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4 mai 2025
Economie
par Abdourahmane Sarr
MACKY SALL, ÉQUILIBRE ENTRE COMMANDEMENT ET COMPROMIS
Trois mois de décisions économiques et budgétaires majeures à coup de milliards sans débats et compromis en contexte de crise ne serait pas démocratique et ne nous semble pas nécessaire
Le président de la République face à la pandémie du Covid-19 s’est adressé à la nation, d’une part comme chef suprême de guerre nécessitant une unité de commandement, mais également en acteur politique qui doit faire dans le compromis.
Sur le plan sanitaire et face à la crise, le compromis n’est pas possible et l’autorité, la détermination, et la capacité de décision sont les qualités essentielles requises. De ce dernier point de vue, la déclaration de l’état d’urgence est une mesure salutaire qui permettra aux autorités administratives et policières, dans leurs localités respectives, d’exercer l’autorité de l’Etat dans toute sa plénitude avec la plus grande fermeté. La classe politique doit donc soutenir le président de la République sans réserve dans cette posture de chef de guerre.
Sur le plan de la riposte macroéconomique, nous disions que la réaction du Sénégal et des pays de l’UEMOA, ne pouvait être que budgétaire, et les mesures symboliques et appropriées prises par la BCEAO le confirment puisqu’étant à la marge de zéro par rapport au PIB de l’UEMOA. Les mesures prises par la BCEAO permettent également au secteur privé avec les banques, dans la diversité, de trouver les solutions de compromis appropriées à leurs situations particulières dans les limites des enveloppes possibles de refinancement de l’année en cours. Il est donc salutaire que le président de la République ait annoncé un fonds de 1000 milliards alimenté essentiellement par le budget de l’état. Ce fonds sera consolidé par les ressources qui nous viendront de partenaires extérieurs comme le Fonds Monétaire International dont c’est le rôle. Il sera accompagné par les institutions de développement et les bilatéraux surtout pour faire face aux dépenses sanitaires qui au-delà de ce qu’elles peuvent faire pour nous, auront des externalités positives sur le reste du monde pendant et après la crise.
Sur les plans budgétaire, économique, et social en revanche, il nous semble que le président de la République, dans le sillage de ses consultations avec le leadership des autres institutions de la République avec lequel il n’a pas de compromis à rechercher, doit faire dans le compromis avec son opposition. En effet, nous ne voyons pas la nécessité de prendre des décisions sur les plans budgétaire et économique pendant trois mois sans compromis spécifiques et dynamiques avec l’opposition, d’autant plus que le pouvoir a une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Cette majorité a plus d’une fois fait passer des décisions importantes en procédure d’urgence, mais au moins avec un minimum de débat. Le Sénégal ne peut réagir qu’avec son budget, dans les limites de ses équilibres, tout en n’arrêtant pas son économie au vu de sa structure comme les pays avancés le font bien qu’insoutenable au-delà d’un mois. Ces derniers vont devoir arrêter cette stratégie du confinement sous peu. Il serait donc préférable pour le président de la République de faire dans le compromis dans ces domaines plutôt que dans le commandement. Cela ne nous semble pas nécessaire d’autant plus que les options économiques du Sénégal ne vont pas nécessairement dans le sens d’une souveraineté économique et monétaire pouvant nous permettre de bâtir une économie résiliente tenue par les PMEs du secteur informel et les collectivités locales. Trois mois de décisions économiques et budgétaires majeures à coup de milliards sans débats et compromis en contexte de crise ne serait pas démocratique et ne nous semble pas nécessaire.
LES LIMITES DU CONFINEMENT
«Le confinement a un coût», dixit le Docteur en économie, Ndongo Mané Kébé. Depuis quelques jours, ce débat de confiner les Sénégalais afin d’éviter la propagation du Coronavirus est sur toutes les lèvres.
Le confinement est considéré comme un plan de riposte efficace pour briser la chaîne de contamination du coronavirus. Toutefois, cette mesure est remise en question par un économiste, Dr Ndongo Mané Kébé qui en expose les limites dans un communiqué parvenu, hier, à «L’As».
«Le confinement a un coût», dixit le Docteur en économie, Ndongo Mané Kébé. Depuis quelques jours, ce débat de confiner les Sénégalais afin d’éviter la propagation du Coronavirus est sur toutes les lèvres. L’économiste est convaincu que les conditions socio-économiques des Sénégalais ne permettent pas un tel plan de riposte. Pour lui, la réalité est que l’économie du pays est dominée par le secteur informel et le sous-emploi où une bonne partie des acteurs gagne la dépense quotidienne au jour le jour. La question qui taraude l’esprit, dit-il, reste : «Combien de Sénégalais vont être en confinement avec cette précarité ? » Ce qui fait affirmer à Ndongo Mané Kébé que pour l’instant, « le Fonds de riposte et de solidarité «Force Covid-19», mis en place par l’Etat du Sénégal, reste imprécis dans ses modalités d’actions et dans ses cibles». A l’en croire, cela devrait être opérationnel après évaluation des effets de la crise sur l’économie. Il ne manque pas de manifester ses inquiétudes devant une telle situation. Il estime que pour l’heure, il est loin de rassurer les acteurs économiques.
Le Dr Ndongo Mané note qu’en plus de cette situation précaire des populations, l’épargne est faible, presque inexistante dans plusieurs familles. «Le chef de famille qui est dans cette situation met à contribution sa femme et ses enfants, parfois qui ne sont pas en âge de travailler, afin de l’appuyer dans sa charge. L’agent économique qui est dans une telle précarité se trouve dans une logique de maximisation pour se préparer à la situation la plus désastreuse. Laquelle situation est calée, dans son entendement, à son degré d’optimalité. Par conséquent, dans un tel pays, le confinement doit être accompagné de mesures économiques fortes», préconise t-il.
Dans la même veine, le Dr Ndongo souligne que la peur sur l’incertitude qui domine actuellement le monde de la finance fait que, même les banques sont gagnées par une certaine frilosité par rapport à certains risques. Toutefois, il fait savoir qu’il ne légitime pas le non-respect des recommandations. «Explorons parallèlement d’autres stratégies beaucoup plus adaptées à notre réalité. Il pourrait s’agir, entre autres, de généraliser les tests, comme le suggère l’OMS, à travers par exemple une Campagne de test systématique de proximité Covid-19, afin de mieux identifier les personnes à risque», suggère-t-il.
par Massamba Ndiaye
A PROPOS DES FACTURES D'ÉLECTRICITÉ IMPAYÉES DE LA COMMUNE DE TOUBA
La cité religieuse qui représente la deuxième ville du Sénégal doit se soustraire de sa gestion informelle et par voie de conséquence, se donner les moyens d’une gestion efficace voire efficiente de ses énormes potentialités
En marge des préparatifs du grand Magal de Touba, le ministre de l’intérieur, monsieur Aly Ngouille Ndiaye lève un coin du voile sur la gestion sobre et vertueuse de notre président, par défaut son Excellence monsieur Macky Sall en livrant à l’opinion sénégalaise le non-paiement de factures d’électricité de la commune de Touba à hauteur de 4 milliards 900 millions de francs CFA.
La sortie tardive de monsieur Aly Ngouille Ndiaye sur ce scandale de non-paiement des factures d’électricité de la commune de Touba en vue d’apporter un démenti catégorique au maire monsieur Abdou Lahat Ka jette un trouble manifeste dans la manière dont nos autorités publiques gèrent l’argent du contribuable sénégalais.
L’ancien ministre de l’énergie Aly Ngouille Ndiaye a gardé par devers lui cette information capitale en privant de fait la Senelec du recouvrement de ses créances. Il a failli à sa mission de commis de l’Etat en préservant les intérêts privés de la commune de Touba afin de ne pas froisser les autorités maraboutiques de la cité religieuse au détriment de la sauvegarde de l’intérêt général.
Il ne doit pas exister une discrimination dans le traitement des services rendus par l’Etat ou par un de ses démembrements à l’ensemble du corps social sénégalais.
Il n’est pas acceptable voire tolérable que lorsqu’il s’agit d’un simple citoyen qui n’arrive pas à honorer sa facture d’électricité, la direction générale de la Senelec le prive illico presto de la fourniture d’énergie et qu’elle se garde bien de réserver le même traitement capitaliste ou de rentabilité à des personnalités politiques voire à des communautés religieuses.
Ce déséquilibre est préjudiciable au bon fonctionnement d’un État de droit. Les citoyens sénégalais doivent bénéficier des mêmes droits et prérogatives devant les services de l’Etat.
Ce favoritisme constitue au demeurant un acte de trahison et de dérégulation sociale.
La commune de Touba ne peut s’arroger d’aucunes prérogatives pour ne pas payer les montants qu’elle doit à la Senelec. Les raisons fallacieuses avancées par le maire de la cité de Touba pour essayer de justifier le non-paiement ne sont pas recevables dans un État de droit. Le manque de moyens de la commune et les nombreuses charges de collecte des déchets ne peuvent en aucune façon servir de pièces justificatives.
Le non-paiement de ces factures d’électricité à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA plombe de fait les efforts de nos autorités en vue de faire du Sénégal un pays émergent. En plus d’être un scandale économique et de spoliation de nos ressources publiques, il s’agit manifestement d’une injustice sociale. Comme c’est la cité religieuse, nos autorités préfèrent passer l’éponge sur cette dette colossale alors que pour une simple facture de quelques milliers de francs CFA, elles déploient tout un arsenal de coercition en vue de mettre dans la pénombre les familles les plus favorisées du pays.
Les autorités de la Senelec ont l’obligation morale de demander à la commune de Touba de payer ses factures d’électricité afin de ne pas permettre en connaissance de cause la légalisation de l’impunité, la pierre angulaire de la gouvernance partisane du président de la République, monsieur Macky Sall.
La commune de Touba ne manque pas de moyens en vue d’honorer ses engagements. Elle manque d’audace et d’ingéniosité pour relever les nombreux défis d’organisation d’une ville moderne. Par ailleurs, pourquoi elle ne sollicite pas la contribution des dignitaires mourides afin de s’acquitter de sa dette et in fine de montrer l’exemple en refusant les avantages et privilèges indus des autorités de la République.
La commune de Touba doit être gérée selon le même modèle de fonctionnement des autres communes du Sénégal. Par ailleurs, il faut s’interroger sur le refus de beaucoup de commerçants de s’acquitter de leurs quittances journalières, une source de financement direct et de recouvrement d’avoir financiers de la commune de Touba.
Le non-paiement de la quittance journalière dans les marchés de Touba n’est-il pas la conséquence de l’incurie voire de l’incapacité des autorités communales de la cité religieuse de Touba à trouver des solutions idoines aux multiples problèmes récurrents d’insécurité grandissante, d’insalubrité que vivent au quotidien ses habitants ?
La commune de Touba est tenue de dépasser sa gestion qui s’apparente à maints égards à celle d’une communauté rurale des régions enclavées du pays. Pour faire face aux défis d’une démographie galopante et à l’extension de la cité religieuse de Touba, la commune doit nécessairement s’ouvrir et militer en faveur de partenariat stratégique avec des privés nationaux voire internationaux tout en préservant sa spécificité afin de maximiser ses potentialités et de s’assurer d’importantes retombées financières.
Il ne peut pas en être autrement. La cité religieuse de Touba qui représente la deuxième ville du Sénégal doit se soustraire de sa gestion informelle et par voie de conséquence, se donner les moyens d’une gestion efficace voire efficiente de ses énormes potentialités.
COVID-19 : LE FONDS DE RIPOSTE DOTÉ DE 1000 MILLIARDS DE FRANCS CFA
Selon le chef de l’Etat, ‘’une enveloppe de 50 milliards sera consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence’’. ‘’des mesures fiscales générales et spécifiques seront également prises en soutien aux entreprises’’
Le Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du coronavirus Force-Covid-19, sera doté de 1000 milliards de FCFA, a annoncé lundi soir le chef de l’Etat.
Dans son adresse à la Nation, Macky Sall a décidé de décréter à compter de ce soir à minuit, ‘’l’état d’urgence sur l’étendue du territoire national’’.
‘’Pour en atténuer l’impact, j’ai créé un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du COVID19, FORCE-COVID-19, qui sera doté de 1000 milliards de FCFA. Ce Fonds sera alimenté par l’Etat et toutes les bonnes volontés’’, a déclaré le président de la République.
Il a lancé un appel ‘’à tous, au secteur privé et aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, afin qu’ils apportent leur soutien au FORCE-COVID-19’’, soulignant que ‘’les ressources du Fonds serviront entre autres, à soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora’’.
Selon le chef de l’Etat, ‘’une enveloppe de 50 milliards sera consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence’’.
Il a promis que ‘’des mesures fiscales générales et spécifiques seront également prises en soutien aux entreprises’’.
Macky Sall a annoncé qu’au titre des mesures générales, ‘’il sera accordé une remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019 due par les entreprises et les particuliers, pour un montant global de 200 milliards’’.
Il a promis des ‘’mesures spécifiques’’ qui ‘’bénéficieront aux secteurs les plus affectés par la crise du Covid-19, en particulier l’hôtellerie, la restauration, le transport et la culture’’.
‘’Ces mesures seront également étendues à la presse, compte tenu des changements induits dans ses grilles de programme et du rôle de service public qu’elle joue dans le contexte de la crise’’, a dit Macky Sall, assurant que les ministres en charge des Finances et de l’Economie prendront les dispositions nécessaires à l’application de ces mesures.
‘’(…) L’état d’urgence que je déclare aujourd’hui n’est pas une fin en soi’’, a le chef de l’Etat, ajoutant qu’il ‘’ne s’agit pas également d’arrêter l’activité économique’’.
‘’Il répond à un péril imminent si nous ne redoublons pas d’effort. Face au péril, l’état d’urgence nous donne les moyens de renforcer nos rangs et d’intensifier nos efforts de lutte pour vaincre notre ennemi commun’’, a-t-il expliqué.
Le virus porteur de la maladie, a-t-il relevé, ‘’ne se déplace pas de lui-même. Il circule à travers les personnes qui le portent, qui le déposent dans différents endroits et qui le transmettent ainsi à d’autres’’.
‘’Par conséquent, a-t-il souligné, en limitant nos déplacements et nos rassemblements, nous arrêtons la circulation du virus. Si nous le faisons, nous avons la chance de gagner le combat contre le COVID-19’’.
‘’Par contre, et je vous le dis avec franchise, si nous continuons de faire comme si de rien n’était, le virus va se propager de façon encore plus massive et plus agressive. Et malgré leur dévouement, nos personnels de santé seront alors débordés et ne pourront plus contenir la situation. C’est le pire des scénarios. Nous ne le souhaitons pas’’, a insisté le chef de l’Etat.
Le président de la République en appelle à ‘’une prise de conscience nationale sur la gravité de la situation’’.
‘’J’en appelle à la responsabilité de chacun et de chacune. J’en appelle à l’esprit citoyen et patriotique de toutes et de tous. Limitons nos déplacements. Evitons les rassemblements de quelque nature qu’ils soient’’, a-t-il lancé.
‘’Il y va de notre propre santé et de notre propre vie. Il y va de la santé et de la vie de nos familles et de nos communautés. Mobilisons-nous, mes chers compatriotes. Ne laissons au virus ni la vie, ni nos vies. Il y va de notre salut. Il y va du salut de la Nation’’, a conclu le chef de l’Etat.
Une douzaine de nouvelles contaminations au Covid-19 ont été enregistrées lundi au Sénégal, portant ainsi le nombre de personnes infectées depuis le 2 mars à 79. Huit patients ont été déclarés guéris par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
LES MESURES DE LA BCEAO FACE AUX CONSÉQUENCES DU CORONAVIRUS
La Banque centrale annonce une augmentation des ressources mises chaque semaine à la disposition des banques afin de permettre à celles-ci de maintenir et d’accroître le financement de l’économie dans le cadre de la lutte contre la pandémie
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) annonce une augmentation des ressources mises chaque semaine à la disposition des banques afin de permettre à celles-ci de maintenir et d’accroître le financement de l’économie dans le cadre de la lutte contre le coronavirus (Covid-19), a appris l’APS samedi.
"Au regard de l’impact négatif que cette crise pourrait avoir sur le système bancaire et le financement de l’activité économique dans l’Union, la Banque Centrale, qui suit avec la plus grande attention l’évolution de la pandémie, a décidé d’augmenter les ressources mises à la disposition des banques, afin de permettre à celles-ci de maintenir et d’accroître le financement de l’économie", indique un communiqué signé par le gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet Koné.
Selon le texte reçu à l’APS, une première hausse de 340 milliards a été apportée au montant que la Banque Centrale accorde chaque semaine aux banques, pour le porter à 4.750 milliards.
La BCEAO va élargir le champ des mécanismes mis à la disposition des banques pour accéder au refinancement de la Banque Centrale, renseigne la source.
Dans ce cadre, la BCEAO a pris l’initiative de faire la cotation de 1.700 entreprises privées dont les effets n’étaient pas acceptés auparavant dans son portefeuille.
"Cette action permettra aux banques d’accéder à des ressources complémentaires de 1.050 milliards et aux entreprises concernées de négocier et bénéficier de meilleures conditions pour leurs emprunts", mentionne le communiqué.
De même, la banque centrale va affecter 25 milliards au fonds de bonification de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) pour permettre à celle-ci d’accorder une bonification de taux d’intérêt et d’augmenter le montant des prêts concessionnels qu’elle accordera aux États pour le financement des dépenses urgentes d’investissement et d’équipement dans le cadre de la lutte contre la pandémie
La BCEAO a décidé "de rappeler et de sensibiliser" les banques à l’utilisation des ressources disponibles sur le guichet spécial de refinancement des crédits accordés aux petites et moyennes entreprises (PME/PMI).
"Ce guichet, sans plafond, a été créé dans le cadre du dispositif mis en place par la BCEAO en accord avec les banques et les États pour promouvoir le financement des PME/PMI dans l’Union’, signale le communiqué.
Il a été décidé "de mettre en place, avec le système bancaire, un cadre adapté pour accompagner les entreprises affectées par les conséquences de la pandémie et qui rencontrent des difficultés pour rembourser les crédits qui leur ont été accordés".
"La BCEAO sollicitera les banques pour qu’elles accordent les reports d’échéances appropriés, en particulier aux PME/PMI", ajoute le communiqué.
LE PATRONAT S’ENGAGE !
L e patronat sénégalais ne sera pas en reste dans la «guerre» contre la propagation du coronavirus.
Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, faisant hier vendredi 20 mars, le point de la rencontre entre son département et les représentants du patronat Sénégalais, a affirmé que ce dernier s’est résolu à soutenir le gouvernement à la mise en œuvre des mesures prises par le chef de l’Etat pour lutter contre le Covid-19.
L e patronat sénégalais ne sera pas en reste dans la «guerre» contre la propagation du coronavirus. Il l’a même fait savoir au ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, qui a relevé, à cet effet, la mise en place d’un comité de croissance et de veille économique présenté au secteur privé. Lequel comité sera représenté par le privé national. Ledit comité est chargé d’étudier, d’analyser la riposte économique et de faire des propositions au conseil des ministres pour des décisions à caractère économique et social.
Enfin, la création du fonds de solidarité et de riposte contre les effets du fonds force covid19 qui sera abondé par l’Etat et nos partenaires au développement». Parallèlement ajoute le ministre: «j’ai invité le secteur privé à contribuer à ce fonds de solidarité et de riposte contre les effets économiques et sociaux de covid-19. Donc, on attend la contribution du secteur privé, de bonnes volontés, des fondations et toutes autres contributions pour la réponse au Covid19». A cette rencontre, souligne le ministre, «il a été noté et accepté de tous, que ce fléau va affecter toute l’activité économique et à des degrés divers selon les secteurs». Pour l’hôtellerie, il a été question de la préservation des emplois directs et indirects notamment le commerce, l’artisanat, la culture, de l’aviation, la commande publique…
UN GUICHET UNIQUE POUR LES DONS DES ENTREPRISES
Pour ce qui est des mesures d’accompagnement, précise le ministre: «le patronat a préconisé une parfaite coordination entre les différents acteurs publics et privés pour une intervention efficace. Le tout à travers le fonds de solidarité qui devrait être un guichet unique pour les dons des entreprises». Sur ce, confie M. Hott, «le privé a émis l’idée de prendre des mesures d’urgence et des plans de contingence qui sont nécessaires, les secteurs les plus touchés, notamment le tourisme et l’enseignement privé…».
DES MORATOIRES SUR LES ECHEANCES DE DETTES BANCAIRES ENVISAGEABLES
Face à cette pandémie aux conséquences économiques inestimables, le secteur privé national, «a proposé des moratoires sur les échéances de dettes bancaires, voire le gel de certains frais et des facilités du système bancaire», a préconisé le ministre.
L’ETAT FERME LES OREILLES SUR LA PROPOSITION DE SUSPENSION DES TAXES ET REPORTS D’ECHEANCES
Sur la question de suspension de taxes et de report d’échéances, le ministre se veut clair: «Cette question n’est pas à l’ordre du jour. Pour le moment, nous encourageons d’autres interventions qui favorisent des effets positifs. D’autres d’entreprises en règle avec l’Etat ont émis l’idée de devoir verser une partie de leurs impôts dans le fonds social. Mais cette proposition fera l’objet d’étude avec le ministère de l’économie…». Et d’ajouter : «les chefs d’entreprise ont proposé des mesures et des mécanismes d’accompagnement du personnel pour éviter le chômage technique et même envisager qu’une partie de ce fonds puisse servir d’aide aux personnes en chômage». A toutes ces questions, rassure le ministre «le gouvernement les abordera avec célérité et efficacité». Enfin, il dira: «Des rencontres sont prévues autant de fois que nécessaire pour prendre des mesures idoines et informer le chef de l’Etat».
PRECISIONS DU MINISTRE DE L’ECONOMIE…SUR LA RIPOSTE SANITAIRE : «Les 64 milliards sont dédiés à la santé»
Pour lever toute équivoque relative aux 64 milliards à mobiliser dans les semaines à venir en guise de réponse à l’angoissante maladie Covid-19, le ministre de l’Economie, du Plan et de la coopération Amadou Hott précise ceci: «Pour riposte sanitaire, l’Etat a dégagé un budget de 64 milliards dédiés à la santé, contrairement à ce qui a été un peu rapporté dans une partie de la presse. Ces 64 milliards, ce n’est pas de la riposte économique, ou l’appui économique, mais dédiés à la riposte sanitaire. Donc, un budget géré par le ministère de la santé. Et ce budget sera essentiellement financé par l’Etat et ses partenaires au développement qui ont manifesté un soutien fort pour appuyer l’Etat dans la riposte sanitaire qui est la priorité»
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L'ENDETTEMENT POUR CONTRER CONTRE LE CORONAVIRUS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Face à la pandémie qui met à mal l'économie mondiale, de quelle marge de manoeuvre dispose le Sénégal en termes de mobilisation des ressources, dans un contexte d'excédent budgétaire ? ENTRETIEN AVEC MOUSTAPHA KASSE
Boubacar Badji et Youssouf Ba |
Publication 20/03/2020
Le professeur Moustapha Kassé, doyen honoraire de la faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg), diagnostique l'impact de la pandémie du coronavirus sur l'économie nationale et décline quelques stratégies pouvant permettre à l'Etat d'amoindrir le choc.
Voir la video de la première partie de l'entretien décalé.
par Abdourahmane Sarr
ORGANISER LA RÉSILIENCE SYSTÉMIQUE A LA CRISE
L’allocation d’un montant forfaire (25 000 CFA) à 3 millions de sénégalais, à travers des comptes de monnaie électronique (orange money, freecash, etc.) à souscrire par les récipiendaires, représenterait 75 milliards des montants mobilisables au FMI
Nous disions il y a trois jours que la résilience systémique ne peut être que le résultat de réactions diverses et appropriées à nos échelles individuelles et collectives contre des chocs et selon nos circonstances. Il faut donc suivre les recommandations des experts dans tous les domaines et être en alerte sur ce qui se fait bien ailleurs pour éviter de verser dans l’amateurisme.
Au-delà des mesures de prévention et de contrôle de la propagation de la maladie, nous disions que l’Etat devait préparer une riposte contracyclique pour suppléer au ralentissement attendu du secteur privé dans les limites de nos équilibres à gérer. Ceci, par la mobilisation d’une partie des ressources financières que le secteur financier national allait allouer au privé, et financer un déficit budgétaire plus élevé que prévu, accélérer le remboursement des arriérés de l’Etat, accorder des crédits d’impôts aux secteurs les plus affectés et observables par leurs déclarations d’impôts, et compenser nos manques à gagner et besoins en devises au FMI. Au sortir de cette crise, nous disions qu’il nous faudra évaluer nos capacités de résilience systémique dans tous les domaines vitaux de notre pays. Il nous faudra notamment réexaminer nos options économiques qui, comme nous l’avons argumenté ailleurs, ne vont pas dans le sens de la résilience systémique parce découlant de choix de l’Etat ou de partenaires étrangers plutôt que de la diversité des PMEs du secteur informel et de pôles régionaux à autonomiser.
Dans l’intérim, il est important de savoir qu’un problème systémique n’est pas un problème sectoriel ou multisectoriel aux éléments constituants identifiables car variables. De ce fait, on ne peut pas faire l’inventaire exhaustif des éléments constitutifs d’un problème systémique d’ordre macroéconomique. C’est dans la diversité des réactions appropriées qu’un système résilient revient plus rapidement à son état antérieur.
Dès lors, la réponse systémique doit être immédiate et d’abord macroéconomique. Dans le cas du Sénégal, et des pays de l’UEMOA, cette réponse ne peut être que budgétaire. La banque centrale ne doit pas être sollicitée ni par les Etats, ni par les banques, sans recadrage budgétaire car tout soutient des banques ou de la banque centrale sera in fine budgétaire dans notre cadre monétaire actuel. Des crédits non performants refinancés par la banque centrale pour permettre aux banques de financer des pertes d’entreprises affectées ne peut se faire qu’avec la garantie de l’Etat, ce qui nous ramène à un double problème budgétaire (celui du bilan de la banque centrale et de celui des banques). Cette liquidité, la banque centrale ne peut pas non plus la soutenir sans les réserves de change correspondantes que seuls les Etats peuvent aller chercher pour ne pas hypothéquer la reprise après la crise. Tout ceci devrait nous suffire comme preuve qu’il y a urgence à adopter la monnaie ECO UEMOA en 2020, à la flexibiliser, et à donner à la BCEAO une autonomie d’objectif sur le taux de change.
Il faut donc par l’endettement de l’Etat immédiatement mobiliser les ressources qui nous sont disponibles au Fonds Monétaire International en la circonstance, et qui peuvent aller à plus de 150 milliards, en ce qui nous concerne, et qui n’ajouteront qu’environ 1 pourcent du PIB à notre dette. Ces montants en réserves de change permettront par ailleurs à la banque centrale de soutenir un volume supplémentaire de titres d’états en FCFA et atténuer l’impact sur la demande globale, notamment du secteur des services. La mise en œuvre d’un nouveau cadre budgétaire doit être immédiate en ne réduisant pas notamment les crédits budgétaires en cours d’exécution jusqu’à plus de visibilité. L’utilisation appropriée de cette liquidité découlant d’un déficit budgétaire plus élevé que prévu par les citoyens assurera la bonne distribution sans que la bureaucratie d’Etat et le lobbying n’en déterminent la destination. Cette option devrait être celle des libéraux.
Dans un contexte où l’état et la BCEAO cherchent à accélérer l’inclusion financière des populations, l’Etat a là une autre opportunité. L’allocation d’un montant forfaire (25 000 CFA) à 3 millions de sénégalais, à travers des comptes de monnaie électronique (orange money, freecash, etc.) à souscrire par les récipiendaires, représenterait 75 milliards des montants mobilisables au FMI. Ceci devrait se faire avec des incitatifs d’utilisation des montants alloués sous forme électronique au niveau des opérateurs. Pour la mise en œuvre, il suffirait d’allouer des titres à ces sociétés qui ne les liquéfieront qu’au besoin dans les banques et à travers elles à la BCEAO qui détiendrait la contrepartie en devises mobilisées par les Etats. Cette politique de transferts de cash est actuellement mise en œuvre par plusieurs pays pour soutenir la demande globale sans ciblage particulier. Cette option est également plus libérale et plus juste envers les populations qui toutes contribuent à la soutenabilité de notre dette, pas seulement les entreprises. La diversité des réactions des entreprises et des individualités et leur capacité d’adaptation à la crise au fur et à mesure qu’elle se déroule n’est pas à sous-estimer. Il faut donc éviter de trop centraliser la réaction gouvernementale, pour soutenir la résilience de notre système économique.
« LA MOBILISATION DES 64 MILLIARDS RISQUE D’ETRE PLUS DIFFICILE… »
L’économiste Demba Moussa Dembélé est formel, il soutient qu’à ce stade, personne ne peut estimer le coût réel de la pandémie, parce qu’on ne maîtrise pas le rythme et l’ampleur de la propagation
L’économiste Demba Moussa Dembélé est formel. Se prononçant sur le plan de Macky Sall pour soutenir l’économie sénégalaise face à ce contexte de Covid-19, il a soutenu qu’à ce stade, personne ne peut estimer le coût réel de la pandémie, parce qu’on ne maîtrise pas le rythme et l’ampleur de la propagation.
Et de relever que le cas des pays développés sont là pour le prouver. Quoi qu’il en soit, il a tenu à noter que les coûts économiques et sociaux de la pandémie sur l’économie sénégalaise sont déjà très élevés. « Le secteur du tourisme est presque sinistré, comme le dit sur tous les tons, Mamadou Racine Sy, le gérant de l’hôtel King Fahd Palace. Et il demande à l’Etat de secourir le secteur qui est le deuxième en termes de contribution au Produit intérieur brut (Pib) du pays. On voit ainsi les sommes considérables qu’il faudra mobiliser rien que pour ce secteur ».
Toutefois, Demba Moussa Dembélé a tenu à relever que beaucoup d’autres secteurs sont également frappés de plein fouet et ont besoin d’être secourus. « En outre, ce ne sont pas seulement les entreprises qu’il faut secourir. Beaucoup de ménages sont également sinistrés, du fait des mesures déjà prises par le président de la République. Les marchés fermés, les écoles et universités qui sont fermées, les limitations des déplacements, l’interdiction des rassemblements publics, toutes ces mesures entraînent des pertes incalculables pour de nombreux commerces et les ménages qui en dépendent ».
Toujours selon lui, «Dans ce contexte de tension sur les finances publiques, pour faire face aux conséquences de la pandémie, le régime va naturellement se tourner vers ses principaux bailleurs, comme les institutions multilatérales (Banque africaine de développement ; Banque mondiale, Fmi, Banque islamique de développement, etc.)
Ensuite, il va compter sur ses partenaires bilatéraux». Mais dans ce cas, L’Etat ne risque pas de récolter gros, étant donné que tous les pays sont attaqués et doivent d’abord faire face à leurs propres problèmes. Surtout, a-t-il dit, que « l’Union européenne est devenue l’épicentre de la pandémie et cherche à mobiliser des centaines de milliards d’Euros pour secourir ses entreprises et citoyens.
La Banque centrale européenne est appelée au secours des Etats, avec un plan de rachat des dettes d’un montant de 750 milliards d’euros. On voit ainsi que l’Europe ne pourra pas faire grand-chose pour le Sénégal ». Qui plus est, a noté Dembélé, « C’est la même chose pour les Etats-Unis qui travailleraient sur un plan de près de 1000 milliards de dollars pour faire face aux conséquences de la pandémie ».
En fin de compte, il a fait savoir que « Peut-être que le Sénégal aura un peu plus de chance du côté de ses partenaires arabes ». Conséquence : « On voit ainsi que la mobilisation des 64 milliards de francs CFA risque d’être plus difficile pour le Sénégal. Mais même s’il arrivait à mobiliser ce montant, suffira-t-il?», s’est-il interrogé.
COVID-19 : COMMENT MOBILISER LES 64 MILLIARDS DÉCIDÉS PAR L'ETAT ?
L’économiste Demba Moussa Dembélé soutient qu’à ce stade, personne ne peut estimer le coût réel de la pandémie, car on ne maîtrise pas le rythme et l’ampleur de la propagation. Ce qui réduit considérablement la marge de manœuvre de l'Etat
L’économiste Demba Moussa Dembélé est formel. Se prononçant sur le plan de Macky Sall pour soutenir l’économie sénégalaise face à ce contexte de Covid-19, il a soutenu
qu’à ce stade, personne ne peut estimer le coût réel de la pandémie, parce qu’on ne maîtrise pas le rythme et l’ampleurde la propagation. Et de relever que le cas des pays développés sont là pour le prouver. Quoi qu’il en soit, il a tenu à noter que les coûts économiques et sociaux de la pandémie sur l’économie sénégalaise sont déjà très élevés. « Le secteur du tourisme est presque sinistré, comme le dit sur tous les tons, Mamadou Racine Sy, le gérant de l’hôtel King Fahd Palace. Et il demande à l’Etat de secourir le secteur qui est le deuxième en termes de contribution au Produit intérieur brut (PIB) du pays. On voit ainsi les sommes considérables qu’il faudra mobiliser rien que pour ce secteur ».
Toutefois, Demba Moussa Dembélé a tenu à relever que beaucoup d’autres secteurs sont également frappés de plein fouet et ont besoin d’être secourus. « En outre, ce ne sont pas seulement les entreprises qu’il faut secourir. Beaucoup de ménages sont également sinistrés, du fait des mesures déjà prises par le président de la République. Les marchés fermés, les écoles et universités qui sont fermées, les limitations des déplacements, l’interdiction des rassemblements publics, toutes ces mesures entraînent des pertes incalculables pour de nombreux commerces et les ménages qui en dépendent ». Toujours selon lui, «Dans ce contexte de tension sur les finances publiques, pour faire face aux conséquences de la pandémie, le régime va naturellement se tourner vers ses principaux bailleurs, comme les institutions multilatérales (Banque africaine de développement ; Banque mondiale, Fmi, Banque islamique de développement, etc.)
Ensuite, il va compter sur ses partenaires bilatéraux». Mais dans ce cas, L’Etat ne risque pas de récolter gros, étant donné que tous les pays sont attaqués et doivent d’abord faire face à leurs propres problèmes. Surtout, a-t-il dit, que « l’Union européenne est devenue l’épicentre de la pandémie et cherche à mobiliser des centaines de milliards d’Euros pour secourir ses entreprises et citoyens. La Banque centrale européenne est appelée au secours des Etats, avec un plan de rachat des dettes d’un montant de 750
milliards d’euros. On voit ainsi que l’Europe ne pourra pas faire grandchose pour le Sénégal ». Qui plus est, a noté Dembélé, « C’est la même chose pour les Etats-Unis
qui travailleraient sur un plan de près de 1000 milliards de dollars pour faire face aux conséquences de la pandémie ».
En fin de compte, il a fait savoir que « Peut-être que le Sénégal aura un peu plus de chance du côté de ses partenaires arabes ». Conséquence : « On voit ainsi que la mobilisation des 64 milliards de francs CFA risque d’être plus difficile pour le Sénégal. Mais même s’il arrivait à mobiliser ce montant, suffira-t-il ?», s’est-il interrogé.