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4 mai 2025
Politique
Par Mamadou Oumar NDIAYE
LE PRÉSIDENT WADE POIGNARDÉ UNE DEUXIÈME FOIS
Le rejet de la candidature de Karim Wade est un scandale qui a pour effet de « constitutionnaliser » l’existence de deux catégories de Sénégalais: ceux de souche nés de père et de mère sénégalais et ceux « douteux » dont l’un des parents a une nationalité
Pour parodier le titre du film américain de Bob Rafelson intitulé « Le facteur sonne toujours deux fois », on peut dire que notre glorieux Conseil constitutionnel aussi sévit toujours deux fois. Et comme d’habitude, au détriment de l’opposition. La première fois, c’était en 2022 lorsque, sur la base d’arguments plus que spécieux, il avait disqualifié la liste des candidats titulaires de la coalition Yewwi Askan Wi aux élections législatives de cette année-là avant, dans sa grande mansuétude, de valider celle des suppléants. Lesquels, on l’a vu, avaient réussi à faire jeu égal avec les candidats du pouvoir qui, à un député près, avaient failli perdre leur majorité à l’Assemblée nationale !
Rebelote le weekend dernier. Cette fois-ci aussi, les prétendus « sept sages » ont réussi le tour de force d’éliminer de l’élection présidentielle les deux plus sérieux candidats de l’opposition à savoir Ousmane Sonko, chef incontesté de celle-là, et Karim Meïssa Wade, un poids lourd qui aurait pu lui aussi donner du fil à retordre à Amadou Ba, le porte-étendard de Benno Bokk Yaakar (BBY) à cette mère des batailles électorales.
Dans l’un et l’autre cas, les prétendus « sages » n’ont pas cherché loin et ont usé de raisonnements de café du commerce — pour ne pas dire de grand’place — pour invalider ces deux candidats sans autre forme de procès. S’agissant du leader de Pastef, son dossier avait été déclaré irrecevable dès l’étape du contrôle des parrainages au motif qu’il y manquait deux documents essentiels à savoir la fiche de parrainages et l’attestation de dépôt de sa caution.
Deux documents que la Direction générale des Elections (DGE), pour le premier, et la Caisse des Dépôts et Consignations(CDC), pour le second, avaient refusé de délivrer au mandataire du candidat emprisonné ! Plutôt que de créer du droit, ce qu’on attend entre autres d’un Conseil constitutionnel, et de décider que la non-production de ces documents ne relevait pas de la volonté d’Ousmane Sonko mais bel et bien d’un refus délibéré de l’Administration, malgré des décisions de justice pour ce qui est des fiches de parrainage, avant d’en tirer les conséquences, nos vrais sages ont préféré choisir de ne pas accepter le dossier d’Ousmane Sonko et valider sa candidature à la présidentielle.
Mais attention : suite au recours introduit par l’avocat du leader de Pastef, le Conseil constitutionnel a finalement jugé que bon, même en admettant que les pièces manquantes ne relevaient pas de son fait, il avait quand même été condamné à une peine ferme de six mois pour diffamation. A l’issue de la procédure de diffamation la plus rapide de l’histoire du Sénégal puisque la Cour suprême avait rendu la condamnation définitive pile poil le jour où devaient être déposés les dossiers de candidature au Conseil constitutionnel ! Si ce n’est pas téléphoné ça… Mais il n’y avait pas là de quoi émouvoir le président Badio Camara et les autres membres du Conseil. Et comme en 2022, pour se donner bonne conscience, ils ont autorisé les plans B, c’est-à-dire les remplaçants, à se présenter.
Le Conseil constitutionnel valide l’existence de citoyens « douteux »
Mais le plus scandaleux se trouve dans la disqualification de Karim Wade au motif qu’au moment où il déposait sa candidature, il avait encore la nationalité française, c’est-à-dire celle que sa mère lui a donnée. Or, le porte-drapeau du Parti démocratique sénégalais (Pds) avait bel et bien formulé son intention de renoncer à cette seconde nationalité depuis octobre dernier. Plutôt, il avait renouvelé sa déclaration de perte de nationalité puisque depuis 2018 il avait renoncé à cette nationalité française. Mieux, au moment où le Conseil constitutionnel statuait sur son dossier, le décret actant cette renonciation était déjà publié dans le journal officiel de la République française !
Mais là aussi, du moment que l’élimination de Karim Wade arrangeait les affaires du candidat du pouvoir, le Conseil constitutionnel a jeté à la poubelle son dossier avec des arguments plus que légers. En réalité, le rejet de la candidature de Karim Wade est un scandale qui a pour effet de « constitutionnaliser » l’existence de deux catégories de Sénégalais: ceux de souche nés de père et de mère sénégalais et ceux « douteux » dont l’un des parents a une nationalité étrangère. C’est cette catégorisation de citoyens qui avait mis le feu aux poudres en Côte d’Ivoire et y avait déclenché une guerre civile qui avait duré dix ans.
Sur les bords de la lagune Ebrié, des intellectuels du genre de ceux qui ont introduit un recours contre l’ancien ministre « du Ciel et de la Terre » avaient inventé un concept dangereux, celui d’ « ivoirité », qui disait en gros que, pour briguer la présidence du pays, il fallait être de père ivoirien et de mère ivoirienne et non être de père ou de mère ivoirienne. Ce débat entre « ou » et « et » avait embrasé le pays. A suivre le raisonnement flemmard de nos braves apparatchiks du Conseil constitutionnel, Karim Wade serait un citoyen « douteux » et de seconde catégorie. Et ne mériterait donc pas de briguer la magistrature suprême du Sénégal.
Le « Sopi » interdit de présidentielle !
Une décision aussi grave de conséquences est prise dans un pays où le poste stratégique de ministre de Finances a été occupé pendant des années par un homme qui travailla au FMI avec la nationalité mauritanienne, où le fils d’un chef d’état-major général de l’Armée nationale — le poste le plus sensible qui soit — effectuait son service militaire en France au moment où son papa commandait nos armées, où les fonctions les plus importantes et redoutables, à part celles de président de la République, ont été détenues par un binational franco-sénégalais(Jean Baptiste Collin), tout cela sans déranger grand-monde. Et voilà qu’on vient nous dire que le fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade qui se battit pour réintroduire le multipartisme dans notre pays après la fusion-absorption réalisée dans les années 60 par l’alors parti unique—pardon dominant —, l’Union progressiste sénégalaise (UPS) du président Léopold Sédar Senghor, Abdoulaye Wade aussi qui fit tomber les bastions du monolithisme syndical (Utls créée pour faire face à la Cnts), mais aussi du monopole étatique de l’information, qui réalisa la première alternance démocratique dans notre pays, que ce fils, Karim Wade, pourrait être lié au parti de l’étranger. C’est-à-dire rouler pour la France s’il était élu chef de l’Etat sénégalais. Comme s’il y avait besoin d’avoir un parent français pour être un agent de l’ancienne puissance coloniale… On se fout de notre gueule, assurément ! Dire que le fils d’Abdoulaye Wade ne peut pas être candidat à la présidentielle dans ce pays, c’est assurément planter un deuxième coup de poignard dans le dos du père du « Sopi » après avoir jeté ce fils adoré, qui a fini de prouver son patriotisme, en prison pendant plus de trois ans pour « enrichissement illicite ». Et l’avoir exilé pendant sept ans.
De par la volonté de sept sages désinvoltes, le Parti démocratique sénégalais(Pds), qui fut pendant longtemps la plus importante formation de l’opposition, qui accéda au pouvoir au bout de 27 années d’adversité face à la toute-puissante machine du Parti socialiste, qui dispose actuellement à l’Assemblée nationale de l’un des plus importants groupes parlementaires, qui a dirigé ce pays pendant 12 ans, ce parti qui fait partie du patrimoine de notre pays, est empêché de présenter un candidat à la mère des élections nationales. Pendant ce temps, c’est avec étonnement que l’on a vu des candidats totalement inconnus au bataillon et qui ne pourraient même pas remplir une cabine téléphonique avec leurs militants, réussir à passer les doigts dans le nez l ’épreuve du contrôle des parrainages au Conseil constitutionnel. Un Conseil dont le logiciel ressemblait à une roulette russe et qui, encore une fois, a validé des candidats insignifiants et éliminé d’autres qui étaient plus représentatifs. Une logique à laquelle le commun des Sénégalais n’a rien compris. Bref, le Conseil constitutionnel a foutu un bordel incroyable.
Et plutôt que de raccommoder le fragile tissu national, voilà qu’il contribue à en élargir la déchirure de par ses décisions irresponsables et dénuées de…sagesse. Le comble pour une institution supposée être composée de « sages » !Gageons qu’après avoir fait ce mauvais boulot, ses membres sont allés se laver les mains comme Ponce Pilate, ce procurateur romain qui, après avoir condamné Jésus Christ à mort, était allé se laver les mains en s’écriant: « je suis innocent du sang de ce juste ! » Ce faisant, ils inscrivent leurs actes dans la lignée de ces Conseils constitutionnels bouffons qui ont fleuri sur le continent et ont légitimé les décisions les plus improbables à commencer parle couronnement du défunt empereur centrafricain Jean-Bedel Bokassa ou encore, tiens, l’ivoirité. Et dire que toutes ces décisions qui favorisent outrageusement le candidat du pouvoir sont censées être prises en notre nom à tous!
PRÉSIDENTIELLE 2024, LES CANDIDATS INVITÉS À S’AFFRONTER SUR LE TERRAIN PROGRAMMATIQUE
Le Forum du justiciable, une organisation se réclamant de la société civile, a invité les candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain à s’affronter sur le terrain programmatique dans un esprit de fraternité et de cohésion.
Dakar, 23 jan (APS) – Le Forum du justiciable, une organisation se réclamant de la société civile, a invité les candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain à s’affronter sur le terrain programmatique dans un esprit de fraternité et de cohésion.
« Maintenant que la liste définitive est publiée, nous demandons aux différents candidats de faire de cette élection un moment de compétition programmatique dans un esprit de fraternité et de cohésion. Une élection présidentielle qui doit consolider nos acquis démocratiques et notre Etat de droit », indique la structure dans un communiqué parvenu à l’APS.
Le Conseil constitutionnel a publié samedi soir une liste définitive de 20 candidats autorisés à briguer le suffrage des Sénégalais à la prochaine présidentielle du 25 février prochain.
« Le Forum du justiciable invite tous les acteurs et particulièrement les jeunes à participer massivement à cette élection, mais dans le respect des lois et des règlements du pays et en bannissant toutes les formes de violences », rapporte le communiqué.
L’organisation se réclamant de la société civile a de la même manière invité les jeunes à s’impliquer dans cette élection, à participer et à faire entendre leurs voix dans le respect et la sérénité.
«POUR LE SENEGAL, LES DROITS HUMAINS CONSTITUENT UNE OPTION IRREVERSIBLE»
Aissata Tall Sall, Garde des Sceaux, ministre de la Justice a déclaré, hier lundi, lors de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme des Nations unies de la situation des droits de l’homme au Sénégal, par visioconférence.
Les droits humains constituent une option irréversible pour le Sénégal. Mieux, cette option irréversible, c’est d’arriver à une société où l’ensemble des droits humains seront respectés et pratiqués, a déclaré la Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aissata Tall Sall, hier lundi, lors de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme des Nations unies de la situation des droits de l’homme au Sénégal, par visioconférence.
«L e Sénégal s’emploie, va s’employer et continuera à s’employer, toujours à affronter et à surmonter les défis et toutes les contraintes parce que pour le Sénégal, les droits humains constituent une option irréversible. Cette option irréversible, c’est d’arriver à une société où l’ensemble des droits humains seront respectés et pratiqués». La Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall s’est voulu formelle. Défendant, par visioconférence, la situation des droits de l’homme au Sénégal, dans le cadre de de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève (Suisse) hier, lundi 22 janvier 2024, elle a assuré que le Sénégal va continuer à s’inscrire dans cette option en discutant avec toutes les parties prenantes.
«Le Sénégal le fera de façon inclusive, en discutant et en dialoguant avec toutes les parties prenantes, la société civile, les Institutions des droits de l’homme, le système des Nations Unies», a déclaré Aissta Tall Sall, dans l’APS. Et d’ajouter : «C’est la raison pour laquelle, au nom du Sénégal, je voudrai déclarer que nous nous tenons disponibles, prêts à engager(avec les participants) ce dialogue interactif pour mieux avancer (…) », a indiqué le ministre de la Justice qui est, en outre, revenu sur les multiples progrès réalisés parle Sénégal dans le secteur de la Santé, l’éducation, l’enseignement coranique, l’autonomisation des femmes etc.
L’IDEE DE LEGALISATION DE L’HOMOSEXUALITE N’EST PAS A L’ORDRE DU JOUR, AU SENEGAL
Face au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Aïssata Tall Sall a réitéré la position du Sénégal qui a de nouveau exclut toute idée de légalisation de l’homosexualité, en réaffirmant une «position de principe claire» sur la question des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres). «(…) Pour les LGBT, je voulais rappeler solennellement, la position du Sénégal. Le Sénégal exclut toute idée de légalisation sur la question des LGBT. Le Sénégal exclut toute idée de légalisation. Et c’est pour cela que le Sénégal a rejeté beaucoup de résolutions», a-t-elle déclaré.
Mieux, a-t-elle relevé, «Le Sénégal a rejeté toutes les résolutions où la question des LGBT a été incluse parce que c’est la position souveraine du Sénégal. C’est une position claire et le Sénégal dit devant ses partenaires et le dit à la communauté internationale. C’est la position de principe du Sénégal. Le Sénégal ne légalise pas les droits sur les LGBT». Aïssata Tall Sall a insisté sur le fait qu’au Sénégal, «les libertés sont exercées et totalement exercées. L’usage de la force est réprimé et totalement et judiciairement réprimé»
Plusieurs intervenants ont salué les efforts du Sénégal pour la promotion des droits de l’homme ces dernières années. Nombreux parmi eux ont formulé des recommandations à l’Etat du Sénégal pour améliorer la situation des droits humains dans le pays. Ils ont par exemple invité le Sénégal «à accroitre l’accès des filles des zones rurales à l’éducation, réduire la mortalité maternelle et infantile, veiller sur le principe de non-discrimination et sur la protection des minorités».
Les recommandations ont également trait à la réduction des surcharges dans les prisons, la sensibilisation sur les changements climatiques, la réduction de la pauvreté, la lutte contre les violences basées sur le genre, le renforcement du Comité sénégalais des droits de l’homme, la protection des personnes vivant avec un handicap entre autres.
C’est le quatrième passage du Sénégal, après février 2009, octobre 2013 et novembre 2018, devant l’EPU, un mécanisme unique qui permet d’examiner périodiquement la situation des droits de l’homme dans les 193 États membres des Nations Unies. La délégation sénégalaise est dirigée par Aïssata Tall Sall, Garde des Sceaux et ministre de la Justice. Les trois États faisant partie du groupe de rapporteurs (troïka) pour l’examen du Sénégal sont l’Allemagne, le Kazakhstan et la Somalie. Le Groupe de travail sur l’EPU adoptera les recommandations faites au Sénégal, le 26 janvier. Selon la procédure, l’État examiné pourra alors indiquer sa position sur les recommandations reçues lors de l’examen.
Le Sénégal est l’un des 14 Etats à être examiné par le Groupe de travail de l’EPU au cours de sa 44e session qui se tient du 22 janvier au 2 février 2024. Le Groupe de travail de l’EPU est composé des 47 États membres du Conseil des droits de l’homme, cependant, chacun des 193 États membres de l’ONU peut participer à l’examen d’un pays.
Sénégal, Crise pre-electorale, situation des droits humains…
HUMAN RIGHTS WATCH ACCABLE LE SENEGAL
Simple coïncidence ou programmation ? Alors que le Sénégal s’apprêtait à passer son Examen périodique universel (EPU) devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le même jour, Human Rights Watch (HRW) a rendu public son rapport
Simple coïncidence ou programmation ? Alors que le Sénégal s’apprêtait à passer son Examen périodique universel (EPU) devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève (Suisse), le même jour dans l’après-midi, Human Rights Watch (HRW) a rendu public hier, lundi matin 22 janvier 2024, un rapport accablant sur les atteintes des droits et libertés fondamentaux, les «arrestations et détentions arbitraires», les répressions et persécutions de l’opposition, des médias et de la société civile… en 2023. Non sans suggérer des voies et moyens notamment le ressaisissement des autorités pour «des élections libres et équitables…»
«Les Sénégalais se rendront aux urnes le mois prochain, et les signes ne sont pas bons. (...) Il est difficile d’imaginer que des élections libres et équitables puissent avoir lieu sans que les autorités ne fassent rapidement marche arrière. Elles devraient enquêter sur les violences commises parles forces de sécurité, libérer les personnes détenues à tort et garantir les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, autant d’éléments essentiels à la tenue d’élections véritablement libres et équitables.» C’est Human Rights Watch (HRW) qui, dans son rapport publié à Nairobi (Kenya) hier, lundi 22 janvier 2024, peint ainsi un tableau peu reluisant de la situation et de l’exercice des droits et libertés fondamentaux au Sénégal, accusant les autorités de répression contre l’opposition, les médias, la société civile, entre 2021 et 2023. Coïncidant avec le passage de la délégation du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Aïssata Tall Sall, au nom du gouvernement, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève (Suisse), pour l’Examen périodique universel (EPU) sur les droits humains dans notre pays, dans «le Brief du Jour» sur la «Crise pré-électorale au Sénégal», posté sur son site, HRW espère que les gouvernants vont se ressaisir d’ici le scrutin. «Bien entendu, nous espérons que les autorités sénégalaises reviendront sur leurs pas, mais il reste peu de temps avant le jour de l’élection».
«LES AUTORITES ONT UTILISE LE SYSTEME JUDICIAIRE POUR CIBLER LES OPPOSANTS POLITIQUES ET LES DISSIDENTS»
En attendant, HRW relève, entre autres, que les autorités sénégalaises répriment l’opposition, les médias et la société civile, à l’approche des élections générales qui doivent se tenir le 25 février 2024… En effet, selon le rapport, entre novembre 2023 et janvier 2024, Human Rights Watch a interrogé en personne et par téléphone 34 individus, dont 9 membres de partis d’opposition, 13 membres de groupes de la société civile sénégalaise, 6 journalistes, 2 professeurs d’université, 3 avocats sénégalais et 3 proches de militants. HRW a également examiné des reportages de médias nationaux et internationaux, des photographies montrant les blessures d’un manifestant à la suite d’actes de torture en juin 2023 et son dossier médical, ainsi qu’une vidéo montrant des gendarmes qui torturent un manifestant, également en juin. Le 9 janvier 2024, HRW a envoyé un e-mail à Julien Ngane Ndour, directeur de la Division des droits humains du ministère de la Justice, partageant ses conclusions et demandant des réponses à des questions spécifiques. Seulement, HRW n’a pas reçu de réponse. «Les autorités ont utilisé le système judiciaire pour cibler les opposants politiques et les dissidents. Au moins 37 personnes sont mortes pendant les manifestations et aucun de ces décès n’est encore élucidé par la justice. Human Rights Watch dénonce aussi les affaires Pape Abdoulaye Touré, torturé puis envoyé en prison et les journalistes en détention ou interpellés par la justice», rapporte la source.
«LA REGRESSION DU PAYS EST PROFONDEMENT TROUBLANTE »
En outre, l’organisation internationale de défense des droits de l’homme souligne qu’elle a précédemment documenté «l’emploi d’une force excessive par les forces de sécurité, y compris des balles réelles et un usage inapproprié de gaz lacrymogène, pour disperser des milliers de manifestants dans tout le pays, en mars 2021 et juin 2023».
HRW indique que «la régression du pays est profondément troublante. La répression a commencé en 2021, dans le contexte des procédures judiciaires concernant l’éminent leader de l’opposition Ousmane Sonko et de préoccupations suscitées par l’éventualité d’un troisième mandat du président Macky Sall, contraire à la Constitution. Mais il y a eu une vague d’arrestations d’opposants politiques et de dissidents au cours des derniers mois. Elle s’est poursuivie avec la dissolution forcée du part d’opposition de Sonko l’année dernière». Et Ilaria Allegrozzi, Chercheuse senior sur le Sahel à HRW, de noter que «les forces de sécurité ont ciblé des dirigeants, des membres et des partisans du parti d’Ousmane Sonko (arrêté le 20 juillet), pour incitation à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’État, provocation de troubles politiques graves et association de malfaiteurs, entre autres. Bassirou Diomaye Faye, Secrétaire général du Pastef dissous, en détention depuis le 14 avril, devant répondre de chefs d’accusation similaires à la suite d’un message critiquant les magistrats qu’il avait publié sur son compte Facebook».
Et pour corser l’addition, le 31 juillet 2023, mentionne HRW, le ministre de l’Intérieur du Sénégal a annoncé la dissolution du Pastef, au motif que ce parti aurait mobilisé ses partisans lors de manifestations violentes en juin 2023 et en mars 2021. Ce qui tranche net, constate Mme Allegrozzi, avec «la promesse du président Macky Sall d’organiser des élections libres et équitables ».
APPEL A GARANTIR LES LIBERTES FONDAMENTALES, METTRE FIN AUX ARRESTATIONS ARBITRAIRES ET PERSECUTIONS
Pour HRW, «les autorités devraient enquêter sur toutes les violences commises par les forces de sécurité, libérer les personnes détenues arbitrairement (près de 1 000 membres et militants de l’opposition ont été arrêtés dans tout le pays depuis mars 2021), y compris pour des raisons politiques, et garantir les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, essentiels à des élections véritablement libres et équitables».
De même, «Les autorités devraient garantir les libertés fondamentales, et mettre fin aux détentions et poursuites arbitraires», en ouvrant des «enquêtes impartiales, indépendantes et efficaces sur tous les cas d’usage de la force par les forces de sécurité tout au long de la crise pré-électorale et veiller à ce que les forces de sécurité respectent le droit de manifester pacifiquement», appelle l’organisation. Et d’ajouter : «La promesse du président Macky Sall d’organiser des élections libres et équitables est en contradiction avec le fait que les autorités remplissent les prisons de centaines d’opposants politiques depuis trois ans».
Précisant que, «Alors que le Sénégal s’apprête à tenir des élections, les enjeux pour sa démocratie sont élevés». Dès lors, conclue Ilaria Allegrozzi, «Les autorités devraient s’assurer que tous les Sénégalais sont en mesure d’exprimer librement leurs opinions et d’exercer leur droit de vote de manière équitable et pacifique».
LE PDS EXIGE LA DISSOLUTION DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL ET APPELLE À LA RÉSISTANCE
Maguette Sy et ses pairs accusent Farba Ngom et Abdou Latif Coulibaly d’entretenir des relations douteuses avec certains membres du Conseil constitutionnel.
Le Parti démocratique sénégalais a dénoncé, lundi, dans une déclaration, l’élimination de son candidat Karim Wade de l’élection présidentielle 2024. «La coalition Karim2024 dénonce le coup d’Etat constitutionnel orchestré par les le Conseil constitutionnel. Monsieur Karim Wade n’a jamais opté pour la nationalité française car l’ayant héritée de sa mère. Le PDS exige la réintégration de Karim Wade sur la liste des candidats à la présidentielle», a dit le mandataire de Karim2024.
Selon Maguette Sy et compagnies, tous les recours possibles seront soumis au niveau des juridictions supérieures notamment à la CEDEAO et à l’Union Africaine. Maguette Sy et Cie accusent Farba Ngom et Abdou Latif Coulibaly d’entretenir des relations douteuses avec certains membres du Conseil constitutionnel. «Cette décision constitue une nouvelle violation des droits de Karim Wade depuis une décennie. Cette élection ne se tiendra pas sans sa participation et nous demandons à toutes les sections du PDS et comités électoraux d’informer les militants et les populations sur la gravité de ce qui se passe dans notre pays », martèlent les libéraux.
Par ailleurs le PDS et la coalition “Karim2024 ” exigent la dissolution du Conseil Conditionnel et demandent aux militants d’attendre le mot d’ordre pour préparer la résistance. “Nous exigeons la dissolution du Conseil constitutionnel et appelons les militants d’attendre les consignes et le mot d’ordre pour préparer la résistance», ont-il dit.
La PDS soutient en outre la décision de son groupe parlementaire de mettre en place une commission d’enquête pour exiger des comptes sur les multiples rejets des candidatures par le Conseil Constitutionnel.
REJET DE CANDIDATURE, LES ALLIÉS DE SONKO ÉVOQUENT UNE CRISE PRÉ-ÉLECTORALE
Pour le président du groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi, Birame Souleye Diop, ces organes de l’Etat notamment le Conseil constitutionnel, la CDC, la Cena ont failli à leur obligation. "Nous devons exiger l’accès total au fichier électoral", a-t-il dit
Les leaders alliés du candidat Ousmane Sonko (LACOS), ont indiqué lundi, en conférence de presse que le Sénégal est en crise préélectorale. «Nous considérons que la situation est très délicate (…) et l’heure est grave. Sans doute, nous pouvons dire que nous sommes dans une crise pré-électorale. Cette crise n’est pas le fait d’acteurs politiques mais celui de nos concitoyens qu’on appelle les “sept sages” qui ont transformé notre Conseil constitutionnel en un machin de sorte que beaucoup de candidats qui ont sué eau et sang pour trouver des parrainages et qui ont versé leurs caution à la CDC se disent spoliés», a fait savoir Mamadou Lamine Dianté et Cie qui estiment que cela n’est pas une nouveauté.
Prenant la parole l’ex-capitaine Oumar Touré a appelé les Sénégalais à se tenir prêts. «Ces genres de décision n’ont aucune conséquence sur les générations qui sont passées et cela est une question d’avenir. Nous devons le régler, nous préparer et sécuriser ces élections quitte à aller en prison et si nous acceptons qu’après douze années nous continuons à vivre cette injustice tant mieux», a-t-il dit. Seydina Touré d’appeler les Sénégalais à penser à l’avenir pour ‘’épargner de cette souffrance, nos enfants qui voudront diriger ce pays.»
Les soutiens d’Ousmane Sonko estiment par ailleurs que cette élimination de leur candidat n’est qu’une ‘’commande politique.’’
Pour le président du groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi, Birame Souleye Diop, ces organes de l’Etat notamment le Conseil constitutionnel, la CDC, la Cena ont failli à leur obligation: «Ces organes doivent nous assurer la transparence de ces élections. Nous devons exiger l’accès total au fichier électoral. Comment un Etat peut-il avoir tort contre un citoyen et qu’il n’y ait pas de responsable ? Nous devons aller voter massivement pour finir avec ces gens»
Le Député d’exhorter les Sénégalais de récupérer leurs cartes pour une victoire du candidat Bassirou Diomaye Faye
ANDE DEKKAL YAAKAAR D’ALIOU KÉBÉ REJOINT LA COALITION DÉTHIÉ FALL 2024
L’ancien Député et Maire de Keur Madiabel, Aliou Kébé a déclaré dans un communiqué, rejoindre la coalition de Déthié Fall pour l’élection présidentielle du 25 février 2024.
L’ancien Député et Maire de Keur Madiabel, Aliou Kébé a déclaré dans un communiqué, rejoindre la coalition de Déthié Fall pour l’élection présidentielle du 25 février 2024.
«A l’issue de larges concertations avec leurs bases, Ande Dekkal Yaakaar a pris la résolution de soutenir la candidature du Président Déthié Fall pour l’élection présidentielle du 25 février 2024», lit-on sur la note.
Une décision prise à l’issue de la rencontre entre le maire Aliou Kebe et le candidat à la présidentielle Déthié Fall. Par ailleurs, le député-maire et ses collaborateurs s’engagent à accompagner le candidat pour son élection en 2024.
Selon les membres du mouvement, ils ont pris cette décision à cause des valeurs qu’incarne le candidat.
«Ande Dekkal Yaakaar motive cette décision de porter Déthié Fall jusqu’à la magistrature par ses compétences, ses valeurs morales et éthiques, sa bonne conduite, son courage engagé et surtout son ambitieux programme d’un Sénégal bon à vivre et beau à voir durablement et écologiquement», lit-on dans le communiqué.
DGE, CE QU’IL FAUT RETENIR DE LA SÉANCE D’INFORMATIONS À L’ENDROIT DES MANDATAIRES
les mandataires des candidats retenus pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 ont tenu ce lundi, une réunion d’information, portant sur les modalités de l’impression des bulletins de vote, les documents de propagande...
Comme annoncé par la Direction générale des élections (Dge) à travers un communiqué, les mandataires des candidats retenus pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 ont tenu ce lundi, une réunion d’information, portant sur les modalités de l’impression des bulletins de vote, les documents de propagande et l’arbitrage sur les éventuels conflits sur les couleurs choisies pour chaque candidat. Mais, sur 20 mandataires convoqués, 15 ont pu assister à la réunion.
« Tout s’est passé dans les règles de l’art parce que la Dge nous a convoqué pour faire l’arbitrage sur le choix des couleurs. Il y a des difficultés au niveau des candidats qui ont déposé leur bulletin dont le fond est bleu, d’autres en blanc donc la Direction des élections va prendre l’initiative de convoquer ces différents mandataires afin de trouver un terrain d’entente », a déclaré le mandataire de la coalition Diao 2024
A l’en croire, il y’a trois autres documents en charge de l’Etat à savoir la précession de foi qui est un document de propagande, une affiche et le programme, sensibles pour essayer de les dupliquer afin de les mettre à disposition des différents candidats. « Ils ont aussi parlé du processus électoral et du consensus qui doit l’entourer afin que les sénégalais puissent choisir dans la paix et la tranquillité le prochain élu, au soir du 25 février 2024 », a-t-il ajouté.
Le mandataire du candidat Boubacar Camara a, pour sa part, expliqué : il y a des absences c’est ça qui fait qu’on n’a pas pu nous finaliser et on espère d’ici mardi ce sera fait. S’il y’a eu confusion des couleurs on doit faire recours auprès du ministère de l’Intérieur où on doit déposer les récépissés de partis et selon l’ordre de dépôt pour pouvoir départager les candidats. Maintenant s’il s’agit de candidat indépendant, on va tenir compte de l’ordre dépôt des dossiers de candidature ».
La Direction générale des élections a informé qu’à partir du 27 janvier tous les mandataires auront en quelque sorte les bulletins et ce n’est qu’à partir du 9 février, qu’ils recevront le fichier électoral.
ÉLIMINATION DE SONKO, SES ALLIÉS FACE À LA PRESSE
Les Leaders Alliés du Candidat Ousmane Sonko (LACOS) font face à la presse, cet après-midi à Dakar, suite à la publication de la liste définitive des candidats devant participer à la présidentielle du 25 février 2024.
Les Leaders Alliés du Candidat Ousmane Sonko (LACOS) font face à la presse, cet après-midi à Dakar.
Même si l’ordre du jour de la rencontre n’est pas mentionné dans le communiqué parvenu à la rédaction, on peut aisément comprendre qu’il sera question de l’élimination de Sonko, par le Conseil constitutionnel, samedi lors de la publication de la liste définitive.
Le cas du candidat-prisonnier, Bassirou Diomaye Faye, va sans doute s’inviter aux débats. Les patriotes et Cie veulent sa libération, maintenant que sa participation à l’élection présidentielle du 25 février 2025 est confirmé.
LES LIBERTÉS BAFOUÉES À L'APPROCHE DE LA PRÉSIDENTIELLE
Refus de la liberté provisoire, accusations fantaisistes, conditions carcérales inhumaines: dans son rapport, HRW étrille la répression politique du régime et met en garde contre le risque d'un scrutin non libre ni équitable
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 22/01/2024
A moins d'un mois de la présidentielle du 25 février, la tension monte au Sénégal où les autorités sont accusées d'intensifier la répression contre l'opposition, réduisant drastiquement l'espace démocratique, selon un rapport publié lundi par l'ONG Human Rights Watch (HRW).
Suite à des mois d'enquête dans le pays, HRW dresse un sombre tableau de la situation des droits humains, pointant du doigt une "vague d'arrestations" qui vise opposants politiques, journalistes et activistes. "Près de 1.000 membres et militants de l'opposition ont été arrêtés depuis mars 2021", affirme l'organisation.
Parmi les cibles privilégiées figure l'opposant Ousmane Sonko, leader du parti Pastef récemment dissous. "Plus récemment arrêté en juillet, il est accusé d'incitation à l'insurrection et atteinte à la sûreté de l'Etat", rapporte HRW. Son bras droit Bassirou Diomaye Faye croupit en prison depuis avril pour des motifs similaires.
Selon les avocats interrogés par HRW, les accusations sont souvent "inventées de toutes pièces" et visent uniquement à écarter les opposants politiques. Ils dénoncent également le recours "abusif" à la détention provisoire, le refus systématique de la liberté provisoire et le manque d'accès à un avocat pendant les interrogatoires.
Les conditions carcérales sont elles-mêmes décrites comme "inhumaines", du fait de la surpopulation régnant dans les lieux de détention surpeuplés comme la prison de Rebeuss à Dakar. Plus de 3.000 détenus s'entassent dans cet établissement aujourd'hui saturé, dont 700 personnes incarcérées pour des raisons politiques selon HRW.
Au-delà des arrestations individuelles, c'est la restriction généralisée des libertés démocratiques qui inquiète. "Depuis 2021, les autorités rejettent presque toutes les demandes de manifestation des partis politiques et de la société civile", déplore Moundiaye Cissé de l'ONG 3D.
Dans ce contexte pré-électoral tendu, HRW exhorte le pouvoir sénégalais à enquêter sur les violences policières, libérer les prisonniers d'opinion et garantir la liberté d'expression à l'approche du scrutin. Mais pour de nombreux observateurs, le trouble semé depuis des mois fait planer l'ombre du doute sur la transparence du processus électoral. La communauté internationale surveillera de près la tenue du vote dans ce pays ouest-africain réputé pour sa stabilité démocratique.