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30 avril 2025
Politique
Par Alpha Amadou SY
L’AFRIQUE FRANCOPHONE ET LE MALENTENDU DÉMOCRATIQUE
Les peuples s’attendaient à l’amélioration qualitative de leurs conditions d’existence, alors que la démocratisation reste plutôt une panacée imposée par les bailleurs de fonds aux États africains, empêtrés dans le bourbier du totalitarisme politique
La démocratisation des espaces politiques de l’Afrique francophone avait soulevé d’immenses espoirs auprès des peuples africains. Tout laissait penser que, corrélativement à l’ouverture du grand chantier qu’est l’édification de l’État de droit, ils allaient, enfin, satisfaire leurs attentes ratées par l’accession à l’indépendance. Celles-ci étaient posées en termes de souveraineté nationale, de croissance économique et de redistribution équitable des ressources.
Le rêve était d’autant plus permis que la perspective de l’enterrement au premier plan des autoritarismes politiques était à la fois le gage de l’expression plurielle et la garantie de la satisfaction des droits essentiels, tels que formulés dans les nouvelles constitutions désormais estampillées républicaines.
Mais, une trentaine d’années après la sommation de la Baule, le désenchantement est devenu presque total, comme en atteste la nature des contradictions qui, présentement, structurent l’espace politique de l’Afrique francophone.
Édifiante, à ce sujet, est la trajectoire empruntée par le Mali au cours de ces trois dernières décennies.
Au lieu de revenir ici sur le cours tumultueux qui a prévalu au Mali depuis l’avènement du Général Amadou Toumani Touré, nous mettrons plutôt l’accent sur les espoirs suscités par l’élection de Ibrahima Boubacar Keita.
L’enthousiasme avec lequel les Maliens s’étaient rendus aux urnes, lors du premier scrutin post crise de 2013, laissait entrevoir l’ouverture de nouveaux horizons. Mais, l’escalade de la guerre du Nord conjuguée avec la récession économique et le bras de fer avec les forces coalisées dans le M5 et le Président en exercice offrirent aux militaires, comme par rituel, l’opportunité de revenir au Palais de Koulouba. Ainsi, en août 2020, Bah Ndaw s’est vu confier la transition, avant d’en être évincé par son vice-président, le Colonel Assimi Goïta.
En Guinée, le 5 septembre 2021 un détachement de l’Armée, dirigé par un membre des unités spéciales, Mamadi Doumbouya mit un terme au pouvoir dictatorial d’Alpha Condé. La junte au pouvoir justifiera son acte par « la situation sociopolitique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la, justice, le piétinement des droits des citoyens, la pauvreté et la corruption endémique ».
Comme une épidémie, le Burkina Faso vivra un coup d’Etat...à la malienne. En janvier 2022, le Président élu, Roch Marc Christian Kaboré, est renversé par Paul Henri Sandaogo Damiba, lequel sera destitué, au mois de septembre de la même année, par le jeune capitaine Ibrahima Traoré.
Le syndrome des coups d’État militaires franchira les frontières de ce pays pour faire du Niger son théâtre d’opération. Un coup de force avec toutes les apparences d’un coup de théâtre si l’on considère que Mahamadou Issoufou, le prédécesseur de Mohamed Bazoum, le Président renversé, avait posé un acte majeur donnant le sentiment que, au moins, au Niger, l’État de droit était profondément ancré. Alors que dans la sous-région la quête du troisième était la forfaiture républicaine la plus partagée, Mahamadou Issoufou s’en était proprement démarqué faisant, du coup, montre d’une lucidité politique et d’un esprit républicain dont l’exemplarité a été magnifiée ! Toutefois, sur toile de fond de multiples contradictions, la tentative de coup d’État, jugulée en 2015, puis en 2022, a fini par réussir en juillet 2023. La junte militaire porta, à la présidence de l’Exécutif nigérien, le Général Abdourahmane Tchiani, Commandant de la garde présidentielle.
Pratiquement, un mois après, jour pour jour, le nouveau syndrome de coup de force militaire déborda l’espace ouest- africain pour élire domicile au Gabon sur lequel a régné la dynastie des Bongo depuis 1967. Ainsi, le 30 aout, dans un contexte marqué par de fortes protestations contre la réélection de Aly Bongo, le Général Brice Oligui Nguema, lui aussi ancien Chef de la garde présidentielle, prit la tête de l’Exécutif gabonais.
Ces juntes militaires, une fois au pouvoir, rencontrent de sérieuses difficultés pour tenir leurs promesses faites à leurs concitoyens. Économiquement, les sanctions, qui leur sont appliquées par les organisations sous-régionales voire par la Communauté internationale, réduisent drastiquement leur marge de manœuvre. Au niveau politique, elles sont souvent vivement contestées par des partis politiques et des organisations de la société civile qui leur reprochent, en plus de suspendre les libertés publiques, de se presser lentement pour réunir les conditions de retour à l’ordre constitutionnel. Dans un pays comme le Mali, le M5 donne le sentiment que les militaires lui ont presque usurpé le pouvoir. Enfin, au Burkina Faso et au Mali, des voix regrettent le bilan sécuritaire mitigé, alors que les militaires avaient fait de l’anéantissement des djihadistes un de leurs objectifs principaux.
Les autres pays de l’espace africain francophone, pour être encore gouvernés par des civils, n’en sont pas, pour autant, des terres d’ancrage des principes républicains. Au Cameroun, tout comme au Congo, sous l’apparent immobilisme politique, des contradictions grosses de tous les dangers couvent. Notamment, le pays d’Ahidjo, qui, en plus d’être confronté à la crise anglophone, est interpellé sur la délicate équation de l’après Paul Biya, avec la rumeur de faire monter au Sommet son fils, Frank Biya.
Au Tchad, au lendemain de l’intronisation de Mahamat Idriss Deby, à la suite du décès de son père, en avril 2021, la question de la stabilité du pouvoir demeure à l’ordre du jour. Les manœuvres pour la pacification de l’espace politique sont compromises par les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) et la dynamique contestataire portée par les Transformateurs sous la direction de Succès Masra.
Même un pays comme le Sénégal, pendant longtemps crédité du statut flatteur de vitrine de la démocratie en Afrique, n’est pas épargné par les zones de turbulence. Le Président Macky Sall, après avoir réitéré à maintes reprises son engagement à s’en limiter à deux mandats, avait fini par servir à ses compatriotes un flou artistique par son « ni oui ni non ». Si on ignore quel désordre aurait résulté d’une déclaration " prématurée" de sa renonciation au troisième mandat on sait, en revanche, que son teaming choisi pour annoncer son attachement au code d’honneur a exposé le pays à pas mal de périls.
Des violences d’une rare intensité avec mort d’hommes, accompagnées de pillages et d’actes de vandalisme de sites du savoir, avaient, à partir de 2021, infecté le quotidien des Sénégalais. Présentement, l’embastillement de Mr Ousmane Sonko, suivi de la dissolution de son parti, au terme d’un processus rocambolesque et la nature des contradictions qui structurent les rapports entre la F24 (coalition de partis politiques, d’organisations de la société civile et de personnalités indépendantes) et la mouvance présidentielle témoignent de l’état grippal du système politique sénégalais.
En tout état de cause, la situation asphyxiante, qui prévaut dans l’espace de l’Afrique francophone, atteste du fait que, pas plus que les drastiques Politiques d’Ajustement Structurel, la démocratisation n’a pas mis un terme au mal-être des Africains. Et les peuples sont d’autant plus déroutés que les bailleurs de fonds ne se focalisent que sur le taux de croissance, au moment où la paupérisation se développe de manière vertigineuse. Le malentendu découle du fait que les peuples africains s’attendaient à l’amélioration qualitative de leurs conditions d’existence, alors que la démocratisation reste plutôt une panacée imposée par les bailleurs de fonds aux États africains, empêtrés dans le bourbier du totalitarisme politique et de la gabegie économique.
Par une approche fortement imprégnée de l’ultralibéralisme, Paris avait érigé l’instauration de l’État de droit en conditionnalité. Mais, cette stratégie s’est avérée progressivement anachronique dans un contexte où la complexité de la mondialisation permet de trouver des partenaires qui ont fait du formalisme démocratique le cadet de leur souci. Avec cette nouvelle donne, s’amorce une reconfiguration qui emporte le pré carré français.
Il est révélateur, à ce sujet, que des coups d’État ont été perpétrés au nez et à la barbe des Français. Bien plus, ces coups de force ont été accompagnés par de virulentes manifestations d’hostilité contre l’ancienne puissance coloniale, avec parfois - signe des temps- des drapeaux russes ! Au Mali, au Niger et au Burkina Faso, les militaires français ont été mis en demeure de plier armes et bagages.
Il se laisse à voir que le mal-être des Africains persiste. Toutefois, au regard des capacités de résilience dont les peuples ont toujours fait montre, l’espoir est permis. Aussi revient-il aux élites africaines de bien se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il leur incombe de repenser le projet démocratique en le délestant de la perspective néolibérale qui a, jusqu’ici, présidé à sa tentative de greffage en Afrique francophone. Sous ce rapport, leur mission est de favoriser l’émergence d’une véritable citoyenneté dont la vertu est de donner de la vitalité à l’État de droit et d’insuffler l’âme républicaine aux institutions.
Auteur, entre autres, de L’espace politique de l’Afrique francophone, en question (25 ans après le Sommet de la Baule), Paris, édition L’harmattan, 2017.
PAR Farid Bathily
BRYAN JOHNSON, L'AMÉRICAIN QUI SOUHAITE DÉFIER LE VIEILLISSEMENT
L'entrepreneur multimillionnaire de 46 ans est convaincu qu'il peut vivre éternellement grâce à un projet anti-âge peu commun
Le footballeur norvégien Erling Haaland dort avec des lunettes anti-lumière. La joueuse de tennis polonaise Iga Swiatek s'entraîne avec du ruban adhésif sur la bouche. Son homologue serbe Novak Djokovic est connu pour séjourner dans un caisson hyperbare.
À mesure que la science progresse, des techniques émergent pour prolonger la carrière des athlètes au plus haut niveau. Bryan Johnson, quant à lui, souhaite vivre le plus longtemps possible sur Terre.
Mieux encore, l'entrepreneur américain, qui a fait fortune grâce à la technologie, est convaincu de ne jamais mourir. Pour ce faire, il a conçu un programme de plusieurs millions de dollars baptisé "Blueprint" destiné à repousser les limites de la vieillesse, afin de maintenir, dit-il, son âge biologique à 18 ans.
Une routine stricte
Un reportage du magazine Time récemment consacré à ce personnage pour lequel la mort est facultative révèle un mode de vie réglé comme du papier à musique grâce à des algorithmes et une trentaine de médecins à sa disposition 24 heures sur 24.
En effet, Johnson ne dort pas moins de huit heures par nuit, dans une salle débarrassée de tout. Il avale 111 comprimés par jour, chacun jouant un rôle spécifique sur son métabolisme. Son corps est soumis à un programme sportif régulier et à une batterie de tests divers.
Pour cet homme au visage pâle, il n'est pas question d'avoir des rides ni de laisser pousser le moindre cheveu gris sur son crâne chevelu. "Ce que je fais peut paraître extrême, mais j'essaie de prouver que l'automutilation et la déchéance ne sont pas inévitables", indique Johnson, devenu un véritable cobaye pour Blueprint, dans Bloomberg.
Méthode controversée
Le projet en cours depuis bientôt trois ans lui aurait permis de réduire son âge biologique de cinq ans. À 46 ans, il présenterait ainsi le cœur d'un homme de 37 ans et la peau d'un sujet de 28 ans.
Ces données sont toutefois accueillies avec scepticisme par une communauté scientifique peu convaincue des méthodes de Bryan Johnson, d'autant que personne en dehors de son équipe de médecins n'a pu les soumettre à une évaluation.
Les traitements anti-âge existent depuis presque aussi longtemps que l'humanité, avec des effets positifs plus ou moins limités. Cependant, à ce jour, il n'existe pas de preuve scientifique suggérant la possibilité de vivre éternellement. Cela n'empêche pas Johnson de s'engager dans "la révolution la plus significative de l'histoire de l'Homo sapiens".
L'UMS CONDAMNE LES ATTAQUES CONTRE LE JUGE SABASSY FAYE
L'Union nationale des Magistrats du Sénégal répond avec vigueur aux allégations de l'Agent judiciaire de l'État. Le syndicat affirme que le débat judiciaire légitime doit se dérouler au prétoire et non par le biais de déclarations publiques
L'Union nationale des Magistrats du Sénégal (UMS) réagit avec fermeté face à un communiqué émis par l'Agent judiciaire de l'État, en lien avec le procès de Ousmane Sonko à Ziguinchor. Ledit communiqué exprimait des préoccupations concernant le déroulement du procès et, plus particulièrement, l'attitude du juge Sabassy Faye. L'UMS prend position face à ces accusations et condamne vigoureusement les attaques dirigées contre le juge.
Le communiqué de l'Agent judiciaire de l'État avait soulevé des inquiétudes quant aux prétendues violations de la loi qui se seraient produites au cours du procès de Ousmane Sonko à Ziguinchor. Il avait également critiqué le juge Sabassy Faye pour avoir ignoré la récusation formulée par les représentants de l'État. L'UMS répond avec vigueur à ces allégations, affirmant que le débat judiciaire légitime doit se dérouler au prétoire et non par le biais de déclarations publiques.
L'UMS a rappelé que si l'une des parties à une procédure judiciaire se sent lésée, elle dispose de voies de recours prévues par la loi pour faire valoir ses droits, tout en laissant la juridiction compétente statuer en toute indépendance. Cette déclaration met en avant l'importance cruciale de l'indépendance judiciaire et souligne que les affaires judiciaires ne doivent pas être jugées dans l'arène médiatique, mais dans les enceintes judiciaires compétentes.
Dans son communiqué, l'UMS invite toutes les parties impliquées, quel que soit leur statut, à respecter ces principes fondamentaux de l'indépendance de la justice et à traiter les affaires judiciaires avec courtoisie et délicatesse. Cette déclaration rappelle que le respect des institutions judiciaires et de leurs acteurs est essentiel pour maintenir la confiance du public dans le système de justice et garantir l'équité et la transparence des procédures judiciaires.
En condamnant les attaques contre le juge Sabassy Faye et en rappelant les principes d'indépendance judiciaire, l'UMS joue un rôle essentiel dans la préservation de l'intégrité du système judiciaire sénégalais. Cette déclaration est un rappel puissant de l'importance de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance des tribunaux dans une société démocratique, où la primauté du droit doit être respectée par tous les citoyens et acteurs politiques.
"LE JUGE N’A CÉSSÉ DE MULTIPLIER LES VIOLATIONS DE LA LOI"
L'annulation de la radiation d'Ousmane Sonko du fichier électoral : Une décision contestée par l'Agent judiciaire de l'État - Il a annoncé un recours contre la décision du tribunal
Le Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor, situé dans le sud du Sénégal, a récemment pris une décision qui a suscité de vives réactions et controverses. En effet, il a annulé la radiation d'Ousmane Sonko, une figure politique importante du pays, du fichier électoral. Cette décision a été saluée par les partisans de Sonko mais a également été vivement critiquée par l'Agent judiciaire de l'État, Yoro Moussa Diallo, qui a annoncé le dépôt d'un recours.
Cette affaire a rapidement pris une dimension politique, mettant en lumière les tensions qui existent au sein de la société sénégalaise et de son système judiciaire. L'annulation de la radiation de Sonko intervient dans un contexte marqué par des divisions politiques profondes et des manifestations de rue, et elle a exacerbé les passions de part et d'autre.
Yoro Moussa Diallo, l'Agent judiciaire de l'État, a vivement critiqué la décision du tribunal, dénonçant ce qu'il qualifie d'"atmosphère délétère" durant le procès. Dans un communiqué, il a déclaré : "Cette audience s'est tenue dans des conditions indignes d'un procès équitable." Il a également pointé du doigt le comportement du juge Sabassy Faye, affirmant que ce dernier avait ignoré la récusation formulée par les représentants de l'État et qu'il avait violé à plusieurs reprises la loi. Cette situation est d'autant plus préoccupante, selon Yoro Moussa Diallo, que le juge Sabassy Faye est le frère d'un adjoint au maire de Ziguinchor et membre de l'ex-parti PASTEF, auquel Ousmane Sonko est affilié.
Le litige autour de l'inscription d'Ousmane Sonko sur les listes électorales a suscité des débats passionnés au Sénégal, reflétant les clivages politiques profonds qui traversent le pays. Le fait que l'Agent judiciaire de l'État ait annoncé un recours contre la décision du tribunal souligne l'importance de cette affaire et l'enjeu qu'elle représente pour l'avenir politique du Sénégal.
Il est important de noter que, pour l'instant, Ousmane Sonko ne peut pas être réintégré dans les listes électorales en raison du recours déposé par l'État. Cette situation ajoute un élément d'incertitude à l'approche des prochaines élections, ce qui ne manquera pas d'avoir un impact sur le paysage politique sénégalais.
En fin de compte, l'affaire de l'annulation de la radiation d'Ousmane Sonko du fichier électoral met en lumière les défis auxquels est confronté le système judiciaire sénégalais et soulève des questions importantes sur la transparence et l'impartialité des décisions judiciaires dans un contexte politique hautement polarisé. Elle continuera sans aucun doute à être au centre des débats politiques et juridiques au Sénégal dans les mois à venir.
UN VERDICT HISTORIQUE MARQUÉ PAR L'INDÉPENDANCE DE LA MAGISTRATURE
Ciré Clédor Ly, avocat de Sonko, fait le récit de l'audience précédant la décison de réintégration de son client sur les listes électorales. Il appelle à mettre fin au banditisme d'État, à respecter les principes démocratiques et l'État de droit
Le tribunal de Ziguinchor a rendu une décision historique concernant le rétablissement d’Ousmane Sonko sur les listes électorales, suite à un recours en contestation de sa radiation arbitraire selon ses avocats. Ces derniers indiquent que cette décision a été rendue dans des conditions particulièrement difficiles, marquées par un climat délétère et un manque de respect envers l'institution judiciaire, imputable au pouvoir exécutif et à ses agents.
Dès le début des plaidoiries des avocats d’Ousmane Sonko, les agents de l'État ont perturbé l'audience en suggérant au juge de se déporter, pointe Ciré Clédor Ly, membre du collectif de défense du principal concerné dans un communiqué. Leur motif était l'information selon laquelle le frère du juge serait conseiller municipal à la mairie de Ziguinchor, une institution dirigée par Ousmane Sonko lui-même. Malgré la demande du juge de suivre la procédure légale pour le récuser, l'agent judiciaire de l'État et les avocats de Adji Raby Sarr, engagés par l'État du Sénégal, ont continué à divertir la salle, retardant ainsi les plaidoiries, relate le document.
Après 13 heures de débats, à 22 heures, l'agent judiciaire de l'État a interrompu de manière intempestive les plaidoiries pour remettre au juge une note écrite à la main. Il informa le magistrat que l'État du Sénégal avait déposé une demande de récusation le concernant auprès du président de la Cour d'Appel de Ziguinchor. Malgré cette tentative qualifiée de perturbation par Ciré Clédor Ly, le juge a continué l'audience, sachant que la procédure n'avait pas été suivie correctement par l'État qui avait l'habitude de forcer les choses et de violer les règles de procédure.
Ciré Clédor Ly estime que le sommet de la terreur d'État a été atteint lorsque l'électricité a été coupée subitement au tribunal, plongeant tout le monde dans le noir. À ce moment-là détaille-t-il, le juge a ordonné la clôture des débats et s'est retiré pour délibérer et rendre sa décision. Travaillant à la lueur d'une lampe torche, le juge a rédigé sa décision qui a assommé tous les artisans de la déconstruction de l'État de droit et du système démocratique, fruits de longues luttes et de conquêtes du peuple sénégalais.
Le tribunal a statué sur sa propre compétence, qui est celle du lieu d'inscription sur les listes électorales et du lieu de vote de l'électeur, en l'occurrence Ousmane Sonko. Il a déclaré nulle la radiation de Sonko des listes électorales et a ordonné son rétablissement, avec effet immédiat. Toutefois, avec les pratiques déloyales de l'État du Sénégal, l'égalité des chances dans la compétition électorale majeure de février 2024 est déjà violée, étant donné que les parrainages ont commencé depuis le 29 septembre 2023.
Suite à cette décision, le ministère de l'Intérieur est tenu d'ordonner la remise immédiate et sans délai des fiches de parrainage à monsieur Ousmane Sonko.
À en croire Ciré Clédor Ly, les magistrats Madame Marième Diop Guèye, de la Cour Suprême, et Sibasy Faye, du tribunal d'instance de Ziguinchor, entrent désormais dans l'histoire du Sénégal. Ils rejoignent selon lui, les rangs des grands hommes qui, tout au long de leur vie, n'ont servi que la loi et ont pleinement rempli leur existence.
Ciré Clédor Ly exprime enfin sa satisfaction face à cette décision historique. Il souligne l'importance de l'indépendance et de l'impartialité de la magistrature, qui ont été clairement démontrées par ce verdict. Pour lui, les Sénégalais et la communauté internationale attendent maintenant de voir comment l'État du Sénégal réagira à cette décision. Il appelle à mettre fin à l'illégalité et au banditisme d'État, et à respecter les principes démocratiques et l'État de droit.
L'AGENT JUDICIAIRE DE L'ÉTAT CONTESTE LE RÉTABLISSEMENT DE SONKO SUR LE FICHIER ÉLECTORAL
Yoro Moussa Diallo a vivement critiqué la décision du tribunal, dénonçant ce qu'il qualifie d'"atmosphère délétère" durant le procès
Le Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor, situé dans le sud du Sénégal, a annulé la radiation d'Ousmane Sonko, une figure politique importante du pays, du fichier électoral. Cette décision a été saluée par les partisans de Sonko mais a également été vivement critiquée par l'Agent judiciaire de l'État, Yoro Moussa Diallo, qui a annoncé le dépôt d'un recours.
Cette affaire a rapidement pris une dimension politique, mettant en lumière les tensions qui existent au sein de la société sénégalaise et de son système judiciaire. L'annulation de la radiation de Sonko intervient dans un contexte marqué par des divisions politiques profondes et des manifestations de rue, et elle a exacerbé les passions de part et d'autre.
Yoro Moussa Diallo, l'Agent judiciaire de l'État, a vivement critiqué la décision du tribunal, dénonçant ce qu'il qualifie d'"atmosphère délétère" durant le procès. Dans un communiqué, il a déclaré : "Cette audience s'est tenue dans des conditions indignes d'un procès équitable." Il a également pointé du doigt le comportement du juge Sabassy Faye, affirmant que ce dernier avait ignoré la récusation formulée par les représentants de l'État et qu'il avait violé à plusieurs reprises la loi. Cette situation est d'autant plus préoccupante, selon Yoro Moussa Diallo, que le juge Sabassy Faye est le frère d'un adjoint au maire de Ziguinchor et membre de l'ex-parti Pastef, auquel Ousmane Sonko est affilié.
Le litige autour de l'inscription d'Ousmane Sonko sur les listes électorales a suscité des débats passionnés au Sénégal, reflétant les clivages politiques profonds qui traversent le pays. Le fait que l'Agent judiciaire de l'État ait annoncé un recours contre la décision du tribunal souligne l'importance de cette affaire et l'enjeu qu'elle représente pour l'avenir politique du Sénégal.
Pour l'instant, Ousmane Sonko ne peut pas être réintégré dans les listes électorales en raison du recours déposé par l'État. Cette situation ajoute un élément d'incertitude à l'approche des prochaines élections, ce qui ne manquera pas d'avoir un impact sur le paysage politique sénégalais.
L'affaire de l'annulation de la radiation d'Ousmane Sonko du fichier électoral met en lumière les défis auxquels est confronté le système judiciaire sénégalais et soulève des questions importantes sur la transparence et l'impartialité des décisions judiciaires dans un contexte politique hautement polarisé. Elle continuera sans aucun doute à être au centre des débats politiques et juridiques au Sénégal dans les mois à venir.
MAKHTAR CISSÉ, LE RETOUR EN FORCE
La nomination de l'ex-patron de la Senelec sonne comme un retour aux affaires de l’Inspecteur général d’Etat. L’homme, faut-il le rappeler, avait récemment décliné la réunion d’enregistrement des candidats de BBY à la candidature pour la présidentielle
La nomination de Mouhamadou Makhtar Cissé sonne comme un retour aux affaires de l’Inspecteur général d’Etat. L’homme, faut-il le rappeler, avait dernièrement décliné la réunion d’enregistrement des candidats de Benno à la candidature pour la Présidentielle de février 2024. Le président Macky Sall l’avait dans la même mouvance, félicité. Malgré cela, on était loin de penser à son retour aux affaires, même si cette séquence a été révélatrice de la haute estime dont il jouit auprès des membres de la mouvance présidentielle. Puisqu’il a été présenté d’office comme un candidat à la candidature de Benno Bokk Yaakaar, sans en avoir exprimé le souhait.
Pur produit de l’administration publique (École nationale d’administration et de magistrature, (Enam, Inspection générale d’Etat (Ige), il avait retrouvé son bureau d’inspecteur au Palais de la République, après son départ du gouvernement, en toute humilité et ‘’sans doute aussi parce qu’il garde une certaine passion de l’expertise publique’’. Il retrouve le cabinet du Président, poste qu’il a occupé de juillet 2014 à juin 2015.
Il finit par rejoindre la Société nationale d’électricité du Sénégal, alors en grande difficulté. En quatre ans, il a remis de l’ordre dans ce fleuron de l’industrie sénégalaise et surtout ramené la performance.
Originaire de Dagana, Mouhamadou Makhtar Cissé a ainsi été tour à tour été Directeur général des Douanes (2009), ministre du Budget (2013), Directeur de cabinet du Président (2014), Directeur général de la Société nationale d’électricité (Senelec en 2015) et ministre du Pétrole et des Energies (2019). Il a marqué d’une bonne empreinte positive faite de résultats concrets tous les départements et entreprises publiques qu’il a dirigés.
Maître d’œuvre du chantier de réfection de la grande mosquée de Tivaouane, Makhtar Cissé jouit aussi d’une grande notoriété et d’une grande confiance au sein de la famille Sy. Son retour dans le gouvernement, sous ce rapport, peut être considéré comme un clin d’œil à Tivaouane.
Mais, surtout, ce retour dans le cabinet du Président de la République témoigne d’une grande confiance dans ses compétences. Car, il sera amené à accompagner la sortie du Président de la République, avec tout ce que cela implique comme travail de préparation des dossiers, entre autres tâches.
En outre, le contexte préélectoral qui prévaut reste particulier et sans doute sera-t-il amené à jouer un rôle majeur, alors que l’actuel Premier ministre Amadou Ba est choisi comme candidat de Benno Bokk Yaakaar à la Présidentielle de février 2024.
LES CALCULS DE MACKY SALL
Plutôt qu’une rupture radicale, le président de la République a opté pour un changement dans la continuité, compte tenu de plusieurs facteurs, dont celui du temps
L’attente a été très longue. Les espérances très grandes. Mais à l’arrivée, les résultats sont moindres, ‘’décevants’’, commentent certains observateurs. Le chamboulement tant espéré n’a pas eu lieu. À la place, le président de la République, Macky Sall, a opté pour le statu quo. Ou presque. Globalement, on note quelques jeux de chaises musicales, des entrées sans surprise et des départs plus ou moins attendus. Plutôt que la rupture, le chef de l’État semble miser sur la continuité dans le choix des hommes, à moins de cinq mois de la Présidentielle. Car il aurait été hasardeux de tout chambouler dans cette dernière ligne droite où le facteur temps est déterminant ; ainsi qu’est importante la dynamique unitaire de la coalition.
Parmi les décisions qui ont le plus marqué les esprits, il y a le retour de Mouhamadou Makhtar Cissé. Peu d’observateurs avaient vu venir. Inspecteur général d’État, l’ancien ministre du Pétrole et des Énergies avait été limogé du gouvernement en novembre 2020, après une brillante victoire aux élections. À l’époque, on l’accusait surtout d’avoir des ambitions présidentielles. Depuis, il est retourné à l’Inspection générale d’État, où il menait tranquillement sa vie en tant que fonctionnaire.
Son retour aux affaires marque donc la fin d’une époque. Il intervient à la suite de celui d’Amadou Ba, qui est passé de paria à n°2 du régime. Macky Sall est-il en train de réparer des torts ? On pourrait être tenté de le croire, à entendre le journaliste Madiambal Diagne qui lui est par ailleurs très proche.
À la question de savoir si les informations faisant état de rapports heurtés entre le président de la République et son actuel PM étaient avérées, il rétorque : ‘’Sincèrement, on ne saurait le nier. C’était surtout à cause des délations des adversaires d’Amadou Ba. Ce qui a le plus sauvé ce dernier, ce sont les téléphones d’Ousmane Sonko. Ceux qui l’accusaient de tous les noms d’oiseaux, d’être un proche de Sonko, c’est eux qui parlaient à Ousmane Sonko. Cette découverte a causé une grande déception au président de la République. Il n’aurait jamais imaginé que certains de ses collaborateurs s’adonneraient à de telles bassesses.’’
Après Amadou Ba, le retour de Makhtar Cissé marque la fin d’une époque
Aujourd’hui, c’est au tour de Mouhamadou Makhtar Cissé qui a fait l’objet des mêmes accusations de la part des faucons, d’effectuer son grand come-back dans l’entourage du chef de l’État. Ancien ministre du Budget, ancien directeur général de la Senelec, ancien ministre du Pétrole et des Énergies, M. Cissé ne sera pas en terrain inconnu, puisqu’il a déjà eu à occuper le très stratégique poste de directeur de cabinet du président Sall.
À côté de ce grand retour de Mouhamadou Makhtar Cissé, l’autre fait saillant du nouveau gouvernement concerne le jeu de chaises musicales au niveau des ministères de souveraineté. Ici, l’on notera le mouvement de l’inamovible Sidiki Kaba qui n’a plus quitté le gouvernement depuis qu’il y est entré en septembre 2013, à la suite de la nomination d’Aminata Touré au poste de Première ministre. Avec sa nomination, hier, à la tête du ministère de l’Intérieur, Sidiki aura fait la plupart des départements de souveraineté. Tour à tour, il a été ministre de la Justice, ministre des Affaires étrangères, ministre des Forces armées et maintenant ministre de l’Intérieur. Il a cédé son poste des Forces armées à Maitre Oumar Youm qui, lui aussi, fait son grand retour dans le gouvernement, après son départ en 2019.
À la place Washington, Sidiki va remplacer Antoine Félix Abdoulaye Diome, qui ne va sans doute pas se plaindre de quitter ce département très stratégique, mais aussi politiquement très exposé, avec ses nombreux problèmes. Il atterrit au non moins stratégique ministère du Pétrole et des Énergies, avec notamment pour mission de faire sortir les firsts oil et gas en début d’année 2024.
Dans la même veine, le président Sall enlève Ismaila Madior Fall de la Justice et lui confie les Affaires étrangères. À l’instar de M. Diome, le Rufisquois, non plus, peut s’estimer heureux de s’éloigner des querelles politiciennes relatives aux nombreuses affaires judiciaires encore pendantes.
Jeu de chaises musicales dans les ministères de souveraineté : Macky Sall met à l’abri Antoine et Madior, et file les patates chaudes à Sidiki et à Aissata
Le nouveau gouvernement a par ailleurs été l’occasion pour le président Macky Sall de gérer certaines contingences politiques, avec la grande entrée de ses poulains, ses militants de la première heure qui soutenaient en grande partie la candidature d’Abdoulaye Daouda Diallo. Parmi ces militants dits authentiques de l’Alliance pour la République, on peut citer Thérèse Faye Diouf nommée ministre du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Équité sociale et territoriale ; Birame Faye qui passe de ministre auprès de… à ministre plein chargé de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel ; Pape Malick Ndour qui reste au département de la Jeunesse, de l’Entrepreneuriat et de l’Emploi, ainsi que de Mame Mbaye Niang (Tourisme et Loisirs) ; Abdou Karim Fofana (Commerce, Consommation et PME).
Les ténors de l’APR n’ont pas été en reste, avec le maintien de Moustapha Diop (Développement industriel…) ; Mansour Faye (Infrastructures, Transports terrestres et Désenclavement) ; Cheikh Oumar Hann (Éducation nationale) ; Mariama Sarr (Formation professionnelle, Entrepreneuriat et Insertion), en sus de l’arrivée de Maitre Oumar Youm promu à la tête du ministère des Forces armées.
Pendant ce temps, de Doudou Ka qui a pris la place d’Oulimata Sarr à la tête du ministère de l’Économie et du Plan, et de Samba Ndiobène Ka qui remplace poste pour poste Aly Ngouille Ndiaye.
À noter que le maintien du maire de Louga, Moustapha Diop, peut paraitre surprenant, si l’on sait qu’il est le seul, parmi ceux qui avaient bravé le choix de Sall en ce qui concerne la candidature, à conserver son poste. Un maintien qui conforte s’il en était encore besoin ceux qui ont toujours estimé que cette candidature n’est qu’un bluff et que le maire de Louga finira par rentrer dans les rangs.
Entrée en force de l’APR et consolidation de BBY
Dans la même logique politique, il faudrait inscrire le statu quo en ce qui concerne les postes réservés aux alliés de Benno Bokk Yaakaar. À moins de cinq mois de l’élection présidentielle, on peut imaginer aisément que le chef de l’État n’a pas été insensible aux préoccupations de ses alliés, en particulier du Parti socialiste et de l’Alliance des forces de progrès. Aucun changement n’a été noté à ce niveau. Alors que le PS conserve ses ministères (Environnement et Développement durable pour Alioune Ndoye ; Eau et Assainissement pour Serigne Mbaye Thiam), l’AFP est reconduite au département de la Pêche avec Pape Sagna Mbaye. Pendant ce temps, Samba Sy du PIT reste à la tête du ministère du Travail…
Le seul changement chez les alliés, c’est l’entrée d’El Hadj Momar Samb dans le gouvernement, une récompense pour ce fidèle qui a été de tous les combats de BBY depuis 2012.
L’exception Moustapha Diop
Outre M. Samb et Thérèse Faye Diouf, le nouveau gouvernement enregistre au moins trois nouveaux entrants. Il s’agit de l’ancien DG de la Lonase Lat Diop, l’ancien questeur de l’Assemblée nationale Daouda Dia, qui fait partie du quota d’Arona Dia, mais aussi Maitre Antoine Mbengue, qui est aussi un militant de l’APR à Joal, membre du Secrétariat exécutif national. Il remplace dans le gouvernement Sophie Gladima Siby (maire de Joal) qui occupait jusque-là le ministère du Pétrole et des Énergies. Pourquoi Antoine et non Sophie ? C’est l’une des questions que soulève ce nouveau gouvernement. Madame Siby va quitter le gouvernement en même temps que Mamadou Talla, emporté par la longue grève dans les collectivités territoriales.
Pour ce qui est des technocrates, il faut surtout noter le départ d’Oulimata Sarr, victime, en partie, de son manque de bagage politique, mais aussi les maintiens de Mamadou Moustapha Ba à la tête du ministère des Finances et du Budget, et de Marie Khémesse Ngom Ndiaye comme ministre de la Santé. Ils ont la particularité d’être des hommes du sérail et d’occuper des postes très sensibles.
Un gouvernement de ‘’missions et de combats’’
Ainsi, Amadou Ba dit tenir son gouvernement de ‘’missions et de combats’’. Son mandat sera articulé autour de quatre priorités. Le nouveau gouvernement est invité à répondre "au défi de la souveraineté et d’assurer une bonne organisation de l’élection présidentielle du 25 février 2024".
Le premier ministre engage aussi ses troupes à ‘’la prise en charge des urgences économiques et sociales, notamment la consolidation de la croissance, l’amélioration du pouvoir d’achat des populations, la lutte contre la vie chère, l’insertion et l’emploi des jeunes, ainsi que l’organisation dans des meilleures conditions de la campagne de commercialisation agricole’’.
Le troisième axe d’intervention du nouveau gouvernement sera de “veiller au fonctionnement adéquat des services publics et à la stabilité sociale de l’ensemble des secteurs de la vie de la nation’’, en faisant référence à la santé, l’éducation, l’enseignement supérieur et les collectivités territoriales.
Egalement, le chef du gouvernement tient à ‘’finaliser les projets prioritaires du chef de l’Etat et amorcer le déploiement à partir du dernier trimestre 2023 du plan d’actions prioritaires du Plan Sénégal émergent(PAP3) ». Cela devrait permettre de préparer l’entrée du Sénégal dans l’ère de l’exploitation du pétrole et du gaz. Et de mieux engager la période électorale.
FARY NDAO, L'INGÉNIEUR QUI ALLIE ART SCIENCE ET PROGRÈS SOCIAL
EXCLUSIF SENEPLUS - À la tête de la Senegal Fertilizer Company (Sefco), il pilote la construction d'une usine d'urée qui pourrait transformer le secteur agricole sénégalais et avoir un impact significatif sur l'économie du pays
Un portrait détaillé de Fary Ndao a été dressé parJeune Afrique dans sa dernière édition, mettant en lumière la diversité de ses talents et de ses engagements. L'article, publié par Jeune Afrique, se penche sur la vie de ce talentueux ingénieur géologue sénégalais âgé de 36 ans. Fary Ndao s'est engagé avec dévouement envers l'autosuffisance de son pays, le Sénégal.
À la tête de la Senegal Fertilizer Company (Sefco), une filiale de Petrosen Trading & Services, il joue un rôle clé dans la réalisation d'une usine d'urée qui a le potentiel de révolutionner l'agriculture sénégalaise et d'avoir un impact significatif sur l'économie nationale.
La mission de Fary Ndao à la tête de la Sefco est ambitieuse : il envisage de transformer le gaz naturel en urée, un engrais essentiel pour la croissance des plantes et des céréales. Actuellement, le Sénégal dépend entièrement des importations d'urée, ce qui exerce une pression sur sa balance commerciale. L'usine projetée, avec une capacité de production d'1,2 million de tonnes, est prévue pour être opérationnelle d'ici 2027-2028. Elle ouvrirait ainsi la voie à l'indépendance du pays vis-à-vis des fluctuations du marché international des engrais. Ce projet représente un atout économique majeur pour le Sénégal, avec la création attendue de centaines d'emplois directs et des perspectives de développement du réseau ferroviaire pour faciliter le commerce régional.
Outre son dualisme professionnel entre la science et l'art, Fary Ndao continue d'explorer de nouveaux horizons en se lançant prochainement dans l'écriture romanesque. Parallèlement, il partage ses analyses politiques sur diverses plateformes de médias sociaux, où ses opinions, parfois controversées, ont le mérite de susciter des débats animés parmi ses nombreux contacts.
Après avoir consacré six années de sa vie en tant que membre actif du Parti Demain La République (PDR), sous la direction de l'économiste El Hadji Ibrahima Sall, ce brillant ingénieur de 36 ans a choisi de mettre en veille son engagement politique depuis 2019. Cependant, il n'envisage pas de laisser cette sphère de côté de façon permanente, gardant en tête une éventuelle carrière politique. Fary Ndao, qui voue une profonde admiration à Cheikh-Anta Diop, un scientifique et écrivain éminent, envisage de suivre les traces de celui qu'il considère comme sa "référence intellectuelle".
Pour le moment, son unique aspiration, telle qu'il l'a exprimée à Jeune Afrique, consiste à "servir l'État au plus haut niveau possible et à avoir un impact significatif dans la vie des citoyens".
SIDIKI KABA RÉCUSÉ PAR LA SOCIÉTÉ CIVILE
À peine nommé ministre de l’Intérieur, Sidiki Kaba fait l’objet de suspicions d’alignement politique de la part de l’opposition mais aussi de la Société civile
A peine la composition du Gouvernement Amadou Ba 2 dévoilée, les premières critiques fusent. Elles sont surtout soulevées par la Société civile qui dénonce la nomination d’un responsable politique, en l’occurrence Me Sidiki Kaba, au ministère de l’Intérieur. Au lendemain de la publication de la liste de la nouvelle équipe gouvernementale, la Société civile a soulevé de vives préoccupations concernant la personnalité nommée à la tête du ministère de l’Intérieur. Tout de même, cette position de la Société civile pose problème eu égard aux derniers scrutins, notamment les locales et les législatives de 2022, organisés par l’ancien ministre de l’Intérieur et marqués par des performances électorales notables de l’opposition.
Me Sidiki Kaba fait l’objet de suspicions d’alignement politique de la part de l’opposition mais aussi de la Société civile. A la lecture de la liste du nouveau gouvernement, ce mercredi 11 octobre, les Sénégalais ont eu la surprise de voir Me Sidiki Kaba migrer des Forces Armées vers le ministère de l’Intérieur. En clair, Me Sidiki Ka aura la lourde « mission » d’organiser la prochaine présidentielle qui aura lieu en février 2024. Visiblement, le président Macky Sall n’a pas voulu satisfaire une doléance de l’opposition, et aussi de la société civile, relative à la nomination d’une personnalité neutre à la Place Washington. Ou, à défaut, la création d’un ministère chargé des élections comme Me Abdoulaye Wade l’avait fait en portant à sa tête l’ancien Directeur général des Elections, Cheikh Gueye. Cette doléance avait fait l’objet, lors de la concertation sur le dialogue politique national, d’une divergence sur l’organe de tutelle en charge des élections. Les Non-alignés, l’Opposition et la Société civile avaient réaffirmé la nécessité d’un organe de tutelle indépendant avec une personnalité consensuelle à sa tête. A défaut, ces trois composantes proposaient de créer un ministère chargé des Elections dirigé par une personnalité non partisane. La Majorité, elle, avait soutenu que le système actuel a suffisamment produit des résultats appréciables gages de crédibilité de notre système démocratique. Et que, donc, il n’était pas question de le changer.
Les préoccupations de la Société civile
En tout cas, au lendemain du remaniement ministériel de ce mercredi, la Société civile s’est dite inquiète par rapport au changement intervenu à la tête du ministère de l’Intérieur à moins de quatre mois de la Présidentielle de 2024. Le Directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, s’interroge sur la pertinence d’enlever le magistrat Félix Antoine Diome pour le remplacer par Mme Sidiki Kaba, tous les deux étant partisans. « S’il devait y avoir un véritable changement au ministère de l’Intérieur, c’était de mettre un ministère délégué en charge des Elections dirigé par une personnalité indépendante. Cela, ç’aurait pu être apprécié. Le fait de changer uniquement d’homme ne règle pas le problème puisque c’est toujours une personnalité partisane qui organise les élections. Donc, sur le principe, en termes de symbole, il n’y a pas de changement, c’est toujours une personnalité partisane qui va devoir organiser les élections alors que celui qui était là (Antoine) avait déjà une parfaite connaissance du processus. Il a déjà supervisé deux à trois élections (locales, législatives et HCCT).Du point de vue pratique, cela soulève des inquiétudes car il faut maitriser l’administration territoriale, maitriser le Code électoral, prendre le temps » explique le directeur exécutif de l’OGN 3D. Selon Moundiaye Cissé, il y a des inquiétudes par rapport au délai court qui nous sépare de la présidentielle car ce changement peut impacter sur la célérité des opérations à moins que la Direction générale des élections(DGE) puisse faire un travail remarquable. Djibril Gningue, président de la Plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections, affiche sa désolation relativement au changement intervenu Place Washington. « Nous nous attendions à ce que le président de la République profite de cette occasion pour répondre à une demande très forte de l’opinion, de la société civile ainsi que de la classe politique. C’est-à-dire la nomination à la tête du ministère de l’Intérieur d’une personne indépendante. Comme c’était le cas en 2000 avec le président Abdou Diouf qui avait nommé le général Lamine Cissé. Ou, à défaut, créer un ministère chargé des élections comme l’avait fait Wade. Malheureusement, c’est Sidiki Kaba qui a hérité de ce poste de ministre de l’Intérieur. Ce qui a été une grosse surprise de la part de la société civile. C’est donc un risque électoral majeur», se désole le membre du Gradec. Pour lever toute équivoque, M. Gningue précisera dans la foulée au micro de RFM que « personne ne doute de ses capacités à diriger un poste. Cependant, Sidiki Kaba est un ministre partisan. Il est un responsable politique à Tambacounda. En tant que tel, on ne peut pas être juge et partie. Il s’agit d’organiser des élections libres, transparentes et apaisées. Après le consensus sur le parrainage, on s’attendait à un meilleur choix pour justement organiser la prochaine élection présidentielle. Surtout que la question des libertés civiles et politiques est loin d’être réglée, avec notamment le cas Ousmane Sonko » ajoute le président de la Plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections.
Me Sidiki Ka peut-il influer sur les résultats
Quoique partisan, Me Sidiki Kaba peut difficilement remettre en cause un processus électoral qui a déjà permis à l’opposition d’enregistrer des gains électoraux majeurs. Les derniers scrutins notamment les locales de janvier 2022 et les législatives de juillet 2022 ont permis à l’opposition d’arracher à la majorité présidentielle des bastions électoraux importants au niveau des collectivités locales et à l’empêcher aussi d’avoir une majorité absolue à l’Assemblée nationale (83 députés pour Benno contre 80 pour l’opposition). Ce qui fait dire à certains observateurs que la récusation de Me Sidiki Kaba parla Société civile manque quelque peu de pertinence.