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5 mai 2025
Economie
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L'IMMOBILIER ET LA CRISE DU CORONAVIRUS
EXCLUSIF SENEPLUS - Massamba Ndiaye, secrétaire général de la fédération des agences et courtiers du Sénégal, exhorte les acteurs à la solidarité en vue d'amoindrir les conséquences de la pandémie du covid-19 sur le secteur
Boubacar Badji et Youssouf Ba |
Publication 30/03/2020
La fédération des agences et courtiers immobiliers du Sénégal se prépare aux conséquences du Covid-19 dans le secteur de l'immobilier. Le secrétaire général, Massamba Diagne, prône notamment une approche citoyenne et patriotique dans le recouvrement des loyers durant cette période de crise sanitaire.
Il s'en explique au micro de SenePlus.
SUPPRIMER LE CESE ET LE HCCT COMME ON L'AVAIT FAIT POUR LE SENAT
La suppression du Conseil économique, social et environnemental, du Haut conseil des collectivités territoriales pour appuyer la lutte contre le Covid-19 a proposé Guy Marius Sagna membre fondateur du mouvement Frapp/ France dégage
Macky Sall doit supprimer certaines institutions comme le Cese et le Hcct pour mobiliser leurs budgets contre le Covid19. C’est la conviction de l’activiste Guy Marius Sagna. Il reconnaît cependant que certaines de leurs propositions ont déjà été prises en charge par le président de la République, comme la libération des 2 036 détenus.
La suppression du Conseil économique, social et environnemental (Cese), du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) pour appuyer la lutte contre le Covid-19 : La proposition émane du membre fondateur du mouvement Frapp/ France dégage qui a récemment lancé l’initiative «Corona dégage !». Invité de l’émission «Grand jury» de la Rfm hier, Guy Marius Sagna estime que le président de la République doit dissoudre ces institutions comme il l’avait fait avec le Sénat en 2012 pour lutter contre les inondations.
Selon lui, à sa connaissance, les plateformes Noo lank et Aar li ñu bokk, dont il est membre, n’ont pas été conviées lors des concertations entre Macky Sall et les différentes forces vives de la Nation. Mais pour l’activiste, ce n’est pas le plus important. La plateforme Frapp/France dégage, dit-il, note déjà que parmi ses propositions faites à travers un communiqué, quelques-unes ont déjà été prises en charge, comme la grâce accordée à 2 036 détenus. «Nous pensons qu’il aurait pu faire plus, mais c’est déjà un bon début. Nous l’invitons à augmenter le nombre de détenus graciés», invite-t-il.
«Les décisions prises par le Président sont plus ou moins acceptables» Par ailleurs, Guy Marius Sagna a indiqué qu’en militant «discipliné», il serait allé avec ses camarades rencontrer le chef de l’Etat s’il avait invité leur organisation. Il est connu pour être un farouche critique du régime, mais il reconnaît que «les décisions qui sont prises sont plus ou moins acceptables».
Et il ajoute : «Nous les soutenons.» Cependant, l’activiste soutient qu’il y a énormément de choses à faire comme l’équipement des hôpitaux en masques suffisants. Agent du ministère de la Santé et de l’action sociale, Guy Marius Sagna a plaidé la cause des personnels soignants. Il a également interpellé les citoyens par rapport à leur comportement relatif aux mesures sanitaires et administratives prises par l’Etat.
«Ce n’est pas dans des conditions favorables au Sénégal que ce coronavirus nous tombe. C’est important de dire cela pour ceux qui bravent les couvre-feux, pour ceux qui banalisent la maladie. Aujourd’hui, nous n’avons pas suffisamment de lits. Nous avons seulement une seule unité de mise en quarantaine qui ne respecte même pas toutes les conditions requises d’une bonne unité de mise en quarantaine», a-t-il alerté.
Il poursuit en déclarant que «si nos hôpitaux étaient des bateaux, ils feraient naufrage» à cause du déficit d’infrastructures sanitaires dans le pays, comparé à la population. S’il admet que l’Etat a une «grande responsabilité», Guy Marius Sagna souligne également une «responsabilité individuelle» des citoyens dans la lutte contre la propagation du coronavirus.
En conséquence, il invite les citoyens à respecter les consignes sanitaires et administratives et demande aux décideurs de réfléchir sur le dépistage massif dans les meilleurs délais.
par Cheikh Omar Diallo
ORDONNANCES PRÉSIDENTIELLES POUR UN CORPS MALADE
Dix propositions pour limiter autant que possible, les dommages insondables liés au chaos sanitaire en cours dans le monde et au Sénégal
La planète est fermée. Le temps s’est arrêté. Le monde s’est confiné.
En ces jours les plus sombres et les plus incertains de l’histoire de l’humanité, mieux vaut vivre confiné que d’être contaminé par la pandémie mondiale du Covid 19.
Face au pire désastre humanitaire lié à l’épidémie de décès dans le monde, les médecins sont désorientés, les gouvernements dépassés, les populations déstabilisées, quand bien même la riposte s’organiserait sur tous les plans, non sans mal.
Nous voici ainsi catapultés dans « la gouvernance de crise » où les instruments juridiques auront pour noms : pouvoirs exceptionnels ; état de siège ; état d’urgence ; loi d’habilitation ; ordonnances ; couvre-feu ; entre autres.
Dans la quasi-totalité des Etats démocratiques, le niveau de gravité et d’immédiateté du péril en appelle, avant tout, à limiter les dégâts considérablement gigantesques.
Dans cet ordre d’idées, la question de droit constitutionnel se pose en des termes à la fois simples et complexes : Comment décider juste en situation d’urgence ?
Auparavant il faut rappeler qu’au-delà des intérêts personnels les plus respectables, au-delà des intérêts collectifs les plus défendables, se placent indubitablement l’intérêt général, l’intérêt national et l’intérêt supérieur. Cet ordre public sanitaire mondial que [re]découvrent les gouvernants des pays riches et pauvres, recommande à tout Etat digne de ce nom, d’assurer la survie de la population, face à un chaos d’une ampleur sans précédent.
Décider juste en situation d’urgence
C’est pourquoi, le président de la République, à bon droit, a décrété l’état d’urgence sanitaire, le 23 mars 2020, conformément aux article 69 et 77 de la Constitution du 22 janvier 2001, en même temps qu’il a saisi ce lundi 30 mars 2020, l’Assemblée nationale en vue de l’adoption d’une loi l’habilitant à prendre pour une durée de 3 mois, des mesures relevant du domaine de la loi afin de faire face aux défis et enjeux d’ordre sanitaire, économique, financier et social imposés par la pandémie.
Soit dit en passant, cette habilitation sera probablement prorogée de 3 autres mois, compte tenu de la dure période de soudure qui arrive et de l’état de notre agriculture essentiellement pluviale.
Pour sûr, avec une forte majorité parlementaire, cette loi d’habilitation sera adoptée et publiée dans le journal officiel, le 3 avril 2020, au plus tard. Elle habilitera de jure et de facto le gouvernement à prendre un concert de mesures urgentes et d’ordonnances salutaires dans les domaines budgétaire, de sécurité sociale, de fiscalité, d’appui aux entreprises et d’assistance et de soutien aux personnes les plus vulnérables.
Le projet de loi d’habilitation actuellement sur le bureau du parlement permettra d’administrer avec diligence et agilité un « trésor de guerre » appelé Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force-Covid-19). Objectif final : lever 1.000 milliards de FCFA en provenance des structures de l’Etat et de la participation populaire et citoyenne. « Un trésor de guerre » assez modeste à nos yeux. Nous pouvons et devons aller à 1.500 milliards de FCFA, une véritable « économie de guerre » qui permettra d’alimenter les quatre fronts les plus sensibles : la protection des personnes vulnérables, l’assistance aux ménages, l’appui aux entreprises, enfin le soutien au personnel médical et aux travailleurs sociaux.
Dans cette filiation directe, il est techniquement possible de rapatrier hic et nunc les 8.000 milliards de FCFA de réserve de change dont la moitié est déposée dans les comptes d’opération de la Banque de France. Carrément ! Dans un leadership de crise, le Général en chef doit viser loin, voir grand et juger large. Sous ce rapport, nous proposons dix vigoureuses ordonnances pour le grand corps malade qu’est devenu notre cher Sénégal.
1. Mesures relatives aux personnes les plus vulnérables. Une enveloppe de 100 milliards CFA - au lieu des 60 annoncés - consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence. Au soutien de cette mesure, pour lutter efficacement contre la flambée des prix, nous proposons de subventionner le riz à hauteur de 50% tout en assurant la distribution dans les magasins référencés.
2. Mesures relatives au report des factures d’eau, d’électricité et de loyer. Il est évident que la majorité des ménages tire principalement ses revenus de l’activité informelle. En conséquence, les ménages ne pourront pas honorer leurs engagements dans les trois prochains mois. D’où la proposition de report jusqu’en juillet 2020.
3. Mesures relatives aux factures des petites entreprises. En application du principe général de droit « zéro recettes, zéro dépenses », les factures d’électricité et d’eau et de loyers des entrepreneurs, commerçants et artisans en situation de précarité professionnelle ne seront pas payées dans les trois prochains mois. Leur paiement sera échelonné sans aucune pénalité.
4. Effets induits de la baisse du prix du baril de pétrole. Du fait de l’effondrement de l’économie causé par le Covid-19, les prix du baril du pétrole brut demeurent historiquement faibles depuis un mois. La conséquence directe devrait être la forte baisse des prix de l’essence à la pompe au Sénégal dans quelques jours.
5. La réquisition pour cause d’utilité publique sanitaire des industries et usines. Plusieurs d’entre elles sont capables de participer à la production, à la confection et à la fourniture des tests, masques et gels hydro alcooliques, etc., à l’instar de l’Institut Pasteur et Valda Afrique en relation avec la Chine et la Corée du Sud.
6. La réouverture sans délai de l’usine Médis spécialisée dans la chloroquine.
La seule industrie pharmaceutique capable de produire de la chloroquine a fermé ses portes en raison des difficultés financières. Plus 120 employés licenciés pour motif économique.
7. Une allocation d’une prime exceptionnelle à tous les travailleurs du secteur de la santé livrés au combat le plus périlleux de leur vie.
8. La création d’un fond spécial d’appui aux secteurs en crise. Il s’agit de l’hôtellerie, de la restauration, du transport et des médias.
9. Mesures relatives à la dette intérieure. La priorité devra être le remboursement rapide de la dette intérieure et le rééchelonnement du service de la dette extérieure.
10. Recadrage budgétaire du ministère de la santé et l’action sociale. Le budget 2020 est arrêté à plus de 4.200 milliards de FCFA. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale bénéficie d’une modeste allocation budgétaire d’environ 192 milliards de FCFA, très loin des 15% recommandés par les organisations internationales et régionales. Sans parler de 1% réservé à la recherche scientifique. Au vu de ce qui précède, il y a nécessité absolue de multiplier par six le budget de la santé.
Résultat ! A défaut d’atténuer les conséquences économiques et sociales indéchiffrables, ces dix propositions d’ordonnances limiteront autant que possible, les dommages incalculables et insondables liés au chaos sanitaire en cours dans le monde et au Sénégal. En ces temps tristes et sinistres, abondance de précautions ne nuit pas. La vie reprendra bientôt son cours normal.
Dieu bénisse le Sénégal et pardonne l’humanité !
A tout bientôt !
Cheikh Omar Diallo est Docteur en Science Politique, Juriste et Expert en Communication, Directeur de l’Ecole d’Art Oratoire
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
UN TEMPS POUR ESPÉRER
EXCLUSIF SENEPLUS - Il y a actuellement, au Sénégal, un esprit de corps qui se forme, qui n’a pas encore de direction ni de perspectives. Il doit être prolongé après la crise en une unité d’action et de pensée - NOTES DE TERRAIN
Samedi 28 mars 2020. Il sera 20 heures, dans moins de 45 minutes. Je marche tranquillement pour rentrer. Je suis à cinq minutes de chez moi. Les nombreux appels à la prière qui tonnaient en cascades, vibrants et entremêlés, à cette heure de la journée, ne parviennent pas à mes oreilles. Un seul muezzin donne de la voix. Par ondes compressées. Son cri est faible. Les paroles arrivent dans mes oreilles par petites vibrations, presque imperceptibles. Comme des vagues à la dérive, qui montent et descendent et finissent par perdre leur énergie dans le creux des oscillations.
Un vent frais se propage. Il emplit mes narines d’un air pur. Le temps est agréable. Le soleil continue lentement de décliner derrière les murs des immeubles. Une douceur triste se diffuse dans ce crépuscule d’habitude poussiéreux et crépitant. L’instant est chargé de moiteur. Il s’insinue dans l’atmosphère un spleen fugitif. Tel un bourdon perdu, enivré de nectar, seul dans sa solitude, qui volette dans tous les sens en ruminant une nostalgie tiède. Des ombres éparses défilent çà et là. Par mouvements aléatoires.
Quelques personnes hâtent le pas. Je me dis qu’elles doivent rentrer loin. Deux hommes marchent côte à côte. Celui qui vient à ma gauche porte sur son épaule deux instruments de travail enroulés dans un sac de ciment. Je distingue une pelle. L’autre tient fermement, avec ses deux mains, les bretelles de son sac à dos. Leurs pieds lourds sont presque synchronisés. Ils ne se disent rien. Dix mètres plus loin, devant une maison défraîchie, la vendeuse de couscous de mil est absorbée par son activité. Un groupe s’agglutine autour de sa table. Elle a mis des gants et un masque. Elle tient dans sa main un sachet en plastique transparent. Elle y introduit la semoule, à l’aide d’une louche à manche courte.
Des garçons déambulent sans effort. Ils empoignent tous des baguettes de pain. Ils s’arrêtent devant un tas de sable, déposé au pied d'une maison en construction. Une voiture déboule dans la rue. Elle soulève un peu de poussière. Son conducteur klaxonne, plusieurs fois, et roule à vive allure. Là encore, je me dis qu’il doit rentrer loin, pour m’expliquer la raison de son empressement. Une boutique est ouverte, quelques mètres plus haut, à ma droite. Mais il n’y a personne à l’intérieur. Le boutiquier se tient debout à l’extérieur de son office, le pied gauche soulevé derrière, en appui contre le mur. Il balaye du regard le lointain horizon de la rue. Les deux boulangeries du quartier sont encore ouvertes. Elles sont assiégées. Une dizaine de personnes y font la queue. Bientôt, il sera vingt heures. Il faudra cesser toutes activités.
Dans notre pays, où le coronavirus semblait être une menace lointaine, extérieure, le discours et les habitudes changent. Les gens prennent conscience d’un danger, qui tel un ouragan, pourrait être dévastateur. Derrière cette inquiétude, il y a la promesse, à notre portée, d’un bel avenir. Si la majorité des Sénégalais respectent le couvre-feu et s’obligent à rester le soir chez eux, c’est un peu par contrainte. Mais c’est aussi par adhésion. Ils acceptent de faire nation. Ils sont d’accord pour mettre leurs libertés en berne. Pour être solidaires et participer à l’effort afin de vaincre la calamité qui fait trembler la planète. Il y a actuellement, au Sénégal, un esprit de corps qui se forme, qui n’a pas encore de direction ni de perspectives. Il doit être prolongé après la crise en une unité d’action et de pensée.
La majorité de nos concitoyens sont depuis longtemps enserrés dans le déclassement, la précarité, l’appauvrissement. Ils sont les oubliés d’un système sans boussole, qui les tient dans un univers de vulnérabilité. Marqué par les agressions à la culture, la déshérence de la justice, le massacre des services publics, les parjures moraux de l’autorité, la destruction des espaces de respiration. La faillite de l'espoir. Beaucoup de liens ont été coupés. Ou n’ont pu être établis dans une relation de collaboration. Nous vivons, depuis toujours, éparpillés en petites unités élémentaires. De croyances, de hiérarchies et castes sociales. Il n’est pas encore advenu, au Sénégal, un contrat social qui relie entièrement les citoyens. Les uns aux autres. La crise, vient un peu nous le rappeler. Nous avons l’opportunité, aujourd’hui, de remettre à l’endroit notre vie en communauté.
De cette anxiété, de ce temps mort, de ce grand bouleversement de l’Histoire, peut-on ouvrir une nouvelle voie ? Je le pense. Le moment est propice à la délibération. Il nous revient de trouver les logiques combinatoires et additives, qui nous permettront de vivre dans une vraie nation. En peuple. C’est-à-dire, dans un pays nouveau. Défriché des obstacles à l’émancipation de l’homme. Pour que ce dernier ne soit plus un spectateur passif, parfois fanatique, d’un système déréglé. Dans un monde qui ne lui appartient pas totalement. Puisque le chamboulement est inévitable, nous pouvons dès à présent regarder en face, sans faux-semblants, sans échappatoire, les tares et les points de ressorts. Qui doivent guider des lendemains meilleurs.
Il s’agit d’entreprendre, et de trouver des alternatives qui permettront de renouer les liens. De densifier la coopération communautaire, en qualité. De construire un vrai contrat social. Le mouvement collectif ne doit pas reprendre, après la crise, tel quel. Qu’est-ce qu’il faut pour rendre l’Etat et la justice au service des citoyens ? Quelles structures permettront de soutenir l’empathie et le progrès de l’esprit ? Comment développer une économie solidaire et protectrice ? Quels nouveaux rapports fraternels développer avec les autres et inaugurer avec le monde ? Comment mener la conversion écologique ? Quelles méthodes concevoir pour construire une démocratie directe et horizontale ? Comment mieux partager les biens collectifs ? Voici les questions qu’il nous faut poser. D’abord pour ne pas ajouter à l’anxiété. Ensuite pour entrevoir des indices qui mèneront vers un processus de régénération sociale.
Retrouvez désormais sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
ET SI LE CORONAVIRUS ÉTAIT UNE CHANCE POUR LES ÉCONOMIES AFRICAINES ?
Les dirigeants africains doivent comprendre que le discours de leurs collègues occidentaux a toujours été à géométrie variable. Sous-traiter à d’autres les attributs de sa souveraineté économique est une erreur
Jeune Afrique |
Kako Nubukpo |
Publication 28/03/2020
« Le temps du monde fini commence. » Cette pensée du poète français Paul Valéry traduit bien l’atmosphère de fin d’époque qui englobe la planète, avec l’accélération des décès dus à la pandémie de Covid-19. L’Afrique n’échappe pas à la panique, même si ce sentiment est plus observé parmi ses élites urbaines mondialisées qu’au sein des populations rurales. Ces dernières, traditionnellement laissées en marge de « l’émergence », savent bien qu’en dépit de sa dangerosité le coronavirus ne causera pas autant de décès parmi les Africains que le fléau du paludisme.
Un FMI en plein aggiornamento et toujours plus keynésien
Et pourtant, le paludisme n’a jamais fait l’objet de mesures d’état d’urgence ou de « riposte coordonnée » chez nombre de dirigeants africains, pourtant plus prompts à imiter la sémantique guerrière de leurs congénères occidentaux, dans un mimétisme qui confine souvent au ridicule, qu’à être attentifs aux besoins vitaux de leurs populations.
Il n’empêche, cette pandémie du coronavirus a le potentiel, si l’on accepte de tirer les leçons de son impact, encore mal évalué, d’engendrer un changement de vision salutaire sur la marche économique à adopter en Afrique, à court terme et à moyen terme.
À court terme, les annonces de mobilisation de ressources donnent le tournis : 3 000 milliards de dollars aux États-Unis, 2 500 milliards d’euros en Europe et plus de 450 milliards de F CFA (environ 700 millions d’euros) en provenance de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, une véritable prouesse de la part d’un régulateur financier peu habitué à autant de prodigalité en matière de création monétaire.
Même le FMI n’en finit plus de faire son aggiornamento intellectuel, devenant à chaque crise majeure plus keynésien que les plus orthodoxes des disciples de l’économiste britannique John Maynard Keynes, avec des liquidités faramineuses prêtes à être injectées dans l’économie mondiale.
Cruel déficit de financement des activités génératrices de revenus
Ces mesures conjoncturelles sont d’autant plus bienvenues que les économies africaines souffrent cruellement d’un déficit de financement des activités génératrices de revenus et de la chute drastique de la demande mondiale. Parmi ces conséquences : un dévissage du cours mondial du baril du pétrole, tombé en deçà de 25 dollars, et la fin d’une forme de tourisme mondialisé, avalisée par la fermeture généralisée des frontières.
L’Afrique, déjà exposée au risque de surendettement, subit, elle, de plein fouet ce choc sur la demande mondiale. Trois de ses six premières économies (Nigeria, Afrique du Sud, Égypte, Algérie, Angola et Maroc, soit 65 % du PIB du continent) sont fortement dépendantes du pétrole (Nigeria, Angola et Algérie). Dans la zone CFA, en Afrique centrale, les États devront subir le même cycle dépressif qu’en 2015-2016. Ce qui renouvelle les craintes d’une dévaluation du franc CFA expérimentées au second semestre de 2016.
Renoncer aux discours néolibéraux des bailleurs de fonds
Cette période constitue peut-être une occasion inouïe pour le continent de renoncer aux discours néolibéraux des bailleurs de fonds qui nous ont conduits à négliger la construction d’États dignes de ce nom et celle de secteurs clés (santé, éducation…) dans le cadre des programmes d’ajustement structurel et de leurs multiples avatars récents. Nos dirigeants devraient comprendre que le discours de leurs collègues occidentaux est – et a toujours été – à géométrie variable. Aujourd’hui, les gardiens intraitables de l’austérité se montrent soudain plus pragmatiques, loin de leurs propos habituels sur les urgences de « l’équilibre budgétaire » et de « la stabilité monétaire ».
Trouver une réponse structurelle aux défis du développement
Pour l’Afrique, le principal enseignement à moyen terme de la crise du coronavirus est celui-ci : le continent continuera d’être vulnérable aux chocs exogènes tant qu’il ne trouvera pas de réponse structurelle aux défis de son développement. Une chose est claire : la perpétuation d’une insertion primaire du continent au sein du commerce international, à savoir se limiter à exporter des matières premières vers le reste du monde et attendre passivement en retour des ressources financières volatiles qui alimentent les économies de rente, est proprement mortifère.
Transformer sur place les matières premières
L’urgence africaine, c’est la transformation sur place des matières premières, qui seule est véritablement capable de créer de la valeur, des emplois, et de diversifier la base productive de l’économie. C’est de cette manière que l’Afrique pourra alimenter son futur marché intérieur de plus de 2 milliards d’habitants grâce à sa propre production et réduire sa vulnérabilité vis-à-vis du reste du monde.
L’historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo ne cessait de dire : « Il ne faut pas dormir sur la natte des autres, car c’est comme dormir par terre. » Aujourd’hui, l’Afrique est à terre et attend une énième fois un secours en provenance du reste du monde. Gageons qu’elle saura se relever par elle-même et qu’elle comprendra enfin qu’elle ne pourra pas sous-traiter à l’infini tous les attributs de sa souveraineté économique.
Kako Nubukpo est économiste, ancien ministre de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques du Togo et ancien directeur de la Francophonie économique et numérique au sein de l’OIF.
par Ibrahima Silla
L’ÉTAT FACE AU DOUBLE DÉFI DE LA SANTE DES PERSONNES ET DES ENTREPRISES
Ce n’est pas aux hommes d’affaires de venir en aide à l’État, mais bien à l’État de venir en aide au privé pour qu’au lendemain de la crise, les entreprises ne disparaissent pas en cascade
Les médias ont annoncé toute la colère du président sur la « faible » participation du privé à l’effort national de guerre contre le coronavirus. Si tel est le cas, on peut s’interroger : au nom de quoi et depuis quand la générosité est-elle devenue une obligation ? Le don n’est pas une dette. Il ne faut confondre le don et le dû. Ce n’est pas une question d’avarice ou de reliquat patriotique. Le privé n’est pas responsable de la misère et de la vulnérabilité de notre environnement sanitaire ; et encore moins de la misère de nos ressources financières.
On sort à peine des noces électorales au cours de laquelle l’argent de la corruption a coulé à flots. Les mauvais arbitrages entre ce que l’on veut, ce que l’on peut et ce que l’on doit a conduit à de mauvais choix d’investissements dans les politiques publiques prioritaires. L’État n’a pas bien fait ce qu’il fallait faire pour leur permettre de gagner des parts de marchés sur ces chantiers censés nous conduire à l’émergence.
Ce que les hommes d’affaires doivent à l’État, ils le lui versent sous forme d’impôts. Certains diront qu’en raison des circonstances exceptionnelles, un seul mot d’ordre compte : « la bourse ou la vie » comme dans le lointain far west américain. Cette moralité de cowboy est bien derrière nous et ne saurait être la devise d’un État. On sait depuis longtemps que la vie dépend aussi, n’en déplaise aux fatalistes, en grande partie de la bourse qui ne tombe pas du ciel. Sans bourse pas de vie. L’enjeu est donc clair : la bourse et la vie ; si possible.
Ce n’est pas aux hommes d’affaires de venir en aide à l’État, mais bien à l’État de venir en aide au privé pour qu’au lendemain de la crise, les entreprises ne disparaissent pas en cascade, balayées par les retombées néfastes du virus dans leurs activités respectives. Ça commence déjà à vaciller pour certaines d’entre elles dans les secteurs du tourisme, du transport, de la restauration, du spectacle, de la culture et des médias. L’État doit les aider à survivre pour qu’elles puissent sauver des emplois et non l’inverse. Il doit les aider comme il envisage de venir en assistance aux ménages pour leur assurer le minimum vital, en denrées de première nécessité en évitant notamment tout détournement d’objectifs.
Il y a certes l’urgence du coronavirus qui, cependant, ne doit pas contribuer à faire oublier que la guerre à mener doit se faire sur deux fronts : le front de la résistance sanitaire qui conduit nécessairement au confinement, mais aussi le front de la préservation des entreprises. L’État ne pourra pas nationaliser tout le secteur privé. Il aura encore besoin du privé pour faire du droit à l’emploi une réalité. Le patriotisme du privé dans ce sens n’est plus à démontrer.
Gouverner c’est prévoir, même le pire. La prouesse est d’arriver à faire face aux conséquences terribles de la guerre contre le coronavirus sur la santé des personnes et des entreprises. Elles, non plus, ne doivent exposer leurs employés en les faisant travailler comme si de rien n’était pour des raisons de rentabilité financière. Elles doivent respecter les mesures et recommandations de sécurité sanitaire de leurs employés en privilégiant dans la mesure du possible le télétravail, la réduction drastique des effectifs et les pratiques risquées liées au déplacement. Les autorités publiques devraient entreprendre des enquêtes dans les entreprises qui cherchent à fonctionner comme si de rien n’était, obnubilées par la rentabilité. La sagesse attendue de leur part ne les appauvrira pas. Il ne faut pas que leur entêtement à poursuivre sans ciller leurs activités comme si de rien n’était ne soit perçu comme un mépris à l’égard de la santé, de la sécurité et de la vie de leurs employés et de leurs concitoyens. Ceci est valable aussi pour les entreprises étrangères installées au Sénégal. Avoir tout le monde à l’œil.
L’emprise de la fortune ne doit pas prendre le dessus sur la valeur inestimable de la vie et de la santé. « La santé est l’article premier de la prospérité », rappelle Abdoulaye Elimane Kane dans son ouvrage intitulé L’éloge des identités. Allier la bonne santé physique et financière. Car, l’argent n’est pas seulement une unité de compte et une réserve de valeur. Il est aussi le baromètre de notre citoyenneté.
Elles doivent arriver à concilier rentabilité et citoyenneté. Elles le font déjà en recrutant et en aidant l’État à atteindre ces promesses de création d’emplois. Beaucoup d’entre elles vont venir en aide certainement à leurs employés en dépit de la baisse des activités. C’est déjà ça. Ne leur demandez pas financièrement trop ni plus. Ce serait leur organiser un suicide collectif au ralenti. Il ne faut pas qu’en focalisant tous nos efforts dans l’émotion qu’on oublie la raison de continuer d’entreprendre et d’investir pour l’avenir qui, je l’espère ne sera pas définitivement compromis, avec ce virus. Une partie des 1000 milliards qui seront mobilisés leur revient de droit. Ce n’est pas enrichir le capitalisme, c’est investir pour la reprise après le déluge. C’est offrir le minimum vital, non pas au capitalisme, mais à des employés qui risquent de tout perdre, l’opportunité de garder leurs emplois.
Ces entrepreneurs du privé savent le prix de l’argent et la sagesse que requiert toute dépense aussi minime soit-elle. Ils n’ignorent pas les jouissances que l’argent permet et les obligations qu’il exige, notamment en période de crise.
LE COVID-19 VA REDESSINER LA CARTE DU MONDE
(APS) – La fin de la pandémie du nouveau coronavirus (COVID19) va redessiner la carte du monde et chaque nation sera interpellée par rapport à son appareil de production et sa connexion à l’étranger, a estimé Mamadou Ndione, directeur-général du Cosec
(APS) – La fin de la pandémie du nouveau coronavirus (COVID19) va redessiner la carte du monde et chaque nation sera interpellée par rapport à son appareil de production et sa connexion à l’étranger, a estimé vendredi à Dakar, l’économiste-logicien, et écrivain sénégalais, Mamadou Ndione, directeur-général du Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC).
’’C’est clair, l’après Covid19 va redessiner la carte du monde, redessiner les préoccupations, et chaque nation sera interpellée par rapport à son appareil de production, par rapport à sa connexion à l’extérieur, par rapport à la mondialisation (…)’’, a-t-il notamment indiqué.
S’exprimant lors d’un entretien avec l’APS, le directeur-général du COSEC a soutenu qu’après le Covid19, ‘’c’est un nouveau monde qui va naitre avec de nouvelles exigences, avec de nouveaux comportements, mais également avec un challenge beaucoup plus prononcé vers la solidarité’’.
’’Après le Covid19, le monde sera solidaire ou ne le sera plus. Et, la priorité pour l’Afrique, c’est de tout faire pour que le Covid19 ne fasse pas des ravages. Il va falloir se battre très fort pour pouvoir contenir cette maladie’’, a-t-il dit. Selon lui, aujourd’hui, il est normal que chaque pays essaye de se barricader, mais tous les Etats sont ’’condamnés à travailler ensemble pour pouvoir demain endiguer d’autres attaques de cette nature’’.
’’Avant que le covid 19 ne soit là, beaucoup de pays érigeaient des barrières physiques ou virtuelles. Une chose est sûre, quand, on lit le programme « ligueyal euleuk » (travailler pour le futur) du président Macky Sall, on peut avancer que c’était un peu prémonitoire quelque part, en termes d’anticipation sur les menaces qui pourraient survenir dans nos pays Africains’’, a dit le directeur-général u COSEC.
’’Donc, nous sommes dans cette logique d’émergence. Il va falloir l’accélérer après le Covid19 et également, il va falloir davantage comprendre la marche du monde comme l’a compris le chef de l’Etat Macky Sall’’, a-t-il ajouté.
Mamadou Ndione souligne qu’aujourd’hui, ’’l’heure est au consensus fort’’. ’’Notre pays est condamné à travailler ensemble pour relever les défis. Entre temps, il y a eu le pétrole et le gaz qui sont arrivés chez nous. Il va falloir mettre le paquet pour trouver les plages de convergence’’, a-t-il conclu.
Le Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC) s’est mobilisé dans la lutte contre la propagation du coronavirus (Covid19) dès la notification du premier cas au Sénégal, a soutenu son directeur-général, Mamadou Ndione. ’’Dès les premières heures de l’entrée au Sénégal de la maladie déjà, nous avons eu à prendre les mesures’’ a-t-il notamment indiqué. Le COSEC a même envoyé du matériel de protection aux agents des bureaux de sa représentation en Chine, selon Ndionne. ’’C’est 650 kilogrammes de matériel qu’on leur a envoyé pour lutter contre le coronavirus’’ a-t-il expliqué. ’’Dès le 3 mars, nous avons pris les dispositions au niveau du COSEC (sensibilisation, distribution au personnel de gel et installation de thermofash à l’entrée). Nous avons contribué aussi dès le 20 mars à hauteur de 30 millions de francs CFA (...)’’, a souligné Mamadou Ndione.
Il a assuré aussi que le COSEC est intervenu au niveau du marché central au poisson de Pikine pour accompagner les acteurs. Il a qualifié ’’d’excellente initiative’’ la décision du président de la République d’échanger avec la classe politique, les présidents d’Institutions, les anciens Premiers ministres, des acteurs de la société civile, des leaders d’opinion etc. dans le cadre de la riposte contre la propagation du coronavirus.
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LA BANLIEUE DAKAROISE DANS UN COMA NOCTURNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Guédiawaye, Pikine, Thiaroye... D'habitude longues et bruyantes, les nuits dans les quartiers de Dakar sont caractérisées par un silence lourd depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence, décrété contre la propagation du covid-19
D'habitude caractérisée par ses longues nuits bruyantes, la banlieue dakaroise est comme figée depuis que Macky Sall a pris la décision de décréter l’état d'urgence pour freiner la propagation du coronavirus. Des Parcelles Assainies à Yeumbeull en passant Guédiawaye, Pikine et Thiaroye, le silence impose sa musique digne d'un film d'horreur.
Maisons et négoces ferment leurs portes dès la nuit tombante. Les populations sont chez eux, en dehors de quelques retardataires essayant de passer difficilement les multiples barrages érigés par la police.
Tour d'horizon de quelques quartiers en compagnie de SenePlus.
par Abdoul Mbaye
L’URGENCE DE PRENDRE DES MESURES ANTI-AJUSTEMENT STRUCTUREL
Il est essentiel d’avoir conscience que l’endettement supplémentaire facilité par des dispositions particulières (notamment celles de la BCEAO) ne saurait être le premier remède aux difficultés de trésorerie auxquelles les entreprises se heurteront
Face à la propagation du Covid-19, le Sénégal n’a plus le choix.
Au plan économique, les mesures qui allaient dans le sens de l’ajustement structurel sous le couvert de l’Instrument de Coordination des Politiques Économiques (ICPE) du Fonds Monétaire International (FMI) doivent immédiatement être remises en question. A défaut, la misère des populations s’aggravera dans des proportions dramatiques, laissant craindre le pire en matière de famine et de réactions sociales.
De la priorité au remboursement de la dette extérieure
La priorité au remboursement de la dette extérieure constitue le cœur de l’ICPE. Or la trésorerie de l’État sera grandement affectée par les conséquences de la crise économique qui s’installe. La ponction des impôts sur les grandes entreprises ne pourra être augmentée et faiblira avec leur activité. L’abaissement de la demande des ménages aura un impact négatif sur les perceptions de TVA. Les difficultés des entreprises doivent être compensées par une priorité à donner aux règlements de la dette due par l’État aux entreprises nationales afin d’éviter une cascade de faillites.
Les besoins pour contrer l’insécurité alimentaire dans les campagnes et les villes secondaires vont exploser avec l’entrée dans la période de soudure et la plus que probable réduction des transferts émis par nos compatriotes de la diaspora. Cette dernière sera en effet frappée par le recul économique dans les pays où ils résident.
Toutes ces raisons font que le remboursement de la dette extérieure doit être l’objet de renégociations. Les démarches engagées par le FMI et la Banque Mondiale pourraient conduire à un moratoire sur les remboursements dus aux créanciers bilatéraux. La dette privée doit également pouvoir être réexaminée avec le concours de la BCEAO comme garant possible dans le cadre d’une démarche d’inversion de priorités faisant d’abord passer le règlement de la dette intérieure avant celui de la dette extérieure.
Du renforcement de la pression fiscale.
L’engagement à l’égard du FMI consistant à porter le taux de pression fiscale de 16% à 20% en trois années était irréaliste et dangereux pour l’économie sénégalaise qui aurait été mise en situation déflationniste.
Cet objectif doit être abandonné car les entreprises et les ménages vont souffrir à très court terme des conséquences de la baisse de l’activité économique.
Les perceptions d’impôts sur les entreprises autres que les 20 ou 25 les plus contributrices à la collecte de l’impôt sur les sociétés doivent être reportées. Il ne s’agit pas de le faire systématiquement mais d’ouvrir cette fenêtre à celles qui en exprimeraient le besoin. Il est essentiel d’avoir bien conscience que l’endettement supplémentaire facilité par des dispositions particulières (notamment celles prises par la BCEAO) ne saurait être le premier remède aux difficultés de trésorerie auxquelles les entreprises se heurteront. L’endettement a en effet le défaut de provoquer un accroissement des charges financières alors que le contexte est également celui d’une baisse du chiffre d’affaires des emprunteurs.
Les mesures qui étaient annoncées comme devant participer à l’extension de l’assiette fiscale doivent continuer à être étudiées mais leur mise en œuvre reportée.
De la hausse des prix du carburant et de l’électricité
Ces mesures doivent être remises en cause dans les meilleurs délais. Le réajustement à la baisse des prix du carburant et de l’électricité sont rendus possibles avec celle du cours mondial du pétrole.
La baisse des prix du carburant fera entrer un peu plus de revenus au sein des ménages.
Elle permettra aux transporteurs de personnes en particulier (chauffeurs de taxis et de cars rapides) de retrouver une partie de leurs marges compromises par la réduction réglementaire du nombre de personnes à transporter en taxi ou en bus.
La baisse du prix de l’électricité contribuera aussi à donner une petite « bouffée d’oxygène » aux ménages par la baisse de leurs dépenses dans un contexte de baisse de leurs revenus.
Des entretiens avec le FMI devraient donc conduire cette institution à prendre en compte la situation mondiale actuelle et celle spécifique de notre pays, et à libérer le Sénégal d’engagements qui sont pour l’heure impossibles à respecter sauf à mettre en danger l’équilibre de notre Nation.
Dans l’espoir que ces quelques propositions et éclairages en complément à ceux que je vous ai déjà adressés dans les mêmes formes vous seront d’utilité, je vous prie d’agréer, monsieur le président, l’expression de notre considération citoyenne.
Que Dieu (swt) sauve le Sénégal et l’humanité.
LA ’’BRAVADE’’ DANGEREUSE DES MOTOS-TAXIS DE THIÈS
Malgré les huit cas confirmés de coronavirus dans la ville, certains conducteurs de Jakarta, entre méconnaissance et inconscience, s’arrangent encore pour transporter des passagers, au risque de voir leurs engins confisqués ou, pire, contracter le virus
Trois jours après l’entrée en vigueur de l’interdiction du transport de passagers à bord des deux-roues, des conducteurs de mototaxi de Thiès (ouest) s’obstinent toujours à le faire en jouant à cache-cache avec les forces de l’ordre tout en faisant fi des risques de contamination au coronavirus dans une ville comptant des cas positifs de Covid-19.
Même pas peur ! A croire que la psychose quasi-générale née de l’apparition du coronavirus dans la capitale du Rail, l’état d’urgence, encore moins le couvre-feu ne les effraient pas.
Malgré les huit cas confirmés de coronavirus dans la ville de Thiès, sur les 21 malades de la région, certains conducteurs de mototaxi, entre méconnaissance et inconscience, s’arrangent encore pour transporter des passagers, au risque de voir leurs engins confisqués ou, pire, contracter et transmettre le virus.
Au lendemain de l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu, décrété par le président de la République, pour arrêter la propagation du Covid-19 au Sénégal, les ministres de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, et des Transports terrestres, Oumar Youm avaient pris des mesures de ‘’ régulation des infrastructures et des services de transport public et privé’’.
Parmi ces mesures, figure la limitation à une place du nombre de passagers autorisés à bord des engins à deux roues. Cela signifie l’arrêt du transport des mototaxis Djakarta, un secteur en plein essor ces dernières années à Thiès et dans une bonne partie des régions au Sénégal.
Mais dans la capitale du Rail, des conducteurs de mototaxi également surnommés ‘’djakartamen’’ s’agrippant à leur gagne-pain, ne l’entendent pas de cette oreille. Résultat : une cinquantaine d’engins leur appartenant ont été saisis et immobilisés devant la façade de la police centrale de la ville.
Quelques rares conducteurs trouvés au rond-point Sahm, un des nombreux arrêts dédiés à ce type de transport, se montrent d’ailleurs méfiants vis-à-vis des journalistes, préférant garder l’anonymat.
‘’Pourquoi devrait-on nous interdire de travailler ? Nous sommes des pères de familles et nous n’avons que ça pour subvenir à nos besoins’’, soutient Mamadou, un conducteur qui dit emprunter des raccourcis, tout en évitant les grandes artères pour échapper aux contrôles de la police.
Agé seulement de 19 ans, un autre conducteur dans l’attente d’un client avec son collègue, à l’arrêt Mbour 3, dit être au fait de la situation : ‘’J’ai un masque pour me protéger et un gel antiseptique. Je ne peux pas arrêter de travailler‘’, fait-il savoir. Contrairement à bon nombre de ses collègues ignorant la notion de couvre-feu, il rentre chez lui dès 17h pour s’informer sur Internet.
Pape un autre Jakartamen confirme cette méconnaissance. Il dit avoir compris ce qu’est un couvre-feu, quand il a appris que des gens qui ‘’traînaient’’ dans la rue, au-delà de 20 heures avaient été passés à tabac par des policiers.
Ce jeune thiessois dit être obligé de continuer à faire du transport pour honorer ses engagements. Il est membre d’une tontine pour acheter un terrain, payer les frais d’établissement d’un permis de conduire et d’une formation en électromécanique.
’’Je dépends entièrement des clients que je transporte avec mon scooter‘’, fait-il valoir non sans admettre les risques et périls de l’activité par ses temps qui courent.
‘’On nous a dit qu’un jakartaman aurait transporté un cas positif à l’hôpital Barthimee. Donc, il y a des risques que ce conducteur soit contaminé et qu’il soit parmi nous’’, s’empresse-t-il d’ajouter.
Pour se prémunir, toutefois, il utilise du gel chaque fois qu’il dépose un passager, et se garde de serrer la main aux gens.
’’’On sait tous qu’il y a une maladie qui se propage. D’ailleurs, c’est pour cela les mototaxis se sont raréfiés dans la ville, mais comment voulez-vous que ceux qui vivent de cette activité restent chez eux ? Qui va nourri leurs familles’’, se demande Pape.
Il n’arrive d’ailleurs pas à comprendre qu’on interdise aux conducteurs de mototaxi de travailler pendant qu’on laisse les commerçants vaquer à leurs occupations dans les marchés.
’’Tant qu’il y a des clients je continuerai à rouler avec mon masque et mes gants pour me protéger car je suis soutien de famille ‘’, martèle-t-il.
Certains responsables de groupements de propriétaires et conducteurs de mototaxi déclarent avoir noté des récalcitrants lors de séances de sensibilisation à l’intention de leurs membres.
Lors de ces réunions, Vieux Samb a expliqué à des ‘’jakartamen’’ que ‘’ces mesures s’appliquent à tout le secteur des transports et qu’il y va de (leur) santé et de (leurs) vies’’. ‘’Nous n’avons pas les moyens de les retenir’’, regrette-t-il.
Cet autre responsable approuve ‘’à 100%’’ toutes les mesures édictées pour contenir l’expansion de cette ‘’maladie sérieuse’’, et insiste sur l’importance de poursuivre la sensibilisation.
Thierno Gaye, syndicaliste et conducteur de mototaxi, affirme avoir cessé toute activité dès que la mesure est tombée. ‘’C’est difficile, mais je n’ai pas de choix que de rester chez moi, au lieu de me mettre en danger et mettre en danger ma famille’’, se résigne-t-il.
’’Douze jours, ce n’est pas long. J’invite tous mes collègues à respecter les mesures, c’est pour notre bien’’, lance-t-il.
Etant convaincu que des ‘’jakartaman’’ ‘’n’entendront pas raison, car vivant de cette activité, Gaye suggère aux autorités de ‘’beaucoup miser sur la sensibilisation de proximité’’.
Pour lui, de nombreux sénégalais n’ont pas encore réalisé l’ampleur du danger que représente cette pandémie.