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2 mai 2025
International
WALID FARES ACCOMPAGNÉ DANS SA DERNIERE DEMEURE PAR UNE FOULE MONSTRE
Un stupide accident de skate-board a emporté la vie de ce directeur général d’une des plus importantes filiales de la holding familiale des Farès, une famille qui a investi et travaillé dur au Sénégal avant d’étendre ses activités à travers le continent
C’est une foule compacte, comme on en voit rarement à Yoff, qui a accompagné hier le jeune Walid Farès à sa dernière demeure. Ils étaient venus extrêmement nombreux les Sénégalais d’origine libanaise, mais aussi les Sénégalais tout court, sans compter les ressortissants du Pays du Cèdre vivant en Côte d’Ivoire, en France, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde pour assister aux funérailles de ce jeune homme arraché à la fleur de l’âge, à 28 ans, le weekend dernier, à l’affection des siens.
Un stupide accident de skate-board a emporté la vie de ce directeur général d’une des plus importantes filiales de la holding familiale des Farès, une famille qui a investi et travaillé dur au Sénégal avant d’étendre ses activités à travers le continent où le groupe est aujourd’hui présent dans 18 pays avec souvent une position de leader dans plusieurs segments.
C’est justement une de ses filiales sur les bords de la lagune Ebrié que dirigeait Walid Farès avoir fait ses études dans des prestigieuses écoles de commerce. C’est donc un jeune prodige promis à un bel avenir, décrit comme travailleur, discret, sympathique, généreux, humble qui a été fauché en plein envol vers le sommet de la réussite.
Le défunt était le fils de Mohiedine, un des membres de la fratrie Farès connue notamment au Sénégal pour posséder les usines Kirène mais aussi les sociétés Batimat-Batiplus en plus de multiples autres affaires. Hier, un silence pesant, solennel a régné dans l’enceinte du cimetière, tout juste interrompu parfois par des pleurs étouffés, des sanglots rentrés, de brefs cris stridents.
L’assistance était grave, recueillie sans doute pour mieux se pénétrer des invocations coraniques faites à haute voix sous la direction de l’imam Cheikh Mouhamed Kanso, représentant du cheikh Abdel Moneïm El Zeïn, chef spirituel de la communauté chiite sénégalaise, absent du Sénégal pour raison de santé.
L’émotion est montée d’un cran lorsque les frères et sœurs Farès, unis et dignes dans la douleur et marchant main dans la main, ont fendu la foule compacte pour se diriger vers le tombeau de leur cher Walid. Là, les plus fragiles ont craqué, en particulier la maman éplorée Wajida, effondrée et pleurant toutes les larmes de son corps tandis que des femmes et des jeunes filles voilées se tenant à ses côtés déclamaient à haute voix des versets du Coran. Un moment poignant. Dans la foule, on l’a dit, des Libanais de tous âges et de toutes conditions — « on a ici la plus forte concentration de milliardaires au kilomètre carré » a commenté quelqu’un — mais aussi de nombreux citoyens anonymes, des gens humbles parmi lesquels de nombreux Sénégalais de souche, preuve de la parfaite intégration du défunt. Walid que ses parents ont choisi d’enterrer dans sa terre natale du Sénégal où reposent d’ailleurs tous leurs proches.
Bref, c’est une lourde et terrible perte que vient de subir cette famille exemplaire qui contribue de manière si admirable à l’expansion de l’économie sénégalaise à travers le continent. En cette douloureuse circonstance, « Le Témoin » présente aux Farès ses sincères condoléances et prie Allah pour qu’Il accueille Walid, très tôt attaché à l’affection des siens, dans Son Paradis.
Ina Lillali Wa Ina Illeyhi radjihoune.
«LES ECRITS DE LA DIPLOMATIE SENEGALAISE NE REFLETENT PAS LES ATTENTES DU PEUPLE…»
Les mots utilisés par la diplomatie sénégalaise dans son communiqué pour condamner le regain de violences notées depuis début mai à Jérusalem ne sont pas du goût de Safwat Ibraghith, ambassadeur de la Palestine au Sénégal
Les mots utilisés par la diplomatie sénégalaise dans son communiqué pour condamner le regain de violences notées depuis début mai à Jérusalem ne sont pas du goût de l’Ambassadeur de la Palestine au Sénégal. Dans un entretien accordé à nos confrères d’Emedia, le diplomate a estimé que Dakar aurait pu être plus ferme face à l’Etat d’Israël.
Le ton employé par la diplomatie sénégalaise pour condamner l’escalade de la violence notée entre la Palestine et l’Israël ne sied pas. C’est la position exprimée par l’Ambassadeur de la Palestine au Sénégal. Regrettant la forme du communiqué du Ministère sénégalais des Affaires étrangères, Safwat Ibraghith estime que Dakar aurait pu être plus ferme à l’égard d’Israël en le mettant face à ses responsabilités et en soutenant les droits inaliénables du peuple palestinien piétinés, dit-il, par l’État hébreu. Ulcéré par cette réaction, le diplomate estime que le communiqué publié par le gouvernement sénégalais est de faible formulation. Pour le représentant de l’Etat palestinien au Sénégal, contrairement aux positions habituelles du Sénégal sur le conflit Israélo-palestinien, cette note n’a pas été assez claire.
Très déçu, Safwat Ibraghith entend, sans se passer pour un donneur de leçons au Sénégal, s’en ouvrir au chef de la diplomatie sénégalaise, Me Aïssata Tall Sall, lors d’une audience qu’elle lui accordera dans les prochains jours. Car, fait savoir le diplomate palestinien en poste au Sénégal, les écrits de la Diplomatie sénégalaise ne reflètent pas les attentes des peuples sénégalais et palestinien même si les intentions étaient bonnes.
Toujours sur ce chapitre, l’Ambassade de la Palestine trouve qu’il est inacceptable d’insinuer que les Palestiniens puissent être coupables des violences au même titre que les Israéliens. «En tant que grand pays ami et frère incontournable au niveau régional et mondial, le Sénégal ne devrait pas jouer un rôle louche», a martelé le diplomate arabe à nos confrères de E-media. Il estime que même si le fond du communiqué est bon, mais la forme reste décevante.
Par ailleurs, l’Ambassadeur trouve que tout n’est pas négatif. Qualifiant le message de paix adressé par Macky Sall à la Palestine dans sa déclaration de meilleurs vœux tenue lors de la fête de l’Aïd El Fitr «de geste remarquable», Safwat Ibraghith a salué la sympathie du Chef de l’Etat sénégalais qui a appelé à une désescalade. De ce fait, il a rappelé le rôle important joué par Macky Sall, en décembre 2016, qui avait donné des instructions pour l’adoption de la résolution condamnant l’agression de l’État hébreu sur le peuple palestinien, au même titre que l’administration Obama.
En rappel, dans un communiqué daté du 12 mai 2021 et rendu public par le Ministère des Affaires étrangères, le gouvernement du Sénégal s’est dit gravement préoccupé par la situation qui prévaut dans les territoires palestiniens et en Israël. Condamnant tout recours à la violence sous toutes ses formes et appelant à la retenue et à la désescalade, Dakar avait, «en sa qualité de Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien», réitéré son attachement à l’avènement d’un État palestinien viable, coexistant avec l’Etat d’Israël, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.
LE CHEF DE BOKO HARAM GRIÈVEMENT BLESSÉ
Abubakar Shekau, a été grièvement blessé lors d'une tentative de suicide pour éviter d'être capturé par des jihadistes rivaux liés à l'Etat islamique dans le nord-est du Nigeria
Le chef du groupe jihadiste Boko Haram, Abubakar Shekau, a été grièvement blessé lors d'une tentative de suicide pour éviter d'être capturé par des jihadistes rivaux liés à l'Etat islamique dans le nord-est du Nigeria, ont affirmé jeudi à l'AFP deux sources proches des services de renseignement.
Après une série de combats avec des combattants du groupe rival Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), Abubakar Shekau et plusieurs de ses hommes se sont retrouvés encerclés mercredi dans leur bastion, la forêt de Sambisa, selon ces sources. "Pour éviter d'être capturé, Shekau s'est tiré une balle dans la poitrine, et la balle a traversé son épaule. Il a été grièvement blessé", a affirmé l'une de ces sources. Certains de ses combattants ont réussi à s'enfuir et l'ont emporté avec eux, a précisé cette source. Une deuxième source de renseignement a affirmé à l'AFP qu'Abubakar Shekau avait été sévèrement blessé après avoir activé des explosifs dans la maison où il s'était réfugié avec ses hommes.
Contactées par l'AFP, l'armée et les autorités nigérianes n'avaient pas réagi en fin de matinée.Le nord-est du Nigeria est en proie à une insurrection jihadiste depuis plus de dix ans. Ce conflit, qui a commencé avec les attaques de Boko Haram dès 2009, a fait plus de 40.000 morts et forcé 2 millions de personnes à fuir leur domicile.La violence s'est également étendue au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.
Abubakar Shekau et son groupe avaient enlevé en 2014 près de 300 adolescentes dans un pensionnat à Chibok, suscitant une indignation internationale. Depuis le début de l'insurrection, ce chef jihadiste aussi violent qu'insaisissable a été donné pour mort à plusieurs reprises.
En 2016, le groupe s'est scindé en deux, avec d'un côté la faction historique, dirigée par Abubakar Shekau, qui contrôle le région autour de la forêt de Sambisa, et de l'autre l'Iswap, reconnu par l'organisation Etat islamique (EI), dont le bastion se trouve autour du lac Tchad. Les deux groupes jihadistes combattent l'armée nigériane, et des affrontements ont également lieu entre eux pour le contrôle du territoire. Ces dernières années, l'Iswap est monté en puissance, gagnant du territoire et lançant des attaques plus sophistiquées.
L’EXCLUSION DU SÉNÉGAL DU TOP 16 EXASPÈRE LES ACTEURS DU SECTEUR
Le rapport de l'UNESCO sur l’accès à l’Éducation en Afrique et dans lequel le Sénégal est absent du top 16 des pays ayant le plus fort taux d’achèvement de l’école primaire fait réagir les acteurs du secteur
Le rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) sur l’accès à l’Éducation en Afrique et dans lequel le Sénégal est absent du top 16 des pays ayant le plus fort taux d’achèvement de l’école primaire fait réagir les acteurs du secteur.
Selon le classement, l’Égypte (105%), l’Algérie (101%), le Botswana (101%), le Kenya (100%), l’Île Maurice (99%), les Seychelles (99%), Zimbabwe (98%), le Rwanda (97%), le Maroc (97%), la Tunisie (95%), la Namibie (94%), le Ghana (94%), l’Eswatini (94%), l’Afrique du sud (90%), le Cap-Vert (87%), et le Togo (87%) sont les 16 pays les plus avancés en Afrique quant à l’accès à l’Éducation.
Selon le porte-parole du ministère de l’Éducation nationale, Mouhamed Moustapha Diagne, commentant l’absence du Sénégal, les données ont été mal interprétées. "Il y a une mauvaise interprétation des statistiques, récuse-t-il, sur Radio Sénégal. Certains ont même dit que le Sénégal ne fait pas partie des seize pays en matière d’éducation en Afrique, je voudrais simplement relever que les statistiques en question indiquent des taux d’accès et d’achèvement. C’est des données quantitatives et non qualitatives. Notre pays a choisi la qualité parce que pour classer des pays, il faut plusieurs indicateurs dont l’accès, le maintien, la promotion, le taux d’abandon, genre, équité, etc."
La Coalition nationale éducation pour tous du Sénégal est également formelle, louant les performances du système éducatif du pays en question. "En Afrique, la situation éducationnelle du Sénégal reste parmi les plus performants, corrige son président, Ciré Gorbal SY. Nous n’avons pas bien compris pourquoi le Sénégal a été laissé en rade dans ce rapport, parmi les pays les plus performants. En tant qu’acteurs de l’Éducation depuis des années et qui a eu aussi à travailler avec l’UNESCO et d’autres Institutions de niveau international, ce que je peux vous affirmer, c’est que le système éducatif sénégalais ne fait pas partie des plus faibles, en Afrique. Et même dans le domaine de la Covid-19, nous faisons partie des pays qui ont continué à dérouler des enseignements-apprentissages, au moment où d’autres pays africains avaient fermé leurs écoles."
Concernant l’accès à l’Éducation, selon toujours le rapport de l’UNESCO, le niveau de l’Afrique subsaharienne est le plus faible au monde. Une contreperformance due "à la participation des enfants aux tâches agricoles, le manque d’installations scolaires, le manque d’enseignants et la cherté des frais de scolarité".
par Abdourahmane Sarr
MESSAGE AU FMI, PAS DE NEW DEAL PARTICULIER POUR L’AFRIQUE POST-COVID
Macky Sall s’est exprimé en faveur de l'opération d’endettement de l’Afrique par les DTS, mais cette dernière n’est pas dans l’intérêt du Sénégal. Le FMI n’est pas une institution de financement du développement
Il n’était peut-être pas nécessaire que nous nous exprimions à propos du « Sommet de Paris sur le Financement des Économies Africaines Post Covid » puisque nous avons déjà développé notre position sur le sujet dans une série de contributions inaugurée par celle intitulée « Consensus de Dakar Pas le Choix de la Jeunesse Africaine ». Cette contribution faisait suite à la Conférence de Dakar sur la dette africaine tenue en 2019 en présence de la Directrice Générale du FMI. Sa thèse principale était que l’Afrique pouvait être une importante locomotive de la croissance mondiale, mais qu’il ne fallait pas faire de cette locomotive un objectif de l’extérieur financé principalement par l’endettement en devises et l’investissement étranger facilités par des régimes de change fixes sans inclusion financière du secteur privé national. Ce consensus ne pouvait engager la jeunesse africaine qui aspire à prendre son destin en main. De ce point de vue, nous disions que nous n’avions pas besoin d’un traitement spécial du FMI et des bailleurs ; que nous étions en phase avec la mobilisation optimale des ressources locales, leur utilisation efficace, une transparence dans un État de droit, et un environnement économique propice à l’essor du secteur privé surtout national aidé en cela par des monnaies plus flexibles. C’est ce que nous avons appelé le libéralisme patriotique par opposition au libéralisme internationalisé socialisant qui viserait à partager les fruits de la croissance avec l’Afrique tout en la dominant.
En effet, les tenants de ce « Consensus de Dakar », en veilleuse du fait de la pandémie, ajoutent les effets marginaux de cette dernière sur la plupart de nos économies pour raviver leur thèse. Ce consensus peut se résumer ainsi : « Le monde a un potentiel de croissance par une capacité de production sous exploitée qu’une demande provenant de l’Afrique pourrait soutenir. Dans la mesure où l’Afrique n’a pas la capacité de financement nécessaire dans son paradigme actuel de gouvernance, les pays avancés doivent l’aider à le faire, soit directement, ou à travers le FMI et les institutions de financement du développement. Ceci serait un modus operandi complémentaire et en concurrence avec les méthodes de pays adeptes du capitalisme d’État (Chine, Russie, Turquie, etc.). Pour ce faire, une partie de la dette de certains pays d’Afrique pourrait être annulée ou convertie en apports dans des projets. Par ailleurs, il devrait être autorisé aux pays africains qui ont des marges d’endettement de programmer des déficits budgétaires plus élevés et que le financement de ces déficits se fasse à des taux concessionnels pour atténuer le risque de surendettement extérieur en devises ». L’argumentaire peut se comprendre et ces choix peuvent être exploités mais dans l’orthodoxie de la gestion macroéconomique.
Dans une série de contributions complémentaires, nous nous sommes exprimés contre l’annulation de dettes soutenables car nous voulons le refinancement progressif du stock actuel de cette dette en monnaie nationale bien que finançable par des non-résidents libres investisseurs dans notre marché sous-régional. Cette stratégie nécessite une réforme monétaire permettant à notre banque centrale, en ce qui concerne l’UEMOA, d’avoir une autonomie d’objectif sur le taux de change en la gérant selon nos besoins. Cette flexibilité n’est pas synonyme de flexibilité externalisée par un arrimage à un panier de monnaies euro/dollar/yuan. Nous avons développé cette thèse dans notre contribution intitulée « Annulation de Dette Non, Souveraineté Monétaire Oui ». Les instruments classiques du FMI peuvent nous aider à accompagner une telle transition en soutenant nos réserves de change au besoin face à des chocs temporaires si nous adhérons à une bonne gestion macroéconomique et financière.
De ce point de vue, nous avons appelé le président Macky Sall dans notre contribution intitulée « Afrique, Acteur Marginal Réveil Forcé » à ne pas se faire le porte-parole d’une relance africaine par le financement extérieur en devises. Ce n’est pas dans l’intérêt de l’Afrique et de sa jeunesse qui aspire à prendre son destin en main libre et non dans la co-construction. La thèse principale de cette contribution était que l’arrimage rigide de notre monnaie sur l’euro et l’endettement en devises que cela faciliterait, lierait notre destin à celui de l’Europe et de la France en particulier. Le président Houphouët Boigny avait pris cette option en 1960 mais la nécessité d’un ajustement de taux de change qu’il a refusé malgré la détérioration des termes de l’échange dans un marché international libre, a fait que son pays n’a pas bénéficié de l’option libérale qu’il avait prise puisqu’il croulait sous le poids des dettes en devises. Il a eu les mêmes résultats que Léopold Sédar Senghor avec l’échec de son socialisme démocratique. Deux hommes aux idéologies opposées mais embarqués dans le même bateau avec la France par leur arrimage monétaire auraient pu tous les deux réussir s’ils n’étaient pas liés par une union monétaire héritée mais non choisie.
Celui qui avait choisi cette option pour eux avait comme dessein une confédération avec des territoires autonomes sans autonomie monétaire. Ceci a fait que leurs principaux instruments d’ajustement devant l’échec ou les chocs défavorables étaient l’austérité et/ou les annulations de dettes de leurs créanciers qui les finançaient par ailleurs avec leurs propres réserves de change. Dans la mesure où nous n’avions pas accès aux marchés des eurobonds, ce rôle de banquier du détenteur de leurs réserves de change n’était pas mauvais en soi si les risques liés aux échecs étaient partagés. C’est peut-être, là, la nouveauté dans un New Deal qui favoriserait les projets publics privés aux risques partagés. Néanmoins, pour éviter ce scénario de dépendance de l’extérieur à travers des instruments modernes qui répéteraient l’histoire (exploitation et domination de l’Afrique après la traite négrière, la colonisation et l’endettement), nous ne voulons pas de New Deal particulier en dehors de mécanismes éprouvés de financement de projets viables. Nous exhortons le président Macky à rester dans cette orthodoxie.
Au Sénégal, nous sommes à nouveau à la croisée des chemins avec la Côte d’Ivoire avec laquelle nous partageons une même banque centrale mais n’avons pas les mêmes fondamentaux et pas nécessairement les mêmes options idéologiques. Les signaux macroéconomiques sont au vert en Côte d’Ivoire avec une dette publique autour de seulement 40% du PIB suite à la revalorisation de son PIB et un déficit budgétaire maitrisé qui peut facilement être ramené au critère de convergence de l’UEMOA de 3% du PIB de déficit établi pour favoriser le leadership du secteur privé dans notre développement. Elle a de la marge d’endettement et de déficit budgétaire, mais ne peut le financer sur le marché sous régional sans effet d’éviction sur son secteur privé et sur les autres États de l’Union. Le Sénégal, en revanche, a déjà utilisé ses marges d’endettement après la revalorisation de son PIB en 2015 et son endettement approche les 70% du PIB qu’il souhaiterait ne pas avoir à respecter. Il n’a donc presque plus de marge. Une annulation de dette et sa reconstitution progressive lui permettrait d’avoir la même stratégie de financement que la Côte d’Ivoire qui a choisi le libéralisme internationalisé socialisant qu’une parité fixe sur l’euro lui permettra de réaliser avec le financement extérieur en devises comme gage aux investisseurs étrangers.
Cette dernière option ne devrait pas être celle du Sénégal et de ceux qui sont adeptes de notre libéralisme patriotique en faveur de nos très petites entreprises. Ce libéralisme nécessite que nos entreprises soient financièrement incluses dans une monnaie compétitive et que notre dette extérieure en devises soit réduite qu’elle soit concessionnelle ou non. En effet, une dette extérieure même concessionnelle à taux d’intérêt zéro, devient non concessionnelle dès lors qu’une dévaluation de taux de change devient nécessaire du fait de chocs extérieurs que le taux de change doit amortir pour soutenir l’économie locale.
De ce dernier point de vue, les droits de tirage spéciaux du Fonds Monétaire International alloués de façon appropriée en fonction des quotas des pays et qui ont leur raison d’être ne devraient pas être prêtés aux pays africains sans distinction de circonstances et favoriser leur endettement en devises à des taux même concessionnels. Nous ne pensons pas que les États-Unis soutiendront une telle démarche qui ne se justifie pas et qui dénaturerait l’objectif monétaire des droits de tirage spéciaux qui sont censés financer la demande mondiale sans endettement. Le FMI n’est pas une institution de financement du développement.
Le président du Sénégal s’est exprimé en faveur de cette opération d’endettement de l’Afrique par les DTS, mais cette dernière n’est pas dans l’intérêt du Sénégal. Le Sénégal a une dette soutenable, a accès aux marchés internationaux et aux instruments classiques du FMI, et a besoin d’une autonomie monétaire et du leadership de ses petites entreprises ce qui ne l’empêche pas de saisir des opportunités d’investissements extérieurs. Si le Sénégal et la Côte d’Ivoire ne peuvent pas s’entendre sur cette stratégie, ils doivent se séparer pour ne pas répéter l’histoire d’options idéologiques différentes sans les instruments d’accompagnement. Nous devons innover et compter sur nos petites et moyennes entreprises et nos collectivités locales à financer de l’intérieur pour construire la nouvelle Afrique Post-Covid et nous le pouvons (voir notre contribution intitulée « Relance Economique Post Covid-Comment ? ».
De ce qui précède, nous souhaiterions donc lancer un message au Fonds Monétaire International où nous avons passé 15 années et avons eu le privilège d’être parmi les principaux initiateurs de son guide méthodologique d’analyse des Stratégies d’Endettement à Moyen Terme dans nos pays. L’hypothèse d’une capacité d’absorption d’un endettement plus élevé en devises à des taux concessionnels pour financer une croissance potentielle handicapée par la contrainte de financement extérieur est du déjà-vu. Elle s’est souvent soldée par des déficits excessifs et par l’augmentation des risques budgétaires même quand il s’est agi de projets en partenariat public privé qui souvent dans un contexte de pauvreté nécessitent un soutien financier des États aux marges limitées.
Il nous faut essayer l’alternative qui est le déblocage du potentiel de croissance de l’Afrique par l’inclusion financière de son secteur privé dans une monnaie nationale compétitive dans un cadre macroéconomique assaini faisant de l’endettement en devise l’exception et la liberté économique la norme. Pour que l’endettement en devises soit l’exception, il faut renforcer nos banques centrales, et donner confiance aux investisseurs étrangers qui souscriraient à nos bons et obligations d’état en notre monnaie du fait d’une gestion vertueuse. Nous avons développé cette thèse dans notre contribution intitulée : « Financement de l’UEMOA, Proposition Post-Covid ».
Librement.
Dr. Abdourahmane Sarr est président du CEFDEL
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
MACKY PLAIDE POUR UNE NOUVELLE GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE
Le chef de l’Etat sénégalais estime que l’Afrique est dans un « processus de développement où, à l’image d’un avion prêt à décoller, qui met plein gaz, nous devons mobiliser toutes les ressources disponibles »
Le Sommet sur la relance des économiques africaines a servi de tribune au président Macky Sall pour plaider une nouvelle gouvernance économique mondiale qui devrait permettre à l’Afrique de mieux réussir sa résilience. Pour Macky Sall, tous les atouts devraient être mis du côté du continent noir pour amorcer son émergence. Le chef de l’Etat sénégalais estime que l’Afrique est dans un « processus de développement où, à l’image d’un avion prêt à décoller, qui met plein gaz, nous devons mobiliser toutes les ressources disponibles ». C’est dans ce sens qu’il a directement interpellé les dirigeants du monde à agir. « Je lance un appel aux pays du G20, qui recevront plus de 2/3 des nouvelles allocations de DTS, afin qu’ils réallouent leurs quotas en appui aux efforts de relance des pays africains, sous forme de dons, de prêts concessionnels et semi-concessionnels à longue maturité », a-t-il déclaré.
Dans son message , Macky Sall a réitéré son appel à l’assouplissement de la dette africaine. « Je continue de plaider pour une réforme urgente des règles, notamment celles de l’OCDE sur les conditions d’octroi des crédits export. On ne peut pas appliquer les mêmes standards à des pays à forces et besoins inégaux. Nous voulons un assouplissement des règles de plafonnement de l’endettement et du déficit budgétaire, et une correction de la perception du risque d’investissement en Afrique, pour une notation plus juste, et donc des coûts de primes d’assurance moins élevés », a-t-il lancé
MILLE MILLIARDS POUR ÉVITER LE DÉCROCHAGE ÉCONOMIQUE DE L'AFRIQUE
Le sommet sur les économies africaines ouvert ce mardi à Paris vise à combler au moins en partie le "besoin de financement de l'Afrique d'ici 2025, estimé à 285 milliards de dollars", selon Emmanuel Macron
Le président français Emmanuel Macron a ouvert mardi un sommet international consacré à la relance économique de l'Afrique, avec l'ambition de mobiliser au moins 100 milliards de dollars pour que le continent puisse se relever de la pandémie, mais aussi lutter contre le terrorisme.
Ce "sommet de l'urgence et de l'ambition" vise à combler au moins en partie le "besoin de financement de l'Afrique d'ici 2025, estimé à 285 milliards de dollars", a déclaré le chef de l'Etat à son arrivée au Grand palais éphémère, édifié sur le Champ-de-Mars au pied de la Tour Eiffel.
Mais pour éviter d'alourdir le fardeau de la dette, Emmanuel Macron a proposé "une nouvelle donne", passant à la fois par la mobilisation de l'investissement privé et le recours à un instrument financier peu utilisé, les droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international.
Equivalent à une planche à billets du FMI, ces actifs monétaires peuvent être convertis en devises par les pays et dépensés, sans créer de dette.
Jusqu'à présent, la communauté internationale s'est accordée sur le principe d'une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars, dont 33 milliards devaient revenir mécaniquement à l'Afrique, par le jeu des quotes-parts au sein de l'institution de Washington.
Trop peu en regard des besoins de financement du continent qui a besoin d'investir massivement pour enrayer la pauvreté, développer les infrastructures, affronter le changement climatique et la menace jihadiste.
"Nous défendons l'idée que les pays aisés puissent réallouer leurs DTS pour qu'ils aillent vers les pays pauvres, en particulier l'Afrique, pour que les 33 milliards d'aujourd'hui deviennent 100 milliards", a expliqué le président Macron.Un objectif sur lequel les dirigeants africains invités lundi à l'Eysée sont tombés d'accord, tout en estimant que ce ne serait pas suffisant, a relevé le président de la République démocratique du Congo (RDC), Felix Tshisekedi.
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, qui participe au sommet en visioconférence, s'est déclarée favorable à cette option dans un communiqué, sous réserve que l'usage des fonds soit "transparent et responsable".
- Charge sécuritaire -
Ce "Sommet sur le financement des économies africaines" est un "moment très important, nous sommes réunis pour inverser un processus de divergence, qui est très dangereux, entre les économies avancées et les pays développés, en particulier l'Afrique", a déclaré la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.
"Nous devons revenir au fort rythme de développement que l'Afrique connaissait avant le Covid, il le faut pour l'Afrique et pour le reste du monde".
Car le PIB continental devrait progresser de "seulement 3,2% cette année", quand la croissance mondiale devrait accélérer à 6%.
Un moratoire sur les intérêts de la dette, mis en place en avril 2020 par le G20, a permis de donner un peu d'air au pays africains les plus endettés, mais "cette pandémie a laissé nos économies exsangues car nous avons dû consacrer le peu de moyens que nous avions à combattre la maladie", a témoigné Félix Tshisekedi, qui assure la présidence tournante de l'Union africaine.
Le FMI a calculé que les économies avancées ont consacré près de 25% de leur richesse nationale à des plans de relance post-Covid, une proportion qui tombe à 2% pour le continent.
Or, en plus de la pandémie, une "charge de sécurité repose sur l'Afrique", devenue le nouvel "épicentre" du terrorisme, a averti Emmanuel Macron, jugeant "impérieux d'actualiser les règles financières en prenant en compte" ces coûts.
A côté des DTS, la communauté internationale devrait mobiliser des moyens plus classiques, comme les plans d'aide, bilatéraux ou multilatéraux, orchestrés par les organisations internationales, sous condition de réformes.
Le FMI a par exemple confirmé la mise à disposition de 240 millions de dollars pour le Togo, a annoncé son président."Le sommet vise à poser les bases d’un nouveau cycle de croissance en Afrique", a déclaré mardi Faure Gnassingbé.
Selon lui, "l’appui au secteur privé africain" sera également décisif pour un continent qui aspire à sortir de la logique de l'assistance mais qui butte encore sur la défiance des investisseurs.
BILL GATES ÉGRATIGNÉ PAR DES RÉVÉLATIONS DE RELATION EXTRACONJUGALE
Dimanche, le quotidien d’affaires Wall Street Journal a ainsi dévoilé que le départ définitif de Bill Gates de Microsoft, en mars 2020, serait en fait lié à une relation jugée « inappropriée » avec une employée au début des années 2000
Lorsqu’il annonce la fin de son mariage le 3 mai après 27 ans de vie commune avec Melinda, Bill Gates est une légende de l’informatique et un philanthrope de tout premier plan.
En vingt ans, la Fondation qu’il a créée avec sa femme est devenue l’organisation caritative privée la plus puissante au monde, ayant financé divers projets pour un total de 53,8 milliards de dollars.
A 65 ans, Bill Gates, à l’allure réservée, apparaît alors comme un homme très respecté.
Mais depuis 15 jours, les langues se délient et les révélations dépeignent un homme d’affaires avec des zones d’ombre.
Dimanche, le quotidien d’affaires Wall Street Journal a ainsi dévoilé que le départ définitif de Bill Gates de Microsoft, en mars 2020, serait en fait lié à une relation jugée « inappropriée » avec une employée au début des années 2000.
Dans une version officielle, Bill Gates, qui avait fondé Microsoft en 1975, avait quitté le conseil d’administration du groupe en 2020 pour se consacrer pleinement à sa fondation. Il n’était déjà plus directeur général depuis 2000.
Un porte-parole de Microsoft a confirmé à l’AFP que le groupe avait été saisi fin 2019 du fait que « Bill Gates a cherché à établir une relation intime avec une employée de l’entreprise en 2000 », une ingénieure.
« Un comité du conseil d’administration a examiné le problème, aidé par un cabinet d’avocats externe, pour mener une enquête approfondie », a-t-il ajouté.
L’ingénieure avait affirmé, dans une lettre, avoir entretenu une relation à caractère sexuel avec Bill Gates « pendant des années », détaille le WSJ, précisant que l’abandon des fonctions d’administrateur et le départ définitif du groupe avait eu lieu avant la fin de cette enquête.
Une autre porte-parole a toutefois maintenu auprès du Wall Street Journal que Bill Gates avait quitté Microsoft pour s’investir « à plein temps » dans sa Fondation.
Le quotidien financier affirme que les membres du conseil d’administration s’étaient par ailleurs enquis des liens entre M. Gates et le financier Jeffrey Epstein, inculpé d’abus sexuels sur des dizaines de mineures dans ses luxueuses résidences avant d’être retrouvé pendu dans sa cellule en août 2019.
« Comportement douteux »
La défense de Bill Gates a assuré qu’il s’agissait alors de relations dans le cadre de ses affaires philanthropiques qu’il avait « regrettées », souligne le quotidien.
Au-delà de cette affaire extra-conjugale et des soirées passées avec M. Epstein, le New York Times a publié lundi un long article reposant sur des témoignages de personnes sous couvert d’anonymat qui laissent entendre que « bien avant le divorce, Bill Gates était réputé pour son comportement douteux ».
Le quotidien américain affirme que Bill Gates a contribué à étouffer une affaire de harcèlement sexuel dont son gestionnaire de portefeuilles Michael Larson se serait rendu coupable.
Selon deux personnes informées de ce dossier, Melinda Gates aurait d’ailleurs exprimé son désaccord en 2018 sur la manière dont ce dossier avait été géré par son mari, qui avait permis à M. Larson de rester en poste moyennant une transaction financière avec la victime présumée.
Le New York Times affirme aussi que « M. Gates poursuivait à l’occasion des femmes au bureau ».
En 2006, par exemple, il aurait assisté à une présentation d’une employée de Microsoft. « M. Gates, qui était à l’époque président de la société, a quitté la réunion et a immédiatement envoyé un courriel à la femme pour l’inviter à dîner, selon deux personnes proches de l’échange », indique le New York Times.
Selon six employés actuels et anciens de Microsoft, la fondation et la société gérant la fortune des Gates ont déclaré que ces incidents, et d’autres plus récents, « ont parfois créé un environnement de travail inconfortable ».
Le New York Times souligne néanmoins que « s’ils désapprouvaient le comportement de M. Gates, certains employés ne le considéraient pas comme un prédateur ».
Pour Alicia Walker, professeur en sociologie à l’Université du Missouri, ces révélations ne devraient pas avoir un impact durable sur l’image de Bill Gates.
Car si les Américains désapprouvent l’infidélité, « les gens ont tendance à négliger l’infidélité des hommes. C’est particulièrement le cas pour les hommes riches et puissants », a-t-elle commenté, renvoyant à l’infidélité de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
BASSIN DU LAC TCHAD, LA CAPTURE DU DIVIDENDE DÉMOGRAPHIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les solutions militaires ne peuvent en aucun cas prospérer dans les pays aux énormes ressources naturelles sans s’attaquer aux causes multifactorielles sous jacentes autour de la région
La disparition inattendue du Marechal Idriss Deby Itno révèle tout l’intérêt de l’équilibre géopolitique entre grandes puissances et interroge sur les menaces qui pèsent quant à l’exploitation future des ressources naturelles dont regorge le Sahel central autour du G5 Sahel et du bassin du lac Tchad. La puissance militaire du Tchad va-t-elle survivre à l’après Marechal ? Quelles seront les nouvelles stratégies des grandes puissances ?
« Malgré le fort potentiel économique qu’il présente du fait de l’existence et de l’exploitation des ressources minières abondantes (pétrole au Cameroun, au Nigeria, et au Tchad, Uranium au Niger), le bassin du lac Tchad est confronté à de nombreux défis, écologiques, socioéconomiques et sécuritaires » - Mabingue Ngom, Directeur du bureau régional de l’Afrique de l’ouest et du Centre de l’UNFPA.
Le Sahel est un espace géographique qui compte 11 pays allant de l’atlantique à la mer rouge avec une population de 427 millions d’habitants, comprenant 4 pays du bassin du lac Tchad. Le bassin du Lac Tchad est le lien entre l’Afrique de l’ouest, l’Afrique centrale et l’Afrique du nord. La Commission du Bassin du Lac Tchad a été créée en 1964 comme un espace de gouvernance commun entre les pays transfrontaliers du bassin. Au détour de la chute violente de Kadhafi le 20 Octobre 2011, et en prise avec les disparités de la gouvernance, le bassin est devenu un espace de tous les déséquilibres, écologique, économique, politique et social dont l’insécurité constitue la charpente. Tout s’y joue pour l’avenir de l’écosystème et des populations qui vivaient depuis longtemps en harmonie et en parfaite cohésion sociale.
Depuis plus de 12 ans, le bassin du lac Tchad connaît des convulsions à la mesure des enjeux géopolitiques et du contrôle des ressources hydrogéologiques dans un continent qui compte 9 grands bassins à savoir ceux du Congo - Zaire, du Nil, du lac Tchad, du Niger, du Zambèze, d’Orange Senqu, du Sénégal, de Limpopo et de Volta, représentant une superficie totale de 15 083 977Km2. Le bassin du lac Tchad est un bastion de la civilisation de l’eau (langues, cultures, pratiques rituelles), mais aussi civilisation de forte concentration démographique qui partage en commun une histoire jalonnée par des soubresauts multiformes. Les populations sont toujours installées là où elles arrivent à accéder à cette précieuse source de vie (rivière, lacs, puits ou bord de mer). Cette présence autour des cours d’eau est un marqueur pour une chaîne de valeur autour des activités communautaires liées à l’agriculture, l’élevage, le maraichage, la pêche et le commerce. Le transport fluvial des marchandises, des biens et des personnes structure à la fois la cohésion socio économique et culturelle et suscite la convoitise pour le contrôle des ressources. 80 à 90% de la subsistance des populations du bassin du lac Tchad dépendent de l’agriculture, de l’élevage, largement tributaire de la dynamique du triptyque démographie, paix, sécurité et du développement endogène autour du bassin du lac Tchad.
Le bassin du lac Tchad est un bassin de civilisation autour de la culture, les langues, et les normes socioculturelles communes. Il est important de signaler que l’histoire de l’islam autour du bassin du lac remonte au 19e siècle avec l’instauration du Califat de Sokoto et Bornou par Usman Dan Fodjo de 1804 à 1810, de son frère Abdalahi Dan Fodio et de son fils Usman Mohamed Belo et que la plupart des 12 états du nord Est du Nigeria ont appliqué la Charia et dispose de deux formes de justice sur la loi fédérale commune et le tribunal islamique. Ainsi est campé le décor que les groupes armés non étatiques ont exploité pour essayer d’établir des califats en s’’appuyant sur cette histoire par rapport à des populations affectées par la fragilité des institutions locales.
Vaste crise sécuritaire
La situation sécuritaire qui prévaut autour du bassin du lac Tchad à l’instar de la crise du Sahel constitue une préoccupation centrale au regard des dynamiques sociodémographiques, politiques, culturelles et économiques complexes. Il est important d’analyser les contours profonds de cette crise à partir des facteurs liés à la gouvernance, à la crise environnementale comme conséquence du changement climatique, et à l’héritage historique. Avec 30 millions d’habitants vivant autour du bassin du lac Tchad qui couvre 8% de la superficie du continent africain, soit 967.000km2, ce bassin conventionnel de 427,300 Km2 s’affirme comme un enjeu économique, social et politique majeur dans l’histoire des civilisations autour des cours d’eau en Afrique. L’accès aux ressources naturelles fait l’objet de toutes les convoitises entre plusieurs acteurs (sociaux, politiques, économiques, et non gouvernementaux) et le bassin du lac Tchad en est un exemple typique à l’instar de tous les cours d’eau en Afrique qui justifie une forte concentration de population et son corolaire, une forte pression sur les ressources autour de l’agriculture, du maraichage, de la pêche, du pâturage et du mouvement des populations. L’ampleur de la crise humanitaire autour du bassin du lac Tchad se mesure à travers son vaste chantier avec des besoins importants pour sauver des vies selon l’approche classique de la réponse humanitaire fournie par la communauté internationale.
L’insécurité grandissante autour du bassin avec le grand banditisme et la criminalité organisée a permis à la commission d’élargir son mandat par la mise en place des Forces Multinationales Mixtes le 21 Mars 1994. Ces deux fléaux ont précédé les violences des groupes armés non étatiques autour du bassin du lac Tchad qui remontent à partir de 2002. Je dois souligner que la lutte contre le grand banditisme et la criminalité autour du bassin du lac Tchad est antérieure à la lutte contre les groupes armés non étatiques dont leur présence à partir de 2009, a contribué à la mise en place de la Force Multinationale Mixte avec une puissance militaire de 10 000 hommes répartis dans 4 Quartiers Généraux : Mora au Cameroun, Baga sola au Tchad, Diffa au Niger, et Baga au Nigeria. Le rôle de cette force mixte est de contribuer à la restauration d’un environnement sûr et sécurisé sur le bassin du lac Tchad. À cela il faut ajouter les groupes d’autodéfense, forces civiles communautaire appelés comités de vigilances soutenus par les États du Cameroun, du Nigeria (26 000 membres dans le seul État du Borno selon les groupes d’autodéfense) et du Tchad pour collaborer avec les forces armées nationales dans la surveillance comme des auxiliaires militaires et des forces combattantes.
Une crise multifactorielle
Les pays du bassin du lac Tchad connaissent des crises multifactorielles avec la fragilité constante de certains États, le poids démographique des jeunes de moins de 30 ans, le changement climatique, les rébellions réussies notamment la crise du Darfour et l'ouverture du corridor libyen facilitant la montée des groupes armés non étatiques.
La fragilité des États du bassin du lac Tchad est vécue au quotidien comme étant la faible capacité des pouvoirs publics à assurer la sécurité, et la cohésion sociale. De plus, la distorsion des structures sociales et les conditions liées au changement climatique entretiennent l’instabilité chronique et ouvrent une brèche exploitée par les groupes armés non étatiques. Nous assistons à la récurrence de la répartition asymétrique des ressources au sein du territoire du bassin du lac Tchad. Il faut ajouter à cela que la sècheresse des années 1970-1980 a poussé les populations à se concentrer démographiquement dans les zones plus humides source de tension entre les éleveurs et les agriculteurs.
Selon une publication de l’UNFPA sur les dynamiques démographiques et la crise autour du bassin du lac Tchad, le niveau de pauvreté autour du bassin du lac Tchad est de 49,1%, avec moins de $1.90 par jour avec une différenciation selon les pays (Nigeria plus de 53,5% - Niger 46% - Tchad 38% - Cameroun 24%).
Parallèlement, il y a un faible investissement dans les infrastructures de base et un faible accès aux services sociaux élémentaires. Les indicateurs sociaux de base sont les plus préoccupants avant et durant la crise, notamment les taux de mortalité maternelle. Les pays du bassin du lac Tchad se singularisent dans le vaste Sahel (Cameroun 529, Nigeria 917, Tchad 1140, Niger 509 pour 100 000 naissances vivantes) selon une étude conjointe de la banque mondiale et du PNUD en 2020 sur les performances socio économiques.
Des établissements scolaires cibles privilégiée des groupes armes non étatiques pour les kidnappings ont été détruits au Nigeria (910 selon Human Right Watch entre 2009 et 2015) et fermés (1500 établissements et 600 enseignants tués durant la même période). De même 57% des installations sanitaires détruites dans les États de l’Adamawa et Yobe en 2010. Par ailleurs, toute cette situation de tension se déroule dans un contexte ou les populations manquent de tout avec un faible accès à l’eau, à l’électricité, aux services de qualité dans le domaine de la santé et de l’éducation. Mariage précoce des filles (67% des femmes âgées de 20 à 49 ans se sont mariées avant l’âge de 18 ans selon National Bureau of statistic /UNICF en 2018 au Nord Est du Nigeria), faible taux de scolarisation et déscolarisation, chômage et sous-emploi des jeunes autour du bassin du lac Tchad constituent autant de facteurs de vulnérabilité des populations par rapport au groupes armés non étatiques
Panorama de la crise humanitaire
Les groupes armés non étatiques (Boko Haram et MUJAO et Ansaru) imposent le plus grand défi humanitaire dans le bassin du Lac Tchad. Le conflit a principalement touché les États de Borno, Yobe et Adamawa et s’est étendu avec les incursions à l’extrême nord du Cameroun, dans la ville de Diffa au Niger, Hajer Lamis et la province du Lac au Tchad, ce qui a gravement affecté la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes forcées au déplacement pour des raisons sécuritaires. Les autres États voisins du Nord Est touchés par le conflit comprennent Gombe, Bauchi, Taraba, Plateau, Kano et Jigawa.
Les États touchés par le conflit comptent environ 30 millions de personnes dont environ 25,3 millions nécessitaient une aide humanitaire en 2021 (aperçu des besoins humanitaires consolidés 2021). De plus, les pays du bassin du lac Tchad ont enregistré 5,115 Millions de populations déplacées internes, réfugiées, et retournées selon le données mises à jour par l’Organisation des Migrations Internationales (27-28 Janvier 2021) dont 76% au Nigeria (3 880 984), 11% au Cameroun (560 884), 8% au Tchad (409 610) et 5% au Niger (263,593). Nous assistons à un mouvement pendulaire de retour et de déplacement notamment avec les opérations de rapatriement vers le Nigeria avec la volonté affirmée du Gouverneur de l’état du Borno, le Professeur Zulum, et un déplacement conjoncturel des réfugiés Nigérians vers les autres pays en fonction de la crise sécuritaire ponctuelle (OIM 9000 Réfugiés Nigérians de Damasack au Niger le 22 Avril 2021).
Des solutions holistiques et endogènes
Avec tous les moyens militaires, humains et financiers mobilisés la crise perdure autour du bassin du lac Tchad avec une possibilité de jonction des groupes armés non étatiques avec le sahel central, la solution ne sera jamais militaire et devrait se focaliser sur des investissements massifs pour l’accès aux services sociaux de base, une vitalisation de l’économie et une culture de la paix pour restaurer la fabrique sociale autour du lac Tchad.
Ainsi, beaucoup d’initiatives et de stratégies sont développées au niveau national à travers des programmes de relèvement notamment au Nigeria avec le plan Buhari pour le Nord Est (7,5 milliards de $), au niveau sous régional (Banque Mondiale, BAD), au niveau de l’Union Africaine et des Partenaires Techniques et Financiers qui convergent vers la stabilisation. L’Union Africaine a développé une stratégie régionale de stabilisation, de redressement et de résilience des zones affectées par la crise de Boko Haram pour un montant de 12 milliards $ ) en août 2018 dont les piliers majeurs portent sur la coopération politique, la sécurité et les droits de l’homme, la gouvernance et le contrat social, le relèvement socio économique et la durabilité environnementale, l’éducation, l’apprentissage et les compétences, la prévention de l’extrémisme violent et la consolidation de la paix et l’autonomisation et l’inclusion des femmes et des jeunes.
Le Bureau Régional de l’Afrique de l’ouest et du centre s’appuyant sur son expérience dans l’analyse stratégique des dynamiques démographiques autour du Sahel central et du bassin du lac Tchad considère que la centralité de la démographie est essentielle dans le développement socioéconomique, la construction de la paix et de la sécurité surtout dans les pays affectés par les crises humanitaires complexes. Ainsi, la stratégie de la plateforme de coordination du bassin du lac Tchad initiée en 2019 s’appuie sur 4 piliers essentiels, à savoir les jeunes et les adolescents, la mobilisation des leaders traditionnels et religieux, l’autonomisation de la femme et des filles, et la gestion des connaissances en s’appuyant sur le caractère transfrontalier de la réponse et les avantages comparatifs de chaque pays, (Niger : chefs traditionnels et religieux ; Tchad : les femmes et les filles ; Cameroun : les jeunes et adolescents, la gestion des connaissances ). Les solutions militaires ne peuvent en aucun cas prospérer dans les pays qui disposent de ressources naturelles énormes sans s’attaquer aux causes multifactorielles sous jacentes autour du bassin du Lac Tchad. C’est là tout l’enjeu d’une réponse holistique, concertée et transversale de la crise autour du bassin du lac Tchad pour la capture du dividende démographique selon M. Mabingué Ngom, Directeur régional du bureau de l’Afrique de l’ouest et du Centre.
Cette situation autour du bassin du lac Tchad interpelle les décideurs et les Commission Économiques régionale et l’Union Africaine sur la nécessité de déconstruire l’hypercentralisation de l’économie, des institutions et des services sociaux de base au détriment des zones périphériques qui font le lit des groupes armés non étatiques qui sont légion presque partout en Afrique au profit de l’industrie de l’armement.
Etude régionale de recherche du bassin du Lac Tchad : soutenir la cohésion sociale par l’appui aux mécanismes endogenes de prévention et résolution des conflits ; Nasser Abdoul (expert Nigéria et Cameroun, juriste) Hadiza Kiari Fougou (experte Niger, géographe) Henri Mahamat Mbarkoutou (expert Tchad et Cameroun, politologue) Florence Chatot (experte socio-anthropologue) Sous la direction de Johanna Baché, Octobre 2020.
2. Paul E. Lovejoy, Les empires djihadistes de l’Ouest africain aux xviiie-xixe siècles, Cahier d’histoire, open edition Journals, 2015
3. Alain Vicky, Aux origines de la secte Boko Haram, Monde diplomatique Avril 2012
4. Christian Seignebos, Boko Haram innovations guerrieres depuis les monts Mandara, Afrique Contemporaine, N°252, 2014
5. Langues et cultures dans le bassin du Lac Tchad, Journées dëtudes
les 4 et 5 septembre 1984, ORSTOM (Paris) ;
6. 6. les grands barrages africains prise en compte des populations locales, Véronique Lassaly-Jacob, l’espace géographique, 1983 ; P46-58
7. Gerard Magrin et Christine Raimond, La région du lac Tchad face à la crise Boko Haram : interdépendances et vulnérabilités d’une charnière sahélienne, in Bulletin des géographes français, P 203-221
8. Dynamiques démographiques et crise autour du bassin du Lac Tchad, UNFPA WCARO, 2018
9. Démographie, paix et sécurité au sahel : Regards croisés autour du sahel central résilient, 2020
10. Ada Pouye Prévention des conflits et développement durable in Développement durable et création des richesses en Afrique UNESCO
L’AS DOUANES RÉUSSIT SON ENTRÉE À LA BAL
L’équipe sénégalaise de l’AS Douanes a bien entamé la première édition de la Basket-ball Africa League (BAL) en dominant 94-76 l’équipe algérienne de GS Pétroliers, ce lundi à Kigali
Dakar, 17 mai (APS) – L’équipe sénégalaise de l’AS Douanes a bien entamé la première édition de la Basket-ball Africa League (BAL) en dominant 94-76 l’équipe algérienne de GS Pétroliers, ce lundi à Kigali (Rwanda).
Les Douaniers ont dominé les quarts temps de la rencontre avec un 21-19 lors de la première période.
A la mi-temps, le club sénégalais avait une avance de sept points, 41 à 37.
Les autres adversaires du groupe à cette compétition qui a été lancée dimanche sont le Zamalek (Egypte) et le club mozambicain de Ferroviario de Maputo.
Au coup de gong final, l’équipe sénégalaise a pris le large, remportant son premier match par 94 à 76.