L'Apr qui est le parti du président de la République devrait être en toute logique le premier soutien pour accompagner la volonté de son chef de file à réduire son mandat. Voilà le sentiment de Momar Seyni Ndiaye, ancien journaliste formateur, qui analysait la discordance des voix au sein du parti présidentiel sur la question de la réduction du mandat. Non sans relever qu'on peut entrevoir dans cette pluralité de voix "une possibilité ou une probabilité" pour le Président d'essayer de mesurer l'état de l'opinion. Quand bien même l'analyste politique trouve que le président de la République se détermine de moins en moins, de manière ferme, sur son engagement. Dans cet entretien, M. Ndiaye est revenu également sur la nécessité de clarifier les questions à poser aux Sénégalais, si référendum il y a.
Concernant le débat sur la réduction du mandat présidentiel en cours de 7 à 5 ans, comment comprendre que des voix discordantes se fassent entendre au sein de l'Alliance pour la République (Apr) alors que le chef de l'État, Macky Sall a déjà tranché ?
Attendez. Il faut qu'on précise certaines choses. Le président de la République a tranché ? Il n'a pas tranché. Il a dit qu'il va saisir le Conseil constitutionnel sur l'applicabilité de la réduction du mandat. Ce sont ses derniers mots. Il n'a pas dit sur l'application mais plutôt sur l'applicabilité. Attention, il y a une évolution sémantique. Donc, il faudrait reposer la question par rapport à la nouvelle donne.
Est-ce que le président essaie de lancer un ballon de sonde pour jauger l'état de l'opinion sur la question ?
Oui. Est-ce que le président essaie de lancer un ballon de sonde pour mesurer l'état de l'opinion, de la détermination de ses partisans et de ses opposants à l'accompagner ou à l'empêcher de réduire son mandat ? Evidemment, c'est la grande question. Effectivement, il y a une possibilité ou une probabilité que le Président essaie de mesurer l'état de l'opinion. Mais, cela néanmoins peut faire une certaine confusion dans l'appréciation d'une évolution sémantique dans l'engagement qu'il avait pris à réduire son mandat et à se l'appliquer lui-même.
Maintenant, le problème est un peu plus complexe parce que le Président se détermine de moins en moins, de manière ferme, sur son engagement à réduire son mandat. Il ne l'a pas totalement nié. Il n'a pas indiqué qu'il ne va pas réduire son mandat. Mais, les formes de communication qu'il mène laissent croire que la détermination qu'il avait au début s'est un peu érodée et qu'aujourd'hui, on voit un Président beaucoup plus hésitant, beaucoup plus ambivalent dans son discours qu'un Président déterminé à réduire de manière irréversible son mandat. C'est pourquoi je dis que l'évolution sémantique qu'on peut percevoir dans son dernier discours quand il parle d'applicabilité en consultant le Conseil constitutionnel du mandat, me parait être l'illustration la plus flagrante de l'hésitation qui habite le Président dans sa détermination à réduire le mandat.
Mais pensez-vous que le chef de l'État veut clore le débat ou a la possibilité de clore le débat ?
Bien sûr que non. Ce débat ne concerne pas seulement son parti. L'Apr est partie prenante du débat parce que c'est le parti du président de la République. C'est probablement le parti qui doit être son premier soutien pour sa volonté à réduire son mandat. Donc, à ce niveau là, il ne devait y avoir aucune confusion, aucune hésitation, aucune interprétation possible de la détermination du président de la République et l'Apr aurait dû le suivre dans cette démarche. Or, à quoi assistons-nous ? Aujourd'hui, la plupart des gens de l'Apr sont opposés à la réduction du mandat. Il y a quelques voix qui tonnent et demandent au Président, malgré tout, de s'affranchir de tout rétropédalage de donner un contenu et un corps à son engagement. Mais, le débat traverse beaucoup l'Apr qui est même divisé.
Mais au delà de ça, ce n'est pas seulement l'Apr qui est concerné. C'est quand même tous les Sénégalais qui sont concernés. Parce que c'est eux qui doivent dire au chef de l'État dans quel sens ils voudraient qu'il aille dans sa volonté à réduire son mandat. Donc, ce n'est pas un calendrier personnel du chef de l'État. C'est un calendrier républicain, qui engage la Nation. Une Nation composée des populations et d'autres déterminants. Les Sénégalais attendent le moindre discours du Président pour qu'il nous indique quand est ce qu'il va consulter le Conseil constitutionnel ? Qu'est ce qu'il va faire de l'avis du Conseil ? Quand aura lieu le référendum ? Et quelles questions il posera aux Sénégalais ?
Dans sa déclaration à la Nation du 31 décembre, il nous a donné à peu prés le corpus des questions qu'il va poser aux Sénégalais par rapport au référendum, si référendum il y a. Evidemment, tous ces points-là ne peuvent pas être décortiqués par les Sénégalais. Il faudrait qu'il les résume de manière beaucoup plus ramassée pour que cette question sur le référendum soit compréhensible aux populations. Sur cette base là, qu'on puisse expliquer cela à toutes les franges de la population et que ces électeurs puissent se déterminer en toute connaissance de cause. Et non pas dans une fournée de questions auxquelles ils ne peuvent pas répondre parce que tout simplement la réponse à la question du référendum est une réponse directe. C'est Oui ou Non. Ce n'est pas une question qui pourrait être commentée.
MANKEUR NDIAYE DÉCLINE LES CHANTIERS DE SON DÉPARTEMENT
Présentant ses vœux de Nouvel an à ses collaborateurs, le ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, a annoncé les chantiers qui attendent les diplomates sénégalais dans le cadre de la mise en œuvre de la politique étrangère du pays.
Mankeur Ndiaye compte veiller à la mise en œuvre des grandes orientations fixées par le patron de la diplomatie sénégalaise, le Président Macky Sall. Le ministre des Affaires étrangères l’a déclaré lors de la présentation de vœux au personnel de son département.
Celles-ci ont pour noms : «Une diplomatie de bon voisinage, une diplomatie de paix et de sécurité, une meilleure présence au sein des instances de gouvernance mondiale, une diplomatie économique pour un véritable développement, une diplomatie des droits de l’Homme, une diplomatie au service de la Diaspora sénégalaise (et) une rationalisation de la carte diplomatique.»
Réhabilitation et construction de chancelleries dans les pays limitrophes
Sur la même lancée, le ministre soutient que son département travaillera «à la rationalisation de la carte diplomatique». C’est ainsi qu’il annonce : «La poursuite du programme de réhabilitation et de construction de chancelleries, en particulier dans les pays limitrophes, constitue aussi une priorité pour le chef de l’Etat qui a pris la décision d’engager dès cette année la construction de chancelleries et de résidences dans les pays de la ceinture de sécurité.»
Evoquant les autres chantiers de son ministère, M. Ndiaye déclare travailler avec ses collaborateurs à la mobilisation de «ressources pour la construction d’un building des Affaires étrangères».
«Travailler à la rationalisation des effectifs à travers la mise en place d’organigrammes types reflétant les besoins réels de chaque poste et prenant en compte les profils des agents pour davantage de professionnalisme» est, annonce toujours le chef de la diplomatie, l’instruction donnée par le chef de l’Etat lors du huis clos que ce dernier avait accordé au ministre de tutelle et aux ambassadeurs, consuls et autres personnels diplomatiques sénégalais lors de la Conférence des ambassadeurs tenue en décembre dernier à Dakar.
Le chef de la diplomatie sénégalaise ne s’en est pas limité là. Il dira à ses collaborateurs ses convictions. Et l’on note que pour Mankeur Ndiaye, «les succès de notre diplomatie (...) témoignent d’un renouveau et d’un leadership incontestables».
Considérant la capitale sénégalaise comme un «carrefour diplomatique» durant l’année 2015, Mankeur Ndiaye note que Dakar a été «le cadre de grandes rencontres internationales dont celle du Forum sur la paix et la sécurité de l’Afrique».
En plus de ce conclave, le ministre ajoute «la cinquième Conférence générale des ambassadeurs, consuls généraux et consuls du Sénégal, élargie aux chefs de bureaux économiques et aux attachés militaires navals et de l’air» qui a été «un temps fort de l’agenda national».
Défi à relever
Pour le ministre des Affaires étrangères, les actes posés par le Président Mack Sall dans le domaine de la politique étrangère tout comme «les résultats tangibles» et «le satisfecit et la confiance toujours renouvelés de la Communauté internationale» à l’endroit du Sénégal demeurent «les meilleurs baromètres de la pertinence et de l’efficacité de la diplomatie sénégalaise».
Mankeur Ndiaye d’attirer l’attention des diplomates sénégalais sur le fait que cette confiance renouvelée de la communauté internationale reste un défi qui «sera relevé», le poussant même à penser que l’expertise sénégalaise sera sollicitée dans divers domaines qui vont «de la préservation de l’environnement aux questions de terrorisme international, du développement de l’Afrique aux conflits du Moyen Orient, des questions d’intégration régionale aux processus électoraux».
Le ministre des Affaires étrangères ne manque pas de saluer les succès diplomatiques du Sénégal qui sont l’œuvre de diplomates qui «donnent le meilleur d’eux-mêmes pour le triomphe de la défense des intérêts de notre pays».
Tout en leur réitérant toute sa fierté, sa confiance et son soutien «indéfectibles», Mankeur Ndiaye dira des diplomates sénégalais qu’ils «se distinguent partout et sont appréciés de tous par leur rigueur, leur talent (et) leur courtoisie légendaire».
Prise en charge des frais de scolarité des enfants de diplomates
Concernant les salaires des diplomates, Mankeur Ndiaye informe qu’en plus d’une «étude pour une indexation des salaires en fonction du coût de la vie dans chaque juridiction» commanditée par le chef de l’Etat, le Président Macky Sall demande «la révision des textes en vue du paiement des frais de scolarité à l’avance, en plus de la prise en charge par l’Etat des frais de scolarité des enfants de diplomates dès la maternelle».
LES COULISSES DE L'ENQUÊTE DE CE MERCREDI 13 JANVIER
L'année judiciaire 2016 s'annonce sous de bons auspices pour les avocats. Car, hier, lors de l'audience solennelle de rentrée des Cours et tribunaux, le Président de la République leur a promis très bientôt la contribution du gouvernement. A cet effet, le président de la République a annoncé la mise à disposition d'un terrain de 10.000 mètres carrés situé dans la zone de Diamniadio. Le gouvernement prévoit également une enveloppe de 1 milliard de F CFA pour la construction d'une école. Le Président Sall a même promis une contribution pour l'équipement. Il s'agit là d'une bonne nouvelle pour les avocats qui, depuis le 20 août dernier, ont donné les plans de la future école au Chef de l'Etat et au Garde des Sceaux.
COUR SUPRÊME
Lors de l'audience solennelle de rentrée des Cours et tribunaux, le Premier-président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara a annoncé une hausse constante du nombre d'affaires au niveau de ladite juridiction. Ainsi, selon le procureur général Cheikh Tidiane Coulibaly, durant l'année dernière, la Cour a reçu 426 affaires nouvelles et jugé 437, en tenant compte du stock ou des affaires en instance au 31 décembre 2014. Ces affaires concernent les différentes chambres. La Chambre administrative a enregistré 76 entrées et rendu 71 arrêts. La Chambre civile et commerciale 83 affaires reçue, et 131 décisions rendues. La Chambre criminelle a enregistré le plus grand nombre avec 199 affaires reçues et 161 décisions rendues. Quant à la Chambre sociale, elle a enregistré 68 affaires reçues et 74 décisions rendues.
VICTOR DIOUF
Après un an de détention préventive, le Coordonnateur du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (MEEL) Victor Diouf et son camarade Cheikh Ahmadou Bamba Bâ ont été attraits hier, pour être jugés. Mais leur procès a été renvoyé au 26 janvier prochain, pour plaidoiries. La défense a formulé la demande. Les prévenus sont poursuivis pour association de malfaiteurs et incendie volontaire de biens appartenant à l'Etat. Il s'agit notamment d'un bus Dakar-Dem-Dikk (DDD) qui a été incendié, lors d'une manifestation estudiantine. Un troisième prévenu du nom d'Alioune Samba Sène est cité dans cette affaire. Toutefois, ce dernier absent hier, est libre, contrairement à ses co-inculpés qui viennent de boucler leur douzième mois d'incarcération.
RÉPLIQUE
Après la sortie du Président Abdoulaye Wade demandant l'invalidation de la présidentielle de 2012, c'est le temps des répliques. Moustapha Diakhaté, responsable politique de l'APR et président du groupe parlementaire Benno Bokk yakaar qualifie la sortie du "Pape du Sopi" de "ridicule et irresponsable", "un monument d'abjectes fanfaronnades politiciennes". Si l'on en croit Diakhaté, le numéro un du PDS n'a "qu'une seule obsession" : "salir les institutions de la République et installer dans l'imaginaire des populations l'idée factice d'un Sénégal en crise". L'ex-libéral accuse même Me Wade d'être "le rédacteur courageusement anonyme du pamphlet injurieux qui a valu à Monsieur Oumar Sarr son arrestation". Ainsi, il l'invite à prendre exemple sur les responsable du journal Le Monde et "faire preuve de dignité, de grandeur et de courage pour reconnaître son ignoble forfaiture et présenter ses excuses au Président Macky Sall et aux Sénégalais qui l'ont élu". Moustapha Diakhaté promet que la campagne de Wade contre son successeur sera combattue avec la plus grande fermeté.
CANNABIS
Les hommes du commissariat central, engagés dans la sécurisation des opérations de désencombrement de la ville de Dakar, ont fait une belle prise ce lundi dans les environs de Petersen, à hauteur de la rue Valmy. Une cinquantaine de kilogrammes de cannabis ainsi que leurs porteurs ont été emballés dans la "corbeille" des policiers qui ont dû jouer au plus malin devant la perspicacité des trafiquants de drogue dont le surplus de cran les a perdus. Les témoins de la scène de cette prise policière sont en effet restés incrédules, n'imaginant pas une seule seconde la probabilité d'une scène semblable à celle qui s'est déroulée sous leurs yeux. Car, rien n'indiquait, à première vue, que les sacs posés devant les pieds de quatre gaillards debout devant la palissade du terrain dont le chantier est à l'arrêt, depuis la chute d'Abdoulaye Wade, contenaient des quantités importantes de drogue.
CANNABIS (SUITE)
Mieux, c'est le dernier lieu public où un homme supposé normal viendrait entreposer une marchandise aussi bien illicite que criminelle. Mais pendant que les curieux observaient l'équipe d'agents municipaux chargés d'évacuer les étales sauvages des occupants les alentours, les policiers quant à eux comptaient sur leur savoir-faire pour voir plus loin que le déguerpissement en cours. Intrigués par le contenu suspect des sacs et leurs propriétaires, ils ont appelé du renfort pendant que les quatre gaillards, qui ne se doutaient de rien, comptaient sur leur cran en attendant tranquillement de se débarrasser de leur marchandise.
CANNABIS (FIN)
Mal leur en a pris, puisque la rapidité de l'intervention policière, après l'arrivée des renforts, a pris de court aussi bien les trafiquants que les curieux qui ne comprenaient rien à la tentative de l'un des suspects à prendre ses jambes à son cou. Il a été neutralisé ainsi que ses compères qui n'ont pu échapper aux policiers. Les sacs ouverts, il s'agissait bien de l'herbe prohibée, comme le pensaient les agents de la police qui ont évacué leur prise du jour en direction du commissariat centrale où l'enquête permettra de mieux cerner cette tentative futée en plein cœur de Dakar. Comble de l'ironie, le propriétaire d'un scooter qui trainait non loin de là s'est lui-aussi invité au menu des policiers. Après avoir été prié de venir dégager son scooter mal garé, l'homme qui descendait du troisième étage d'un immeuble du bas-côté ne se doutait pas que les policiers allaient lever le siège de son engin. Quatre cornets de yamba y ont été trouvés. Venu récupérer son scooter, l'homme a été cueilli ainsi que son ami qui roulait quelques minutes plus tôt sur le scooter.
ZIARA ANNUEL
"L'importance du savoir dans l'islam", c'est le thème du "Ziara" annuel de la famille omariènne qui aura lieu du 21 au 25 janvier 2015 à Dakar. Lors de "l'appel annonce avant-première", hier à la mosquée Cheikh Oumar Foutiyou Tall, sise à l'avenue Malick Sy angle corniche, les organisateurs sont revenus sur l'importance du thème de cette année. Selon le président de l'Association Ahbab Cheikh Oumar Foutiyou Tall, Mouhamadou Moussa Sy, le thème fera l'objet d'une conférence internationale avec des experts venus de partout. "Nous avons décidé de valoriser le savoir car même le premier verset du Coran nous invite à la recherche du savoir. Ce dernier occupe une place primordiale dans l'islam. Sans lui la jeunesse devient une proie facile et risque de tomber dans le terrorisme", at-il dit devant les journalistes. Il y aura aussi deux sous-thèmes à savoir : l'injustice économique et le développement durable. Selon les organisateurs du Ziara, la dégradation de l'environnement préoccupe le khalife omarien, Thierno Madani Tall. "Nous devons revenir sur le Coran et la Sunna pour arrêter la destruction de l'environnement et lutter contre les injustices économiques", a-t-il conclu.
CENTRE BOPP
Un geste grandeur nature. C'est ce qu'a fait Samba Sy, un Sénégalais vivant à Denver dans le Colorado aux Etats-Unis et qui mérite d'être bien souligné. M. Sy a octroyé au Centre de santé de Bopp un don de matériel d'une valeur de 400 millions de F CFA. Un communiqué parvenu à EnQuête renseigne que le matériel est composé de Kits de dépistage du diabète, de médicaments contre cette même maladie, de lits pour les accouchements et de 4 000 paires de lunettes d'une valeur de 350 millions de F CFA. Parmi les 4 000 paires de lunettes, 2 000 sont octroyées aux enfants nécessiteux. Samba Sy vient de montrer la voie à suivre.
Décidément, l’engagement à réduire le mandat présidentiel de 07 à 05 années ne sera pas une épreuve de tout repos pour le président de la République et chef de file de l’Alliance pour la République (Apr). Et pour cause, alors que l’opposition et la société civile militent ouvertement pour le référendum devant non seulement ramener le quinquennat mais encore l’appliquer au mandat en cours, la famille politique du Président plaide, urbi et orbi, pour que Macky Sall aille jusqu’au bout de son septennat et du mandat en cours. Contre l’avis du patron du parti ! Comme si l’Apr était une éternelle armée mexicaine !
Au centre du débat politique actuel, objet de polémique et de controverse, la réduction du mandat présidentiel de 07 à 05 ans aura été moulinée à toutes les sauces par les acteurs politiques, les spécialistes du droit comme les membres de la société civile sénégalaise. Au sein du parti au pouvoir (l’Apr), elle prend de plus en plus des allures de «rébellion» contre le chef de file et chef de l’Etat, au fur et à mesure qu’on se rapproche des échéances du calendrier républicain. Comme une immense armée mexicaine sans chef, le parti présidentiel s’englue de plus en plus dans le rejet de l’engagement de son leader, Macky Sall, à réduire le mandat présidentiel et son septennat en cours.
Du ministre d’Etat Mbaye Ndiaye au vice-président de l‘Assemblée nationale Moustapha Cissé Lô, en passant par le secrétaire d’Etat Youssou Touré, le 1er questeur de l’Assemblée Daouda Dia, le député Farba Ngom entre autres, tous jouent leur partition dans cette pression exercée sur le patron du parti au pouvoir. Quand ils ne passent par des voies détournées comme l’ex-Pm Aminata Touré ou le président du groupe parlementaire de la majorité Moustapha Diakhaté pour appeler au respect de l’Avis du Conseil constitutionnel, surtout s’il se prononce pour la non rétroactivité de la loi sur le...mandat en cours.
Pour l’ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui ministre d’Etat sans portefeuille, « La réduction du mandat du Président est impossible». Se prononçant en effet sur la question, devant la presse, il est resté formel sur la question. Pour lui, la Constitution est tout simplement au-dessus de la parole de Macky Sall. « Il est vrai que Macky Sall avait dit qu’il allait réduire son mandat de 7 à 5 ans, mais il a aussi prêté serment sur la Constitution. Entre la parole de Macky Sall et la loi constitutionnelle tout le monde sait que la Constitution est au-dessus de toute loi ». Par conséquent, a-t-il argué, « il est impossible de réduire le mandat si l’on suit la logique constitutionnelle ».
Ramant dans la même mouvance, le deuxième vice-président de l‘Assemblée nationale n’avait pas usé de gants pour réfuter l’engagement du Président. Dans son style propre, Moustapha Cissé Lô n’a cessé d’inviter Macky Sall à aller jusqu’au bout du septennat pour lequel in a été élu, en 2012, par les suffragants sénégalais. Quitte à faire du « wax waxeet » ! Qui plus est, se prononçant sur le débat autour de l’avis contraignant ou non du Conseil constitutionnel sur la réduction du mandat, Cissé Lô avait tout simplement « instruit » les Cinq Sages de déclarer la loi non rétroactive sur le mandat en cours. Une façon de mettre davantage la pression pour que le maître du jeu et chef de l’Etat ne remette son mandat en compétition qu’en…2019.
YOUSSOU TOURE, DAOUDA DIA, FARBA NGOM … DANS LA MELEE
Ils sont cependant légion, ces responsables au sein de l’Apr, à militer pour l’achèvement du mandat de 07 ans en cours, même s’ils n’occupent pas les devants de la scène médiatique. Au contraire du secrétaire d’Etat en charge de l’Alphabétisation et des langues nationales, ancien patron du réseau des enseignants de l’Apr. Foncièrement contre la réduction du mandat présidentiel, Youssou Touré est lui aussi convaincu qu’un tel acte violerait la Charte fondamentale. « L’appliquer en l’état serait violer la Constitution. Il faut faire la part des choses entre la volonté politique du Président et les limites de la loi. Personne n’est au dessus de la Constitution. Donc, il appartient aux constitutionnalistes d’éclairer notre lanterne sur la question en nous édifiant sur l’applicabilité ou non de cette réduction au présent mandat. Le cas échéant, nous nous plions à cette décision, qui est une première mondiale. En tout état de cause, nous devons veiller à ce que l’esprit et la lettre de la Constitution soient respectées », déclarait-il devant la presse.
Que dire par ailleurs du député Farba Ngom et du 1er Questeur de l’Assemblée Nationale Daouda Dia, par ailleurs partisans de la première heure de Macky Sall dans sa quête du pouvoir. Alors que le premier s’engageait publiquement à mobiliser les populations pour dire non au référendum sur la réduction du mandat présidentiel, le second a fait part hier seulement, à un site en ligne, de son opposition contre la volonté de Macky Sall d’écourter son mandat en cours au nom d’une quelconque promesse électorale. Arguant de la justesse des actions du chef de l’Etat, dans les terroirs et au bénéfice des populations, il avait affirmé sans ambages : «Ce n’est donc pas nous qui allons demander au Président de réduire son mandat ».
AFICIONADOS DE L’AVIS DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La volonté de voir Macky Sall boucler son mandat en cours n’est pas seulement supportée par les responsables apéristes ci-haut cités. D’autres, de manière plus subtile, semblent également militer pour que le Président se représente en 2019, sans faire du « wax waxeet ». Ainsi en est-il du président du groupe parlementaire de la majorité Bennoo Bokk Yaakaar (Bby). Intervenant dans la polémique soulevée par le Pr Ismaila Madior Fall, le Pr Babacar Guèye et cie sur le caractère contraignant ou simplement consultatif de l’avis du Conseil constitutionnel, après l’annonce de sa saisine par le chef de l’Etat conformément à l’article 51 de la Constitution, Moustapha Diakhaté avait plaidé pour le respect de la décision des Cinq Sages, quelle qu’elle soit. Contre l’avis des juristes, le patron de la majorité parlementaire avait voté pour que Macky Sall se lie à l’avis de la haute juridiction, sans réserve. Les observateurs auront tôt fait de déceler dans cette position de Moustapha Diakhaté un moyen détourné d’inciter le Président à aller au bout de son septennat. Surtout, si les Cinq Sages décrètent la non rétroactivité de toute loi votée en référendum, sur le mandat en cours. En gros, sut le septennat pour lequel Macky Sall a été élu président de la République en mars 2012, par 65, 68% des votants.
But not least, l’ancien Premier ministre Aminata Touré n’a pas ramé à contre-courant. Aux premières heures du discours de nouvel an du chef de l’Etat et de la polémique sur l’avis du Conseil constitutionnel, la théoricienne du Yoonu Yokkuté et ex-Garde des Sceaux s’était transformée en véritable rempart du respect sans restrictive de l’avis des Cinq Sages. «Le Conseil constitutionnel indiquera au Président la démarche à suivre», avait-elle fait remarquer. Quoiqu’elle ait clairement établi ailleurs que «Les mandats de 7 ans ne correspondent plus à la dynamique des démocraties modernes».
Ces diverses postures de responsables apéristes, bien que non exhaustives du bouillonnement intérieur du parti présidentiel sur la question de la réduction du mandat en cours, montrent à quel point Macky Sall est loin d’avoir gagné la bataille au sein de son propre parti. Un parti qui ne semble pas prêt de se délester de deux années de pouvoir pour les beaux yeux du Prince. Et de là à postuler à une sorte de vote-sanction contre le projet de réduction du mandat, il n’y a qu’un pas que certains esprits franchisent aisément !
JE NE SUIS PAS UN HOMME DE MANŒUVRES
Blocage du Code de la presse, Yakham Mbaye donne sa version
Après la sortie du Secrétaire général du Synpics qui l’a accusé d’être à la base du blocage de l’adoption du Code de la presse, le secrétaire d’Etat à la Communication a tenu à réagir à travers Le Quotidien, pour remettre les points sur les i.
«Ma première réaction est de dire que le propos de Ibrahima Khalilloulah Ndiaye m’a choqué, pour la bonne et simple raison qu’au-delà de ses fonctions de Secrétaire général du Synpics et des miennes de secrétaire d’Etat à la Communication, c’est un ami, et entre nous le contact n’a jamais été rompu, et nous avons l’habitude de nous parler. Donc, la moindre des choses aurait été de m’interpeller avant de parler.
Ce qui me permet d’affirmer que pas une seule fois au cours de nos entretiens, il n’a eu à me faire cas d’une quelconque manœuvre dont j’aurais été l’instigateur et qu’il aurait apprise. La nature de nos relations lui accorde cette possibilité et cette liberté.
Par ailleurs, je dois souligner qu’en quasiment dix-huit mois de pratique gouvernementale, je n’ai pas changé, je suis resté le même. Sauf peut-être sur une seul point : j’ai appris à me taire, afin de mieux valoriser la parole publique.
De plus, je n’ai pas de solidarité envers une corporation à laquelle j’ai appartenu, mais que j’ai quittée pour servir au sein du gouvernement. Ma première fidélité actuellement, va au gouvernement auquel j’appartiens maintenant.
Maintenant, s’agissant du séminaire auquel il fait allusion, c’est en lisant Le Quotidien que je viens d’apprendre qu’il a été question d’un séminaire. Il faudrait que Ibrahima Khalilloulah Ndiaye explique qui a initié ce séminaire, avec qui il en a discuté, et qui l’en a informé.
Le seul souvenir que j’ai de cette affaire, c’est qu’il m’a parlé d’une initiative parlementaire. J’en ai discuté avec un député, et je lui ai dit que le projet de Code de la presse tel qu’il était, était devenu caduc du fait du passage de l’analogique au numérique. Et j’en prends à témoin le directeur de cabinet du Président du Cnra, M. Bamba Niang.
D’ailleurs, une revue de ces dispositions est en train d’être faite avec le Cnra, et qui de droit en a été informé. Le Code de la presse se fera, et sera une œuvre de consensus, que l’on exposera à qui de droit.
«D’ailleurs, il n’y a pas un mois, le ministre Mbagnick Ndiaye a, à ma suite, eu un enttretien avec M. Niang sur cette question. Donc, il n’y a aucune prise d’otage, aucune manœuvre. Ni le Président, ni le Premier ministre, ni moi, ne sommes des hommes de manœuvres.
Je le répète une fois de plus, Ibrahima Khalilloulah Ndiaye est un ami, au-delà de ma fonction gouvernementale. Je ne doute pas de son honnêteté ni de sa volonté à défendre sa corporation. Je ne doute pas que ses propos n’ont rien de personnel.
Mais sans doute a-t-il été induit en erreur. Ce qui me choque c’est qu’il ne m’a jamais parlé, à aucun moment, des pensées qu’il avait que je serais à la base du blocage du code.Cela me choque parce que c’est comme si je serais partisan de l’incrustation des tares qui menacent cette corporation.
Au-delà de tout, c’est me prêter trop de pouvoir que de penser que je puisse bloquer ce code. Il faut savoir que ce code est bloqué depuis 9 ans, et macky Sall n’est là que depuis 3 ans à peine. Mais qu’il se rassure, tout le monde est pressé d’avoir ce code.»
LA PROLONGATION SE JOUE A PARIS AVEC LA SOCIETE CIVILE
INSTALLATION D’UN COMITE DE SUIVI DE L’AFFAIRE LAMINE DIACK
Le Forum du justiciable, l’Observatoire citoyen pour la défense des Institutions, le Forum libéral, l’Alliance Sauvons le Sénégal, la Raddho, Appel 221 et bien d’autres organisations de la société civile ont lancé hier, mardi 12 janvier, un Comité de suivi de l’affaire Lamine Diack. L’objectif recherché par la requête déposée au niveau du parquet financier de Paris, selon Babacar Ba, coordonnateur du Forum du justiciable, est d’éviter que l’affaire soit étouffée et que les personnes financées soient démasquées. Cela, suite au silence des autorités du pays saisies sur la question, à savoir le Procureur, l’Ofnac, ainsi que la Crei.
Décidément, l’affaire du financement de l’opposition sénégalaise et de certaines organisations de la société civile en 2009 et 2012 par des fonds russes, issus de dopage d’athlètes, ne finira pas de sitôt. L’affaire dite ‘’Lamine Diack’’ ne sera pas étouffée comme le veulent certaines autorités du pays. C’est du moins le cheval de bataille enfourché par beaucoup d’organisations de la société civile.
Hier, mardi 12 janvier, un parterre d’organisations de la société civile, à savoir le Forum du justiciable, l’Observatoire citoyen pour la défense des Institutions, le Forum libéral, l’Alliance Sauvons le Sénégal, la Raddho, Appel 221, le Forum citoyen, entre autres, ont lancé un Comité de suivi de l’affaire Lamine Diack. De l’avis de Babacar Ba, coordonnateur du Forum du justiciable, l’initiative est née de la sourde oreille qu’ont fait preuve les autorités saisies sur la question, notamment l’Ofnac, la Crei et même le Procureur de la République. Suite au constat que «les autorités habilitées de régler cette affaire étaient dans les dispositions d’étouffer cette affaire», indique-t-il, la question a été portée au niveau international. A l’en croire, «nous avons saisi le parquet financier de Paris depuis le 6 janvier. La requête a été déchargée». Ainsi donc, il se dit confiant quant à l’élargissement de l’enquête au niveau national, pour que «toutes les personnes qui ont eu à bénéficier de cet argent répondent de leurs actes».
Quid de l’implication des acteurs politiques dans cette lutte pour la clarté dans l’affaire Lamine Diack ? Sur ce point, M. Ba s’est voulu formel. «Je peux dire que c’est une initiative citoyenne car le début a été mené par des organisations citoyennes». Pour lui, il n’est pas question que le combat ait une connotation politique. Toutefois, estimant que l’affaire est très sérieuse, les organisations en question ont jugé nécessaire de faire appel à toutes les forces vives de la Nation, de quelque bord qu’elles puissent être, selon lui. Sur le pourquoi d’une telle démarche, M. Ba a expliqué que «nous voulons que la vérité éclate et que les Sénégalais puissent comprendre quels sont les gens qui ont eu à bénéficier de cet argent sale pour que demain, si ces gens prétendent à des postes de responsabilité, ils soient sanctionnés».
Pr MALICK NDIAYE SUR LE SUIVI DE L’AFFAIRE LAMINE DIACK : «Nous voulons réduire les champs d’opacité qui entourent cette affaire»
Membre du Comité de suivi de l’Affaire Lamine Diack lancé hier, mardi 12 janvier, le professeur Malick Ndiaye, coordonnateur du Cercle d’initiative des Intellectuels du Sénégal (Ciis) s’est voulu clair sur la question. Pour lui, du moment qu’il s’agit d’une affaire nationale, «ce n’est pas une excuse pour les intellectuels ou les partis proches du pouvoir de se taire». Ainsi donc, sur les raisons de la participation du Ciis et du Forum citoyen dont il est membre, l’auteur du livre «Où va la République» d’expliquer que «nous voulons réduire les champs de confidentialité et d’opacité qui entourent cette affaire». Pour lui, il n’est pas question d’accepter «qu’on fasse peur pour qu’on se taise». Engagé à suivre ledit Comité partout où il compte porter le combat, l’ancien ministre conseiller du chef de l’Etat a laissé entendre que «ce ne sont pas des ‘’thiounés’’ (nuls) qui vont nous arrêter». Par conséquent, «je défie et met en garde tout fauteur de trouble», avertit-il. Avant d’inviter le président de la République à prendre toutes les dispositions pour que la lumière soit faite sur la question, «parce qu’il y a va de crédibilité de l’Etat, et du vote de 2012».
LA CORRUPTION ALIMENTE LA PASSE D’ARMES
Echanges vifs entre le bâtonnier et le Premier président de la Cour suprême
La justice sénégalaise est malade. Elle est par endroits affectée par la corruption, si l’on se fie au bâtonnier Me Ahmet Bâ, auteur d’un discours devant le chef de l’Etat qui présidait hier la rentrée solennelle des Cours et tribunaux. Ces propos du patron du barreau ont suscité une obligation de réponse de la part du premier président de la Cour suprême. Mamadou Badio Camara a accusé des avocats de «plaider presse».
Venu présider l’audience de la rentrée solennelle des Cours et tribunaux, le Président Macky Sall a esquivé certaines interpellations. Lors de son allocution, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal, Me Ameth Bâ, n’a pas fait dans l’euphémisme pour pointer du doigt des maux qui gangrènent le système judiciaire sénégalais.
Selon le bâtonnier, celui-ci fait face à des problèmes. Pour lui, ceux-ci ont pour noms «lenteurs administratives, impunité, complexité des procédures, défaillances des enquêtes de police judiciaire».
A ces tares, assume-t-il, s’ajoutent des «instructions d’affaires laborieuses», «un surpeuplement carcéral», l’«insuffisance de l’assistance judiciaire». Et le patron du barreau de lâcher le mot qui indispose : «La corruption etc.» Autant de maux qui lui font conclure que «la justice a des problèmes».
Tout en reconnaissant les efforts qui sont en train d’être faits par les autorités, Me Bâ a avoué que «c’est faire preuve de responsabilité de le dire sans complaisance».
L’avocat a partagé le manque de confiance que les citoyens ont par rapport à la justice. Il a cité une récente étude commanditée par le Réseau africain pour le développement intégré (Radi) dans les régions de Dakar, Thiès, Saint-Louis et Kaolack, qui montre que les populations n’ont pas confiance en la justice.
Le bâtonnier s’est également appuyé sur le rapport général de l’atelier des 10 et 11 novembre 2015 sur le mandat de dépôt et l’aménagement des peines alternatives. A cette occasion, indique-t-il, des magistrats ont exposé d’autres défaillances telles que la systématisation du mandat de dépôt «parfois pour des motifs sommaires», l’absence de débat contradictoire entre le magistrat et le Parquet. La liste des griefs est loin d’être exhaustive.
Le 1er président de la Cour suprême : «Des enquêtes ont été ouvertes sur toutes les allégations de corruption»
Ce propos du bâtonnier n’a pas laissé indifférent le premier président de la Cour suprême. Mamadou Badio Camara a jeté des pierres dans le jardin des avocats. Il regrette que la justice ait fait l’objet «d’attaques le plus souvent outrageantes».
Le haut magistrat d’affirmer : «Nous avons entendu parler du ‘’porter presse’’.... Nous avons maintenant le ‘’plaider presse’’ :certains avocats ne se préoccupent pas de convaincre les juges dans les salles d’audience. Ils optent pour la conférence de presse, pour rallier l’opinion à je ne sais quelle bannière, d’une manière ou d’une autre non contradictoire...» A ses yeux, le recours aux médias est le lit de «dérapages graves au détriment des juges».
Le premier président de la Cour suprême ne comprend pas le procédé consistant à alléguer que si le procès est perdu, c’est parce que les juges sont «corrompus». Selon lui, aucun avocat n’a vocation à perdre tous ses procès. M. Camara a par ailleurs révélé que «sur toutes les allégations de corruption, le Garde des sceaux, ministre de la Justice, par l’Inspection générale de l’administration de la justice et le premier président de la Cour suprême, inspecteur général des Cours et Tribunaux, ont ouvert des enquêtes».
Il reste que les résultats attendent d’être publiés.
Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, Procureur général près la Cour suprême
«Plus de trente greffiers ont démissionné»
Les difficultés de la justice sont réelles d’après le Procureur général près la Cour suprême. Lors de la rentrée solennelle des Cours et tribunaux, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly a salué le travail des personnels des greffes et des secrétariats. Cependant, il a constaté que les hommes partent. «Ces dernières années, plus de trente greffiers ont démissionné et beaucoup des personnels des secrétariat demandent un détachement ou une affectation ailleurs», s’est-il désolé devant le chef de l’Etat, Macky Sall.
La rentrée des Cours et tribunaux de cette année 2016 ayant comme thème «Collectivités locales et contrôle de légalité» a été l’occasion pour les décideurs et autres acteurs de la justice de passer au tamis l’Acte III de la décentralisation. Ainsi, le président de la République et président du Conseil supérieur de la magistrature, le premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara, et le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Amath Ba, ont donné sur la réforme en question des…leçons de vie.
MACKY SALL, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : «Il ne peut avoir un Etat dans l’Etat»
De l’avis du président de la République, les collectivités locales ne peuvent en aucun cas se substituer au pouvoir suprême : «Il ne peut avoir un Etat dans l’Etat. Les collectivités locales sont des démembrements et exercent pour le compte de l’Etat des missions particulières. Cela doit être très clair pour tout le monde, les élus et les autorités administratives ». Cependant, a ajouté le chef de l’Etat, les ajustements nécessaires seront faits pour adopter la réforme aux exigences des collectivités locales. «J’ai demandé au gouvernement de procéder à l’évaluation d’étape de l’Acte III de la décentralisation. Avec les contributions de tous les acteurs du développement territorial, le gouvernement a dressé un état des lieux, tiré des leçons et élaboré une matrice d’intervention en vue de procéder aux ajustements nécessaires pour un meilleur fonctionnement des collectivités locales. Ainsi, les mesures correctives préconisées permettront d’enrichir et de finaliser la formulation de la deuxième phase de la réforme pour que le projet aboutisse à la consolidation de la décentralisation, à travers notamment la revue générale du code des collectivités locales pour permettre la mise en place des pôles territoires ».
MAMADOU BADIO CAMARA, PREMIER PRESIDENT DE LA COUR SUPREME : «Les libertés... ne peuvent s’exercer que dans les conditions prévues par la loi»
Faire des collectivités locales des entités indépendantes ne signifie à aucun cas qu’elles doivent s’échapper du contrôle de la justice : « Certes, selon la Constitution, en son article 102, les collectivités locales qui sont le cadre institutionnel de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques, s’administrent librement par des assemblées élues. La libre administration des collectivités locales est donc un principe général à la valeur constitutionnelle. Cependant, toutes les libertés, individuelles ou collectives, ne peuvent s’exercer que dans les conditions prévues par la loi ». Mieux, a ajouté le premier président de la Cour suprême : « C’est pourquoi, face à l’impératif de conciliation de l’intérêt général de la Nation et de l’intérêt local d’une collectivité, l’Etat qui conserve ses fonctions essentielles de souveraineté doit veiller à garantir son unité tout en sauvegardant la diversité locale ». Mamadou Badio Camara de trouver en résumé qu’ « une collectivité locale n’est pas un Etat dans l’Etat ». Le président de la Cour suprême réaffirme par ailleurs le fait que le contrôle de légalité des actes des collectivités locales peut être fait par les représentants de l’Etat, préfets et sous-préfets. Et ces derniers peuvent déférer à la Cour suprême certains actes énumérés par la loi lorsqu’ils estiment qu’ils sont entachés d’illégalité, a fait savoir le magistrat.
AMETH BA, BATONNIER DE L’ORDRE DES AVOCATS : «La tutelle de l’Etat sur les collectivités locales n’a subi aucune réforme»
Dans la mise en œuvre de l’Acte III de la décentralisation, le bâtonnier de l’Ordre des avocats regrette la présence de l’Exécutif dans les affaires locales. « Si l’Acte III a donné à la politique de décentralisation au Sénégal un nouveau visage, avec la communalisation intégrale et l’érection des départements en collectivités locales autonomes, il est tout de même regrettable de constater que la tutelle de l’Etat sur les collectivités locales n’a subi aucune réforme », a-t-il dit. Pis, a-t-il ajouté : « L’acte III a procédé à une adoption intégrale des dispositions de la réforme de 1996, et n’a apporté aucune innovation sur le contrôle de légalité des actes des collectivités locales. Or, de 1996 à nos jours, une simple évaluation de la réforme, sur ce point précis, permet de relever que malgré l’allégement de la tutelle, les collectivités continuent d’étouffer du fait de la mise en place en œuvre des deux formes de contrôle avec certains mécanismes juridiques tels le sursis à l’exécution à l’effet suspensif ». Me Amath Ba pense alors qu’il « Il est donc temps que l’Acte III songe à renforcer l’autonomie dans la gestion et la libre administration des collectivités locales avec un Exécutif moins présent surtout concernant certaines décisions majeures ».
LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR LANCE UN NOUVEAU SITE INTERNET
Dakar, 12 jan (APS) - Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique a procédé, mardi, au lancement de son nouveau site Internet, par lequel ce département compte informer davantage les populations sur ses activités, a constaté l’APS.
Selon le directeur de l’Autonomisation des fichiers, Ibrahima Diallo, qui en a fait la présentation, ce site (www.interieur.gov.sn) devrait permettre au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique de mieux faire connaitre ses missions.
"Un cadre éditorial a été mis en place, il sera chargé d’alimenter le site", sur lequel va notamment figurer l’organigramme des différents structures du ministère, a indiqué M. Diallo.
Des "rubriques liées au programme du gouvernement, un espace consacré à l’implantation géographique de chaque région du Sénégal, une rubrique pour les anciens ministres et les différents chefs d’Etat du pays vont y figurer" également, a dit M. Diallo.
Seront aussi publiés sur ce site, les discours des différents ministres, avec des liens menant vers les sites des autres ministères, a souligné le directeur de l’Autonomisation des fichiers.
Le nouveau site va de même relayer les actualités du ministère de l’Intérieur, ainsi que celles des autres départements, qui impliquent le département chargé de la Sécurité publique, a indiqué Ibrahima Diallo.
Le site prendre en outre en compte les communiqués officiels du ministère et comportera un volet service destiné aux usagers des services du département de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
Dakar, 12 jan (APS) - Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique va mettre en place "un plan d’organisation et de fonctionnement rénové", qui va s’appuyer sur "un socle juridique et institutionnel approprié et dynamique", a annoncé mardi Abdoulaye Daouda Diallo.
"Les enjeux et les défis sécuritaires étant de plus en plus prégnants, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre des mesures allant dans le sens de renforcer les moyens d’intervention des forces de défense et de sécurité", a expliqué M. Diallo lors d’une cérémonie de présentation de vœux et de remise de décoration d’agents de son département.
Le futur "plan", programmé pour "plusieurs années", va reposer sur "un cadre institutionnel et juridique approprié et dynamique", selon le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
"Les projets de loi d’orientation de l’administration territoriale et de la sécurité intérieure seront les socles sur lesquels reposera le cadre rénové d’organisation et de fonctionnement" du ministère, a-t-il expliqué, sans donner de précision sur le calendrier d’entrée en vigueur de ces textes.
"S’agissant de la partie institutionnelle, a poursuivi Abdoulaye Daouda Diallo, la prise en charge de certaines menaces, les plus connues surtout, sera davantage assurée par la mise en place d’un dispositif stratégique et opérationnel de prise en charge des risques et catastrophes de plusieurs natures."
Il a rappelé la décision du gouvernement de recruter prochainement 2.600 policiers, dont 1.800 sur la base d’"une autorisation exceptionnelle du chef de l’Etat".
"Quant à la Brigade nationale des sapeurs-pompiers, elle recevra une dotation (…) à travers un projet d’équipement", a assuré M. Diallo.
"L’année écoulée (…) a permis de consolider les acquis et de jeter les bases d’un avenir prometteur et rassurant", en matière de sécurité intérieure, a-t-il ajouté.
Parlant des activités de son département en 2015, Abdoulaye Daouda Diallo a rappelé que "l’amélioration et le renforcement des stratégies et moyens d’intervention ont abouti à une baisse du taux de criminalité" dans le pays.
"La protection civile a connu des résultats appréciables, grâce aux efforts des pouvoirs publics (...) Dans l’administration territoriale, les projets entamés ont été conclus ou le seront en 2016", a-t-il assuré.