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4 mai 2025
Economie
64 MILLIARDS POUR ATTÉNUER LES EFFETS DU CORONAVIRUS SUR L’ÉCONOMIE NATIONALE
Dans le sens de préserver ’’les répercussions sociales de la crise’’, le ministre des Finances indique que ce fonds proposera une ’’batterie de mesures’’, notamment en termes d’accompagnement des secteurs affectés par l’épidémie
Le gouvernement sénégalais a prévu de doter le Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force-Covid-19) d’une enveloppe de 64 milliards de FCFA, pour atténuer les effets dus à la pandémie de maladie à coronavirus sur l’économie nationale, a appris l’APS de source officielle, jeudi.
’’[…] Avec l’évolution de l’épidémie, un plan de contingence (Force-Covid 19) a été élaboré et chiffré, pour le montant de 64.039.279.189 FCFA afin de renforcer les capacités du pays à faire face à la situation’’, a déclaré le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, lors d’une conférence de presse.
Cette décision fait suite à une première mesure qui avait été prise dès l’enregistrement des premiers cas positifs au Covid-19 au Sénégal, consistant à dégager un budget de 1,4 milliard FCFA sur les ressources de l’Etat pour préparer la riposte et gérer les premiers cas.
Amadou Hott souligne que ce plan de contingence va permettre de ’’soutenir les secteurs affectés afin d’atténuer les effets négatifs de l’épidémie sur la croissance et les emplois’’.
Dans le sens de préserver ’’les répercussions sociales de la crise’’, il a souligné que ce fonds proposera une ’’batterie de mesures’’, notamment en termes d’accompagnement des secteurs affectés par l’épidémie, tels que le tourisme, le transport aérien, les chaînes d’approvisionnement du commerce formel et informel et l’industrie.
Le ministre a aussi précisé que ce plan sera financé ’’essentiellement’’ par le budget de l’Etat et par les contributions des partenaires au développement et des Sénégalais de bonne volonté.
’’La taille du fonds dépendra des besoins identifiés sur la base des études, évaluations et enquêtes conduites par les différentes structures de l’Etat, en collaboration avec les acteurs économiques et nos partenaires’’, a également indiqué le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération.
Outre ’’Force-Covid-19’’, Amadou Hott a aussi annoncé la création prochaine d’un comité de ’’croissance et de veille économique’’, pour notamment anticiper sur les répercussions économiques directes et indirectes de la crise sanitaire sur l’économie nationale.
’’Ce Comité qui sera composé de représentants de plusieurs ministères, du secteur privé et de la BCEAO se réunira autant de fois que de besoin et soumettra des propositions au conseil des ministres’’, renseigne-t-il.
Dans cette perspective, il a rappelé la nécessité pour les pays africains d’initier, une fois cette crise sanitaire terminée, ’’des réflexions profondes sur leur mode de production et de consommation en davantage soutenant la production locale.’’
Interpellé sur une possible augmentation des prix des denrées alimentaires, Amadou Hott a assuré que ’’les mesures de confinement frontalier ne concernent pas les cargos et le fret (aérien et maritime)’’.
‘’Il n’y a pas de raisons de s’inquiéter. Que les populations soient rassurées que d’autres décisions seront prises en fonction de l’évolution de la situation’’, a-t-il insisté.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
« LA CRISE SANITAIRE VA IMPACTER LE NIVEAU DES RECETTES »
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous devons rompre avec les systèmes financés par l’aide au développement - Il faut privilégier l’option d’une loi de finance rectificative pour adapter nos ressources à la nouvelle situation - ENTRETIEN AVEC MOUSSA BALA FOFANA
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 19/03/2020
La facture économique du coronavirus risque d’être lourde pour le Sénégal comme pour beaucoup d’autres pays. Dans l’entretien accordé à SenePlus, le planificateur et banquier d’affaires, Moussa Bala Fofana, fait une analyse de la difficile situation économique qui peut résulter de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19.
SenePlus : Étant donné que la Chine est l’un des principaux moteurs de l’économie mondiale représentant 16,3% du PIB, tout ralentissement significatif de son activité économique se traduit inévitablement par un ralentissement de l’activité économique mondiale. Alors ne risque-t-on pas, avec cette crise sanitaire du virus Covid-19 qui frappe la Chine, de vivre une récession économique majeure à l’échelle planétaire ?
Moussa Bala Fofana : Effectivement, la fulgurance de la pandémie impose un arrêt successif des moteurs de l’économie mondiale. Fatalement, les indices boursiers (CAC40, FTSE100, DOWJONES, le STOXX600 et S&P500) qui sont les symboles de la performance du système et de la confiance des investisseurs dans les bénéfices futurs des entreprises, accusent des pertes graves alors que le Vix qui est l’indice de la peur monte tranquillement et surement. Alors que nous n’en sommes qu’au début, la récession pour certains pays est évidente notamment l’Italie, l’Espagne et la France. Le pouvoir des banques centrales est limité, car il ne s’agit pas seulement d’un ralentissement lié à une crise systémique. Ici, nous sommes en face d’un phénomène inédit.
En effet, en plus de la peur des acteurs économiques, la gestion préventive de la pandémie exige des pouvoirs publics d’opérer à un arrêt total des économies l’une après l’autre et sur les différents continents. Les gouvernements veulent éviter la psychose de mort en millier et en quelque dizaine de jours. La panique et l’impuissance peuvent engendrer un traumatisme social aux effets économiques désastreux. Ainsi, la récession économique majeure est donc à nos portes et le débat aujourd’hui porte sur le dispositif de résilience sanitaire et l’ingénierie de la planification de la relance économique. Cette pandémie risque de changer fortement les fondements, principes et cibles de la prise de décision politique des décennies à venir.
Et que doivent faire les gouvernements pour en limiter l'impact dans la durée ?
Le leadership politique doit avoir la crédibilité et le courage d’amener toute une nation à accepter la limitation des libertés et les conséquences économiques que cela va engendrer. Cependant, il faut que le leadership inspire confiance de par sa gestion et des moyens budgétaires et financiers de mitigation des impacts sanitaires, économiques et sociaux. A travers l’instrument budgétaire et fiscal, le gouvernement canadien par exemple, a été en mesure de mobiliser l’équivalent de 3% de son PIB, soit 82 milliards de dollars visant une assistance directe des travailleurs et des entreprises (27 milliards) et le reste allègement et report fiscal.
Parallèlement, les banques centrales et les banques commerciales doivent faciliter l’accès au crédit pour aider à redémarrer la machine. Les banques commerciales doivent conseiller et assister les entreprises dans cette phase délicate de gestion de la liquidité, des charges fixes et du passif à court terme. Au Canada, c’est plus de 400 milliards de dollars qui seront injectés via la banque centrale et les banques commerciales pour stabiliser les ménages et les entreprises. Ainsi, lutter contre ce virus exige une discipline collective, un leadership éclairé, un système financier agile et un plan de résilience sanitaire et de relance économique qui prend en compte les enseignements, les enjeux et nouveaux défis qu’impose désormais la pandémie du Covid-19.
Vera Songwe, la secrétaire exécutive de la CEA de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a affirmé que l’Afrique, le principal partenaire commercial de la Chine, peut perdre la moitié de son PIB avec sa croissance passant de 3,2% à environ 2%. Dans ce cas, quelle solution adopter pour éviter cette catastrophe économique ?
Ces prévisions sont principalement basées sur notre relation avec la Chine, aujourd’hui l’Europe est l’épicentre, les USA et le Canada sont en mode d’arrêt progressif et l’Afrique est au début. Tout cela pour vous dire qu’il est très difficile d’évaluer l’impact d’un phénomène que l’on ne connaît pas, qui est encore en cours et dont nous africains n’avons pas encore subi les impacts directs. L’OCDE prévoyait une baisse de -0,5 ; aujourd’hui on parle de -1,5 de moins sur une prévision de croissance de 2.4%.
L’Afrique présente un niveau de risque sanitaire élevé et la négligence du niveau d’éducation des populations va être un défi pour la gestion préventive. Devant l’urgence, un leadership courageux et les bons comportements des citoyens seront les armes des Africains. Sur le long terme, nous devons rompre avec les systèmes sanitaires et sociaux financés par l’aide au développement et une croissance creuse portée par le capital étranger. Nos plans de relances devront viser le développement économique de nos territoires. Par la productivité et l’industrie locale, nous devons équilibrer le partage de la chaine de valeur issue de nos ressources et renforcer par la même occasion la base défensive de notre économie.
Quelles peuvent être les contrecoups économiques et sociaux de la crise provoquée par le Covid-19 pour notre pays, le Sénégal ?
Nous pouvons d’ores et déjà dire que nos matières premières vont connaître des invendus et des baisses de cours devant les arrêts successifs des moteurs de l’économie mondiale. L’exemple du pétrole est édifiant. Les flux financiers des émigrés vont diminuer, car les étrangers sont les premiers à souffrir des licenciements et pertes d’emplois avant les faillites. Mais plus directement, le Sénégal devra comme tous les pays procéder à l’arrêt de la vie sociale et économique de manière progressive pour diminuer la fulgurance du virus et cela a un coût économique et cela va creuser le déficit budgétaire.
Tout cela va impacter le niveau des recettes. Le régime doit prévoir cela et anticiper sur le renforcement de sa capacité à mobiliser des fonds pour le financement du plan de relance économique et sociale. Ce phénomène arrive dans un contexte où beaucoup de pays africains font face à une situation d’endettement. Au Sénégal, la tension trésorerie est une réalité. Nous devons donc faire preuve d’unité, de solidarité et d’entraide afin de contenir le virus car cela demande des moyens financiers.
La chaîne d’approvisionnement de biens et de services en provenance de Chine étant maintenant gravement perturbée, ne craint-on pas une pénurie alimentaire si cette crise perdure ?
Une pénurie alimentaire est un cas de figure extrême et le Sénégal est un pays d’agriculteur, d’éleveurs, de pêcheurs et d’artisans. Alors à nous de capitaliser sur nos forces. Cependant, le volume du commerce va ralentir et cela va engendrer une raréfaction des produits importés de la Chine et de l’Europe. Nous pourrions avoir un effet inflationniste, si nous ne prenons pas garde. Cependant, nous pouvons le pallier par un changement de nos habitudes alimentaires. Le gouvernement doit d’urgence accompagner l’économie locale à travers un plan de relance qui se concentre à bâtir la base défensive de notre économie. Nous ne devons plus accepter d’être des lieux d’extraction de ressource et de déversoir des produits finis.
Mot de la fin sur cette crise économique qui menace le monde ?
Le culte de la planification et l’esprit entrepreneur vont être les atouts majeurs pour le déploiement du plan résilience sanitaire et de relance économique. Je demande aussi à nos dirigeants de mobiliser les équipes de planificateurs afin d’analyser les impacts à moyen et long terme pour l’élaboration d’un plan de relance économique et sociale.
Dans le court terme, il faut sérieusement privilégier l’option d’une loi de finance rectificative pour adapter nos maigres ressources à la nouvelle situation en plus de la solidarité dont nous devons faire preuve. En effet, devant l’absence des instruments de souveraineté monétaire et le contexte de tension budgétaire, une rectification de l’usage initial de nos ressources via l’instrument budgétaire pour l’adapter au plan de relance économique et de résilience sanitaire est l’option la plus viable et que nous maîtrisons.
Enfin dans l’urgence, un leadership fort et une discipline collective seront nécessaires. Nous devons ensemble travailler à mobiliser les moyens afin d’aider le régime, les populations et porter assistance au personnel de santé. Nous demandons au régime de faire preuve de transparence et d’ouverture, car nous allons avoir besoin de l’appui de tout le monde. A nous aussi de leur apporter notre soutien dans ces moments où nous devons sauver des vies.
LES MÉDIAS SOLLICITENT L'APPUI DE L’ETAT FACE AUX CONSÉQUENCES DU COVID-19
‘’Aujourd’hui, en ce qui concerne la presse écrite, la publicité est en train de chuter. Certains lecteurs, même s’il y a un besoin d’information, refusent de toucher le journal, car ils pensent que le papier peut être un vecteur de transmission du virus"
Les patrons de presse ont plaidé jeudi auprès du ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, pour une aide financière en faveur des médias, en vue de les aider à faire face aux conséquences de la propagation du Covid-19.
’’Cette maladie, plus qu’Ebola est un peu particulier, parce qu’elle paralyse tous les secteurs d’activité’’, a déclaré le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS), Mamadou Ibra Kane, lors d’une rencontre d’échanges sur la maladie avec les représentants des organes de presse.
Le propriétaire des journaux sportifs ‘’Stades’’ et ‘’Sunu Lamb’’ avertit que la presse ne sera pas épargnée par les conséquences de la propagation du Covid-19 qui a touché le Sénégal depuis le 2 mars, avec au jour d’aujourd’hui 36 cas positifs recensés.
‘’Aujourd’hui, en ce qui concerne la presse écrite, la publicité est en train de chuter. Certains lecteurs, même s’il y a un besoin d’information, refusent de toucher le journal, car ils pensent que le papier peut être un vecteur de transmission du virus. Ce qui veut dire qu’elle va souffrir des ventes ’’, a-t-il alerté.
Il indique que ‘’les conditions de travail sont aujourd’hui très difficiles’’. Ainsi, pour respecter les barrières sanitaires, les responsables des médias doivent assurer le transport des journalistes et des autres travailleurs du secteur.
‘’Même si le transport public est nécessaire, il ne remplit pas les conditions normales pour respecter les barrières indiquées pour lutter contre la transmission du virus’’, a expliqué le patron de la Société africaine de communication (AFRICOM). Compte tenu de cela, il pense que ‘’l’Etat du Sénégal doit venir en aide aux organes de presse, comme dans d’autres secteurs de l’activité économique pour un peu faciliter la gestion des entreprises de presse’’.
Il annonce que certaines entreprises de presse pourraient envoyer leurs employés au chômage technique ou autoriser des congés exceptionnels pour une partie du personnel. Mamadou Ibra Kane précise que certains patrons seront obligés de le faire, du fait de leurs difficultés à assurer les charges en matière de transport et d’hygiène.
‘’Ce sont des difficultés économiques auxquelles nous seront confrontées. Je pense même qu’il faudra distribuer l’aide à la presse et revoir le montant de manière substantielle. Des mesures fiscales aussi peuvent être apportées au secteur de la presse’’, dit-il.
Le Directeur général de la RTS, Racine Talla, a abondé dans le même sens, en affirmant que ‘’c’est tout à fait légal pour la presse de réclamer de façon légitime sa part dans le budget consacré à la lutte contre le Covid-19’’.
‘’On doit appuyer tous les organes de presse, surtout privés, qui voient toute leur grille de programme perturbée du fait du coronavirus’’, a lancé M. Talla, faisant valoir que ‘’l’information reste la première denrée de consommation actuellement’’. Il soutient que l’opinion fait tout pour avoir les dernières informations sur la propagation de la maladie.
Pour sa part, le Directeur de l’information du Groupe Futurs Médias (GFM, privé), Souleymane Niang, évoque ‘’la vulnérabilité économique des différentes entreprises de presse’’. ‘’Nous ne demandons pas des choses exceptionnelles, mais juste que le secteur de la presse soit pris en charge et dans l’immédiat. Il faut imaginer les mécanismes qui permettent d’assurer la survie de ce secteur qui est vital dans le combat contre le Covid-19’’, a-t-il lancé.
En réponse à cette demande, le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a rappelé que l’urgence est d’abord d’’’assurer la protection des patients’’. ‘’Une fois qu’on arrivera à régler ce problème, on aura la capacité de faire face à l’aide et à l’accompagnement de la presse’’, a-t-il dit.
Il annonce une rencontre restreinte avec le ministère des Finances afin de voir ce qui pourra être fait de manière urgente.
par Ousmane Ndoye
POUR UN PLAN D’URGENCE SANITAIRE ET ECONOMIQUE
Cette crise est certainement une opportunité majeure pour repenser l’allocation des ressources publiques dans notre pays
« Gouverner, c'est prévoir ; et ne rien prévoir, c'est courir à sa perte »[1]
Les faits :
L’épidémie de coronavirus qui s’est déclenchée en Chine en fin 2019 a fait à ce jour (17 mars 2020) un nombre de 7 426 décès sur 179 111 cas décelés à travers le monde, avec 150 pays touchés. Dans ce décompte, l’Afrique a une part de 228 cas dont 4 décès enregistrés. Malgré le fait d’être le 3e pays africain le plus touché du continent avec 27 cas, le Sénégal n’enregistre pas de décès[2].
L’épidémie, entre-temps reclassée pandémie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a également d’importantes répercussions économiques avec un effet domino depuis une Chine usine du monde et représentant 20% du PIB mondial. Dans un contexte de systèmes économiques et financiers fortement mondialisés, les mesures exceptionnelles de confinement général ou partiel en Asie, en Europe (Italie, France, etc.), et en Amérique, paralysent une partie de l’économie de ces pays mais également celle des pays moins ou pas touchés (ex des pays d’Afrique). Aujourd’hui, même pour ces pays développés ou émergents, la distribution de produits alimentaires à la population devient problématique.
Les prévisions :
Il y a un consensus général qu’il est impossible à l’étape actuelle de faire des prévisions solides sur l’évolution de la pandémie ainsi que sur ses impacts économiques.
Toutefois, sur le plan sanitaire, on notera que le nombre de cas décelés dans le monde a doublé en 17 jours, et au Sénégal en 2 jours. Et, en tout état de cause, les spécialistes considèrent que le nombre de cas est toujours sous-estimé puisque l’ensemble de la population n’est pas testée.
En définitive, à l’instar des pays très touchés tels la Chine, l’Italie et la France, il y a une grande probabilité d’une forte augmentation des cas décelés en Afrique.
Sur le plan économique, après avoir tenté en vain de retarder l’échéance d’un confinement généralisé aux effets désastreux, les pays les plus affectés y ont été contraints. Concernant ces effets, l’Afrique risque également de ne pas être épargnée. Il est déjà estimé que le taux de croissance en 2020 qui était prévu à 3,2 % devrait tomber à 1,8 %.
Que faire ?
Sur le plan sanitaire, le Sénégal, à l’instar de plusieurs pays africains, a récemment pris des mesures de confinement partiel avec la fermeture des écoles, l’interdiction des rassemblements de personnes et des vols en provenance des pays les plus affectés. L’Etat a également annoncé la mise en place d’un budget de 1 milliard 400 millions FCFA pour le financement du plan de riposte. L’espoir est que ces mesures combinées avec les efforts de maîtrise de l’épidémie par les équipes médicales puissent permettre de juguler la crise. Toutefois, c’est à ce niveau que se situe le plus grand problème : après des décennies de sous-investissement – le Sénégal consacrant moins de 5% de ses dépenses publiques à la santé comparée à la norme mondiale de 15%. – le système de santé, classé 173e sur 195 pays en 2017, était déjà à l’agonie et n’est certainement pas en mesure de gérer une épidémie de grande ampleur. Dans ce contexte, le gouvernement doit mobiliser des ressources financières mais également humaines (recensement et mobilisation des diplômés en santé) beaucoup plus importantes pour parer au pire, tout en renforçant le contrôle sur la gestion des structures de santé.
Sur le plan économique, il nous faut aussi agir vite. Des pans entiers de l’économie sénégalaise tels le tourisme et l’hôtellerie, le secteur aérien avec ses activités connexes, le commerce, et en particulier celui de l’import-export agroalimentaire, sont touchés de plein fouet. Les conséquences seront immédiates avec des pertes d’emplois et de revenus, ainsi que des pénuries. Avec l’effet domino et dans un scénario d’aggravation de la crise, ces conséquences risquent de se généraliser. La réduction des transferts d’argent des Sénégalais de l’extérieur qui sont concentrés dans des pays largement affectés par la crise sera un facteur aggravant de la crise économique.
C’est pourquoi il y a nécessité pour le guvernement sénégalais d’élaborer un plan d’urgence économique. Ce plan devrait contenir une combinaison de mesures telles :
La réduction des prix de l’eau, de l’électricité et du carburant devant faciliter un encadrement de la baisse des prix des denrées alimentaires de base ;
une aide au chômage aux travailleurs à faibles revenus qui ont perdu leur emploi ;
la généralisation des bourses familiales pour les ménages les plus démunies, permettant également d’impacter les familles des travailleurs du secteur informel;
un soutien aux entreprises, en particulier les PME, en priorisant les secteurs les plus affectés : ce soutien pourrait prendre la forme de suspension du paiement des impôts et taxes dus, prêts à taux bonifiés et subventions ;
la subvention de la fourniture d’eau en milieu rural et la suspension de la coupure pour non-paiement de facture d’eau en milieu urbain ;
une coordination étroite avec les producteurs et les commerçants pour la mobilisation de stocks alimentaires de sécurité pouvant couvrir les besoins essentiels nationaux pour une période pertinente.
Il est évident que la question fondamentale sera celle de la mobilisation des ressources financières nécessaires à la réalisation de ce plan. Cette crise est certainement une opportunité majeure pour repenser l’allocation des ressources publiques dans notre pays. En effet, pendant longtemps, les secteurs capables d’impulser une demande orientée vers une production nationale, de catalyser une croissance inclusive, et d’assurer un bien-être sanitaire et social partagé ont été négligés. Il s’agira donc de changer de paradigme en renonçant à la course aux infrastructures prestigieuses qui n’ont pas de véritables impacts transformationnels et en réduisant à sa plus simple expression le train de vie de l’Etat. En tout état de cause, le moment est aux priorités : la santé et la sécurité alimentaire des populations.
Dans ce contexte, il est aussi évident qu’il urge d’avoir une concertation régionale pour, entre autres, lever les limites à l’endettement et au déficit public. Il est vrai que le Sénégal est déjà fortement endetté, mais dans ce contexte nous risquons de n’avoir d’autres choix que d’augmenter sensiblement notre dette: à ce niveau il nous faudra surtout faire les bons choix en empruntant auprès des bailleurs offrant des taux concessionnels (La Banque mondiale a déjà annoncé son engagement auprès des pays pauvres). La BCEAO aura aussi sans nul doute sa partition à jouer en particulier en poussant les banques commerciales à sortir de leur zone de confort pour mieux financer l’économie.
L’heure est à l’action rapide pour nos gouvernants, car considérant l’évolution accélérée des situations liées à cette pandémie, tout retard dans l’action pourrait nous conduire vers un chaos sanitaire, économique et social.
[2]World Health Organization (WHO) Situation Reports – 17 mars 2020
par Demba Sow
LA FERMETURE DES MARCHÉS HEBDOMADAIRES VA IMPACTER NÉGATIVEMENT LE MONDE RURAL
L’Etat doit maintenant prendre des mesures d’ordre économique et social sans délai. Le président Macky Sall est attendu sur son plan de soutien aux populations impactées par sa batterie de mesures
Face à la menace du COVID-19, le président Macky Sall a pris une batterie de mesures pour stopper la propagation du virus dans le pays. Le chef de l’Etat était fortement attendu sur son plan de riposte face à cette pandémie qui est maintenant installée dans le pays. La progression du nombre de malades du COVID-19 est préoccupante. La barre des 30 cas positifs est franchie. Il est peut-être temps que l‘Etat propose aussi des mesures concrètes et pratiques sur la mobilité des citoyens qui est actuellement un des maillons faibles de la lutte contre la progression de la maladie dans le pays.
Les décisions arrêtées par le gouvernement ont été saluées et appréciées par la classe politique dans son entièreté et sa diversité, par les chefs religieux musulmans et chrétiens unanimement ainsi que par la société civile et l’ensemble des syndicats. Les populations ont montré, elles aussi, leur adhésion sans réserve aux mesures gouvernementales. A ce jour, l’application des décisions du gouvernement ne souffre d’aucune faiblesse ou entrave. Les cas positifs au COVID-19 sont traités de façon convenable. Le corps médical s’est montré à la hauteur de la situation. Il est cependant nécessaire de continuer à sensibiliser les populations pour le respect de certaines consignes d’hygiène et de comportements.
Le pouvoir de contamination du COVID-19 est sans commune mesure avec ce qu’on a l’habitude de voir. Présentement, tous les continents sont atteints, l’Asie étant le plus touché. La propagation du virus ne peut être, à ce stade des connaissances scientifiques, stoppée que par la prévention. C’est dans cet esprit que le Sénégal, à l’instar des autres pays, a pris une batterie de mesures pour protéger les populations sénégalaises de ce terrifiant virus. Les autorités médicales du pays gèrent avec efficacité l’évolution de la maladie depuis son apparition il y a bientôt un mois.
La batterie de mesures prises par le pouvoir aura des conséquences économiques et sociales insoupçonnées. Les écoles et universités sont fermées, les rassemblements publics et privés interdits, les frontières aériennes et terrestres fermées. Les sénégalais vivent, comme le reste du monde, des moments inédits et angoissants dont nul ne peut prédire la fin. Il n’y a pas de traitement spécifique de la maladie virale actuellement même s’il y a beaucoup de spéculations sur d’éventuelles molécules efficaces contre le COVID-19.
Les populations du monde rural font partie des sénégalais les plus impactées par les mesures prises par le président Macky Sall. En application de l’interdiction des rassemblements, les marchés hebdomadaires sont interdits par l’administration territoriale. Ces marchés dits Louma sont potentiellement des lieux de propagation ultra rapide du COVID-19. Les fermer est une mesure opportune et inévitable pour éviter la contamination au Coronavirus à grande échelle.
Il est utile cependant de rappeler que les populations rurales se ravitaillent dans ces marchés qui sont disséminés à travers le pays, y vendent leurs récoltes et bétail pour satisfaire leurs divers besoins. La fermeture des Louma a créé le désarroi sans précédent en milieu rural. L’Etat n’a, pour le moment, rien dit les concernant. Sans les marchés hebdomadaires, où vont se ravitailler les ruraux, où vendront-ils leurs récoltes et leur bétail ?
Suite aux mesures gouvernementales, les conséquences sur la vie des populations urbaines et rurales seront énormes. L’Etat doit maintenant prendre des mesures d’ordre économique et social sans délai. Le président Macky Sall est attendu sur son plan de soutien aux populations impactées par sa batterie de mesures.
Un Comité Ad Hoc pourrait être mis en place rapidement pour assister le président de la République et lui faire des propositions concrètes et réalistes dans l’objectif d’une bonne gestion des effets collatéraux des décisions gouvernementales.
Les populations rurales, très vulnérables, devraient être soutenues pendant cette période de fermeture des marchés hebdomadaires. Ils ne peuvent plus vendre leurs récoltes et leur bétail. Ils rencontrent également beaucoup de difficultés pour leur ravitaillement. Ils sont déboussolés. Si rien n’est fait rapidement, la famine pourrait s’installer en milieu rural avec des conséquences probables sur la sécurité. L’Etat ne devrait pas oublier que la campagne agricole 2019-2020 n’a pas été des meilleures. La vie en milieu rural est déjà dure. La fermeture des marchés hebdomadaires est une catastrophe pour les populations rurales. Des mesures d’accompagnement sont nécessaires pour les soulager. En plus des conséquences liées aux mesures gouvernementales, le monde rural s’attend à une période de soudure précoce en 2020.
Demba Sow est ancien député, ancien CES
COVID-19 : "L'AFRIQUE S'APPROCHE DANGEREUSEMENT DE LA LIGNE ROUGE"
La facture économique du coronavirus sera lourde pour le continent. Les explications d'Arthur Minsat, chef économiste du département Afrique de l'OCDE
Le Point Afrique |
Marlène Panara |
Publication 19/03/2020
Début 2020, la Banque mondiale se voulait prudente sur les perspectives économiques de l'Afrique. Avec une croissance revue à la baisse, à 2,9 %, la mesure était de circonstance. Parallèlement, le lancement de la zone de libre-échange continentale, fixée au mois de juillet, donnait quelques notes d'espoir. Malheureusement, l'épidémie de coronavirus est partie pour tout remettre à plat. En effet, même si le taux d'infection reste, jusqu'ici, relativement faible au regard d'autres régions du monde, l'impact financier, lui, sera assurément élevé. Le ralentissement économique de la Chine et de l'Europe, principales partenaires de l'Afrique, aura de lourdes conséquences, directes et indirectes, sur un continent déjà lourdement endetté. Arthur Minsat, économiste à la tête du département Afrique et Moyen-Orient de l'OCDE, a accepté de les exposer au Point Afrique.
Le Point Afrique : Selon l'agence de notation Fitch, l'épidémie de coronavirus impactera d'abord la croissance de l'Angola, du Congo, de la Guinée équatoriale, du Nigeria, ou encore de l'Afrique du Sud – des pays qui exportent de grandes quantités de produits en Chine. Êtes-vous d'accord avec cette affirmation ?
Arthur Minsat : Pour le moment, nous n'avons pas de données en temps réel sur les conséquences économiques du coronavirus. Mais, pour moi, il est clair que le premier grand impact se fera sur les pays pétroliers du continent. Car le secteur souffre, en plus de l'épidémie de Covid-19, de la guerre commerciale qui oppose la Russie et l'Arabie saoudite sur le prix du baril. Fin décembre, le Nigeria, première économie d'Afrique, exportait à 63 dollars le baril. Aujourd'hui, il coûte 31 dollars. De par sa dépendance à la production d'hydrocarbures, il est parmi les plus menacés. Cette situation s'applique aussi à l'Angola, l'Égypte, le Soudan du Sud ou encore l'Algérie, dont l'économie est basée sur la production de gaz.
Pour autant, les pays non producteurs d'hydrocarbures sont-ils à l'abri ?
Pas du tout, car de nombreux pays africains, même s'ils ne vendent pas leur pétrole à la Chine, y exportent tout de même des produits. C'est le cas de la République démocratique du Congo (RDC), par exemple. Les mesures de restrictions prises ces dernières semaines, notamment la fermeture des frontières ou encore la suspension des vols à l'international, font aussi baisser les échanges.
Même dans les pays d'Afrique relativement peu touchés par le coronavirus, il y aura donc de lourdes conséquences économiques ?
C'est évident. Dans ce contexte, on ne peut pas continuer à avoir des échanges normaux. On ne peut pas continuer à recevoir des touristes comme si de rien n'était, même si ceux-ci représentent une manne importante. L'urgence sanitaire est la priorité.
La gravité de la situation peut-elle, à terme, modifier le partenariat qu'entretient l'Afrique avec la Chine ? Des ajustements pourraient-ils être apportés ?
Ces pays ont évidemment un problème de dépendance. Ils ne parviennent pas à diversifier leur économie. Mais le problème est très ancien. En Algérie, les nombreuses initiatives en ce sens n'ont pas donné de grands résultats. Idem pour l'Afrique du Sud, pays dans lequel le secteur manufacturier est même passé de 30 % des exportations dans les années 1980, à 9 % aujourd'hui.
D'autres se sont essayés à un modèle de développement économique calqué sur ceux des pays d'Asie du Sud-Est, en « vol d'oies sauvages », qui mêle production importante de biens à faible valeur ajoutée et main-d'œuvre à bas coût. C'est le cas de l'Éthiopie. Malgré tout, la part de l'Afrique dans ce secteur à l'échelle mondiale n'a pas augmenté suffisamment. Alors, la plupart des États africains se sont tournés vers la Chine et y ont conclu des partenariats très forts.
Pour la majorité, c'était une aubaine. Ils ont pu rapidement développer leur déficit en infrastructures. Même si la qualité n'a pas toujours été au rendez-vous, cela a permis aux dirigeants africains de répondre à la demande de la population. Les relations développées avec la Chine ont aussi généré la création de zones économiques spéciales et ont diversifié les flux d'investissements. Pour toutes ces raisons, je ne pense pas que l'état actuel du partenariat avec la Chine soit repensé.
De la même manière, comment le confinement de plusieurs pays européens, et donc le ralentissement économique annoncé dans leur zone, peut-il se répercuter sur l'Afrique ? L'impact sera-t-il aussi fort que celui du ralentissement chinois ?
Les conséquences d'une contraction européenne sur le continent seront toutes aussi importantes, voire pires. Les pays d'Afrique du Nord, parmi les plus développés, vont beaucoup en souffrir. Le manque de touristes et le ralentissement généralisé d'autres industries en lien avec l'Europe vont fortement impacter ces pays. Car si la Chine est un partenaire de taille en Afrique, l'Europe l'est tout autant. Pour certains États, elle est même le principal.
La crise à venir en France et au Royaume-Uni aura des conséquences sur tout le continent, même indirectes. Car une récession ou une chute de la croissance au Maroc – dont les liens avec l'Europe sont très forts – aura par extension des retombées sur d'autres économies d'Afrique, avec lesquelles le royaume a développé des liens. Entre la crise à venir chez les plus grosses économies d'Afrique et les risques qui pèsent sur le tourisme dans le Nord, on approche dangereusement de la ligne rouge.
Les structures économiques africaines sont-elles, par nature, davantage exposées aux chocs extérieurs que d'autres économies du monde ?
Tout à fait. Car leur modèle, basé sur l'exportation de produits non transformés, les rend dépendants des cours des matières premières. Et donc très vulnérables à la volatilité des prix. Ces économies sont pourtant le moteur de l'Afrique, car elles pèsent pour 75 % du PIB du continent. Des pays à forte croissance comme l'Éthiopie ou le Rwanda ont pu, eux, bénéficier d'une demande interne très importante, conséquence de la démographie. Mais, dans sa globalité, l'Afrique ne fait pas suffisamment de commerce intracontinental.
Le lancement de la zone de libre-échange africaine (Zlec) est justement prévu pour le mois de juillet 2020. Les lourdes conséquences économiques dues au coronavirus pourraient-elles renforcer la volonté des pays africains à échanger entre eux ?
Sur le plan théorique, certainement. Mais ce n'est pas parce qu'il y a une volonté politique de le faire que la situation va changer. L'écart entre ce que veulent les dirigeants africains et ce qu'ils peuvent faire en réalité est grand. La Zambie, la Côte d'Ivoire ou le Maroc ont, par le passé, montré leur volonté d'en faire plus sur le continent. Mais ces revendications ne se sont pas concrétisées sur le terrain.
Les pays africains pourront-ils faire face à « l'après » ? Seront-ils tributaires de l'aide internationale ?
Le Fonds monétaire international (FMI) a déjà pris des mesures en annonçant le déblocage de 50 milliards de dollars destinés en priorité aux pays d'Afrique. À mon sens, au vu de l'impact qui se prépare, ce n'est pas suffisant. Le gros enjeu, désormais, sera de faire valoir la part de production africaine dans les chaînes de valeur régionales. Il faudra se concentrer sur l'intérieur, car comme expliqué précédemment, même les petits marchés sont dépendants de l'extérieur. À cela s'ajoutera la question de la négociation de la dette. L'ampleur de la tâche est immense.
LE CORONAVIRUS MENACE LA BAGUETTE DANS LES ÉPICERIES
Interdire le pain dans les épiceries "sera compliqué pour nous", s'inquiète Mohamed Diallo, un commerçant guinéen de Dakar.Il craint le manque à gagner, de 10 à 15 francs CFA par baguette
Le coronavirus va-t-il priver les Sénégalais de la baguette présente à quasiment tous leurs repas ? Les autorités envisagent en tout cas d'en interdire la vente dans les épiceries de quartier.
Or c'est dans ces échoppes omniprésentes que sont écoulés, avec cigarettes et produits d'entretien, les trois quarts des huit millions de baguettes produites chaque jour dans cette ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest.
"Le ministère du Commerce vient d'interdire la vente de pain dans les boutiques.Une mesure prise pour limiter la propagation de l'épidémie", a indiqué le ministère en question mardi sur Twitter.
Le message a ensuité été nuancé par le ministère, semant le doute.
Interdire la distribution en épicerie toucherait directement nombre de Sénégalais, qui consomment en moyenne une demi-baguette par jour, selon les industriels réunis au sein de la Fédération des boulangeries du Sénégal.
Relativement bon marché - 150 francs CFA (22,5 centimes d'euro)-, la baguette se vend en boulangeries et grandes surfaces, mais aussi, à raison de 75% de la production, dans les petites épiceries, selon la Fédération.
Un coup d'oeil sur le fonctionnement d'un de ces magasins de quelques mètres carrés à Dakar révèle la préoccupation sanitaire.Le commerçant réceptionne bien les baguettes avec des gants.Mais peu après il les vend à un client enveloppées dans du papier journal.Ou, sans plus de gants, il les tartine d'une pâte chocolatée pour un autre acheteur.
Le gouvernement a décidé en décembre d'interdire la vente en épicerie pour des raisons d'hygiène.Cette décision est jusqu'à présent restée lettre morte, malgré les appels des industriels et des associations de consommateurs.
L'apparition du nouveau coronovirus début mars au Sénégal a semble-t-il poussé les autorités à serrer la vis.Une trentaine de cas de coronavirus ont été répertoriés, mais aucun décès rapporté, et le gouvernement a pris une série de mesures fortes.
Mercredi, on pouvait toujours acheter sa baguette chez l'épicier à Dakar, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'interdiction annoncée mardi est en fait une "recommandation" faite par la Fédération des boulangeries, "on travaille sur le dossier", dit le directeur du Commerce intérieur au sein du ministère, Ousmane Mbaye.
L'Etat a "reculé.Nous allons riposter", s'insurge le président de la Fédération des boulangeries, Amadou Gaye.Il invoque le transport du pain dans des sacs insalubres et des pousse-pousse, et sa manipulation à mains nues.
Interdire le pain dans les épiceries "sera compliqué pour nous", s'inquiète Mohamed Diallo, un commerçant guinéen de Dakar.Il craint le manque à gagner, de 10 à 15 francs CFA par baguette (1,5 à 2 centimes d'euro).
Abdoul Aziz Fall, lui, en serait "totalement satisfait"."Tous les moyens sont bons" pour combattre le coronavirus, tranche-t-il.
Les kiosques à pain, autrefois partout au Sénégal, ont depuis longtemps disparu et devraient être "recréés", souligne un autre Dakarois, Ousmane Sarr."Sinon, ça va créer la bousculade dans les boulangeries et d'autres problèmes d'hygiène et de santé", dit-il.
LE TOURISME, GROGGY AU SUD
Ziguinchor - le Coronavirus met à quai les bateaux Aline Sitoe Diatta et Aguène
La région sud est sevrée de rotations de bateaux. Un grand passif dans le désenclavement de la région. Plus de desserte maritime Dakar-Ziguinchor, le coronavirus a mis à quai les navires Aline Sitoé Diatta et Aguéne qui, jusque-là, assuraient la liaison maritime entre les deux villes. Un coup dur pour le tourisme dans la région où le bateau reste un moyen de transport très prisé par les touristes qui en profitaient pour une découverte des iles et du beau paysage de la région. Pour combien de temps ces navires seront à quai ? s'interrogent les populations du Sud qui n'ont plus que deux choix pour rallier les autres localités du pays. La voie routières et la voie aérienne.
Les commerçants trinquent et ne savent plus quoi faire de leurs marchandises qu'ils avaient l'habitude d'acheminer par voie maritime. La production entre leurs mains, ils sont obligés d'évacuer les produits par voie terrestre, avec tous les risques. A quand la reprise des rotations ? s’interrogent les populations du Sud. Les prix du fret des produits congelés acheminés par bateau flambent, au désarroi des marchands qui réclament un bateau de fret pour l'acheminement des produits.
L'inquiétude est d'autant plus grandissante que certains sont privés du bateau, moins chère (5000 francs Cfa). Mais l'inquiétude enfle surtout du côté du secteur du tourisme qui risque de payer très chère cette décision de suspendre les rotations du bateau. Un moyen de transport très prisé par les touristes qui débarquent dans cette région.
Du côté du COSAMA, la société qui exploite ces navires qui assurent la liaison Dakar-Ziguinchor, l'on étudie la possibilité de reprendre les rotations dans les plus brefs délais pour mieux participer au désenclavement maritime d'une région que les récentes décision prises contre la propagation de la Covid-19 risquent d'étouffer.
«IL Y A UN TRAVAIL A FAIRE POUR NOUS ACCOMPAGNER»
Le Sénégal a suspendu ses vols à destination et en provenance des zones les plus touchées par la pandémie du coronavirus. Cette mesure qui n’est pas sans impacts sur le secteur du tourisme, est approuvée par les acteurs.
Le Sénégal a suspendu ses vols à destination et en provenance des zones les plus touchées par la pandémie du coronavirus. Cette mesure qui n’est pas sans impacts sur le secteur du tourisme, est approuvée par les acteurs. En revanche, ils invitent l’Etat à prendre des mesures d’accompagnement afin de permettre à ces entreprises de faire face à cette période de crise.
Les acteurs du secteur du tourisme approuvent la mesure prise par l’Etat du Sénégal de suspendre les vols en provenance des pays touchés par la pandémie du Coronavirus même si cette «décision n’est pas sans conséquences» sur le secteur. Selon Moustapha Kane, secrétaire permanent du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière au Sénégal, «c’est la santé publique qui est prioritaire».
«Cela aura des impacts, mais en de pareille situation, la priorité revient à la sécurité sanitaire. Nous sommes dans une crise mondiale qui, de plus en plus, suscite des inquiétudes chez les populations. Nous connaissons les limites en termes de couverture sanitaire de nos Etats», a-t-il soutenu.
En revanche, il demande aux autorités de prendre des mesures d’accompagnement afin de permettre aux entreprises touristiques de surmonter cette crise. «C’est vrai que la mesure s’étend sur un mois, mais par rapport à la nature de l’activité, cela risque d’aller au-delà. Il faut que les gens tiennent un langage de vérité. Il y a un travail à faire pour nous accompagner sinon nous allons vivre une situation très difficile. Ce n’est pas parce qu’après le mois, on reprend les activités que tout va redevenir normal. Il existe plusieurs vocations dans le secteur notamment le tourisme d’affaires et le tourisme de loisirs qui se déroulent pendant l’hiver au Sénégal. La saison se termine ce mois d’avril c’est-à-dire juste une semaine après la fin de la mesure. Donc, nous ne savons pas la façon dont les choses vont se dérouler», relève M. Kane.
Par ailleurs, il signale que le secteur touristique prévoit des mesures sanitaires en cas de déplacement qui sont listées dans toutes les procédures touristiques. «Aujourd’hui, c’est 40 mille emplois directs qui sont visés par cette mesure. Quand on ferme tout, on décrète l’arrêt de vente partout. Pour moi, le délai retenu par l’Etat me semble trop juste par rapport à l’évacuation des touristes qui sont là. Les avions qui déposent les touristes au niveau du Sénégal sont les mêmes qui font les rotations ailleurs. Est-ce qu’ils auront le temps nécessaire d’évacuer tous les touristes qui sont là ? Si ce n’est pas fait à la date butoir, qu’est ce qui va se passer ?
Donc, il y a tellement de point sur lesquels on attendait l’Etat. En tant que sénégalais, acteurs et professionnel, nous sommes d’accord sur la mesure mais nous souhaitons une très large concertation pour que les contrecoups de ces mauvaises décisions ne puissent impacter l’avenir du secteur», a-t-il préconisé.
LE CNTS/FC CONTRIBUE À PLUS DE DEUX MILLIONS À LA LUTTE CONTRE LE CORONAVIRUS
Nous attirons l’attention des autorités et des employeurs sur les catégories de travailleurs les plus exposés, pour leur meilleure protections : il s’agit des personnels de santé, des techniciens de surface chargés de ramasser les poubelles - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du CNTS/FC, daté du 17 mars 2020, à propos de la gestion du coronavirus.
« La situation évolutive des cas de contamination au coronavirus enregistrés dans notre pays augmente de jour en jour, ce qui a amené le chef de l’Etat à prendre des mesures salutaires pour limiter la propagation du virus.
Nous tenons à féliciter le chef de l’Etat pour la prise de cette bonne décision que l’on attendait de lui.
Nous saluons et magnifions également la réaction positive et la solidarité de toute la classe politique de notre pays : opposition, comme majorité, suite aux mesures prises par monsieur le président de la République.
Nous saluons particulièrement la réaction et l’accompagnement des chefs religieux qui nous ont montré la voie de la solidarité et de l’engagement dans la lutte contre l’épidémie du COVID-19.
La CNTS/FC pour sa part, appelle toutes ses organisations affiliées et mouvements intégrés : conventions nationale des femmes et des jeunes, mouvements associés, militantes et militants, au respect stricts des décisions de l’Etat, des mesures d’hygiène et de sécurité édictées par les autorités compétentes et par les professionnels de santé.
Nous demandons à l’ensemble des travailleuses et travailleurs, de consolider cet élan de solidarité nationale pour bouter l’épidémie hors de nos frontières.
Dans ce combat contre la propagation du coronavirus, la CNTS/FC apporte sa modeste contribution à concurrence de deux millions sept cent mille en produits de prévention. Nous demandons à tous nos militants, à tous les travailleurs, ceux du secteur de l’économie informelle en particulier, d’observer rigoureusement les prescriptions d’hygiène, de ne ménager aucun effort pour contribuer et renforcer, à tous les niveaux, chacun selon ses possibilités, la lutte contre l’épidémie.
Aux délégués du personnel de toutes les entreprises, nous demandons, d’accompagner les directives du ministère du travail du dialogue social et des relations avec les institutions, contenues dans le communiqué de presse du 16 mars 2020, et de veiller à leur application correcte.
Nous attirons l’attention des autorités et des employeurs sur les catégories de travailleurs les plus exposés et qui sont en situation vulnérables, pour leur meilleure protections : il s’agit des personnels de santé, des techniciens de surface chargés de ramasser les poubelles susceptibles de contenir les mouchoirs et autres objets contaminés. Ces agents travaillent souvent sans EPI (Equipement de Protection Individuelle). Dans cette même catégorie, nous comptons les travailleurs de la presse, les journalistes en particulier qui tendent leurs micros, capteurs éventuels de vecteurs de propagations du virus. Il y a également les travailleurs du secteur de l’hôtellerie, du tourisme et des transports aériens, entre autres. La liste n’est pas exhaustive.
Enfin, la CNTS/FC exprime sa solidarité sans faille à tous nos camarades des organisations qui sont en situation de lutte, et leur demande de suspendre toutes formes de lutte syndicale dans la période.
Le moment venu, nous reviendrons sur les conséquentes économiques de l’épidémie et son impact sur la situation des travailleurs.
Aussi ne manquerons-nous pas d’être à nouveau aux cotés des travailleurs et de leurs organisations pour continuer avec eux, les luttes ouvrières.
VIVE LA SOLIDARITE NATIONAL POUR METTRE FIN A L’EPIDEMIE DU CORONA VIRUS. »