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29 avril 2025
Opinions
par Ibrahima Baba Sall
L’URGENCE DE LA SAUVEGARDE DU LITTORAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le cadre de l’aménagement du littoral, les modalités de retrait des autorisations et des procédures d’application des amendes et transactions ne doivent pas être occultées
L’engagement du président de la République, Son Excellence, Macky Sall sur le littoral s’est matérialisé avec plusieurs innovations environnementales issues de la révision constitutionnelle du 20 mars 2016. Selon les dispositions de l’article 25-1. « Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables. L’État et les collectivités territoriales ont l’obligation de veiller à la préservation du patrimoine foncier ».
Par conséquent, le littoral est une priorité inscrite dans l’agenda politique de l’État du Sénégal. Les nouvelles orientations environnementales, telles qu’arrêtées par le président de la République, reflètent la position de monsieur Abdou Karim Sall, ministre de l’Environnement et du Développement Durable sur les impératifs d’une loi sur le littoral.
De par les qualités professionnelles dont il fait preuve, j’espère que l’opportunité lui sera offerte afin qu’il puisse réaliser les ambitions du président de la République.
Dans ce contexte irréversible des changements climatiques, nos 700 km de côtes subissent une détérioration des milieux marins côtiers, la pollution des nappes phréatiques littorales sans occulter la diversité des pollutions et nuissances. Il s’y ajoute l’urbanisation incontrôlée sur le Domaine Public Maritime et le manque d’assainissement.
Seulement, il est important de rappeler que le Sénégal s’est engagé à intégrer les principes de développement durable dans les politiques et cadres juridiques nationaux. Il est donc, fort à parier que nous pouvons compter sur l’engagement et la détermination particulière de Monsieur Amadou Hott, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération pour atteindre l’ODD14. « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable » d’autant plus que son Département « coordonne l'élaboration des stratégies nationales de développement et veille à la mise en œuvre et au suivi des Objectifs de Développement Durable (ODD) ».
Les priorités « d’amélioration de la qualité du cadre de vie en milieux urbain et rural » sont déclinées dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE). L’adoption d’un certain nombre de mesures sur le littoral par M. Abdou Karim Fofana, ministre de l'Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique requiert de la synergie d’action avec l’ensemble des acteurs pour leur grande implication dans la protection et la gestion du littoral.
Au regard de la dynamique de lutte contre les risques naturels et anthropiques auxquels sont exposés le littoral des régions de Saint-Louis, Louga, Dakar, Thiès, Fatick et Ziguinchor, le cadre de l’aménagement du littoral, les modalités de retrait des autorisations et des procédures d’application des amendes et transactions ne doivent pas être occultées.
Aussi, le Sénégal étant partie à la Convention d’Abidjan (Convention relative à la Coopération en matière de Protection, de Gestion et de mise en valeur du milieu Marin et des zones côtières de la Région de l’Afrique de l’Ouest, du Centre et du Sud) doit nécessairement ratifier les protocoles additionnels suivants :
le protocole relatif à la lutte contre la pollution due aux sources et activités terrestres ;
le protocole sur la gestion durable des écosystèmes mangroves ;
le protocole sur les Normes et standards environnementaux en matière d’exploration et d’exploitation pétrolière et gazière en mer ;
et le protocole de gestion intégrée des zones côtières.
L’ensemble de ces protocoles ayant des incidences sur le littoral, notre pays doit harmoniser son dispositif national avec lesdits protocoles.
Le succès législatif que nous autres parlementaires avions réalisé sous l’impulsion de son Excellence, le président Moustapha Niasse, nous donne beaucoup d’espoir sur la future loi sur le littoral. Dans cette dynamique, le Réseau des Parlementaires pour l’Environnement au Sénégal (REPES) dans sa logique de lutte pour un environnement et un cadre de vie meilleur au Sénégal, jouera pleinement son rôle de plaidoyer au sein de l’hémicycle sur cette question.
Ibrahima Baba Sall est Honorable Député Maire, président du REPES
Par Hassan Koné
LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
L’objectif de relèvement conséquent du plateau technique ne peut être pleinement atteint face à l’insuffisance de financement des projets d’établissements de santé
C’est en toute humilité et en ma qualité de citoyen sénégalais que je me permets de vous adresser ces mots porteurs d’une proposition de participation au combat national que nous menons pour asseoir notre souveraineté sanitaire. La politique du « Fast-Track » que vous avez initiée et inculquée aux sénégalais a bien trouvé son application dans la rapidité de réaction de votre gouvernement et de toutes les structures impliquées dans la prise en charge de cette pandémie de Covid19. Cette proactivité devrait être pérennisée et appliquée à tous les secteurs pour concrétiser d’autres idées nouvelles et projets de développement en attente de réalisation.
Témoin de toute la logistique qui a été déployée dès la première invasion du coronavirus pour la communication interstructures, pour la sensibilisation, pour la sécurité et pour la collecte rapide de données permettant d’asseoir une prise en charge efficiente, je me suis senti dans le devoir de retenter une approche. La mise en œuvre du projet « EHospital», au-delà d’être l’aboutissement d’années d’études et de recherche en collaboration avec d’autres patriotes de ce pays et des partenaires techniques expérimentés, serait pour moi une façon de rendre à ma communauté les valeurs d’engagement qu’elle m’a transmise. Un projet que je m’étais d’ailleurs résigné, dernièrement, à ranger dans un tiroir ; tout comme il est rangé dans les tiroirs de plusieurs directions de nos structures administratives auxquelles je le soumets depuis mon retour au Sénégal, il y a de cela quatre ans. Issu d’un environnement familial médical, une certaine affection pour le secteur de la santé a toujours accompagné mon évolution.
Évolution, couronnée par un Ph.D en Administration des Affaires de l’Université de Cardiff (Royaume-Uni), et d’autres diverses certifications d’institutions américaines telles que Harvard et l’Université du Wisconsin (reconnue pour ses recherches en informatique médicale). Toujours sensible à ce secteur de la Santé, des discussions avec des experts de ce corps aussi bien au Sénégal qu’à l’International, et des visites dans des centres hospitaliers universitaires aux États-Unis au Royaume-Uni et en Malaisie, m’ont permis de pousser la réflexion vers des solutions techniques et financières qui permettraient de désengorger et de moderniser le système sanitaire de mon cher pays, le Sénégal. Grâce à ce projet, j’ai eu d’ailleurs l’honneur d’être lauréat du Programme Universitaire d’Excellence du Département d’État Américain (YALI Mandela Washington Fellowship 2017). Monsieur Le Président, comme le souligne les phases 1 et 2 du Plan Sénégal Émergent, le développement du capital humain de notre pays nécessite une amélioration de la qualité du système de santé, notamment à travers le relèvement du plateau technique, des formations en santé adéquates, et l’amélioration des conditions de travail du personnel de santé.
Dans cette dynamique, l’État du Sénégal avait déjà initié, en 1998, une politique de réforme hospitalière visant à améliorer l’accès des populations à des soins de qualité. En 2000, pour moderniser et renforcer les plateaux techniques, des cahiers de charges ont été élaborés pour les différentes disciplines exercées dans les établissements publiques de santé.
Vingt ans après, force est de constater que l’accès aux soins hospitaliers reste une problématique majeure. De mon analyse, ces difficultés d’accès découlent, d’une part, de l’insuffisance de l’offre de soins (déficience du plateau technique, manque de produits consommables, insuffisance de personnels qualifiés...) et d’autre part, de la forte pression de la demande issue des populations. L’objectif de relèvement conséquent du plateau technique ne peut être pleinement atteint face à l’insuffisance de financement des projets d’établissements de santé (le taux de réalisation des projets d’établissements en investissement était de 30.58% en 2016), face à l’insuffisance de l’intervention des partenaires au développement dans le financement des infrastructures et des équipements, et face à la faible proportion des recettes générées par l’activité hospitalière qui sont consacrées au financement de l’investissement et à la maintenance des équipements.
Après plusieurs tentatives pour améliorer l’offre du secteur de la santé, le recours à un financement alternatif devient la solution incontournable pour assurer l’accès à des soins de qualité. Dans ce sens, en plus de proposer une solution technique et automatisée pour leur gestion, le projet E-Hospital englobe également une source de financement, déjà effective, qui permettrait la rénovation de certains Établissements Publiques de Santé de notre pays. De façon succincte, le progiciel que nous proposons offre une assistance au personnel de santé par une gestion informatisée et globale des informations personnelles et antécédents médicaux des patients. La mise en place de ce système d’information intégré et la centralisation de ces données permettront, aux responsables du Ministère de la Santé et aux managers des établissements concernés, une administration plus limpide et étendue.
Au-delà de cette gestion interne, les autres déclinaisons du projet ne feraient que renforcer la communication inter-structurelle en mettant à disposition une EClinique à l’image du modèle hospitalier, un système de gestion globale de la médecine préventive et un système de connexion des entités inter-régionales. Notre logiciel fonctionne sur une architecture solide et répond simultanément aux demandes des utilisateurs dans le respect des normes nationales et internationales du secteur de la santé, notamment HL7, DICOM, CIM-10, ATC entre autres. Il offre ainsi une possibilité de recevoir et de récupérer des données aux normes de HL7, XML, de se connecter à d'autres systèmes de santé et de générer automatiquement des rapports en se connectant avec leur logiciel. Sont également pris en charge la gestion des patients selon un code barre, une bande magnétique ou une carte à puce délivré(e) à chaque patient et mentionné(e) dans les dossiers médicaux, sur les fiches d’hospitalisation et sur les cartes médicales. Nous comptons également fournir un système de suivi des listes d’attente et de messagerie pour patients et médecins.
La gestion des échantillons de tests et des résultats selon des codes-barres, et la connexion au système d'assurance afin de fournir des statistiques sont aussi des options proposées. Les bénéfices pour les patients seraient énormes en termes de clairvoyance, de réduction des coûts et d’efficience dans leur prise en charge. La plateforme E-Hospital permettrait la prise de rendez-vous, la consultation des dossiers médicaux électroniques et la possibilité de rappel des dates de consultation par email ou message. Pour le personnel médical et paramédical, le gain de temps et la disponibilité d’informations fiables seraient un grand atout pour la qualité de service. Les données cliniques pourraient être transférées à un autre hôpital ou à d’autres médecins, sous validation du patient. Quant aux directeurs hospitaliers et au Ministère de la Santé, ils bénéficieraient d’une vision transparente et d’une gestion allégée des structures grâce au système de rapport suivant les périodicités choisies.
Ayant plus de 20 ans d’expérience dans le secteur, le partenaire technique pressenti a acquis des compétences très pointues des processus de soins de santé. Il a délivré avec succès plus de 50 grands projets hospitaliers notamment en Asie, en Europe et en Amériques. Leurs produits sont développés et déployés en stricte conformité avec les normes internationales ISO 9001:2000 et ISO - IEC 27001:2005. Compte tenu de l’expertise technique mobilisée et sur la base d’une collaboration étroite avec les principales parties concernées, le projet peut être déployé au Sénégal en 6 mois. Par ailleurs, comme déjà stipulé, notre projet pourrait impliquer la rénovation de certains hôpitaux publics du pays ainsi que de certains établissements privés à but non lucratif, les SAMU, le centre d’appareillage orthopédique et le centre de transfusion sanguine recensés selon des données du Ministère de la Santé que nous avions récoltées en 2016.
Par rénovation, nous entendons celle des infrastructures et la mise à disposition d’un plateau technique selon les besoins (urgence, réanimation, imagerie de pointe - PET Scan - , radiothérapie, lits spécialisés, matériel chirurgical, etc.). Aujourd’hui, face au Covid19 ou à tout autre crise sanitaire future, E-Hospital offrirait une réponse avant-gardiste et adaptée autant pour une prévention primaire que secondaire.
La première offensive consisterait en une évaluation des populations à risque, une estimation évolutive de la portée de l’épidémie et le lancement d’une vaste campagne de sensibilisation. La seconde se résumerait en une mise en œuvre d’un système de dépistage précoce et orienté dans le but de réduire le développement de l’épidémie. La synchronisation des données permettrait un recensement des personnes atteintes, un partage rapide des informations entre les acteurs et, par prolongement, une réduction considérable des coûts de communication.
L’évaluation de la capacité des services d’urgence proportionnellement à la demande, la gestion des tests effectués au plan national, l’estimation des réserves en médicaments et en sang, seraient accessibles en temps réel aux professionnels de la santé et au Ministère via la plateforme. De plus la mobilisation, le déploiement du personnel de santé, et également la gestion de leurs besoins, seraient plus aisés.
À distance de la crise, les données tout au long collectées serviraient de support aux études statistiques entre autres celles liées à la prévention d’une éventuelle récidive (prévention tertiaire) et orienteraient la recherche épidémiologique, clinique et préventive. Ceci n’est qu’une présentation sommaire de notre vision pour le système sanitaire du Sénégal, vision souvent qualifiée d’utopique mais à laquelle je m’accroche, persuadé que mon Sénégal mérite cette avancée. La population et nos valeureux soldats de la santé méritent ce progrès.
Excellence, j’ai grandi en apprenant que le citoyen ne devait être un spectateur mais plutôt un maillon actif dans l’innovation, le travail au développement, la préservation du patrimoine et l’engagement social. À ce jour, ma plus grande motivation est de pouvoir être de ceux qui offriront à ce pays et aux générations futures un Sénégal image et porte-étendard d’une Afrique souveraine. En espérant que cette dernière clé sera celle qui ouvrira votre porte, veuillez agréer, Monsieur Le Président de la République, mon respect pour le travail déjà abattu, mon estime, ainsi que mes salutations les plus distinguées.
Un Fils du Terroir
Par Alioune Badara Ndior
ON PEUT BIEN SAUVER L’ANNEE ACADEMIQUE
« Apprendre à vivre avec le virus » avait tout réglé. Il nécessite seulement des mesures d’accompagnement mais pas des exigences de contingentement inéluctables. Et c’est cela qui a entrainé le fiasco de la reprise
Plus de trois mois sont écoulés à cause d’une pandémie ayant entrainé la fermeture des institutions scolaires. Au Sénégal, leur réouverture est soumise à un certain nombre de conditions à réunir et un dispositif de reprise efficace. C’est à cette problématique que cette réflexion tente d’apporter une réponse. Elle est articulée autour de trois points : le discours qui porte la pandémie ; les attentes de l’école et le dispositif de reprise et de gestion post- covid19.
Le discours qui porte la pandémie
L’apparition du coronavirus en chine a provoqué de vives réactions dans le monde. Trois types discours portent la gestion de la maladie : le discours médical, le discours économique et le discours social. Le discours médical, à travers les spécialistes de l’organisation mondiale de la santé (OMS), déclare la découverte d’une maladie mortelle à transmission rapide avec une possibilité de décimer une pan de la population entière en un temps record. Après quelques semaines de réflexion, elle est déclarée une pandémique. Le protocole de soins curatifs des patients révèle un pourcentage important (80%) de guérisons et révèle en même temps que la tranche d’âge de plus de 50 ans est celle qui décède. Le discours médical fonde les mesures préventives ou barrières (confinement, masque, gèles alcooliques etc.). Mais il faut admettre que ces mesures sont aléatoires, car le mode de transmission reste encore réellement inconnu. Depuis la parution de la maladie les scientifiques travaillent d’arrache-pied pour trouver le remède, le mode transmission et le vaccin. Aujourd’hui aucune de ces trois volontés n’a encore été objectivement réalisée après plus de trois mois. Mieux l’OMS tergiverse dans ses appréciations de la maladie, avec des approches instables qui fracturent l’organisation, aussi bien dans sa crédibilité que dans sa composition et à travers ses spécialistes. Les scientifiques se déchirent jusque même dans les états pour admettre un protocole curatif. Le professeur Raoult de Marseille reste le Galilée de l’hydrochlorique comme mode de soin. Plus loin, un protocole malgache vient jeter de la poudre aux yeux. Brefs rien n’est stable, tout est flou et à suivre. Par conséquent le discours économique prend le dessus et exige la libération sans conditions du secteur productif pour ne pas entrainer une crise plus sévère que le covid19. Il ne peut avoir de résilience contre une récession économique profonde. Or, le monde n’est pas préparé à cette crise. Une seule constante caractérise le discours économique, c’est que les activités doivent reprendre. Du coup, la société se demande à quel saint se vouer, à qui croire ? Les économistes ou les médicaux. A personne finalement. Car entre les deux discours se cache une nébuleuse qui a fini par les discréditer.
Derrière cette crise, soupçonnent les penseurs, se cache la main invisible des firmes pharmaceutiques, des bailleurs de fonds et un projet de guerre froide à base bactériologique. Les penseurs accusent X et dans les réseaux sociaux rament à contrecourant de toute la hiérarchie mondiale en charge de la gestion du covid19. On se résout à une théorie de complot. Les économistes mentent, les organismes mentent, les états mentent, les scientifiques mentent et la planète sombre de jour en jour. Les populations s’autorégulent et rejettent en bloc les décisions honteuses des décideurs. Le discours social reste une opinion sans pertinence, mais il s’est imposé aux populations du fait de la malhonnêteté qui caractérise la gestion de la crise au niveau micro, méso et macro.
Les attentes des acteurs de l’éducation
Au Sénégal les acteurs de l’éducation ont suivi avec respect les recommandations des autorités sanitaires et celles du gouvernement. Sans baisser les bras, ils ont fait preuve d’une multitude de propositions pour une gestion conséquente du système éducatif. « Apprendre à la maison » est né de ces propositions. Même si le dispositif n’est pas efficace, il demeure pertinent en cela qu’il a permis de prendre conscience de la nécessité d’user désormais des tic dans le domaine de l’éducation et de la formation. Evidement l’enseignement à distance est un choix et au même titre que l’enseignement en présentiel, il repose sur des approches scientifiques. Dans un pays comme le Sénégal pour qu’il soit efficace et apte à substituer le présentiel, il faut au minimum vingt-cinq chaines d’une télévision qui fonctionnent simultanément dans la journée, ce qui n’est pas le cas. Autre faiblesse, il s’agit d’un réseau de connexion internet non général sur toute l’étendue du territoire. Or les apprenants sont localisés sur trois sites : la ville, le village et la compagne, ce dernier ayant ici un sens. Les deux premiers peuvent avoir des commodités et mais la compagne est totalement out en électricité et en connexion. Bref, avec cette offre, les acteurs ont continué à suivre l’évolution de la maladie jusqu’au moment où il est constaté le tâtonnement et l’imprécision flagrants des décideurs. La hiérarchie se résout qu’il faut « apprendre à vivre avec le virus » étant entendu que les attentes – un protocole préventif, un protocole curatif et l’attente d’un vaccin – sont encore lointaines. Pour les acteurs de l’éducation, il s’agit maintenant de proposer un dispositif pertinent pour sauver l’année académique, adossé à un dispositif médical préventif pour une reprise réussie.
Cette dernière exigence a paradoxalement tout foiré. « Apprendre à vivre avec le virus » avait tout réglé. Il nécessite seulement des mesures d’accompagnement mais pas des exigences de contingentement inéluctables. Et c’est cela qui a entrainé le fiasco de la reprise, car tout le monde savait que les conditions telles qu’elles sont portées dans le discours des autorités éducatives (de façon sine quoi non) étaient irréalisables.
Pour un dispositif de reprise et de gestion post-covid19
D’emblée voyons à quoi ressemble une année blanche ou une année invalide. d’une manière générale, les deux se valent, mais elles se diffèrent dans les conséquences. une année est blanche lorsque tous les enseignements et activités académiques sont entièrement ou partiellement invalidés. C’est-à-dire tout le monde reprend sans répercussion sur le cycle et sans être redoublant. Par contre dans une année invalide, les passants redoublent leur année et ceux qui sont en position de cartouche sont exclus. L’inconvénient est que l’année blanche est décomptée pendant les candidatures aux offres ponctuées par une limitation d’âge. Bref dans les circonstances actuelles où des solutions sont recherchées pour sauver l’année et pour accompagner les autorités, chacun peut apporter une réflexion. Une année d’études suppose un programme planifié, un quantum horaire et des personnels.
Dans le déroulé, les chapitres premiers relèvent de la révision, les seconds de la découverte et les derniers de la consolidation. en taxonomie, c’est connaitre, apprendre, appliquer. Pour les classes d’examen, analyser, synthétiser et évaluer relèvent généralement de la consolidation. Les quantums horaires varient entre 1400, 1200 heures et 900 heures pour la plupart des pays avec un découpage semestriel. Au premier semestre, les 2/3 du programme sont supposés réalisés.
Bref, dans une crise académique nationale, si les facteurs sont endogènes, les solutions sont endogènes et peuvent être à portée de main. Dans une situation de crise internationale, les causes sont exogènes et les solutions difficilement accessibles. Dans tous les deux cas de figures, il suppose de prendre des mesures pour mettre un terme à la crise. Pour le premier cas, il s’agit de solutions à prendre (conjoncturelles ou durables). Mais pour le second, il s’agit de prendre des décisions. Prendre des solutions suppose que les moyens sont accessibles et sont disponibles, prendre une décision suppose qu’on doit avancer même si les moyens ne sont pas disponibles. L’un comme l’autre comporte des avantages et des inconvénients, mais c’est une fermeté qui les parachève et les donne du crédit. Dans la situation actuelle de l’éducation, il s’agit de prendre une décision qui va engager les ordres d’enseignement et de formation de manière catégorielle. S’agissant des cRFpe (élèves-maitres) et de la Fastef (élèves-professeurs, élèves-inspecteurs), rien ne justifie qu’ils soient logés actuellement dans la même enseigne que les élèves du cycle fondamental. ils doivent reprendre les formations et sans délai. Aujourd’hui la reprise de la formation pour cette catégorie est essentielle et ne peut souffrir d’une contradiction. Et ceci est valable pour toutes les écoles de formation par voie de concours. Les élèves concernés et leurs formateurs sont aptes à respecter les gestes barrières, s’il ne s’agissait que de ça d’ailleurs. S’agissant des élèves du cycle fondamental, il est plus efficace de reprendre à partir du 15 septembre pour faire taire toutes les contradictions et aussi pour une reprise généralisée sans discrimination ; de consacrer les trois mois de septembre, octobre, novembre au complément du quantum horaire et de faire les examens tout le mois de décembre en simultanéité avec les différentes ventilations. Que faire maintenant d’ici septembre ? Les services techniques se consacrent à l’élaboration et à la conception des modalités pratiques de reprise, des examens et des ventilations.
Pour toutes les classes d’examens, la déclaration des résultats va en pair avec la connaissance de son établissement d’accueil. Par exemple, je suis admis au BFEM, je connais immédiatement mon lycée d’accueil en seconde, parce que c’est déjà préparé. La gestion post-covid19 exige la consolidation de l’utilisation des tics dans les enseignements apprentissages et de tous les dispositifs établis pour la formation à distance. Il s’y ajoute la capitalisation des inventions et des découvertes réalisées çà et là par les autorités éducatives avec un accompagnement sans délais des auteurs pour le développement des concepts. Par ailleurs, il serait important de veiller à la gestion continue du matériel et des équipements acquis au sein des écoles pour ne pas les voir vendus dans le marché noir. Des mesures devront être prises et avec des responsabilités assignées.
Dr. Alioune Badara Ndior est formateur au CRFPE de dakar et à l’Ucad
par Abdou Sène
L'IMMUNITÉ COLLECTIVE, UNE OPTION OPTIMALE POUR L'AFRIQUE
Le continent n’a pas à copier une quelconque stratégie venant d’ailleurs qui ignore son atout majeur face à la CoVid-19, qui est la jeunesse de sa population
Depuis l’éclatement de la pandémie de la CoVid-19, en décembre, en Chine, le monde scientifique, à l’échelle mondiale, s’est mobilisé comme jamais pour comprendre et juguler ce fléau. Ceci est surtout dû à la rapidité avec laquelle le SARS-CoV-2, virus responsable de la pandémie, se propage. Dans ce mouvement-réponse mondiale à la CoVid-19, les mathématiciens, en Afrique comme dans le reste du monde ont développé des modèles afin de comprendre et prédire l’évolution de la pandémie. C’est dans ce contexte que nous avons mis en place une équipe pluridisciplinaire de chercheurs en vue d’apporter en toute autonomie scientifique notre contribution. Notre équipe constituée de Mouhamadou Diaby et Oumar Diop, deux mathématiciens à l’UVS, de Almamy Konté, physicien, expert senior en politique d’innovation à l’Union africaine, et de moi-même a, dès l’apparition des premiers cas d’infection au SARS-CoV-2 au Sénégal, entrepris d’observer, de rassembler le maximum de données, et de proposer un modèle mathématique de propagation de la maladie à partir de la stratégie définie par les autorités sanitaires du Sénégal.
Nous avons dans notre analyse réparti les objets de notre étude dans plusieurs compartiments : le compartiment des personnes mises en quarantaine, ; en fonction des variables classiques, le compartiment qui regroupe les personnes susceptibles d’attraper la maladie, celui des sujets infectés asymptomatiques, celui des sujets symptomatiques, et celui des infectés guéris et immunisés. Une autre considération, pas très courante a aussi été faite, dans notre travail, à savoir l’impact des objets infectés dans la propagation de la CoVid-19. Aussi, avons-nous créé le compartiment des objets infectés.
Toutefois, il convient d’emblée de rappeler que modéliser et simuler l’évolution d’une épidémie dont mêmes les autorités sanitaires ignorent encore beaucoup de choses nous incite à être prudents sur les chiffres même si les résultats qualitatifs donnent satisfaction. En effet, au Sénégal, comme dans beaucoup de pays, les autorités gouvernementales sont amenées à réviser régulièrement leur stratégie, ce qui se répercute sur les données épidémiologiques et crée des écarts par rapport aux prévisions des modèles. Par ailleurs, on en apprend des nouvelles de manière presque hebdomadaire et parfois quotidienne. Nous avons, par exemple, entendu récemment le Professeur Didier Raoult de
l’université de Aix-Marseille révéler que, à l’arrivée de la CoVid-19, 40 à 70% des Français étaient déjà immunisés (thèse de l’immunité croisée). Et les Sénégalais ? Si cela était vrai pour le Sénégal, tous les chiffres avancés par les modélisateurs devront être revus, vu le frein particulièrement efficace que la personne immunisée constitue pour une épidémie du type CoVid-19. Cependant, ces limites sincèrement exprimées vis-à-vis des chiffres avancés par les modélisateurs ne doivent pas nous amener à arrêter de modéliser et de simuler, ne serait-ce que pour mesurer l’impact des différentes stratégies adoptées par les autorités et du comportement des populations. Il faut juste pendre la précaution de multiplier les scenarii, sur la base des nombreux possibles.
Les différents scenarii simulés dans notre modèle apportent d’intéressantes précisons sur des questions qui ont fait l’objet de beaucoup de débat telles que l’option d’immunité collective. Ce concept consiste à ne pas opposer des mesures barrières généralisées à la pandémie afin de voir une frange critique, c’est-à-dire suffisamment importante de la population immunisée, parce qu’ayant développé des anticorps. Ce que d’aucuns appellent « laisser le virus circuler ». Cette option permet de voir le nombre d’infectés augmenter de façon exponentielle, et par conséquent, le nombre de guéris et immunisés aussi. Cette dernière catégorie appelée R ne transmettant pas le virus, constitue un frein à sa propagation. Le processus de propagation d’une épidémie est extrêmement complexe, mais nous allons essayer d’en présenter un aspect simplifié mais très instructif. En termes mathématiques assez simples, disons que le nombre de personnes immunisées R favorise une décroissance exponentielle du nombre d’infectés au SARS-CoV-2. En effet le nombre d’infectés M se comporte comme une fonction exponentielle dépendant du temps t, du taux d’infectiosité a, et de la population susceptible d’être infectée S. On pose: M = M0 exp(taS). Or S=N-R, où N est un seuil qui est une fraction de la population totale ; ce qui donne M = M0 exp(ta(N-R)). On met ainsi en évidence deux façons de faire baisser le taux de croissance de M : réduire le taux d’infectiosité a ou augmenter le nombre d’immunisés R. La puissance de cette deuxième option réside dans le fait que dès que R devient plus grand que N, le nombre d’infectés M commence à baisser de manière exponentielle, et l’épidémie disparait rapidement.
L’immunité collective a donc un double intérêt :
- Premièrement, permettre la survenue rapide du pic de l’épidémie ;
- Deuxièmement, voir une masse critique de personnes immunisées et rendre peu probable la
survenue d’une deuxième vague.
Cependant, il est impérieux d’évaluer le coût de cette stratégie en nombre de décès et en saturation des hôpitaux. Nous ne vous apprenons pas grand chose en rappelant que lorsque le nombre de malades augmente de façon incontrôlée, le nombre de décès suit naturellement. Et, les raisons à cela sont certes sanitaires mais pas que cela. En effet, l’explosion du nombre de malades de la CoVid-19 peut aussi amener les structures sanitaires à saturation et altérer la qualité de leur prise en charge et aussi celle des malades d’autres pathologies. C’est ce constat qui a amené le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres à déclarer en mars que l’Afrique risquait de voir son nombre de morts liés à la CoVid-19 se compter par millions, si les bonnes décisions ne sont pas prises. En fait, ce scenario n’est pas impossible, comme le montrent les simulations, mais seulement dans le contexte d’une Afrique incapable et/ou insouciante qui s’ouvre totalement au virus. La déclaration de Monsieur Guterres sur la létalité de la CoVid-19 en Afrique se trouve également dans le rapport du 26 mars 2020 de l’Imperial College COVID-19 Response Team. Ce rapport a d’ailleurs aussi été cité dans celui d’avril 2020 de la Commission économique des Nations-Unis pour l’Afrique. Ce dernier a été plus précis en estimant à 3.3 millions le nombre de morts dû à la CoVid-19 en Afrique en 2020, dans le cas de réaction inappropriée à la pandémie.
Dans ce contexte de déclarations contestées et de polémiques mondiales, notre équipe a pris le parti d’approfondir sa compréhension de la dynamique de la pandémie au Sénégal, en Afrique et dans le monde. Et il faut modestement reconnaitre que nous avons beaucoup appris ces trois derniers mois de la pandémie de la CoVid-19, ce qui nous permet de proposer une voix alternative avec des chiffres à l’appui. Nous partons du principe que - comme le prouvent le système de santé du Sénégal et d’autres pays africains depuis le début de la pandémie - l’Afrique a une capacité de résilience et une conscience trop élevées pour laisser plus de 3 millions de ses citoyens happés par le virus SARS-CoV-2. Par ailleurs, le continent dispose d’un atout majeur contre la CoVid-19 : la jeunesse de sa population. Là où l’âge médian est de 30.6 ans au niveau mondial, celui de l’Afrique est de 19.7 ans, soit 10 ans de moins que la moyenne mondiale. Or, les statistiques montrent, selon le rapport du 04 mai 2020 de la Commission européenne (COVID-19 Cases and Case Fatality Rate by age, Knowledge for policy), que 94% des décédés de la pandémie ont plus de 60 ans, une frange de la population qui ne représente que 5.3% en Afrique. Ne prenez pas ça mal, les chiffres sont sacrés pour les matheux ! Ce constat a amené notre équipe à simuler, pour le Sénégal, plusieurs scenarii allant de la « stratégie d’insouciance totale », qui consiste à ne rien faire contre le virus, au scenario idéal : laisser le virus circuler et protéger les personnes à risque. Cette stratégie, si elle est praticable, nous semble la moins coûteuse aussi bien du point de vue des pertes en vies humaines que de la santé économique de notre pays. Rappelons, en passant, qu’une mauvaise santé économique ne peut que favoriser la croissance du taux de mortalité d’un pays.
Pour en venir à nos prévisions, retenons que nous avons tiré les paramètres épidémiologiques des données publiées sur la CoVid-19 par les pouvoirs publics. Ceci nous amène aux scenarii ci-dessous qui vont du pire au meilleur, et qui expliquent le fait que les antagonistes dans les polémiques liées à l’immunité collective ont parfois tous raison mais développent des argumentaires sous-tendus par des postulats totalement différents. Pour assurer la pertinence de nos résultats, nous utilisons le facteur de propagation essentiel de la pandémie : le taux d’infectiosité qui est le produit du taux de contact physique par personne par jour et de la probabilité d’être infecté au contact d’un infecté. Dans la suite, les termes aggravation ou amélioration se rapportent à ce taux. Le contexte ainsi défini, permet de présenter les résultats des simulations à partir du 77ième jour (17 mai) de la pandémie au Sénégal.
Les deux variations extrêmes du taux d’infectiosité présentées dans le tableau (voir en illustration de ce texte) méritent une attention particulière. On peut y remarquer l’arrivée relativement tôt du pic et une immunité à 90% de la population pour le cas d’augmentation à 85% du taux d’infectiosité. Cela corrobore les deux termes de l’alternative suggérés par la fonction M = M0 exp(ta(N-R)) présentée plus haut, à savoir diminuer le taux d’infectiosité (de -85%) ou l’augmenter (de 85%) pour éteindre l’épidémie. Dans le second cas, on gagne aussi l’immunité collective.
On peut constater que le choix du scénario idéal revêt des dimensions politique, idéologique, éthique et même spirituelle, et reste donc ouvert. Est-ce que la bonne marche de l’économie d’un pays vaut qu’on laisse le virus circuler, procéder à une sélection naturelle, et repartir pour laisser la place aux activités économiques habituelles ? Est-ce qu’il faut confiner le peuple au détriment de l’économie en attendant que le virus reparte, avec le risque de voir les structures sanitaires manquer de tout et la famine s’installer ? Est-ce qu’il faut baisser toutes les mesures barrières pour créer une masse critique de personnes immunisées, tout en protégeant les personnes à risque pour rendre presque nul le taux de mortalité dû à la CoVid-2 ? Dans le contexte africain, cette dernière option est celle que nous proposons, du point de vue purement humain, mais aussi économique parce qu’elle est la moins coûteuse, en vies humaines et en points de croissance économique. La population à risque au Sénégal et en Afrique, comme nous l’avons déjà indiqué, est largement moins importante que dans les autres régions du monde. L’Afrique n’a donc pas à copier une quelconque stratégie venant d’ailleurs qui ignore son atout majeur face à la CoVid-19, qui est la jeunesse de sa population. Certains travaux comme ceux de J. Wang, K. Tang, K. Feng et W. Lv lui attribue même un deuxième atout : son climat. Le titre de leur article est tout simplement parlant : High Temperature and High Humidity Reduce the Transmission of COVID-19.
Au-delà de prédire différentes dynamiques de la pandémie de la CoVid-19, notre modèle nous a permis d’obtenir d’autres résultats qualitatifs et quantitatifs. Il a, entre autres, permis de mettre en évidence l’effet positif de la désinfection des objets sur l’évolution de l’épidémie, mais aussi l’impact des mesures prises par les pouvoirs publics et du comportement des populations. Nous avons évalué à 51.65% et 34.1% la baisse du taux d’infectiosité dans les deux périodes 14 mars-1ier avril et 21 avril-17 mai respectivement. Et le taux de reproduction de base R0 - qui est le nombre de personnes infectés par un individu infecté plongé dans une population de susceptibles - a suivi la même tendance. La forte première baisse s’explique, entre autres, par les mesures prises par les autorités à partir du 14 mars telles que la fermeture des établissements d’enseignement. La deuxième baisse semble aussi être consécutive à la fermeture des frontières et à la déclaration de l’état d’urgence sanitaire. Par contre, le modèle permet aussi de constater l’impact négatif sur la dynamique de l’épidémie des mesures d’assouplissement prises par les autorités le 11 mai. A partir du 27 mai, soit 16 jours après l’annonce de ces mesures, nous avons constaté une brusque déviation vers le haut de la courbe des cas sous traitement, alors que les différentes simulations prédisaient une dynamique baissière.
Nous ne pouvons pas clore cet article sans évoquer la problématique de la disponibilité des données au Sénégal. Il faut, tout d’abord, reconnaître que le fait de disposer quotidiennement de données liées à la pandémie de la CoVid-19 nous a mis dans un état de quasi-euphorie scientifique. Modéliser un phénomène d’intérêt national en exploitant les données de terrain est le souhait de tout chercheur. Et nous en remercions le Ministère de la santé et de l’action sociale (MSAS) du Sénégal. Cependant, tout le travail que nous avons fourni a été basé sur des données livrées et des déclarations faites à travers les media par les autorités du MSAS. Ce qui n’est évidemment pas suffisant pour le chercheur qui a l’obligation d’avoir une compréhension plus approfondie des phénomènes objets de sa recherche. Malheureusement, cet état de fait qui constitue un véritable frein à la valorisation de la production scientifique, n’est pas propre au contexte de la pandémie de la CoVid-19. La plupart des chercheurs au Sénégal ont vécu des frustrations liées à la rétention de données tenues par des structures de l’Etat. Or, il est presque illusoire d’exploiter le potentiel insoupçonné dont regorgent nos universités et institutions de recherche, si l’information utile n’est pas rendue disponible et fluide au sein de la communauté scientifique. Surtout que nous sommes dans l’ère de l’économie de la connaissance. Cette problématique me semble très profonde, et revêtir un soubassement culturel. Je me permets de citer trois exemples de pays ou les données sont disponibles sur l’internet ou livrables à tout citoyen qui le souhaite.
1. Tapez sur google covid19racker.health.ny.gov et vous avez des données extrêmement détaillées sur l’épidémie concernant l’Etat de New York.
2. Allez à la page https://www.privacy.gov.ph/data-privacy-act/, vous y trouverez la loi (Republic Act 10173-Data Privacy Act of 2021) qui garantit et encadre l’accessibilité aux données aux citoyens philippins. La vision qui sous-tend cette loi est d’assurer la libre circulation de l’information afin de promouvoir l’innovation et la croissance, tout en protégeant le droit à une vie privée.
3. Pour le Japon, il suffit de formuler une requête pour accéder en ligne à des données très détaillées sur les patients numérotés et sur la dynamique de la pandémie.
Je voudrais donc saisir l’occasion pour appeler l’Etat à créer très rapidement les conditions pour que ses différents démembrements et les chercheurs puissent collaborer de façon efficace pour le bien de notre pays. Nous souhaiterions ne plus avoir à assumer la gêne de reconnaître devant nos collègues étrangers que nous disposons de plus de données venant de leur pays que du nôtre.
Professeur Abdou Sène est membre du Pôle d’Innovation et d’Expertise pour le Développement (PIED) de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS)
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LE VIRUS DE L'INCOMPÉTENCE (1/2)
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec son bataillon de ministres impliqués dans cette guerre, le Général est à bout de souffle au bout de trois mois de combat. Nous sommes en pleine crise dans la gestion de cette pandémie
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 09/06/2020
La guerre sanitaire à coronavirus qui sévit dans notre pays depuis le 2 mars dernier représente un sérieux test pour nos gouvernants. Mais de ce que l’on a vu jusqu’à présent, le Général Sall et ses lieutenants-ministres ont échoué lamentablement dans la gestion de cette guerre. La sérénité et la cohérence dans les discours et actes ont cédé le pas à la cacophonie et la discordance. Si le coronavirus affecte certains de nos compatriotes, celui de l’incompétence virale est en train de faire des ravages dans le cercle gouvernemental. Au milieu d’un brouillard "covidé" généralisé et d’une cacophonie tintinnabulante, le besoin irrépressible de s’épancher stérilement s’est déchaîné chez certains de nos ministres au point que leurs logorrhées incohérentes font florès. Chacun essaie de parler à travers les médias pour ne rien dire mais seulement pour exister. On est en pleine crise dans la gestion de cette pandémie.
Au tout début, le Général autoproclamé qui n’a pas élaboré et implémenté une stratégie a déclaré la guerre à l’ennemi invisible. Avec son bataillon de ministres impliqués au premier chef dans cette guerre, le Général est à bout de souffle au bout de trois mois de combat. Au moment où Sars Cov-2 a fait des dizaines de morts et envoyé plus de 3 000 Sénégalais dans nos hôpitaux, le Général fait machine arrière, assouplit les mesures restrictives et privatives contenues dans son plan d’urgence sanitaire. Aujourd’hui, toute la tactique tâtonnante mise en place pour venir à bout de Sars Cov-2 est revisitée pour ne pas dire remise en cause parce qu’elle s’avère perdante au bout du compte. Mais il faut se dire que ce sont les populations civiles pour lesquelles la guerre a été déclarée aux fins de les protéger qui ont été les premières à se lasser de cette stratégie de combat qui ne laisse entrevoir aucun espoir de victoire. La lutte contre la pandémie "coronavirale" a fini par céder à cette révolte latente de la population menacée par la pandémie de la faim. C’est le chemin de Damas du Général et ses lieutenants. Finalement, ses admonestations itératives et ses bravades combatives du début de la crise ont fondu comme beurre au soleil. Et c’est ce qui explique ces mesures d’assouplissement qui masquent mal ses reculades systématiques. Pourtant, ce n’est ni la fin de la guerre, ni l’armistice ni même un cessez-le-feu dans le combat, parce que Sars Cov-2 continue de tuer et de blesser certains de nos compatriotes.
Il faut souligner que dans cette guerre, le Général et ses troupes ont manqué de stratégie opératoire puisque pendant deux mois (entre l’apparition du coronavirus en Chine et son entrée dans notre pays), ils n’ont pas mis en place un plan contre-offensif au cas où Sars Cov-2 passerait par les frontières pour venir s’installer chez nous. Ce n’est pas au moment où le virus déferle que l’on bâtit des digues pour freiner l’avancée de la maladie parce qu’elles seront vite submergées. Ce n’est pas au moment où la pandémie arrive que l’on se procure des masques, des EPI, des gels hydro-alcooliques ou d’autres produits afférents. Si le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) a été mis en place lors de la maladie à virus Ebola dans la sous-région en 2014, c’était pour face à temps à toute infection d’origine virale. Or, il a été constaté que c’est avec le reste des équipements achetés lors de la crise Ebola qu’on a entamé la lutte contre le Sars Cov-2.
Même si, avant l’installation de la pandémie dans notre pays, les agents du ministre Abdoulaye Diouf Sarr squattaient les médias pour communiquer sur la disponibilité de la logistique de guerre, il faut avouer que rien n’avait été mis en place au plan budgétaire. Le Général a attendu que le virus attaquât un étranger qui vit chez nous pour déclencher ses 2 R (l’opération Riposte et le plan de Résilience) en mettant sur la table un maigre budget de guerre. Et lorsque Sars Cov-2 a commencé à prendre des proportions alarmantes, le Général a pris des mesures drastiques qui laissaient penser à une stratégie de confinement. En période de pandémie, c’est une option pour venir à bout de l’ennemi comme le dépistage massif sans confinement ou l’immunité grégaire. Mais jamais ce confinement n’a été effectif parce que la liberté de circulation diurne et de déplacement clandestin interrégional des Sénégalais a été un moyen de propagation exponentielle du virus.
La distribution des vivres aux nécessiteux dans le cadre de la solidarité nationale laissait croire à une compensation du déficit vivrier en cas de confinement pendant quelques semaines. Mais l’on s’est rendu compte que cette distribution de colis alimentaires dirigée par le beauf Mansour n’est qu’une manœuvre politicienne pour adouber un potentiel dauphin qui, in fine, s’est révélé incompétent de conduire une telle opération. Depuis le simulacre d’appel d’offre pour l’achat et le transport jusqu’à la distribution nébuleuse des denrées alimentaires, Mansour Faye, le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale aura brillé par son manque de transparence et par son incompétence notoire. Jamais, il n’a éclairci les conditions d’attribution du marché du riz au Libanais Rayan Hachem et de son transport à la société Urbaine d’entreprise (UDE) de Demba Diop Sy qui n’existe plus juridiquement. A ce manque de transparence s’ajoute un autre lié aux personnes bénéficiaires de kits alimentaires. Dans l’agenda de répartition, Mansour Faye a prévu de distribuer gracieusement des colis alimentaires à 40 749 ménages appelés nébuleusement groupes spécifiques ne figurant ni parmi les 588.045 ménages contenus dans la base de données du RNU (Registre national unique), ni parmi les groupes vulnérables retenus par les Comités communaux de ciblage.
Il faut souligner au passage que cette société illégale du député en question a aussi bénéficié d’un marché illégal du ministère d’Abdou Karim Fofana. Le 19 avril 2019, le juge du tribunal de commerce hors-classe de Dakar a ordonné la liquidation des biens de la société UDE. 15 jours après le jugement du tribunal ordonnant la liquidation de la Société de Demba Diop Sy, UDE a remporté, contre toute attente, le 02 mai 2019, deux marchés publics dans le cadre d’un appel d’offre ouvert passé par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Le montant cumulé des deux marchés s’élève à 1 321 565 957 F CFA et se répartit comme suit :
1. 02/05/2019- S0721/19-DK - Marché de nettoiement : balayage, collecte, transport et mise en décharge (lot 19) pour un montant de 636 971 257 F CFA TTC 2. 02/05/2019- S0719/19- DK - Marché de nettoiement : balayage, collecte, transport et mise en décharge (lot 19) pour un montant de 684 594 700 F CFA TTC.
Aucune entreprise en liquidation judiciaire ne peut soumissionner à un marché public a fortiori en être attributaire. L’article 43 du décret 2014-1212 du décret du 22 septembre 2014 portant code des marchés publics est clair, net et précis : « Ne peuvent pas prendre part, aux marchés quel que soit le mode de passation, les personnes physiques ou morales admises au régime de la liquidation des biens ».
Alors, pourquoi les ministres Mansour Faye et Abdou Karim Fofana ont attribué illégalement ces marchés à l’entreprise de Diop Sy en situation d’illégalité.
L’attribution illégale des deux marchés est intervenue alors que l’UDE est en cessation de paiement et que le tribunal de commerce a ordonné, le 19 avril 2019, sa liquidation et la publication de la décision au Registre du Commerce et du Crédit mobilier (RCCM). Laquelle structure centralise les informations sur les personnes physiques ou morales immatriculées ainsi que toutes les évolutions juridiques les affectant (les tiers peuvent connaitre en temps réel la situation de l’entreprise, notamment si elle est placée en liquidation judiciaire).
Laissons seulement les gens dont c’est le métier décider de la bonne date pour la reprise, en prenant le temps de mettre en place les protocoles sanitaires appropriés
À l’heure du premier bilan de la crise du Covid-19 au Sénégal, la vérité est simple et visible, la pandémie est restée sous contrôle.
Même si chaque nouveau mort nous endeuille, notre pays peut s’enorgueillir d’avoir su éviter les ravages du coronavirus malgré les prévisions alarmistes de l’OMS et nul n’aurait parié que nous en sortirions de cette belle manière, à commencer par les fonctionnaires du ministère Français des Affaires Etrangères à en croire leur document nommé « l’effet Pangolin ».
Signe encourageant s’il en est, la situation de l’évolution de la pandémie du nouveau coronavirus au Sénégal a révélé ces derniers jours un nombre record de patients guéris qui s’élève à plus de 500 entre vendredi dernier et ce lundi 8 juin 2020. Pour la première fois, 537 sorties d'hôpital ont été recensées en quatre jours, d'où un rebond du nombre de personnes ayant surmonté la maladie. Le Sénégal compte aujourd’hui 2 699 cas de rémission annoncés sur les 4 427 cas avérés d'infection au nouveau coronavirus, depuis l'apparition de l'épidémie dans notre pays (source dakaractu). Ce qui place notre pays premier en Afrique de l'Ouest en terme de rémissions, selon les statistiques régulièrement mises à jour.
Ne crions pas victoire trop vite cependant, ce n’est qu’un stade intermédiaire, mais le continent africain semble encore préservé de ce fléau dévastateur. Est-ce en raison du climat comme on l’a dit, de la jeunesse de la population, de l’exposition à toutes sortes de virus depuis notre naissance, de la consommation de tonnes de chloroquine jusque là ingurgitées…?
Non, pour le Sénégal en tout cas, il me semble que c’est grâce à une stratégie préventive, via des mesures plus ou moins restrictives pour freiner la propagation du virus et une prise en charge rapide des malades, que le nombre de décès liés au Covid-19 reste peu élevé, même si 51 victimes à ce jour, restent un triste bilan pour le pays et pour les familles.
Dieu merci, nous n’avons connu ici, ni la détresse des soignants, ni la pénurie de masques, pourtant cette situation de crise était unique et personne n’a été formé à ce genre d’exercice pour l’anticiper. Mais nous avons appris très vite des autres pays et des moyens qu’ils ont déployés dans la précipitation pour sauver des vies. La télévision et les médias ont joué un rôle majeur dans la sauvegarde de vies humaines en Afrique. Bien évidemment, lorsque l’on vous annonce qu’un ouragan arrive dans quelques jours, vous tentez de barricader portes et fenêtres pour vous protéger. Ce que les pays africains ont fait et le Sénégal en premier.
Pour notre avenir et notre santé, notre président Macky Sall a choisi très tôt la prudence et la détermination, notamment en fermant les écoles pour protéger enfants et enseignants. Ces jours-ci, j’ai entendu quelques hurluberlus demander une année blanche au Sénégal. On serait bien le seul pays au monde à décréter une année blanche à cause du Covid-19. Tous les pays aménagent et inventent un moyen fast-track de mettre les jeunes à niveau. Hélas chez nous, tout est politique, même lorsqu’à l’évidence il est facilement rattrapable ce temps perdu, il faut que certains viennent polémiquer, la bouche pleine de mots, décider du sort de nos jeunes.
Laissons seulement les gens dont c’est le métier décider de la bonne date pour la reprise, en prenant le temps de mettre en place les protocoles sanitaires appropriés. Année blanche c’est démodé dans ce monde digital, mais bon faudrait un plomb pour leur expliquer à ceux-là ! Le Sénégal ne reviendra pas en arrière, notre pays émerge !
Nous avons été au front contre le coronavirus. L’État a accompagné de manière déterminée les plus démunis, notamment par l’aide alimentaire. Le président Macky Sall a mis en place un plan global dénommé fonds Force Covid-19, qui est doté d'une enveloppe de 1 000 milliards de francs CFA. Les ressources permettent de soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora.
Aujourd’hui, pour relancer le tourisme et la vie économique du pays, le gouvernement sénégalais a annoncé un allègement du couvre-feu nocturne et une reprise des transports entre les villes. L’heure est donc bien à la reprise économique au Sénégal. Il le faut.
Bien sur, chacun voudrait aller plus vite et voir bouger les choses, c’est humain. Mais que voulez-vous, on pourra bien prononcer la levée des restrictions de transports sur l'étendue du territoire national, permettre les réunions dans les endroits publics ou privés, ouvrir les frontières, les restaurants, les salles de sport, les casinos… Comme dirait l’autre, celui qui n'est jamais content ne se contentera jamais. Pourtant, nous autres Sénégalais, pouvons être fiers au-delà de nos divergences. Fiers de nous et fiers de notre Etat. Car croyez moi ou pas, mais pour la plupart d’entre nous, Sénégalais de la diaspora, nous avons vu et vécu l’horreur.
Oumou Wane est présidente d’Africa7
Par Mamadou Diop ‘Decroix’
POUR UN REGARD AFRICAIN SUR LE VIRUS ET UNE STRATEGIE DE RIPOSTE ADAPTEE
Nous avons choisi de bâtir notre réflexion sur les données mondiales à la date du 4 juin 2020. Voici les statistiques officielles liées à la pandémie.
En Italie, 500 personnes sont mortes du coronavirus pour 1 million d’italiens. En Espagne 500 personnes sont mortes du coronavirus pour 1 million d’espagnols. Au Royaume Uni, 600, en France 400 et aux USA 324 tandis qu’ici au Sénégal, ce sont 3 décès du virus pour 1 million de sénégalais soit 100 fois moins que les USA et 200 fois moins que l’Italie ou l’Espagne.
Concernant les cas positifs : Sur 100 personnes malades du virus, l’Italie a eu 14 décès, le Royaume Uni 14, la France 19, les Etats-Unis 12. Quant au Sénégal, pour 100 personnes touchées par le virus, nous avons eu moins de 2 décès au 4 juin dernier. Voilà des faits actés par les statistiques publiées par les milieux médicaux du monde entier et qui sont à la portée de tous les habitants de la planète.
Parmi les Sénégalais de la diaspora, on a signalé une centaine (à vérifier) de décès pour 3 millions d’émigrés soit 33 décès pour 1 million de sénégalais expatriés soit 10 à 20 fois moins de pertes que les ratios globaux des pays européens où résident généralement nos émigrés.
Toute controverse au sujet des stratégies et des mesures qui ne s’appuient pas sur ces faits pourrait être lestée de subjectivisme et de manque de rigueur. Les doctes pronostiqueurs qui entrevoyaient des millions de morts du coronavirus en Afrique en ont véritablement pris pour leur grade. Toutefois, en ce qui nous concerne, avons-nous pris en compte ces données pour réapprécier nos stratégies, nos plans et nos mesures ?
La question est d’autant plus pertinente que là où nous avons eu 45 décès dus au virus, nous avons compté 2000 morts du cancer soit 40 fois plus dans la même période. Le paludisme constitue un autre sujet de préoccupation en dépit d’importants progrès réalisés au Sénégal ; cette maladie qui a fait perdre 12 milliards de dollars (plus de 7 mille milliards de cfa) à l’Afrique pendant la seule année 2018.
Combien de malades du cœur, du diabète, de malnutrition ou d’insuffisance rénale sont décédés dans la même période ? Combien de malades souffrant de ces pathologies ont vu leur cas aggravé parce qu’ils angoissaient à l’idée d’aller à l’hôpital ou parce que les routes sont fermées ? Ce sont, là aussi, des faits indéniables que nous avons tendance à ignorer ou à minorer. Pourquoi ? Parce que nous sommes encore très largement dépendants de systèmes et de modes de pensée qui ne sont pas nôtres. Nous n’avons pas toujours un regard africain sur les phénomènes, un discours africain et une stratégie véritablement africaine.
L’expérience de ces trois derniers mois de coexistence avec le virus le confirme amplement. Et, selon moi, c’est sur cette question de notre mode de pensée que nous devrions prioritairement axer la réflexion. Autrement, les discours volontaristes et optimistes quant à une aube nouvelle pour les peuples africains grâce à des ruptures post-covid-19 en Afrique resteront vains. Le mode de pensée qui prédomine dans l’essentiel des compartiments de notre société est le fait de la domination idéologique des médias occidentaux qui forgent les opinions et les consciences. L’apparition du virus en Chine a très rapidement montré le tréfonds des uns et des autres.
La précipitation avec laquelle les Européens se sont dépêchés de rapatrier leurs ressortissants montrait très nettement l’absence totale de confiance en la médecine chinoise et même une certaine condescendance. On ne mesurera peut-être jamais l’impact de ces décisions hâtives sur la propagation de la maladie à travers la planète entière. Au Sénégal, l’on se rappelle la levée de boucliers qui a résulté de la décision du gouvernement de ne pas rapatrier nos ressortissants qui étaient à Wuhan.
Plus tard, d’après ce que j’ai appris, l’association des parents des étudiants sénégalais confinés à Wuhan a félicité le Président de la République de ne les avoir pas suivis dans leurs vœux de faire rapatrier les jeunes. Mais nous n’avons pas creusé le cap de l’autonomie pour des solutions endogènes à chaque problème. Ces solutions ne peuvent en aucun cas être celles de l’Europe ou des Etats-Unis.
Si nous voulons aller au fond des choses plutôt que de rester à la surface, il faudra bien s’interroger sur cet épisode des étudiants sénégalais à Wuhan confinés. Sans avoir la logistique et les moyens financiers et diplomatiques des européens, certains d’entre nous ont réagi exactement comme les européens, exigeant le retour sans délais de nos enfants, quelles qu’en soient les conditions. Le 04 février 2020, alors qu’on était à un mois de notre premier cas positif, j’ai posté sur ma page Facebook ce texte de rappel : « Solidarité et compassion au peuple chinois confronté à l’épidémie de coronavirus. Quand l’épidémie d’Ebola a frappé de plein fouet notre sous-région, les médecins de certains pays ont préféré rentrer chez eux. Les médecins chinois eux sont restés.
La Présidente Ellen Johnson Sirleaf a alors dit: «Un ami en action est un ami dans les faits. Avec les Cubains, les Chinois ont fourni les plus gros efforts pour contenir la maladie entre le Libéria, la Sierra Léone et la Guinée.(Cette coopération) y a permis la formation de centaines de travailleurs médicaux », avait déclaré la Présidente du Libéria, ce que je me plus à rappeler dans mon post. https://www.facebook.com/416 971238655805/posts/1057740 621245527/
L’on peut parfaitement comprendre qu’au cours des premières semaines de coexistence avec le virus, nous nous inspirions de ce qui se faisait déjà ailleurs y compris en Europe. Mais au bout de 4 à 6 semaines, il était indiqué d’évaluer la stratégie surtout lorsqu’on s’est aperçu que le bilan des personnes positives tirait dramatiquement vers le haut en Europe puis au Etats-Unis alors qu’il restait obstinément bas chez nous.
Des scientifiques canadiens se sont d’ailleurs intéressés dès le mois d’avril aux résultats du Sénégal, avec respect. C’est le lieu, encore une fois, de rendre hommage et de féliciter très chaleureusement les personnels des services de santé de notre pays. Ils travaillent dans des conditions extrêmement difficiles mais avec un professionnalisme remarquable, dans la dignité. Et ils font des résultats. Nous aurions donc dû réajuster la stratégie et les mesures dès lors qu’il était nettement apparu qu’en Afrique, pour des facteurs nombreux et variés, les systèmes immunitaires réagissaient mieux au virus. Un tel réajustement de la stratégie prendrait en compte les spécificités sénégalaises comparées aux sociétés européennes.
Par exemple la mesure de confinement peut fonctionner dans une large mesure en Europe mais très peu au Sénégal. Les rigueurs climatiques et d’autres facteurs ont développé chez eux une culture qui incorpore la notion d’hibernation (hiver) c’est à dire rester très longtemps dans un endroit sans en sortir. Cette tradition n’existe pas, pour l’essentiel, en Afrique. Ensuite, ils ont globalement les moyens de s’approvisionner pour une longue période. Ici ce n’est pas le cas du fait d’une épargne très faible et même inexistante dans l’écrasante majorité des ménages. Cela a pesé dans la crise de la fermeture des marchés. D’une façon générale, certaines mesures qui ont bien fonctionné en Europe ne peuvent pas être efficaces ici au vu du décalage dans les niveaux d’organisation sociale.
Par exemple une bonne partie des productions de contre saison hivernale notamment l’oignon, a été perdue au Nord du pays faute d’une chaîne de distribution de temps de crise. En Europe, ils ont développé des systèmes qu’ils ont testés grandeur nature ou par simulations pour faire face à de nombreuses situations ce qui n’est pas le cas ici. L’on pourrait allonger les exemples. C’est la perception de cette différence qui nous permet de comprendre et de gérer au mieux les mouvements de contestation contre certaines mesures de l’Etat comme le couvre-feu ou encore la fermeture des marchés ou des mosquées. Il est clair que si nous avions, proportionnellement, des bilans aussi élevés que l’Europe ou l’Amérique en pertes de vies humaines du fait du virus (Dieu nous en garde !), il ne serait venu à l’idée de personne de braver le couvre-feu ou l’interdiction de voyager ou encore d’aller prier dans une mosquée.
Le moment est donc venu, nous semble-t-il, de nous départir de la lecture initiale qu’on avait du phénomène du coronavirus pour une nouvelle stratégie qui commencerait par soulager le trésor public avec cette façon trop lourde de gérer la pandémie. Il n’est que temps de relancer la machine économique et la vie nationale en général, sur la base de ce que nous savons déjà de la pandémie et des réactions du corps social. C’est à ce sujet qu’à notre avis, toutes les forces devraient être aujourd’hui jetées dans la bataille de la communication. Cette bataille doit être gagnée à tout prix de façon que les populations puissent très massivement respecter, dans leur vie de tous les jours, les mesures que leur édictent les personnels de santé. Les images que l’on voit le long des plages à Dakar avec des milliers de jeunes agglutinés montrent que dans l’esprit de cette tranche d’âge, le virus est démystifié.
Le vrai défi est là. C’est à ce titre que j'avais, pour ma part, suggéré, dès le 14 mars 2020, la mise en mouvement des organisations naturelles des populations à la base qui devaient être largement impliquées et responsabilisées. «l'auto-organisation des populations à la base s'appuyant sur les structures de jeunes (asc), de femmes (groupements), confessionnelles (imams et curés, dahiras ...), de gouvernance locale (mairies, chefs de quartiers, conseils de quartiers ...).
Une articulation intelligente entre les services de santé publique et ces auto-organisations populaires devraient être très efficaces contre la propagation. Les partis politiques devraient aussi assumer leur mission dans ce contexte auprès des populations ». Un travail de sensibilisation très bien conçu ettrès bien organisé permettrait alors, par-delà la pandémie, de ressourcer la jeunesse dont les comportements violents dans les nawetaans sont un signe qu’une initiative majeure doit être prise en sa direction et sans plus tarder. Ces organisations devraient aussi être des espaces d’incubation des nouvelles postures postcovid19.
Une véritable redisposition de la société par l’organisation, la discipline et la méthode nous attend. Et c’est la tête qui doit donner l’exemple. Ce chantier de la redisposition de la société est, me semble-t-il, la condition sine qua non de tout véritable succès économique futur pour le pays. Naturellement, c’est fort de ces réformes de fond que nous irons au banquet de la nouvelle Afrique que nous tous ici, et ailleurs sur le continent, appelons de nos vœux.
Mamadou Diop ‘Decroix’
Député à l’assemblée nationale
Secrétaire général d’And-Jëf/Pads)
Par Boubacar CAMARA
TUMBI-19 (2/2)
A la suite de l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, je formule, comme promis, les mesures que je considère comme essentielles pour garantir une sortie de crise réussie
A la suite de l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, je formule, comme promis, les mesures que je considère comme essentielles pour garantir une sortie de crise réussie. Il est vrai que la bataille contre le COVID-19 n’est pas encore gagnée. Pire, si les meilleures stratégies ne sont pas adoptées et mises en œuvre avec rigueur, la victoire souhaitée ne pourra même plus être espérée raisonnablement. Malgré tout, on ne peut pas attendre un hypothétique « clap de fin » pour réfléchir aux voies et moyens de « réparer les dégâts » causés par la pandémie de la COVID-19 et établir un programme pertinent de sortie de crise sur les plans économique, social et sanitaire. Gouverner, c’est prévoir. Le programme que nous proposons est dénommé TUMBI-19 et se décline en dix-neuf (19) mesures et cinquante et une (51) actions. Ce programme se justifie d’autant plus que le Sénégal connaissait déjà une situation difficile avant la déclaration de la pandémie et devait de changer de cap.
SÉCURITÉ
Renforcement du dispositif sécuritaire frontalier avec des postes mixtes ou juxtaposés entre la police, la gendarmerie et la douane. Renforcement de la contribution de l’Armée nationale à la vie citoyenne et à la sécurisation. Organisation d’un dispositif de surveillance des sites sensibles (centrales électriques, grandes industries, infrastructures de production et d’alimentation en eau, réseau de télécommunications etc.), des routes, ports et aéroports ainsi que des lieux de rassemblements. Institution du label « GM7VI » de sécurisation sanitaire dans les commerces restaurants, bureaux, usines, lieux de culte, et autres services accueillant du public, attestant qu’au moins sept (7) Grandes Mesures contre les virus et autres vecteurs de maladies ont été rigoureusement observées. Le nouveau Service d’Hygiène et de Sécurité sanitaire est chargé de la surveillance de la mise en œuvre de ce protocole. Mise en place d’une nouvelle police municipale dans laquelle doit se fondre l’Agence de Sécurité de proximité.
DEMOCRATIE
Adoption d’un calendrier électoral consensuel et précis. Organisation des élections locales proposée pour juin 2021. Aucun changement ne doit être opéré sur les dates des élections législatives prévues en 2022 et l’élection présidentielle de 2024. Compte tenu du retard enregistré dans l’audit du fichier, organisation des élections avec un nouveau fichier électoral constitué de tous les citoyens en âge de voter et non frappés d’incapacité conformément au Code électoral (L.27). Organisation de périodes de révision auto radiations et de mise à jour des changements personnels de situation. Recherche d’un consensus sur les autres conditions de participation et d’organisation des élections dans le cadre du dialogue politique. Respect par le pouvoir politique des droits et libertés notamment le droit de manifeste sans aucune restriction politicienne et sans arrestations arbitraires.
GOUVERNANCE TRANSPARENTE
Réforme de l’administration publique mettant l’accent sur la promotion du critère du mérite pour l’accès à la fonction publique et aux postes de responsabilité et sur la réorganisation du travail avec un recours aux technologies de l’information et sur la formation efficace du personnel. Réforme de la justice en vue de renforcer son indépendance, accompagnée d’un renforcement des moyens. Traitement diligent des dossiers en instance en justice notamment sur les questions liées à la gouvernance dans les affaires publiques et les litiges dans les affaires économiques pour rassurer les investisseurs et les citoyens. Réorganisation des services de contrôle des finances publiques dans le cadre d’un regroupement des fonctions de prévention, de contrôle et de répression. Réorganisation du commerce intérieur avec le rétablissement des stades de commerce, l’implantation des zones d’emplacement dédiées, en permanence ou provisoirement, la réorganisation des « loumas » (marchés hebdomadaires) et l’instauration de conditions d’exercice du commerce respectant les règles d’hygiène et de sécurité des consommateurs.
CONCLUSION
Le programme TUMBI-19 couvre les cinq axes indiqués dans l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, à savoir la relance de l’économie, le sauvetage de l’éducation, la Santé et l’Emploi, la sauvegarde de la Démocratie, l’intégration africaine et la situation de la Diaspora et, enfin, le renforcement de la Gouvernance transparente. La cohérence d’ensemble du Programme TUMBI-19 repose sur la nécessité de réduire de façon significative l’endettement public en faisant recours à des financements alternatifs adossés à la valorisation des actifs constitués par les ressources naturelles (ppp et ERI), ce qui renforce les capacités d’intervention de l’état notamment dans le soutien aux personnes vulnérables. Ces mesures vont de pair avec la suppression de certaines institutions et la réduction du train de vie de l’état. Avec le ralentissement inévitable des flux d’import-export, il convient également d’aider les entreprises sénégalaises à réorienter leurs activités vers des secteurs porteurs de croissance inclusive comme l’agriculture, la pêche, l’élevage et l’artisanat de soutien au tourisme, ce qui permet de promouvoir l’emploi et d’augmenter les revenus des ménages durement éprouvés par la crise sanitaire.
L’articulation entre le développement industriel et le renforcement du parc énergétique est proposée pour renforcer l’offre d’emplois notamment pour les jeunes. Pour l’optimisation de la collecte de l’impôt, des réformes sont indispensables dans les régies financières (douane, impôts, trésor) en vue d’accélérer les procédures à travers l’interconnexion et la dématérialisation, l’identification des contribuables et l’adoption de schémas adaptés de localisation du fait générateur de l’impôt. Dans le cadre de l’intégration africaine ouest africaine, le Sénégal devra s’atteler à une meilleure utilisation de l’instrument monétaire et à renforcer les échanges intracommunautaires, le transport et les télécommunications.
La crise de la COvID-19 a révélé la place centrale d’un capital humain épanoui dans l’économie réelle. Il convient donc de renforcer de façon significative les investissements dans l’éducation, la santé et la sécurité. La diaspora doit également être soutenue et ses atouts valorisés. Enfin, la gouvernance transparente dans des secteurs sensibles comme l’administration et la justice contribue à rassurer les citoyens et les investisseurs. Chaque mesure du programme TUMBI-19, chaque action, fera l’objet d’un développement détaillé pour en indiquer le bien fondé, les retombées positives, les préalables et mesures d’accompagnement. Fait à Kinshasa, le 3 juin 2020
Par Moustapha DRAMÉ
QUAND TA COULEUR DEVIENT UN DÉLIT
Si vous laissez aux autres cultures la possibilité d’absorber vos normes culturelles au lieu de les greffer ou les intégrer les unes aux autres, la tentation est grande de faire disparaître les vôtres
....l’histoire se répètera souvent jusqu’à ce que récolte et révolution s’en suivent
Si vous laissez aux autres cultures la possibilité d’absorber vos normes culturelles au lieu de les greffer ou les intégrer les unes aux autres, la tentation est grande de faire disparaître les vôtres. La cohabitation des cultures ne peut se faire que dans le compromis, de l’acceptation des différences comme une richesse collective et non sur la logique de l’infériorité et donc du droit de d’envahir ou de dominer... Si vous laissez aux autres la possibilité d’écrire votre histoire, la leur l’avalera au gré de leurs intérêts et dans la perspective de neutraliser, de falsifier ou de faire disparaître votre existence historique. Sans identité historique solide, le présent vacille et le futur est « turfu», (en verlan).
La plume du missionnaire, de l’esclavagiste, du colonisateur, et aujourd’hui des grandes puissances et grandes Institutions internationales qui en sont les émanations héritières, est presque indélébile et reste en leur faveur. Quand ce sont les autres qui écrivent votre histoire, c’est avec la tortuosité de leur plume bien pointue et leur encre bien sordide en ce qui vous concerne et bien majestueusement bienveillante en ce qui les concerne. Et surtout machiavélique quand cet écrit devient un programme scolaire après avoir été le soubassement de toutes les lois et accords internationaux entre «civilisés» et «non civilisés», entre dominés et non dominés, entre sous-développés et développés, entre Noirs et Blancs... Récrire votre vérité historique dans vos dialectes et langues puis dans la langue du colonisateur est le premier devoir. La voir s’institutionnaliser prendra du temps.
Peu importe. De toutes les façons, le noir est une couleur en liberté surveillée partout. Il est temps qu’elle commence à surveiller les liaisons dangereuses à sens unique… Quand les autres vous arrachent votre pensée au nom d’une pensée, votre histoire, sous le prétexte de la barbarie, votre identité, sous l’alibi qu’elle n’existe pas.. , ils en reviennent à nier l’existence même de votre civilisation argumentant qu’elle «n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire».
Autrement dit leur modèle historique... Sans civilisation à vocation perpétuellement civilisatrice et intelligemment conquérante, de façon prioritairement endogène puis, exogène, point de salut en matière de reconnaissance et de respect de la part de l’autre. Celui qui domine est éternellement dans la négation de la vérité. Seuls comptent ses petits arrangements avec le droit, la morale, l’éthique, l’égalité, le respect...La dignité se construit et se maintient par une identité collective forte des personnes s’y identifiant, presque de façon doctrinale, capables de se sacrifier pour elle... Ces maux de la communauté noire…
De ces maux souffre la «communauté» noire en son sein et dans ses rapports avec les autres. Nous avons trop toléré. Trop accepté. Et, j’en déduis toutes les bavures et maltraitances que subissent les « minorités et les faibles,» parce qu’ils ne sont pas reconnus comme « élus de la classe supérieure civilisée et civilisatrice» : la couleur est déjà un délit pour ces in.di.vi.dus.au QI souvent négatif. Il se trouve que la main qui est tendue en premier est celle qui est en dessous.
Dans ces conditions, elle recevra avec les hautes conditions de l’échange sur un marché où dominent les loups. Il faut renverser cette tendance, car les nouvelles générations ont compris très tôt, là où les précédentes ont été soit naïves, soit impuissantes, soit de connivence. Celui qui a pris la plume en premier pour imposer son appartenance identitaire universaliste et universalisatrice, en détient une bonne et exceptionnelle clé de la communication offensive et défensive et, par conséquent, des armes de conquête avec un élan suprématiste. Celui qui a pris la parole pour perpétuer les légendes et les références historiques, est dans un modèle de transmission orale, certes, utile et nécessaire, mais pas universaliste. Il revient donc aux Noirs, de sortir des incantations et de s’imaginer dans un rapport de force inéluctable et inévitable qui ne leur fera pas de cadeau: autant on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs, autant un sac vide ne peut tenir debout. Votre éternelle et traditionnelle tolérance ne tolère plus l’actuelle et naïve tolérance, surtout devant ces nouvelles formes d’intolérances axées sur la hiérarchisation socio- ethnique. C’est pour cela qu’on rejette ta couleur, on tue les Noirs, puis, «circulez, ce n’est que du noir mixé à la sauce du racisme quotidien.
PRENEZ VOTRE DESTIN EN MAIN AVANT QU’IL NE DESCENDE SOUS LES GENOUX DES AUTRES. C’EST AINSI SYE MOURUT GEORGE FLOYD... ET BIEN D’AUTRES PARTOUT... SI VOUS VOULEZ ETRE DEMAIN SOYEZ AUJOURD’HUI EN VOUS APPUYANT FORTEMENT SUR CE QUE VOUS AVEZ ETE...
Par Collectif de solidarité Afrique-Usa à Georges Floyd
UN NOUVEAU SOUFFLE POUR REBATIR L’HUMANITE
Dans une déclaration de Dakar intitulée «un nouveau souffle pour rebâtir l’humanité», parvenue à notre Rédaction hier, lundi 8 juin, des intellectuels, des hommes d’affaires et hommes des médias africains rendent hommage à George Floyd.
Collectif de solidarité Afrique-Usa à Georges Floyd |
Publication 09/06/2020
Dans une déclaration de Dakar intitulée «un nouveau souffle pour rebâtir l’humanité», parvenue à notre Rédaction hier, lundi 8 juin, des intellectuels, des hommes d’affaires et hommes des médias africains rendent hommage à George Floyd. Un afro-américain assassiné par la police aux Etats-Unis.
Parmi les signataires de cette pétition que nous publions pour nos lecteurs, on peut citer entre autres Alioune Tine (Afrikajom Center), Pr Babacar Diop dit Buuba (Paalae), Fatou Sow Sarr (Femmes leaders pour la Parité), Amadou Lamine Sall (poète), Bougane Guèye Dani (Groupe D-Media), Babacar Touré (Groupe Sud Communication), Madiambal Diagne, (UIJF), Mamadou Thierno Talla (DG Fondateur de l’Info), Amadou Bâ (DG du Quotidien l’AS), Baïdy Agne (Secteur Privé), Bamba Kassé (SYNPICS), Pr Moussa Seydi (Chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann).
Le meurtre de sang-froid d’un citoyen noir, africain-américain par un policier blanc euraméricain, commis en plein jour dans une rue de la capitale du Minnesota est un fait divers qui rappelle tragiquement les pratiques de lynchage d’un passé esclavagiste et ségrégationniste de l’Amérique condamné par l’histoire.
Cette froide et cruelle mise à mort de George FLOYD par l’agent Derek CHAUVIN, couvert et soutenu par ses collègues policiers, pour une « affaire » de faux billet de vingt dollars US va sans doute avoir des conséquences d’une ampleur sans précédent aux USA et dans le monde. Ce crime raciste, insoutenable et ignoble a été retransmis en boucle à travers le monde, provoquant émoi, effroi. Ces images insoutenables ont immédiatement déclenché une réaction massive de colère et d’indignation à Minneapolis, dans les grandes villes du pays avant de se répandre dans le reste du monde. Ces violences policières négrophobes et impunies qui relèvent d’un racisme systémique, institutionnel et structurel, ont dégénéré par endroits en émeutes ; elles manifestent deux (02) nouveautés : d’un côté, la présence significative et parfois majoritaire de manifestants blancs, et surtout de jeunes et de femmes, dans les cortèges et les sit-in jusqu’aux portes de la Maison Blanche, et de l’autre le soutien international à la lutte contre le racisme et pour l’égalité en droit, notamment pour les Noirs le droit sacré de vivre et de respirer.
La marée montante des protestations populaires se poursuit aux Etats-Unis. L’Afrique ne saurait demeurer passive ni silencieuse face aux souffrances de sa Diaspora. Il faut saluer la position courageuse du Président de la Commission africaine et celle du Président du Ghana qui ont dénoncé et condamné les violences racistes subies par la sixième région d’Afrique. Les Africaines et les Africains doivent se mobiliser fermement et de manière continue contre la torture, les traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à la communauté d’ascendance africaine par le gouvernement américain : en particulier, les violences policières meurtrières impunies, l’incarcération en masse des jeunes et une justice à deux vitesses qui les dépossèdent de leurs droits civiques.
L’abolition effective de toutes les formes d’esclavage, de colonialisme direct ou indirect et d’apartheid affiché ou voilé, exige la suppression absolue et irréversible de toute forme d’inégalité entre êtres humains. Il faut impérativement l’application d’une même loi pour tous les citoyens, sans distinction de race ou d’ethnie, de genre ou de religion, d’origine, de statut ou de nationalité. Tel est le but principal du combat pour l’émancipation des peuples africains dans le continent-mère et dans les diasporas, en solidarité avec les peuples du monde.
Les organisations signataires de cette Déclaration invitent tous les Africains et tous les démocrates dans le monde, les associations et groupes concernés et intéressés à se rassembler le mardi 09 juin à 17 heures sur le site dédié au Mémorial Gorée-Almadies (Corniche de Dakar). Elles invitent à : Organiser des manifestations pacifiques pour condamner l’immolation, l’assassinat ignoble de George FLOYD et la haine raciale partout dans le monde ; Organiser des cérémonies pour le repos de l’âme de notre martyr commun, George FLOYD.