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5 mai 2025
Economie
LE CORONAVIRUS MENACE LA BAGUETTE DANS LES ÉPICERIES
Interdire le pain dans les épiceries "sera compliqué pour nous", s'inquiète Mohamed Diallo, un commerçant guinéen de Dakar.Il craint le manque à gagner, de 10 à 15 francs CFA par baguette
Le coronavirus va-t-il priver les Sénégalais de la baguette présente à quasiment tous leurs repas ? Les autorités envisagent en tout cas d'en interdire la vente dans les épiceries de quartier.
Or c'est dans ces échoppes omniprésentes que sont écoulés, avec cigarettes et produits d'entretien, les trois quarts des huit millions de baguettes produites chaque jour dans cette ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest.
"Le ministère du Commerce vient d'interdire la vente de pain dans les boutiques.Une mesure prise pour limiter la propagation de l'épidémie", a indiqué le ministère en question mardi sur Twitter.
Le message a ensuité été nuancé par le ministère, semant le doute.
Interdire la distribution en épicerie toucherait directement nombre de Sénégalais, qui consomment en moyenne une demi-baguette par jour, selon les industriels réunis au sein de la Fédération des boulangeries du Sénégal.
Relativement bon marché - 150 francs CFA (22,5 centimes d'euro)-, la baguette se vend en boulangeries et grandes surfaces, mais aussi, à raison de 75% de la production, dans les petites épiceries, selon la Fédération.
Un coup d'oeil sur le fonctionnement d'un de ces magasins de quelques mètres carrés à Dakar révèle la préoccupation sanitaire.Le commerçant réceptionne bien les baguettes avec des gants.Mais peu après il les vend à un client enveloppées dans du papier journal.Ou, sans plus de gants, il les tartine d'une pâte chocolatée pour un autre acheteur.
Le gouvernement a décidé en décembre d'interdire la vente en épicerie pour des raisons d'hygiène.Cette décision est jusqu'à présent restée lettre morte, malgré les appels des industriels et des associations de consommateurs.
L'apparition du nouveau coronovirus début mars au Sénégal a semble-t-il poussé les autorités à serrer la vis.Une trentaine de cas de coronavirus ont été répertoriés, mais aucun décès rapporté, et le gouvernement a pris une série de mesures fortes.
Mercredi, on pouvait toujours acheter sa baguette chez l'épicier à Dakar, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'interdiction annoncée mardi est en fait une "recommandation" faite par la Fédération des boulangeries, "on travaille sur le dossier", dit le directeur du Commerce intérieur au sein du ministère, Ousmane Mbaye.
L'Etat a "reculé.Nous allons riposter", s'insurge le président de la Fédération des boulangeries, Amadou Gaye.Il invoque le transport du pain dans des sacs insalubres et des pousse-pousse, et sa manipulation à mains nues.
Interdire le pain dans les épiceries "sera compliqué pour nous", s'inquiète Mohamed Diallo, un commerçant guinéen de Dakar.Il craint le manque à gagner, de 10 à 15 francs CFA par baguette (1,5 à 2 centimes d'euro).
Abdoul Aziz Fall, lui, en serait "totalement satisfait"."Tous les moyens sont bons" pour combattre le coronavirus, tranche-t-il.
Les kiosques à pain, autrefois partout au Sénégal, ont depuis longtemps disparu et devraient être "recréés", souligne un autre Dakarois, Ousmane Sarr."Sinon, ça va créer la bousculade dans les boulangeries et d'autres problèmes d'hygiène et de santé", dit-il.
LE TOURISME, GROGGY AU SUD
Ziguinchor - le Coronavirus met à quai les bateaux Aline Sitoe Diatta et Aguène
La région sud est sevrée de rotations de bateaux. Un grand passif dans le désenclavement de la région. Plus de desserte maritime Dakar-Ziguinchor, le coronavirus a mis à quai les navires Aline Sitoé Diatta et Aguéne qui, jusque-là, assuraient la liaison maritime entre les deux villes. Un coup dur pour le tourisme dans la région où le bateau reste un moyen de transport très prisé par les touristes qui en profitaient pour une découverte des iles et du beau paysage de la région. Pour combien de temps ces navires seront à quai ? s'interrogent les populations du Sud qui n'ont plus que deux choix pour rallier les autres localités du pays. La voie routières et la voie aérienne.
Les commerçants trinquent et ne savent plus quoi faire de leurs marchandises qu'ils avaient l'habitude d'acheminer par voie maritime. La production entre leurs mains, ils sont obligés d'évacuer les produits par voie terrestre, avec tous les risques. A quand la reprise des rotations ? s’interrogent les populations du Sud. Les prix du fret des produits congelés acheminés par bateau flambent, au désarroi des marchands qui réclament un bateau de fret pour l'acheminement des produits.
L'inquiétude est d'autant plus grandissante que certains sont privés du bateau, moins chère (5000 francs Cfa). Mais l'inquiétude enfle surtout du côté du secteur du tourisme qui risque de payer très chère cette décision de suspendre les rotations du bateau. Un moyen de transport très prisé par les touristes qui débarquent dans cette région.
Du côté du COSAMA, la société qui exploite ces navires qui assurent la liaison Dakar-Ziguinchor, l'on étudie la possibilité de reprendre les rotations dans les plus brefs délais pour mieux participer au désenclavement maritime d'une région que les récentes décision prises contre la propagation de la Covid-19 risquent d'étouffer.
«IL Y A UN TRAVAIL A FAIRE POUR NOUS ACCOMPAGNER»
Le Sénégal a suspendu ses vols à destination et en provenance des zones les plus touchées par la pandémie du coronavirus. Cette mesure qui n’est pas sans impacts sur le secteur du tourisme, est approuvée par les acteurs.
Le Sénégal a suspendu ses vols à destination et en provenance des zones les plus touchées par la pandémie du coronavirus. Cette mesure qui n’est pas sans impacts sur le secteur du tourisme, est approuvée par les acteurs. En revanche, ils invitent l’Etat à prendre des mesures d’accompagnement afin de permettre à ces entreprises de faire face à cette période de crise.
Les acteurs du secteur du tourisme approuvent la mesure prise par l’Etat du Sénégal de suspendre les vols en provenance des pays touchés par la pandémie du Coronavirus même si cette «décision n’est pas sans conséquences» sur le secteur. Selon Moustapha Kane, secrétaire permanent du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière au Sénégal, «c’est la santé publique qui est prioritaire».
«Cela aura des impacts, mais en de pareille situation, la priorité revient à la sécurité sanitaire. Nous sommes dans une crise mondiale qui, de plus en plus, suscite des inquiétudes chez les populations. Nous connaissons les limites en termes de couverture sanitaire de nos Etats», a-t-il soutenu.
En revanche, il demande aux autorités de prendre des mesures d’accompagnement afin de permettre aux entreprises touristiques de surmonter cette crise. «C’est vrai que la mesure s’étend sur un mois, mais par rapport à la nature de l’activité, cela risque d’aller au-delà. Il faut que les gens tiennent un langage de vérité. Il y a un travail à faire pour nous accompagner sinon nous allons vivre une situation très difficile. Ce n’est pas parce qu’après le mois, on reprend les activités que tout va redevenir normal. Il existe plusieurs vocations dans le secteur notamment le tourisme d’affaires et le tourisme de loisirs qui se déroulent pendant l’hiver au Sénégal. La saison se termine ce mois d’avril c’est-à-dire juste une semaine après la fin de la mesure. Donc, nous ne savons pas la façon dont les choses vont se dérouler», relève M. Kane.
Par ailleurs, il signale que le secteur touristique prévoit des mesures sanitaires en cas de déplacement qui sont listées dans toutes les procédures touristiques. «Aujourd’hui, c’est 40 mille emplois directs qui sont visés par cette mesure. Quand on ferme tout, on décrète l’arrêt de vente partout. Pour moi, le délai retenu par l’Etat me semble trop juste par rapport à l’évacuation des touristes qui sont là. Les avions qui déposent les touristes au niveau du Sénégal sont les mêmes qui font les rotations ailleurs. Est-ce qu’ils auront le temps nécessaire d’évacuer tous les touristes qui sont là ? Si ce n’est pas fait à la date butoir, qu’est ce qui va se passer ?
Donc, il y a tellement de point sur lesquels on attendait l’Etat. En tant que sénégalais, acteurs et professionnel, nous sommes d’accord sur la mesure mais nous souhaitons une très large concertation pour que les contrecoups de ces mauvaises décisions ne puissent impacter l’avenir du secteur», a-t-il préconisé.
LE CNTS/FC CONTRIBUE À PLUS DE DEUX MILLIONS À LA LUTTE CONTRE LE CORONAVIRUS
Nous attirons l’attention des autorités et des employeurs sur les catégories de travailleurs les plus exposés, pour leur meilleure protections : il s’agit des personnels de santé, des techniciens de surface chargés de ramasser les poubelles - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du CNTS/FC, daté du 17 mars 2020, à propos de la gestion du coronavirus.
« La situation évolutive des cas de contamination au coronavirus enregistrés dans notre pays augmente de jour en jour, ce qui a amené le chef de l’Etat à prendre des mesures salutaires pour limiter la propagation du virus.
Nous tenons à féliciter le chef de l’Etat pour la prise de cette bonne décision que l’on attendait de lui.
Nous saluons et magnifions également la réaction positive et la solidarité de toute la classe politique de notre pays : opposition, comme majorité, suite aux mesures prises par monsieur le président de la République.
Nous saluons particulièrement la réaction et l’accompagnement des chefs religieux qui nous ont montré la voie de la solidarité et de l’engagement dans la lutte contre l’épidémie du COVID-19.
La CNTS/FC pour sa part, appelle toutes ses organisations affiliées et mouvements intégrés : conventions nationale des femmes et des jeunes, mouvements associés, militantes et militants, au respect stricts des décisions de l’Etat, des mesures d’hygiène et de sécurité édictées par les autorités compétentes et par les professionnels de santé.
Nous demandons à l’ensemble des travailleuses et travailleurs, de consolider cet élan de solidarité nationale pour bouter l’épidémie hors de nos frontières.
Dans ce combat contre la propagation du coronavirus, la CNTS/FC apporte sa modeste contribution à concurrence de deux millions sept cent mille en produits de prévention. Nous demandons à tous nos militants, à tous les travailleurs, ceux du secteur de l’économie informelle en particulier, d’observer rigoureusement les prescriptions d’hygiène, de ne ménager aucun effort pour contribuer et renforcer, à tous les niveaux, chacun selon ses possibilités, la lutte contre l’épidémie.
Aux délégués du personnel de toutes les entreprises, nous demandons, d’accompagner les directives du ministère du travail du dialogue social et des relations avec les institutions, contenues dans le communiqué de presse du 16 mars 2020, et de veiller à leur application correcte.
Nous attirons l’attention des autorités et des employeurs sur les catégories de travailleurs les plus exposés et qui sont en situation vulnérables, pour leur meilleure protections : il s’agit des personnels de santé, des techniciens de surface chargés de ramasser les poubelles susceptibles de contenir les mouchoirs et autres objets contaminés. Ces agents travaillent souvent sans EPI (Equipement de Protection Individuelle). Dans cette même catégorie, nous comptons les travailleurs de la presse, les journalistes en particulier qui tendent leurs micros, capteurs éventuels de vecteurs de propagations du virus. Il y a également les travailleurs du secteur de l’hôtellerie, du tourisme et des transports aériens, entre autres. La liste n’est pas exhaustive.
Enfin, la CNTS/FC exprime sa solidarité sans faille à tous nos camarades des organisations qui sont en situation de lutte, et leur demande de suspendre toutes formes de lutte syndicale dans la période.
Le moment venu, nous reviendrons sur les conséquentes économiques de l’épidémie et son impact sur la situation des travailleurs.
Aussi ne manquerons-nous pas d’être à nouveau aux cotés des travailleurs et de leurs organisations pour continuer avec eux, les luttes ouvrières.
VIVE LA SOLIDARITE NATIONAL POUR METTRE FIN A L’EPIDEMIE DU CORONA VIRUS. »
SUR LA PETITE-CÔTE, L’INQUIÉTUDE DES TOURISTES APRÈS LA SUSPENSION DES VOLS
A Ngaparou, Gislaine, une touriste belge, désapprouve la suspension des dessertes aériennes, tout en reconnaissant que la lutte contre l’épidémie de coronavirus nécessite toutes les dispositions utiles
Des touristes occidentaux en vacances sur la Petite-Côte (ouest), au Sénégal, se disent ‘’très inquiets’’ après la décision des autorités sénégalaises de suspendre, pour une durée d’un mois, les liaisons aériennes entre le Sénégal et certains pays de l’Union européenne et du Maghreb, afin de freiner l’épidémie de coronavirus.
A la station balnéaire de Saly-Portudal, à Ngaparou, Somone, Nianing, Warang et dans la commune de Mbour, cette inquiétude est perceptible chez les touristes originaires des pays concernés.
Il en est ainsi chez ces quatre Français rencontrés à Saly-Portudal, sur la route de Ngaparou. Gimenez Violette et son mari, Jean, et le couple Reg et Danielle, arrivés au Sénégal respectivement le 1er et le 12 mars dernier, n’arrivent toujours pas à comprendre cette décision.
‘’Nous déplorons le manque d’information par rapport à cette mesure. Le grand souci, c’est l’ignorance. Nous ne disposons d’aucune information’’, disent-ils en chœur. Pour eux, dans pareille situation, une ‘’large communication’’ s’impose, afin que les concernés puissent savoir à quoi s’en tenir.
Les deux couples français, qui, d’habitude, séjournent au Sénégal presque tous les six mois, souhaitent que des mesures soient prises par les autorités sénégalaises pour leur permettre de regagner leur pays et de retrouver leur famille.
Ils souhaitent qu’on leur affrète ‘’un vol le plus vite possible’’ et disent vouloir rentrer chez eux, car étant à la fin de leurs vacances.
Les quatre touristes disent avoir été obligés d’héberger certains de leurs compatriotes surpris par la suspension des liaisons aériennes avec la France, l’Espagne, la Belgique, l’Italie, le Portugal, l’Algérie et la Tunisie.
Il s’agit, selon eux, de touristes dont les réservations dans les hôtels ont pris fin au terme de leur séjour au Sénégal. Ils sont donc obligés de libérer leur chambre, sans pouvoir quitter le Sénégal en raison de la suspension des vols.
André et Jacques, deux sexagénaires de nationalité française, estiment que la décision ne concerne pas les vols au départ du Sénégal, mais seulement ceux qui viennent d’autres pays.
‘’Pour nous, rien ne s’oppose à ce qu’on rentre chez nous, en France, puisque ce sont les avions qui arrivent au Sénégal qui sont concernés. Nous rentrons chez nous. Nous rentrerons si effectivement il y a des avions. Nul ne peut nous en empêcher’’, lance André. Jacques est aussi du même avis que son compatriote.
A Ngaparou, Gislaine, une touriste belge, désapprouve la suspension des dessertes aériennes, tout en reconnaissant que la lutte contre l’épidémie de coronavirus nécessite toutes les dispositions utiles.
‘’Je suis d’accord qu’on doit faire dans la rigueur pour éviter la propagation du virus. Mais avant de prendre ce genre de mesure, il faut d’abord une bonne planification’’, suggère-t-elle en présence d’autres touristes français, belges, italiens et d’une Canadienne.
Pablo, un touriste d’origine espagnole vivant en Italie, salue la suspension des liaisons aériennes avec certains pays européens et maghrébins. Il dit y adhérer à ‘’100%’’.
‘’Si fermer toutes les frontières permet de combattre la maladie, je suis vraiment pour ce genre de mesure, d’autant plus que le monde est devenu un village planétaire. Aujourd’hui, même s’il y a des pays qui n’ont pas enregistré de cas, aucune contrée du monde n’est à l’abri’’, déclare un jeune Français en vacances à Somone.
Le gouvernement sénégalais a annoncé lundi la suspension, pour une durée d’un mois, de toutes les lignes aériennes avec la France, l’Espagne, la Belgique, l’Italie et le Portugal, ainsi qu’avec l’Algérie et la Tunisie, pour réduire les risques de la propagation du coronavirus.
La mesure entre en vigueur dès mercredi à 23 h 59. Selon le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, les vols cargos et les évacuations sanitaires ‘’ne sont pas concernés par la mesure’’.
LE MARCHÉ HEBDOMADAIRE DE DIAOBÉ PARALYSÉ
Sur place, les activités ont laissé place à des échanges et séances d’explications entre autorités municipales et commerçants maliens et guinéens pris de court par les mesures d’interdiction des rassemblements en raison du coronavirus
Les restrictions imposées par la lutte contre la propagation du coronavirus ont impacté considérablement les affaires à Dioabé, localité de la région de Kolda (sud), hôte, tous les mardis, d’un marché hebdomadaire sous régional, a constaté le correspondant de l’APS.
Les commerçants et autres acteurs de l’économie du sud pays et de la sous-région ne garderont pas un bon souvenir de ce mardi 17 mars 2020.
Grande a sans doute été la surprise pour beaucoup en découvrant que le marché n’aurait pas lieu en raison des mesures prises par les autorités sénégalaises pour contrer la propagation du Covid-19 qui a déjà infecté 27 personnes dans le pays.
Il n’est nul besoin de s’approcher de l’espace abritant généralement les activités pour le savoir. Le ballet incessant des voitures et véhicules hippomobiles et motos-taxis sur la route nationale numéro 6 à la veille et au jour du marché n’est pas au rendez-vous.
Pas de blocage et peu de monde sur les routes menant à cette commune du département de Vélingara en ce jour habituel de marché hebdomadaire.
‘’Comme vous pouvez le constater actuellement. Il n’y a pas de monde à Diaobé contrairement à l’ambiance qui prévaut ici la veille et le jour du marché même si des commerçants maliens et guinéens ignorant l’interdiction des rassemblements au Sénégal avaient déjà fait le déplacement’’, explique à l’APS, Amadou Baldé, un des gestionnaires du marché.
Baldé évoque déjà un manque à gagner pour la collectivité territoriale, estimant que les recettes avaient déjà commencé à baisser depuis l’apparition de la maladie au Sénégal.
‘’Nous avions constaté déjà la semaine dernière une baisse des recettes municipales. Les collecteurs avaient reçu 450 000 francs alors qu’en temps normal le montant des recettes peut atteindre un million de francs’’, fait-il savoir.
Sur place les activités ont laissé place à des échanges et séances d’explications entre autorités municipales et commerçants maliens et guinéens pris de court par les mesures d’interdiction des rassemblements au Sénégal.
Ces ressortissants de la sous-région redoutent par-dessus tout de retourner chez eux sans être parvenus à s’adonner à leurs activités.
‘’Nous sommes venus du Mali pour acheter du poisson fumée que nous devons revendre au Mali. Nous ne savions pas en quittant notre pays que le marché allait être fermé au public. Certains parmi nous ont emprunté de l’argent pour venir ici. Vous imaginez les problèmes que cela vont engendrer’’, regrette ainsi Kadidiatou.
La même situation est vécue par des ressortissants d’autres pays limitrophes du Sénégal. Il en est ainsi de Alpha, venu de Conakry avec 42 cartons de fruits, des produits périssables qu’il comptait écouler.
‘’Nous avons l’habitude de nous approvisionner en mouton que nous revendons aux bouchers de Ziguinchor et d’autres revendeurs. Il y a moins de monde et d’animaux aujourd’hui. Nous risquons de rentrer bredouille’’, déplore Mamadou, un sénégalais.
A Diaobé, les acteurs du commerce subissent les contrecoups des mesures de prévention à la propagation du coronavirus. D’autant qu’un dispositif sécuritaire de surveillance est déjà déployé sur place.
COVID-19 : LE SALARIÉ PEUT-IL RESTER CHEZ LUI PAR PEUR D'ÊTRE CONTAMINÉ ?
Hormis pour les loisirs (concerts, par exemple) ou les rassemblements religieux, le lieu de travail est potentiellement source de propagation du virus. Focus avec deux experts sur les dispositions légales prévues par le code du travail en cas d’épidémie
Hormis pour les loisirs (concerts, par exemple) ou les rassemblements religieux, le lieu de travail est potentiellement source de propagation du virus. Focus avec deux experts sur les dispositions légales prévues par le code du travail en cas d’épidémie.
Face à la nouvelle menace de la propagation du coronavirus, l’employeur et les salariés doivent mettre en place des moyens afin d’éviter une contamination en chaîne. Dans des pays comme la Chine, le télé-travail est devenu une réalité. « Au Sénégal, bien qu’il existe deux cas confirmés, la législation sur le travail ne parle pas d’épidémie mais elle évoque plutôt le lexique « santé et sécurité » », explique Henri Joël Tagum Fombeno, expert du droit du travail sénégalais.
Arsenal juridique
Et en matière de travail, la législation sénégalaise est un arsenal composé du code du travail, de la convention collective nationale interprofessionnelle (CCNI) et de l’application des décrets. La nouvelle Convention collective nationale interprofessionnelle date du 30 décembre 2019. Elle est entrée en vigueur le 08 janvier 2020.
Le code du travail et la CCNI stipulent que l’employeur est responsable de la sécurité et de la protection de la santé physique et mentale du salarié. A ce titre, il doit prendre des mesures de prévention pour assurer la sécurité physique et mentale.
Ainsi, l’article 176 du code du travail prévoit: « l’état de santé des travailleurs doit être soumis à une surveillance régulière dans les conditions et suivant les modalités fixées par l’autorité administrative. Cette surveillance comporte un examen médical préalable à l’embauche et des examens périodiques ».
L’article 178 précise: « les employeurs doivent prévoir, en cas de besoin, toutes mesures permettant de faire face aux situations d’urgence et aux accidents y compris des moyens suffisants pour l’administration des premiers secours ».
Droit de retrait de l’employé
Le code du travail insiste sur la sécurité des travailleurs et la prise imminente de mesures de protection par l’employeur. « Le salarié, à travers la CCNI, a deux dispositions légales pour ne pas être confronté à un péril comme le coronavirus, analyse un inspecteur du travail sous couvert de l’anonymat. Il y a d’abord l’article 103 consacré au droit d’alerte : « le travailleur signale immédiatement à son supérieur hiérarchique direct et à l’inspecteur de Travail et de la sécurité sociale du ressort, toute situation dont il a motif de penser qu’elle présente un péril grave, imminent pour sa vie ou sa santé ». La disposition légale va plus loin avec le droit de retrait conformément à l’article 104 de la CCNI : un travailleur qui, en cas de danger grave et immédiat ne pouvant être évité, s’éloigne de son poste de travail ou d’une zone dangereuse ne peu en subir aucun préjudice et doit être protéger contre toute conséquence dommageable et injustifiée ».
Ainsi le salarié doit simplement suivre la procédure prévue par les différentes législations sociales en cas d’exercice du droit de retrait. Résultat, un salarié peut refuser de travailler dans une zone à risque en invoquant son droit de retrait. Il en est ainsi, par exemple, si plusieurs cas d’infections sont déclarés dans la zone. Toutefois, le simple risque d’épidémie ne saurait justifier le droit de retrait.
L’obligation des comités d’hygiène et de sécurité au travail
Par ailleurs, le décret 2006-1261 du 15 novembre 2006 fixant les mesures générales d’hygiène et de sécurité dans les établissements de nature, a clairement mis en avant les responsabilités de l’employeur face à la prise en charge de la question de la salubrité dans les entreprises en mettant un accent particulier sur la dimension genre.
Rappelons également que toute entreprise d’au moins 50 salariés est tenue d’avoir en son sein un Comité d’hygiène et de sécurité au travail conformément au décret 94-244 du 7 mars 1994. Le salarié peut saisir le comité d’hygiène et de sécurité au travail dans la procédure pour faire valoir son droit de retrait.
La mise en quarantaine d’un salarié suspecté
L’employeur ne peut pas demander d’office à un salarié de ne pas venir travailler en raison d’une simple suspicion de contamination. Lorsqu’il a des suspicions, il doit recourir aux services du Médecin du travail afin que celui-ci prescrive l’arrêt de travail. À défaut, l’employeur court le risque d’être poursuivi pour discrimination en raison de l’état de santé.
(A suivre)…
Dans l’épisode 2, nous traitons de plusieurs autres cas d’école concernant le coronavirus.
Cet Article a été rédigé à la date du 4 mars quand le Sénégal ne comptait de deux cas positifs de coronavirus
EN AFRIQUE, FACE AU COVID-19, "70 % DE NOS PAYS NE SONT PAS PRÊTS"
La secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations-unies pour l’Afrique, Vera Songwe, alerte sur les risques de pénuries dans les secteurs médicaux et alimentaires
Le Monde Afrique |
Nathalie Tissot |
Publication 17/03/2020
L’économiste camerounaise Vera Songwe est depuis 2017 la secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations-unies pour l’Afrique (CEA), dont le siège se trouve à Addis-Abeba, la capitale de l’Ethiopie. Alors que le continent est confronté à une extension de la pandémie du Covid-19, son institution a commencé à évaluer les potentielles répercussions économiques pour les pays africains. Pour y faire face, la responsable en appelle à la coordination des Etats africains.
Quelles conséquences pourraient avoir le Covid-19 sur la croissance africaine ?
Nous avons fait une étude qui montre que la croissance va baisser. Au lieu de3,2 % [en 2020], elle devrait tomber à 1,8 %, essentiellement à cause des interruptions dans les relations commerciales. Nos grands partenaires, la Chine et l’Union européenne, sont des marchés aujourd’hui fermés. En même temps, entre vendredi soir [13 mars] et lundi matin [16 mars], on est passé de 60 à 300 cas sur le continent. Et cela augmente de manière exponentielle.
Quels pays seront les plus touchés par cette chute du commerce extérieur ?
Le Nigeria, l’Algérie et l’Angola sont les trois premiers exportateurs de pétrole du continent. On a estimé que le Nigeria allait perdre à lui seul environ 19 milliards de dollars [quelque 17 milliards d’euros] en 2020. Leur budget prévoyait un prix du baril à 57 dollars, or nous sommes en train d’avoisiner les 30 dollars. Et comme il y a un problème de demande, ils n’arrivent pas à liquider tous leurs stocks ce qui pourrait encore augmenter les pertes. Le pétrole représente 91 % des exportations nigérianes, une part énormede leur économie dépend de ce secteur. Il y a aussi des petits pays comme la Guinée équatoriale qui n’est pas un grand exportateur en volume, mais où le pétrole représente 96 % des exportations et 38 % du PIB. Elle va souffrir, comme la Libye ou le Gabon. On voit là le manque de diversification des économies continentales.
Faut-il s’inquiéter de la baisse des importations dans certains secteurs ?
L’Afrique importe presque 94 % de ses médicaments de l’extérieur, dont 55 % viennent de l’Europe et 5 % de la Chine. On commence à constater des augmentations de prix et quelques pénuries comme le manque de produits désinfectants. L’Afrique reste par ailleurs une grande importatrice de nourriture : 70 % des denrées de base sont importées sur le continent. Ainsi avec l’Egypte, l’Algérie, le Maroc pour le blé ; ou encore le Bénin, le Togo, l’Afrique du Sud pour le riz… Face au risque de pénuries, notamment liées à l’interruption de la chaîne logistique, nous conseillons aux pays d’acheter en avance pour pouvoir avoir des stocks. Mais évidemment, quand on achète en avance, il y a un risque de flambée des prix. Et tout ceci dans un contexte où la dette de certains Etats est déjà assez élevée.
Quelles sont les recommandations de votre commission ?
La première est de s’assurer que les Etats peuvent se procurer ce dont ils ont besoin pour leurs services de santé. L’initiative du premier ministre éthiopien de rencontrer l’homme d’affaires chinois Jack Ma est assez intéressante parce qu’elle a pour objectif d’aider au-delà des frontières [Abiy Ahmed a annoncé avoir obtenu le soutien du milliardaire chinois Jack Ma qui devrait financer 20 000 kits de test et plus de 100 000 masques pour chaque pays africain]. Evidemment, les gouvernements doivent aussi y mettre un peu de leurs ressources propres. Le Kenya a déjà débloqué de l’argent, ainsi que l’Ethiopie et l’Egypte.
Il faut aussi aider le secteur privé. L’Afrique compte beaucoup de petites et moyennes entreprises qui ont souvent des lignes de crédit dans les banques. Comment s’assurer qu’il n’y ait pas de défaillances dues au paiement des crédits et, en même temps, que les banques n’entrent pas dans un problème systémique parce que plus personne ne rembourserait les prêts ? Cela pourrait nécessiter une aide directe des banques centrales afin d’augmenter les liquidités. On peut aussi regarder comment réduire la fiscalité sur le secteur privé. Mais il y a aussi la difficulté du secteur informel parce qu’on ne sait pas comment l’atteindre et donc comment lui apporter une aide directe. Par ailleurs, l’Etat doit garder quelques plans d’investissements ouverts pour sauvegarder l’emploi, car beaucoup de projets d’investissement, surtout étrangers, vont s’arrêter.
Les pays africains sont-ils préparés ?
Certains pays comme le Sénégal, le Maroc, l’Afrique du Sud ou le Kenya – bien qu’on y ait observé le début d’une certaine panique – ont sans doute l’infrastructure nécessaire. Mais du côté des personnels soignants, c’est difficile. Je crois que même l’île Maurice a demandé du soutien parce qu’elle n’a pas suffisamment d’aides-soignantes pour accompagner la crise. On peut dire que 70 % de nos pays ne sont pas prêts. L’inquiétude est particulière pour les pays plus fragiles et qui connaissent de l’instabilité – au Sahel, en Afrique centrale, en Somalie – parce que cette crise demande une coordination assez forte et l’accès à toutes les parties des territoires. En même temps, les pays qui ont vécu l’épidémie du virus Ebola peuvent tirer profit de leur expérience pour s’en sortir mieux.
Va-t-il y avoir un report de la mise en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) prévue pour juillet ?
D’ici à juillet, trois réunions étaient programmées. Elles vont être retardées. La question est de savoir si on peut les organiser par vidéoconférence, même si c’est un peu difficile. Si les choses ont l’air de s’arranger un peu en avril, peut-être pourra-t-on reprendre les discussions à grande vitesse et arriver à tenir le délai de juin-juillet. Cette zone de libre-échange peut aussi aider à se relever de la crise. Dans le secteur pharmaceutique sur les 6 % de produits fabriqués en Afrique, 60 % sont vendus sur le continent. Il y a une possibilité d’agrandir ce marché tout comme celui des matières premières agricoles telles que le blé ou le riz. Le Sénégal pourrait vendre du riz au Malawi ou au Ghana très aisément, alors que cette denrée est aujourd’hui largement importée de Thaïlande. Avec la Zlecaf, cette vulnérabilité sera moindre.
Comment interagissez-vous avec vos interlocuteurs des différents pays ?
On voyait les choses venir, donc nous avions annulé voilà un mois notre conférence rassemblant les ministres des finances du continent. Nous avions raison. Nous allons essayer cette semaine d’organiser des vidéoconférences avec les ministres des finances – nous commencerons avec une vingtaine d’entre eux j’espère – pour évoquer les sujets de coopération possible et tenter d’élaborer une réponse coordonnée. Avec la flambée des prix, si des pays peuvent aller ensemble sur le marché pour se procurer certains biens, ce sera plus facile. Nous discuterons aussi de la question de la fermeture des frontières. Selon moi, une fois que le virus est déjà dans la communauté, ce n’est pas une telle fermeture qui change quelque chose. Ce qui est important, c’est plutôt la prise de conscience des populations, qu’elles se lavent souvent les mains et essaient d’avoir le moins de contacts possible.
«L’IMPACT ÉCONOMIQUE EST TELLEMENT MASSIF, GÉNÉRAL ET GÉNÉRALISÉ…»
Par définition, l’économie est flexible. Le fait d’arrêter pas moins de 5 rassemblements religieux, cette semaine, va négativement impacter sur les dépenses de consommation comme les boissons et surtout les poulets.
«Par définition, l’économie est flexible. Le fait d’arrêter pas moins de 5 rassemblements religieux, cette semaine, va négativement impacter sur les dépenses de consommation comme les boissons et surtout les poulets. Parce que les gens avaient commandé beaucoup de poulets en prélude à ces événements comme le Kazu Radiab, l’appel des Layènes entre autres.
Par conséquent, aussi bien sur les biens de consommation que les secteurs comme le transport, l’artisanat, ils vont enregistrer des pertes colossales. Cela risque de toucher beaucoup de secteurs. Si on annule des événements comme le concert de Wally Seck qui génère des millions de francs, ça sera une énorme perte. Il faudra que chaque acteur économique essaye d’adapter ses activités à la situation qui prévaut actuellement.
Malheureusement, pour certains, les engagements sont allés trop loin et d’autres s’activent sur des produits périssables. D’autres également ont pris des financements à la banque qu’ils doivent rembourser, quelle que soit la situation. Donc l’impact est tellement massif, général et généralisé dans tous les domaines qu’il faudra faire avec.
Certaines populations sont en train de se ravitailler en denrées alimentaires pour avoir un stock suffisant au cas où la situation du Sénégal va s’empirer. Ce qui peut entrainer une pénurie et une inflation sur les prix. Peut-être aussi, elles ont raison parce que si on tend vers la fermeture des frontières des autres pays et que nous sommes un pays importateur de tout, il y aura forcément des manques. Les commerçants n’ont aucun patriotisme. Ils sont au courant du nombre de tonnes de pommes de terre et d’oignons que dispose ce pays.
S’ils savent que ce n’est plus possible d’en importer, ils ont l’information et peuvent jouer avec. Parait-il, il y a déjà une rupture sur les portables. Nous sommes non seulement en difficulté mais il faudrait prier pour qu’on ne soit pas dans une situation de manque total où la farine de blé va se faire rare au point de ne plus avoir le pain. Ce sont des situations qui vont nous imposer une autre tenue. Tout le monde devra s’adapter aussi bien les consommateurs que les opérateurs économiques ».
par Abdoulaye Cissé
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IL FAUT ANTICIPER SUR LA GESTION DU PREMIER MORT PAR CORONAVIRUS
L’OMS recommande le transport et l’inhumation des corps dans des sacs hermétiques ? Comment on fait nous ? C’est peut-être tôt d’en parler, mais il ne sert à rien d’éviter la question et surtout ne pas attendre que ça arrive pour chercher la réponse
Dans la lutte contre la pandémie du COVID 19, chacun doit se concentrer sur l’essentiel.
Chaque erreur se paie cash, par la propagation incontrôlée du virus.
Dans la stratégie de mobilisation nationale, nous pouvons surtout apprendre des erreurs des autres pays, et nous devons anticiper sur d'autres défis qui vont fatalement se poser à nous dans la perspective du 1er mort par coronavirus.
N'est-ce pas Abdoulaye Cissé ?
On prie fortement que le comité de gestion des urgences n’ait pas le temps de se distraire aujourd’hui à vouloir écumer les réseaux sociaux et les plateformes de partage pour débusquer ceux que le ministre de la santé appelle les « traitres à la patrie » qui diffusent de fausses informations. Même les régimes totalitaires n’ont pas la censure aussi facile comme le ministre de la santé qui perd son temps à vouloir porter plainte contre un ennemi aussi invisible que le coronavirus qui nous vaut à tous, des nuits blanches et des journées noires.
Car en définitive et sans faire voix aux adeptes de l’éternel théorie du complot, c’est bien le droit de chacun de ne pas croire à la réalité du COVID 19, de croire que c’est du bluff et de l’exprimer par les moyens à sa disposition. Mais quand on a dit ça, on n’oublie pas de dire aussi que c’est surtout un devoir pour les pouvoirs publics de diffuser la bonne parole, car on les cherche encore les messages du ministère à diffuser et à partager largement. Le tout n’est pas simplement d’écumer les plateaux de radios et de télévision et de répondre aux questions des journalistes. Ce n’est jamais là d’ailleurs, que se passe la diversion.
Ce n’est pas normal par exemple que le ministre qui est directement interpellé sur son compte twitter officiel par des voyageurs à AIBD qui s’inquiètent de poser leurs doigts les uns après les autres sur le lecteur d’empreinte digitale de la police des frontières et qui demandent il est où le gel désinfectant au guichet, que le ministre ne réponde jamais à travers son compte.
Un twittos à vite fait de montrer, je le cite : voilà comment on nous fait contaminer à l’aéroport.
Il fait un raccourci certes et sape le discours de sensibilisation sur l’hygiène, mais ce n’est pas pour ça qu’on va le mettre en prison ?
Monsieur le ministre, un community manager, vous connaissez ?
C’est aussi ça l’enjeu d’une communication moderne et d’une utilisation efficiente des réseaux sociaux.
Et d’ailleurs pendant qu’on est dans l’instantanéité, il va falloir déjà se projeter sur les prochaines étapes. Pardon mais des morts du COVID 19, il va y’en avoir. Fatalement !
Et, dans un pays où le rituel aux morts est plus que sacré, on ne sait pas encore comment on fait. Il est heureux que dans nos us et coutumes, la thanatopraxie, formellement interdite à cause du COVID 19, qui est une technique de conservation du corps, ne soit pas pratique courante. Mais il existe bien d’autres pratiques à risques qui font partie de notre rituel aux morts et fortement déconseillées aujourd’hui par l’OMS.
Il est des débats ailleurs sur les consignes strictes données aux pompes funèbres et qui ne permettent même pas à la famille de regarder pour garder le visage du défunt dans un dernier hommage.
Et nous, comment on fait ici quand ça va arriver ?
L’OMS recommande le transport et l’inhumation des corps dans des sacs hermétiques ? Comment on fait nous ?
Nous n’avons pas la pratique de la crémation dans nos us et coutumes ? Comment on fait ?
Un corps d’une personne décédée du COVID 19 ne se manipule pas comme si c’est une mort naturelle : comment préserver le reste de la communauté ?
C’est peut-être tôt d’en parler, mais il ne sert à rien d’éviter la question et surtout ne pas attendre que ça arrive pour chercher la réponse.
La manipulation aura certainement pris de l’avance sur les recommandations officielles.
Prions que ça n’arrive jamais : on est un peuple de croyant. Allah va nous sauver.
A cet instant précis, j’ai une grande pensée pour mon cousin Famara dont le vol retour Dakar – Paris par la Royal Air Maroc est annulé. Et pourtant, il faut qu’il retourne en France, par tous les moyens. Il y a toute sa vie, et sa petite famille qui l’attend.
J’ai une pensée pour mon amie Mariama qui est aussi coincée à Dakar.
Ironie de l’histoire : elle est venue de Paris chercher son vieux papa à ramener en France pour son suivi sanitaire.
C’est bien la première que l’on craint pour quelqu’un qui va en France.
La roue qui tourne a vraiment tourné, cette fois.
Même s’il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir du malheur des autres.