SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 mai 2025
International
par l'éditorialiste de seneplus, boubacar boris diop
RWANDA, L'ÉNIGMATIQUE SILENCE AFRICAIN
La faillite de la communauté internationale au Rwanda fait l’objet d’abondantes analyses depuis 1994. Mais comment comprendre le silence de l'Afrique tandis que se perpétrait, au vu et au su de tous, le dernier génocide du XXe siècle ?
La faillite de la "communauté internationale" au Rwanda fait l’objet d’abondantes analyses depuis 1994. Mais comment comprendre le silence des États et des intellectuels africains tandis que se perpétrait, au vu et au su de tous, le dernier génocide du XXe siècle ? Aujourd’hui encore, des assassins vivent tranquillement un peu partout sur le continent.
Pourquoi l'humanité ne s'est-elle pas portée au secours du Rwanda en 1994, alors même que les tueries, massives et d’une spectaculaire atrocité, avaient lieu au vu et au su de tous ? L’Organisation des Nations unies (ONU) est régulièrement mise en cause, à juste titre : alors que le commandant de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar), le général canadien Roméo Dallaire, bien informé par un déserteur du mouvement extrémiste Hutu Power, demandait un renfort de 5 000 casques bleus pour prévenir les massacres programmés, elle a au contraire fait passer les effectifs de 2 300 soldats à 270 observateurs non armés.
Mais on oublie souvent de rappeler que l’organisation, qui a ainsi livré les victimes à leurs bourreaux, était dirigée à l’époque par deux Africains : l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali, son secrétaire général, et le Ghanéen Kofi Annan (sous-secrétaire général, responsable du département des opérations de maintien de la paix). Ils n’avaient certes aucun pouvoir de décision, mais rien, dans leurs intenses tractations avec leurs représentants à Kigali, n’indique qu’ils avaient pris l’exacte mesure de ce qui s’y jouait ou cherché à infléchir les événements dans le bon sens.
Les chefs d’État et leaders d’opinion africains n’ont pas fait preuve de plus d’empathie envers ceux que l’on abattait comme du bétail à Butare, Kibuye, Gitarama et ailleurs.
Même si rien ne peut excuser un tel aveuglement, on aurait pu lui trouver un semblant d’explication si la catastrophe avait eu lieu dans un très court laps de temps. Or c’est en raison même de sa durée – de début avril à mi-juillet – que l’on parle des « cent jours du Rwanda (1) » à propos du génocide des Tutsis. Cela veut dire que si, à Maputo, Abidjan ou Abuja, les décideurs ont d’abord pu être pris de court, ils ont eu plus de trois mois pour se ressaisir. Ils ne l’ont pas fait. En juin 1994, le mois le plus meurtrier, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) a tenu, comme si de rien n’était, son sommet annuel à Tunis, sans même juger nécessaire d’inscrire à son ordre du jour la situation au « pays des mille collines ». Le gouvernement intérimaire rwandais (GIR), qui n’était pas loin en ce temps-là d’avoir assassiné un million de Tutsis, y a tranquillement siégé au nom de l’État génocidaire...
Il est vrai que la fin de l’apartheid venait d’être officialisée au terme d’une longue lutte où l’OUA avait joué un rôle majeur. Elle entendait donc célébrer cette victoire à travers la personne de Nelson Mandela, présent à Tunis. Mais c’est lui, le premier président démocratiquement élu d’Afrique du Sud, qui a sauvé l’honneur du continent en intervenant, délibérément hors sujet, de manière fracassante : « Ce qui est en train de se passer au Rwanda est une honte pour nous tous. Nous devons prouver par des actes concrets notre volonté d’y mettre un terme. » L’historien Gérard Prunier, qui relate l’épisode (2), rapporte le choc que cette déclaration provoque à Paris, où François Mitterrand, depuis toujours imprégné de l’« esprit de Fachoda (3) », raisonne à peu près de la manière suivante : « Mandela ou pas, nous ne laisserons pas les Anglo-Saxons fourrer leur nez dans nos affaires ! »
des génocidaires réfugiés en afrique du sud, au kenya, au zimbabwe...
Prunier, alors membre du secrétariat international du Parti socialiste, se trouve aux premières loges – et prodigue même des conseils – quand se monte en catastrophe l’opération «Turquoise», de triste mémoire. Il voit très bien qu’il s’agit surtout de prendre de vitesse d’éventuelles troupes sud-africaines... Désireux de donner une apparence de force multilatérale à son expédition militaro-humanitaire, Paris n’a cependant pas réussi, pour une fois, à faire entrer dans la combine les armées de ses bien nommés « pays du champ ». Même le Sénégal, ami docile et détenteur du record africain des opérations extérieures onusiennes, s’est contenté du service minimum : une petite trentaine d’hommes, affectés d’ailleurs aux tâches d’intendance...
Pour sa part, l’OUA essaiera plus tard de faire amende honorable en commanditant un rapport à un groupe international d’éminentes personnalités dirigé par Ketumile Masire, ancien président du Botswana, et dont faisaient partie, entre autres, Mme Ellen Johnson Sirleaf, directrice régionale du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et future présidente du Liberia, Lisbet Palme, psychologue suédoise et veuve du premier ministre Olof Palme, le Canadien Stephen Lewis, directeur adjoint du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), et le général Amadou Toumani Touré, futur président du Mali.
Leur rapport, sans doute un des meilleurs sur cette sombre page de l’histoire, est achevé en juillet 2000 et s’intitule significativement « Rwanda : le génocide qu’on aurait pu stopper » (4). On y trouve (page 229) cet aveu d’un haut responsable, non nommé, de l’OUA : « En tant qu’Africains, nous serons toujours hantés par notre échec au Rwanda, et la communauté internationale devrait être hantée elle aussi. » C’était une véritable autocritique et, en tant que telle, elle était digne de respect, même si tout cela restait finalement bien dérisoire au regard de l’immensité de la perte : pendant cent jours d’affilée, chaque jour de silence de l’OUA avait coûté la vie à dix mille innocents...
Quoi qu’il en soit, les États africains, pris individuellement, ne se sont pas vraiment sentis engagés par les conclusions du rapport. Ils n’ont par exemple jamais cessé de fermer les yeux sur la présence sur leur sol de ceux qui ont conçu ou exécuté le génocide. Une cartographie de la diaspora génocidaire montrerait que celle-ci ne s’est pas uniquement réfugiée en Belgique et en France. De nombreux clients potentiels de la justice internationale demeurent, aujourd’hui encore, installés partout sur le continent, que ce soit en Afrique du Sud, au Kenya, au Zimbabwe, ou évidemment en République démocratique du Congo (RDC) voisine. Leur sentiment de quiétude est parfois tel qu’ils n’éprouvent même pas le besoin de dissimuler leur identité : M. Félicien Kabuga, surnommé « le financier du génocide », fut longtemps protégé par les autorités zimbabwéennes, puis kényanes, avant d’aller retrouver sa famille en France et d’y être arrêté, en mai 2020 à Asnières-sur-Seine.
Toutefois, les anciennes colonies françaises sont, pour des raisons politiques évidentes, le choix premier des assassins en fuite. Ils sont particulièrement bienvenus au Gabon ou au Cameroun – pays où a finalement été cueilli le colonel Théoneste Bagosora, considéré comme le cerveau du génocide, condamné pour génocide et crimes contre l’humanité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) en 2008. À N’Djamena, en 2000, mes amis et moi avons appris, à l’issue d’une manifestation littéraire intitulée « Rwanda : écrire par devoir de mémoire », que l’un de ceux qui avaient pris part à nos débats était recherché par le TPIR. Enfin, c’est à Thiès, petite ville à une soixantaine de kilomètres de Dakar, qu’a été arrêté en novembre 2001 le colonel Aloys Simba, dit « le boucher de Murambi ». Il vivait sous la discrète protection de l’Organisation nationale des droits de l’homme, qui dépend de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Sans la demande expresse et, dit-on, énergique de la procureure Carla Del Ponte, il n’aurait sans doute jamais été livré au TPIR.
Ainsi, sur la question du Rwanda, la faillite politique et morale des États africains est totale. Se consolera-t-on en la mettant sur le seul compte des errements de présidents cyniques et, dans le cas des francophones, terrorisés à l’idée de fâcher Paris ? Certainement pas. Il est de plus en plus difficile, sur quelque sujet que ce soit, de formuler un jugement global sur l’Afrique, mais on peut néanmoins y observer partout que la « solution finale » rwandaise n’a pas marqué les esprits. Le génocide a pourtant eu lieu au moment où, à la faveur des transitions démocratiques qui avaient suivi la fin de la guerre froide, le jeu politique s’était ouvert dans la plupart des pays africains. L’émergence de forces nouvelles avait libéré la parole et l’on pouvait en attendre une plus claire compréhension, par un public mieux informé, des enjeux du drame.
Il n’en a rien été. La presse, devenue certes plus libre, ne s’aventure presque jamais hors des frontières nationales. Pour tout ce qui ne relève pas de la politique locale, elle continue aujourd’hui encore à recopier benoîtement les dépêches de l’Agence France-Presse (AFP), de Reuters ou d’Associated Press. Les journaux télévisés, eux, se contentent de reprendre en fin d’émission les images et les commentaires de TF1 ou de France 2. Les radios privées étant – et l’ayant particulièrement été durant le génocide – complètement muettes sur le Rwanda, la British Broadcasting Corporation (BBC), Radio France Internationale (RFI) et La Voix de l’Amérique restent, avec tous les biais que l’on peut suspecter, les seules sources d’information.
Il n’est cependant plus possible aujourd’hui d’invoquer l’excuse de l’ignorance. En effet, peu de tragédies de notre temps, africaines ou pas, ont été aussi sérieusement étudiées que le génocide des Tutsis du Rwanda. On ne compte plus les publications des historiens et des journalistes sur le sujet, sans parler des films, des œuvres littéraires et des pièces de théâtre. Un grand travail s’effectue également sur les réseaux sociaux.
Comme si le carnage donnait raison aux racistes
C’est donc ailleurs qu’il faut chercher les raisons de vingt-sept longues années d’apathie africaine. À Dakar, Nairobi ou Maputo, les événements du Rwanda ont surtout été vécus comme un embarrassant carnage interethnique donnant, hélas, raison aux racistes. Les images de centaines de milliers de corps pourrissant au soleil ou jetés dans le Nyabarongo, de femmes éventrées, de bébés jetés vivants dans les latrines et de chiens en train de se repaître de cadavres étaient quasi surréelles, et il est en un sens compréhensible que l’Afrique, prise de honte, ait sur le moment détourné le regard. Cette attitude, qui a peut-être surtout à voir avec ce que l’écrivaine rwandaise Yolande Mukagasana appelle la «peur de savoir (5)», a été observée dans tous les graves conflits survenus en Afrique, de la guerre civile au Liberia aux troubles actuels en Éthiopie et au Mali. À la longue, les pays africains deviennent, sans même en avoir conscience, fortement étrangers les uns aux autres. Et les frontières dans les têtes sont celles héritées de la colonisation. Cette confusion mentale n’aide pas à faire la part des choses. C’est ainsi que, chez nombre d’intellectuels africains, la lecture du génocide des Tutsis est encore de nos jours faussée par une sourde hostilité au président Paul Kagamé.
« Au Rwanda, les Hutus tuent les Tutsis et les Tutsis tuent les Hutus. » La phrase a été lâchée par Boutros-Ghali au plus fort des tueries. À Biarritz, lors du premier sommet France-Afrique post-génocide, Mitterrand fit mine d’être torturé par l’angoisse en déclarant en conférence de presse : « En vérité, vous le savez, aucune police d’assurance internationale ne peut empêcher un peuple de s’autodétruire, et on ne peut pas demander non plus l’impossible à la communauté internationale, encore moins à la France tant elle est seule, lorsque les chefs locaux décident délibérément de conduire une aventure à la pointe des baïonnettes ou de régler des comptes à coups de machette. » Avant de lancer à un journaliste : « De quel génocide, parlez-vous, monsieur ? De celui des Hutus contre les Tutsis ou de celui des Tutsis contre les Hutus ? »
Le propos d’un secrétaire général de l’ONU ajouté à ceux d’un chef de l’État français, cela donne des inepties racistes d’anthologie. Elles disent pourtant tout haut ce que partout, y compris en Afrique même, on pense tout bas de l’Afrique. Cette perception de tout un continent par lui-même et par les autres y a rendu possibles la planification du dernier génocide du XXe siècle et sa mise en œuvre pendant trois mois. C’est elle aussi qui, presque trente ans plus tard, empêche l’Afrique d’en comprendre les mécanismes. Ou même d’accepter simplement l’idée que, derrière ces cent jours d’horreur, il y avait non pas le déferlement d’une haine irrationnelle et gratuite, mais, comme on l’a bien souvent vu dans l’histoire contemporaine, de classiques luttes de pouvoir ayant échappé à tout contrôle.
(1) Cf. par exemple l’exposition de l’association de rescapés et familles de victimes Ibuka, www.ibuka.be
(2) Gérard Prunier, Rwanda : le génocide, Dagorno, Paris, 1998.
(3) Ancien poste avancé égyptien, Fachoda, dans l’actuel Soudan du Sud, attise en 1898 les convoitises des Britanniques et des Français. Cela donne lieu à un grave conflit diplomatique sur fond de surenchère patriotique des deux côtés. L’incident est évoqué comme un symbole de la vive rivalité coloniale entre les Français et ceux qu’ils qualifient globalement d’Anglo- Saxons.
(4) «Le génocide qu’on aurait pu stopper», disponible sur le site de la Commission d’enquête citoyenne, http://cec.rwanda.free.fr
(5) Cf. Yolande Mukagasana, N’aie pas peur de savoir, Robert Laffont, Paris, 1999.
La leçon de Desmond Tutu
« Un an après l’investiture du nouveau gouvernement rwandais, en juillet 1995, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu vint prononcer un sermon dans un stade à Kigali (...). En Afrique du Sud, dit-il, on avait “des langues différentes, des races différentes, des cultures différentes. (...) Vous êtes tous noirs. Vous parlez la même langue. Et j’essaie de découvrir ce que nous avons ici dans nos têtes”. L’insistance de Tutu sur la race se voulait une expression de solidarité [africaine], mais le Rwanda n’était pas l’Afrique du Sud ou le Nigeria, et les Africains n’avaient rien fait de plus que quiconque pour arrêter le génocide. Il était donc étrange de s’entendre dire qu’un crime perpétré par des Rwandais contre d’autres Rwandais était un crime contre la fierté et le progrès de l’Afrique, et que la honte qu’il suscitait était une affaire privée africaine plutôt que l’opprobre du monde entier. »
Philip Gourevitch, Nous avons le plaisir de vous informer que, demain, nous serons tués avec nos familles. Chroniques rwandaises, Denoël, Paris, 1999.
L'ALLEMAGNE RECONNAÎT POUR LA PREMIÈRE FOIS UN GÉNOCIDE EN NAMIBIE
L'Allemagne a reconnu vendredi avoir perpétré un génocide contre les Hereros et les Namas pendant l'ère coloniale et va payer à la Namibie plus d'1 milliard d'euros d'aides selon un "accord de réconciliation"
L'Allemagne a reconnu vendredi avoir perpétré un génocide contre les Hereros et les Namas pendant l'ère coloniale et va payer à la Namibie plus d'1 milliard d'euros d'aides selon un "accord de réconciliation" considéré comme un "pas dans la bonne direction" par Windhoek.
"Nous qualifierons maintenant officiellement ces événements pour ce qu'ils sont du point de vue d'aujourd'hui: un génocide", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas dans un communiqué.
Le chef de la diplomatie a salué la conclusion de cet accord avec la Namibie après plus de cinq ans d'âpres négociations sur les événements survenus dans ce territoire africain colonisé par l'Allemagne entre 1884 et 1915.
Les colons allemands avaient tué des dizaines de milliers d'Hereros et de Namas lors de massacres commis entre 1904 et 1908, considérés par de nombreux historiens comme le premier génocide du 20e siècle.
"L'acceptation de la part de l'Allemagne qu'un génocide a été commis est un premier pas dans la bonne direction", a réagi Alfredo Hengari, le porte-parole du président namibien Hage Geingob, auprès de l'AFP. "C'est la base de la deuxième étape, qui consiste à présenter des excuses, suivies de réparations".
L'Allemagne entend bien présenter officiellement ses excuses, son chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier doit se rendre à cet effet en Namibie, selon des sources proches des négociations.
"A la lumière de la responsabilité historique et morale de l'Allemagne, nous allons demander pardon à la Namibie et aux descendants des victimes" pour les "atrocités" commises, a souligné M. Maas.
- "Immenses souffrances" -
En revanche, Berlin se garde d'employer le terme de réparations.
La convention de l'ONU sur la prévention et la répression du crime de génocide, élaborée en 1948 après l'Holocauste, ne s'applique pas de façon rétroactive. L'Allemagne estime donc que sa reconnaissance d'un génocide n'ouvre la voie à aucune "demande légale d'indemnisation".
Dans un "geste de reconnaissance des immenses souffrances infligées aux victimes", le pays européen va toutefois soutenir la "reconstruction et le développement" en Namibie via un programme financier de 1,1 milliard d'euros, selon M. Maas.
Cette somme sera versée sur une période de 30 ans, et doit profiter en priorité aux descendants de ces deux populations, notamment pour des projets de développement immobilier ou agricole.
L'accord doit encore être validé par les parlements respectifs des deux pays.Les crimes commis pendant la colonisation empoisonnent depuis de nombreuses années les relations entre Windhoek et Berlin.
Dans une volonté de réconciliation, l'Allemagne avait remis en 2019 à la Namibie des ossements de membres des tribus Herero et Nama exterminés, et la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Michelle Müntefering, avait alors demandé "pardon du fond du cœur".
Un geste jugé nettement insuffisant par leurs descendants et les autorités namibiennes.
L'Allemagne s'est à plusieurs reprises opposée à payer un dédommagement, invoquant les millions d'euros d'aide au développement versés à la Namibie depuis son indépendance en 1990.
Si le travail de mémoire en Allemagne sur la période nazie est généralement jugé exemplaire, celui sur la période coloniale en Afrique, de la deuxième moitié du XIXe siècle et du début du XXe, a été longtemps délaissé.
- Camps de concentration -
Les tribus hereros représentent aujourd'hui environ 7% de la population namibienne contre 40% au début du XXe siècle.
Privés de leurs terres et de leur bétail, ils s'étaient révoltés en 1904 contre les colons allemands, faisant une centaine de morts parmi ces derniers.
Envoyé pour mater la rébellion, le général allemand Lothar von Trotha avait ordonné leur extermination.Les Namas s'étaient soulevés un an plus tard et subirent le même sort.
Au total, au moins 60.000 Hereros et environ 10.000 Namas perdirent la vie entre 1904 et 1908.Les forces coloniales allemandes avaient employé des techniques génocidaires: massacres de masse, exil dans le désert où des milliers d'hommes, femmes et enfants sont morts de soif, et camps de concentration comme celui tristement célèbre de Shark Island.
Des ossements, en particulier les crânes de victimes, furent envoyés en Allemagne pour des expériences scientifiques à caractère racial.Le médecin Eugen Fischer, qui a officié à Shark Island et dont les écrits ont influencé Adolf Hitler, cherchait à prouver la "supériorité de la race blanche".
LE DÉBAT SUR LA MONNAIE DOIT INFUSER TOUTE LA SOCIÉTÉ
À l’initiative des premiers « États généraux de l’éco » ouverts ce mercredi à Lomé, l’économiste togolais, Kako Nubukpo s’est confié au Point Afrique
Le Point Afrique |
Viviane Forson et Malick Diawara |
Publication 27/05/2021
Lomé, la capitale du Togo, accueille depuis ce mercredi 26 mai, et pour deux jours, une rencontre inédite autour de la future monnaie ouest-africaine, l'éco. Tout est parti des annonces des chefs d'État ivoirien et français, Alassane Ouattara et Emmanuel Macron, le 21 décembre 2019 à Abidjan. En plus d'annoncer la fin prochaine du franc CFA dans les huit pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, ils avaient indiqué le changement de nom qui allait s'opérer. Depuis cette étape, observée par certains comme une avancée majeure, mais décriée par d'autres, les lignes n'ont presque pas bougé. De quoi interroger, alors que la prise de conscience collective s'est élevée parmi toute une frange de la société civile, les universitaires ou encore les acteurs politiques. C'est dans ce contexte que la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l'université de Lomé a décidé d'organiser un colloque international sur le thème « quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l'Ouest : eco 2021 ». Son objectif : fournir un cadre de discussions à la fois scientifiques et pluridisciplinaires avec une ouverture à d'autres acteurs. Au terme des deux jours de débat, les participants vont proposer une feuille de route aux chefs d'État et de gouvernement de la Cedeao pour les accompagner dans leur prise de décision. Kako Nubukpo, économiste, ancien ministre togolais de la Prospective, connu pour ses positions contre le franc CFA et désormais commissaire de l'UEMOA en charge de l'agriculture, de l'eau et de l'environnement, en explique toute la teneur.
Le Point Afrique : Pourquoi vous a-t-il paru nécessaire d'organiser des « États généraux de l'éco » maintenant ?
Kako Nubukpo : Après l'annonce à Abidjan de la fin prochaine du franc CFA et de son remplacement par l'éco par les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara, le 21 décembre 2019, il nous a paru nécessaire de faire le point afin de savoir où en est le franc CFA, ce qu'est l'éco et quelles peuvent être les modalités de transition du franc CFA à l'éco. Ce colloque aurait dû se tenir en avril 2020 mais, à cause de la pandémie, nous l'avons reporté.
Plus d'un an est passé depuis cette annonce et l'Afrique de l'Ouest semble enlisée. Concrètement à quoi vont servir ces « États généraux » ?
Ces « États généraux de l'éco » ont deux objectifs. Le premier est scientifique. Il s'agit de nourrir la littérature scientifique autour du fait monétaire en Afrique de l'Ouest et c'est pour ça que nous avons déjà produit un rapport collectif de 320 pages intitulé « Du franc CFA à l'éco : quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l'Ouest ? ». Vous pourrez y lire les travaux d'une quinzaine d'enseignants-chercheurs qui ont tous répondu à un appel à communication, puis ont été sélectionnés par le comité scientifique du colloque. De ce point de vue, c'est un colloque universitaire scientifique.
Le second objectif est de proposer une réflexion qui sorte également du cadre purement universitaire pour embrasser la société en partant du postulat que la monnaie est un fait social total. La société doit être au cœur des débats autour de la monnaie. D'où l'appellation des États généraux de l'éco avec, cette fois, une ouverture aux femmes et hommes politiques, aux représentants de la société civile, à des chefs d'entreprise, des banquiers, dans le but justement d'affirmer ou de réaffirmer que pour nous le débat sur la monnaie doit infuser toute la société.
Pourquoi, selon vous, ce moment clé a-t-il cristallisé autant les antagonismes autour de la question monétaire en Afrique de l'Ouest ?
Effectivement, ce moment a cristallisé encore plus les antagonismes parce que l'annonce a été perçue comme une « OPA » non amicale de la France sur l'éco de la Cedeao. C'est-à-dire qu'autant il était légitime de poser le principe de la réforme ou même de la fin du franc CFA, autant il est apparu comme une agression que ce soient le chef de l'État français et le chef de l'État ivoirien qui aient annoncé une forme d'automaticité du remplacement du franc CFA par l'éco alors que l'éco répond à l'agenda précis de la Cedeao.
J'ai salué cette annonce d'Abidjan parce qu'elle faisait sortir de l'informel le débat sur les difficultés que nous avons avec le franc CFA. Et en plus, la question du changement de nom est une question éminemment symbolique et historique. Mais, pour beaucoup de gens, derrière, le franc CFA pose d'autres questions notamment sur la place de la France en Afrique. Le débat ne porte plus seulement sur la question de l'optimalité du changement. Ce moment a été pour de nombreux détracteurs de la politique française en Afrique une opportunité de dénoncer un énième complot supposé de la France vis-à-vis de l'Afrique. C'est pour débattre de tout cela que nous avons pris l'initiative d'inviter toutes les parties prenantes aux débats, certains ont catégoriquement refusé, malheureusement.
RWANDA, LES SURVIVANTS DU GÉNOCIDE PARTAGÉS SUR LE DISCOURS DE MACRON
Pas d'excuses, pas de demande de pardon, mais "c'est mieux que rien": Jean de la Croix Ibambasi a accueilli avec une émotion partagée le discours du président français admettant les "responsabilités" de la France dans cette tragédie
Pas d'excuses, pas de demande de pardon, mais "c'est mieux que rien": Jean de la Croix Ibambasi, survivant du génocide de 1994 au Rwanda, a accueilli avec une émotion partagée le discours d'Emmanuel Macron admettant les "responsabilités" de la France dans cette tragédie.
Dans sa maison du quartier de Muhima, à Kigali, un de ses fils à ses côtés, cet artisan de 58 ans ne voulait pas rater la retransmission en direct de la visite du président français au Mémorial du génocide de Gisozi, sur les hauteurs de la capitale rwandaise.
Les larmes lui sont montées aux yeux quand Emmanuel Macron a déposé une gerbe devant les dalles sous lesquelles sont enterrés les restes de 250.000 victimes des 800.000 victimes des massacres du printemps 1994."Mes frères et soeurs sont là", lâche-t-il, des sanglots dans la voix.
Puis vient le discours du président français.Les mots tant attendus "excuses" et "je vous demande pardon" ne viendront pas."Je viens reconnaître nos responsabilités", déclare Emmanuel Macron.
“Il a reconnu le rôle de la France, diplomatiquement, mais il l'a fait quand même.C'est pas comme avant", commente M. Ibambasi: "On voit quelqu'un de sensible à nos soucis, on n'était pas habitués à ça.On était habitués à être piétinés".
Mais il n'oubliera jamais ce qu'il affirme avoir vu de la France au printemps 1994.
“On se souvient des Français qui allaient sur les barrières, qui travaillaient avec les ex-FAR (les Forces armées rwandaises, ndlr) et qui les aidaient à distinguer les Tutsi et les Hutu", raconte-t-il: "On ne peut pas oublier cela facilement, il faut être clair: ils ont participé, ils ont aidé", assure-t-il.
"C'était le moment de dire pardon, sans passer à gauche, à droite", regrette-t-il.Mais "c'est mieux que rien".
- Soif de justice -
La principale association de rescapés Ibuka a également déploré l'absence claire d'excuses, de demande de pardon de la part du président français.
"Il a essayé d'expliquer le génocide, comment ça s'est passé, ce qu'ils n'ont pas fait, leurs responsabilités (...) C'est très important, ça montre qu'il nous comprend", a toutefois souligné son président Egide Nkuranga.
A Muhima, Marie Grace Mukabyagaju a, elle, apprécié ce "discours plein d'humanité".
"J'ai aimé le ton et les mots qu'il a utilisés, il a bien choisi les mots, ce sont des mots touchants.Même s'il n'y a pas eu le mot +pardon+, quand même il a fait un grand pas.C'est un pas de géant que personnellement j'apprécie énormément”, explique cette survivante du génocide aujourd'hui âgée de 59 ans.
Dans sa "famille restreinte", elle a perdu son père et son frère."Si on ajoute les cousins, les amis, c'est difficile de compter tous ces morts", glisse-t-elle.
"Une page se tourne, une nouvelle s'écrit", espère-t-elle.
Comme tous les rescapés, elle attend beaucoup de l'engagement d'Emmanuel Macron de voir les auteurs de crimes ne "pas échapper au travail des juges". Plusieurs participants présumés au génocide ont trouvé refuge en France.
"La balle est dans le camp de la France", affirme-t-elle: "L'effort qu'a fait le président Macron, c'est aux instances de la France, à la justice de le mettre en application, de faire leur part de travail".
GÉNOCIDE DES TUTSI, MACRON ADMET LA RESPONSABILITÉ DE LA FRANCE, MAIS NE PRÉSENTE PAS D'EXCUSES
En visite au Rwanda, le président français s’est adressé, jeudi 27 mai, aux rescapés du génocide des Tutsis. Un discours important, destiné à « normaliser » les relations entre les deux pays. Mais le président s’est refusé à demander pardon
En visite au Rwanda, le président français s’est adressé, jeudi 27 mai, aux rescapés du génocide des Tutsis. Un discours important, destiné à « normaliser » les relations entre les deux pays. Mais le président s’est refusé à demander pardon.
Seule sur sa chaise, face au pupitre où le président français va s’exprimer, une femme attend, très droite, le regard fixe. Autour d’elle, officiels, services de sécurité et journalistes s’animent, s’apostrophent et règlent les derniers détails techniques avant l’arrivée d’Emmanuel Macron. À quelques mètres en contrebas, la « flamme du souvenir » du mémorial de Gisozi est allumée.
Valérie Mukabayire, elle, ne bouge pas. Elle préside une association représentant les veuves du génocide des Tutsis. On s’excuse de la déranger. « Ce n’est pas un moment ordinaire », convient-elle. Sans effusions, dans un sourire retenu, elle se réjouit qu’un président français vienne visiter ce mémorial, où reposent les corps de 250 000 victimes. Pour le reste, conclut-elle, « je suis là devant lui, et j’attends ».
Quand finalement le président français s’avance, Valérie Mukabayire lève les yeux. « Seul celui qui a traversé la nuit peut la raconter », articule Emmanuel Macron. Les autres représentants des associations de rescapés présents comprennent que les premiers mots présidentiels leur sont destinés. « Seul celui qui a traversé la nuit peut la raconter », « ijoro ribara uwariraye », en kinyarwanda – des mots souvent utilisés pour décrire la difficulté à parler du dernier génocide du vingtième siècle pour ceux qui y ont survécu.
Des échos parviennent de la ville, plus bas. Quelques motos vrombissent. Un coq chante. Le chef de l’État poursuit. Seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent raconter « la course éperdue des victimes, la fuite dans la forêt ou dans les marais », « la traque implacable qui reprenait chaque matin », « l’insoutenable euphorie des chants de rassemblement de ceux qui tuaient », rappelle-t-il.
Emmanuel Macron a, de toute évidence, pris le temps de comprendre. De lire les travaux d’historiens, de romanciers, français et rwandais, à propos du génocide des Tutsis. Quelques instants plus tôt, le député breton d’origine rwandaise Hervé Berville, qui fait partie du voyage, disait avoir eu au téléphone l’historienne Hélène Dumas pour vérifier avec elle la signification de plusieurs mots en kinyarwanda. Lors des préparatifs du voyage, l’équipe élyséenne avait fait savoir que le président s’était « imprégné » des livres de Scholastique Mukasonga et Annick Kayitesi.
Jamais, sans doute, un président français n’a décrit aussi précisément les mécaniques génocidaires. Rarement non plus un président français n’aura admis aussi explicitement les responsabilités françaises dans le génocide des Tutsis. Si elle n’a « pas été complice » du génocide selon lui, la France porte néanmoins « une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire » et doit reconnaître « la part de souffrance [infligée] au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité ».
Ma génération et celle de mes aînés ont échoué à implémenter le développement, à la jeunesse de prendre la main et de changer les paradigmes. Sans complexe et avec détermination
Ma génération et celle de mes aînés ont échoué à implémenter le développement, à la jeunesse de prendre la main et de changer les paradigmes. Sans complexe et avec détermination.
LE MEA CULPA DE MACRON AU RWANDA
"En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, je viens reconnaître nos responsabilités", a déclaré jeudi le président français à Kigali, tout en affirmant que la France n'avait "pas été complice" du génocide ayant fait plus de 800.000 morts
"En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, je viens reconnaître nos responsabilités", a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron à Kigali, tout en affirmant que la France n'avait "pas été complice" du génocide ayant fait plus de 800.000 morts en 1994 au Rwanda.
Emmanuel Macron n'a pas présenté d'"excuses", comme le réclamaient certains responsables rwandais et français, mais il a déclaré espérer que ceux qui "ont traversé la nuit" du génocide des Tutsi puissent "nous faire le don de nous pardonner".
Le président a prononcé cette allocution solennelle très attendue au début de sa première visite au Rwanda, après avoir visité le mémorial où reposent les restes de plus de 250.000 victimes du génocide, sur une colline de Kigali.
Il était ensuite attendu par son homologue Paul Kagame pour un entretien et une conférence de presse commune, au cours de laquelle le président rwandais devrait réagir au discours.
Egide Nkuranga, le président de la principale organisation de rescapés Ibuka, a regretté que le président français n'ait "pas présenté clairement des excuses au nom de l'Etat français" ni "même demandé pardon".Mais "il a vraiment essayé d'expliquer le génocide et la responsabilité de la France.C'est très important, ça montre qu'il nous comprend", a-t-il ajouté.
L'objectif affiché d'Emmanuel Macron est de "finaliser" la normalisation des relations avec le Rwanda après "27 années de distance amère (...) d'incompréhension, de tentatives de rapprochement sincères mais inabouties".
La France a fait "trop longtemps prévaloir le silence sur l'examen de la vérité", a-t-il regretté en s'adressant à une centaine de personnes.
- "Pas complice" -
En 2010, Nicolas Sarkozy, le seul président à s'être rendu à Kigali depuis le génocide, avait déjà reconnu de "graves erreurs" et "une forme d'aveuglement" des autorités françaises ayant eu des conséquences "absolument dramatiques".
Pour Emmanuel Macron, la France n'a cependant "pas été complice" des génocidaires, ce qu'avait également conclu le rapport d'historiens dirigé par Vincent Duclert remis en mars.
"Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n'avaient pas le visage de la France", a-t-il déclaré."Le sang qui a coulé n'a pas déshonoré ses armes, ni les mains de ses soldats qui ont eux aussi vu de leurs yeux l'innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes".
Mais "au lendemain, alors que des responsables français avaient eu la lucidité et le courage de le qualifier de génocide, la France n'a pas su en tirer les conséquences appropriées", a-t-il poursuivi dans son discours.
"En voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d'un régime génocidaire.En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu'elle cherchait précisément à l'éviter", selon lui.
- Poursuites judiciaires -
La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi du Rwanda, qui a fait plus de 800.000 morts entre avril et juillet 1994 selon l'ONU, a été un sujet brûlant pendant des années, conduisant même à une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009.
Le fossé s'est cependant comblé depuis le début du quinquennat avec une série d'initiatives françaises pour sortir de l'impasse.Dont le rapport Duclert, qui a conclu aux "responsabilités lourdes et accablantes" de la France et à l'"aveuglement" du président socialiste de l'époque François Mitterrand et de son entourage face à la dérive raciste et génocidaire du gouvernement hutu que soutenait alors Paris.
Le président rwandais Paul Kagame a déclaré pouvoir "s'accommoder" de ces conclusions, confirmées ensuite par le rapport d'un cabinet d'avocats demandé par Kigali.
Pour concrétiser cette normalisation, MM.Macron et Kagame pourraient annoncer le retour d'un ambassadeur français à Kigali, où le poste est vacant depuis 2015.
Le président français s'est engagé "à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper à la justice", alors que plusieurs d'entre elles résident en France.
Au Rwanda, l'opposition a déploré avant la visite qu'Emmanuel Macron demeurait "silencieux devant le règne autoritaire et les violations des droits humains" sous Paul Kagame, président du pays depuis 2000.Une réforme de la Constitution de 2015 permet à ce dernier de potentiellement rester au pouvoir jusqu'en 2034.
Pour tenter de redonner de la vigueur au français, désormais moins enseigné que l'anglais au Rwanda, Emmanuel Macron devait inaugurer en fin de journée le "centre culturel francophone" de Kigali.
Le président devait ensuite se rendre vendredi en Afrique du Sud pour une visite consacrée à la pandémie de Covid-19 et notamment à la production de vaccins sur le continent africain.
LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L'ÉCO S'OUVRENT AU TOGO
Plus de deux-cents personnalités prennent part du 26 au 28 mai à Lomé, aux états généraux de l’eco, la future monnaie ouest-africaine
La tenue de ces états généraux est une initiative de la faculté des sciences économiques et de gestion de l’université de Lomé. Elle a pour objectif de circonscrire les contours de la nouvelle monnaie et de voir dans quelle mesure elle crée ou non une séparation avec le franc CFA, dans quelle mesure elle embrasse les quinze Etats de la Cédéao et comment va se faire la transition du franc CFA à l’éco.
Le programme se fera en deux formats : un premier réunissant les économistes avec un modèle économétrique et un second sous forme de panel avec les sociétés civiles, les politiques et les faiseurs d’opinion.
Parmi les deux cents invités, on retrouve les anti-CFA, comme l’initiateur du colloque, Kako Nubukpo, qui, depuis vingt ans, estime que le franc CFA est une mauvaise monnaie trop forte, arrimée à l’euro, qui fonctionne comme une taxe sur les exportations, une subvention sur les importations entrainant une balance commerciale structurellement déficitaire. À côté de lui, on retrouve les soutiens du CFA parmi lesquels Lionel Zinsou du Bénin, Michel Khalif du Togo.
Au Sénégal, demi-tour pour des centaines de tonnes de déchets plastiques. Un bateau du géant allemand du transport maritime Hapag-Lloyd avait été intercepté par les services des Douanes début mai tentant d'introduire frauduleusement la cargaison sur le territoire.
Le navire chargé de réexpédier les déchets plastiques a quitté le port de Dakar dimanche 23 mai, vers 23 h, « en toute discrétion », indique une source bien informée. À son bord, il y avait 25 conteneurs, « pour un poids total de 581 tonnes » de déchets, indique notre source précisant que la cargaison était initialement « en provenance d’Espagne ».
2 milliards de francs CFA d'amende pour l'armateur allemand
C’est donc l’épilogue après la saisie du porte-conteneurs « Hansa Neuburg » au port de Dakar. Après le déchargement des déchets, la compagnie maritime allemande Hapag-Lloyd avait accepté une transaction.
DJIBOUTI ENTRE MILITARISME INTERNATIONAL ET DICTATURE LOCALE
Le pouvoir est passé d’un oncle vieillissant à son neveu sécurocrate, ancien policier de l’administration coloniale. Si dans le discours, le régime politique djiboutien se réclame des principes de la démocratie, il n’est pas démocratique dans les faits
On attribue à Frantz Fanon cette description incisive : « l’Afrique à la forme d'un révolver dont la gâchette est placée au Zaïre ». Je pourrais, en filant la métaphore, ajouter que le canon est situé au cœur de la Corne de l’Afrique : à Djibouti. En France, du temps de la conscription, tout le monde connaissait l’ancien TFAI (Territoire Français des Afars et des Issas). Les militaires vénéraient son paysage rugueux, idéal pour les exercices d’aguerrissement ; les poètes, inspirés à la fois par Arthur Rimbaud et Haroun Tazieff, son vertige géologique. Adolescent, je n’étais pas peu sensible à l’intérêt porté au pays mien qui est aussi un petit écrin de 23.200 km2, peuplé d’environ un million d’habitants[1].
Arrivée sans carte d’invitation fin XIXème siècle, la France a, en décembre 1975, au plus fort de la pression indépendantiste, ‘’reconnu la vocation de Djibouti à l’indépendance’’. Nombreux sont ceux qui souviennent encore la voix inimitable de Valéry Giscard d’Estaing proclamant ces mots. Et voilà comment l’ex-TFAI est devenu la République de Djibouti le 27 juin 1977, sous la présidence de Hassan Gouled Aptidon, un maquignon de la politique coloniale. J’avais 12 ans, l’âge des angoisses métaphysiques. Mon enfance a été rythmé par les coups d’éclats des indépendantistes (mes héros, dont certains étaient de ma propre famille !) et les actions punitives de la Légion étrangère.
Vous avez compris que la République de Djibouti est située sur la rive africaine de la mer Rouge, à l’entrée sud de cette importante voie d’eau qui passe par le Canal de Suez, en Égypte. Vous savez à présent que ce minuscule état est niché entre l’Éthiopie et ses plus de 110 millions d’habitants, la Somalie en reconstruction et ses plus de 15 millions d’âmes et l’Érythrée avec ses plus de 6 millions d’habitants. Sur la carte, Djibouti est repérable à l’est de l’Éthiopie, au nord-ouest de la Somalie et au sud de l’Érythrée. Un œil de cyclone, disent les amateurs de romans d’espionnage !
Avec ces trois États dont les liens avec lui sont multiples (humains, culturels, économiques…), mon pays constitue un premier ensemble géopolitique dans la Corne de l’Afrique. Élargissez cet ensemble au Soudan, au Sud-Soudan, au Kenya et à l’Ouganda, et vous obtenez une plus grande configuration géopolitique qui s’est d’ailleurs constituée en une organisation régionale dénommée Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD en anglais). Un coup d’œil sur l’espace au-delà de l’IGAD, vers l’est, le centre et le nord de l’Afrique, ou encore vers la rive arabe de la Mer Rouge, conforte en vous le sentiment d’un pays certes de taille modeste mais géopolitiquement non-négligeable.
Si vous ne relâchez pas l’attention, vous constatez que Djibouti revêt une dimension stratégique singulière grâce à certains facteurs valorisants. Le pays est adossé à un vaste hinterland prometteur dont l’Éthiopie n’est pas le moindre élément. Il contrôle, avec le Yémen, le détroit de Bab-el-Mandab dont la largeur minimale est de 30 km et par où transite 10% du commerce mondial[2]. Près de 19000 navires l’ont emprunté en 2020. Le Bab-el-Mandab donne sur l’entrée du Golfe d’Aden et de l’Océan indien. Non loin, deux autres golfes, celui d’Oman et son homologue arabo-persique, reliés par un autre détroit, Ormuz, s’activent, fiers de leurs abondants hydrocarbures et de leur demande intérieure à haut pouvoir d’achat.
Vous comprenez maintenant pourquoi tant de puissances internationales ont installé à Djibouti des bases militaires. Après la France, puissance coloniale restée influente, y ont pris pied les États-Unis d’Amérique en 2002, suivis du Japon en 2011, puis de l’Italie en 2012. Dernière arrivée, droite sur sa route de la soie, la Chine a obtenu sa base en 2017. N‘oublions pas de la liste l’opération anti-piraterie Atalante de l’Union européenne qui est en place depuis 2008, ou encore les soldats allemands, espagnols et hollandais à qui le sol djiboutien n’est pas inconnu. Pour le Japon et la Chine, il s’agit de leur première base à l’étranger, tandis que celle des États-Unis est leur seule implantation militaire permanente en Afrique. Ces bases sont autant de sources de loyers et autres dépenses sur le marché local (locations de logements, achats dans le commerce, etc.). Le montant total annuel de la rente des bases varie selon les sources, signe d’une transparence insuffisante, mais il n’est pas inférieur à 128 millions de dollars[3], soit plus de 15% du budget de l’État.
On l’imagine, une telle position stratégique de Djibouti n’attire pas que des bases militaires. Elle retient aussi l’attention de certains opérateurs économiques. Ainsi, séduit par les perspectives portuaires du pays, devenu le principal corridor du trafic éthiopien depuis la guerre éthio-érythréenne de 1998, Dubaï Ports International rebaptisé Dubaï Ports World a noué des liens privilégiés avec le dictateur du coin, Ismail Omar Guelleh. L’opérateur émirati s’est vu confier, en 2000, la gestion de l’unique port et du non moins unique aéroport internationaux du pays. De ce partenariat, deux nouveaux ports sont nés, sur le site de Doraleh, à la périphérie de la capitale, Djibouti-ville : un terminal à conteneurs et un terminal pétrolier. Un dry port aussi, plus près du vieux port de Djibouti, aux abords du palais présidentiel. A succédé un autre partenariat privilégié, cette fois avec la Chine qui s’est montrée généreuse en prêts non-concessionnels à l’État. Des aménagements portuaires dont un port polyvalent à Doraleh pour remplacer le vieux port, la reconstruction de la portion djiboutienne du chemin de fer reliant la capitale à son homologue éthiopienne, Addis-Abeba, et une adduction d’eau potable depuis le territoire éthiopien, sont les principaux projets qui ont vu le jour avec la manne chinoise.
Assez de chiffres, assez de graphiques ! Quid alors de la vie des Djiboutiens ? Commençons par le commencement : la pratique du pouvoir d’État, laquelle préside à tout le reste. Depuis son indépendance de 1977, Djibouti n’a connu que deux présidents parents, Hassan Gouled Aptidon et Ismail Omar Guelleh. C’est en mai 1999 que celui-ci a succédé à celui-là[4], son oncle et mentor. Guelleh était le chef de cabinet de Gouled qui l’avait chargé de la sécurité nationale dès le lendemain de l’indépendance. Le pouvoir d’État est ainsi passé d’un oncle vieillissant à son neveu sécurocrate, ancien policier de l’administration coloniale. Cela vous dit quelque chose ? En tout cas, si, dans le discours, le régime politique djiboutien se réclame des valeurs et principes de la démocratie, du moins depuis la constitution du 15 septembre 1992, il n’est pas démocratique dans les faits. De 1977 à 1992, règne le système du parti unique dans les textes comme dans la pratique et, depuis 1992, cette situation continue dans les faits. Résultat (entre bien d’autres choses) : les élections n’ont jamais été libres, ni démocratiques. Pas plus que le scrutin de la succession du 9 avril 1999 et tous les autres, l’élection présidentielle du 9 avril 2021 n’a point répondu aux standards démocratiques de base. Cette fois encore, l’opposition boycottant le scrutin, Guelleh n’a même pas pu susciter des candidatures alibi, exception faite de celle d’un illustre inconnu que l’opinion publique a identifié comme un des membres de sa famille élargie. Il était donc face à lui-même et s’est fait proclamer vainqueur avec un score de 97,44%. Sans risque de se faire épingler par des médias indépendants puisqu’il n’en n’existe tout simplement pas au pays. Au classement 2020 de Reporters Sans Frontières, Djibouti a le rang peu glorieux de 176/180.
Pourtant, à 73 ans passés (son âge officiel) et en petite forme, après 22 ans de pouvoir sans partage, précédés de longues années d’influence notoire à l’ombre de son parent et prédécesseur, il aurait pu organiser une alternance démocratique pacifique. Il lui aurait suffi de respecter la constitution et ses propres engagements répétés d’ouverture démocratique. Plus concrètement, il aurait pu faire cesser les atteintes récurrentes aux droits humains et libertés publiques et mettre en place la commission électorale nationale indépendante paritaire (gouvernement-opposition) prévue par l’accord-cadre signé avec l’opposition le 30 décembre 2014. D’autant qu’un tel organisme est également prévu par la Charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance, signée et ratifiée par Djibouti et ayant de ce fait valeur constitutionnelle. L’élection se serait alors déroulée dans la transparence et la confiance pour départager de vrais candidats avec de vrais projets. Il a fait le choix d’une 5ème mascarade électorale et d’un 5ème mandat illégitime. Sa volonté de présidence à vie, est patente. Elle rassemble, trait pour trait, à celle d’Idriss Déby, soutenu par des lobbys militaristes.
Peut-il, au moins, mettre en avant un bilan globalement positif en termes de services à la population, lui qui, à chaque fin de mandat présidentiel, invoque un prétendu appel populaire à rester aux rênes ? La réponse est un non franc et massif, que ce soit sur le terrain ou dans les indicateurs officiels, notamment internationaux. Le chômage est massif qui frappe 60,5%[5] des 15-34 ans. La pauvreté ne l’est pas moins qui est passée de 41.1 % en 1996 à 79.4 % en 2012[6]. L’accès à l’eau courante et l’abonnement à l’électricité n’excèdent pas respectivement 40,6% et 57% des ménages[7]. Au plan éducatif, les murs se sont multipliés, tirant les inscriptions scolaires vers le haut, mais le mouvement ne s’est pas accompagné d’un saut qualitatif des apprentissages. Dans les structures sanitaires, le déficit de qualité est tel que la mort ne s’y morfond pas. Parmi ses alliés, la malnutrition, l’insalubrité urbaine et sa flopée de maladies (malaria, diarrhées cholériformes, fièvre chikungunya, etc.), le khat et ses effets nocifs, une eau potable qui ne l’est plus…ou encore la pandémie Covid-19. L’indice de développement humain (IDH), publié chaque année par les Nations-Unies, ne contredit pas cette situation : le pays est classé 171/189 pour 2018.
Alors, rareté de ressources ou problème de redistribution ? En août 2006, dans un rapport sur le pays, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) relevait à juste titre : ‘’ Djibouti est un pays riche mais les Djiboutiens sont pauvres[8]’’. La redistribution des richesses n'intéresse pas Ismail Omar Guelleh qui lui préfère la gouvernance par la misère et le coup de force. Sa mainmise sur les ressources du pays n’a d’égal que son contrôle absolu sur le pouvoir d’État. Il a tant accaparé l’État de Djibouti et ses ressources qu’il en a fait un État néo-patrimonial, comme l’observe à son tour Sonia Le Gouriellec[9]. En 2004 déjà, une note de la mission diplomatique des États-Unis d’Amérique décrivait l’État de Djibouti : ‘’Djibouti est moins un pays qu’une Cité-État commerciale contrôlée par un homme, Ismail Omar Guelleh’’[10]. La corruption y règne[11]. Il n’est donc point étonnant que cet autocrate qui capte jusqu’aux dépenses locales des étrangers, soit devenu l’un des présidents les plus riches d’Afrique. Signe de richesse parmi tant d’autres, lorsqu’il est de passage en France, il séjourne au 91 Avenue Henry-Martin, dans le 16ème arrondissement de Paris, en un luxueux et spacieux appartement estimé à 8 millions d’euros. C’est une adresse connue des exilés politiques djiboutiens qui y protestent s’ils savent le dictateur présent.
Source connue d’enrichissement sans cause dans les pays mal gouvernés, l’endettement public se révèle massif à Djibouti. L’État doit à la Chine, en particulier à sa fameuse Exim Bank, pas moins d’un milliard et demi de dollars[12] : 580 millions pour les aménagements portuaires dont le port polyvalent de Djibouti, 492 millions de dollars pour le chemin de fer, 322 millions de dollars pour l’adduction d’eau potable, etc. Soit près de 70% du Produit intérieur brut (PIB) estimé à autour de 2 milliards de dollars américains. La Banque mondiale a estimé la dette publique et garantie par l’État à 89,7% du PIB à la fin de 2017[13]. Quant au Fonds monétaire international (FMI), il a tiré la sonnette en ces termes, dans un communiqué du 19 décembre 2018[14] : ‘’La dette publique et garantie par l’État devrait se situer autour de 104 pour cent du PIB à fin 2018’’. Certains des grands projets financés par la dette chinoise, comme par exemple l’adduction d’eau potable depuis l’Éthiopie, doivent moins à leur pertinence économique qu’à des considérations inavouables de prédation. Selon des experts djiboutiens crédibles, il y a, au problème de l’eau potable, des solutions bien moins onéreuses et à moindre distance.
Ce sombre tableau laisse-t-il de marbre les puissances mondiales présentes à Djibouti ? Le contraire est difficilement perceptible dans leurs rapports avec le régime. Pour nous appuyer sur l’actualité, observons que, en février 2021, à quelques semaines de sa 5ème mascarade électorale, Guelleh a effectué une visite officielle en France. Le président Macron, si prompt à se dire attaché à la démocratie et à la jeunesse africaines, l’a reçu comme un digne et légitime chef d’État.
Que reste-t-il alors à faire, particulièrement pour les Djiboutiens, face à Guelleh ? Il y a plus d’un signe suggérant que les Djiboutiens n’entendent pas se résigner au sort que leur inflige cet homme et ses affidés. Dans leur grande majorité souffrante, ils savent que le salut est entre leurs mains. Ils savent qu’un sursaut national s’impose pour y parvenir. Reste à franchir le pas de l’action concertée. Pour ce faire, les leçons d’expérience sont utiles. Les résistants ne manquent pas que la lutte a instruits. Ce sont autant de voix crédibles à écouter avec esprit de suite. ‘’L’espérance ne meurt pas, ne peut pas mourir’’. Ces mots, si simples et si profonds à la fois, j’apprends que, dans nos masures de Djibouti-ville et des régions intérieures, ils demeurent de moins en moins au stade des murmures... C’est une donnée que les puissants de ce monde, présents au pays, seraient bien inspirés de prendre en compte. D’autant que l’aspiration des Djiboutiens à un État pour tous et à une vie décente, n’exclut pas leurs intérêts. On peut défaire les liens mortifères entre militarisme international et népotisme local pour nouer d’autres plus solides et plus féconds. Une vraie République de Djibouti, démocratique, inclusive et prospère, est possible. Sans Guelleh, à coup sûr.
Abdourahman A. Waberi est né en 1965 dans l’actuelle République de Djibouti. Il vit entre Paris et les États-Unis où il enseigne les littératures française et francophone et la création littéraire à George Washington University à Washington DC. Poète, romancier, scénariste et essayiste, cet infatigable passeur est l’auteur, entre autres, du roman panafricain Aux Etats-Unis d’Afrique (J.-C. Lattès, 2006) et de la réflexion sur le génocide des Tutsis (Moisson de crânes, Le Serpent à plumes, 2000). En 2015 il a publié La Divine Chanson (Editions Zulma, prix Louis-Gilloux 2015), un roman amoureux en hommage au musicien africain-américain Gil Scott-Heron. En 2019, son roman Pourquoi tu danses quand tu marches ? (JC Lattès) a été finaliste du prix Théophraste Renaudot. En octobre 2020, il a produit sa première émission radiophonique (Looking for Mamadou Konté) sur l’inventeur de la world music de langue française pour France Culture. Interdit de séjour à Djibouti, Abdourahman Waberi se bat pour la dignité humaine en Afrique et dans le monde.
Ce texte a été initialement publié dans lemondeencommun.
[1]En 2009, année du 2ème recensement général de la population et de l’habitat depuis l’indépendance, la population de Djibouti est estimée à 818.159 habitants. Voir www. http://www.ministere-finances.dj
[2] Cf ‘’Le Canal de Suez bloqué à cause d’un cargo échoué en travers’’. Journal le Monde, article en ligne du 24 mars 2021 (https://www.lemonde.fr/economie)
[9]Dans son ouvrage ‘’Djibouti, une diplomatie de géant d’un petit État’’. Paris : Presses universitaires du Septentrion, 2020, la chercheuse française pointe le phénomène connu des Djiboutiens pour le subir depuis des années.