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29 avril 2025
Opinions
PAR 12 INTELLECTUELS ET LEADERS D'OPINION SÉNÉGALAIS
VIDEO
LE SILENCE DU TEMPS
EXCLUSIF SENENPLUS - D’une manière inédite, le cours de la vie personnelle, professionnelle et sociale de chacun d’entre nous est encore profondément bouleversé - Des peurs, des craintes mais aussi des rêves et des espoirs germent dans les esprits
Le ressenti du confinement est exprimée dans cette table-ronde virtuelle organisée par SenePlus. D’une manière inédite, le cours de la vie personnelle, professionnelle et sociale de chacun d’entre nous est encore profondément bouleversé. Le Sénégal sous état d’urgence, le temps semble ralenti, le monde à l’arrêt. Des peurs, des craintes mais aussi des rêves et des espoirs germent dans les esprits et apparaissent dans quelques œuvres éparses. Le désir de partage titille visiblement les consciences. Partageons donc !
12 grands leaders d’opinion sénégalais se sont retrouvés sur Zoom. Et tous, répondent à une question et une seule : « Au plan personnel, au plan humain quel est l’impact de cette crise mondiale sanitaire qui pourrait alimenter de manière significative votre réflexion sur les prochaines années ?
Les participants pour cette première, l'artiste musicien Didier Awadi, le philosophe et chercheur Souleymane Bachir Diagne, l'historien Babacar Buuba Diop, le politologue Ousmane Blondin Diop, l'écrivan et journaliste Elgas, l'historienne Penda Mbow, écrivaine et analyste politique Fatoumata Sissi Ngom, l'expert en prospective Alioune Sall Paloma, l'analyste et ancien patron d'Amnestie internationale Pierre Sané, l'écrivain Mbougar Sarr, l'experte en développement Marie-Angelique Savané, et enfin, la politologue et ancienne ministre de France Rama Yade. La facilitation de la discussion est assurée par l'analyste René Lake.
par Souleymane Bachir Diagne
À BOUT DE SOUFFLE
Si ceux chargés de protéger les citoyens comprennent cela comme la mission de policer la cité contre certaines personnes définies par la couleur de leur peau, ils créent ce racisme structurel qui corrode bien des systèmes, et pas seulement aux Etats-Unis
Dans la ville de Minneapolis George Floyd est mort en exhalant, avec son dernier souffle, ces mots : «je ne peux pas respirer». Obstruer les voies du souffle vital, empêcher l’acte simple d’inspirer et d’expirer librement cet air qui entoure notre planète et dont nous savons instinctivement nous remplir les poumons dès les premiers moments qui suivent notre naissance, c’est ce que fait le virus du corona, version 2019, qui tient l’humanité sous sa menace. Mais ce n’est pas ce virus-là qui a tué George Floyd : s’il a manqué, dans ses derniers moments, de cet air qui est l’élément même de la vie, c’est parce qu’un autre homme l’a assassiné, le genou planté dans sa nuque, en l’écrasant de tout son poids.
Lorsque les télévisions nous montrent la vidéo qui témoigne du meurtre, elles nous préviennent que nous devons nous préparer à être choqués. Et elles font bien de nous avertir tant la longue agonie de George Floyd est insoutenable ; insoutenable, le râle où l’on entend qu’il appelle sa mère, morte pourtant il y a deux ans, comme pour évoquer celle qui lui transmettait son propre souffle lorsqu’il était encore dans son ventre ; insoutenable ce fait que parmi les quatre policiers entre les mains de qui il est mort, il ne se soit pas trouvé un seul pour demander de reculer devant l’assassinat ; insoutenable enfin le regard du principal meurtrier qui semble penser être accroupi sur un trophée. Ce que la vidéo donne à voir est l’image de ce racisme que l’on dit structurel pour indiquer qu’il manifeste une culture institutionnalisée qui prédispose certains détenteurs de l’autorité à des comportements et des actes racistes.
Si ceux et celles qui ont la responsabilité de protéger les citoyens et de maintenir l’ordre comprennent cette charge comme la mission et la licence de policer la cité contre certaines catégories de personnes définies par la couleur de leur peau ou les quartiers qu’elles habitent, ils créent et entretiennent ce racisme structurel qui corrode bien des systèmes judiciaires, et pas seulement aux Etats-Unis.
Tant que cette culture n’est pas extirpée la justice ne peut pas être juste : tel est le message des manifestations qui ont lieu dans les grandes villes américaines mais également à Londres, à Berlin, à Toronto, etc. Ceux qui hors des Etats-Unis montrent ainsi leur indignation le font par solidarité certes, mais aussi parce qu’ils vivent la même urgence, sont mus, chez eux, par la même exigence éthique de justice raciale et sociale dans un monde devenu partout plus divers, plus multiculturel, plus multiracial. Nous sommes choqués, il est vrai, de voir les manifestations tourner parfois à l’émeute, à l’affrontement avec la police, aux pillages, imposant ainsi aux autorités locales le recours au couvre-feu. Il est ainsi établi que les foules qui protestent sont infiltrées aussi par des militants d’extrême droite et d’extrême gauche qui y voient l’occasion de créer un chaos propice à l’on ne sait quelle obscure finalité mais aussi par des éléments qui, eux, n’ont d’autre agenda que le pillage.
Mais les violences n’entachent en rien l’image de la saine et généreuse indignation qui réunit des personnes de toutes origines, bien au-delà de celles qui traditionnellement se réclament du mouvement Black Lives Matter. Elles n’entament en rien la puissance de l’exigence éthique, partout brandie par les manifestants : celle de combattre les inégalités et de faire advenir un monde fondé sur l’affirmation de notre commune humanité. C’est ce souffle que porte aujourd’hui le nom de George Floyd. C’est l’air qu’il nous propose de respirer et d’entonner ensemble.
par Abdoulaye Thiam
SAUVER LE FOOT AFRICAIN D'UN NAUFRAGE
La CAN, considérée comme principale source de financement de la CAF et qui a «glissé» de juin-juillet 2021 à janvier-février de la même année, cherche désespérément date et risque à nouveau d’être reporté en… 2022
Le football africain est dans une mauvaise passe. Il est même dans le creux d’une vague face à un calendrier international hyper chargé mais aussi et surtout à cause d’une guéguerre entre l’Uefa et la Fifa. La CAN, considérée comme principale source de financement de la CAF et qui a «glissé» de juin-juillet 2021 à janvier-février de la même année, cherche désespérément date et risque à nouveau d’être reporté en… 2022.
Nous avions alerté du danger qui guettait le football africain à la suite du symposium tenu les 18 et 19 juillet 2017 au Palais des Congrès Skhirat, à Rabat au Maroc, quelques mois après la prise de fonction du président de la Confédération africaine de football (CAF), le Malgache, Ahmad. Nous avions surtout mis le curseur sur la dangerosité de procéder aux changements de la période et de la périodicité de la coupe d’Afrique des nations, principale source de financement du football continental.
L’Algérie vainqueur de la CAN 2019 n’a-t-elle empoché la rondelette somme de 4,5 millions de dollars contre 4 millions pour le Cameroun vainqueur de l’édition 2017. Mieux, les 24 équipes ont reçu chacune au minimum 600.000 dollars. Paradoxalement, ce sont des africains, des membres du Comité exécutif, des «experts» triés sur le volet, entre autres qui ont validé et entériné ce qui risque de déboucher sur une mort programmée du football continental. LA PERIODE Nous ne le répéterons jamais assez.
La tenue de la CAN tous les deux ans, était une stratégie savamment réfléchie par l’équipe du président d’alors. Alors que la coupe du monde de football de la Fifa, la coupe d’Europe des nations de l’Uefa et la Copa America de la Conmebol se tiennent par olympiades à l’instar des jeux olympiques du CIO, la CAF, elle, se singularisait en organisant la Can tous les deux ans. L’objectif du prince de Garoua était de permettre aux pays africains de se doter d’infrastructures. Surtout en Afrique au sud du Sahara. Les gouvernements faisant face à plusieurs priorités (eau, électricité, construction de salles de classe, de routes et autres autoroutes), investissent peu sur les infrastructures sportives.
Au Sénégal, par exemple, l’érection d’un stade gazonné remonte en… 1985. Il s’agit de l’actuel stade Léopold Sédar Senghor, qui avait accueilli la CAN de 1992 sous le nom du stade de l’Amitié. Les férus du ballon rond attendent avec impatience le stade du Sénégal dont l’inauguration est prévue avec les Jeux olympiques de la jeunesse de 2022.
LA PERIODICITE
Au-delà la période, Issa Hayatou avait également refusé de transiger sur la périodicité. Alors que toutes les compétitions continentale et mondiale se déroulent en juin, juillet et août, la CAN, faisait encore une exception, en se tenant en janvier-février. Une «anomalie» qui n’a jamais plu aux clubs employeurs mais aussi qui installait les joueurs africains dans un gros dilemme. Certes ! Là aussi, le prédécesseur d’Ahmad a toujours su freiner des quatre fers, pour imposer sa CAN en janvier et février. Ni la pression du G14 (clubs les plus riches d’Europe) encore moins celle des joueurs n’avaient pu lui faire fléchir. Hayatou savait qu’une CAN en juin et juillet, était presque impossible dans certains pays en Afrique. L’avenir lui a encore donné raison avec cette CAN camerounaise qui est en passe de devenir une véritable arlésienne. L’équipe d’Ahmad qui avait vanté partout l’organisation de la CAN en Egypte avec 24 équipes a vite fini par se rendre compte de l’évidence. Mais pour masquer le camouflet, elle s’est refugiée derrière la météo.
LE CALENDRIER INTERNATIONAL DONNE DU TOURNIS A LA CAF
Le «glissement» de la CAN de juin-juillet à janvier-février ne se justifie pas que par les conditions climatiques et autres météorologiques. Au contraire ! La CAF n’avait plus le choix surtout suite à l'annonce de la Fifa, il y a quelques semaines, du lancement de la nouvelle formule de la Coupe du monde des clubs. Une édition élargie à 24 équipes, et qui doit se tenir entre le 17 juin et le 4 juillet 2021 en Chine. Un créneau qui était jusqu'alors dévolu à la prochaine édition de la Coupe d'Afrique. Un coup de Jarnac sur les têtes des dirigeants du football africain qui sont en train de payer un lourd tribut du mortal kombat que se livrent l’Uefa et la Fifa pour l’équilibre politique du football. Pour contrecarrer la Ligue des nations lancée par l’Uefa, la Fifa se devait de réagir pour garder sa suprématie. C’est ainsi qu’elle a alors jeté son dévolu sur la Chine qui a accepté de mettre la main à la poche dans un contexte d’extrême austérité. Gianni Infantino semble depuis lors reprendre du poil de la bête en faisant appâter les grands clubs dont 8 européens et 7 sud-américains sur les 24 devant prendre part à sa coupe du monde des clubs. L’Afrique n’aura droit qu’à deux représentants seulement. Pis, si la Fifa tient ses dates pour le Mondial des clubs du jeudi 17 juin au dimanche 4 juillet 2021, l’Uefa aussi entend jouer son Euro 2021 du 11 juin au 11 juillet. Quant aux jeux olympiques également reportés à cause de la pandémie de la Covid-19, ils sont programmés du vendredi 23 juillet 2021 au dimanche 8 août 2021. La Conmebol prévoit aussi de livrer la Copa America en Argentine et en Colombie en 2021. Pendant ce temps, l’Afrique cherche une date pour sa CAN 2021.
RISQUE D’UN NOUVEAU REPORT
Face à un calendrier international bousculé par la covid-19, la CAF risque à nouveau de reporter sa CAN. Avec deux seules journées livrées sur six dans les éliminatoires, l’équipe d’Ahmad se retrouve dans une position plus qu’inconfortable : chercher des dates fifa. Les phases de poules avaient démarré en novembre 2019, pour prendre fin en septembre 2020. Mais après seulement deux journées, tout a été arrêté à cause de la Covid-19. Il s’agit des 3ème et 4ème journées qui étaient prévues du 23 au 31 mars dernier. Devrait suivre ensuite la 5ème journée, du 5 au 7 juin, avant de boucler la boucle par la 6ème et dernière journée du 4 au 6 septembre 2020. Or, les championnats européens qui étaient à l’arrêt viennent de reprendre, pour certains (Bundesliga), d’autres devraient suivre ce mois-ci, notamment la Premier League (17 juin), la Liga (11 juin), la Serie A (20 juin), la Süper Lig en Turquie (12 juin), la Swiss Football League helvète (19 juin) ou la Premier League russe (21 juin). Quant à la ligue 1 française, qui emploie un gros contingent de joueurs africains, le Gouvernement a décrété la fin du championnat.
Autant de faits qui confortent les partisans du report de la CAN en… 2022. Ce qui ne sera pas non plus sans conséquence pour le football africain. Pour rappel, 2022 est une année de la coupe du monde de football. Le choix d’années impairs pour la CAN était en grande partie, lié à la fatigue que ressentaient plusieurs joueurs africains quand une année de coupe du monde coïncidait avec celle d’une CAN. Ainsi, en 2013, la CAF a démarré des CAN en année impaire par l’Afrique du Sud. C’est dire qu’une grande réflexion mérite d’être posée pour sauver le football africain avant qu’elle ne meurt de sa belle mort.
par Youssou Owens Ndiaye
LES STARTUPS SÉNÉGALAISES AU SERVICE DE LA MODERNISATION DE L’ÉTAT
EXCLUSIF SENEPLUS - La nouvelle économie est caractérisée par le partage et la déconcentration du savoir. Fini le temps de l’État rigide où la connaissance et l’initiative étaient les attributs d’une autorité ascendante et verticale
L’univers des startups peut sembler complexe pour ceux qui n’y évoluent pas. Ce monde inconnu, fait de concepts nouveaux et d’anglicismes, dont je vous ferai l’économie, suscite partout dans le monde beaucoup d’intérêt. C’est un univers passionnant dans lequel les acteurs rivalisent de créativité pour apporter des solutions à des difficultés de leur environnement, pour améliorer leur cadre de vie, et tenter de rendre meilleure la vie.
Le Sénégal, aujourd’hui, compte des centaines de startups réparties dans tous les secteurs d’activité de l’économie. Toutes ces petites structures portent, parfois avec la foi d’un missionnaire, de grandes idées, toujours innovantes, parfois utopiques et démesurées. Mais elles ont un atout formidable : elles sont faites de la même matière que le rêve.
Le formidable privilège de savoir rêver
Savoir rêver, et se projeter dans un avenir radieux et prospère, est un privilège que la jeunesse africaine doit absolument reconquérir. C’est à travers ce rêve libérateur que naissent l’espoir d’un avenir meilleur et l’énergie du bâtisseur. L’univers des startups demeure encore un espace où on peut poser une folle idée - aussi farfelue soit-elle à priori -, la nourrir, la chérir et en consommer les fruits mûrs après un dur labeur. La plupart des jeunes africains, qui se lancent dans l’aventure et continuent contre vents et marées leurs projets d’entreprise, portent cette croyance : dans ce monde tout est toujours possible.
Cette nouvelle énergie créatrice, qui nourrit la jeunesse, peut bénéficier à nos États qui, depuis quelques années, ont fait vœux de modernité. En plus du rêve, la modernité est l’autre matière dont les startups sont faites. Elles identifient les défis de l’époque et choisissent de les relever. Ces défis qui pour nos États peuvent s’appeler : service public de qualité, égalité entre les citoyens. Notre administration publique, à bien des égards, ne répond plus aux exigences de notre espace contemporain. Les tares sont multiples. Défauts de clarté dans les procédures, lenteurs, manque de flexibilité, délais improbables. Les mots ne manquent pas pour qualifier les maux de nos services publics. Ces difficultés créent une rupture d’égalité entre les citoyens, car selon que vous soyez nantis ou pas, vos démarches administratives n’auront pas la même issue. Enthousiastes et déterminés nous pouvons ensemble tenir la promesse d’un service public de qualité.
Modernité dans la relation avec les citoyens : quitter le vieux monde de la verticalité et s’ouvrir aux apports fécondants du monde transversal et collaboratif
Il est possible d’apporter de l’agilité, de la flexibilité et de la fluidité à notre service public. Ces concepts moteurs de l’univers des startups peuvent être appliqués au fonctionnement de notre administration. La nouvelle économie est caractérisée par le partage et la déconcentration du savoir. Fini le temps de l’État rigide où la connaissance et l’initiative étaient les attributs d’une autorité ascendante et verticale. L’innovation peut venir de tout esprit savant, sans appartenir à aucune caste ou institution officielle. L’écoute et le partage deviennent la règle. Jugez-en par le nombre de vidéos et d’articles instructifs partagés sur internet tous les jours.
Le brillant mathématicien Russe, Grigori Perelman, a partagé en 2003 sur Internet la démonstration de la conjecture de Poincaré. Un problème mathématique vieux alors de 100 ans. Perelman a outrepassé toutes les règles de l’institution universitaire hyper codifiée. La tradition voudrait qu’il envoie son article à une revue prestigieuse, avec comité de lecture chargé de statuer. Il n’en a rien fait. Il a par ailleurs décliné la médaille Fields (équivalent du prix Nobel en mathématique) qu’on lui avait décerné. Nous sommes au cœur du sujet. Nos États peuvent avec la participation des startups s’initier à cette nouvelle forme de collaboration, ouverte, transversale et fécondante. Cette ouverture permet la détection rapide des talents. Leur mise en valeur pourrait, encore, inspirer d’autres talents et favoriser un cercle vertueux d’émulation positive.
Modernité dans l’outil d’administration des citoyens : inclusivité et équité
L’usage des outils numériques est aujourd’hui une réalité dans nos pays. La vitesse affolante avec laquelle les applications informatiques, et autres outils pénètrent les masses populaires, modifient les codes et changent les relations sociales nous interpellent. Cela passe de la connexion à des réseaux sociaux à l’utilisation massive de technologie de transaction financière. Ces outils ont un attribut formidable : l’inclusivité. Ils permettent à un grand nombre d’accéder à des services inaccessibles auparavant. Grâce à cette technique nous avons réalisé de grands sauts technologiques. Permettant, par exemple, de passer d’un très faible taux de bancarisation à un accès quasi-universel aux services financiers.
Le peuple souverain adhère à la technologie et aux outils numériques. Le prétexte est trouvé pour résolument intégrer l’outil numérique dans la méthode d’administration des citoyens. Obtenir rapidement des documents administratifs, avoir une information claire, apporter de la transparence dans les procédures, accélérer les démarches. Enfin, réconcilier les citoyens avec l’administration. Ce défi numérique est bien possible à relever. Les compétences des startups sénégalaises permettent largement d’accéder à cette réalité. Le digital n’est pas qu’un gadget. Il peut faciliter la reconquête de certains secteurs régaliens grâce à l’inventivité de ces jeunes pouces. Dans la santé, une pépite nommée E-yone a conçu une application très poussée pour la gestion des structures de santé, qui prend en charge un passeport médical des patients. Cet outil peut participer à améliorer le suivi de ces derniers en mettant fin à l’errance fatal de certains patients faute de dossier médical cohérent.
C’est un début de réponse à la modernité. Il en existe dans l’éducation, l’agriculture, le marketing digital et d’autres secteurs encore dont l’énumération serait fastidieuse. A celles-là s’ajoutent toutes les autres qui évoluent dans la « deep tech ». D’ailleurs, une étude, du ministère de l’économie numérique, sur les startups et PME du numérique, publiée le 01/09/2019, recommande la mise en place d’une « GOV-TECH » pour favoriser l’accès aux entreprises du numérique à la commande publique. Pour faire écho au souhait de l’État de moderniser la Poste nationale, le Sénégal regorge de startups performantes dans la logistique et la finance, qui pourraient activement y participer et lui redonner un souffle nouveau. S’ouvrir, collaborer, encadrer dans un environnement inclusif et protecteur, au lieu d’interdire et de s’enfermer dans une impasse et dans des réseaux faibles.
L’État stratège
L’idée des entrepreneurs, seuls, qui viennent à bout de nos difficultés sociales, économiques, est un leurre. C’est une illusion qui pourrait nous perdre dans un désert encore plus vaste d’aveuglement. Ce désir d’avenir meilleur, cher à l’écosystème des entrepreneurs, ne sera possible que grâce à un État fort, aux côtés de tous. La prospérité n’adviendra qu’avec le concours d’hommes politiques conscients des enjeux de notre temps. L’État est également la seule entité capable de garantir un égal accès à un service public de qualité au plus grand nombre. L’État est aussi le régulateur capable de fédérer les intelligences, d’impulser la transition technologique, de bâtir les complexes techno-écologiques, d’impulser la recherche et le développement, de construire les politiques industrielles solides.
Tout reste possible avec l’énergie créative des entrepreneurs, mais seul l’État rendra cette force pérenne, durable et profitable à tous. Je ne suis ni un partisan forcené de l’étatisme, ni un disciple docile du tout privé, mais un militant de la dignité. C’est aussi notre devoir d’aider nos États à garantir les besoins primaires des citoyens. Le Sénégal a, depuis longtemps, tenu sa réputation de pays pourvu en ressources humaines de qualité. Contrairement à certains pays d’Afrique qui ont traversé des crises politiques majeures, le Sénégal n’a jamais connu de rupture importante de sa chaîne d’éducation lors des cinquante dernières années. Nous avons, malgré tout, tenu cette promesse de formation de qualité. Même s’il faut rappeler que l’éducation nationale a connu de meilleurs jours.
C’est l’occasion de mettre en avant cette ressource humaine de qualité, ainsi que les entrepreneurs méritants, en faisant taire ceux que le chroniqueur et essayiste Sénégalais, Hamidou Anne appelle « les narrateurs de l’entreprenariat ». Ces derniers se nourrissent du « vide sidéral » de leur discours. Ces transhumants qui sillonnent les fora et épousent allégrement toutes les nouvelles tendances. Ont-ils une entreprise ? Aucune. Leur bureau ? Leur compte Facebook. Nous disons ici que tout cela n’est pas sérieux. Les réseaux sociaux restent l’espace d’expression du vide qu’ils ont à partager. Sur ces réseaux, ils égrènent des chapelets de vacuité. Attention ! On atteint le mur des inepties.
Leur conviction absolue de dire vrai en tout lieu, tout le temps, rend leur posture insoluble dans l’apprentissage, le partage et le progrès. C’est de la bêtise réflexive. C’est la pire. Elle est irréversible et invincible. Combattre ces pratiquants de l’histrionisme fera grand bien à notre écosystème, avant d’entamer sereinement le virage de cette nouvelle collaboration. Cette collaboration nouvelle donnera aux startups l’opportunité de mieux travailler sur des sujets à fort impact et de renforcer leur prise avec le réel. Devenir le prolongement du réel, tel doit être l’une des missions du numérique en Afrique. Ici, le réel se nomme l’informel. C’est le moment de transformer ce bouillonnement fertile quotidien, de femmes et d’hommes, en une opportunité de mieux-vivre ensemble.
La DER : un trait d’union entre les deux univers
La DER par ses attributs est le liant naturel de cette collaboration nouvelle. Elle a pu, en un temps record, déchiffrer tous les codes et rouages de ce nouveau tissu entrepreneurial. Elle a pu s’adapter à la célérité qui caractérise ce monde et répond à la mission qui lui est assignée : accompagner, comprendre, financer, mettre en valeur les acteurs et projets de cette nouvelle économie, jusque-là, malades d’un défaut d’attention des acteurs publics. La même étude, du ministère de l’économie numérique, citée plus haut, révèle que 81% des entreprises du numérique n’ont pas accès au financement. La DER arrive à son heure. Son statut d’institution publique et son immersion réussie dans cet écosystème nouveau justifient ce rôle de facilitateur. Sa méthode de travail, parfois iconoclaste, qui répond parfaitement à l’exigence de notre époque, dérange souvent les traditionalistes du secteur plus habitués à des procédures plus longues et des dossiers « mieux maîtrisés ». Tant mieux. Ce sont les idées nouvelles qui changent le monde. Notre pays a besoin de mouvement, de concepts inédits, d’idées fortes, de gestes déterminés pour venir à bout des importants défis qui nous attendent.
Les très petits entrepreneurs du Sénégal ont longtemps souffert de la condescendance des puissants, de l’injustice des forts, de l’omniprésence des entreprises néocoloniales et de l’indifférence de l’État. Nous avons l’opportunité de reprendre la main sur notre tissu entrepreneurial. Encourager les plus volontaires, récompenser les plus méritants et soutenir les meilleurs par l’un des bras puissants de l’Etat. La DER peut être cet agent de la catalyse. Le processus est déjà entamé. Il s’agit de renforcer le mécanisme pour une collaboration plus aboutie avec les talents nationaux, pour que l’agriculteur vive de sa terre et le pêcheur de son poisson. En définitive, seule l’action publique peut mettre sur le même pied le « startuppeur » des technologies très avancées et la vendeuse de légume du marché de Diaobé. Pour qu’enfin advienne une nation moderne, forte, solidaire, prête, protectrice et équitable.
Youssou Owens Ndiaye est coordinateur de SenStartup et cofondateur de Ouicarry
Par Alassane MBENGUE
SAUVER L’ANNEE SCOLAIRE ET REFONDER LE SYSTEME EDUCATIF
L’impératif aujourd’hui est de revisiter les options de nos politiques publiques afin d’engager avec courage et lucidité la refondation de notre système éducatif.
Mardi 2 juin 2020, les élèves des classes du Cm2, de Troisième et de Terminale vont reprendre les cours, après plus de deux mois de suspension des enseignements et des apprentissages dans les locaux dédiés. Toutefois, un dispositif de continuité pédagogique était mis en place par le Men à travers l’initiative «Apprendre à la maison». Cette décision du président de la République est accompagnée de mesures sanitaires, sécuritaires et pédagogiques, nécessitant à la fois réorganisation, adaptation et innovation, particulièrement dans les écoles et établissements, au double point de vue du pilotage pédagogique et de la gestion de la vie scolaire. Evidemment, cette décision est combattue par les tenants de l’officialisation d’une année blanche au regard du temps perdu (dommage que le Sénégal soit le seul ou l’un des rares pays où cette idée est agitée), d’autres pensent qu’elle est prématurée au regard de la situation de la pandémie du Covid-19 dans notre pays qui s’approcherait du pic. Bien sûr, je suis partisan de la mesure, ce qui fonde cette modeste contribution axée sur trois points dialectiquement liés : pour un discernement dans la reprise - revenir sur la journée de travail et l’impératif de «repenser la pensée» sur notre système éducatif.
Pour un discernement dans la reprise
L’année doit être sauvée. Quel qu’en soit le prix, mais dans le discernement. Il est évident que la reprise est fortement liée à l’évolution de la pandémie. Dans cette optique, la carte épidémiologique, à la date du 11 mai, a révélé que 22 départements sur 45 ont été épargnés. Dès lors, il serait plus prudent de procéder à une reprise en fonction des régions. Jusque-là, les régions de Kaffrine, Kédougou et Matam qui n’ont enregistré aucun cas pourraient reprendre les cours. Ensuite, les régions les moins touchées qui constituent le gros lot où la maladie est géographiquement bien circonscrite dans quelques localités. Pour les régions de Dakar, Diourbel et Thiès, attendre que la situation soit moins pesante pour les populations. En somme, le schéma actuel doit être compris et pris comme une hypothèse de travail qui doit forcément suivre l’évolution de la pandémie dans le pays.
Revenir sur la journée de travail
En décidant de mettre un élève par table-banc avec des cohortes de 20 élèves, hormis peut-être Mariama Ba, Le Prytanée ou le Lycée d’Excellence de Diourbel, l’écrasante majorité des établissements aussi du public que du privé verront au moins les classes dédoublées en raison des effectifs pléthoriques. Ainsi, les professeurs ne pourront faire tout au plus que 50% de leur crédit horaire, donc les programmes restants ne seront exécutés que de moitié. En somme, le temps brut d’enseignement-apprentissage se résumerait en réalité à un mois sur les deux perdus (une semaine en mars, trois semaines en avril et le mois de mai) et sur les deux prévus (juin et juillet), le mois d’août étant réservé aux examens du Bac et du Bfem. La situation sera plus compliquée pour le privé, car l’essentiel des professeurs notamment des classes de Terminale, viennent du public à cause de la réorganisation des emplois du temps. Compte tenu de cette situation très particulière, le ministre de l’Education nationale pourrait demander exceptionnellement au président de la République une dérogation pour que le système éducatif conserve sa journée normale de travail de huit heures. Cette mesure aurait l’avantage de maintenir les emplois du temps initiaux, permettant aux chefs d’établissement de mieux gérer la reprise d’une part ; d’autre part, de faciliter la reprise de certains dispositifs de soutien scolaire dans les établissements (rattrapage, accélération, etc.).
L’impératif de «repenser la pensée» sur notre système éducatif
Au demeurant, cet impératif ne devrait pas occulter les grosses et multiples difficultés de notre système éducatif à s’adapter aux crises. Déjà à l’interne, toutes les perturbations de plus de trois semaines entraînent presque un réaménagement du calendrier scolaire.
Avec le Covid-19 en plus du temps perdu, les mesures pour la reprise sont venues complexifier les choses. Pour illustrer cette vulnérabilité structurelle de notre système aux crises, prenons huit exemples.
1ère La majeure partie de nos infrastructures scolaires ne sont pas assez opérationnelles pour la mise en œuvre correcte des mesures d’accompagnement.
2ème L’encyclopédisme des programmes tant décrié s’adapte difficilement aux mesures prises.
3ème Le numérique s’est vite imposé comme la seule solution à la continuité pédagogique, alors qu’il n’est ni systématisé ni systématique dans les établissements. Quid de ces importants contingents d’enseignants analphabètes du 21ème siècle (TICquement parlant) et de ces nombreuses localités sans électricité ?
4ème La semaine de travail de 40 heures dans l’enseignement moyen et secondaire ne donne aucune possibilité d’adaptation aux crises.
5ème La norme de 45 élèves par classe a été jugée anormale pour être normalisée entre 60 et 70 élèves pour les classes d’examen. C’est pourquoi les effectifs de nos classes s’accommodent difficilement d’avec les conditions de la reprise des cours.
6ème L’absence d’un dispositif organisé de soutien scolaire dans nos établissements tant au plan social (élèves sous tutorat en dehors de la région de Dakar) que pédagogique.
7ème Le paradoxe de la distanciation progressive entre les établissements et les familles (plus de carnets de notes, peu ou pas de dialogue véritable). Et pourtant dans le contexte actuel, le rôle des parents est déterminant dans la reprise.
8ème La faible implication des collectivités territoriales dans le fonctionnement des établissements, alors qu’elles sont très attendues pour une bonne réussite de la reprise.
Dès lors, il est impératif de rendre notre système éducatif résilient face aux chocs endogènes et exogènes. Le maître mot durant cette crise n’est-il pas «Résilience» ? Le Programme de résilience économique et sociale (Pres) semble bien l’illustrer.
C’est pourquoi il est plus que nécessaire :
- de redéfinir de nouveaux rythmes scolaires en diminuant le temps de travail à l’école pour donner plus de temps d’apprendre à l’apprenant, ce qui nécessite, entre autres, la réévaluation de la place de certaines disciplines au premier cycle et dans les séries du second cycle ;
- d’assurer un pilotage efficace et efficient des établissements pour la réussite de l’apprenant à partir d’une gouvernance inclusive et participative ; d’accélérer la mise à niveau normalisée de tous les établissements en réévaluant la nécessité de généraliser le modèle de Lycée d’excellence ;
- de professionnaliser les métiers du système en mettant un terme au recyclage des enseignants à des postes ou fonctions très stratégiques (planification, statistiques, gestion financière et comptable, Grh, Casi, communication, etc.) ;
- de s’adapter aux nouvelles exigences éducatives qui découlent de ce que l’Unesco appelle les «Compétences du 21ème siècle», nécessitant de nouveaux paradigmes en termes
(i) de contenus et méthodes d’apprentissage,
(ii) de types d’apprentissage et
(iii) de types de pédagogie.
Mieux, puisque le coronavirus nous démontre que rien ne sera plus comme avant, il faudra, toutes affaires cessantes, placer la réflexion au cœur de cette inéluctable reconstruction sociétale, à moins d’opter pour la reproduction de l’ordre mondial actuel. Nous avons été nombreux à nous offusquer des hypothèses de l’Oms sur l’épuration démographique de l’Afrique, mais ils relèvent de la logique au regard de notre niveau de développement.
Dès lors, l’impératif aujourd’hui est de revisiter les options de nos politiques publiques afin d’engager avec courage et lucidité la refondation de notre système éducatif. L’essentiel des maux actuels de l’école découle ou est favorisé par les innombrables réformes, pour ne pas dire réformettes, du système éducatif qui ressemble plus à un laboratoire de spécialistes de l’éducation. C’est bien possible et nous le pouvons.
Alassane MBENGUE
Inspecteur de l’enseignement moyen et secondaire à la retraite
Ex-Sec gén de l’IA de Matam alassanembeng@yahoo.fr
par Mamadou Ndiaye
L’AMÉRIQUE S’AGENOUILLE
Trêve de dissertations sur les troubles découlant du meurtre de George Floyd. Il s’agit maintenant d’ouvrir grands les yeux sur les hypothèques qui pèsent sur la plus grande démocratie du monde. L’est-elle encore ?
À force de nier les évidences, l’Amérique finit par poser un genou à terre ! Triste pour un pays qui se persuade d’être invincible. Le déferlement, la semaine dernière, de violences consécutif à la mort en direct de l’Afro-Américain George Floyd traduit l’affligeante incapacité des Etats-Unis à éradiquer les racines d’un mal profond : la haine raciale. Comment comprendre qu’un homme menotté par derrière sans opposer de résistance, de surcroît nu et à plat ventre sur le talus puisse représenter un danger pour ce policier qui ajoute le burlesque au comique de situation (la colère à la place du rire, bien évidemment) !
Derrick Chauvin -ça ne s’invente pas- a tué froidement G. Floyd qu’il accuse de détenir par devers lui un faux billet. De combien ? Et alors ! Et lui ? Petite cause, grand chaos ! N’est-il pas dépositaire de l’autorité publique pour pouvoir mettre aux arrêts un suspect sans violation du 6ème amendement de la constitution américaine ? Des spécialistes de la neutralisation, estiment sans ambages qu’un indélicat en état d’arrestation, une fois sous les menottes, sécurise tout le monde. Le flic Chauvin n’en avait cure. Il a déclenché une spirale de violence à travers tout le pays par son « genou assassin ».
Pourtant, en 2016 déjà, un footballeur américain de haute stature, Colin Kaepernick, s’était détourné de l’hymne américain lors d’une finale mémorable, poussant plus loin la force du symbole jusqu’à planter un genou à terre en signe de protestation contre les violences policières. Depuis, ce geste est entré dans la mémoire collective de victimes du racisme qui crient à gorge déployée que la promesse de l’égalité des droits n’a jamais été remplie aux Etats-Unis. Par milliers, les jeunes, affluant en masse au siège du commissariat de Police du 3ème district de Minneapolis, ont, dans un épais silence, brandi le poing comme signe de ralliement à une cause : « Black lives Matter ». Traduction : « La vie des Noirs compte ! »
Ils font écho à cet autre poing levé en octobre 1968 à Mexico par le fameux athlète Bob Beamon contre l’assassinat de Martin Luther King en avril de la même année à Memphis. Cela fait des décennies donc que la crise raciale s’enracine et s’aggrave. Des réseaux de haine se tissent au sein des Etats du sud, bastions des mouvements suprémacistes, que courtise avec assiduité le Président Donald Trump. En se rendant visibles, ils sonnent le réveil des antifacistes que Trump voudrait anéantir en les qualifiant de groupes terroristes.
Washington bougonne. La fronde se structure et s’étend. Marginale jusqu’ici, elle devient centrale. D’où l’appel aux militaires pour décréter l’état d’urgence dans plusieurs Etats. On le voit, plus d’un demi siècle après, le pays de Jefferson et de Lincoln, reste coltiné par la question raciale qui déchire la société, la réduisant à une inquiétante juxtaposition de communautés. Celle des Noirs, qui se disent Afro-Américains, ressemble à une kyrielle de troupes sans chefs charismatiques, à l’image justement de Martin Luther King, dont la parole porte et fait vibrer une nation.
Par un enchaînement de luttes, les unes plus mémorables que les autres, des droits civils et politiques furent conquis au détour d’une série de concessions du pouvoir blanc. A Harlem, les Blacks ont longtemps vécu le sentiment de dépossession quand, dans les années 80, des Coréens et des Japonais sont venus racheter à coups de milliards de dollars des terres qui leur appartenaient jadis.
« Nous voulons vivre. Nous sommes fatigués », disent en chœur les manifestants pacifiques dans d’interminables processions à travers l’Amérique des villes et des campagnes. L’Union Africaine suit la gravité de la situation et se dit préoccupée par « ces atteintes aux droits des Noirs ». Quel niveau de cruauté faudra-t-il atteindre pour susciter une large indignation ? se demande, pour sa part, l’ancien président du Bénin Nicéphore Soglo. Un déclic enfin ?
Les Afro-Américains représentent 13 % de la population totale US. A l’inverse ils font plus du quart de la population carcérale. Un poids démographique en net recul face à la montée des Hispano qui leur disputent désormais les avantages de « l’affirmative action ». La classe moyenne noire américaine n’arrive pas à se stabiliser du fait des crises cycliques qui affectent l’économie. Chaque année, ils sont des centaines de milliers à basculer dans le dénuement. Ils sont sous bancarisés. Pour survivre, certains d’entre versent dans l’informel quand d’autres s’adonnent à la drogue ou à la criminalité. Pas de doute, l’absence de perspectives ouvre des perspectives mais moins reluisantes.
Le manque d’apôtres de la paix ou de missionnaires de sacerdoce prive aujourd’hui le pays d’un leadership incontesté qui lui échappe d’ailleurs de plus en plus. Sous nos yeux, la politique se dissout. Elle se désagrège en même temps que la société américaine perd sa cohésion. En un mot son unité s’effrite. L’Amérique chahutée ? Pas encore car elle a une force résiduelle impressionnante.
En revanche, le danger guette ce pays de paradoxes. Trêve de dissertations sur les troubles découlant du meurtre de G. Floyd. Il s’agit maintenant d’ouvrir grands les yeux sur les hypothèques qui pèsent sur la plus grande démocratie du monde. L’est-elle encore ? Le contexte qui y prévaut est anxiogène. Des périls bien réels menacent la grande puissance. Quand des fautes manifestes de pilotage s’y ajoutent, le cocktail explosif n’attend, pour détonner, qu’un prétexte aléatoire.
L‘ambiance de Far West observée cette semaine dans cet Etat du Midwest a servi de détonateur d’une crise qui couvait depuis de longues décennies. L’exacerbation des haines vient troubler la quiétude d’une partie de l’Amérique profonde scindée en deux : d’un côté les riches et de l’autre, les exclus du système. Lequel ne se renouvelle pas. Il se sclérose. Et faute de remise à plat, il opprime plus que de raison, faisant de tous les citoyens des prisonniers de logiques qui se heurtent au quotidien. Les Noirs en premier le sont doublement : désavantagés par les inégalités, ils vivent pour la plupart d’aides basées sur une politique sociale mal adaptée.
A force de recevoir, les plus démunis d’entre eux s’enferment dans une « mémoire d’oppression en doutant plus de leurs capacités que du racisme dont ils sont les victimes », souligne l’universitaire de renom Shelby Steele. Il pointe aussi la « culpabilité des Blancs » en délicatesse, ajoute-t-il, avec leur conscience du fait de la longue pratique de l’esclavage. Près de 400 ans de servilité forgent des mentalités, pas pour les mêmes raisons certainement. Le préjugé de l’infériorité des Noirs est logé dans la mentalité blanche, relève encore, Pr Shelby Steele qui regrette toutefois que ceux qui ont prétendu succéder à Dr. Martin Luther King « n’avaient pas son exigence ».
En clair, ils ont enfoncé le statut de victimes et réclamé de la culpabilité blanche des compensations et des traitements préférentiels au nom de « l’affirmative action ». Celle-ci a fait son temps. Dévoyée de ses objectifs initiaux, elle a laissé s’installer une caste de politiciens qui confisquent cette « discrimination positive » pour fonder un pouvoir racial vigoureusement combattu par l’économiste Thomas Sowell et le constitutionnaliste Stephen Carter, brillants universitaires qui font autorité dans leurs domaines respectifs au sein de l’intelligentsia américaine.
L’Amérique a beaucoup perdu : sa puissance, son prestige, sa grandeur, ses pôles d’attraction, son rêve, son mythe fondateur… Elle n’est plus le chef incontesté d’un monde devenu multipolaire depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Pour preuve : elle n’est plus présente simultanément sur plusieurs théâtres d’opérations à la fois. Un signe…
par Siré Sy
ABDOU DIOUF, DÉSILLUSION ET RENONCEMENT (2/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ancien président s’est toujours contenté d’administrer les crises jusqu’à ce que le feu devienne cendre. Il aura présidé le pays contre lui-même - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L’adage dit que c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c’est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l’échelle d’une Nation-État, que l’on apprécie les choix, les décisions et le leadership d’un chef d’Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group en partenariat avec SenePlus vous propose Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave !’’.
Pour cette deuxième épisode de votre Feuilleton managérial ''Président et Gestion de crise ‘’quand l’heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Abdou Diouf, ‘’Abdou, le technocrate rénovateur”.
Le président Abdou Diouf, sous sa présidence (1981-2000), a eu à faire lui aussi, face à trois crises d’amplitude ‘’secousse du régime’’ sous l’échelle d’une Nation-État : une crise politico-électorale, une crise scolaire et une crise économico-sociale. Au chapitre de sa gestion de sa crise politico-électorale de 1988, avec l’élection présidentielle de 88, le président Abdou Diouf, va reprendre la situation en main, en élargissant Me Wade et compagnons de prison (sous la facilitation de l’Ambassade des USA au Sénégal), avec à la clé, le code consensuel de 1992 qui en sera la résultante. Au chapitre de sa gestion de la crise scolaire, le président Abdou Diouf n’aura pas pu empêcher une année blanche, celle de 88. C’est d’ailleurs cette génération d’écoliers et de collégiens des années 88, qui vont réaliser démocratiquement, l'alternance en 2000. Au chapitre de sa gestion de sa crise économico-sociale aiguë, celle des Ajustements structurels (1980), le président Diouf n’aura pas pu empêcher la dévaluation du Franc CFA survenue en 1994. Cette crise de la dévaluation du Franc CFA allait rendre le front social et syndical en ébullition qui depuis lors, n’a jamais connu une stabilité durable. Abdou Diouf a présidé le Sénégal durant 19 ans (1981-2000).
L’étudiant Abdou à l’ENFOM, aux idées progressistes (il a fait son mémoire à l’ENFOM sur le sujet ‘’L'islam et la société wolof), devenu le président Diouf en 1981, s’est vite mis dans les habits du Rénovateur. A peine installé dans ses nouvelles fonctions, Abdou Diouf instaure le multipartisme intégral, supprime les délits de presse, libéralise le secteur des médias, permet à Cheikh Anta Diop de devenir professeur d'université et donne son nom à l'université de Dakar (Ucad).
La postérité peut retenir du président Abdou Diouf, à l’origine de l’anarchie politique (multipartisme intégral), l'échec de son modèle démocratique (1981-1993), la privatisation-offre de l'économie sénégalaise, les ajustements structurels (moins d’Etat), l’austérité tous azimut (Plan Sakho-Loum) et la décentralisation-régionalisation plutôt politicienne qu’administrative.
Et pourtant, dès son avènement à la magistrature suprême, le président Abdou Diouf s’est voulu un Réformateur avant de se rétracter pour demeurer et rester Rénovateur. En réussissant avec brio la ‘’désenghorisation’’, le président Abdou Diouf s’est heurté contre une farouche résistance aussi bien dans son propre camp (le PS) que dans l’opposition et les syndicats. Et le président Diouf va abdiquer devant l’adversité et se retrancher dans son tour d’ivoire, et deviendra très déconnecté des réalités de son peuple. C’est comme qui dirait, une sorte de ‘’gentleman agreement’’ entre lui Diouf et son camp le PS, un accord diffus qui consisterait à lui assurer à lui le président Diouf, son pouvoir (ses réélections) et à son camp, de gérer le pays et de faire ce qu’ils veulent.
Dans son Style et sa Méthode de gestion de crise ‘’quand l’heure est grave !’’, contrairement à son prédécesseur Senghor, le président Abdou Diouf a été plus ‘’le commis d’Etat’’, ‘’un Administrateur de crise’’, plus qu’un redoutable homme politique, un fin stratège. Parce qu'il n’avait (peut-être) pas cette légitimité politique tant au niveau du PS qu’au niveau des masses, le président Abdou Diouf s’est reconverti en homme de dialogue, de compromis et de consensus. Toujours un Rénovateur mais jamais un Réformateur. A partir de 1983, jamais le président Diouf n’a cherché à influer, ni à peser sur le cours de l’histoire et sur la trajectoire historique du Sénégal. Le président Diouf s’est toujours contenté d’administrer les crises jusqu’à ce que le feu devienne cendre (présidentielle 88, année blanche en 88) ou alors, rester et demeurer un gentil spectateur des événements jusqu’à ce que la Case de Birima brûle (Congrès sans débat, PAS). Le président Abdou Diouf aura présidé et gouverné le Sénégal, contre lui-même – hélas - et s’est plus tourné vers l’extérieur, plus préoccupé par son image personnel que par une véritable mutation-transformation du Sénégal. La preuve par la Francophonie (OIF). Avec Diouf, le Sénégal aura connu une parenthèse (économique, sociale et politique) douloureuse de vingt ans. Toute une génération perdue.
Jeudi 4 Juin 2020, l’épisode (3/4) de votre feuilleton managérial ''Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave!’’, portera sur le président Me Ablaye Wade.
par Cheikh Tidiane Gadio
LES PANAFRICANISTES DU CONTINENT DOIVENT DÉFENDRE LE DROIT À LA VIE ET À LA DIGNITÉ DES AFRO-DESCENDANTS DES ÉTATS-UNIS !
Quand est-ce que l’humanité va se lever pour mettre fin au massacre à huis-clos des « Noirs américains » par une puissance qu’ils ont construite de leur sang et par leur « sueur » dans les usines de l’Amérique de l’industrialisation ? (français & anglais)
Chaque citoyen noir du monde contemporain devrait ressentir le poids du genou meurtrier du policier Derek Chauvin sur son cou. Chaque être humain qui se définit comme tel devrait aussi ressentir la pression du genou criminel de Derek Chauvin sur son cou.
Le supplice de la suffocation (mort lente et atroce) a toujours été la méthode préférée de ceux qui depuis des siècles mettent avec plaisir une corde au cou d’un homme noir pour le lyncher comme dans l’Amérique des 19ème et 20ème siècles, ou comme le font les policiers blancs américains modernes particulièrement portés sur le cou des Noirs.
L’expression « briser le cou », et surtout « briser le cou d’un Noir, » semble avoir été inventée pour eux et doit être profondément ancrée dans leur ADN historique forgée dans une profonde haine raciale anti-Noirs.
Une balle dans le dos d’un homme noir désarmé, un tir à bout portant contre un adolescent noir brandissant un jouet, un genou de la haine raciale posé avec détermination, les mains dans les poches, le regard serein, sur le cou d’un homme noir menotté, immobilisé, une partie du visage collé contre l’asphalte, tel est le visage que l’Amérique, championne des droits humains et héraut de la liberté, a présenté au monde récemment !
Ce visage est formaté par un passé et un présent douloureux pour les Africains-Américains. Pendaisons, amputations publiques et à la hache du pied de «l’esclave fuyard », voitures bélier sur des foules noires en marche pacifique, immolation au bucher, massacres dans des églises, assassinats des grands leaders comme Medgar Evers, Malcom Shabazz, Martin Luther King et tant d’autres, incarcération prolongée sous n’importe quel prétexte de millions de jeunes noirs pour les émasculer et briser leur désir d’avenir !
Quand est-ce que l’Humanité toute entière va enfin avoir le courage de crier haut et fort « Amérique, ÇA SUFFIT ! ».
Quand est-ce que l’humanité toute entière va-t-elle se lever pour mettre fin au massacre à huis-clos des « Noirs américains » par une puissance qu’ils ont construite par leur sang versé dans les plantations et par leur « sueur lourde » dans les usines de l’Amérique de l’industrialisation ! Et souvent « for free », c’est à dire sans rémunérations ou presque !
Quand est-ce que Amnesty International, Human Rights Watch, la CPI, si promptes à dénoncer - avec raison - les graves violations des droits humains dans le monde et particulièrement en Afrique, vont-elles enfin ouvrir le dossier de l’Amérique et du traitement inique qu’elle réserve au quotidien à sa population africaine-américaine ?
Quand est-ce que les États africains, dans un élan panafricaniste sans précédent, vont-ils soumettre dans l’unité absolue (sans aucun défaillant) une motion spéciale à l’AG des Nations Unies contre le traitement inhumain, dégradant et les brutalités policières (à l’allure d’exécution publique filmée), régulièrement infligées aux Africains-Américains !
Saluons au passage la déclaration du président de la Commission de l’Union africaine ! Sa condamnation ferme de l’horrible assassinat raciste de George Floyd amène enfin l’UA à respecter son engagement de considérer tous les Afro-descendants comme étant « partie intégrante » du continent ou tout simplement « la 6ème région » comme le Sénégal l’avait proposé à l’Afrique.
Au nom du Mouvement Panafricain et Citoyen – LUY JOT JOTNA, nous lançons un appel pressant à tous les intellectuels, citoyens et organisations panafricanistes du continent et de la Diaspora à se faire entendre sur l’horrible assassinat de notre frère George Floyd.
Comme du temps de la lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud, notre Mouvement exhorte aussi les Etats, les partis politiques, mouvements citoyens, organisations de la société civile en Afrique à tendre la main à nos frères et sœurs Africains-Américains, Africains-Brésiliens, Africains-Caribéens, les minorités d’Afro-descendants en Europe et ailleurs pour construire une puissante Internationale Panafricaniste capable d’organiser notre peuple et de le défendre partout. Marcus Garvey avait en effet raison de dire qu’il n’y a qu’un seul peuple africain, « certains sont chez nous en Afrique, les autres dans la Diaspora ! »
Notre Parti demeure convaincu que seule la construction des États-Unis d’Afrique avec le droit d’adhésion garanti aux États et communautés d’Afro-descendants nous permettra d’enclencher la Renaissance africaine, de faire face aux autres puissances du monde et de défendre le statut de l’Afrique comme fille ainée de l’humanité, berceau et précurseur des civilisations humaines.
Que Dieu bénisse l’âme du George Floyd et de tous les autres martyrs du combat des Noirs pour la dignité et la rédemption ! C’est vrai que « BLACK LIVES MATTER ! »
Version anglaise
CONTINENTAL PANAFRICANISTS MUST DEFEND THE RIGHT TO LIFE AND DIGNITY OF AFRO-DESCENDANTS FROM THE UNITED STATES !
Every black citizen of the contemporary world should feel the weight of the murderous policeman Derek Chauvin's knee on his neck. Every human being who defines himself or herself as such should also feel the pressure of Derek Chauvin's criminal knee on his or her neck.
The torture of suffocation (leading to a slow and excruciating death) has always been the preferred method of those who for centuries have happily put a rope around the neck of a black man to lynch him as it was the case in the 19th and 20th centuries’ America, or as do modern white American police officers particularly attracted by the necks of blacks.
The expression "breaking the neck", and especially "breaking the neck of a black man," seems to have been coined for them and must be deeply rooted in their historical DNA, forged in deep racial anti-black hatred.
A bullet in the back of a disarmed black man, a close range shot against a black teenager brandishing a toy, a knee of racial hatred posed with determination, hands in pockets, serene gaze, on the neck of a black man handcuffed, immobilized, part of his face pressed against the asphalt, this is the face that America, champion of human rights and herald of freedom, presented to the world recently !
This face is formatted by a painful past and present for African-Americans. Hangings, public and ax amputations of the foot of the "fleeing slave", ramming cars on black crowds in peaceful march, immolation at the stake, massacres in churches, assassinations of great leaders like Medgar Evers, Malcom Shabazz, Martin Luther King and so many others, prolonged incarceration under any pretext of millions of young blacks to emasculate them and break their desire for the future !
When is all of humanity finally going to have the courage to shout loud and clear "America, IT'S ENOUGH ! "
When will all of humanity rise to end the closed-door massacre of "black Americans" by a super power they have built by their bloodshed on the plantations and by their " 'heavy sweat' in America's factories during industrialization ! And often "for free", that is to say without remuneration or almost !
When Amnesty International, Human Rights Watch, the ICC, so quick to report - with good reason - serious human rights violations in the world and particularly in Africa, will they finally open an official inquiry on America and the unfair treatment that it reserves daily for its African-American population ?
When will the African states, in an unprecedented pan-African move, submit in absolute unity (without any defaulter) a special motion to the United Nations GA against inhuman, degrading treatment and police brutality such as filmed public execution regularly inflicted on African-Americans !
Let us welcome the Declaration of the president of the Commission of the African Union ! Its firm condemnation of the horrible racist assassination of George Floyd finally leads the AU to respect its commitment to consider all Afro-descendants as being "integral part" of the continent or quite simply "the 6th region" as Senegal had proposed to Africa.
On behalf of the Pan-African Citizen Movement - LUY JOT JOTNA, we urgently appeal to all Pan-African intellectuals, citizens and organizations on the continent and in the Diaspora to be heard on the horrific assassination of our brother George Floyd.
As in the time of the fight against Apartheid in South Africa, our Movement also urges states, political parties, citizen movements, civil society organizations in Africa to reach out to our African American brothers and sisters, African - Brazilians, African -Caribbeans, Afro-descendants minorities in Europe and elsewhere to build a powerful “Pan-Africanist International Movement”, capable of organizing our people and defending them everywhere. Marcus Garvey was indeed right to say that African people are ONE people : "some of us are at home in Africa, the others in the Diaspora ! "
Our Party remains convinced that only the construction of the United States of Africa with the right of membership guaranteed to the States and communities of Afro-descendants will allow us to start the African Renaissance, to face the other powers of the world and to defend the status of Africa as the eldest daughter of humanity, the cradle and forerunner of human civilizations.
May God bless the soul of George Floyd and all the other martyrs in the fight for black people’s Dignity and Redemption! It is true that "BLACK LIVES MATTER! "
PAR ALPHA AMADOU SY
ALIOUNE DIOP, DÉJÀ 40 ANS !
Parler de lui, faisions nous observer, (…), instaure toujours dans une sorte d’inconfort voire de malaise.. Faute de pouvoir restituer ici l’intégralité de son oeuvre, il serait tout à fait indiqué d’en extraire certains aspects
Parler d’Alioune Diop, faisions nous observer, (…), instaure toujours dans une sorte d’inconfort voire de malaise. Pas uniquement parce que le Fondateur de Présence Africaine est une personnalité complexe et son œuvre des plus riches ! Mais, c’est parce que aussi «le bâtisseur inconnu du monde noir», pour reprendre Frédéric Grah Mel, avait élevé le «principe de l’effacement fécond» à la dignité de culte.
Qu’à cela ne tienne ! Sous le double rapport du devoir de mémoire et de l’exigence de contribuer à résoudre les contradictions qui assaillent notre présent si enveloppé de grisaille, il est impensable de s’en tenir à consacrer au grand Africain et panafricain qu’il fut une minute de silence et/ou une soixantaine de secondes de prières ! 02 mai 1980- 02 mai 2020, soit quarante ans après son décès, faute de pouvoir restituer ici l’intégralité de l’œuvre d’Alioune Diop, il serait tout à fait indiqué d’en extraire certains aspects. L’objectif est de faire comprendre à la jeune génération la qualité du travail abattu pour lui valoir la reconnaissance quasi unanime de tous ces intellectuels de diverses sensibilités philosophiques, idéologiques et politiques, résolument engagés dans les chantiers tortueux de l’émancipation des peuples africains et de leur diaspora (…)
Sans doute la curiosité est celle de savoir ce que le parcours d’Alioune Diop a de si décisif pour mériter autant de reconnaissance. Répondre à cette interrogation des plus légitimes, c’est renvoyer à ces trois actes majeurs que sont la création de la revue Présence Africaine, de la maison d’édition du même nom et de la Société Africaine de Culture. 1947, (…)
Une nouvelle carte géopolitique est dessinée à partir de la Conférence de Yalta en 1945, sous la houlette des nouvelles puissances que sont les USA et l’URSS. L’Europe s’est scindée à deux : l’occident cherche à se reconstruire grâce au Plan Marshall, les pays de l’est sous le joug soviétique. Et quelles perspectives pour les colonies d’Afrique ? Les réponses sont aussi diverses que divergentes voire contradictoires ! Pour Alioune Diop, la culture est l’unique réceptacle à l’unité de tous les intellectuels acquis à la cause de l’émancipation des peuples noirs du monde entier et la reconnaissance de leur patrimoine culturel (…).
Il en fera la ligne directrice à partir de laquelle il va poser différents actes comme les maillons d’une seule et même chaine. Le moment inaugural de cette singulière entreprise est la création de la revue Présence Africaine. Point n’est besoin de revenir ici sur toutes les difficultés qu’Alioune Diop et son équipe ont dû surmonter pour offrir à l’intelligentsia africaine une véritable tribune ouverte et sur leur continent et sur le monde (…)
En revanche, nous insisterons particulièrement sur le principe sur lequel Alioune Diop et ses collaborateurs ont constamment fondé l’unité, la solidité et la durabilité de leurs initiatives, à savoir permettre aux voix les plus contradictoires de bénéficier des droits à l’expression et à la publication. Qu’elles soient du continent comme Senghor ou de la diaspora, tels Césaire, Damas, Glissant, ou Richard Wright ! Deux ans après avoir porté la revue sur les fonts baptismaux et s’être assurés de sa solidité, Alioune Diop et ses amis ouvrirent un tout autre chantier, celui de l’édition. Parmi les publications de ce premier africain à devenir éditeur, l’on cite très souvent des ouvrages tels (…)
Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire et Nations nègres et culture de Cheikh Anta Diop et d’Aimé Césaire. Il est évident que certains de ces textes majeurs ne pouvaient passer inaperçus, au regard de leur portée éminemment anticolonialiste. Cependant, un livre comme Les Contes d’Amadou Coumba de Birago Diop, pour ne pas être subversif, n’en est pas moins révélateur de la profondeur de la vision du fondateur de Présence Africaine (…). (…).
Capitalisant sa riche expérience aussi bien dans la gestion de la revue que de la maison d’édition et tirant des enseignements de ses discussions multiformes et constantes avec ses collaborateurs, Alioune Diop prit conscience de la nécessite de franchir un nouveau pas. Ainsi, naquit l’idée d’un échange de vive voix avec une bonne partie de l’intelligentsia pour réfléchir sur la … présence des Africains et de leur diaspora dans le monde moderne. Ce projet entra dans l’histoire sous la forme d’un Congrès mondial des Écrivains et Artistes noirs, en 1956, à la Sorbonne, à Paris.
La comparaison de ce banquet culturel avec la rencontre au somment des leaders du Tiersmonde, à Bandoeng, en Indonésie, en 1955, est, à elle seule, suffisamment révélatrice du succès qu’il a connu. Mais, dans la mesure où toute initiative menée à terme en appelle souvent une autre, Alioune Diop dut ouvrir un nouveau chantier : la création de la Société Africaine de Culture. En fait, ce projet résulte de la nécessite de rationaliser les énergies (…) À l’actif de la SAC, ces deux rencontres historiques qui furent ses manifestations les plus emblématiques. D’abord, la tenue du second Congrès des Écrivains et Artistes Noirs, en 1959. Loin d’être réduit à une simple réédition de celui organisé trois ans auparavant à Paris, il a eu une double originalité. Il a été accueilli à Rome, précisément au Capitole, attestant du coup de l’extension du mouvement de la France vers l’Italie (…).
Ensuite, le choix du thème « L’unité des cultures négroafricaines », plus substantiel que celui du 1er Congrès, « La crise de la Culture ». Le second rendez-vous initié par la SAC a été l’organisation, en terre sénégalaise, du Premier Festival Mondial des Arts nègres. Tant par le pays d’accueil, par la diversité et la richesse des participations, par la nature des questions abordées que par l’esprit qui l’a enveloppé, ce banquet de la Culture est entré dans la postérité comme un évènement sans précédent (…)
Évidemment, comme tous les hommes, notamment ceux qui se mettent au service des grandes causes, Alioune Diop a connu bien de déceptions. Cependant, par ces actes fondamentaux (…) Alioune Diop a réussi à relever l’essentiel des défis découlant de son idée de la culture comme lieu de synergie des énergies. Fidèle à ce principe directeur, il a assuré une contribution irremplaçable à l’affirmation de l’identité culturelle des Noirs et à leur présence dans le monde contemporain (…). Alioune Diop a d’autant gagné plus en notoriété que son option du vecteur culturel, en réussissant à déjouer les pièges du culturalisme, a largement favorisé l’éclosion politique du courant acquis à l’indépendance immédiate des colonies. Pour preuve, le numéro 14 de la revue Présence Africaine, publié en 1953, a été considéré comme un tournant historique (…) pour avoir, entre autres, surtout servi de tribune à ceux qui étaient parmi les plus radicaux de l’époque. Mais ce parcours, (….) a suscité cette interrogation : quelles sont les qualités créditées à Alioune Diop et qui lui auraient permis de négocier avec succès bien de zones de turbulence ? Revient souvent, dans les témoignages (…), son aptitude à faire don de soi afin que l’autre soit. Ce « principe fécond de l’effacement », déjà susmentionné, trouve son prolongement dans sa remarquable capacité d’écoute, doublée d’une propension à toujours fédérer (… ).
Cette disposition d’esprit, conjuguée à son talent d’organisateur, lui a permis de bien tenir ce rôle des plus flatteurs dans la culture africaine, à savoir celui qui « use du fil et de l’aiguille », métaphore renvoyant au fédérateur. Ainsi, à chaque étape de son parcours, il a su unir les énergies nécessaires à la réalisation des tâches. À la première séquence, il a gagné la confiance de quelques figures de proue de la Résistance française, au nombre desquels Jean Paul Sartre, Emmanuel Mounier et Georges Balandier.
Ces membres constitutifs du comité de patronage vont fortement appuyer le noyau dur de la future revue Présence Africain, composé de Jacques Rabemananjara, Paul Niger, Guy Trirolien, Gabriel Lisette, Sourou Migan Apithy, Anani Santos (…) Abdoulaye Ly, entre autres. La seconde séquence est celle qui laisse apparaitre un Alioune Diop dont la volonté de nouer le dialogue et de tout régler par le dialogue est soumise à rude épreuve et par son expérience personnelle et par la trajectoire empruntée par le colonialisme (…). Il est évident qu’il a fallu à Alioune Diop une bonne dose de générosité et une expertise certaine pour réussi à fédérer à chaque étape des intellectuels de si fortes personnalités. Il en a fallu aussi pour se résoudre à se mettre au second plan, afin d’offrir à tout un chacun la possibilité de s’exprimer. Cet effacement lui a valu, entre autres, le surnom de Socrate noir (…) Ce surnom mérite d’être relativisé. Si cette comparaison s’avère pertinente sous le rapport de « l’art d’accoucher les esprits », elle montre ses limites au regard du patrimoine écrit, laissé par Alioune Diop (…). Conscient de la richesse de ce patrimoine, nous avions formulé (…) depuis 2010 le vœu : « de voir (…) publier l’essentiel des articles, des préfaces et discours rédigés par Alioune Diop (... )»
PAR NDEYE FATOU NDIAYE
COVID-19, CHRONIQUE D'UN ÉCHEC ANNONCÉ
Comment ce pays qui, aux lendemains des indépendances bénéficiait de tant d’atouts a pu produire autant de richesses et dans le même temps laisser se déliter ses secteurs vitaux et créer autant de pauvres ?
«Spécialiste en rien mais intéressée par tout, je me dois de contribuer à la vie de la cité ; en particulier, ce que vivent ses composantes collectives et individuelles m’interpellent à chaque instant» (Vincent Lindon) ; tel est l’état d’esprit qui motive mon engagement.
QUELQUES ÉVIDENCES QUE LA PANDÉMIE VIENT NOUS RAPPELER
A propos des occupants de la terre : l’humain n’est qu’un maillon de l’ensemble des espèces présentes sur terre et il doit arrêter de se penser supérieure aux autres. Illustration : Boris Johnson, la vendeuse de café Touba du Rond Point Keur Massar et le pangolin de Wuhan sont des voisins sur terre. A propos d’idéologie : nous vivons un grand moment de l’histoire de la civilisation mondiale avec une remise en question profonde de la mondialisation adossée au capitalisme triomphant. A propos d’économie : le PIB et le taux de croissance ne sont qu’utopie lorsqu’ils ne traduisent que les profits des entreprises étrangères et des chiffres à présenter aux partenaires institutionnels. A propos des priorités : s’il faut une route pour aller à l’hôpital, mieux vaut construire l’hôpital avant la route et enfin, produire les biens de consommation de première nécessité est une question de souveraineté nationale. A propos de politique : soixante ans après les indépendances nous cherchons encore notre voie.
SÉNÉGAL, UN PAYS ÉMERGENT IMAGINAIRE ET UN PEUPLE ABANDONNÉ À LUI-MÊME
La situation du Sénégal n’est guère le fruit du hasard ; c’est le résultat de choix de gouvernances politiques, économiques, mais aussi des systèmes religieux et sociaux. Comment ce pays qui, aux lendemains des indépendances bénéficiait de tant d’atouts, contrairement à ses voisins, a pu produire autant de richesses et dans le même temps laisser se déliter ses secteurs vitaux et créer autant de pauvres. L’échec de l’éducation publique est le plus symbolique de toutes les régressions. Dakar était la destination privilégiée pour former l’élite africaine dans des institutions publiques ; aujourd’hui, le public ne forme plus des citoyens capables d’affronter les enjeux de notre monde.
Cela se perçoit, par exemple, à travers l’inadéquation entre les diplômes décernés par les universités et les profils recherchés par les entreprises. Le pays se gausse de ce qu’on appelle « l’exception sénégalaise », de ses atours en infrastructures financées par des emprunts à tour de bras, mais ses statistiques peignent un fort taux de pauvreté et des régions régulièrement menacées par la famine et dépourvues de système d’assainissement et sanitaire aux normes, des villages sans eau ni électricité, encore moins d’accès à internet et une bonne place parmi les PPTE. Même l’espace d’expression de la démocratie est chahuté par un nombre pléthorique de partis politiques, de mouvements citoyens et de syndicats, tandis que chaque régime invente des astuces pour déconstruire le peu de dignité démocratique que les combats du peuple ont permis d’obtenir.
L’espace religieux n’est pas en reste avec la multiplication des cérémonies et la constante sollicitation d’aide de l’état pour la communauté. En 2012, nous avons naïvement cru avoir élu un système qui avait cerné tous nos avatars collectés depuis des décennies pour en tirer les correctifs desquels allait germer un véritable renouveau national. Comment décrire la déception qui nous habite quand on passe en revue les scandales politiques, financiers, économiques, fonciers et bien d’autres qui ont marqué ces huit dernières années, sans compter la déconfiture de nos institutions ?
Nous avons gagné nos lettres de noblesses dans le bas des tableaux de Transparency International et d’Amnesty International. Le ministère de l’intérieur est devenu la pierre angulaire de la politique publique du pays. L’institution, loin d’assurer la quiétude dans les quartiers, a été transformée en concepteur d’outils comme le parrainage, la carte et le fichier électoraux qui génèrent des résultats préfabriqués qu’on finit par tenir pour certifiés et acquis. Organiser des élections ne sert dès lors que d’accessoires et de folklore d’une vitrine démocratique. Des médias, en mal de recettes, sont chargés de relayer la propagande construite depuis le palais. Le peuple privé de nourritures sous toutes ses formes et sevré de rêve d’un autre Sénégal, se tourne vers le gain facile et le spirituel obscur espérant y trouver la force de résilience pour survivre.
Alors quand un séisme tel que le covid-19 entre dans de tels pays, il est normal que ceux qui observent comment ils sont gouvernés prédisent le pire tandis qu’une bonne frange de leur population, abonnée aux mensonges éhontés d’état, pense que c’est une invention pour servir des plans ourdis dans des salons tapissés de lambris et préfère les prières et décoctions dont l’efficacité n’est pas prouvée, plutôt que l’adoption des gestes barrières.
A y bien réfléchir, c’est quoi cette maladie pour le peuple ? Après tout, paludisme, hypertension, diabète, hémorragies, accoucher et même une simple diarrhée tue tous les jours des milliers de personnes alors que leurs remèdes existent ! Que voit-il de ce nouveau covid ? Un président qui a demandé la mise à disposition de tous les moyens pour gagner la guerre et qui diffuse une photo où il joue tranquillement avec ses enfants pendant que les troupes se font encercler par l’ennemi? Un rendez-vous ministériel protocolaire pour égrener le nombre d’infectés, les cas communautaires, graves et les morts ? Des distributions de denrées alimentaires par des politiciens sur fond d’attribution controversée de marchés, de mise en scène du président prenant des photos où il apparaît seul avec des milliers de sacs de riz (images de future campagne)?
Des rafles aux heures de couvre-feu et des vidéos de policiers qui poursuivent des récalcitrants jusque dans leur demeure, donnant l’air que tout leur est dorénavant permis? Des interdictions de rassemblements? Des mesures dans les transports et déplacements? Une économie à l’arrêt entrainant de massives pertes d’emplois ? Le port obligatoire de masque (non fourni) par les autorités et après avoir dit que cela était réservé aux personnels soignant? La famille et les camarades de parti en première ligne pour gérer les fonds collectés auprès des citoyens ? Des distributions de prébendes à coup de millions aux camarades du parti, déjà casés dans les institutions, pour qu’ils « suivent » la fourniture à des familles entières de kits alimentaires dont la valeur ne dépasse pas 70.000F ?
Et pour finir des allègements des mesures de lutte contre la propagation du virus avec reprise des cours au moment où la maladie progresse et se dissémine dans des contrées reculées ? Cela s’appelle : amateurisme, mode d’emploi !! Inquiétant !! Mais où est la réalité de la maladie sournoise et insidieuse, qui surprend, terrasse et tue de plus en plus de personnes vulnérables entrainant la surcharge de travail des équipes médicales et la saturation des structures d’accueil? Le travail de sensibilisation communautaire, relais essentiel vu notre sociologie, a été négligé par des autorités tentées de centraliser la gestion des problèmes. Ne devrait-on pas mettre les forces de sécurité au service du respect des gestes barrières que les citoyens doivent adopter et proposer un protocole à adapter à chaque secteur d’activité ?
Huit ans de règne auront produit des dirigeants qui vivent dans la brume des sommets au point d’obscurcir peu à peu le semblant d’empathie pour les populations qu’ils avaient au départ. A ce stade, profitant de la réputation de mémoire courte des sénégalais ils semblent dire: « vous êtes râleurs et jamais satisfaits ; nous nous sommes occupés des marchés ; pour le reste, débrouillez-vous car nous avons atteint nos limites». Non M. le Président, vous portez la totale et absolue responsabilité de ce fiasco ! La déclaration du ministre de la santé le 30 mai sonne comme un appel au secours et constitue un aveu d’échec patent face au navire qui prend l’eau de toute part. Visez donc, au bout de trois mois nous comptons plus de trois mille cas de contamination, une vingtaine de patients en réanimation et une quarantaine de décès mais aussi une bonne partie des populations toujours dans l’attente de la distribution des denrées promises.
Le constat d’échec et d’abandon est bien perçu par les citoyens qui n’ont d’autre choix que de prendre acte mais aussi leur destin et leur vie en main tandis que les foyers épidémiques restent non maitrisés. Aujourd’hui, la pertinence du maintien du couvre-feu, de l’état d’urgence et des prérogatives exceptionnelles accordées par la loi d’habilitation se pose. A quoi ont-ils réellement servi ?
Quels ordonnances scélérates et vrai-faux décrets ont été pris durant cette période? Prolonger l’état d’urgence semble relever de motifs qui n’ont rien à voir avec la lutte contre la pandémie mais sert opportunément à donner au gouvernement l’exclusivité de l’expression publique de la politique. En tout état de cause, il est temps de mettre fin à cette république d’exception afin que la démocratie reprenne ses droits dans la cité.
MONDE POST PANDÉMIE, QUELLE PLACE POUR LES PAYS AFRICAINS
La pandémie aura révélé toutes les insuffisances des pays africains. Des lendemains difficiles nous attendent, il faudra reconstruire un tissu économique voire les pays qui seront à terre. Cependant, cette crise est aussi l’opportunité de revoir notre modèle de développement et poser les jalons de notre souveraineté en brisant des chaînes de dépendances « cancérigènes ». Hasard malicieux du calendrier, la fin du franc CFA vient d’être actée par la France dans un silence assourdissant des chefs d’état de l’UEMOA. La pandémie aura aussi écorné l’image de l’occident indestructible et maître du monde.
Le basculement des rapports de force entre la Chine et l’Amérique, commencé depuis une décennie, semble être accéléré par les conséquences du covid19. L’Afrique se doit d’être prête à imposer sa place dans le schéma qui se dessinera. La perpétuation du modèle de « l’ancien monde » avec un débat autour de la dette et la quête solitaire de sortie de crise de nos micro états ne nous mènera nulle part ! Nous voulons voir dès maintenant nos institutions sous-régionales et continentales mettre sur pied un plan de « déconfinement » politique, économique et géopolitique de l’Afrique. C’est notre seul salut. Et pour ce faire, il nous faudra inéluctablement des leaders charismatiques et visionnaires libres de toute aliénation à l’égard de l’occident de la Chine.
Diop Blondin Ndèye Fatou Ndiaye est coordinatrice adjointe de la Plateforme Avenir Senegal Bii Nu Begg