SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 mai 2025
International
UN BILAN ASSEZ POSITIF
La Gambienne, Fatou Bensouda, procureure sortante de la Cour pénale internationale, a estimé, samedi à Dakar, avoir fait un mandat ‘’assez positif’’ de neuf ans au sein de cette judiriction internationale.
Dakar, 22 mai (APS) – La Gambienne, Fatou Bensouda, procureure sortante de la Cour pénale internationale, a estimé, samedi à Dakar, avoir fait un mandat ‘’assez positif’’ de neuf ans au sein de cette judiriction internationale.
‘’Je suis à la fin de mon mandat, un procureur est élu pour un mandat de neuf ans, j’ai été élue en 2012 et, dans quelques jours, ce sera fini. Je pense que j’ai fait un bilan assez positif au regard de tout le travail accompli. Il y a eu vraiment des succès, des défis et des challenges’’, a dit la procureure.
Bensouda élevée, vendredi, au rang de Commandeur dans l’ordre nationale du lion par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, a assuré avoir élevé le niveau de la CPI.
‘’Je pense que le niveau où j’ai trouvé la CPI est aujourd’hui beaucoup plus élevé et je remercie tout le monde, les Etats-parties, l’Afrique et surtout le Sénégal pour le soutien pendant mon mandat’’, a-t-elle souligné au cours d’une conférence de presse.
Il fallait beaucoup de dévouement et de motivation pour mener à bien un travail pas facile de procureure à la CPI, a fait remarquer la magistrate gambienne, en rappelant que la coopération est importante dans cette mission, en plus d’avoir la posture d’un diplomate pour mener à bien les enquêtes dans les différents pays.
‘’Dans les défis, le plus dur est relatif aux témoins parce que nous avons la responsabilité de sécuriser les témoins. On a vu dans l’exemple du Kenya que des témoins ont été retrouvés et détournés contre la Cour, ce qui a entrainé l’abandon de ce dossier en faveur du président Uhuru Kenyatta accusé de crimes contre l’humanité après l’élection présidentielle de 2007 qui avait fait 1300 morts’’, a -t-elle regretté.
‘’Tout est fait dans la négociation, car on n’a pas de pouvoir d’oppression. On négocie toujours avec le pays pour les mandats. Si on ouvre une enquête, on va voir avec qui travailler dans le pays concerné. (…) parfois on n’a point besoin d’assistance, on vient mener nos enquêtes normalement. Le travail est très difficile’’, a-t-elle reconnu.
La magistrate gambienne dit avoir été guidée par ‘’la transparence’’ durant tout son mandat qui prend fin le 14 juin prochain.
Au sujet du dossier relatif à la crise ivoirienne, la procureure sortante de la CPI a déclaré ne pas avoir de regret, après l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé son co-détenu à la CPI.
‘’Je ne faisais que mon travail en tant que procureure dans l’affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé. Il n’y avait rien de personnel. Il s’agissait de mon travail, un sacerdoce à remplir. On a eu beaucoup de difficultés à présenter les preuves et quand on a terminé, les juges les ont jugés insuffisantes’’, fait valoir Mme Bensouda.
Elle estime n’avoir attaqué personne sur cette affaire. ‘’Je faisais mon travail, je suis procureur, si je juge que la loi n’a pas été bien dite, je saisis la chambre la plus élevée sur la base des aspects juridiques’’, a-t-elle dit soulignant qu’elle avait une ‘’responsabilité en tant que la procureure de laisser une jurisprudence".
Elle a ajouté que les choses ont été très ‘’complexes’’ sur cette affaire car trois juges sur deux n’étaient pas d’accord sur les preuves présentées. ‘’Je respecte leur décision, j’ai fait mon travail, je n’ai rien contre Gbagbo et je n’ai pas de regret’’, a-t-elle insisté.
La magistrate est également revenue sur les sanctions infligées contre sa personne par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump.
‘’C’était très dur, on a confisqué mon visa. On avait beaucoup de soucis, mais cela n’a pas empêché de faire mon travail. Aujourd’hui, Dieu merci, la nouvelle administration estime que ces sanctions n’avaient pas de sens", a-t-elle fait observer.
‘’Certains propagent l’information selon laquelle la CPI n’instruit qu’en Afrique, je précise que d’autres pays comme la Colombie, la Palestine, le Venezuela, les Philippines, la Tunisie, l’Afghanistan, Georgi, Ukraine, sont concernés’’, s’est-elle défendue.
Elle a rappelé que la première responsabilité de la résolution des crimes contre l’humanité revenait aux Etats en premier lieu avant l’intervention de la CPI.
VIDEO
INQUIÉTUDES AUTOUR DE L'ABANDON DES MASQUES AUX ÉTATS-UNIS
Au menu de Point USA de cette semaine : plus de masques pour les personnes vaccinées. Est-ce bien raisonnable ? La gauche américaine vent debout contre Netanyahou, quelle marge de manoeuvre pour Biden ? Retour sur l'attaque informatique de Colonial
Covid-19 : bas les masques, finie la distanciation du moins pour les vaccinés. Mais cette décision fort populaire n’est-elle pas prématurée ?
Le conflit Israel – Hamas : la gauche américaine et une partie de l’opinion veulent que Joe Biden fasse pression sur Netanyahou pour qu’il modère ses attaques contre Gaza.
Une bande de « hackers », apparemment russe, a interrompu le fonctionnement du gazoduc Colonial qui alimente les Etats de la côte-est. Les opérations ont pu reprendre après le versement d’une rançon qui aurait pu atteindre 5 millions de dollars. N’est-ce pas récompenser le crime ?
Point USA est une émission hebdomadaire qui s’adresse plus particulièrement à un public francophone et francophile, avec pour objectif de discuter en français de l’actualité américaine en compagnie de René Lake, analyste politique et directeur de presse, Dennis Beaver, avocat et chroniqueur juridique à Bakersfield, en Californie, et Herman Cohen, ancien secrétaire d’Etat adjoint américain. La présentation est assurée par Claude Porsella et la réalisation par Serge Ndjemba.
RDC, LE VOLCAN DE NYIRAGONGO ENTRE EN ÉRUPTION
Des dizaines d’habitants de Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo, avaient commencé à fuir, à la suite d’une soudaine activité du volcan surplombant la ville
Le volcan Nyiragongo, surplombant Goma dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), est entré en éruption samedi 22 mai, poussant de nombreux habitants paniqués à fuir vers le Rwanda voisin.
Depuis le début de soirée, de fortes émanations de lumière rougeoyante sortant du cratère étaient visibles et une odeur de soufre perceptible dans Goma, située sur le flanc Sud du volcan, sur les rives du lac Kivu, selon un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP). Aucune coulée de lave n’était visible depuis la ville, ni tremblement de terre ressenti. Cela n’a pas empêché des mouvements de panique dans Goma même.
Dans une adresse enregistrée à la population et diffusée sur les radios locales et les réseaux sociaux, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu a « confirmé l’éruption du volcan Nyiragongo depuis ce 22 mai vers 19 heures » locales. « Les investigations sont en cours et la population doit suivre les orientations de la protection civile », a déclaré le général Constant Ndima, appelant au « calme ».
« Nous allons donner de plus amples explications à la population pour la canaliser vers les directions où elle sera en sécurité », a ajouté le gouverneur, chargé de la gestion de la province depuis l’instauration de l’état de siège dans la région le 6 mai pour lutter contre les groupes armés.
Mouvements de panique
L’électricité a été coupée dans une grande partie de la ville et des centaines d’habitants, souvent en famille, se dirigeaient à pied, à moto ou en voiture vers la frontière rwandaise toute proche. « Les gens partent ou se préparent à partir », a déclaré un habitant, tandis que ne cessait de grossir le flot des gens en fuite, matelas sur la tête, colis et enfants dans les bras, voitures klaxonnant.
Mercredi, un groupe jihadiste rival lié au groupe Etat islamique a mené une opération contre lui dans le bastion de Boko Haram, la forêt de Sambisa.
Selon des sources proches des services de renseignement, Abubakar Shekau s'est grièvement blessé en tentant de se tuer pour éviter d'être capturé.
Depuis jeudi, la rumeur de sa mort a déferlé sur les réseaux sociaux.Plusieurs médias et spécialistes de la région ont annoncé sa mort, mais il n'est pour l'heure pas possible de vérifier cette information de sources indépendantes.
- Pourquoi Shekau a-t-il été attaqué ?
Depuis 2016, deux groupes jihadistes rivaux se partagent de larges pans du nord-est du Nigeria et des localités dans les Etats voisins.
D'un côté, le groupe Boko Haram, dont l'insurrection a débuté en 2009, contrôle la forêt de Sambisa et une partie de l'Extrême-Nord du Cameroun.Il a également des cellules dans la région du lac Tchad, du côté du Niger.
De l'autre, le groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) s'est établi dans la forêt de Alagarno et sur les pourtours du lac Tchad (Nigeria, Tchad et Niger).
Les deux organisations, qui formaient un seul groupe avant une scission en 2016, mènent en priorité des attaques contre les armées de la région, mais des combats sporadiques ont lieu entre eux.
Selon des sources proches des services de renseignement, de premiers affrontements entre l'Iswap et Boko Haram ont commencé en avril, au lac Tchad.
Des éléments de Boko Haram ont tendu une embuscade à des combattants d'Iswap.Des armes ont été saisies, et plusieurs membres d'Iswap tués.
En représailles, le 9 mai, l'Iswap a lancé une attaque contre un camp de Boko Haram situé sur le lac Tchad (côté Niger). Les groupes ont subi d'importantes pertes, et l'Iswap a décidé de poursuivre l'affrontement en allant attaquer Boko Haram jusque dans son bastion.
- Que s'est-il passé ?
Lundi, un convoi d'une cinquantaine de véhicules de l'Iswap venus du lac Tchad ont fondu sur la forêt de Sambisa, selon les mêmes sources.
Ils se sont dirigés vers le camp de Sabilul Huda, où Abubakar Shekau s'était réfugié avant le ramadan.Le groupe avait été récemment affaibli par des frappes de l'armée nigériane.
Les combattants ont neutralisé sa garde et encerclé sa maison.Pour éviter d'être capturé, le chef jihadiste a tenté de se suicider.
Là, les versions divergent: selon l'une des sources proches des renseignements, Shekau s'est tiré une balle dans la poitrine se blessant grièvement.
Plusieurs de ses combattants l'ont retrouvé inconscient et ont réussi à s'enfuir en l'emmenant avec eux."Il y a peu de chance qu'il ait survécu", avance cette source.
Une autre de ces sources affirme, elle, que le leader aurait activé des explosifs dans la maison."Quoi qu'il en soit, Shekau peut difficilement être vivant", assure-t-elle.
- Blessé ou mort ?
Si plusieurs sources doutent fortement que Shekau ait pu survivre à ses blessures, il n'est pour l'instant pas possible d'affirmer qu'il est mort.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de l'armée nigériane n'a pas confirmé cette information."Nous sommes en train d'enquêter", a-t-il précisé.
Pour l'heure, ni l'Iswap ni Boko Haram n'ont communiqué.
- Et après ? -
La perte de Shekau serait un coup dur pour Boko Haram dont il a été la figure centrale pendant onze ans.
L'Iswap est déjà devenu le groupe le plus puissant dans la région, montrant sa capacité à mener des attaques multiples et complexes.
La prise du fief de Shekau permettrait à l'Iswap de consolider son emprise sur le territoire et de contrôler toutes les routes menant à Maiduguri, la capitale de l'État de Borno.
En outre, de nombreux éléments de Boko Haram pourraient être tentés de rejoindre l'Iswap.
"Ils sont sûrement déjà en cours de discussion.Il y a encore des inconnues, mais ce qui est clair, c'est que c'est une grande victoire pour l'Iswap", note Vincent Foucher, chercheur au Centre français de la recherche scientifique (CNRS).
"Beaucoup se réjouissent de la mort de Shekau, mais si l'Iswap devient la seule force jihadiste dans la région, ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle".
PAR Jean-Baptiste Placca
DE LA CRÉDIBILITÉ DES NATIONS AFRICAINES
Il suffit d’oser un bref survol du continent, pour s’apercevoir à quel point la situation politique, dans nombre d’États d’Afrique de l’Ouest et du centre se rapproche de ce que vivaient de nombreux peuples, dans les années 70 et 80
De recul en recul, l’Afrique est presque revenue à l’ère des coups d’État à répétition d'antan. Pour le plus grand malheur des peuples.
C'était à Paris, cette semaine. L’Afrique était l’invitée d’honneur d’un sommet de sensibilisation des partenaires et autres bailleurs de fonds à la nécessité de financements conséquents, pour la relance des économies, laminées par la pandémie de coronavirus. Pourquoi donc revenir, ici, sur le recul de la démocratie, alors que l’actualité porte sur la dette, les droits de tirage spéciaux et autres prêts concessionnels ?
Parce que l’économie est une matière éminemment politique. Et qu’il serait vain d’espérer un décollage des nations, dans un environnement politique malsain ou peu engageant. Les gouvernements africains ne ploient pas sous les investissements de qualité, qui demeurent le meilleur baromètre de la crédibilité d’une nation. Oublions donc cette perpétuation du pacte colonial que sont les investissements dans le pétrole ou dans des mines, que l’on extrait et exporte vers des destinations lointaines, où leur transformation générera des emplois. Ce type d’investissements illustre d’autant moins l’attractivité d’un pays que certains États ne cessent de céder les gisements sur de longues durées, en échange de dérisoires avances de trésorerie, et d’arrangements parfois douteux.
Là où l’État de droit est en option, l’économie affiche fatalement pâle mine. Vous souvenez-vous de ce message sans équivoque de Nana Akufo-Addo aux investisseurs qui recherchent en Afrique une rentabilité exorbitante, qu’ils n’oseraient exiger nulle part ailleurs sur la planète ? « Nous ne voulons pas de vous ! Allez voir ailleurs ! », disait alors à leur intention le président du Ghana. Il faut être un pays sérieux, avec un système judiciaire crédible et fiable, pour attirer des investissements de qualité, suffisamment pour que le président s’autorise une telle fermeté.
Que reste-t-il alors pour ceux qui ne seraient pas… sérieux ?
Vous voulez parler des cancres de l’État de droit et de la démocratie ? Ils subissent les investisseurs peu scrupuleux, les fonds vautours… Ils sont assaillis par des contrats truffés de clauses léonines, sur fond de pots-de-vin. L’assainissement de la vie politique est donc un impératif économique. Car le respect du bien public passe nécessairement par l’État de droit.
«ISRAËL EST TENU DE FAIRE RESPECTER LA LIBERTE DE CULTE DES CROYANTS DE TOUTES LES RELIGIONS»
Les frappes israéliennes sur la bande de Gaza traduisent, selon l’ambassadeur d’Israël au Sénégal, Roi Rosenblit, une volonté de son pays à protéger les lieux de culte
Les frappes israéliennes sur la bande de Gaza traduisent, selon l’ambassadeur d’Israël au Sénégal, Roi Rosenblit, une volonté de son pays à protéger les lieux de culte. Une déclaration transmise aux rédactions hier, vendredi 21 mai, revient sur la position du diplomate.
«Durant les derniers jours du mois sacré de Ramadan, des islamistes radicaux ont provoqué les forces de l’ordre présents dans la mosquée Al Aqsa, sur le Mont du Temple et sur le Mur de Lamentations. Cela a engendré une escalade de la violence à Jérusalem et environs.» C’est l’ambassadeur d’Israël au Sénégal, Roi Rosenblit qui explique ainsi les frappes israéliennes sur la bande de Gaza qui traduisent, selon, une volonté de son pays à protéger les lieux de culte. «À Jérusalem, la capitale d'Israël, les sites sacrés du judaïsme, du christianisme et le troisième lieu saint de l'Islam (la première qibla) sont côte à côte. Israël est donc tenu de faire respecter la liberté de culte des croyants de toutes les religions».
D’ailleurs, poursuit le diplomate, dans une déclaration parvenue aux médias hier, vendredi 21 mai 2021, «c’est pourquoi Israël a pris toutes les mesures nécessaires en limitant les rituels traditionnels juifs afin de permettre aux fidèles musulmans de prier et de célébrer leurs fêtes d’Eid».
Selon Roi Rosenblit «le Hamas a commencé à lancer des roquettes contre Jérusalem depuis la bande de Gaza à la suite des confrontations engagés contre les forces de l'ordre. Face à ces attaques à l'encontre de la population, Israël était obligé de défendre ses citoyens. Le Hamas a poursuivi sa campagne de lancer des milliers de roquettes sur Tel Aviv et d'autres villes israéliennes. Douze civils israéliens, juifs et musulmans, hommes, femmes et enfants, ont perdu la vie.» A en croire le diplomate, «à ce jour, le Hamas a lancé plus de 4000 roquettes sur Israël. Ces roquettes ont été lancées sans conscience sur les villes israéliennes, dans le but de décimer et d'exterminer des civils israéliens, jeunes ou âgés, arabes ou juifs. Une centaine de ces mêmes roquettes ont touché la bande de Gaza. Israël dispose du système défensif, le «Dôme de fer», qui détruit environ 90% des roquettes avant qu'elles n'atteignent leurs cibles en Israël, et évite ainsi un bain de sang beaucoup plus important parmi les civils. Israël fait ce qu'il peut pour arrêter les tirs de roquettes et défendre ses citoyens.»
Revenant sur ces frappes de l’Etat hébreu, Roi Rosenblit souligne : «nous utilisons des armes de précision pour cibler les commandants militaires du Hamas et les rampes de lancement de roquettes dans la ville de Gaza. Lorsqu'il y a un risque de toucher des civils aux alentours, nous les prévenons par des appels téléphoniques et leur demandons de quitter la zone. Parfois, nous interrompons le tir au dernier moment parce que la vie d’un civil palestinien est menacée. Tandis que les tirs de roquettes continuent sur nos villes, le nombre de victimes innocentes des deux côtés augmente».
DÉCÈS DE LEE EVANS
Le champion olympique du 400 mètres à Mexico en 1968 et monté sur le podium coiffé du béret des Black Panthers en signe de protestation contre les discriminations affectant les Noirs aux États-Unis, est mort à 74 ans mercredi 19 mai
Lee Evans, champion olympique du 400 mètres à Mexico en 1968 et monté sur le podium coiffé du béret des Black Panthers en signe de protestation contre les discriminations affectant les Noirs aux États-Unis, est mort à 74 ans mercredi 19 mai.
"Médaillé d'or olympique, détenteur du record du monde (du 400 m), membre du Hall of Fame de la Fédération américaine d'athlétisme et militant des droits de l'homme, Lee Evans, est décédé mercredi à l'âge de 74 ans", a indiqué l'USATF sur Instagram. La Fédération américaine d'athlétisme n'a pas donné la cause du décès.
Premier homme à courir sous les 44 secondes
Evans était un véritable pionnier puisqu'il est devenu le premier sprinteur à courir sous les 44 secondes sur le tour de piste, à seulement 21 ans. A Mexico, il a, ainsi, battu le record du monde en finale en 43 secondes 29, qui fut la marque de référence jusqu'en 1988.
SOUS LES PONTS DE TRIPOLI, L'AVENIR SUSPENDU DES TRAVAILLEURS MIGRANTS
Des centaines de migrants ayant échoué à rejoindre l'Europe depuis les côtes libyennes se sont résignés à rester à Tripoli, malgré des emplois sous-payés: à la périlleuse traversée se substitue davantage de précarité économique
Poussés sur la route migratoire par la misère, des centaines de migrants ayant échoué à rejoindre l'Europe depuis les côtes libyennes se sont résignés à rester à Tripoli, malgré des emplois sous-payés: à la périlleuse traversée se substitue davantage de précarité économique.
Ils sont des centaines de travailleurs journaliers, originaires de pays d'Afrique subsaharienne, à investir au petit matin les ponts tripolitains battus par les vents de Méditerranée orientale.
Munis d'outils usés, assis sur des pneus de poids lourds ou sur le rebord du trottoir, ils guettent les voitures et se ruent sur celles qui s'arrêtent, dans l'espoir de se faire embaucher à la journée pour un chantier providentiel.
Beaucoup d'entre eux, venus du Niger, du Soudan ou de l'Erythrée, ont fui leurs pays minés par les conflits, la pauvreté et la corruption pour tenter la dangereuse traversée de la Méditerranée sur des embarcations pneumatiques depuis la Libye, plaque tournante de l'immigration clandestine sur le chemin de l'Europe.
Interceptés par les garde-côtes et ramenés dans ce pays plongé dans le chaos depuis une décennie, ils sont les nouveaux acteurs d'un marché du travail informel.
"Je suis venu il y a six ans pour partir en Europe", lance Mokhtar Mohamed, Soudanais de 27 ans originaire du Darfour, région ravagée par la guerre.Il s'est installé sous un pont de la capitale.
"J'ai tenté la traversée en 2016 mais notre bateau a été intercepté et j'ai été placé dans un centre de détention" en banlieue de Tripoli, se souvient-il.
- "Rescapé" -
Il y reste enfermé dans des "conditions très difficiles" jusqu'en juillet 2019, quand une frappe aérienne y fait des dizaines de morts.La capitale est ciblée par une offensive de Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est, qui disputait le pouvoir aux autorités reconnues par la communauté internationale.
"Je suis un rescapé", murmure Mokhtar, brandissant sa carte de réfugié du Haut-Commissariat pour les réfugiés, qui l'a "sorti du centre". "Depuis je travaille sous le pont comme déménageur", explique-t-il.
Mais le travail manque, encore plus en ces temps de pandémie.Alors plusieurs journaliers restent sur le carreau.
"Les bons jours, on peut gagner 100 dinars (18 euros), mais il nous arrive d'enchaîner des jours sans revenu", égrène-t-il, quelque peu désabusé.
Avant de rejoindre Tripoli, il a "traversé le Sahara à pied, ça a pris une semaine pour arriver du Darfour aux frontières libyennes".Il occupe aujourd'hui une "chambre minuscule" dans un appartement partagé avec des compagnons de route et il "espère toujours partir" un jour.
Derrière lui, une dizaine d'hommes patientent: "Il n'y a pas beaucoup de boulot.Le Covid n'a pas aidé", souffle Brahim, 39 ans, peintre et maçon originaire du Niger.
Les garde-côtes ont avorté les "trois tentatives" de traversée de cet artisan, qui a payé des passeurs pour gagner l'Italie, à 300 km au nord.
"J'ai perdu 9.000 dollars gagnés à la sueur de mon front", se lamente-t-il.
- "Trafiquants" -
Les départs clandestins vers l'Europe ont commencé sous Mouammar Kadhafi, qui a régné sur la Libye pendant 42 ans jusqu'en 2011.
Le "Guide" n'hésitait pas à faire pression sur les pays européens, leur réclamant des compensations financières pour endiguer les flux migratoires.
En ouvrant ses portes à de nombreux migrants dans un élan de panafricanisme calculé, le riche pays pétrolier d'à peine sept millions d'habitants était aussi devenu une destination finale.
Cette migration a été bouleversée par le chaos post-révolution, qui a favorisé l'émergence du trafic d'êtres humains et la multiplication des traversées clandestines.
Dans cette nouvelle donne, "ceux qui travaillent dans la précarité sont aussi à la merci des trafiquants", alerte Michaël Neuman, directeur d'études au centre de réflexion de Médecins sans frontières.
Avec la fin des combats à l'été 2020 et l'installation en mars d'un gouvernement d'unité, la Libye peut-elle redevenir une destination finale?
"La Libye de Kadhafi était très ouverte à la migration, notamment subsaharienne, qu'elle encourageait.Elle pourrait l'être de nouveau, encore faut-il qu'elle s'en donne la possibilité et les moyens", souligne M. Neuman, qui a documenté en 2020 "les exécrables conditions de vie qui prévalent dans les centres de détention".
Brahim est disposé à s'installer durablement en Libye, "s'il y a du boulot et si la situation s'améliore".Car, insiste-t-il, "quand on immigre, c'est principalement pour trouver du travail".
QUAND MACRON SE SERT DE L'AFRIQUE DANS UN OBJECTIF ÉLECTORAL
Le Sommet sur le financement des économies africaines, tenu mardi à Paris, comme les autres rencontres du genre organisées par le passé, ne permettra pas au continent de trouver la clé de son développement
Le Sommet sur le financement des économies africaines, tenu mardi à Paris, comme les autres rencontres du genre organisées auparavant, ne permettra pas au continent de trouver la clé de son développement. Pour certains spécialistes des questions économiques, ce dernier rendez-vous est plus ‘’politique’’ pour les intérêts d’un de ses principaux initiateurs, le président français Emmanuel Macron.
Après l’ère des forums organisés pour les puissances occidentales telles que la Chine, le Japon, les Etats-Unis, la Turquie, la France, etc., pour voir comment accroitre leurs investissements en Afrique, le président français, Emmanuel Macron, et ses partenaires ont convoqué, mardi à Paris, un sommet pour trouver les meilleurs mécanismes de financement de l’économie africaine. Ceci, dans un contexte mondial de crise sanitaire qui a mis à terre toutes les économies de la planète.
Mais ce rendez-vous est vu par certains spécialistes des questions économiques comme un moment de campagne pour l’actuel chef d’Etat français. ‘’La pandémie a montré que, de plus en plus, on doit pouvoir compter sur nos propres ressources. Cela doit nous servir de leçon. Le sommet de Paris n’est que politique. Macron est en fin de mandat. Il est en train de préparer sa propre campagne, d’une manière ou d’une autre. Il ne faut pas se leurrer. Ses partenaires sont venus lui prêter main-forte’’, confie à ‘’EnQuête’’ un des consultants sénégalais sous couvert de l’anonymat.
L’économiste affirme qu’on a beau faire des réunions, sommets et tout, mais l’Afrique ne pourra pas arriver à son développement, si elle compte sur la ‘’magnanimité’’ de l’Occident. ‘’Les Occidentaux ne sont pas des philanthropes. Malheureusement, on pensait que cette génération de chefs d’Etat nés après l’indépendance allait prendre en main son indépendance. Parce que c’est des hommes d’affaires bien avertis. Que cela soit Macky Sall, Patrice Talon, etc.’’, renchérit notre source.
Comme beaucoup des théoriciens de la rupture, tels que le professeur Samir Amin qui a théorisé la ‘’déconnexion’’, notre interlocuteur pense que le continent doit s’appuyer sur ses propres forces pour réussir le pari de son développement. A ce propos, l’économiste consultant rappelle que pour le Pr. Amin, ‘’l’aide est un leurre’’. Il renforce les chaines de dépendance. ‘’Cela nous enchaine davantage au lieu de nous libérer. L’aide, c’est pour renforcer davantage les maillons de la chaine de dépendance. Dans les relations franco-africaines, africaines et européennes aussi, c’est toujours la même approche. On fait de grands sommets pour décliner des plans de développement pour l’Afrique. Et les pays africains le voient comme un robinet qui doit être ouvert pour financer le développement économique et social de leurs pays. Donc, on est resté sur le même schéma. Ce qui est dommage’’, regrette-t-il.
Les challenges de l’unité africaine
Notre source note que 60 ans après les indépendances, les pays comme ceux de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) attendent des moyens, des ressources des pays du Nord pour financer leur développement. Si l’Afrique ne peut pas sortir son propre modèle de développement, le consultant pense que c’est parce que les Africains ‘’ne sont pas unis’’. C’est de petits pays par la taille qui ‘’ne peuvent pas à eux seuls, frayer’’ ce chemin. Car l’unité africaine n’a pas encore créé un Etat fédéral fort pour faire face à l’Occident. Ceci malgré l’existence d’espaces d’intégration économique tels que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). ‘’Malheureusement, c’est la même qu’on retrouve au sein de ces communautés. Ils font des programmes et ils vont voir les bailleurs de fonds. Pour que l’Afrique puisse prendre son propre destin, il faudrait une indépendance politique plus prononcée. C’est l’un des premiers indicateurs de cette indépendance politique, mais aussi monétaire. C’est la monnaie qui permet d’affirmer clairement son indépendance économique. On est tellement habitué à l’assistance des pays du Nord qu’on pense que si jamais on prend notre liberté, cela va être extrêmement difficile. Cette barrière psychologique qui débloque les leaders du continent’’, dit-il.
Cependant, l’économiste alerte par rapport aux opinions de la nouvelle génération montante, celle qui dénonce les liens de dépendance avec la France. ‘’Il faut les écouter et donner du sens à ce qu’ils disent. Parce que tôt ou tard, c’est cette génération qui sera au pouvoir. Rien que par le phénomène de renouvellement des générations, il est illusoire de penser que cette génération n’accéderait pas au pouvoir. La séparation avec la France n’est pas loin. Les jeunes qui sont dans le mouvement France dégage, celui qui pense qu’ils ne seront pas au pouvoir se leurre. Il y a une génération qui va imposer à la France une coopération plus gagnant-gagnant’’, suggère-t-il.
par Damien Glez
LA NOUVELLE SORTIE AFROPHOBE D'ÉRIC ZEMMOUR
« Tous les trafiquants de crack sont Sénégalais », affirmait le polémiste français le 13 mai dernier, sur Cnews à propos du commerce parisien de ce stupéfiant. Une porte ouverte à tous les amalgames
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 20/05/2021
Jeudi dernier, l’émission « Face à l’info » de la chaîne CNews établissait un record d’audience avec un pic à 1,01 million de téléspectateurs. Pas de jour férié pour le chroniqueur vedette du talk, la machine à buzz d’une mouvance réactionnaire décomplexée : Éric Zemmour, qui creuse le sillon nostalgique et quelque peu moisi de « sa » France révolue. « Les trafiquants sont issus de l’immigration. En l’occurrence, ce sont des Sénégalais », lançait-il, au milieu d’un débat sur le crack, ce dérivé de la cocaïne.
« Attaque frontale »
Rapidement, les effluves afrophobes du propos ne manque pas de susciter l’émoi au pays de la Teranga. Le site d’information senenews.com dénonce une « attaque frontale d’Éric Zemmour », qui « pointe du doigt la communauté sénégalaise de France ».
Manifestement immunisée ou blasée, la presse française relaie moins la déclaration que les internautes qui applaudissent ou décrient. Certains, qui n’ont pas suivi l’émission, découvriront, abasourdis, la précision qu’apporte Zemmour sur son compte Twitter : « Je n’ai pas dit “tous les Sénégalais sont trafiquants de crack”, j’ai dit “tous les trafiquants de crack sont Sénégalais”, c’est pas la même chose ! » Rhétorique classique des architectes de clichés…
Alors que des quartiers de Paris comme La porte de la Chapelle voient poindre une tension chez des riverains inquiets du commerce du crack, Éric Zemmour établit, depuis des années, un lien entre immigration et trafic de drogue, oubliant souvent qu’il n’y a pas de rapport intrinsèque entre une couleur de peau et la nationalité française et que les statistiques ethniques sont interdites en France. Quelle source alors, pour ce journaliste en vue de la presse parisienne ?
Polémique
En ce qui concerne le crack, le polémiste évoque des journaux français qui établiraient la « sénégalitude » de trafiquants qu’il faudrait, selon lui, « renvoyer » en Afrique, non sans faire pression « sur le gouvernement sénégalais pour qu’il les reprennent ».