possible tout comme l’est une autre humanité dans laquelle la compassion, l’empathie, l’équité et la solidarité définiraient les sociétés. Ce qui pouvait ressembler jusqu’ ici à une utopie est entré dans l’espace des possibles. L’Histoire nous observe qui nous condamnera si nous nous laissons aller à conjuguer notre avenir au passé.
Osons ne pas perdre confiance en l’avenir ou en nous-mêmes. Osons lutter ensemble contre la propagation du Covid-19 et osons vaincre ensemble le précariat mondial auquel donne naissance la pandémie éponyme. Oui, l’Afrique vaincra le coronavirus et ne s’effondrera pas.
Cette tribune a été cosignée par : Kako Nubukpo, Alioune Sall, Reckya Madougou, Martial Ze Belinga, Felwine Sarr, Carlos Lopes, Cristina Duarte, Achille Mbembe, Francis Akindès, Aminata Dramane Traore, Souleymane Bachir Diagne, Lionel Zinsou, Nadia Yala Kisukidi, Demba Moussa Dembélé, Franck Hermann Ekra, Alinah Segobye, Mamadou Koulibaly, Karim El Aynaoui, Mamadou Diouf, Hakim Ben Hammouda, Paulo Gomes, Carlos Cardoso, Gilles Yabi, Adebayo Olukoshi, Augustin Holl.
LE DÉFI DE L'AIDE À LA DIASPORA
«Si les connotations partisanes ne sont pas éliminées du processus, ce sera l’échec. Les autorités consulaires peuvent superviser les opérations mais si elles en assurent la direction exécutive, une partie des fonds sera captée par des politiciens »
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 10/04/2020
L’État sénégalais joue les Pères Noël pour ses ressortissants à l’étranger pris au piège du coronavirus. Avec une enveloppe de près de 19 millions d’euros et des catégories identifiées, il reste à trouver la méthode juste et transparente pour éviter la Bérézina.
Présents par dizaines de milliers dans des pays confrontés au coronavirus, des ressortissants sénégalais doivent faire face à des stratégies de survie. Pour leur venir en aide, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur Amadou Bâ a annoncé, le 9 avril, la mise à leur disposition d’une enveloppe de 12,5 milliards de francs CFA (environ 19 millions d’euros). Devant la presse, il a livré la liste des bénéficiaires, tous «précaires et vulnérables» dans le contexte de la crise sanitaire, allant du secteur informel aux personnes retraitées en passant par les étudiants non allocataires.
Cette dotation exceptionnelle provient des 1.000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros) du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force Covid-19) mis en place par le gouvernement. Sa répartition sera co-exécutée par une cellule du ministère des Affaires étrangères à Dakar et un comité qui sera opérationnel sur le terrain.
«Ce comité est placé sous la présidence de l’ambassade et constitué du Consul général ou du consul, du responsable des affaires consulaires ou sociales, d’un député de la diaspora, de toute autre personne membre d’une association ou pas, désignée par le comité et dont la présence est utile à la réussite de la mission», a souligné Amadou Bâ.
Cependant, l’opération ne s’annonce pas facile. Le nombre d’immigrés concernés, leur localisation, les rigueurs et incertitudes sur le confinement en Afrique de l’Ouest et Centrale, en Europe, en Amérique du Nord, au Maghreb y compris Mauritanie –des zones de forte concentration de communautés sénégalaises– sont autant de facteurs qui compliquent la répartition de cette enveloppe. À l’élection présidentielle de février 2019, la diaspora comptait environ 310.000 électeurs inscrits sur les listes électorales. D’une certaine manière, le ciblage du secteur informel comme bénéficiaire principal du fonds d’aide semble pertinent.
«La plupart de nos compatriotes vivant à l’étranger sont des "Modou-Modou" [terme désignant ceux qui sont dans le secteur informel, ndlr], des vendeurs ambulants. Très peu parmi eux sont des travailleurs du secteur formel pouvant bénéficier de stabilisateurs sociaux comme l’assurance-maladie ou l’assurance-chômage. Donc, même avec le confinement, ceux qui sont établis en Europe n’ont plus de quoi manger ou payer le loyer, les factures d’électricité et autres charges vitales du quotidien», explique à Sputnik l’économiste et consultant senior Mbaye Sylla Khouma.
Les défis d’une opération complexe
L’opération sera sans doute redoutable de complexité car la population d’immigrés sénégalais «inconnue» à travers le monde semble largement supérieure à celle déjà répertoriée par les services consulaires du Sénégal. Dans ce cas, l’identification des bénéficiaires dans les limites définies par le ministère des Affaires étrangères pourrait se révéler un véritable casse-tête, mais le jeu en vaut la chandelle.
Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du Sénégal, qui s’appuie sur des études de la Banque mondiale, les flux financiers officiels en provenance des ressortissants résidant à l’étranger représentent en moyenne 930 milliards de francs CFA (1,4 milliard d’euros) par an sur la période 2008-2017. Soit une part de 12,1% du produit intérieur brut (PIB) sénégalais. Pour Mbaye Sylla Khouma, il y a une piste que les autorités sénégalaises peuvent explorer, entre autres solutions.
«Nous avons proposé une analyse croisée entre les services consulaires sénégalais et les sociétés de transfert d’argent. En partant du principe que celles-ci, avec leurs bases de données, peuvent retracer la régularité et les montants moyens envoyés par mois par les immigrés sénégalais dans chacun des pays concernés par les opérations du fonds d’aide. Si le secret des transactions était levé, ce serait une bonne base de travail.»
L’autre grand challenge dans cette initiative de l’État, c’est la transparence dans les opérations. L’argent ira-t-il vraiment à ses vrais bénéficiaires ou finira-t-il dans l’escarcelle de réseaux occultes sans liens pertinents avec les ressortissants dans le besoin ?
«Si les connotations politiques et partisanes ne sont pas éliminées du processus dès le début, ce sera l’échec. Les autorités consulaires peuvent superviser les opérations mais si elles en assurent la direction exécutive, une bonne partie des fonds sera finalement captée par des politiciens, des leaders d’opinion et autres dirigeants de mouvements associatifs peu recommandables», prévient Dial Diop, opérateur économique sollicité par Sputnik.
Réduire le rôle des politiciens à la supervision
Selon cet ex-médiateur social entre les pouvoirs publics italiens et des associations d’immigrés, une identification correcte des bénéficiaires du fonds Force Covid-19 est capitale car les ressortissants sénégalais ne sont pas sur un pied d’égalité face à la crise sanitaire sévère qui frappe l’Italie.
«L’État italien alloue une moyenne de 1.000 euros aux étrangers qui disposaient d’un contrat de travail en bonne et due forme avant le début de la pandémie. Les autres, en situation régulière et exerçant une profession libérale, perçoivent grosso modo une aide de 600 euros par mois. Les Sénégalais qui sont dans ces deux catégories doivent donc être, à mon avis, exclus du fonds», indique Dial Diop.
Les associations d’immigrés déjà actives dans l’aide aux Sénégalais en détresse sont un canal efficace pour cette opération qui devrait surtout cibler les immigrés «qui ne font rien» sur place, mais aussi les «ambulants».
«Tous les gadgets que les marchands ambulants vendent dans les rues en Europe viennent de Chine. Donc ils n’ont plus rien à vendre maintenant et leurs acheteurs potentiels sont confinés chez eux. Les touristes sont leur principale clientèle. Pas de touristes, pas de business: ils sont sur le carreau et sans source d’approvisionnement», analyse Mbaye Sylla Khouma.
Pour les immigrés sénégalais comme africains d’ailleurs, si la violence de la crise engendrée par le coronavirus est source d’inquiétude quant à leur situation immédiate, elle pose aussi toute la problématique du retour au pays. Une autre histoire.
par Abdoul Mbaye
PENSER LA REPRISE DE LA CROISSANCE
Il ne peut être raisonnable d’envisager une croissance de l’économie qui serait ramenée de 7% (taux qui fut déjà contestable) à 3% - Le réalisme devrait plutôt conduire à retenir que l’économie sénégalaise entrera en récession en 2020
Ce serait faire preuve d’un optimisme excessif que de croire en une croissance de l’économie sénégalaise de 3% en 2020 comme récemment annoncée. Il convient plutôt de préparer la ntion à une récession économique (baisse du PIB significative) et au mieux à une croissance du PIB qui ne saurait être supérieure au croît démographique. Les Sénégalais doivent prendre conscience d’une augmentation inévitable de la pauvreté et être mis dans une attitude de mobilisation pour reconstruire une économie dont on constatera inévitablement qu’elle aura été très affectée par la crise du Covid-19.
Il faut à tout prix éviter les projections de croissance trop optimistes qui porteraient des lendemains de grosse déception. Partout dans le monde, les pays annoncent des récessions économiques de grande amplitude. Partout la demande et l’offre baissent tandis que le chômage bouscule des records.
Concernant le Sénégal, à défaut de disposer d’outils pointus permettant de déceler dès à présent les conséquences de la situation due au Covid-19 sur le taux de croissance en 2020, on peut au moins s’interroger sur les conséquences probables de faits évidents, déjà identifiables ou à venir.
Quel moteur de croissance en 2020 et 2021 ? On se souviendra que dans le cadre de l’Instrument de Coordination des Politiques Économiques (ICPE), le relatif essoufflement de l’État, jusque-là présenté comme l’acteur principal de la croissance sénégalaise par l’investissement public, imposait de passer le relais au secteur privé, nouvelle locomotive de la croissance sénégalaise à relever au taux de 7%. Il s’agit aujourd’hui de sauver du désastre ce secteur privé sur lequel reposaient les espoirs de croissance par des actions de l’État qui vont nécessaire amoindrir les capacités de ce dernier en matière d’investissement. La priorité consiste désormais pour l’État à apporter son soutien au maintien de l’outil de production - en évitant de trop nombreuses faillites - et à la sauvegarde de l’emploi.
La croissance économique du Sénégal sera donc nécessairement en berne du fait d’une part de l’incapacité du secteur privé national à tirer vers le haut l’investissement et la croissance, et d’autre part à l’affaiblissement plus que prévu de la capacité de l’État à investir.
En outre, le caractère mondial de la crise économique et son importance, également les réflexes déjà annoncés de remise en cause partielle des principes de délocalisation industrielle, conduisent tous les analystes à prévoir une baisse importante de l’investissement direct étranger (IDE).
Au-delà du cadre macroéconomique, l’analyse sectorielle des principaux piliers de l’économie sénégalaise impose aussi de se montrer pessimiste en matière de croissance pour l’année 2020 et même pour celle qui suivra.
L’agriculture sénégalaise a été négligée. Les fausses statistiques ont été préférées à une véritable stratégie de son développement. Au plan des statistiques, les performances annoncées, bien que non conformes à la réalité, sont celles qui ont construit une partie de la croissance de notre PIB. Il est impossible de poursuivre leur gonflement alors que les réalités - comme celle de la notoire insuffisance de graines d’arachide disponibles pour l’industrie d’huilerie - imposent désormais de la réserve à défaut d’un retour à la réalité. A titre d’exemple, il est devenu impossible de fixer la production d’arachide à plus de 1,4 millions de tonnes. Impossible aussi de maintenir ce niveau de production sans verser dans le ridicule.
L’agriculture sénégalaise sera tout au plus stagnante.
L’industrie d’extraction ne pourra compter sur une hausse des cours mondiaux à l’exception de l’or redevenue valeur refuge. Il faut d’ores et déjà tenir compte d’un décalage possible des prévisions d’investissement et de mise en exploitation dans le secteur pétrolier et gazier compte tenu des réajustements déjà annoncés par quelques majors.
L’industrie manufacturière subira les conséquences d’une contraction de la demande des ménages du fait de pans de l’économie en difficulté conduisant à des licenciements et à du chômage technique mais aussi d’une baisse très importante des transferts reçus de l’extérieur.
Toutes les activités liées au tourisme et au transport aérien, piliers de l’économie sénégalaise, vont s’effondrer. Le redressement du tourisme sera très lent en raison de la baisse des revenus dans les pays d’origine des touristes et de leur crainte de risque résiduel de contamination même après la fin des confinements à l’échelle mondiale.
Le secteur du commerce et des services sera très largement impacté par les réflexes de sédentarisation et de confinement, par l’État d’urgence et le couvre-feu.
Le secteur des télécommunications pourrait par contre mieux se tirer d’affaire, les communications se substituant aux contacts interdits ou refusés.
La baisse des transferts de la diaspora aura un impact considérable sur la demande des ménages. Elle pourrait atteindre entre 35 et 50%, ce qui représenterait près de 500 milliards fcfa. La baisse des revenus des expéditeurs qui sont les plus gros contributeurs - parce que résidant dans les pays les plus touchés par la crise du covid-19 (France, Espagne et Italie) - rend très pessimiste sur les montants qui seront perçus en 2020. Il faut rappeler que les transferts d’émigrés sénégalais représentent 10% du PIB du Sénégal, ce qui est considérable.
En raison de tous ces constats, il ne peut être raisonnable d’envisager une croissance de l’économie qui serait ramenée de 7% (taux qui fut déjà contestable) à 3%. Ce dernier taux fut d’ailleurs annoncé trop tôt, à un moment où les conséquences de la crise ne pouvaient encore être correctement évaluées, pour pouvoir être crédible.
Le réalisme devrait plutôt conduire à retenir que l’économie sénégalaise entrera en récession en 2020. A défaut de le croire, il serait au moins raisonnable de l’envisager et de préparer sa remise en route et sa reconstruction au moins dans le court terme. Il vaut mieux retenir cette éventualité, et demain se réjouir de pronostics trop pessimistes plutôt que d’annoncer une croissance de 3% qui jamais ne viendra.
Dès à présent, la remise en activité de notre économie doit être préparée. Elle doit être centrée autour des secteurs dont nous avons la plus grande maîtrise, et en particulier l’agriculture et le tourisme intérieur.
Des comités techniques pluridisciplinaires doivent être mis en place dans cet objectif. Pour ce qui concerne l’agriculture, l’urgence est immédiate en prévision de la prochaine saison des pluies.
Le projet de relance agricole doit être articulé autour du marché intérieur, principalement par l’augmentation des rendements et de la production des céréales et des légumes. Aussi le renforcement de l’embouche pour obtenir la croissance des différents cheptels. Les bras libérés par la crise économique doivent être encouragés à redevenir disponibles pour l’exploitation agricole au sens large.
La campagne agricole 2020 doit être méticuleusement préparée. Les considérations politiciennes qui gênent la distribution optimale des engrais et des semences de qualité doivent être totalement exclues. Face à l’incertitude spécifique à toute saison des pluies, un suivi particulier doit concerner l’utilisation de tout périmètre irrigué recensé sur le territoire national à des fins de production.
Le projet de relance du tourisme doit concerner avant tout le tourisme intérieur. Celui de l’accueil des étrangers pourraient être très lent à reprendre car le Covid-19 laissera des budgets à reconstituer et des peurs de voyage à l’étranger à lever. Les professionnels devront concevoir un plan de promotion de leur activité par des tarifs particulièrement attrayants. Les résidents constituant la clientèle locale, au sortir du confinement relatif et de l’état d’urgence, auront besoin de « dépaysement ». L’offre touristique se souciera toutefois de rassurer en garantissant une sécurité « sanitaire » par le maintien des attitudes de protection au sein des réceptifs. L’État prendra soin d’expliquer aux citoyens l’importance de leur contribution à la relance du secteur par leurs dépenses de vacances locales.
Outre ces deux « projets de relance sectorielle », l’État devra se montrer attentif à toutes suggestions de reprise et de relance d’activité venant des secteurs et des acteurs. Il devra aider à la conception de plans sous-sectoriels de reprise d’activité. La logique dominante consistera à rechercher de manière systématique le maximum de plus-value locale comme condition d’apport de l’aide de l’État. Ce ne sera pas une démarche consistant à se recroqueviller sur soi-même. Ce sera le respect d’une nouvelle logique globale qui portera la reprise des économies nationales à travers le monde au lendemain de la crise du Covid-19.
Le cas particulier de notre future industrie pétrolière et gazière doit faire l’objet de toutes les attentions. Les perturbations sur le marché des hydrocarbures vont engendrer des attitudes de réserve et de recul de la part des compagnies concernées par l’exploitation des permis pétroliers et gaziers. Leur désengagement - espérons temporaire - a d’ailleurs commencé à avoir lieu. L’État du Sénégal doit préparer les réponses juridiques à mettre en œuvre dès que la fin des confinements devra conduire au maintien du respect des engagements qui les lient.
Enfin, durant cette période et sans aucun doute bien au-delà, il faudra mettre en place au bénéfice des populations vulnérables, une juste réponse à l’augmentation de la pauvreté, mais également apporter la riposte adéquate à l’extension des zones d’insécurité alimentaire.
Notre cher Sénégal est entré en guerre. Pensons déjà à sa reconstruction.
Dans l’espoir que ces quelques propositions vous seront d’utilité, je vous prie d’agréer, monsieur le président, l’expression de notre considération citoyenne.
Que Dieu (swt) sauve le Sénégal et l’humanité.
LA CROISSANCE DEVRAIT CHUTER A MOINS 5,1% EN 2020
La Banque mondiale a lancé, hier, son rapport Africa Pulse sur les perspectives économiques de l’Afrique.
La Banque mondiale a lancé, hier, son rapport Africa Pulse sur les perspectives économiques de l’Afrique. il s’est agi d’une première analyse pas du tout rassurante de l’institution financière internationale sur l’impact économique du coronavirus (CoviD-19) dans le continent. et selon ses prévisions, la croissance dans la région subsaharienne devrait chuter brutalement à moins 5,1% en 2020.
Les prévisions de la Banque Mondiale ont de quoi faire peur aux économies de l’Afrique subsaharienne. Evaluantl’impact du Covid-19 sur le continent, à travers son rapport Africa Pulse, l’institution financière internationale a alerté sur le danger qui guette les pays africains. Selon elle, la croissance en Afrique subsaharienne a été considérablement affectée par l'épidémie actuelle de coronavirus et devrait chuter brutalement de 2,4% en 2019 à -2,1 et -5,1 % en 2020. C’est d’ailleurs, à l’en croire, la première récession de la région depuis 25 ans. L'analyse montre également que le Covid-19 coûtera à la région entre 37 et 79 milliards de dollars en pertes de production pour 2020 en raison d'une combinaison d'effets. «Ceux-ci comprennent la perturbation du commerce et de la chaîne de valeur, qui a un impact sur les exportateurs de produits de base et les pays ayant une forte participation à la chaîne de valeur ; la réduction des flux de financements étrangers provenant des envois de fonds, du tourisme, des investissements directs étrangers, de l'aide étrangère, combinée à la fuite des capitaux ; et par le biais d'impacts directs sur les systèmes de santé, et des perturbations causées par les mesures de confinement et la réponse du public», liste le rapport. Qui ajoute que la crise du Covid-19 pourrait également déclencher une crise de la sécurité alimentaire en Afrique, la production agricole pouvant se contracter de 2,6% dans un scénario optimiste et jusqu'à 7% en cas de blocage des échanges. «Les importations de denrées alimentaires diminueraient considérablement (jusqu'à 25% ou même 13%) en raison de la combinaison de coûts de transaction plus élevés et d'une demande intérieure réduite», précise le document. Si la plupart des pays de la région ont été touchés à des degrés divers par la pandémie, indique t-il, la croissance du produit intérieur brut réel devrait chuter fortement, en particulier dans les trois plus grandes économies de la région - le Nigeria, l'Angola et l'Afrique du Sud - en raison de la faiblesse persistante de la croissance et des investissements. Aussi, d’après le rapport Africa Pulse, le secteur du tourisme de la région devrait se contracter fortement en raison de graves perturbations dans le domaine des voyages.
LES CONSEQUENCES NEGATIVES DU CONFINEMENT
Plusieurs pays africains ont réagi rapidement et de manière décisive pour freiner l'afflux et la propagation potentiels du coronavirus, conformément aux directives internationales. Toutefois, le rapport souligne que ces mesures de confinement et d’atténuation de la propagation du coronavirus auront des impacts négatifs sur nos économies. Cela pourrait, laisse-t-il entrevoir, entraîner une réduction de la participation au marché du travail, une sous-utilisation du capital, une moindre accumulation de capital humain et des effets de productivité à long terme. Les auteurs du rapport soulignent la nécessité d'une réponse politique adaptée pour refléter la structure des économies africaines (en particulier l'important secteur informel) et les contraintes particulières auxquelles les décideurs politiques sont actuellement confrontés, notamment la détérioration des positions budgétaires et la vulnérabilité accrue de la dette publique, ainsi que la faible capacité opérationnelle globale de réponse. «Les mesures immédiates sont importantes, mais il ne fait aucun doute qu'il sera nécessaire d'obtenir une sorte d'allégement de la dette de la part des créanciers bilatéraux afin de garantir les ressources nécessaires d'urgence pour lutter contre le Covid-19 et pour aider à gérer ou à maintenir la stabilité macroéconomique dans la région», a déclaré Cesar Calderon, économiste en chef et auteur principal du rapport.
LA BANQUE MONDIALE ENCOURAGE LES ACTIONS SOCIALES DES ETATS
Convaincu que les pays africains risquent d'être particulièrement touchés, le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique, Hafez Ghanem, a fait savoir que des ressources seront mobilisées pour aider les pays à répondre aux besoins immédiats des populations en matière de santé et de survie tout en préservant les moyens de subsistance et les emplois à plus long terme. La Banque mondiale compte ainsi demander un gel des paiements officiels au titre du service de la dette bilatérale, ce qui permettrait de libérer des fonds pour renforcer les systèmes de santé afin de faire face au Covid-19 et de sauver des vies. Le groupe de la Banque mondiale va prendre également des mesures rapides et de grande envergure pour aider les pays en développement à renforcer leur réponse à la pandémie, à accroître la surveillance des maladies, à améliorer les interventions de santé publique et à aider le secteur privé à poursuivre ses activités et à préserver les emplois. Il sera déployé pour ce faire jusqu'à 160 milliards de dollars de soutien financier au cours des 15 prochains mois pour aider les pays à protéger les pauvres et les personnes vulnérables, soutenir les entreprises et favoriser la reprise économique. Les auteurs de Pulse recommandent en définitive aux décideurs africains de se concentrer sur le sauvetage des vies et la protection des moyens de subsistance en s'attachant à renforcer les systèmes de santé et à prendre des mesures rapides pour minimiser les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement alimentaire. Ils recommandent également de mettre en œuvre des programmes de protection sociale, y compris des transferts d'argent liquide, la distribution de nourriture et des exemptions de frais, pour soutenir les citoyens, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur informel.
LES PRODUCTEURS D’ANACARDE CRAIGNENT POUR LEUR SECTEUR
La commercialisation de l’anacarde qui a démarré timidement dans certaines localités de la région de Ziguinchor, et un peu partout à travers la Casamance, risque d’être frappée de plein fouet par la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus
La commercialisation de l’anacarde a démarré timidement dans certaines localités de la région de Ziguinchor, et un peu partout à travers la Casamance. Mais pour cette présente campagne, les producteurs craignent de voir leur secteur frappé de plein fouet par la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus.
L’anacarde, communément appelé l’or noir de la Casamance, fait vivre plusieurs centaines de familles dans la partie sud du Sénégal. Le secteur de la noix de cajou génère beaucoup de ressources pendant la commercialisation. Surtout avec les nouvelles mesures prises par l’Etat du Sénégal de faire transiter toute la production par le port de Ziguinchor.
Dans le contexte actuel marqué par l’interdiction des rassemblements des personnes et du transport interurbain, les producteurs auront du mal à convoyer leurs productions vers les points de vente de la région. «Nous craignons beaucoup pour notre production. L’Etat a interdit le transport interurbain. Et depuis quelque temps, on a démarré avec de petites quantités qu’on a d’ailleurs du mal à vendre pour acheter de la nourriture. Pour le moment, les Indiens qui constituent nos principaux clients sont absents sur le terrain», expliquent Mamadou Sonko et son frère, producteurs à Djabir.
Avec les mesures de restrictions imposées par les autorités dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, le secteur de l’anacarde, renseigne Souleymane Coly de Bourofaye, risque de battre de l’aile cette année. «Sa commercialisation va connaître une crise, si les autorités n’assouplissent pas ces mesures restrictives. Actuellement, on est en confinement partiel, rien ne marche, tout est au point mort dans la région. Même pour rallier un village, il faut obligatoirement une autorisation de circuler. C’est difficile», se plaint Alfred Coly qui habite Bourofaye. «Beaucoup d’activités autour de la commercialisation de l’anacarde tournent au ralenti. Il s’agit entre autres de la restauration et du transport», poursuit notre interlocuteur qui s’inquiète de la perte d’emplois que la crise va engendrer dans le cadre de la commercialisation de l’anacarde. «Des centaines de femmes deviennent des journalières pendant la traite de la noix de cajou.
Et la plupart d’entre elles sont des responsables de famille. Non seulement, elles assistent leurs maris, mais elles investissent leur argent dans le petit commerce et créent des activités génératrices de revenus dans leurs quartiers», indique Souleymane Sy. Compte tenu de tous ces facteurs, il invite l’Etat du Sénégal à revoir sa copie pour permettre aux producteurs de vendre leur production. «Sinon, la faim va s’installer dans beaucoup de familles», prévient-il.
PROFILS DES BÉNÉFICIAIRES DE L’AIDE DESTINÉE AUX ÉMIGRÉS
Selon le ministre des Affaires étrangères, le gouvernement va procéder à une ‘’cartographie’’ des ayants droit et définir les ‘’critères d’attribution’’ des dons tirés du plan destiné aux expatriés
Le gouvernement a identifié les ayants droit du ‘’plan sectoriel de contingence’’ mis en place pour venir en aide aux Sénégalais vivant à l’étranger et affectés par la pandémie de coronavirus, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Bâ.
Les expatriés vivant dans la ‘’précarité’’ ou en situation de ‘’vulnérabilité’’ à cause de la crise sanitaire engendrée par le nouveau coronavirus (Covid-19) et ceux dont le séjour est en cours de ‘’régularisation’’ dans leur pays d’accueil vont bénéficier de cette aide, a-t-il précisé lors d’un point de presse donné conjointement avec son collègue chargé de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.
Les émigrés sénégalais travaillant dans le secteur informel et les retraités vivant dans des foyers ‘’très exposés’’ par la pandémie de coronavirus font également partie des ayants droit, selon M. Bâ. Le ‘’plan sectoriel de contingence’’ va également venir en aide aux Sénégalais poursuivant des études à l’étranger et n’étant pas boursiers, de même que les compatriotes ‘’bloqués’’ en dehors de leur pays de résidence ou dans les zones de transit, a-t-il ajouté.
Les Sénégalais ne bénéficiant pas de l’aide ou de l’assistance sociale de leur pays d’accueil, les familles des émigrés ‘’malades ou des victimes du Covid-19’’ seront assistés par le ‘’plan sectoriel de contingence’’, selon le ministre des Affaires étrangères.
Les familles des émigrés sont des ‘’victimes collatérales’’ de la pandémie de coronavirus, dont elles subissent des ‘’répercussions’’ de la crise sanitaire, a dit Amadou Bâ, assurant qu’elles feront partie des ayants droit. Ces familles souffrent du ralentissement ou de l’arrêt des activités économiques exercées par leurs parents expatriés, et les transferts d’argent qu’elles reçoivent sont en baisse, a souligné M. Bâ.
La semaine dernière, le président de la République, Macky Sall, a promis de mettre en place un fonds d’aide de 12,5 milliards de francs CFA destiné aux Sénégalais vivant à l’étranger. Ce fonds va servir à ‘’assister, soutenir et protéger les Sénégalais de l’extérieur, qui se sont établis dans des pays touchés par la pandémie de coronavirus’’, a précisé Amadou Bâ.
‘’Le plan sectoriel de contingence (…) a été pensé et élaboré en faveur de nos compatriotes vivant à l’étranger’’, a rappelé M. Bâ, soulignant que ‘’cette cible est diverse et se présente sous plusieurs catégories’’.
Selon le ministre des Affaires étrangères, le gouvernement va procéder à une ‘’cartographie’’ des ayants droit et définir les ‘’critères d’attribution’’ des dons tirés du plan destiné aux expatriés. Une cellule de crise mise en place au sein de son ministère assure la coordination du ‘’plan sectoriel de contingence’’, a-t-il dit, promettant une ‘’gestion efficace, efficiente et transparente des ressources’’ octroyées aux émigrés.
‘’Les principes directeurs qui fondent la distribution des fonds sont la cohérence, la transparence, l’équité et la célérité’’, a assuré Amadou Bâ. Les fonds seront remis aux bénéficiaires par des comités dirigés par les ambassadeurs du Sénégal dans les pays d’accueil des émigrés sénégalais, selon M. Bâ.
Les consuls et les responsables des affaires consulaires ou sociales seront membres de ces comités, qui seront dotés d’un agent comptable, d’un député de la diaspora et de toute autre personne ressource dont ‘’la présence est utile’’, a-t-il indiqué.
Un formulaire sera rempli par les personnes susceptibles d’être des ayants droit du ‘’plan sectoriel de contingence’’, en vue de leur ‘’identification’’ et de leur ‘’recensement’’.
Le ministre des Affaires étrangères appelle au respect scrupuleux des mesures sanitaires prises par l’Organisation mondiale de la santé et les pays d’accueil des Sénégalais. ‘’L’ordre a été donné à toutes nos missions diplomatiques et consulaires de se rapprocher sans délai des autorités administratives et municipales des villes de résidence [des émigrés sénégalais] pour disposer (…) d’une sépulture dans les cimetières musulmans ou catholiques, pour les défunts’’, a ajouté Amadou Bâ.
‘’Cette période de guerre contre un ennemi invisible, nuisible et insaisissable (le Covid-19) impose une union sacrée autour du chef de l’Etat, une mobilisation de toutes les énergies, une vigilance accrue et un respect strict des mesures édictées par les autorités sanitaires pour vaincre cette maladie’’, a-t-il dit.
par l'éditorialiste de seneplus, Tidiane Sow
FAIRE LES CHOSES AUTREMENT ET DIFFÉREMMENT : STRATÉGIE VS PLANIFICATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Au-delà du plan de résilience concocté par l’exécutif qui répond à une urgence et dont la partie la plus facile ne sera pas son exécution, il nous faudra définir une stratégie (et non un plan) de mutation de notre société
Avec le covid-19, un nouvel ordre mondial est en train de naitre. Il ne faut pas rater ce moment de l’histoire. Il y aura bien un avant et un après – coronavirus. La pandémie a révélé nos erreurs dans nos choix. Il est acquis qu’il nous faudra faire les choses autrement et différemment. Il n‘y a pas d’autres options possibles.
Au 16è siècle, en Amérique Centrale, quelques poignées d’espagnols emmenées par Pizzaro, simple soldat, illettré et brutal, ont eu bien raison de deux des plus puissants empires du Pérou. Leur supériorité technologique fut importante certes dans leur victoire. Ils possédaient le fer, le cheval, la poudre à canon alors inconnus des peuples précolombiens. Pourtant l’arme la plus meurtrière et la plus dramatiquement efficace a été celle qu’ils ne maitrisaient pas : les virus et les bactéries qu’ils apportaient. Les épidémies se sont abattues sur les indiens comme la punition envoyée par leurs Dieux pour châtier des crimes qu’ils ne se savaient même pas avoir commis. Les vaincus avaient été incapables de réagir à des évènements qui n’entraient pas dans leurs catégories mentales.
Ne pas savoir se défendre avait changé l’ordre mondial : les routes de l’Atlantique s’ouvrirent et rendirent caduques celles de la Méditerranée et de l’Asie. Ce fut un nouveau monde et les vaincus restèrent à sa lisière.
Si nous n’y prenons garde, cette histoire se répétera et nous resterons encore une fois à la lisière d’un nouveau monde qui se concocte sous nos yeux. Les notes de prospective française et européenne, pour déplaisantes qu’elles soient à nos yeux ne proposent qu’une redéfinition de leur futur nouveau monde.
Au-delà du plan de résilience concocté par l’exécutif qui répond à une urgence et dont la partie la plus facile ne sera pas son exécution, il nous faudra définir une stratégie (et non un plan) de mutation de notre société, c’est à dire, contrairement aux Incas, se préparer à se défendre. C’est en ces temps de pax romana et de confinement qu’il faudrait en profiter pour mettre en place des tasks forces multidisciplinaires chargées d’élaborer cette stratégie.
Pour cela, il nous faudra répondre aux questions suivantes :
1) Quel avenir voulons-nous pour le Sénégal ? (Education, Santé, Agriculture, Infrastructures…)
2) Quelle société nouvelle voulons-nous instaurer ?
3) Quels comportements devons-nous modifier ou adopter pour arriver à ces résultats ?
4) De quel type de leadership (comportements spécifiques de nos leaders) avons-nous besoin pour implémenter ces nouveaux comportements et réaliser cet avenir ?
Cette séquence, et dans cet ordre, liera le Sénégal de demain que nous voulons avec le comportement des sénégalais et les changements de comportements de nos leaders.
A travers ce lien, nous mettrons en exergue là où il faudra porter l’attention et là où il y aura des manquements.
Nous devrions aussi méditer les propos de G.B Shaw, à savoir que “le progrès est impossible sans changements et que ceux qui ne peuvent pas changer leur esprit ne peuvent rien changer”.
Il faudra que nous osions et pour cela le préalable serait de penser que c’est possible. Tout se joue dans les têtes. A nous de changer nos mentalités. C’est un long processus. Il faudra le commencer maintenant sans tarder si nous voulons être présents au rendez-vous avec le nouveau monde.
A PRESENT L’AVENIR, QU’AVONS-NOUS APPRIS DU PASSÉ ?
N’est-il pas temps de réduire notre dépendance à l’aide internationale avec les conditionnalités qui s’y rattachent et nous attachent aux bailleurs de fonds ? Notre attentisme est une aubaine extraordinaire pour les autres
Ce contexte de Covid-19 constitue une belle opportunité de se redéfinir, individuellement et collectivement. Pour nous, Africains du Sénégal et d’ailleurs, c'est vraiment le moment de se redéfinir et se déterminer. 60 ans de souveraineté internationale ne riment toujours pas avec autant d’années d’indépendance. N’est-il pas temps de réduire notre dépendance à l’aide internationale avec les conditionnalités qui s’y rattachent et nous attachent aux bailleurs de fonds ? N’est-il pas temps de réapprendre à penser et agir par soi-même, en comptant d’abord sur nos ressources propres, aussi limitées soient-elles ? Cela peut prendre du temps mais tant que nous n'aurons pas commencé à ramer, c'est le supposé partenaire qui nous mènera en bateau. Quitte à continuer à offrir à certains d'entre nous des os à ronger, comme lorsque nos ancêtres vendaient d'autres Africains pour des gadgets, pensant s'en sortir mieux, eux-mêmes.
Ces nombreuses conférences, négociations internationales (changement climatique, etc.) et autres "Sommet" Tel-Pays/Afrique, ne constituent que jobardise chez nos gouvernants empressés de prendre l’air et d’offrir des frais de mission à des courtisans et militants, au frais de la princesse. Les résolutions finales sont toujours formulées avant le démarrage. Les marges de modifications ou d’amendements sont fonction des éventuelles « pressions » que des parties intéressées distillent par des canaux communicationnels bien choisis. Le reste, c'est du faire-valoir. Mais nous sommes ravis de recevoir des perdiem et d’échanger des cartes de visite, en attendant la prochaine occasion d’entendre l’hypocrite refrain : « Nice to meet you »!
Qu'il continue d'en être ainsi, si nous adorons jouer au plus malin entre nous plutôt que d'oser nous affranchir de nos courtes vues. L’une de nos principales difficultés, c'est la prise d'initiative (et l'on s'étonne des taux de chômage qui galopent sans éperon). Notre attentisme est une aubaine extraordinaire pour les autres. A l’université, l’étudiant(e) considère qu’il/elle n’a que les études comme part de contrat. Dès l’instant qu’il y est, il ne faut plus rien attendre de lui. Le job-étudiant que son compatriote expatrié entreprend pour vivre, c’est trop peu pour lui. Pendant les grandes vacances, il est carrément en congés. Rares sont celles et ceux qui, en dehors des corvées familiales, décident de s’activer en cherchant un emploi rémunéré, ne serait-ce que pour pouvoir soulager leurs parents et, en termes de développement personnel, découvrir d’autres réalités et développer leurs expériences. Leurs alter-ego dans les pays occidentaux profitent justement de ces moments pour entreprendre, expérimenter, voyager, découvrir et, ce faisant, obtenir les premières lignes de leurs CV. Par-delà les mêmes qualifications, leurs CV restent plus étoffés parce qu’ayant davantage diversifié les expériences. Ils apprennent déjà à décider et s’orienter quand nous en sommes encore à nous poser des questions et à attendre que quelqu’un veuille bien (nous) répondre.
Le salarié attend une promotion. Il est peu proactif, craignant d’être mal vu par ses collègues. Même lorsqu’il a en tête une idée de projet qui pourrait rapporter gros à son entreprise, il rasera les murs pour ne pas paraître trop ambitieux. Le fonctionnaire, quant à lui, veillera à garder sa place, en attendant qu’on veuille bien lui confier des dossiers. Ses « chances » de promotion, il les place entre son guide religieux et un engagement politique de plus en plus perçu comme obligatoire.
Toutefois, malgré cet appel, des bombes sociales vont naitre dans les économies développées avec des effets plus désintégrateurs que ce que nos économies et sociétés en développement vivent déjà. De manière imagée, le modèle économique est le suivant : dans les économies faibles, le trou pourrait s’élargir mais il ne sera pas plus profond que la situation actuelle. Et, effet d’aubaine, en s’élargissant, il offrira plutôt de l’espace, des bouffées d’air, des possibilités de se mouvoir pour remonter par le truchement de la courte échelle, dans une logique systémique. Nos économies ne pourraient être ensevelies que par l’absence d’initiatives coordonnées et visant à nous faire remonter, à l’image de l’âne qui se secoue après chaque jetée de sable au moment où l’on pensait l’enterrer. Nos économies ont tout à tirer de cette instabilité généralisée.
Considérant les risques sociaux dans leurs contextes, les gouvernants occidentaux vont fortement encourager les jeunes, les femmes et les adeptes de la reconversion professionnelle à créer des Entreprises sociales et des ONG. Ces structures recevront des subventions pour - ô âmes charitables - aller aider les Africains à traverser ces moments troubles. Un nouveau diplômé viendra "rayonner" en Afrique comme expert, et nous serons contents de l'accueillir, parce qu'il vient avec un supposé financement, alors que ce sont des ressources de survie chez lui !
Et si, pour une fois, nous prenions les devants pour nos jeunes, nos femmes et nos jeunes retraités (retraités récents) qui ont encore des compétences à valoriser, ne serait-ce que comme formateurs, encadreurs, coaches, que sais-je ?
Même notre secteur (maladroitement qualifié) informel offre de belles opportunités de relance et d'orientations de politiques économiques fondées sur une logique de filière et de création de valeur ajoutée. Ce jeune Lambda qui arpente les rues des villes termine sa journée avec, parfois, moins de 1000FCFA en poche, après n’avoir vendu que très peu d’articles « chinois », si jamais. Il sait déjà vendre et il en a la volonté et l’endurance. Il sait travailler en réseau et avec des fournisseurs, dans une logique de marges bénéficiaires par article vendu. Concrètement, à défaut d’une scolarité effective ou poussée, il a déjà appris un métier dans une première partie de sa vie. Il sait déjà faire quelque chose et ne craint pas d’en embrasser une autre. En dehors du diplôme ou de la qualification, quel autre avantage le jeune instruit a-t-il sur lui ? Un certain pragmatisme comprendrait que le marché de l’emploi arrive à intégrer un demandeur d’emploi déjà prêt et qui ne nécessite pas grand investissement pour sa mise à niveau ou un mentorat autre que la tâche habituelle du chef d’équipe.
Non pas que la qualification ne soie pertinente et nécessaire, mais l’enjeu double de l’intégration des acteurs de l’informel à l’emploi et l’insertion professionnelle des instruits dont les diplômes sont souvent en déphasage d’avec les profils d’emploi, exige un jeu d’équilibre que les acteurs du marché du travail doivent mener avec habileté pour, d’un côté, réduire progressivement la part de l’occupation informelle, et de l’autre, absorber les diplômés demandeurs d’emploi. La question est maintenant de savoir vers quelles activités pourraient s’orienter les uns et les autres ? Et, savoir être (identités ; propriétés intrinsèques) pour savoir-faire (apprentissage ; valorisation) : le secteur primaire embrasse le secteur secondaire pour engendrer le tertiaire. C’est une question de vision et de cohérence !
De manière plus engagée, une politique structurante consisterait à déjà appliquer la loi sur l’obligation scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans minimum, instruction arabe y compris. Ce qui, à terme, favoriserait l’éradication des disparités entre instruits et non instruits, chacun pouvant progressivement aspirer à des trajectoires d’emploi selon un environnement social et économique dans lequel les instruits et les qualifiés seraient plus nombreux que la masse actuelle qui résulte de la non scolarisation ou de la déperdition scolaire, y compris chez les filles et les femmes. Mais une telle politique procède principalement d’une vision qui peine à émerger. Jusqu’ici, nos gouvernants sont encore à se concentrer sur le court terme, dans un éternel recommencement qui coûte et coûtera davantage. Chaque jour, c’est le même commerce chez l’acteur informel. Chaque année, c’est le même tourbillon chez les chômeurs ; les mêmes turbulences dans le monde de l’éducation et de la formation. Personne ne sait quel est le projet ! Personne ne sait quel Sénégalais ou quelle Sénégalaise notre nation veut voir à l’œuvre à l’horizon X ! Qui peut objectivement justifier la pertinence d’un ministère de la jeunesse autrement que par la gratification de militants et la mise à disposition de ressources publiques pour des dividendes politiciens ? S’il s’agit de formation, de culture ou d’emploi, d’autres départements pourraient très bien intégrer cette frange de la population, de sorte à les orienter vers des buts constructifs et non des moyens distrayants.
Pour revenir sur la cohérence entre obligation de scolarisation (entrée) et pertinence des qualifications (sortie), il y a également lieu de réadapter les curricula, au niveau primaire, secondaire et au supérieur. Étudier l’histoire des pays occidentaux ou asiatiques participe d’une culture générale intéressante, certes. Cependant, à l’échelle de l’instruction, cela ne coïncide à aucun projet pertinent. Dans ces pays qui nous prennent quantités de crédits horaires, l’Afrique est le cadet de leurs projets pédagogiques. Les Africains passent à la télévision et les sportifs africains animent leurs stades. Pour le reste, ils se concentrent sur le devenir de leurs citoyens et les apports potentiels de ces derniers à l’économie. Pendant ce temps, dans nos pays africains, l’université reste un refuge vers lequel on s’engouffre sans projet, sauf pour les enfants des nantis. Non seulement l’individu fonce tête baissée mais même l’État absorbe bouche béante, sans prêter attention à la quantité et à la qualité de ceux qui arrivent, et sans interrogation critique quant à ses moyens pour digérer tout cela. Bien profilés ou mal profilés, voilà d’autres diplômés qui vont bientôt inonder le marché du travail, à leur tour.
Peu importe la configuration qui caractérisera l’année 2020, le Covid-19 pourrait être un excellent déclic pour redresser la barque et l’orienter vers un cap collectivement choisi et intelligemment abordé. Le contexte s’y prête. Peu ou prou, les individus sont relativement conscients et demandeurs de cette réorientation. Mais nos gouvernants ont-ils la vision et le courage pour lancer la dynamique, en mobilisant les institutions publiques et les intelligences dont nous disposons clairement à l’intérieur du pays, du continent et à travers la diaspora internationale ?
LA COMPAGNIE SUCRIERE SENEGALAISE PEUT-ELLE BENEFICIER D’UNE TELLE PROTECTION ?
Le Sénégal pourrait-il se permettre d’interdire l’importation du sucre pendant cinq ans ?
Le Sénégal pourrait-il se permettre d’interdire l’importation du sucre pendant cinq ans ? La question mérite d’être soulevée pour apprécier de la justesse de la mesure décidée par le gouvernement ivoirien le 25 janvier dernier. Le patriotisme économique ivoirien ne cherche qu’à sauver la production locale de sucre malmenée par des importations sauvages venant du Brésil, de Chine ou de Thaïlande. Au niveau de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css), la mesure ivoirienne est bien appréciée. Elle fait sourire, mais à Richard Toll, on indique qu’il n’est pas encore possible d’arriver à un tel schéma même si on souhaite que l’Etat améliore grandement la gestion des importations le 29 janvier dernier, le gouvernement ivoirien décidait en Conseil des ministres d’interdire l’importation de sucre dans le pays pour une durée de cinq ans. la mesure, conséquence directe d’une étude commanditée par le ministère du Commerce et de l’Industrie sur « la rentabilité globale et le niveau de compétitivité des entreprises sucrières ivoiriennes, à partir d’une analyse de la structure des prix et de l’évaluation du coût à l’importation », doit permettre aux deux industriels du pays, Sucaf, filiale de Somdiaa, et Sucrivoire, de Sifca, de mettre à niveau leurs installations sans craindre la concurrence.
Selon Jeune Afrique qui donne l’information, la volonté du gouvernement ivoirien est de protéger temporairement l’industrie sucrière locale pour permettre à cette dernière d’investir et d’améliorer sa compétitivité pour répondre à une demande toujours croissante. l’étude, en montrant la faible compétitivité de l’industrie locale ivoirienne concluait qu’elle est incapable en l’état de rivaliser avec les importations venues du Brésil, de Chine ou de Thaïlande et de satisfaire une demande croissante. la consommation ivoirienne était estimée à 243 000 tonnes en 2018 tandis que la production locale, elle, n’était que de 197 270 tonnes. Par conséquent, elle ne couvrait que 80,96 % des besoins nationaux. Pour accompagner les deux industries de sucre en termes d’investissement, le gouvernement ivoirien envisage de signer des « contrats-plans » avec chacun des sucriers
La compagnie sucrière sénégalaise (CSS) peut-elle bénéficier d’une telle faveur ?
Au niveau de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), des dirigeants interrogés sur la possibilité pour l’etat sénégalais de prendre une mesure d’interdiction similiaire à celle qui va être mise en œuvre en Côte d’Ivoire, répondent qu’il leur serait difficile d’arriver à garantir une totale prise en charge des besoins du marché. malgré des investissements massifs de près de 100 milliards de nos francs, la CSS, qui a pu porter sa production annuelle à 150.000 tonnes, ne parvient pas encore à satisfaire la totalité de la demande estimée à 200.000 tonnes. Ce qui fait que le deuxième employeur du pays après l’état avec environ 7500 travailleurs est obligé de composer avec les importateurs de sucre qui sont titulaires des fameuses déclarations d’importation de produits alimentaires (DIPA). Au niveau de la société de Jean Claude Mimran, on a toujours dénoncé le désordre qui règne au niveau des Dipa données dans des conditions douteuses, électoralistes et non avouées. les importations sauvages rendues possibles par la Dipa font d’autant plus désordre que la CSS a engagé depuis 2015 un plan d’investissement en deux phases de près de 240 milliards de frs pour étendre ses capacités de production à 200.000 tonnes annuelles d’ici 2021 afin pouvoir couvrir les besoins du marché local. la première phase lui a permis d’atteindre près de 150.000 tonnes annuelles.
L’usine compte démarrer rapidement la deuxième phase. D’ici une ou deux années, la CSS pourrait donc être à même de couvrir les besoins domestiques. Ce qui lui permettrait alors de revendiquer la même protection que le gouvernement ivoirien vient d’accorder à son industrie sucrière nationale. Tout cela suppose bien sûr que l’état ait la fermeté de mettre de l’ordre dans les DIPA. Ce qui est une autre paire de manches !