La liberté provisoire accordée ce mercredi 3 juin 2020 à l'ancien député Seydina Fall alias Boughazali, pris en flagrant délit de trafic et de possession de fausse monnaie, est la suite logique de la déliquescence de la justice sénégalaise. Personne aujourd’hui au Sénégal ne peut soutenir de bonne foi que la magistrature tient encore à l'égalité de droits de nos compatriotes devant la justice. Quelle mouche a pu piquer, voire contraindre en cette période de pandémie du coronavirus, le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye et le doyen des juges Samba Sall à accorder leurs violons pour offrir au député - faussaire , le délinquant Boughazali, l’opportunité de humer l’air de liberté au moment où d'autres compatriotes pour des délits beaucoup moins graves que le crime commis par ce représentant indigne du peuple, membre du clan Faye - Sall, attendent depuis des années l'espoir d’un jugement ?
Pour ces gens du peuple, la justice politicienne sénégalaise traîne les pieds et ne se préoccupe nullement de leurs dures conditions de détention, mieux, de leur oubli carcéral. Nos nantis, ces paresseux et profiteurs à souhait de la haute société de parvenus ne s'en offusquent pas et nous sermonnent à longueur de journée que le temps de la justice est tout autre et obéit à d'autres paradigmes que nous autres citoyens lambda avons du mal à intégrer et à comprendre. Soit ! Et que dire, voire que penser de ces gens qui tiennent ce discours à la fois faux et malhonnête alors qu’ils savent pertinemment qu'aucun détenu du bas peuple, auteur de quelques larcins tels que le vol de poulet ou la possession d’un joint de yamba n’obtiendra jamais une liberté provisoire. Le procureur de République ou le doyen des juges préfère les confiner dans des conditions extrêmes qui relèvent à bien des égards de la torture ou de la pure barbarie. Leurs conditions dégradantes de détention ne les émeuvent guère et ils préfèrent de loin secourir leurs acolytes et compagnons de jouissance, qui pourtant sont de véritables fossoyeurs de nos valeurs, de pilleurs éhontés de nos maigres ressources publiques.
Cette symphonie diabolique du procureur et du doyen des juges est une autre provocation, une autre tentative malsaine de forcer le passage en dépit du simple bon sens et de la loyauté. Que cherchent ces deux hommes à prouver encore au chef de clan Macky Sall, l’apprenti - dictateur qui s'essaie à jouer au dur avec les plus faibles d’entre nous au moment même où il se range par faiblesse, voire par manque de courage du côté des criminels de tous bords, ou qu’il donne libre cours à Sénac de faire ce que bon lui semble de la gestion de nos autoroutes à péage afin de ne pas mécontenter son patron Emmanuel Macron ? Ou est-ce une confirmation de leur servitude volontaire assumée au chef de clan Macky Sall contre les intérêts intrinsèques du peuple sénégalais ?
Hier, c'était en faveur du trafiquant guinéen de faux médicament par le biais d’une grâce présidentielle et encore en faveur d’autres dealers de drogue dure, ou encore le musicien Thione Seck poursuivi également pour détention de faux billets de banque. Aujourd’hui, c’est au tour du falsificateur de monnaie, l’ex-député Boughazali de retrouver sa vie d’antan auprès de sa famille, loin de Rebeuss, un lieu où il n’aurait dû jamais quitter avant que la justice ne tranche cette affaire rocambolesque.
Après ce forfait ignoble qu’ils ont accepté d’accomplir, que personne ne vienne nous dire que la justice sénégalaise est juste et impartiale. Ces magistrats manquent de courage, de loyauté et ne sont plus dignes de prendre la défense des intérêts du peuple sénégalais. Ils ont immanquablement failli à leur devoir puisque rien ne saurait justifier leur décision qui ne repose sur aucune base légale. En vérité, de très lourdes charges pèsent sur Boughazali et ils ne peuvent pas l'ignorer. Ce sinistre individu a planifié une tentative de sabordement et de déstructuration de l’économie sénégalaise. Il est impératif d’encadrer ce pouvoir discrétionnaire du procureur de la République et du doyen des juges parce qu’il est disproportionné vu l’étendue de leurs prérogatives et n'obéit à aucune règle de justice et de responsabilité dans la conduite de l’action publique. Des garde-fous doivent être balisés afin d'éviter que de telles actions continuent à violer manifestement notre droit à une protection exemplaire de l'intérêt général. Ce coup de théâtre ou cet abus de pouvoir du parquet est un signal, voire un encouragement aux grands criminels de ce pays.
Ce coup de Jarnac est une indication claire du chef de clan Macky Sall et de ses complices dans l’administration judiciaire à l’endroit du peuple pour nous signifier que ce pays est leur propriété et qu’ils comptent le gérer dans l'opacité et dans la violation systématique des lois et règlements. Et pourtant, toute cette bassesse ne doit étonner personne. Le chef de clan Macky Sall est un habitué des faits. Depuis qu’il est à la tête de cette République bananière, tous les crimes même les plus infâmes sont pardonnés aux membres de son clan. Nous pouvons en citer des dizaines que ce même procureur Serigne Bassirou Guèye refuse d’instruire alors qu’il ne cesse de harceler nos compatriotes pour de simples délits d'opinion. Il pouvait dans bien des cas faire preuve de pédagogie voire d'indulgence afin d'éviter coûte que coûte la prison à certains de nos compatriotes (cas de l'activiste Guy Marius Sagna ou d’Abdou Karim Gueye et d'autres encore qui subissent au quotidien la vengeance sournoise du chef de clan Macky Sall ).
Avec toutes ces injustices au grand jour, le chef de clan Macky Sall et ses hommes de main, sa galaxie de troubadours composée principalement d'anciens défenseurs de la démocratie, de la justice sociale, de la liberté d'expression ne doivent pas s'étonner que des voix fusent de partout pour dénoncer de manière vigoureuse leur gestion sombre, nauséabonde et vicieuse du pouvoir, mais également d’entendre par ici et là des paroles désobligeantes que la morale et la pudeur condamnent et qui nous renvoient à un niveau sans précédent du délitement de nos valeurs.
Toutefois, le chef de clan Macky Sall, par sa gestion patrimoniale et désastreuse du pays est le seul et unique responsable de la chienlit qui prévaut aujourd’hui au Sénégal. Ignorer cet état de fait incontestable, le nier, c’est se fourrer le doigt dans l’œil. Nous persistons à penser que Macky Sall, par sa gestion solitaire du pouvoir, par son incompétence mise à nu en cette période de pandémie, par ses prises de liberté à enfreindre encore, davantage et toujours les règles de bonne gestion, mais aussi les lois et règlements du pays, par sa faiblesse et par son manque de courage à prendre les bonnes décisions à temps pour assurer la protection de nos concitoyens, est aujourd’hui une menace bien réelle à la sécurité de notre nation. Ceci n’est pas une simple vue de l’esprit ni une prise de position partisane, mais la réalité objective de la situation du pays.
En dernier lieu, j’aimerais bien attirer l’attention du procureur Serigne Bassirou Guèye et du doyen des juges Samba Sall que le pouvoir du chef de clan Macky Sall et leurs positions actuelles dans la hiérarchie judiciaire ne sont pas éternelles et qu’ils doivent prendre leurs responsabilités en refusant de cautionner ses manœuvres perfides, si ce n’est trop leur demander. A défaut, lorsque le chef de clan Macky Sall et sa bande d’incapables en auront fini avec leur politique abjecte d’asservissement de la justice, il ne restera au peuple que de ramasser ce corps souillé à outrance de la magistrature et de l’ensevelir dans les décombres de l’histoire. Un peuple quel qu’il soit, a vivement besoin d’une justice libre et indépendante, même si cette dernière est à parfaire et demande la contribution de toutes les souches de la population.
Aujourd’hui, la gestion du pouvoir du chef de clan Macky Sall est devenue une sorte de poudrière et nous conduit droit au mur. Il en va de la responsabilité de tout un chacun de protéger notre pays dans la droiture, la loyauté, la responsabilité et avec un sens élevé de l'égalité de nos concitoyens devant la justice. Une injustice prolongée et faisant office de mode de gestion du pouvoir n'entraîne que le refus d'obtempérer à l'autorité et ouvre la porte immanquablement à l’affrontement. Il revient de droit aux autres magistrats indignés de dénoncer cette imposture. Sinon, leur silence équivaudrait à un aveu d’impuissance, voire de complicité outrageante aux frasques immondes du chef de clan Macky Sall.
par Youssoupha Diop
J’AI RÊVÉ
Les événements récents ont mis à nu la vacuité de notre système de protection sociale, à savoir, l'ensemble des dispositifs de protection qu'une société accorde à ses membres pour les aider à faire face aux principaux risques de l'existence
Oui il m’est donné de rêver et je rêverai tant et aussi longtemps qu’il ne me sera démontré que « Martin Luther King avait le monopole du sommeil ».
Quand le président de la République, Son Excellence Monsieur Macky Sall a annoncé un plan de résilience à hauteur de mille (1000) Milliards de FCFA, personne n’y croyait.
Certains sceptiques ont dit : il rêve. 1000 milliards !
Il a fixé un cap et nous y sommes parvenus en un laps de temps que personne ne pouvait soupçonner.
Rêvons, rêvons donc de choses possibles et donnons-nous les moyens de les rendre réelles.
Car comme le disait si justement John F. Kennedy, « Les problèmes de ce monde ne sont pas susceptibles d’être résolus par les sceptiques ou les cyniques dont les horizons sont limités par les réalités évidentes. Nous avons besoin d’hommes et de femmes qui peuvent rêver de choses qui n’ont jamais existé ».
Rêver est presque un devoir civique. Rêver peut devenir porteur de progrès.
Quelle fut la surprise d’un grand médecin de la place, membre d’un jury pour recruter le Directeur de l’IPRES, lorsqu’il me demanda quelle serait mon utopie si j’étais choisi, de m’entendre lui répondre que la retraite devrait être le moment le plus agréable de la carrière de tout travailleur dans notre pays.
J’en avais rêvé.
J’avais rêvé également, que le Sénégalais le plus démuni devrait pouvoir prétendre à la même qualité de soins médicaux, chirurgicaux et tout ce qui va avec que le plus nanti de tous les sénégalais.
Oui, j’en avais rêvé. Et j’y avais cru.
J’avais même osé solliciter de Son Excellence M. le président de la République, maître Abdoulaye Wade en son temps qu’il me donnât la chance de lui exposer mon rêve.
En présence de madame Ndeye Khady Gueye sa conseillère chargée du secteur privé, je m’étais permis d’exposer avec force documentation la faisabilité de mon utopie. Il était, je l’avoue, très agréablement surpris et impressionné par la pertinence de mes propos et des documents et données statistiques qui les sous tendaient.
Nous avons discuté pendant quatre-vingt-dix (90) minutes !! Il avait tenu à vérifier chaque donnée auprès de la DPS, du ministre des Finances Abdoulaye Diop, qu’il appela séance tenante.
C’était quoi mon rêve ?
En 2003, selon les statistiques de l’ancienne DPS, il y avait une population active de 4,5 millions d’individus, si nous démontrons que les 2/3 soit 3 Mio d’unités, sont capables de verser une moyenne de 72mille FCFA par an, nous pourrions récupérer 216 milliards de FCFA chaque année consacrée à la santé en sus du budget de près de 100 milliards en son temps, soit 316 milliards FCFA.
Pourquoi 72 mille FCFA ? Cette somme correspond à la cotisation réglementaire de base pour les IPM, part employeur et employé sur une année. Elle correspond à 6 000 FCFA par mois.
À la même époque, il était également établi statistiquement qu’il y avait en effet, plus de 3 millions de personnes résidentes au Sénégal ayant des revenus supérieurs à 300 mille FCFA par an, c’est-à-dire 25 mille FCFA par mois. Elles étaient toutes capables de contribuer à hauteur d’une moyenne de 6 mille FCFA chaque mois pour leur santé et celle de leurs familles.
À l’occasion d’un séminaire organisé par le bureau de l’OIT à Dakar, les femmes entrepreneures appartenant au mouvement national des femmes entrepreneures du Sénégal avaient déclaré qu’elles dépensaient chaque jour plus de 5 mille FCFA pour des besoins médico-sanitaires.
L’association des professionnels de la mécanique auto (PROMÉCABILE) dirigée par Packy Thiam et les artisans du Sénégal membres des chambres des métiers avaient, tous, confirmé dépenser plus de 10 mille chaque semaine pour des besoins similaires, soit pour eux-mêmes, soit pour les membres de leur famille, soit pour leurs ouvriers et apprentis.
316 milliards en 2003 sont toujours supérieurs, 17 ans après, au budget de la santé en 2020 qui est de 198 milliards FCFA.
En 2020, la population active représente près de 55 pour cent de la population du pays. Prenant en compte les indigents exclus de toute capacité contributive, il serait raisonnable de penser que 6 millions de personnes résidant au Sénégal sont en mesure de contribuer pour 75 mille FCFA par an, soit 450milliards FCFA en sus des 198 Milliards inscrits au budget, soit, une cagnotte de 648 milliards FCFA, trois fois plus que le budget 2020 de la santé.
Que représente la somme de 75 mille FCFA par an pour un assurable qui doit payer des millions pour assurer sa famille et obtenir une extension à l’étranger si, de surcroît, désormais, le plateau technique devient si élevé que notre pays se transforme en destination du très lucratif tourisme médical ?
J’avais été surpris par la réactivité que mon rêve avait suscitée en 2003-2004 auprès de feu Issa Mbaye Samb, ministre de la Santé, M. Idrissa Seck, ancien Premier ministre qui avait, sur instruction du président, mis en place un groupe de travail pour formuler un avant-projet en vue de la tenue d’un conseil interministériel.
Figurez-vous qu’un simple agent du ministère des Finances qui se reconnaîtra m’a extirpé des douceurs de mon rêve en prétendant, à mon grand désarroi, que je les fatiguais avec cette utopie.
Il convoqua toutes les parties prenantes à la réunion de présentation de l’étude sauf moi, le promoteur et leur déclara que je venais ainsi de leur manquer de respect car, moi-même, je n’y croyais pas.
Pourtant, cette utopie que j’ai présentée comme mémoire pour mon Executive MBA à l’UQÀM a recueilli la note A+ en raison de sa pertinence, de sa faisabilité et de son caractère SMART.
Elle me hante toujours et meuble mes rêves car je continue de croire qu’il faut créer quelque chose qui n’a jamais existé pour refonder notre système sanitaire, voire, notre système de protection sociale.
Cela fait du bien de rêver.
Un ami me disait que lorsqu’il voit la cagnotte du loto atteindre 100 millions de Dollars, 300 voire 600 millions de dollars, il est enthousiaste et achète un ticket. Plutôt quelques moments de rêveries car il se projette sur tout ce qu’il pourrait faire avec 500 millions de dollars. Cela étant, de peur de se réveiller, il ne regarde jamais les résultats des tirages car cela interromprait ses rêves.
C’est la même euphorie qui m’anime lorsque je pense à tout ce qu’on pourrait faire avec 648 milliards FCFA par an entièrement dédiés à la santé de tous les résidents au Sénégal, provenant de la poche des sénégalais et hôtes étrangers vivant parmi nous.
La retraite : un moment de bonheur « espéré »
Je persiste à croire que nous devrions pouvoir y arriver comme je reste persuadé dans mes rêves, que, si chacun des 12 millions d’utilisateurs du téléphone cellulaire consentait à verser cinq (5) mille FCFA par an pour améliorer les prestations au profit des retraités, facilement 60 milliards supplémentaires seraient affectés au bonheur que procure la retraite.
J’ai rêvé également que grâce au patrimoine dont le Bon Dieu nous a gratifiés, la terre, chaque travailleur devrait être pressé d’aller à retraite au lieu de la craindre comme la maladie à Coronavirus.
Je suis convaincu que nous pourrions y arriver.
L’État du Sénégal consacre des ressources très importantes au regard de ses moyens limités, à l’assistance aux populations et fait d’énormes efforts pour respecter les standards définis par l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Organisation Internationale du travail.
Malheureusement, l’absence d’un système homogène fondé sur une dynamique de solidarité bien comprise, admise par toutes les composantes socioéconomiques, et véritablement efficiente, contribue à écarter des bénéfices de la protection sociale et à enfoncer davantage dans la pauvreté, une grande partie de la population.
Aussi, ai-je été surpris de rêver de ce qui suit :
Et si, au lieu de laisser le privilège de jouissance de notre patrimoine commun que représentent les centaines de milliers d’hectares de terrain à quelques hauts fonctionnaires ou quelques grands caciques bien connectés, les États africains instauraient un accès transparent et équitable aux ressources foncières partie intégrante du patrimoine commun ?
Dans certains pays Européens, au 19ème siècle, devant la pression du foncier, le bail emphytéotique a été introduit pour limiter la spéculation immobilière.
Cet instrument permet à l’État, au lieu de laisser des terres sans aucune utilité sociale ou économique, moyennant des redevances, de tirer des revenus importants de la location qu’il donne à toute personne désirant mettre en valeur ou obtenir un droit de jouissance sur une terre ou un bien immobilier faisant partie du patrimoine commun pendant au moins 18 ans, voire 99 ans.
Et si tous les loyers perçus au titre des baux emphytéotiques pouvaient aller vers le financement de la protection sociale ?
Pourquoi attribuer des centaines d’hectares à un seul individu qui les morcelle et les revend à prix d’or à tous ces spéculateurs, promoteurs et autres primo-arrivants sur le marché de l’habitat ?
Pourquoi ne pas inscrire une telle opération au titre de trois objectifs de protection sociale :
Réguler le marché de l’habitat et lutter contre la spéculation foncière.
Permettre l’accès au logement à des conditions plus soutenables à des jeunes, des jeunes couples….
Générer des revenus plus importants pour le financement de la protection sociale
Les événements récents ont mis à nu la vacuité de notre système de protection sociale, à savoir, l'ensemble des dispositifs de prévoyance collective et de protection qu'une société accorde à ses membres pour les assurer et les aider à faire face aux principaux risques de l'existence, notamment sur le plan financier
En dehors des accidents du travail, des maladies professionnelles, des prestations de l’assurance vieillesse et de la couverture maladie et des allocations familiales, aucun mécanisme de prévoyance collective permettant de faire face financièrement à la baisse des revenus ou à la hausse conjoncturelle ou accidentelle des dépenses n’est existant.
L’État en l’occurrence, a été obligé de faire appel à la générosité des concitoyens et amis du Sénégal résidents ou non, pour résorber le déficit de protection des populations vulnérabilisées et du tissu économique.
Cela démontre bien comment l‘inégalité, voire, l’insuffisance d’accès à la même qualité de soins, aux mêmes bénéfices sociaux, à la sécurisation des revenus des populations constituent, certes, une grande préoccupation mais doivent être considérées comme des sources d’inquiétude.
Mais, c’est, d’une part, dans le contexte global du développement social et du progrès économique qu’il faut considérer les régimes de sécurité et de protection sociales, et d’autre part, leur élargissement au plus grand nombre.
La protection sociale est, de nos jours, admise comme un déterminant de l’équilibre social conduisant à l’épanouissement physique, mental et au bien être indispensable à tout sujet économique.
Elle a, toujours, été considérée dans les pays en développement comme une résultante de la croissance économique contrairement à bon nombre de pays émergents ou développés qui, à juste raison, l’ont placée en toute première priorité pour permettre le développement économique et social.
Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Il faudra se réveiller.
IL FAUT UN AUDIT AVANT D'ANNULER LES DETTES AFRICAINES
Après l’atteinte des objectifs des programmes d’ajustement structurel, les Etats africains ont été engagés dans des projets d’infrastructures favorables aux firmes occidentales. Il n’y a pas de « free lunch » dans l’économie mondiale
Alors que la crise économique va s’installer pour un temps, le débat sur les politiques économiques post Covid-19 est lancé. Avec une question centrale : comment traiter la dette de l’Afrique après le choc provoqué par l’épidémie ? Des initiatives sont prises pour engager le continent dans une bataille pour l’annulation de la dette publique des Etats. Il s’agit là d’une vieille revendication de la société civile, notamment altermondialiste, qu’il convient de reformuler en prenant en compte les limites de cette solution ainsi que les enseignements de deux initiatives de la communauté internationale.
Il est tout d’abord surprenant que l’Afrique, qui revendique une forte croissance économique cumulée de plus de 6% sur les dernières années, demande l’annulation de sa dette. En effet, le cas échéant, quelle serait la contrepartie pour les créanciers ? Tout le monde sait qu’il n’y a pas de « free lunch » - de repas gratuit - dans l’économie mondiale. Ainsi, après l’atteinte des objectifs des programmes d’ajustement structurel, les Etats africains ont été engagés dans des projets d’infrastructures favorables aux firmes occidentales, chinoises ou turques. Par ailleurs, un autre point problématique émergerait si toute la dette africaine était annulée. En vertu du principe d’égalité des créanciers, quel serait alors le sort réservé, par exemple, à la Banque Africaine de Développement (BAD) ?
Voyons, ensuite, l’apport des initiatives de la communauté internationale. Il s’agit, d’une part, de la création du groupe piloté par l’ancien président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, pour évaluer l’ampleur des flux financiers illicites sortant du continent. Le montant, estimé entre 50 et 60 milliards de dollars par an dépasse, la valeur de l’aide publique au développement. Or, jusqu’ici, aucun mécanisme n’a été mis en place pour mettre fin à ces sorties de capitaux. Au contraire, on a signalé des sorties plus intenses depuis l’apparition de la Covid-19. Il faut, d’autre part, mentionner le résultat d’un autre groupe de travail, dirigé il y a quelques années par le Premier ministre anglais Tony Blair et consacré aux ressources minérales, ayant abouti à la mise en place de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives.
Au regard de ces deux expériences, je formule une proposition alternative pour l’Afrique, qui préserverait à fois sa réputation et son indépendance. Il s’agit de constituer un groupe pour réaliser un audit de la dette africaine sous l’égide de la communauté internationale. Ce groupe pourrait, par exemple, être piloté par l’ancien président américain Barack Obama et bénéficier de l’appui des institutions pertinentes sur le sujet, à savoir la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l’organisation non-gouvernementale Transparency International, et de personnalités d’Afrique, telles que l’Ivoirien Tidjane Thiam, de Chine et d’Europe.
L’audit mené devrait déterminer la part de la dette qui aura servi au développement économique et social du continent et celle qui n’y aura pas contribué. Cette dernière, non utile pour le développement, serait annulée. Enfin, le groupe en charge de l’audit proposerait des mécanismes concrets capables de mettre fin aux flux financiers illicites et aux accords secrets dans la gestion des ressources minérales de l’Afrique.
par Meb Thiam
LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DES SÉNÉGALAIS DE L'EXTÉRIEUR
Aucun Etat, excepté le Sénégal, n’a procédé de cette façon, en «distribuant» de l’argent à ses ressortissants ayant choisi de s’établir à l’étranger. Quelle que soit la suite à donner à cet élan de solidarité, le but politique, lui, est largement atteint
Comme tout observateur, vous avez noté qu’initiatives et opportunismes politiques ont proliféré, à qui mieux mieux, en ces temps de pandémie. Car il est, semble-t-il, toujours plus impactant pour un acteur politique d’aller au front en temps de vaches maigres, pour témoigner de sa solidarité et de sa compassion aux plus vulnérables d’entre nous.
Ainsi, à défaut de kits alimentaires ostensibles, comme certains de vos collègues les brandissent tel un appât, vous avez tout de même décidé de mettre la main à la poche pour, dites-vous, dans un communiqué on ne peut plus officiel, «venir en aide aux Sénégalais de la diaspora». J’en suis un, mais c’est loin d’être la raison première de cette lettre.
Certainement aussi, à l’instar de la plupart de mes compatriotes de la Diaspora, ayant choisi de faire ma vie à l’étranger, j’ai encaissé l’annonce de votre action comme un uppercut en pleine figure. Et que voguent les supputations, tout en ayant un œil attentif sur les réseaux sociaux. Naïvement, j’ai cru, comme ici, chez vous aussi, à la faveur du printemps, pissenlits et herbes folles devaient proliférer et prendre le dessus sur toutes ces décisions politiques majeures. Sauf que, moins de soixante-douze heures après l’uppercut, ma fille, étudiante au Sénégal, dans un élan de compassion, dégaine son téléphone, en pleine nuit, pour partager ce qui à ses yeux est une bonne nouvelle : «Bonjour Pa, tu es au courant que le Sénégal a décidé de venir en aide à sa Diaspora, avec une enveloppe de 12,5 milliards de F Cfa ? Essaie d’en profiter, pourquoi pas !» J’imagine que tous ceux qui ont un parent parmi la Diaspora ont fait ou pensé pareil que ma fille. Dès lors, le mal que porte cette annonce lapidaire est fait. Je lui dis être au courant de l’information mais que l’aide dont il s’agit ne m’était certainement pas destinée. «Fais comme tu veux, papoue», me lance-t-elle, un brin, déçue. C’est peu de dire que j’ai beaucoup apprécié cet élan d’affection.
Le temps de digérer ces chocs émotionnels en cascade, pour décider à mon tour d’écrire une lettre publique en réponse à votre geste. Geste, somme toute appréciable dans son fond car procédant, pour sûr, de bonne intention. Bien que «distribuer» de l’argent, sonnant et trébuchant, me semble-t-il, ne relève pas des prérogatives d’un ministre des Affaires étrangères, en charge de sa Diaspora.
J’endosse ainsi, à mon corps défendant certes, le rôle de porte-plumes des membres de la Diaspora qui, comme moi, auraient aimé faire pareil. D’où d’ailleurs le temps d’attente, espérant que quelqu’un, plus atteint, vous rende votre coup.
Quoi vous dire ? Rien, sinon merci monsieur le ministre d’être venu «en aide aux Sénégalais de la Diaspora». A vrai dire, c’est plus la curiosité de savoir votre motivation profonde qui est à l’origine de ma lettre, que le souci de rassurer ma fille que son papa -comme pour l’écrasante majorité de la Diaspora sénégalaise- s’en sort bien grâce à Dieu, depuis toutes ces années, sans jamais la moindre aide de l’Etat du Sénégal.
Il n’empêche que j’étais curieux, tout de même, de savoir combien sommes-nous, la Diaspora sénégalaise ? Aucune donnée actualisée fiable disponible (le site du ministère était inaccessible au moment où j’écrivais cette lettre), mise à part celle trouvée sur Internet dans un document de Politique de migration du Sénégal (Pmns) datée de 2013, qui estime le nombre de Sénégalais établis à l’étranger à plus de 533 000. Voilà que pointe une nouvelle question.
Sur quelle base alors a été décidée cette cagnotte de «12,5 milliards de F Cfa pour venir en aide aux Sénégalais de la diaspora» ? Je tire mon chapeau aux experts du ministère qui y ont planché jusqu’à la virgule près, certainement avec force détails, pour arriver à ce montant et décider de sa ventilation géographique Afrique, Europe, Amérique. A la louche ?
Je vous épargne la question sur les critères objectifs de distribution, si distribution il y a, aux populations cibles dont la date limite d’inscription online, «pour y avoir droit, est fixée au 31 mai». Je vous fais remarquer monsieur le ministre, que près de trois mois après le début de la pandémie, même le plus nécessiteux d’entre nous, tant est qu’il s’inscrive, aura eu le temps de développer une résilience ou crevé déjà de faim.
Quel crédit donner au chiffre de 13 000 Sénégalais inscrits sur la plateforme dédiée, annoncé par les services consulaires du Sénégal à Casablanca ? En clair, combien de Sénégalais résident au Maroc ?
Le dernier recensement général de la population et de l’habitat au Maroc de 2014 (Cf.www.hcp.ma) estime à 84 001 le nombre d’étrangers résidant au Maroc dont 40% Européens (33 615) et 41,6% Africains (34 966) dont les Maghrébins…et seulement 7,2% de Sénégalais (des 41,6% pour précision). D’où sortent les 13 000 Sénégalais «nécessiteux ou victimes des impacts de la pandémie due au Covid 19» inscrits sur cette plateforme ?
Quelle que soit la suite à donner à ce bel élan de solidarité à coup de milliards de F Cfa, le but politique, lui, est largement atteint. Mais seule une reddition des comptes nous permettra, un jour, d’en avoir le cœur net quant à la vraie destination de ces fonds mobilisés. Sauf erreur de ma part, aucun Etat, excepté le Sénégal, bien évidemment, n’a procédé de cette façon, en «distribuant» de l’argent à ses ressortissants ayant choisi de s’établir à l’étranger. Ça ferait plus sens si ces sommes (beaucoup moins certainement) étaient destinées aux Sénégalais bloqués à l’étranger, suite à la fermeture de la pluplupart des frontières inter-pays ou aux étudiants boursiers sénégalais.
Et si tout cela, monsieur le ministre, n’était que de la poudre de perlimpinpin ! En espérant que j’ai tout faux.
Par Mame Boye DIAO
CHANGER !
Le monde bruit de toute part d’un désir irrésistible de changer du tout au tout, d’une volonté de remise en cause des paradigmes actuels comme pour sortir d’un carcan oppressif et corrosif pour l’humain
Le monde bruit de toute part d’un désir irrésistible de changer du tout au tout, d’une volonté de remise en cause des paradigmes actuels comme pour sortir d’un carcan oppressif et corrosif pour l’humain. La circonstance de la covid-19 en est le phénomène ampliateur et accélérateur. Il est vrai que la covid a mis l’humanité en face de l’inédit appelant même à une solidarité par l’isolement, contresens par excellence, mais c’était semble-t-il le prix à payer pour éviter un humanicide.
Selon le mot d’un auteur, « plus que les effets du changement climatique qui, pernicieux, affectent nos vies en profondeur, mais si lentement que s’en est imperceptible à l’échelle de nos vies humaines, l’effet pangolin nous touche brutalement, foudroyant nos passés et écrasant notre avenir dans un instant dramatique, insupportable à nos esprits endormis par des décennies de progrès scientifique, technique, médical qui nous faisaient percevoir nos vies en dehors du temps ».
Une recomposition de l’ordre établi dans un rapport nouveau est dans tous cas inévitable tellement les choses semblent aller dans le mauvais sens avec quelque chose qui à terme est destructeur pour la communauté humaine. Un moment historique de transition est donc à l’œuvre c’est-à-dire une mise en série non seulement d’événements mais aussi de processus qui articule des périodes. Ce passage d’une ère à une autre est toujours un moment d’incertitude. Seulement, changer n’est pas une chose évidente qui irait de soi. Le confort des convenances, des pratiques routinières a quelque chose de rassurant, de prévisible et d’accommodant. Le futur est incertain et comporte une forte dose d’inattendu, de déconcertant et d’angoissant qui tétanise le désir d’un alternatif.
Les effets, inconnus pour le moment, sont imprévisibles par nature, quel que soit la dose de management du risque parce que les circonstances nouvelles qui adviennent par le fait même du changement, les facteurs multiples qui entrent en ligne de compte induisent des effets de surprise affriolants. Il arrive même que le changement qui exige une conversion du paramétrage de nos modes de pensée, n’accouche que d’un recul ou d’un surplace. Comme l’affirmait le prince de Salina dans le roman Le guépard écrit par Lampedusa et adapté au cinéma par Visconti, il faut que tout change pour que rien ne change. Mais ne rien faire agirait à l’égal d’un rayon paralysant pour la pensée et l’action et garderait un statu quo insatisfaisant. Un présent fait d’exclusion, de pauvreté, de fragilité. Il y a juste à éviter la brusquerie, la brutalité mais il est nécessaire de faire quelque chose pour que les lignes bougent, que les éléments de structure se recentrent autour de valeurs de solidarité. C’est peut-être là le sens profond de l’appel du Président Macky Sall à un nouvel ordre mondial, qui « abolirait l’ordre mondial en cours par l’instauration d’un nouvel ordre mondial, qui redéfinit l’ordre des priorités, qui investit dans l’économie réelle », donc il plaide pour un monde nouveau, un monde « d’un postulat radical, qui place l’humain et l’environnement au cœur de nos préoccupations et de nos actions ».
Sous ce rapport, l’annulation de la dette « scélérate » des pays africains n’en est qu’une modalité mais c’est d’une redéfinition du momentum des relations internationales par une sorte de discernement des complexités fondé sur le respect et l’éthique, la pluralité parce que la diversité des cultures ne se retrouvent pas toutes dans un universel abstrait qui nie les différences. C’est précisément ce chemin nouveau à construire qui pense « l’universel comme un universel composite et partagé, » qui est à lire derrière l’appel de Macky Sall. Il y a aussi à observer que les désirs de changements consécutifs à une crise comme celle de la covid induit une sur réaction plus délétère que la crise elle-même. Comme le posait en axiome Hippocrate pour en prévenir l’usage, « le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences » est une limite déontologique dans l’acte thérapeutique, or, si on retient le changement comme une thérapie du mal à remédier, cette maxime doit, a minima, être retenue comme une précaution méthodologique.
Cette difficulté analytique se mue en difficulté d’action et de décision lorsque qu’on est harcelé par l’urgence, la psychose, les controverses, les intérêts, les croyances … et rend le choix aporétique et perdant à tous les coups. Cette difficulté s’exacerbe en milieu africain avec l’état des réceptifs sanitaires, des contraintes budgétaires, des conditions de vie. Et c’est dans ce contexte explosif que le PR s’est engagé à porter une vision de résilience économique.
REMETTRE L’HUMAIN AU CENTRE
La politique du ‘deux poids deux mesures’ et l’hypocrisie éhontée des gouvernements des pays industrialisés contribuent à expliquer l’un des plus grands paradoxes du système commercial international. Au vu des critères de création de richesses, la puissance de ce système a atteint son apogée. Pourtant, la légitimité des règles et des institutions qui régissent ce système n’a jamais été aussi contestée. Il y a un sentiment omniprésent - et justifié - que les pays industrialisés gèrent l’économie mondiale d’une manière visant délibérément à conserver les privilèges des riches aux dépens des nations et des communautés les plus pauvres. (Deux poids, deux mesures, oxfam). Ce système accouche « d’une mondialisation malheureuse » qui navigue entre « paupérisation des populations, crise migratoire, et conflits économiques et politiques sur fond de catastrophe environnementale ».
Un analyste indique que « nous sommes dans un système qui petit à petit a gangrené le monde dans lequel nous vivons, un monde qui a perdu ses valeurs morales et éthiques, un monde où l’Homme est piétiné, humilié, instrumentalisé, réduit à une simple cellule réactive et fonctionnelle d’un macro-processus planétaire. Ainsi configurées les relations internationales produisent de l’exclusion et de la pauvreté avec les effets dévastateurs de la finance de marché sur la vie des populations au travers d’une économie mondiale sous le joug idéologique d’un libéralisme oligarchique. Il s’établit une porosité directe entre la spéculation financière et les crises économique et sociale. Une pensée économique à visage humain est devenue une injonction civilisationnelle afin que l’homme ne soit pas une variable d’ajustement dans des calculs économiques mais plutôt une finalité pour la réalisation de son bonheur. Une conscience éthique par une philosophie humaniste de proximité, la plus factuelle possible et soucieuse au plus haut point des indices d’équité, de solidarité et de bien-être des corps sociaux et des personnes. Ces indices passent nécessairement par une politique volontariste visant essentiellement l’égalisation et la promotion des chances, le juste partage des ressources, des biens et des décisions et le soutien aux vulnérables, aux pauvres, aux exclus ainsi qu’aux autres victimes et vaincus de la compétition à tous crins et des lois implacables du marché.
Car au fond, une économie sans éthique n’est qu’une ruine de l’âme, à l’instar d’une science sans conscience, pour reprendre la belle formule de François Rabelais. Si les priorités internationales ne sont pas revues à travers ce prisme, l’Afrique, compte tenu de ses vulnérabilités et de ses fragilités multiples aura beaucoup à perdre. Mais, ce changement n’est concevable qu’avec une voix audible des africains portée par sa jeunesse, sa société civile, ses intellectuelles et ses leaders. C’est là le moyen unique et incompressible pour éviter un développement exogène, subi, « clef en tête », imposé par des logiques et des cohérences contraires à nos priorités et ainsi réalisé le « décentrement épistémique » que Felwine Sarr appelle.
L’annulation de la dette africaine prônée par le président, diversement apprécié, n’est en réalité que le linéament d’une remise à plat du système de rapports avec l’Afrique. La dette est un fardeau et un handicap qui leste la marche des économies et des souverainetés africaines d’une charge qui ralentit et étouffe l’actualisation de toutes ses potentialités. Elle est dans certains cas injuste et qualifiée par certains de « dette odieuse » ou encore de « dette illégitime », parce qu’établit dans des situations de nécessité sur fond de chantage et de conditionnalités absurdes mettant ainsi directement en jeu la responsabilité des créanciers. Si le débat persiste sur le volume de la dette africaine entre ceux qui la juge acceptable et ceux qui la jugent écrasante, l’agence Moody’s retient que la dette des pays subsahariens est telle qu’elle les exposerait en cas de chocs externes notamment d’ordre commerciaux, financiers et économique surtout que les taux de croissance ne permettraient pas de renforcer la résilience économique des pays le cas échéant.
par le chroniqueur de seneplus, hamadoun touré
L’APPEL DES RACINES
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre le confinement et la flexibilité du déconfinement, on a assisté au désir du berceau premier. Il est le contraire du mirage de l’Eldorado que représentait l’Occident
« Dormir sur la natte des autres, c’est comme dormir à terre » (dicton africain).
Comme s’il était doté d’un magnétisme insensible, l’appel de la terre natale a resurgi après l’explosion de la maladie à coronavirus.
Avec l’impression diffuse que le ciel allait leur tomber sur la tête, là où ils se trouvaient, nos compatriotes, pris au piège de la Covid-19 à l’étranger, pour des raisons professionnelles, médicales ou personnelles, ont fait des pieds et des mains pour revenir au bercail. Au-delà des océans et des mers, le retour vers le cordon ombilical a paru être l’urgence suprême.
A l’image d’Antée, le fils de Gaia et de Poséidon dans la mythologie grecque, la terre-mère est devenue le lieu où l’on vient reprendre des forces quand toute retraite semble coupée. L’endroit où l’on a poussé ses premiers cris, est là où l’on vient panser les blessures de l’incertitude et le désarroi du désamour, fuir la solitude, contrer les menaces de la mort. C’est là qu’une force invisible, présente que dans ce cadre fondateur, vous tend son sein protecteur et sa main salvatrice.
Ce frémissement n’a épargné ni citoyens des pays nantis ni ceux des nations sous-développées. Les ballets aériens des vols spéciaux et les gymnastiques administratives, politiques et diplomatiques de nos ministères en charge de nos compatriotes de l’extérieur, ont fini de nous convaincre de la force de ce mouvement vers les origines. La fermeture des frontières a été contournée, comme le permet toujours la raison d’État, face aux obstacles artificiels.
Au vu de la frénésie du retour aux sources, on a l’impression que revenir vers les siens a une vertu thérapeutique en atténuant la solitude, l’angoisse et surtout la douleur, grâce à la rencontre d’objets inanimés ayant « une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer », pour citer Alfonse de Lamartine.
Les ruelles de l’enfance, l’arbre que nous avons toujours vu au même endroit, la vieille cloche de l’école qui ne sonne plus ainsi que l’horloge muette depuis des décennies sont des parts de nous-mêmes qui nous parlent et nous émeuvent jusqu’aux larmes.
Nous préférons le parfum du pays et ses sonorités. Ils remplacent la vie trépidante qui est la norme sous d’autres cieux, où elle rythme le quotidien d’habitants écrasés par les énormes gratte-ciel, symboles de la course vers les biens matériels que la Covid-19 rend vains.
Entre le confinement et la flexibilité du déconfinement, on a assisté au désir du berceau premier. Il est le contraire de l’attrait de l’exotisme qui poussait vers l’Afrique ou du mirage de l’Eldorado que représentait l’Occident, sous son acception générique d’accumulation, de luxe, de réussite, de vie facile, de libertinage et d‘excès en tous genres.
Nos prouesses technologiques et nos découvertes scientifiques, parmi lesquelles l’avion et le numérique, ont raccourci les distances. Elles nous ont donné l’illusion du village planétaire cher au Canadien Marshall Mac Luhan. Il faut toujours aller plus loin et plus haut, pour paraphraser l’Olympisme. L’essentiel étant de se mouvoir et d’échapper à son confinement entre des frontières nationales devenues étroites.
La ruée vers chez soi a divisé notre espace planétaire en petits quartiers où chacun retrouve ce qui donne sens à son existence. L’alpha et l’Oméga de la vie humaine au moment de la vérité dernière. A la recherche de grilles de protection, au moment où l’on redoute le pire, l’on préfère accoster à son rivage. « Quand l’aigle est blessé, il revient vers les siens », disait Johnny Hallyday, l’exemple achevé du destin français.
Le lieu des ancêtres a le miracle d’être le pourvoyeur d’une énergie vitale qui recule les limites de la peur et de la résignation. Nos concitoyens sont venus s’y replonger à la recherche d’un bain de jouvence, source d’éternité, pour ne pas dire d’immortalité.
A l’arrivée, ils n’ont pas été dépaysés en retrouvant le temps d’avant. Mêmes structures sanitaires vétustes, même désorganisation, même promiscuité et surtout même indiscipline sans parler des mêmes magouilles pour vivre de la misère des moins lotis. Pour couronner le tout, un semblant de déni de la pandémie, malgré l’hécatombe quotidienne égrenée comme une litanie de larmes.
Certains compatriotes restés sur place sont demeurés dans leur scepticisme d’antan. Ils ne croient ni à l’efficacité du masque ni à son complément indispensable, la distanciation physique. Avec l’eau, la priorité, pour eux, est de la trouver et de la boire avant de se laver les mains avec du savon.
Pour ne pas que grossir le trait, il faut mentionner, pour le saluer, l’esprit inventif de nos nouveaux mages du numérique, qui ont mis leur esprit créateur au service de la recherche et de la médecine. Cette Afrique nouvelle et innovante peut être d’un grand apport à notre savoir ancestral dans le combat contre la propagation de la maladie à Coronavirus et même dans la recherche médicale.
L’appel des racines a guéri des complexes plusieurs fois centenaires et rendu les solutions endogènes dignes de regard.
Face à une atmosphère mondiale dominée par le sauve qui peut général, recourir à ses propres ressources médicinales ne saurait être sacrilège. La science infuse n’appartient plus à un seul monde et chaque peuple a la possibilité de contribuer au sauvetage de l’humanité. C’est ainsi que l’offre de remède malgache a échappé aux quolibets habituellement réservés aux produits et idées venant de chez nous, quand ils ne sont pas habillés du label sportif ou artistique.
C’est également l’appel des racines qui a guidé les habitants de la Grande Ile dans la recherche de solutions propres.
Le président malgache, Andry Rajoelina, a osé là où l’habituelle attitude timorée eût été la règle. C’est sa manière à lui d’instaurer une perception nouvelle dans les relations avec les partenaires. C’est ce que le président-poète Léopold Sédar Senghor ennoblissait du généreux vocable du « donner et du recevoir ».
Les contempteurs du jeune chef de l’Etat « courage » ont déjà surgi de leurs tranchées. Ils sont prêts pour lancer la bataille du dénigrement et du mépris. A la manœuvre, de pseudo-africanistes, de scientifiques en mal de plateaux de télévision et des médias de service armés de questions biaisées.
Ils ont déjà sonné la charge de l’intoxication et de la manipulation. Ils vont continuer le combat jusqu’à faire rendre gorge au Covid-Organics. Il en fut ainsi tout au long de notre contentieux historique avec certaines nations.
Malgré la richesse insoupçonnée de notre patrimoine botanique, nous en sommes à nous excuser d’avoir recours à notre bien ancestral. Victimes d’un meurtre culturel, pour citer le Pharaon du savoir, Cheikh Anta Diop, nous parlons et abordons notre héritage en l’affublant de l’épithète « traditionnelle », comme si l’on parlait d’une maladie honteuse.
A-t-on oublié que les monuments de la science dite occidentale, Pythagore et Thallès, ont été formés en Egypte pharaonique, donc en Afrique ? Décrit-on le carré de l’hypoténuse comme un savoir traditionnel ? Qui a créé le nombre zéro, moteur de la science mathématique ? Pourquoi, bon Dieu, notre médecine et notre pharmacie sont-elles, péjorativement, nommées traditionnelles ?
Paradoxalement, nous contribuons à la dénigrer en ne soulignant que les méfaits—réels-- des charlatans au lieu de célébrer les guérisons. Nous la tirons par le bas, aidés en cela par une bureaucratie lourde. Il faut une véritable course d’obstacles à nos cerveaux nationaux pour valider leurs inventions ou leurs trouvailles relatives à notre médecine.
La jonction de nos chercheurs avec les promoteurs des start ups pourrait booster la contribution de l’Afrique à freiner une hypothèque sur notre avenir en tant qu’êtres de chair et d’os.
Depuis des temps immémoriaux, avec des moyens insignifiants par rapport aux potentialités de notre époque, nos devanciers ont vécu des épidémies et y ont survécu avec les plantes qu’ils nous ont léguées. Il ne nous a pas échappé que dans plusieurs langues africaines, dont le Bambara, le Ouolof et le Peul (dans l’ordre alphabétique), le médicament/remède et l’arbre sont désignés par le même mot avec sa fonction plurielle ou polysémique.
Il est certes douloureux de penser en termes d’effets bénéfiques de la pandémie qui endeuille sans distinction la planète entière. Elle nous offre l’occasion unique de transformer les défauts que nos compatriotes ont retrouvés en revenant au pays. C’est la seule façon d’écrire, comme sont en train d’essayer de le faire les Malgaches, un nouveau paradigme dans les relations humaines. Ainsi, ils auront participé à l’amélioration d’un monde où l’évocation d’une valeur comme la solidarité s’apparente à un quasi-blasphème.
L’enjeu de l’argent sera un facteur bloquant tant la santé semble être une marchandise que les riches acquièrent et vendent à leurs prix fixés comme ceux des matières premières dans des places boursières étrangères. L’industrie pharmaceutique est devenue dévoreuse d’humanité.
Le continent a, pour une fois, la chance d’occuper, avec la fierté qui sied, sa propre natte. C’est ce que lui prescrivait un dicton africain sur la dignité : « dormir sur la natte des autres, c’est comme dormir à terre ».
Le ressenti du confinement (Table-ronde virtuelle sur Zoom) D’une manière inédite, le cours de la vie personnelle, professionnelle et sociale de chacun d’entre nous est encore profondément bouleversé. Le Sénégal sous état d’urgence, le temps semble ralenti, le monde à l’arrêt. Des peurs, des craintes mais aussi des rêves et des espoirs germent dans les esprits et apparaissent dans quelques œuvres éparses. Le désir de partage titille visiblement les consciences. Partageons donc !
- 12 intellectuels et grands leaders d’opinion sénégalais sur Zoom.
- Tous répondent à une question et une seule : « Au plan personnel, au plan humain quel est l’impact de cette crise mondiale sanitaire qui pourrait alimenter de manière significative votre réflexion sur les prochaines années ? »
- Liste des participants : o Didier Awadi o Souleymane Bachir Diagne o Babacar Buuba Diop o Ousmane Blondin Diop o Elgas o Penda Mbow o Fatoumata Sissi Ngom o Alioune Sall Paloma o Pierre Sané o Mbougar Sarr o Marie-Angelique Savané o Rama Yade
- Facilitation de la discussion : René Lake
par Ousmane Ngom
FAIRE REPARTIR NOTRE ÉCONOMIE AU PLUS VITE
Rompre avec la peur et acquérir les gestes appropriés pour vivre avec le virus. La lutte se gagnera au niveau communautaire par une bonne sensibilisation et la promotion des comportements adéquats
« Il nous faut apprendre à vivre en présence du virus… « Cette phrase du président Macky Sall a suscité et continue de susciter beaucoup de réactions. Comme la mesure de suspension de la rentrée scolaire qu’il vient de prendre en urgence. La Covid-19, qui frappe le monde, n’est assurément pas une épidémie comme celles déjà connues et combattues. La preuve, le comportement du virus sur notre continent amène beaucoup d’interrogations. Pourquoi l’Afrique n’a pas connu ces taux de létalité importants comme dans les continents européen ou américain ?
Le futur nous le dira certainement. Pour l’heure, soyons simplement heureux que les prévisions les plus pessimistes ne se soient pas réalisées et qu’elles ne réalisent pas. Avec 3 mois de recul, des évidences peuvent quand même être notées. Il en est de l’utilité du port du masque, comme de la distanciation physique. Le virus se transmet d’homme à homme. Cela explique que les zones de forte densité de population soient les plus touchées. Il est donc tout à fait naturel que les régions abritant les capitales comme Dakar qui polarise plus de 70% des cas positifs et c’est le cas dans différents pays, surtout en Afrique, soient les épicentres du phénomène, parce que aussi les premières touchées avant que le virus ne soit porté par des hommes dans les régions à l’intérieur des pays. Une autre évidence, est que la circulation du virus continuera de longues semaines, voire des mois, dans tous les pays. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’à tel jour J, on arrivera à avoir 0 cas sur un nombre plus ou moins significatif d’échantillons testés.
Les Européens ont commencé à retrouver leurs activités à un moment où ils continuent encore à enregistrer plus d’une centaine de décès par jour. Chez nous se pose aujourd’hui la question de la levée rapide de l’état d’urgence et du couvre-feu pour restaurer la sérénité et remettre le pays au travail. Je m’explique. Le virus est là, certes sa pathogénicité peut fortement diminuer pour X raisons, il n’y aura pas de traitement et de vaccin reconnus efficaces dans le court voire moyen terme, alors apprenons à vivre avec. Il nous faut rompre avec la peur, car la peur est injustifiée et capable d’engendrer des réflexes et comportements incompréhensibles et inacceptables, comme ces cas rapportés d’enterrements rejetés par des populations ou de jeunes qui se rebellent contre le couvre-feu ou encore de chauffeurs-transporteurs vandalisant des bus et gares routières. C’est le fruit de l’angoisse. Mais la peur ne nous aidera point à vivre avec le virus. Nous avons besoin davantage de sérénité, à tous les niveaux. C’est dans cette sérénité que se trouve la clé de l’acceptation de vivre et demain de rompre la chaine de transmission du virus.
Ayons des comportements responsables, partout, dans les quartiers, les maisons, les mosquées, les églises, l’espace scolaire et j’en passe. Il nous faut nous habituer aux masques, nous habituer au lavage des mains, à la distanciation physique, pour continuer à mener nos activités quotidiennes. Reconnaissons le professionnalisme et le mérite de notre corps médical que je connais bien, et rendons leur grâce pour tous ces efforts qu’ils continuent de fournir pour le bien des populations. A chaque fois que l’opportunité se présentera, il nous faudra les acclamer. Notre pays n’a pas connu de grosses épidémies depuis le début des années 2000, en dehors des préparatifs, avec succès, de la réponse à la maladie à virus Ebola qui sévissait dans la sous-région.
Les dernières grandes épidémies d’ampleur datent des années 90, épidémies récurrentes de choléra, méningite cérébrospinale, fièvre jaune, auxquelles avaient su faire face avec vélocité et efficacité les Services de Santé d’alors. L’implication et la responsabilisation de chaque Sénégalais, passe aussi par les chefs de quartiers, les ASC des jeunes, les leaders des collectivités locales ainsi que les leaders communautaires en général. Tous devraient être les vecteurs du bon message, afin de promouvoir les bons comportements partout et à tous les niveaux. Voilà venu pour eux le moment de densifier leurs interventions pour une bonne sensibilisation de nos concitoyens.
Rompre avec la peur et acquérir les gestes appropriés pour vivre avec le virus. La lutte se gagnera au niveau communautaire par une bonne sensibilisation et la promotion des comportements adéquats. C’est simplement possible et salutaire. Ce volet communautaire, incluant la surveillance communautaire, dans nos pays africains, est la plus-value qui fait la différence avec les continents européen et américain, dans la réponse à ce type d’épidémie. Nous devons continuer et renforcer la gestion sereine de cette épidémie.
La plupart des cas n’ont pas de symptômes graves, fort heureusement. Il s’agit de les rendre conscients de leur situation de porteur de l’infection et de les surveiller. Les cas graves par contre doivent être absolument référés dans les centres spécialisés pour prise en charge appropriée, car ce sont ces cas qui peuvent conduire à la mort. Ce sont là les deux indicateurs, cas grave et mortalité qui doivent surtout retenir notre attention et non le décompte quotidien du nombre de cas avec la stigmatisation des cas dits communautaires qui installent cette peur et aussi augmente la stigmatisation. Mais nos structures de santé ont aussi besoin de retrouver cette confiance des populations pour venir se traiter contre le paludisme et autres affections aigues ou chroniques.
L’hivernage arrive…il nous faut assurer la continuité des services de santé comme des prestations de services essentiels et aussi de prévention comme la vaccination des enfants et des femmes, dès à présent. C’est aussi cela l’équité. Les structures de santé doivent s’organiser à assurer une circulation efficace des patients à l’intérieur de la structure. Il y a trois jours quand la France dénombrait 54 décès dans son décompte quotidien, le même jour, le décompte des 47 Etats africains faisait état de 42 décès. Comme on le voit les situations sont tout à fait différentes. Ce sera grâce à la mise en œuvre effective des mesures de prévention, port généralisé du masque, distanciation physique, lavage systématique des mains, tests de tous ceux qui présentent des signes évocateurs de la maladie, que nous pourrons ouvrir sereinement nos écoles, que la circulation interurbaine pourra reprendre progressivement selon des modalités à établir.
Devant la souffrance de plus en marquée de nos économies africaines, dans tous ces pays présentant le même profil, il sera aussi temps de songer, à la réouverture concertées des frontières intra africaines selon là aussi des modalités à définir, comme les autres continents le font. Le commerce et les échanges intra africains doivent reprendre. Nos économies ont bien besoin de souffler tant au niveau des pays qu’aux niveaux régional et continental. Notre continent ne doit pas continuer à rester à l’arrêt. Nos économies ont ce besoin très fort de repartir rapidement de l’avant.
par Mamadou Oumar Ndiaye
ARRÊTEZ D’ABATTRE LES NOIRS AMERICAINS !
Le présent texte publié en mars 2016, reste d'une dramatique actualité, au lendemain du meurtre sordide de Georges Floyd, Afro-Américain de 46 ans, par un policier blanc de l’Etat du Minnesota
Le texte ci-dessous a été publié dans notre journal en mars 2016. Quatre ans plus tard, au lendemain du meurtre scandaleux et sordide de Georges Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, par un policier blanc de l’Etat du Minnesota, on se rend compte qu’il est d’une dramatique actualité, hélas. Le meurtre de Floyd a provoqué une onde de choc à travers le monde entier notamment des émeutes aux Etats-Unis, des manifestations aux quatre coins de la planète, un formidable élan de solidarité des sportifs, des artistes, etc. Nous reproduisons in extenso cet édito juste pour rafraîchir la mémoire de nos chers lecteurs…
« Il ne fait assurément pas bon être afro-américain aux Etats-Unis d’Amérique où la vie d’un jeune Noir ne vaut décidément pas tripette. Du moins aux yeux de la Police, un corps majoritairement composé de Blancs et dans lequel le racisme affleure sans qu’il soit besoin de gratter outre-mesure pour le découvrir. Pour ces policiers blancs, c’est comme si tous les jeunes Noirs étaient des délinquants en puissance et pire, des sous-êtres ayant moins de valeur que, par exemple, leurs chiens domestiques. Ouvrir le feu sur un jeune Noir c’est donc, chez la plupart de ces policiers, comme tirer un lapin. Ils y sont d’autant plus enclins que, dans l’écrasante majorité des cas, leurs actes restent impunis, la Justice, si d’aventure elle est saisie, s’empressant de blanchir les rares policiers blancs inculpés pour meurtre. Cela est particulièrement valable lorsque les jurys sont exclusivement blancs comme ceux qui avaient jugé les policiers coupables du meurtre du conducteur noir Rodney King en 1992. Une scandaleuse décision de relaxe qui avait entraîné de violentes émeutes à Los Angeles, lesquelles avaient fait plus de 50 morts, des milliers de blessés et un milliard de dollars de dégâts. Rejugés par un jury mixte, les policiers blancs s’en étaient tirés avec des condamnations légères…
En 2015, 123 Noirs, la plupart du temps non armés, ont été tués par des policiers pourtant chargés en principe de les protéger ! Selon le journal « Usa Today », plus important tirage des Etats-Unis, en moyenne, ces dix dernières années, 96 Noirs ont été tués chaque année dans la première puissance du monde par des policiers. Blancs évidemment. Selon les statistiques, un jeune Noir a 21 fois plus de chances d’être victime d’une bavure policière qu’un jeune Blanc. Des chiffres qui se passent de commentaires ! Bien évidemment, ce n’est pas avec les jeunes Noirs seulement que la police américaine a la gâchette facile puisque, en réalité, elle tue plus de Blancs que de Noirs. Du moins arithmétiquement. Car, proportionnellement au pourcentage de Noirs dans la société américaine — 13 % —, il y a eu rien qu’en 2015 deux fois plus de tués chez les Noirs que chez les Blancs. Lire à ce propos l’article de notre collaborateur Serigne Saliou Guèye à l’intérieur de ce journal. A ce rythme, d’ailleurs, il est permis de se demander si on n’assiste pas à un génocide silencieux dont feraient l’objet les AfroAméricains dans la seule superpuissance mondiale actuelle. S’agissant de la violation des droits de l’homme à travers le monde, et notamment en Afrique où ceux-ci seraient particulièrement malmenés, le gouvernement américain est particulièrement sourcilleux et fait preuve d’une vigilance jamais prise en défaut. A longueur d’année, des pouvoirs africains sont menacés, avertis, admonestés, sanctionnés économiquement et financièrement, sommés de respecter les droits de leurs citoyens. Toute violation des droits de l’homme est sévèrement sanctionnée par l’intransigeante Amérique qui se veut la conscience morale du Monde et la gardienne vigilante du respect des droits des citoyens de la Terre. D’ailleurs, chaque année, le département d’Etat publie un épais rapport sur la question, étrillant tous les gouvernements coupables de manquements en matière de « Human rights ».
Par exemple, il y a deux semaines, le chef de la police de Kinshasa a vu ses avoirs aux Etats-Unis gelés à cause des mauvais comportements supposés de ses hommes envers les habitants de la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Mieux, les ONG américaines de défense des droits de l’homme sont aujourd’hui les nouveaux missionnaires chargés de sauver les âmes pécheresses des gouvernements africains dont elles sont également chargées de noter les comportements. Pour toutes ces raisons, et bien d’autres, évidemment, les dirigeants américains auraient dû être irréprochables eux-mêmes dans le domaine des droits de l’homme. Il se trouve qu’ils ne le sont pas, hélas, puisqu’ils laissent se développer chez eux un scandaleux apartheid que l’on pensait révolu depuis les grandes luttes pour les droits civiques des Martin Luther King et sa célèbre marche sur le Capitole, les actions des Black Panthers et autres luttes du révérend Jesse Jackson, tout cela intervenant après le geste héroïque de Mme Rosa Parks refusant de céder son siège dans un bus à un Blanc. Hélas, l’Amérique est toujours aussi raciste, même si elle est dirigée aujourd’hui par un Noir dont le pouvoir de décision est à vrai dire anecdotique.
Officiellement, le « Ku Klux Klan » n’existe plus mais en réalité son idéologie est bien représentée dans la Police de ce pays qui donne des leçons au monde entier mais qui, en vérité, gagnerait à balayer devant sa propre porte. Plus grave, le même racisme anti-Noirs dont fait preuve la classe dirigeante américaine est également celui-là même qui est mis en œuvre au niveau de la « justice internationale » à travers un tribunal comme la Cour pénale internationale (CPI) qui, depuis qu’il existe, n’a encore inculpé et jugé que des Noirs Africains. Avec le soutien agissant des Etats-Unis d’Amérique qui en constituent l’un des principaux bailleurs de fonds mais dont les ressortissants ne sont pas soumis à l’autorité de cette Cour parce que tout simplement leur pays n’est pas signataire du traité de Rome instituant la CPI ! Un tribunal pour Nègres, en somme. Pendant que pour des peccadilles, le plus souvent, des dirigeants africains sont transférés à la Haye, emprisonnés, jugés et condamnés sévèrement, l’Amérique, elle, dont la police massacre pourtant une partie de sa population qui a le tort d’avoir la peau noire, continue en toute bonne conscience de seriner des leçons de droits de l’homme et de bonne gouvernance au reste du monde. Ne rêvez pas : jamais un policier blanc américain ne sera inquiété un jour par la « justice internationale » qui ne s’exerce que sur les damnés de la terre, les Africains noirs en l’occurrence. Alors pourtant que ce massacre peut être assimilé à un génocide ! Les flics blancs d’Amérique pourront donc, en toute impunité, continuer à tirer comme des lapins les jeunes Noirs américains…
par Serigne Saliou Guèye
L'INCOMPÉTENCE GOUVERNEMENTALE MISE À NU
Les enseignants sont entre le marteau de la reprise des cours dans un climat anxiogène exacerbé par l’hostilité de certains parents d’élèves inconscients et l’enclume de l’irresponsabilité des autorités étatiques
Au moment où la pandémie de coronavirus est dans sa phase ascendante, le président de la République tient à rouvrir les écoles fermées depuis la première décade du mois de mars. En dépit des alertes des enseignants, des élèves et des parents d’élèves et aussi des mises en garde du Comité national de gestion des épidémies (CNGE), Macky Sall tient à sa marotte : rouvrir les écoles sans se soucier des dangers sanitaires afférents à cette entreprise. Et voilà que la veille de la réouverture, la décision d’ajourner la reprise des cours a été prise parce que des enseignants auraient voyagé de Dakar à Ziguinchor avec l’indésirable Sars-Cov2.
« Il a été appelé à mon attention des cas de personnels enseignants testés positifs dans la région de Ziguinchor. C’est pourquoi sur instruction du président de la République, il a été retenu de reporter la reprise des cours initialement prévue le 02 juin 2020 jusqu’à une date ultérieure, en vue d’éliminer tout risque de propagation du virus dans l’espace scolaire. Le président de la République engage les ministres chargés de l’éducation nationale, de la formation professionnelle et de la santé en relation avec les autorités administratives, à poursuivre les efforts déjà entamés en vue de se préparer à une éventuelle réouverture des classes.» C’est le communiqué laconique sur fond de stigmatisation que la RTS a livré avant-hier à 23h 20 et ce, au moment où la majorité des apprenants et des enseignants étaient déjà dans les bras de Morphée. C’est ce qui a fait que plusieurs élèves ont pris le chemin de l’école ce 2 juin avant de retourner sur leurs pas. La raison invoquée pour expliquer le report, c’est l’apparition de nouveaux cas positifs de Covid-19 chez les enseignants. Il est établi lors de la rédaction de cet article que 10 enseignants en Casamance (3 à Ziguinchor et 7 à Bignona) venant de Dakar sont atteints par le Sars-Cov2. Si 10 enseignants sont porteurs du virus, il est certain que plusieurs autres sont des cas positifs même s’ils ne développent pas pour l’instant des symptômes. Et on peut déduire qu’il en est de même pour l’ensemble des autres régions du Sénégal qui ont accueilli des vagues d’enseignants ces jours-ci en provenance de Dakar. Dès lors, l’on comprend la réticence sur fond de crainte de contamination des parents d’élèves d’envoyer leurs enfants à l’école si la reprise était effective ce 2 juin parce que les enseignants peuvent être des sujets transmetteurs du virus à leurs enfants. La capitale de notre pays étant un cluster, il était alors suicidaire de vouloir disséminer à travers le territoire national des milliers d’enseignants venant d’un foyer de contamination comme Dakar qui polarise plus de 70% de l’ensemble des cas enregistrés à ce jour dans le pays.
A l’origine, le capharnaüm humain constaté au Terminus Liberté V
Mais ce qui a probablement favorisé la chaine de transmission du virus chez les enseignants qui devaient rejoindre leurs lieux de service, c’est le capharnaüm humain constaté au Terminus Liberté V lors du départ des bus Dakar Dem Dikk qui devaient convoyer les soldats de la craie vers les autres régions du Sénégal. Tous les syndicats, parents d’élèves, élèves, médias et société civile avaient dénoncé ce regroupement humain qui détonnait avec l’observance stricte des mesures barrières. Même si presque tout le monde présent ce jour-là portait le masque, cela n’était pas un gage sûr de protection contre le virus d’autant que plusieurs masques ne respectent pas les normes anti-projection. Et vu la promiscuité et la bousculade pour se procurer des places dans les bus affrétés, il était probable que plusieurs enseignants contracteraient la maladie ce jour-là. Les enseignants eux-mêmes étaient conscients du danger qu’ils couraient le jour du départ. Mais contre mauvaise fortune, il leur a fallu faire bon cœur. Au prix même d’attraper la maladie du Covid-19. Si le ministre de l’Intérieur a sorti un arrêté pour interdire les déplacements interrégionaux, c’est pour éviter le risque de propagation rapide de la maladie surtout des hommes et femmes venant des foyers de contamination comme Dakar et Touba. Si Aly Ngouille Ndiaye s’est rétracté à propos des autorisations de Korité, c’est parce que, sur avis du CNGE, les dangers de dissémination du coronavirus SARS-Cov-2 au sein des localités de l’intérieur étaient réels. Alors pourquoi, trois jours après la Korité, a-t-on autorisé le voyage de masse des enseignants ? Un voyage interdit aux fidèles qui voulaient célébrer la fête de l’Aïd hors de Dakar. Voilà l’incohérence des décisions émanant des différents ministères ! Pourtant le leader du Cusems, Abdoulaye Ndoye, avait proposé au ministre de l’Education d’établir des points de ramassage sectoriels des enseignants compte tenu de leurs lieux d’habitation non seulement pour éviter les regroupements, sources rapides de contamination, mais aussi pour leur alléger la souffrance de se déplacer avec bagages et familles éventuellement. Hélas, rien n’y a fait et le ministre a tenu vaille que vaille à entasser les milliers d’enseignants dans un endroit qui contiendrait difficilement 200 enseignants sans respect de la distanciation sociale. Et il a fallu le premier jour du départ dans une cohue indescriptible pour que le ministre de l’Education Mamadou Talla, présent sur les lieux toute honte bue, constatât le manque d’organisation de ses services et de ceux du ministre des Transports, Oumar Youm. D’ailleurs, le directeur de la société de transports DDD, Moussa Diop, pour masquer les carences et le manque de professionnalisme de sa structure, qui devait planifier les départs en collaboration avec l’Education nationale, s’est défaussé sur les pauvres enseignants exténués par la situation de désordre qui régnait au terminus Liberté V. Et si le départ a été chaotique, le trajet l’aura été beaucoup plus pour la plupart des enseignants. C’était le calvaire. Durant des jours, les enseignants ont porté leur croix pour être au rendez-vous du devoir le 2 juin. Combien sont-ils à avoir été abandonnés dans des villages par un bus DDD sous prétexte que sa feuille de route ne lui permet pas de rajouter un kilomètre supplémentaire à la distance déjà parcourue ? Combien sont-ils ces Jambaar de la craie, à passer stoïquement la nuit à la belle étoile dans ces conditions d’abandon parce que stigmatisés par les villageois qui refusent de leur offrir un espace de repos provisoire ? Combien sont-ils ces enseignants qui, une fois arrivés au village de service, ont été l’objet de propos, de comportements et d’actions stigmatisants et discriminants des populations locales ?
Et le sort des autres enseignants…
Les enseignants sont entre le marteau de la reprise des cours dans un climat anxiogène exacerbé par l’hostilité de certains parents d’élèves inconscients et l’enclume de l’irresponsabilité des autorités étatiques. Lesquelles ne soucient point de la santé des serviteurs de la nation qu’ils sont. C’est la fracture maintenant entre les éléments d’un même en-soi éducatif, d’un même horizon socioculturel pourtant condamnés à vivifier une collaboration fusionnelle quelle que soit la dureté des épreuves. Aujourd’hui que des cas sont déclarés chez des enseignants en Casamance, quel est le sort qui sera réservé aux autres en attendant l’improbable reprise des cours ? Va-t-on faire des prélèvements sur ceux et celles qui ne présentent aucun signe de la maladie si l’on sait que certains parmi eux regimbent à toute idée de dépistage ? Ou bien va-t-on leur permettre de retourner sur Dakar puisque leur existence dans leur lieu d’exercice est compromise par le sentiment d’hostilité des populations hôtes ? Sans être cynique, il convient de dire que la découverte des cas positifs a été du pain béni pour les autorités leur permettant d’ajourner la reprise des cours parce que beaucoup d’éléments essentiels du protocole sanitaire n’allaient pas être au point le jour du 2 juin. Ils sont nombreux ces établissements scolaires qui n’ont pas encore de toilettes fonctionnelles, qui sont dépourvus d’eau, qui n’ont pas assez de solutions hydro-alcoolisées, de masques ou de thermoflashs. D’ailleurs les écoles privées catholiques plus prévenantes, plus responsables et plus précautionneuses ont préféré différer la date de reprise de leurs cours. Un vrai désaveu qui invalide la décision du président et de ministre de l’Education incompétent. Alors que l’épidémie de Covid-19 semble encore loin d’une décrue générale, sans désemparer, Mamadou Talla tient obsessionnellement à organiser les examens de l’entrée en 6è, du Bfem et du Bac et non à reprendre les cours et sauver les enseignements. Il faut sauver les milliards dépensés en termes de salaires, d’indemnités et de fonctionnement et tant pis pour la vie « non » précieuse des apprenants et des enseignants. Si demain, le nombre de cas positifs se multiplie chez les enseignants, la reprise risque d’être un serpent de mer. Et les enseignants attendront toujours Godot Talla pour reprendre vaillamment la craie.