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3 mai 2025
International
par emmanuel desfourneaux
LES PORTEURS DE DRAPEAU DE LA GÉNÉRATION XEL-19
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Seule une nouvelle pensée sénégalaise peut accompagner le changement. Cette nouvelle pensée a pointé le bout de son nez, début mars 2021, elle qui couvait depuis longtemps en son sein une rébellion intérieure (2/2)
#SilenceDuTemps - Dans la première partie « Les Rois fainéants de la génération du Covid-19 », je me suis efforcé de démontrer que la pensée politique du Sénégal était immobile. Les financiers et la France commandent l’idée politique délaissée par les autorités sénégalaises. Il ne reste à l’État sénégalais que le pouvoir régalien de la force légitime dont il sait faire usage, avec maestria, contre les désobéissants. Il ne reste aux « Rois fainéants » que l’accession et le maintien au pouvoir comme but ultime de leurs actions politiques. Si nécessaire, la juridiction constitutionnelle devient leur complice, sans état d’âme. Il ne reste aux « Rois fainéants » que le matérialisme et les signes extérieurs de richesse.
Une confession de Léopold Sédar Senghor en 1977 sonne aujourd’hui comme un aveu d’échec sur l’indépendance de la pensée : « La dépendance vis-à-vis de l’étranger est beaucoup plus grave que du temps du régime colonial. Sous le régime colonial, on pouvait protester, on avait le peuple avec nous. Aujourd’hui, on est colonisé et on ment au peuple en disant qu’on est libre. Nous en revenons toujours à la même question : il faut penser et agir par soi-même et pour soi-même. » La pensée sénégalaise, selon Léopold Sédar Senghor, n’aurait jamais donc été libre. Comment, devant ce sévère constat, parvenir à une indépendance après plus de 60 ans de mensonge politique ?
C’est la population sénégalaise qui paye les pots cassés de la Covid-19 imputables aux « Rois fainéants ». Heureusement, la génération Xel-19, malgré la pandémie et les interdictions en tout genre, est sortie dans la rue pour revendiquer le respect de la pensée démocratique, et l’épanouissement du citoyen sénégalais. Quelle leçon donnée par la jeunesse aux anciens habitués à fermer leurs yeux, à retenir leurs mots et à accepter un deal innommable : la promesse du développement contre les libertés ! J’ai eu le privilège d’échanger avec l’un d’entre eux. Il s’appelle Assane Diedhiou. Il est apprenti pâtissier, un jeune casamançais. Son geste de mars 2021 : se hisser au sommet de la colonne de la Colombe (Place Jean-Paul 2 à Ziguinchor), est devenu viral. Apolitique, il était porteur d’un grand drapeau sénégalais qu’il brandissait et agitait devant une foule nombreuse, pour revendiquer la paix et la démocratie.
J’ai baptisé cette génération Xel-19 de « Porteurs de drapeau » en hommage à l’ancienne génération de « Porteurs de pancartes ». Assane Masson Diop, présentement président de l’Association nationale de ce mouvement historique, était au passage du cortège du Général de Gaulle et plus tard sur la place Protêt (ancienne place de l’Indépendance), le 26 août 1958. Sa pancarte adressait au président français un message sans équivoque : « Moom sa reew », « Jott sa reew ». Militant du Conseil de la jeunesse, il était seulement âgé de 17 ans.
L’attitude héroïque de ces deux Sénégalais, jusqu’alors inconnus, est séparée par plus de 63 années. Pourtant, mis bout à bout, ces deux évènements nous éclairent sur les traits communs de ces générations de jeunes et les constantes de la société sénégalaise. Les thèmes dominants, après l’indépendance, n’ont guère changé. En 2021, la souveraineté, les libertés, la démocratie, l’auto-développement (penser et décider par soi-même) et le patriotisme font toujours partie du lexique de la jeunesse sénégalaise. C’est comme si l’année 1958 s’était figée dans le temps. C’est comme si l’année 1958 se répétait cycliquement à chaque contestation des jeunes sénégalais. C’est comme si 2021 était encore 1958, les porteurs de pancartes et leurs générations futures n’ont pas pris l’indépendance.
En 1960, l’indépendance laissa plein d’espoirs à cette jeunesse de 1958. L’issue du bras de fer entre Senghor et Dia (l’homme de l’auto-gestion), cependant, les fera vite désenchanter. Le rêve du général de Gaulle de la Communauté franco-africaine ne verra pas le jour, mais se réalisera de façon informelle et insidieuse à travers la Françafrique. L’arrestation en 1962 de Valdiodio N’diaye, brisera à tout jamais les illusions des porteurs de pancartes. Ce jeune ministre de l’intérieur, âgé de 35 ans, avait défié, le président français, le 26 août 1958 : « La politique du Sénégal, clairement définie, s’est fixé trois objectifs, qui sont, dans l’ordre où elle veut les atteindre : l’indépendance, l’unité africaine et la Confédération. » Cela lui a coûté cher !
Quel contraste avec l’arrestation ratée d’Ousmane Sonko ! Ce qui fut possible en 1962 ne l’est plus peut-être en 2021. Il faut dire que les rapports de force ont changé et que les réseaux sociaux ont évolué en armes de contre-pouvoir exceptionnelles. La jeunesse, érigée en « sénégalonautes » hors pair, est aujourd’hui majoritaire parmi la population sénégalaise. D’après l’Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal, l’âge moyen de la population est de 19 ans (l’âge moyen des Français est de 42 ans). Plus de 54 % de la population du Sénégal a moins de 20 ans. En conséquence, la jeunesse devient faiseuse de rois : Me Abdoulaye Wade (2000) et Macky Sall (2012) lui doivent tant. Elle est, à l’inverse, sujette à défaire ces mêmes rois, en cas de trahison de leur part.
Pour les émeutes de mars 2021, le drapeau sénégalais, tricolore, a remplacé les pancartes. La mise en scène du drapeau sénégalais par la génération Xel-19, c’est bien l’expression d’une nouvelle colère, plus ample, qui touche l’ADN même du pouvoir. Mars 2021 retentit comme une contestation certaine du pouvoir personnel de Macky Sall. Mai 1968, c’était celle contre Senghor ; juin 2011 celle de Wade. Mais, avec une mise en perspective de l’histoire de l’indépendance, c’est bien plus qui est en cause : c’est la critique de la jeunesse sénégalaise envers un monde politique propre-à-rien, c’est l’échec des politiques de développement, c’est l’échec de l’indépendance et des libertés, c’est l’échec de l’idée politique, c’est l’échec aussi de la relation France Afrique. La Covid-19 a été un accélérateur d’effet de miroir des failles de la société politique sénégalaise.
L’heure de la contre-révolution a sonné. La France contre-attaque avec les intellectuels africains du système (voir mon édito : Le talon d’Achille). Macky Sall, conscient de la colère dévastatrice des jeunes, leur redonna de la liberté (fin du couvre-feu) et proposa un plan de sauvetage à la Marshall. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas suffisant. Le mal y est plus profond.
En effet, dans cette seconde partie, je m’inspire d’une réflexion d’un génie de la pensée, Albert Einstein : « Nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes avec la même pensée que nous avons utilisée lorsque nous les avons créés. » J’ajouterai que nous ne pouvons pas régler les problèmes avec les mêmes personnes qui les ont créées. Seule une nouvelle pensée sénégalaise, avec une nouvelle génération à sa tête, peut accompagner le changement. Cette nouvelle pensée a pointé le bout de son nez, début mars 2021, elle qui couvait depuis longtemps en son sein une rébellion intérieure. C’est une pensée révolutionnaire (au sens noble du terme) dont je veux parler, celle qui émerge lentement, mais inexorablement, partout en Afrique : une pensée de la rupture, dans l’unité (sans guerre civile) ; une pensée libérée des génies du mal en lien avec le néo-colonialisme ; une pensée génératrice d’une nouvelle société démocratique.
La pensée dénonciatrice, portée par les manifestants de mars 2021, contre les atteintes à la démocratie sénégalaise, est incomplète. Il faut aller plus loin que la simple posture détractrice. Je lance le défi aux universitaires de l’UCAD et de Gaston Berger d’inciter leurs étudiants en thèse à aborder la problématique autour d’une nouvelle pensée politique sénégalaise. Encouragez de nouvelles vocations ! Faites éclore de nouveaux Cheikh Anta Diop qui proposeront des pistes pour la refondation d’un système politique ! Il faut bien reconnaître que si le Sénégal compte d’imminents constitutionnalistes, où sont, à l’exception de Felwine Sarr, les penseurs politiques africains à l’image (pour la civilisation européenne) de Thomas Hobbes, Jean-Jacques Rousseau, John Locke, Platon ?
N’est-il pas temps d’entrevoir une autre idée politique au Sénégal ? Le système semi-présidentiel à la française (avec quelques ajustements, en particulier sur la mission du Premier ministre sénégalais lorsqu’il existait), a perdu sa raison d’être face aux aspirations démocratiques des jeunes sénégalais. Le rétablissement d’un vrai régime parlementaire est à l’ordre du jour : l’Assemblée nationale (rebaptisée « Haute Assemblée du Sénégal ») deviendrait un lieu de régulation de la palabre populaire. Aujourd’hui, c’est une simple chambre d’enregistrement composée de godillots. L’interdiction de la transhumance ou de la création d’un nouveau groupe parlementaire, pendant la législature, accorderait une stabilité qui faisait défaut aux IIIe et IVe Républiques de la France. Le Premier ministre ne serait pas rétabli dans ses fonctions (pour éviter l’institution d’un homme fort). C’est le président de la « Haute Assemblée du Sénégal » qui serait le premier personnage politique du pays, avec le président de la République. Les ministres seraient tous issus du rang des députés (et du groupe majoritaire), et ne concentreraient que des pouvoirs d’exécution de lois. Ils rendraient compte à la « Haute Assemblée » selon des modalités nouvelles. Des règles strictes au principe de renouvelabilité seraient promulguées à leur égard. Le président de la République, élu au suffrage universel indirect, pour une durée de 6 ans (même durée que les députés) jouerait les fonctions « royales » (en référence aux royaumes africains) de la stabilité : impartial, il garantirait l’unité du Sénégal.
La Constitution et le Conseil constitutionnel porteraient de nouveaux noms. Le Conseil des Sages (en lieu et place du Conseil constitutionnel) élargirait ses compétences et ses membres. Devant l’importance sociale des confréries, il conviendrait de leur assurer une représentation institutionnelle au sein de ce nouveau conseil qui, de fait, ne se limiterait plus aux seules compétences juridictionnelles. Il aurait aussi en charge l’élaboration du fichier électoral (et sa gestion périodique), la tenue des élections, la gestion des conflits politiques, le respect de la laïcité à la sénégalaise, etc. Ce conseil des Sages serait un organe élu par le peuple en vue d’une indépendance totale.
Peut-être serait-il judicieux d’éliminer le « Conseil économique et social » (trop calqué sur la France) pour le remplacer par un Conseil des jeunes. Ce dernier compterait en son sein des Sénégalais élus avec une limite d’âge de 35 ans. L’avis de ce Conseil serait obligatoire pour toutes les questions en relation avec la jeunesse. Le Conseil bénéficierait aussi d’un budget ad hoc pour mener des actions prioritaires en direction des jeunes (sport, éducation, emploi…). Toutes les agences de l’État traitant de la jeunesse lui seraient rattachées. Le ministère de la Jeunesse serait supprimé en vue d’éviter les doublons inutiles et dispendieux.
Il faudrait aussi envisager la création d’un conseil de l’Éthique chargé exclusivement de la lutte contre la corruption et de la moralité politique. Ce Conseil serait à la fois une juridiction (l’équivalent d’un parquet indépendant à l’américaine) et un organe politique. Sur cette dernière compétence, ce Conseil concentrerait tous les corps intermédiaires de l’administration en charge du contrôle du politique. Les sommes recouvrées seraient exclusivement destinées au financement du secteur de la santé et de l’éducation. Ce Conseil serait totalement indépendant en vue de faire reculer la corruption au Sénégal. On ne peut pas vouloir se réorienter vers une économie de vie (coûteuse) si la corruption se maintient à un niveau élevé après la Covid-19. Après dépôt et contrôle de leur déclaration de patrimoine, les ministres jureront, sur le Coran (pour les musulmans), sur la Bible (pour les catholiques), sur la Charte fondamentale (pour les athées) qu’ils respecteront une charte de moralité. Il s’agirait d’une cérémonie officielle, retransmise sur la RTS.
Les conseils des Sages, des Jeunes et de l’Éthique ne peuvent réussir leurs missions qu’à la seule condition d’être indépendants. La manière d’y parvenir est de mettre en place une élection de leurs membres par le peuple (élection directe) et/ou par l’Assemblée nationale (élection indirecte). Afin de diminuer le coût de l’élection directe, il faudrait l’accoupler avec l’élection législative. Une telle rationalisation électorale connaît un réel succès aux États-Unis d’Amérique, plus grande démocratie au monde où les shérifs et les procureurs, entre autres, sont élus.
Le Palais de la République de Roume serait transformé en musée de l’Histoire coloniale. Le building administratif accueillerait le Conseil des Jeunes, nouvellement élu en 2024. Sur la Place du souvenir africain serait apposée une plaque commémorative avec tous les noms des jeunes tués lors des manifestations de mai 68, 2011 et 2021.
Toutes ces réformes ont pour seul objectif le respect de la volonté du peuple et le respect de l’intérêt général. La Covid-19 si elle devait ressurgir, ne produirait alors pas les mêmes conséquences grâce aux filets de protection politique en faveur de la population sénégalaise.
- Pour une pensée libre et indépendante de la jeunesse -
Jeunesse africaine, je ne saurais trop vous recommander de lire le discours de Félix Eboué « Jouer le jeu ». Je vous en fais la promotion, car il est intemporel et doit être perçu comme un guide pour réussir votre jeunesse.
« À cette jeunesse que l’on sent inquiète, si incertaine devant les misères de ces temps qui sont les misères de tous les temps ; à cette jeunesse, devant les soucis matériels à conjuguer, à cette jeunesse dont on veut de part et d’autre, exploiter les inquiétudes pour l’embrigader ; à cette jeunesse qui me fait penser à ce mot de GUYAU : « pour connaître et juger la vie, il n’est pas besoin d’avoir beaucoup vécu, il suffit d’avoir beaucoup souffert » ; à cette jeunesse, généreuse et spontanée, n’ai-je pas le devoir, me tournant vers elle, de l’adjurer à mon tour de rester indépendante. »
Ce discours a été prononcé deux ans avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. La préoccupation de cet afro-descendant est bien l’indépendance de la jeunesse dans un contexte d’incertitude et de manipulation mentale. La Covid-19 nous plongera vers des lendemains aléatoires. Des guerres civiles ou guerres entre États menacent déjà d’éclater. Comme à chaque époque d’incertitudes, les idées haineuses ambitionnent d’encadrer la « populace » (Victor Hugo conseillait d’aimer le peuple et non la populace). D’où votre importance ! Reconstruire ou construire un nouveau monde, au plus vite, est votre défi, à vous, jeunesse africaine. La nature, dit-on, a horreur du vide ! N’attendez donc guère plus longtemps ! La page blanche vous paraît une épreuve insurmontable, et pourtant vous en avez les moyens. Votre pensée est unique. Vous êtes capables de vous hisser au niveau de Cheikh Anta Diop (lui ne craignit pas de contester la pensée dominante), au niveau de ces inventeurs et défenseurs de génie des civilisations africaines.
Bref, avec la pensée, tout est possible. À vos pensées, chers jeunes étudiants ! La pensée et l’action révolutionnaires ne sont pas un danger pour l’Afrique. Je vous ai démontré que c’était au contraire une condition sine qua non pour la libération du continent. N’écoutez pas les oiseaux de mauvais augure qui défendent leurs acquis ! Ils ne vous encourageront jamais dans votre phase d’indépendance, cela représente un danger pour eux (voir mon édito : « Les intouchables dans l’affaire Sonko »). Évidemment, une nouvelle pensée risque de fragiliser leur stabilité, leurs institutions, car il est question de remettre en cause ces dernières. C’est la stabilité des « Rois fainéants » qui tue : combien de jeunes sont morts sur les pirogues-tueuses au large des côtes africaines et européennes ? À qui la faute ? Combien de femmes sont mortes lors des accouchements ? À qui la faute ? Ce sont les répressions par les « Rois fainéants » des manifestations qui tuent, comme en 1962, 1968, 2011 et 2021.
Très souvent, je suis interpellé pour savoir pourquoi j’écris autant sur le Sénégal et son indépendance. Au-delà des liens familiaux qui me rattachent à ce pays, je me retrouve plus que jamais dans le destin de ce continent. Comme toute personne, nous sommes appelés à construire notre indépendance (penser et agir par soi-même) dans le cheminement de nos vies. Comme toute personne, nous butons parfois, trébuchons et manquons la marche de l’indépendance. Comme toute personne, nous éprouvons un ressentiment de marginalisation lorsque notre pensée est différente et rejetée.
Je me suis inscrit dans la clairvoyance de Léon Blum : « L’homme libre est celui qui n’a pas peur d’aller jusqu’au bout de sa pensée. » Il m’est arrivé de me tromper, c’est le propre d’une pensée libre ; il m’est arrivé de ne pas être toujours d’accord avec ma propre pensée (a posteriori), c’est le propre d’une pensée indépendante.
L’essentiel est de croire en vous, en votre pensée, quoi qu’il vous en coûte. Vous perdrez de faux amis au nom de votre pensée sincère. Vous connaîtrez les geôles à cause de votre pensée intrépide. Avec l’Afrique, j’ai connu toutes ces péripéties. Je ne regrette pas un seul instant mon destin africain. Grâce à l’Afrique, j’ai pu découvrir d’autres pensées. Et surtout, j’ai été accueilli avec tolérance pour faire valoir ma pensée. Nul n’est prophète dans son pays, a pris tout son sens.
J’ai dit non, face à la forfaiture de la pensée unique et malhonnête de certains leaders politiques. Je me suis « révolté » dès lors qu’ils vous maintiennent dans un statut précaire, car, pour eux, la voiture (matérialisme) a plus d’importance que le capital humain. Je me suis exclu de leur cercle, perdant la perspective d’un avenir plus radieux. La pensée honnête ne se mélange pas avec les personnes dépourvues de respect et de dignité de la pensée. « Le courage vient de la pensée », proclamait Bonaparte Napoléon. Il faut en avoir lorsque vous évoluez dans le milieu politique en général et africain en particulier. Cela ne doit aucunement vous faire renoncer à vos ambitions de changement. Bien au contraire !
En cette période trouble de la Covid-19, une pensée d’espérance peut entretenir la flamme de l’humanité si vous gardez à l’esprit les mots suivants de Vaclav Havel : « La sauvegarde de notre monde humain n’est nulle part ailleurs que dans le cœur humain, la pensée humaine, la responsabilité humaine. »
Votre pensée vous permettra de vous relever et par conséquent de rester debout malgré toutes les humiliations, et les petits ingrats que vous rencontrerez sur votre route. Votre pensée aura un destin à condition qu’elle reste toujours honnête et digne. Ne transigez jamais sur ce point-là ! Pensez à ce que l’univers retiendra de vous ! Seule votre pensée restera éternelle. Les « Rois fainéants » ne travailleront pas à votre place. Bonne chance alors dans votre quête d’une nouvelle pensée politique africaine !
En illustration de ce texte, un projet d’organigramme portant sur des nouvelles institutions sénégalaises post Covid-19.
Emmanuel Nabiyou Desfourneaux est directeur général de l’Institut Afro-européen, éditorialiste à SenePlus, politologue et ancien Conseiller en droits de l’homme à la présidence du Sénégal.
LAURENT GBAGBO EST RENTRÉ EN CÔTE D'IVOIRE DANS UNE ATMOSPHÈRE TENDUE
C'est son acquittement définitif le 31 mars qui a rendu possible ce retour, de même que le feu vert donné par son rival, le président Alassane Ouattara, au nom de la "réconciliation nationale"
C'est son acquittement définitif le 31 mars qui a rendu possible ce retour, de même que le feu vert donné par son rival, le président Alassane Ouattara, au nom de la "réconciliation nationale".
M. Gbagbo a été acclamé à sa descente d'avion par des centaines de personnes, celles qui avaient pu avoir accès à l'aéroport, ses proches, les responsables de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI) et le personnel de l'aéroport et de compagnies aériennes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Mais peu avant l'atterrissage vers 16H30 (GMT et locales), ces mêmes journalistes ont entendu des tirs et vu des fumées de gaz lacrymogènes, tout près de l'aéroport.
Depuis jeudi matin, la police disperse avec du gaz lacrymogène tous ceux qui tentent de se rassembler près de l'aéroport, situé dans le quartier de Port-Bouët où, selon des témoins, des échauffourées ont opposé les forces de l'ordre à des partisans de M. Gbagbo.
Les manifestants repoussés ne cachaient pas leur colère de voir les accès à l'aéroport bloqués, sauf pour les voyageurs devant prendre un avion et les journalistes accrédités.
- Populaire "sans triomphalisme" -
Avant son départ de Bruxelles, son avocate Habiba Touré qui a voyagé avec lui a déclaré à l'AFP qu'il était "content, enthousiaste et veut jouer sa partition pour essayer de réconcilier les Ivoiriens.Il a besoin de parler à son peuple".
Laurent Gbagbo, 76 ans, vivait à Bruxelles depuis son acquittement par la CPI en janvier 2019, confirmé en appel le 31 mars 2021.
A son ancien QG de campagne pour l'élection présidentielle de 2010, au quartier d'Attoban où il doit se rendre, des centaines de personnes étaient rassemblées, a constaté un journaliste de l'AFP.
Entre l'aéroport, situé dans le Sud d'Abidjan, et Attoban dans le Nord, son cortège traversera plusieurs quartiers où la foule devrait tenter de se masser pour l'acclamer.
Les rassemblements le long du cortège n'ont pas été interdits par le gouvernement, mais le ministre de la Communication Amadou Coulibaly a affirmé à l'AFP avoir appris l'itinéraire "par la presse".
Il a qualifié les tentatives des partisans de M. Gbagbo de rejoindre l'aéroport de "troubles à l'ordre public", car je "n'ai pas entendu d'appel à aller l'accueillir". "Il n'y a pas d'abus dans le maintien de l'ordre", a-t-il affirmé.
"Nous sommes surpris par cette réaction injustifiée", a déclaré à l'AFP Justin Katinan Koné, porte-parole de Laurent Gbagbo, affirmant que des "arrestations ont eu lieu" et que des cars de partisans de l'ex-président venus de province ont été "bloqués à l'entrée d'Abidjan".
L'ampleur de l'accueil de l'ex-président a été au coeur des récentes négociations entre le pouvoir et le FPI: le premier souhaitant qu'il soit sans "triomphalisme", le second qu'il soit populaire en permettant au plus grand nombre de ses partisans d'être présents dans les rues d'Abidjan. L'enjeu était la sécurité de M. Gbagbo lui-même mais aussi d'éviter tout débordement ou violence.
- "Se retrouver" -
A Yopougon, quartier populaire d'Abidjan considéré comme pro-Gbagbo on attend son retour avec impatience, mais "on veut le voir pour le croire", dit habitant du quartier portant un maillot sur lequel est écrit: "Gbagbo acquitté, merci Seigneur".
A l'opposé, ses adversaires estiment toujours qu'il a précipité son pays dans le chaos en refusant sa défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010.Ce refus a provoqué une grave crise post-électorale, pendant laquelle quelque 3.000 personnes ont été tuées.
M. Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, avait été arrêté en avril 2011 à Abidjan puis transféré à la CPI à La Haye.
Ses proches assurent qu'il rentre sans esprit de vengeance mais pour oeuvrer à la politique de "réconciliation nationale".
La Côte d'Ivoire est encore meurtrie par deux décennies de violences politico-ethniques, les dernières remontant à la dernière présidentielle, en 2020, qui ont fait une centaine de morts.
Alassane Ouattara a été réélu pour un 3e mandat controversé lors d'un scrutin boycotté par l'opposition qui jugeait ce nouveau mandat anticonstitutionnel.
La Côte d'Ivoire "doit se retrouver", estime Assoa Adou, secrétaire général du FPI, car "elle est aujourd'hui en danger de déstabilisation par des jihadistes" après des attaques contre l'armée qui ont récemment tué quatre militaires dans le Nord, à la frontière avec le Burkina Faso.
Laurent Gbagbo reste sous le coup d'une condamnation en Côte d'Ivoire à 20 ans de prison pour le "braquage" de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pendant la crise de 2010-2011, mais le gouvernement a laissé entendre qu'elle serait abandonnée.
BOUBACAR BORIS DIOP EN LICE POUR LE NEUSTADT
Le journaliste et écrivain sénégalais est nominé aux côtés de neuf autres auteurs pour ce prix littéraire américain parrainé par l’université d’Oklahoma et la revue littéraire World Literature Today, grâce à son œuvre Murambi : "Le livre des ossements"
Le journaliste et écrivain sénégalais est nominé pour ce prix littéraire américain parrainé par l’université d’Oklahoma et la revue littéraire World Literature Today grâce à son œuvre Murambi : Le livre des ossements.
World Literature Today, le magazine primé de littérature et de culture de l'Université de l'Oklahoma, a annoncé les finalistes du Prix international de littérature Neustadt 2022. Ce prix prestigieux récompense des contributions importantes à la littérature mondiale.
Au nombre des 10 nominés figure le Sénégalais Boubacar Boris Diop, écrivain, auteur de plusieurs œuvres dont des romans, des essais et des pièces de théâtre. Le lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire pour l’ensemble de son œuvre en 2000, est également journaliste et enseignant.
La liste des autres nominés comprend : le Ghanéen Kwame Dawes, le Français Jean-Pierre Balpe, la Grecque Michális Ganás, la Russe Ludmilla Petrushevskaya, la Mexicaine Cristina Rivera Garza, la Cubaine Reina María Rodríguez, les Américaines Natalie Diaz, Micheline Aharonian Marcom et Naomi Shihab Nye.
Le jury de Neustadt annoncera le gagnant le 26 octobre prochain lors d’une cérémonie qui devrait également rendre hommage à Cynthia Leitich Smith (Muscogee), lauréate du prix NSK Neustadt 2021 pour la littérature pour enfants.
L’heureux élu de ce prix remporté en 2020 par l'écrivain albanais Ismaïl Kadare, est récompensé d’une enveloppe de 50 000 dollars.
par emmanuel desfourneaux
LES ROIS FAINÉANTS DE LA GÉNÉRATION DU COVID
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - L’idée politique est morte au Sénégal. Macky et Macron ont construit des alliances sans assise doctrinale. Mais les idéologies demeurent : le Covid est une crise idéologique, politique et géopolitique (1/2)
#SilenceDuTemps - L’année 2020 restera un millésime inédit dans l’histoire humaine. La pandémie Covid-19 a été affublée d’un surnom angoissant de « Grand confinement » (« Great Lockdown »). La presque totalité de nos libertés a été encellulée, dont la plus élémentaire d’entre elles : la liberté d’aller et venir. Lorsque nous acquîmes le droit de sortir hors couvre-feu, celui-ci fut conditionné par un laissez-passer et/ou par un obstructeur nasal et buccal. Que restera-t-il de nos libertés dans nos démocraties libérales post Covid-19 ? Trop tôt pour en faire le bilan, mais, pareillement en temps de guerre, au moins celle de penser semble demeurer intacte, car elle est consubstantielle à l’homme, son étouffement est insensé : « La pensée est plus qu’un droit, c’est le souffle même de l’homme. » (Victor Hugo).
Et si le Covid-19 était un avertissement de l’univers adressé aux humains ? Avons-nous négligé la métaphore de Blaise Pascal ? Le roseau pensant a été fragilisé par de simples gouttelettes, transmises par la voie interhumaine. Il n’en fallut pas plus pour dérégler l’horloge quotidienne de nos libertés. L’univers, à travers le Covid-19, a repris l’avantage sur nous, car nous avons oublié de faire de la science et de l’humanisme. Jean-Paul Sartre en faisait le reproche au moment où l’Europe, entraînant le monde derrière elle, se préparait à basculer dans l’obscurantisme en 1939. L’univers, depuis mars 2020, a eu un avantage certain sur nous, car nous avons oublié que notre dignité consistait dans la pensée.
- Remuons nos méninges -
Le code Xel-19 Sénégal-Africa est bien un code (cri) de guerre. Ian Fleming aurait pu en faire un titre d’un épisode de James Bond. Dans ma présente contribution, c’est une proclamation à se creuser nos méninges : Dieufeu ndikol sa xel ! C’est en effet prendre conscience que si nous subissons à bien des égards cette crise sanitaire sans précédent, notre pensée reste la meilleure arme pour faire face aux défis soulevés par le Covid-19, ceux d’aujourd’hui et ceux de demain. Nous devons nous réapproprier nos cerveaux que nous avons tant laissés en jachère ces dernières décennies à cause de notre candeur en notre génie humain, et de l’attitude démissionnaire des politiques envers les oligarques financiers, multinationales et institutions financières comprises.
Après le coup de massue du confinement, l’espoir d’un nouveau Sénégal renaissait : cela se reflétait dans mes éditos sur SenePlus d’avril et de juin 2020. On refaisait le monde ! Mais la politique politicienne a repris le dessus sur la pensée.
Norbert N. Ouendji soutient que l’Afrique n’a guère le temps de penser. Ce continent se limiterait au périmètre réduit et inactif de la survie et du suivisme. Et pourtant, « seules la créativité et l’imagination peuvent sauver l’Afrique », selon la prophétie de Me Abdoualye Wade. C’est le devoir de la génération Xel-19 (en référence au Covid-19) : elle porte le lourd fardeau de revitaliser une pensée neuve pour l’envol du continent africain. Ce challenge, exaltant, ne peut être accompli que par la jeunesse africaine sur les pas de leurs aînés, comme Frantz Fanon (Pour la révolution africaine).
- La pensée politique sénégalaise est aliénée -
Les émeutes de mars 2021 au Sénégal ne sont que les prémices d’une Afrique sur le chemin de la libération mentale : Je pense, donc je suis.
À ce jour, la pensée politique sénégalaise est aliénée. C’est toute ma démarche présentement : reprendre la maîtrise de sa pensée, fort de la crise du Covid-19. Xalatal ak sa xel ! Dans ma série éditoriale (« Histoire gagnante-gagnante »), j’insistais déjà sur cette prise de conscience psychanalytique, indissociable de la Renaissance africaine.
Avertissement aux lecteurs : Dans cet article, je ne me préoccupe que de la pensée politique sénégalaise dont je prétends qu’elle a été largement influencée par l’extérieur. Me Abdoulaye Wade l’a écrit dans son ouvrage « Un destin pour l’Afrique » : « Il n’est pas possible d’occulter les questions d’idéologie et de doctrine (donc de pensée politique) qui sont le ressort de toute action (humaine), surtout si l’on constate que les Africains pensent généralement qu’il n’existe en Afrique ni idéologie ni doctrine susceptible de sous-tendre notre développement et que, par conséquent, ils vont les chercher ailleurs. » La conséquence ? Un système politique amorphe pour trouver des solutions de sortie de crise du Covid-19.
Même si, après la conclusion du présent article, je vous propose un projet d’organigramme portant sur des nouvelles institutions sénégalaises post Covid-19 (à voir en illustration de la seconde partie), il convient de ne pas se méprendre sur ma démarche : j’invite les jeunes sénégalais à développer, à leur tour, leur propre pensée, à ne pas s’inspirer de l’extérieur, mais à explorer leur for intérieur (histoire, culture…) pour refonder une pensée politique africaine, innovante et inspirante.
PREMIÈRE PARTIE
Mars 2020, semblable aux troupes obéissantes à leur chef de guerre, nous avons reçu l’ordre de mise en cantonnement dans nos quartiers. Seul, enfermé entre quatre planches et confronté au silence du temps, le ciel m’était tombé sur la tête. Épreuve d’autant plus redoutable pour celui qui même seulement quelques jours, connut les affres de l’embastillement, bien avant celui d’Idy, de Karim et de Khalifa ! Des images, en pagaille, ressurgissaient des profondeurs mémorielles : la cave, l’impassibilité d’une procureure aux ordres de là-haut, la fourgonnette au grillage, la chambre 2 (comme si nous étions dans un hôtel !), la mixité avec des tueurs de nonnes (sous bonne garde !), les tortures de toutes sortes, le bruit d’un essaim d’abeilles assourdissant à l’heure du parloir, la génuflexion dans un box des accusés débordé, la désolation des juges, l’invite d’un beau-frère à trouver un autre toubab, la mise à mort par un décret Sall (au sens propre et figuré du terme !), la petite corruption pour une sortie provisoire d’une cage Zoo du commissariat central, les prostituées « respectueuses » jetées en pâture dans des cachots, la séparation inhumaine avec un nouveau-né, les petites trahisons à la sénégalaise, et ce satané silence des droits de la défense dans l’intérêt d’une famille gouvernante…
Et puis, mes capacités cérébrales reprirent le dessus sur l’émotivité du Covid-19. J’enchaînai des éditoriaux dans l’espoir d’une nouvelle donne politique au Sénégal : « Pour un nouvel ordre politique sénégalais » et « Pour un gouvernement d’union nationale ». J’encourageai le leader du PDS, Karim Wade, à faire un pas, en ces temps difficiles, vers Macky Sall ; il le fit dans l’intérêt général du Sénégal malgré une grande et compréhensible rancœur. Le locataire du Palais de Roume reçut les chefs des partis. Un plan socio-économique d’une ampleur inédite vit le jour, aussi ambitieux que celui d’un pays riche. La Covid-19 avait ramené les hommes politiques à la raison et à la fraternité. Des discours, très prometteurs, prirent la mesure de la gravité planétaire, à l’exemple de « Revenons sur terre ! » de Macky Sall.
Malheureusement, au Sénégal, quelques mois après l’euphorie du monde d’après, la montagne-remaniement accoucha d’une souris-entriste ; les arrestations arbitraires reprirent leur vitesse de croisière (l’amour de son prochain, ressuscité par le Covid-19, s’est très vite éclipsé) ; les amis des amis du grand vizir, lui-même beau-frère du président, se partagèrent les marchés juteux du fonds d’urgence Covid-19 ; la pause-café-photo de Macky Sall devant l’entassement à perte de vue de sacs de riz importés et entreposés comme un trophée de guerre fit comprendre que l’autosuffisance alimentaire était un rêve pieux ; les promesses électorales s’empilèrent sur la pile des précédentes poussiéreuses (pour les jeunes) ; les martyrs pour la démocratie de mars 2021, rebelote de 1968 et 2011, tombèrent le drapeau sénégalais à la main, sans reconnaissance ; le sifflement des oreilles des Sénégalais sur le troisième mandat repartit comme en quarante ; les ciseaux de l’exécutif redécoupèrent Dakar, selon une technique de façonnage électoraliste, quelques mois avant les élections locales. Et la CEDEAO fut encore assimilée à un « machin » par les autorités sénégalaises dans le cadre de la condamnation de la loi sur le parrainage.
L’histoire de l’humanité a auparavant connu un genre d’hommes de pouvoirs : les « Rois fainéants ». Durant trois siècles, ils régnèrent, en France, en somnolant. L’emploi fictif parfait ! Grassouillets, ils avaient pris coutume, en guise de couronnement, de traverser leur royaume, confortablement affalés sur des chars à bœufs. Cette scène des « Rois fainéants » m’a donné une lecture politique de la récente affaire des voitures du Parti Démocratique Sénégalais (PDS). Laquelle nous conduira à la constatation du couronnement de la matière sur la pensée pour les « Rois fainéants ».
L’arrivée de ces tout-terrains 8x8, à Dakar, en début d’année 2021, correspondait à la vente des cartes des membres du PDS. Les voitures en question, rutilant aux côtés des charrettes tirées par des chevaux frêles, traversant certaines localités sans écoles ou presque, se parquant sans gêne auprès des enfants de la rue, valent, au minimum, à l'unité 40.000 euros, soit 26 206 800 FCFA. Si vous en ajoutez 16, le prix grimpe à 640.000 euros, soit 419 308 800 FCFA, sans compter les frais de transport et les taxes de dédouanement. Après l'éclatement de l'affaire, le PDS a apporté un démenti sur la date d'arrivée des véhicules en question, mais non sur leur nombre. Cela ne change rien d'ailleurs à l'analyse, nous pourrions aussi prolonger la réflexion sur l'acquisition du tout nouvel avion présidentiel.
- L'affaire des voitures, c'est loin d'être anecdotique –
Karim Wade, en réalité, a payé l’allégeance des fédérations du PDS en vue de la conquête du poste de Secrétaire général : on rejoue la note du clientélisme au titre du pouvoir. Les fédérations étaient jusqu'alors exsangues, celles-ci ont même appris le don de kits-tests de Karim Wade par la presse. Elles s’en plaignaient. Les voilà désormais au volant d'une Vroum ! Vroum ! Vroum ! De quoi oublier leur rancœur et de quoi promettre à vie leur fidélité au nouveau maître : Karim ! Karim ! Karim ! Le fils de l’ancien président, avec ses voitures tapageuses et pétaradantes, a imité les « Rois fainéants ». Tout comme eux, et le rituel de chars à bœufs, il a pris possession des fédérations, l’équivalent des territoires pour les Rois, par un don matériel. Et ce au détriment de la pensée, des idées politiques, d’un nouveau programme et d’une nouvelle vision politique. C’est le cadet de ses soucis en dépit de sa charge dans le nouveau secrétariat national du PDS (Élaboration des stratégies politiques) !
Cela renseigne ô combien sur l’état des partis politiques sénégalais en général. Lors de l’élection présidentielle de 2019, c’était à celui qui avait le convoi de 4x4 le plus ébouriffant. À ce jeu-là, Macky Sall s’était imposé. L’acquisition des voitures par les partis, leurs signes extérieurs de richesse et donc de leur pouvoir (avec leur siège pédantesque, à l’exemple de celui de l’APR grâce à ses généreux donateurs), se fait souvent au détriment de la gestion et rémunération de leurs propres ressources humaines. Les collaborateurs de ces leaders sont rarement ou mal payés. J’ai recueilli de nombreux témoignages en ce sens. À la présidence du Sénégal se produit le même phénomène, j’en sais quelque chose. Pourquoi donc ? Car le talent humain compte peu, il est possible d’en trouver pêle-mêle. C’est du menu fretin ! Cela nous renseigne ô combien sur l’absence de dignité de la pensée, perçue comme secondaire. Il n’y a plus de visionnaire au Sénégal : l’idée politique y est morte. La pensée senghorienne et wadiste fait partie du passé.
Le PDS n’est pas le seul parti à blâmer ; tous les partis politiques ou presque aiment les belles autos : Thomas Sankara et sa légendaire Renault 5 sont à ranger définitivement dans les garages-archives ! Les gouvernants, durant la période du Covid-19, ont mis à nu leur fainéantise. Le monde a raté son premier coup d’essai vers une nouvelle société post-Covid-19 : à savoir plus inclusive et plus humaniste. À la question du philosophe Edgar Morin, j’ai bien peur de lui répondre que, pour l’instant, aucune pensée politique indiquant une nouvelle voie n’est sortie de cette méga-crise. Pouvions-nous attendre mieux du président Macky Sall et de nos politiques en général ? A posteriori, il fallait être bien naïf pour croire que cette génération des « Rois fainéants » était apte à nous engager vers une nouvelle ère de prospérité humaine tant ils ont pêché par leur déficience d’idées, par leur appétence pour le pouvoir personnel et par leur absence d’éthique.
De surcroît, cette génération de « Rois fainéants » a été la source de nos malheurs consécutifs au Covid-19 : avant mars 2020, ils avaient classé la santé comme secteur non rentable. En plein Covid-19, à l’hôpital de Fann, une responsable d’un service a dû financer de sa propre poche une pompe à eau pour en disposer d’une. Aujourd’hui, au motif de préserver notre droit à la vie, nos libertés sont maltraitées.
Pour les « Rois fainéants » africains (on pourrait l’élargir aux autres continents), l’idéologie est passéiste. Au nom du pragmatisme Salliste et Macronien, du nom des deux présidents qui ont chamboulé le paysage politique de leurs pays respectifs, d’aucuns ont cru à la disparition des idées politiques. C’est faux, archi-faux. Les présidents français et sénégalais ont construit des alliances opportunistes, une armée mexicaine sans assise territoriale (et doctrinale). Mais les idéologies demeurent : le Covid-19 est, à n’en pas douter, une crise idéologique, politique et géopolitique.
- De la valorisation du capital humain -
La crise du Covid-19, c’est avant toute chose celle des « Rois fainéants ». Ils n’ont pas été capables de se pencher sur les questions fondamentales. Telles que la place de l’homme africain dans l’univers (entendu dans le sens environnemental) ; la valorisation du capital humain (richesse extraordinaire de l’Afrique) ; la considération des services publics essentiels de la vie : l’éducation, la santé et la culture. C’est aussi le questionnement de la liberté qui est au cœur de la crise sanitaire. Dès lors, il importe de s’interroger sur les bases d’une nouvelle doctrine libérale africaine axée sur l’épanouissement de l’individu en général et de sa personnalité en particulier. Comment concourir pour que les Sénégalais atteignent chacun dans leur vie de tous les jours une forme d’indépendance ? Me Abdoualye Wade a démontré que le libéralisme dont il s’inspirait est « la doctrine qui a le moins d’emprunts extérieurs » ; la doctrine libérale aurait, selon lui, « des fondements authentiques africains identifiés dans notre pensée (africaine). » Xel-19, c’est la liberté de penser et d’agir par soi-même, en puisant dans le patrimoine de la pensée africaine et en la refondant chaque fois que nécessaire.
Les « Rois fainéants » ne gouvernent plus ce monde, comme naguère lorsque le vrai pouvoir était exercé par les maires du palais. Les « Rois fainéants », en Afrique, se font rédiger leur constitution par des juristes étrangers. Ces lois fondamentales sont d’inspiration occidentale, et très souvent inadaptées aux réalités sociopolitiques. C’est le complexe du « Roi fainéant » de croire que tout ce qui vient de l’extérieur serait meilleur ! Le « Roi fainéant » n’innove pas, n’imprime aucun rythme, il suit, il court derrière, il copie, il réclame, il supplie : les exemples sont nombreux où Paris pense et agit à la place des « Rois fainéants » (voir mon édito : « Le mauvais œil de Dakar »). « La liberté, c’est l’indépendance de la pensée. », déclarait pourtant Épictète. Le Sénégal, à bien des égards, à cause des « Rois fainéants », n’a pas atteint cette fameuse indépendance de la pensée, et tout simplement l’indépendance, à défaut de mettre en œuvre son idée politique.
Cette renonciation à la pensée politique se mesure aussi sur le plan de l’économie alors que l’Afrique a tout pour réussir. L’enjeu de Xel-19, c’est de réaffirmer la primauté du politique sur l’économie. Le Covid-19 nous a fait comprendre que l’économie n’était pas au service des peuples. Les politiques africains doivent reprendre le contrôle de leur pensée, en privilégiant une économie de vie selon Jacques Attali, ou une économie du vivant selon Felwine Sarr (Liye takh nite di ndoundeu). Les facteurs de blocages des États africains ont tous attraits au capital humain - la santé, l’éducation. Dans les années 50 et 60, des améliorations dans la santé ont joué un rôle décisif pour aider l’Asie de l’Est à décoller économiquement.
Au tout début de la pandémie, un texte d’intellectuels africains « Face au Coronavirus, il est temps d’agir » insistait sur le besoin de ruptures dans la gouvernance d’une part et d’une nouvelle idée politique d’Afrique d’autre part. Nous y sommes : rompre avec cette génération de « Rois fainéants », échafauder une politique aux sources d’inspiration endogène, engendrer une gouvernance de confiance (Yor rine bou dal xeli). C’est à cet exercice de pensée neuve à laquelle je m’engage dans ce travail Xel-19 Sénégal-Africa. Je le partage avec vous, acteurs et/ou témoins de la transformation de la vie politique africaine post-Covid-19. Dans la deuxième partie, je m’intéresserai à la refondation de l’État post-colonial et post Covid-19, à celle de la démocratie devant aboutir à la mise en œuvre de nouvelles conditions de stabilité et de liberté, au Sénégal.
Emmanuel Nabiyou Desfourneaux est directeur général de l’Institut Afro-européen, éditorialiste à SenePlus, politologue et ancien Conseiller en droits de l’homme à la présidence du Sénégal.
BOKO HARAM NOMME UN NOUVEAU CHEF
Le groupe jihadiste a confirmé la mort de son leader historique, décédé lors de combats avec le groupe rival l'Iswap, a annoncé Bakura Modu, dit Sahaba, le nouveau chef présumé, dans une vidéo envoyée mercredi à l'AFP
Le groupe nigérian jihadiste Boko Haram a confirmé la mort de son leader historique, mort lors de combats avec le groupe rival Etat islamique en Afrique de l'Ouest, l'Iswap, a annoncé Bakura Modu, dit Sahaba, le nouveau chef présumé, dans une vidéo envoyée mercredi à l'AFP par des sources vérifiées.
Sahaba, important commandant de Boko Haram connu par les experts pour être basé sur le lac Tchad, demande à "Allah de bénir l'âme de Shekau", mort "en martyr" et accuse le chef de l'Iswap, "Abu Musab Al-Barnawi, cet agresseur pervers", de l'avoir tué. Dans son message, prononcé en arabe et qui s'arrête de manière très abrupte au milieu d'une phrase sans raison apparente, celui qui se présente comme le nouveau chef de cette ancienne secte islamique transformée en mouvement jihadiste violent, appelle à se venger contre le groupe rival, qui a fait scission de Boko Haram en 2016.
La semaine dernière, l'Iswap avait annoncé la mort d'Abubakar Shekau, chef historique du groupe depuis la mort du fondateur Mohammed Yusuf en 2009, qui se serait fait exploser pendant des combats entre les deux groupes rivaux dans la forêt de Sambisa, dans le nord-est du Nigeria.Cette annonce venait confirmer de nombreuses rumeurs donnant Shekau pour mort depuis le mois de mai.
L'Iswap, reconnu par le groupe Etat islamique, est né en 2016 d'une scission avec Boko Haram, auquel il reproche notamment des meurtres de civils musulmans. Après être monté en puissance, il est désormais le groupe jihadiste dominant dans le nord-est du Nigeria, multipliant les attaques d'ampleur contre l'armée nigériane.Depuis 2019, l'armée nigériane s'est retirée des villages et bases de petite importance, pour se retrancher dans des "supercamps", une stratégie critiquée car elle permet aux jihadistes de se déplacer sans entraves dans les zones rurales.
Depuis le début de la rébellion du groupe islamiste radical Boko Haram en 2009 dans le nord-est du Nigeria, le conflit a fait près de 36.000 morts et deux millions de déplacés.
Yoro DIA
IMPUISSANCES AFRICAINES
L’Algérie confrontée au jihadisme a développé une volonté de puissance qui lui a permis d’éradiquer militairement le fléau. Alors que le Mali s’est contentée de la volonté d’impuissance qui consiste à faire appel à la France
Si la France est restée une puissance africaine, soixante ans après les indépendances, c’est à cause principalement des impuissances africaines. La France est devenue une «puissance africaine» parce que la quasi-totalité de ses opérations extérieures se déroulent sur le continent et presque exclusivement en Afrique au Sud du Sahara. Le désir d’impuissance des Etats africains est le moteur de la volonté de puissance française en Afrique, qui est devenue son avantage comparatif dans les relations internationales.
L’empire colonial français incluait pourtant une partie de l’Asie, le Moyen Orient et le Maghreb où il n’y a plus d’interventions militaires françaises comme c’est le cas en Afrique noire. A l’exception notoire de l’intervention en Libye, qui a été une guerre privée de Sarkozy et de Bernard-Henri Levy, la France n’intervient pas militairement au Maghreb, ni en Asie comme au Vietnam ou au Cambodge, parce que ces pays ne développent pas une quête d’impuissance comme les Etats d’Afrique noire. Cette quête d’impuissance, incarnée par la schizophrénie permanente et le «complotisme» dans nos relations avec la France.
Quand la France nous oppose notre souveraineté pour ne rien faire, on dénonce l’indifférence, quand elle intervient, souvent à la suite d’appels des Etats, on dénonce l’ingérence et la recolonisation. Bien avant le Mali, l’Algérie a été confrontée au jihadisme terroriste, mais a développé une volonté de puissance qui lui a permis d’éradiquer militairement le fléau, alors que le Mali s’est contentée de la «volonté d’impuissance» qui consiste à faire appel à la France.
Cette quête d’impuissance est aussi présente en Côte d’Ivoire, où les acteurs politiques, incapables de s’entendre sur les règles minimales du jeu politique, ont fait appel à l’ancienne puissance coloniale pour arbitrer un conflit politique et identitaire qui a fait des milliers de morts. La même chose en République centrafricaine où, après 60 ans d’indépendance, on ne peut parler ni de Nation ni d’Etat, encore moins de cohabitation d’ethnies, où ce sont encore les acteurs incapables de régler leurs conflits politiques qui transforment leur pays en champ de confrontation internationale comme l’Espagne pendant la guerre civile. Cette impuissance africaine sévit aussi où Burkina Faso, où l’on se rend compte que la principale mission de l’Armée a toujours été de défendre un régime contre les coups d’Etat et non pas de protéger le pays. Cette fragilité intrinsèque de l’Armée du Burkina fait aujourd’hui la force des jihadistes.
C’est à cause de ces impuissances africaines qu’on donne trop d’importance à la France dans le débat en Afrique et qu’on voit sa main partout, même si les faits prouvent le contraire. Les jeunes Burkinabè ont fait leur révolution et chassé le tyran. Au Sénégal, nous avons élu en 2000 Me Wade que la France de Foccart considérait comme un «aventurier dangereux qui allait plonger le pays dans un saut dans l’inconnu».
Au Mali, le coup d’Etat et «le coup d’Etat dans le coup d’Etat», malgré la présence militaire française, prouve que la France n’est pas le Big brother qu’on croit. En Centrafrique, le jeu d’échec de l’Etat entre la France et la Russie prouve aussi qu’il y a une certaine marge de manœuvre. En Côte d’Ivoire, la France n’a pas pu empêcher Ouattara de se lancer dans l’aventure du 3e mandat. La révolution des jeunes Burkinabè qui ont chassé Compaoré montre que les causes et les rapports de force endogènes l’emportent sur la volonté des puissances coloniales, comme ce fut le cas à la Baule. Ce qui se passe est simple.
Le désir d’impuissance est consubstantiel à la recherche de bouc émissaire, alors que la volonté de puissance exige qu’on prenne ses responsabilités comme l’Algérie avec les jihadistes, ou le Rwanda qui a redéfini ses relations avec le France. De toute façon, qu’ils le veuillent ou pas, les Etats africains vont être obligés de faire face à leurs responsabilités, parce qu’ils n’auront plus de bouc émissaire. La fin de l’opération Barkhane marque la mort du pré carré qui n’existe plus depuis longtemps que dans la tête des Africains. La France a tourné la page du syndrome de Fachoda en organisant la conférence internationale sur le Soudan à Paris, en marge du sommet sur le financement des économies africaines, en se focalisant plus sur le Nigeria, l’Afrique du Sud ou le Kenya que sur la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Gabon.
La volonté de puissance de la France en Afrique est naturelle, parce que cela lui confère des attributs de grande puissance, comme la doctrine de Monroe en Amérique, mais ce qui ne l’est pas, c’est la quête d’impuissance de l’Afrique noire et sa quête permanente de boucs émissaires (France, Cpi, Banque mondiale, colonisation). L’arrivée de Macron et la fin de Barkhane montrent que pour l’Afrique noire, la «France de Papa est morte et ceux qui ne l’auront pas compris mourront avec elle», comme avait dit Gaulle à propos de L’Algérie. Espérons que le Sénégal l’ait compris, parce que pour la France, le Mali est un problème de politique extérieure alors que pour le Sénégal c’est un problème de sécurité nationale, car on ne peut pas déménager ! Et les jihadistes à Bamako et Kayes, ce n’est plus une vue de l’esprit, mais une thèse dans notre stratégie de sécurité nationale.
par Fadel Dia
EN AFRIQUE LE COVID NE TUE PAS QUE DES CORPS
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Les restrictions imposées à nos populations pour lutter contre la pandémie ne vont-elles pas, à la longue, provoquer la levée des derniers remparts qui protégeaient ce qui nous restait d’exception culturelle ?
#SilenceDuTemps - Les pythies du Nord avaient laissé entendre que « le virus chinois », comme l’avait baptisé le fantasque président Trump, ferait des ravages en Afrique. Il allait faire sur notre continent ce que Nicolas Sarkozy avait promis de faire dans la banlieue parisienne : il allait nous passer au karcher ! Jean Marie Le Pen a dû sauter de joie, à faire tomber son œil de verre, lui qui, il y a quelques années, avait placé tous ses espoirs sur « Mgr Ebola » pour « régler en trois mois » une de ses hantises : l’explosion démographique en Afrique qui, selon lui, alimente l’émigration vers l’Europe. Le fondateur du FN avait d’autant plus de motifs d’espérer que cette fois, ce serait la bonne que, contrairement à Ebola, le Covid-19 ne se cantonnerait pas au Golfe de Guinée et dans la cuvette congolaise et surtout, qu’il y avait au moins quatre bonnes raisons pour que le continent africain ne résiste pas à sa marée !
- La santé à géométrie variable -
La première raison est que sa prévention et son traitement allaient exiger des moyens qui n’étaient pas à la portée des chancelantes économies africaines : masques renouvelables, ventilateurs, respirateurs, concentrateurs et unités de production d’oxygène, équipements de protection des personnels de santé, tests, etc. Les budgets des pays du continent, qui pour la plupart ne font pas de la santé une priorité nationale, ne feront pas le poids face au coût exorbitant de ces outils et installations que, par ailleurs, ils ne produisent pas. Force est de reconnaître que ces appréhensions étaient justifiées, du moins si l’on se réfère à l’enquête menée à l’institut marseillais du célèbre professeur Raoult selon laquelle une visite de patient aurait été facturée 1 264 euros (plus de 800.000 CFA), soit 3 800 euros pour les trois rendez-vous nécessaires pour effectuer la consultation, le bilan sanguin et l’électrocardiogramme ! Et encore, on est en France où la sécurité sociale prend en charge 80 % des frais, ce qui n’est le cas dans aucun pays africain…
La deuxième raison pour laquelle, nous disait-on, le continent africain ne pourrait pas échapper au désastre, c’est que pour venir à bout d’un virus aussi inédit et sournois que le Covid-19, il faut de la discipline et un engagement citoyen, deux qualités que l’on ne reconnaît guère aux Africains. Sans compter, ajoutait-on, qu’ils sont encore, pour la plupart, sous l’emprise de l’ignorance et des pouvoirs occultes, et donc hostiles au progrès ! L’accusation était fondée puisqu’on a entendu un « communicateur social » sénégalais affirmer publiquement que la réputation de sainteté de nos guides religieux suffisait, à elle seule, pour nous protéger de la propagation du virus !
La troisième raison invoquée par les experts est que les économies africaines sont primaires, les entreprises africaines sont majoritairement informelles, elles ne sont donc pas adaptées au travail en ligne, qui est l’une des solutions retenues pour faire barrière à l’épidémie. Et d’ailleurs avec quel argent les États et les chefs d’entreprises africains payeraient-ils l’équipement nécessaire à cette délocalisation et le manque à gagner consécutif au confinement ou aux arrêts de travail ?
Enfin, et c’est une quatrième raison, les Africains n’ont aucune chance dans la course aux vaccins puisqu’ ils n’ont ni laboratoires performants ni chercheurs motivés financièrement. Comme dans ce domaine, et dans bien d’autres, le dernier mot revient toujours aux payeurs, ils ne seront servis qu’en dernier lieu, peut-être trop tard, avec les restes laissés par les pays nantis, à condition que ceux-ci mettent fin à leurs propres querelles et aux coups fourrés qu’ils s’échangent. Ici encore le constat est amer puisque, plus d’un an après le déclenchement de la pandémie, le taux de vaccination, qui est de 67% en Israël et dépasse 50% au Royaume-Uni, était à moins de 3% dans tous les pays africains (à l’exception du Maroc) et que certains d’entre eux n’ont même pas encore commencé de véritable campagne de vaccination ! Mais un petit espoir nous viendrait-il de France ? En effet, tout comme le président Sall avait menacé de rétrocéder à la Gambie les vaccins offerts au peuple sénégalais, le président Macron aurait annoncé que la France allait distribuer aux pays africains une partie de ses vaccins … AstraZeneca, ceux dont ses compatriotes ne veulent plus et qui sont déjà proscrits chez certains de leurs voisins. La générosité a tout de même des limites !
Nous ne sommes pas donc au bout du long tunnel du Covid, mais, le malheur étant un grand maître, la pandémie nous a au moins appris que si nous vivons dans le même village planétaire interconnecté, nous vivons aussi dans un monde où l’état sanitaire reste plus que jamais à géométrie variable…
- Nous relèverons-nous culturellement du Covid ? -
Pourtant, tout ne s’est pas déroulé conformément au scénario qui nous avait été annoncé. Que s’est-il donc passé ? Est-ce, pour une fois, notre dynamisme démographique qui nous a sauvés du désastre ? Est-ce nous qui, grâce à nos anticorps, avons su résister au virus ? Est-ce lui qui, considérant qu’à « vaincre sans péril on triomphe sans gloire », a préféré s’attaquer prioritairement aux plus forts ? En tout cas les chiffres sont là et ils sont édifiants. L’Afrique (1,2 milliard d’habitants soit presque le cinquième de la population mondiale) ne compte encore qu’environ 3% des malades et 3% des décès dus au Covid dans le monde, et encore un tiers des cas répertoriés sur le continent vient d’un seul et même pays. Le virus a fait cinq fois plus de morts sur le territoire des États-Unis que sur l’ensemble de l’Afrique, pourtant quatre fois plus peuplée ! On nous objectera que nos chiffres manquent de fiabilité, ce qui est souvent vrai. Mais si la maladie avait pris des proportions comparables à celles qui ont été observées en Inde ou au Brésil, qui ne sont pas non plus des modèles en matière de statistiques médicales, cela se saurait et se verrait par les médias.
Mais ce seul constat statistique ne nous autorise pas à pavoiser et nous savons que nous ne sortirons pas indemnes de cette pandémie. Car si dans les démocraties du Nord les mesures prises pour limiter sa propagation ont alimenté un vif débat sur la restriction des libertés individuelles qu’elles impliquent, provisoire, mais insupportable déjà pour certains, chez nous il y a une autre source d’inquiétude. Les contraintes et restrictions imposées à nos populations pour lutter contre la pandémie ne vont-elles pas, à la longue, créer de nouvelles habitudes, provoquer la levée, sans doute définitive, des derniers remparts qui protégeaient ce qui nous restait d’exception culturelle ? La pandémie a certes tué, relativement, peu de personnes en Afrique, mais elle est en train de ruiner les fondements mêmes de notre mode de vie séculaire. Les seules armes qui étaient à notre disposition pour la combattre étaient des armes uniquement préventives qui nous imposent des usages qui blessent notre commun vouloir de vie commune, tout particulièrement dans nos vieilles sociétés soudano-sahéliennes.
Il y a d’abord ce masque qui est la barrière privilégiée dans la lutte contre la contagion, ce morceau d’étoffe qui cache ce que nous montrons avec le plus de plaisir, notre sourire, et qui ne s’accorde ni à nos costumes ni à notre climat. Ce n’est pas que nos sociétés aient ignoré son usage, mais dans nos traditions ancestrales, un masque ne se portait jamais seul, il va avec sa tenue. Et puis, qu’il soit en bois, en tissu ou en cuir, il n’est pas seulement un objet fait pour l’œil et que l’on adapte à son goût, c’est un instrument idéologique, une œuvre vivante ! Le masque anti-Covid ne parle pas à notre culture, et il n’est donc pas étonnant que son port soit ignoré, voire raillé, dans nos campagnes ou à l’intérieur de nos foyers, et que dans les villes on le porte comme un bavoir.
Mais le plus grave est ailleurs et au-delà de cet artifice, c’est toute notre conception de l’art de vivre qui est mise à mal par la lutte contre le Covid.
Jusqu’à ce que l’explosion urbaine ne nous contraigne à des économies d’espace, nous avions préféré vivre dans de vastes concessions où se côtoient plusieurs générations et plusieurs ménages. C’est encore le cas dans le pays profond où vivre à six est un sort fort peu enviable…
La seule existence d’un « établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » (Ehpad) nous révolte et nous scandalise car, pour nous, la famille c’est le contrat d’assurance pour une vieillesse sereine. De toute façon la place des vieux n’est pas à côté de ceux qui achèvent leur existence, mais auprès de ceux qui sont appelés à affronter les périls de la vie.
Nous aimons les agapes, les repas en commun où chacun glisse son bras pour accéder au plat, jeunes et vieux réunis, au point qu’un de nos proverbes dit que l’enfant aux mains propres c’est celui qui accepte d’être le commensal des anciens et qui peut ainsi nourrir sa tête en même temps qu’il nourrit son ventre.
Nous aimons nous serrer la main, geste nécessaire qui n’est pourtant que le préambule ou la consécration du long rituel de nos salutations. Nous aimons frotter nos mains contre celles des autres, effacer les barrières ou marquer la déférence, au point que celui qui ne se plie pas à cet exercice, dans la rue ou sur les lieux de travail, même face à des inconnus, passe aux yeux de tous pour un goujat qui manque d’éducation.
Nos cérémonies de baptême, de mariage, nos dévotions et nos funérailles ne peuvent se faire que dans la cohue, ce sont des occasions de retrouvailles presque toujours joyeuses et de partage. Une cérémonie « dans l’intimité » n’est-elle pas suspecte par nature ? L’affluence est en effet la jauge de la considération témoignée à ceux qui reçoivent ou de l’urbanité, voire de la sainteté, de celui qui quitte le monde des vivants.
Nous avons rarement besoin de la science d’un psychologue pour apprivoiser nos traumatismes, parce que, pour nous, l’homme est le remède de l’homme et qu’il n’y a pas de malheur individuel.
Comment pouvons-nous nous, de bonne grâce, nous plier aux règles qu’impose la lutte contre le Covid quand toutes ces marques, ces postures, nous sont interdites, rationnées ou suspendues ? « Confiné », quel mot affreux, quand chez nous, seules les veuves sont soumises au confinement ! Rester chez soi, ne pas en bouger, alors qu’on est tenu de rendre des visites aux aînés, ne recevoir personne, alors qu’on a la mission d’accueillir et d’instruire les plus jeunes ! Manquer à un devoir aussi élémentaire que celui d’aller partager les joies et les peines d’un parent ou d’un voisin ! Ne pas s’asseoir, ne pas manger côte à côte et s’isoler chacun dans son coin, comme si on était fâché l’un contre l’autre ! Rien n’est plus contraire à notre mode de vie que « la distanciation sociale », nous qui considérons que l’homme seul est forcément un homme malheureux et que celui qui s’isole est, qu’il le reconnaisse ou non, un schismatique ! !
Le Covid ne nous a pas exterminés physiquement, comme certains l’avaient prophétisé, mais il pourrait asséner à nos cultures un rude coup de poignard. C’est une menace d’incendie de ce qui faisait notre vraie force, notre sens de la cohésion familiale et de la solidarité communautaire. De ce qui expliquait que, malgré notre dénuement, nous suscitions quelquefois l’envie de sociétés qui ont acquis l’abondance, mais n’arrivent pas à cacher leur insatisfaction. Cette pandémie, dont on ne voit toujours pas le terme, risque de nous précipiter, inexorablement et définitivement, dans l’ère de l’individualisme et de l’indifférence vis-à-vis de nos prochains, et les questions que nous devrions désormais nous poser sont celles-ci :
« Nous relèverons-nous, culturellement, du Covid ? Est-ce que notre combat contre lui et les concessions que nous avons dû faire lors de son passage laisseront des traces ? Dans quel état d’esprit serons-nous, le jour, imprévisibles, où nous ne serons plus sous sa menace ? »
Fadel Dia est écrivain, auteur de plusieurs essais et romans. Historien et géographe de formation, il est un ancien professeur à l'École Normale Supérieure de Dakar et ancien Secrétaire général de la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la Francophonie (Confemen).
PAR Texte Collectif
LETTRE AU PREMIER MINISTRE ÉTHIOPIEN ABIY AHMED
Le différend politique qui a conduit à la crise du Tigré ne peut pas être résolu par les seuls moyens militaires. Les souffrances infligées aux populations de la région sont déjà trop grandes
Par cette lettre, nous en appelons à votre autorité pour une action immédiate visant à mettre fin à la crise dans la région du Tigré et remédier aux terribles souffrances infligées à la population locale.
Nous sommes profondément choqués par les informations faisant état de graves violations et abus commis dans la région du Tigré par le TPLF, la force régionale d'Amhara, les forces de défense éthiopiennes et les forces de défense érythréennes.
Selon les rapports des Nations Unies et des médias, de graves violations et atteintes aux droits humains, notamment des exécutions extrajudiciaires, des violences sexuelles, des pillages et des destructions de biens, des exécutions massives, des arrestations arbitraires, des viols, des déplacements forcés de populations, des discours de haine et la stigmatisation, y compris, profilage ethnique des civils tigréens. Ces attaques ont poussé des dizaines de milliers d'enfants et d'adultes tigréens à fuir leurs foyers et vivent désormais comme réfugiés au Soudan dans des conditions extrêmement déplorables.
À la suite de ce conflit, selon les Nations Unies, environ 4,5 millions d'une population de 6 millions de personnes ont un besoin immédiat d'aide humanitaire. Entre deux et 2,5 millions de personnes dans la région connaîtront une grave insécurité alimentaire jusqu'en septembre. Les médias du monde entier écrivent également de plus en plus d'histoires horribles de viol, de torture et d'arrestations massives.
Al Jazeera a rapporté le 21 avril dans son article « A Tigrayan Womb Should Never Give Birth : Rape in Tigray », que des centaines de femmes ont rapporté des récits horribles de viols et de viols collectifs depuis le début du conflit au Tigré. L'Associated Press a rapporté le 29 avril dans son article intitulé « Clean Out Our Insides : Ethiopia Detains Tigrayans Amid War », que votre gouvernement a envoyé des milliers de Tigréens dans des centres de détention à travers le pays, accusés d'être des traîtres, les détenant souvent pendant des mois sans frais. Ce ne sont que deux des nombreux exemples de rapports d'atrocités généralisées et de violations des droits de l'homme qui ont choqué le monde et motivé le tollé pour une action immédiate.
Nous savons que vous comprenez la nécessité de prendre des mesures immédiates pour résoudre cette crise, quelle que soit l'impulsion de cette catastrophe en cours. Nous nous souvenons des mots puissants de votre discours d'acceptation du prix Nobel de la paix il y a deux ans. Comme vous l'avez dit avec tant de force, il y a ceux qui n'ont jamais vu la guerre, mais la glorifient et la romantisent. Ils n'ont pas vu la peur. Ils n'ont pas vu la fatigue. Ils n'ont pas vu la destruction ou le chagrin, pas plus qu'ils n'ont ressenti le vide lugubre de la guerre après le carnage.
Nous rappelons maintenant ces paroles et vous exhortons à envisager plusieurs mesures importantes pour revenir rapidement à la paix et alléger les souffrances du peuple éthiopien.
Spécifiquement,
1. Nous exhortons Votre Excellence à agir maintenant et rapidement pour sauver votre pays, mettre fin aux souffrances des Éthiopiens affligés par la guerre au Tigré.
2. Inviter des enquêtes indépendantes et crédibles, en pleine coopération avec le HCDH, sur les atteintes aux droits humains et les violations du droit international des droits humains et du droit humanitaire par tous les acteurs au Tigré. Nous vous encourageons à veiller à ce que d'autres organisations de défense des droits humains aient accès à des documents indépendants sur les rapports en cours sur les abus et violations des droits humains au Tigré.
3. Envisager d'établir un tribunal hybride habilité à tenir pour responsables les auteurs érythréens de crimes de guerre.
4. Coopérer pleinement avec les organisations régionales et la communauté internationale pour faciliter le dialogue, la réconciliation et la guérison sans exclusive, en impliquant tous les acteurs politiques et de la société civile du Tigré dans le but de tracer une voie consensuelle pour la future gouvernance de la région.
5. Diriger les appels à la cessation des hostilités par toutes les parties impliquées et encourager les autres parties à s'engager à mettre immédiatement fin aux combats. Appuyez pour le retrait immédiat et vérifiable des forces régionales érythréennes et amhara de la région du Tigré.
6. Faciliter le travail du personnel humanitaire international, notamment en délivrant des visas de longue durée, en accélérant le processus d'importation et d'utilisation de la technologie de communication par satellite par les organisations humanitaires et en demandant à vos forces militaires et alliées d'établir une cellule de coordination civilo-militaire pour faciliter le travail des organisations humanitaires sur le terrain.
7. Émettre des ordonnances pour protéger tous les civils au Tigré et dans toute l'Éthiopie, quelle que soit leur origine ethnique, y compris les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur du pays, et en particulier les femmes à la lumière des nombreux rapports faisant état de violences sexuelles et sexistes.
Excellence,
Il est clair que comme toutes les guerres, le différend politique qui a conduit à la crise du Tigré ne peut pas être résolu par les seuls moyens militaires. Les souffrances infligées aux populations de la région sont déjà trop grandes. Pour le bien de l'Éthiopie, et le bien de la région et du monde, nous vous demandons de travailler à une solution politique dès que possible. Ce n'est que par le dialogue et la négociation que vous pouvez établir une paix durable et que la guérison pour tant de personnes peut commencer.
Avec notre plus grand respect,
Cette lettre a été signée et transmise au Premier Ministre Abiy par S.E. Jose Ramos-Horta, Prix Nobel de la Paix et ancien président du Timor-Leste. E
S. E. Ban Ki-moon, ancien Secrétaire général des Nations Unies, Président de la World Leadership Alliance,
S.E. Danilo Turk, ancien président de la Slovénie et ancien sous-secrétaire général des Nations Unies,
S.E. Tarja Halonen, Ancien Président de la Finlande,
S.E. Lakhdar Brahimi, ancien Envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, membre de l'ELDERS
Dr. Gunnar Stålsett, Évêque émérite d'Oslo, ancien membre du Comité Nobel de la Paix et Co-président de Religions for Peace,
S. E. Adama Dieng, ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Conseiller spécial pour la prévention du génocide,
S.E. Jose Ramos-Horta, ancien président du Timor-Leste
Your Excellency, Dear Prime Minister,
I am writing to you on behalf of colleagues and friends whom you know well:
- H.E. Ban Ki-moon, Former Secretary-General of the United Nations and Member of ELDERS,
- H.E. Danilo Turk, former President of Slovenia and President of the World Leadership Alliance,
- H.E. Tarja Halonen, Former President of Finland,
- H.E. Lakhdar Brahimi, former UN and Arab League Special Envoy for Syria, Member of ELDERS
- Emeritus Bishop of Oslo Dr. Gunnar Stålsett, Former Member of the Nobel Peace Committee and Co-Chair of Religions for Peace
- H.E. Adama Dieng, former Under-Secretary-General of the United Nations and Special Adviser on the Prevention of Genocide
- H.E. Jose Ramos-Horta, former President of Timor-Leste.
Excellency,
Via this letter we urge immediate action to end the crisis in the Tigray Region and address the terrible suffering inflicted on the local population.
We are deeply shocked by reports of serious violations and abuses that are being committed in Tigray region by TPLF, Amhara regional force, Ethiopia Defense forces and the Eritrean Defense forces.
According to the United Nations and media reports, grave human rights violations and abuses, including extra- judicial killings, sexual violence, looting and destruction of property, mass executions, arbitrary arrests, rape, forced displacement of populations, hate speech and stigmatization including, ethnic profiling civilian Tigrayans. These attacks have caused tens of thousands of Tigrayan children and adults to flee their homes and are now living as refugees in Sudan under extremely deplorable conditions.
As a result of this conflict, according to the United Nations, approximately 4.5 million of a population of 6 million people are in immediate need of humanitarian assistance. Between two and 2.5 million people in the region will experience severe food insecurity through September. News outlets from around the globe are also increasingly writing of horrifying stories of rape, torture, and mass arrests.
Al Jazeera reported on April 21 in its story ‘A Tigrayan Womb Should Never Give Birth’: Rape in Tigray, that hundreds of women have reported horrific accounts of rape and gang rape since the start of the conflict in Tigray. The Associated Press reported on April 29 in its article titled ‘Clean Out Our Insides’: Ethiopia Detains Tigrayans Amid War, that your government has swept up thousands of ethnic Tigrayans into detention centers across the country on accusations they are traitors, often holding them for months without charges. These are just two of many examples of reports of widespread atrocities and human rights abuses that have shocked the world and motivated the outcry for immediate action.
We know you understand the need to take immediate action to resolve this crisis, regardless of the impetus for this unfolding disaster. We recall the powerful words of your Nobel Peace Prize acceptance speech two years ago. As you so forcefully said, there are those,“who have never seen war, but glorify and romanticize it. They have not seen the fear. They have not seen the fatigue. They have not seen the destruction or heartbreak, nor have they felt the mournful emptiness of war after the carnage.”
We now recall these words and urge you to consider several important steps to return to peace quickly and alleviate the suffering of the Ethiopian people.
Specifically,
1. We urge Your Excellency to act now and swiftly to save your country, end the suffering of Ethiopians afflicted by war in Tigray.
2. Invite independent and credible investigations, in full cooperation with the OHCHR, into human rights abuses and violations of international human rights law and humanitarian law by all actors in Tigray. We encourage you to ensure that other human rights organizations are provided access to document independently ongoing reports of human rights abuses and violations in Tigray.
3. Consider establish a hybrid court empowered with jurisdiction to hold accountable Eritrean perpetrators of war crimes.
4. Fully cooperate with regional organizations and the international community to facilitate all-inclusive dialogue, reconciliation and healing, involving all political and civil society actors in Tigray with the goal of charting a consensual way forward for the region’s future governance.
5. Lead calls for a cessation of hostilities by all parties involved and encourage other parties to commit to ending the fighting immediately. Press for the immediate and verifiable withdrawal of Eritrean and Amhara regional forces from the Tigray Region.
6. Facilitate the work of international humanitarian staff including by issuing long-duration visas, expediting the process for the importation and use of satellite communication technology by humanitarian organizations, and instructing your military and allied forces to establish a civil-military coordination cell to facilitate the work of humanitarian organizations on the ground.
7. Issue orders to protect all civilians in Tigray and throughout Ethiopia regardless of their ethnicity, including refugees and internally displaced persons, and particularly women in the light of widespread reports of sexual and gender-based violence.
Excellency,
It is clear that like all wars, the political dispute that led to the Tigray crisis cannot be resolved through military means alone. The suffering inflicted on the people in the region has already been too great. For the good of Ethiopia, and the good of the region and the world, we ask that you work towards a political solution as soon as possible. It is only through dialogue and negotiation that you can establish lasting peace and the healing for so many can begin.
With our utmost respect,
J. Ramos-Horta
On behalf of all signatories listed above
CHRISTIAN ERIKSEN, LE MIRACULÉ
Victime d'un malaise cardiaque en fin de première période face à la Finlande, le milieu de terrain danois a donné une immense frayeur à tous les fans de football, et pas seulement
Victime d'un malaise cardiaque en fin de première période face à la Finlande, le milieu de terrain danois a donné une immense frayeur à tous les fans de football, et pas seulement. Heureusement, les nouvelles parvenues au fil de la soirée concernant l'état de santé du joueur de l'Inter sont plutôt rassurantes, après avoir craint le pire. Cet Euro tient déjà un moment dont tout le monde se souviendra longtemps, avec beaucoup d'émotion.
Tous ceux qui ont vécu ce terrible jour de juin 2003 où Marc-Vivien Foé avait perdu la vie lors de la Coupe des confédérations, foudroyé par un arrêt cardiaque, ont certainement cru voir se profiler sous leurs yeux une terrible réminiscence. Pour les autres, la stupeur n'en fut pas moins grande. Alors que la mi-temps approche dans ce Danemark-Finlande, Christian Eriksen s'écroule tout seul près de la ligne de touche, victime d'un malaise. Les images sont glaçantes. M. Taylor qui appelle de suite les secours, le massage cardiaque très vite entrepris par Simon Kjær, puis par les médecins, les pleurs sur les visages des coéquipiers comme des adversaires et le silence absolu dans un Parken Stadium horrifié. Moins de 24h après des débuts en fanfare du côté de Rome, l'Euro vient de basculer dans l'effroi.
Des nouvelles rassurantes
Après de longues minutes de soins, derrière le remarquable mur formé par les Danois pour masquer la scène aux caméras, Eriksen est finalement évacué derrière un drap. L'espoir réapparaît quelques minutes plus tard : le milieu de terrain de l'Inter a été photographié conscient, la main sur le front, les yeux ouverts et visiblement alertes. « Le joueur est désormais hospitalisé dans un état stable » , ne tarde pas à rassurer l'UEFA, bientôt suivie par la Fédération danoise. Les nouvelles rassurantes arrivent au compte-gouttes, et l'agent du joueur, Martin Schoots, annonce sur la radio danoise NPO Radio 1 : « Christian Eriksen respire et peut parler. Il est réveillé. »
DEUXIÈME ANNÉE DE SUITE SANS PÈLERINAGE À LA MECQUE
Pour la deuxième année de suite, le pèlerinage à La Mecque sera impossible pour la Ummah islamique en dehors des musulmans de nationalité saoudienne ou résident en Arabie Saoudite
Pour la deuxième année de suite, le pèlerinage à La Mecque sera impossible pour la Ummah islamique en dehors des musulmans de nationalité saoudienne ou résident en Arabie Saoudite. La nouvelle vient d’être officialisée ce samedi, à travers un communiqué du ministère en charge du "Hajj", rendu public par l’agence . « Le ministère du Hajj annonce que l’inscription est limitée pour les citoyens saoudiens et les résidents présents en Arabie Saoudite uniquement. » Le nombre d’inscriptions est limité à 60 000.
Le communiqué souligne que « l’accomplissement des rites du Hajj cette année sera limité aux groupes d’âge de 18 à 65 ans qui ont reçu le vaccin, selon les réglementations en vigueur dans le Royaume (immunisé, immunisé par une dose depuis 14 jours, ou le guéris immunisé). » L’autorité saoudienne se justifie par le refus du Royaume « de placer l’économie avant la santé et le service aux pèlerins »
C’est la deuxième année consécutive que le pèlerinage fait l’objet de restrictions qui excluent les ressortissants des autres pays du monde entier. Selon le ministre saoudien de la Santé, « le monde souffre toujours de cette pandémie, et le Hajj a été limité aux citoyens et résidents présents en Arabie Saoudite pour éviter que les pèlerins ne soient infectés par de nouvelles mutations du virus. »
Au Sénégal, Hourèye Thiam Preira, membre de l’association des voyagistes privés dont elle est la responsable de la communication, estime qu’il s’agit là d’un énorme coup dur.
Au moins 25 structures privées s’activent dans l’organisation de voyages pour le pèlerinage à La Mecque.